Diabolo menthe VI
Plaines fleuries de Nuva Eja - Début Mai - Vers 13h

« Pourquoi est-ce que ça doit être aussi compliqué ? »

J’ai l’impression d’avoir posé cette question des centaines de fois à mon père et de l’avoie entendu de la bouche de trop nombreux.ses de mes cousins et cousines, Ludwig le premier. Irina et mon père m’ont souvent répondu en haussant les épaules et en secouant la tête d’un air résigné : « on n’y peut rien, c’est comme ça ». On est partis du postulat que tout a toujours été compliqué avec mon oncle, sa famille, sa vision des choses… Mais, est-ce vraiment le cas ? N’est-ce pas une manière comme une autre de se protéger de ce qu’on ne veut pas dire ou montrer ? Combien de fois Martha et Helmut nous ont dit, à tous, et continuent de nous dire : « tu ne peux pas comprendre » ? Cela dépasse la simple présomption incurable, à mon sens. Mon père Hanz et moi avons déjà évoqué le fait que tout ça, c’est pathologique, chez eux. C’est peut-être grossier ou insensible de considérer les choses sous cet angle. Ils sont eux aussi ma famille, mais considérons les choses comme elles sont réellement : leur famille et détruite et Ludwig en fait encore les frais. J’ai vu Irina souffrir de ces non-dits et venir se confier à moi. Même si Ludwig est entre de meilleures mains aujourd’hui… Ce qui s’est passé ne s’effacera pas si facilement. Son père en est pleinement conscient mais il fait l’autruche. Je ne pense pas être beaucoup plus brave, pourtant, car les questions qu’il faudrait poser me restent en travers de la gorge. Tout se bloque, lorsqu’il faut parler d’Alexander. Un peu trop souvent, je me dis que les choses se seraient mieux passé si ce dernier n’était jamais venu au monde.

« Ludwig admire beaucoup son grand frère. C’est normal, à son âge, mais… »

Mon oncle fixait encore et encore sa tasse en remuant le café sans se lasser. Je me suis toujours demandé s’il était encore là, psychologiquement parlant, dans ce genre de moments.

« Il est… Enfin, tu le connais. Il est en prison, en plus, désormais… Qu’est-ce que tu imaginais en… »
« C’est normal que tu ne comprennes pas. »

Ah. Il revenait à la charge avec ce laius. Je ne devrais pas en être lassé, je n’y réagis même plus.

« A vrai dire, je ne comprends toujours pas bien non plus comment tout ça a pu arriver. »



On retourne encore une fois voir les plaines fleuries avec Ludwig. Comme d’habitude, Ludwig a l’air de rayonner. Je préfère dire « A l’air », comme l’adolescent est souvent imprévisible tout en étant à la fois complètement transparent… Tout comme son père, à ce niveau. C’est vrai qu’il m’a pris de court, la dernière fois, je ne m’attendais pas à ce que Ludwig soit si sérieux de l’enfance de ses cousins et surement de celle de son frère et de sa sœur aussi. C’est surtout étonnant que son grand frère ne lui ait rien raconté. Bien que j’imagine que l’enfance de ce dernier n’était pas la plus joyeuse. Je ne veux même pas imaginer ce qui passait par la tête d’Alexander lorsqu’il avait 5 ans, moi. Dans tous les cas, c’est vrai que parler un peu de la famille en dehors des parents de Ludwig et d’Alexander pourrait nous permettre de recréer quelques liens. Puis, qui sait, on pourra peut-être de mieux comprendre certains soucis qu’on a un peu tous connu en vivant ensemble dans cette famille inutilement compliquée.

Nous aurons les heures qui suivent pour parler de tout ça. Pour le moment, Ludwig est occupé à fanfaronner au milieu des fleurs avec ses deux loutres. Il avait hâte de me montrer son Mustéflott récemment évolué, je crois.

« … Et quand je suis retourné voir Enzio et Arthur, eh bah, Tutur a évolué ! C’était carrèment génial. Je suis super fier de lui ! »

Il n’a pas changé de disque depuis tout à l’heure, mais bon. Au moins, il est tout content et c’est tout ce qui compte pour le moment.

Modération : Eeeet une apparition aux Plaines Fleuries de Nuva Eja, s'il vous plaît !

Diabolo menthe VI
Plaines fleuries de Nuva Eja - Début Mai - Vers 13h

Evidemment. Qui s’imagine que les choses puissent si mal tourner quand on veut juste fonder une famille avec la personne qu’on aime ? Enfin, sans excuser tout ce qui s’est passé par la suite et la manière dont mon oncle et ma tante se sont « occupés » de leurs enfants, je n’arrive pas à m’imaginer qu’ils avaient de mauvaises attentions en prenant la décision d’avoir des enfants. Selon ce que m’a dit Papa, c’était une période difficile pour notre famille. J’avais seulement 2 ans à l’époque alors je ne me souviens pas, même pas du visage de mon grand-père avant sa mort, si ce n’est les photos qui nous restent. Hanz a mis du temps à parvenir à en parler aussi, mais la mort de Papi a causé beaucoup de peine à tout le monde, selon lui, Helmut et Martha se sont précipités pour faire des enfants à ce moment-là pour compenser cette perte et s’entourer malgré le vide qu’a laisse grand-père Siegfried a sa mort. Si je ne comprenais pas le problème il y a 15 ou 20 ans, aujourd’hui je vois en quoi une telle démarche était… non pas malsaine mais… je ne pourrais jamais qualifier ça de « sain » non plus. C’était désespéré, aveugle, voilà, comme l’avait dit mon père à voix basse comme s’il craignait que quelqu’un ne l’entende. Donc, certainement pas raisonnable malgré le fait qu’ils avaient à l’époque les moyens financiers.

« Ecoutes, Ellias, je ne peux pas répondre aux questions que tu te poses. »

Avait-il fini par confesser, non sans baisser la tête d’un air piteux, en signe d’excuse.  

« Pas encore, du moins. »



Ludwig est réellement fier du progrès de ses Pokémon. Lui qui a tendance à jalouser les meilleurs dresseurs bien plus expérimentés que lui et qui a tendance à se comparer sans arrêts, ça fait chaud au cœur de le voir prendre un peu de confiance en lui. Ce n’était pas franchement bien parti, surtout après avoir vécu avec Alexander, mais j’ai la sensation qu’il est sur la bonne voie pour grandir sainement. Plus il m’en parle, plus je pense que malgré son côté « relou » et « sévère », Monsieur Green doit prendre son rôle de tuteur très au sérieux. Heureusement qu’il était là, maintenant que j’y pense.

« Ce serait bien que tu viennes à la ferme un jour, n’empêche ! »

Déclare le blond, toujours jovial. Est-ce que je devrais ? Cela fait à peine un mois que j’ai recommencé à voir mon jeune cousin régulièrement. Je ne sais pas trop. Ce n’est pas que la proposition ne me fait pas plaisir. Mais, je ne voudrais pas qu’il s’enflamme trop non plus. J’ai ma carrière et il a sa vie également. Je ne peux pas non plus être là 24 heures sur 24 pour lui.

« Hm… »

L’enthousiasme n’a jamais été mon fort, je crois. Mes camarades d’école de commerce et mon père me l’ont souvent reproché, d’ailleurs. Probablement pour ça que je n’ai pas tant d’amis. A ce qu’il paraît, je ne « desserre jamais les fesses ». Charmant.

« Il faudra en parler avec Monsieur Green, d’abbord. »

Fis-je, d’un air sérieux, jugeant qu’on ne peut pas vraiment prendre la chose à la légère. Ludwig arque un sourcil, avec une moue perplexe.

« Ça a pas l’air de trop te faire plaisir… »

Je retrousse les lèvres, l’air quelque peu coupable. Je ne voulais pas le froisser. Ludwig fait volte face et se retourne vers les prairies… Au cœur de laquelle une Flabébé s’est mise à taper sur tout et n’importe quoi. Hm. Pourquoi pas, après tout… Au moins, ça distrait Ludwig qui laisse aller un petit rire à la fois circonspect et embarrassé.

Modération : Fuite et nouvelle appa aux Plaines Fleuries, s'il te plaît ^^

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Plaines fleuries de Nuva Eja - Début Mai - Vers 13h

Même si ce n’est pas clair pour mon oncle non plus, je ne comprends pas bien pourquoi il s’impose d’aller voir sa progéniture ingrate en prison. J’aimerais pouvoir penser que mon oncle puise dans quelque courage pour se forcer à aller voir son fils en prison, mais, je mets plutôt ça sur une sorte d’obligation qu’il remplit avec une résignation évidente. Encore une fois, il n’a rien à y gagner, avec un interlocuteur pareil. Surtout que… Eh bien, cela m’a toujours semblé assez évident et pas qu’à moi, car c’est quelque chose qu’on ne dit pas à voix haute, mais… Je ne crois pas qu’Helmut ait jamais aimé son fils. Aussi cru et froid soit-il, je n’ai jamais constaté ou senti le moindre signe d’affection familiale entre ces deux-là.

« Mais, tu vas continuer d’aller voir Alexander en prison, malgré tout ce qu’il a... »
« Il faut bien. »

Me coupa mon oncle d’une voix sévère. Il avait vraiment l’air décidé à… Je ne sais pas ce qu’il cherchait à faire. Mais, lui-même, savait-il ce qu’il faisait… ?

« Toutes ces années ont laissé beaucoup de dégâts. Je ne sais même pas si on peut encore faire quelque chose pour lui. »
« … Alors, à quoi ça sert, tout ça ?! »

Cette conversation commençait à me faire mal au crâne. Et à m’agacer, clairement. Mon oncle avait levé un sourcil, m’observant d’un regard plus froid. Il n’a jamais aimé qu’on discute certaines de ses décisions les plus stupides, quand il juge que ça ne le concerne que lui-même. Et, effectivement, c’est le cas, mais… Et Ludwig, dans tout ça, où est sa place ?



On m’a souvent dit que j’étais trop coincé ou sérieux, que je manquais cruellement d’humour et de capacité à me détendre quand il le faudrait. Evidemment, il y a des gens que le manque d’enthousiasme peut vexer. Mais j’ai aussi appris à ne pas aller contre mon tempérament naturel, car… Bon, j’ai suffisamment de choses pour me prendre la tête comme ça entre le travail, la famille et actuellement mon cousin.  Cependant, je ne crois pas l’avoir vraiment froissé. Il doit simplement réaliser qu’il est mieux de ne pas trop précipiter les choses. Bien sûr, j’ai envie de lui faire plaisir, mais je n’ai jamais été très adroit pour ça.

Le silence s’installe, un peu pensant, jusqu’au moment où Ludwig se retourne dans ma direction.

« Dis, Ellias ? Tu es toujours d’accord pour me raconter comment c’était, quand t’étais petit ? »

Le blondin fait attention à ses mots, je l’entends bien. Ce n’est pas une question très naturelle, il faut l’admettre. Mais son ignorance et son manque à ce niveau doivent le pousser à l’envie irrésistible d’en savoir plus.

« Tu veux dire, avec les cousins ? »
« Bah, oui. »

J’imagine bien que ce n’est pas à propos de ses parents, qu’il veut des anecdotes. J’hausse les épaules en cherchant mes mots.

« On peut dire que c’était très animé, les réunions de famille, ces années-là. »

Modération : Fuite et dernière apparition aux Plaines Fleuries, please °W°

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Plaines fleuries de Nuva Eja - Début Mai - Vers 13h

Je n’avais pas eu les réponses à mes questions. Ce n’était pas très étonnant. En même temps, même pour moi, les questions étaient aussi peu claires que les réponses qu’on avait essayé de me donner. Oui, au moins, je ne pouvais pas reprocher à mon oncle de ne pas avoir un peu essayé. Mais conformément à ses habitudes, je crois qu’il camouflait toujours une partie de la vérité. Ou alors, il n’était ni prêt à l’entendre et encore moins à le dire. A ma dernière demande confuse, il ne fit qu’hausser les épaules et soupirer en finissant son café.

« Je préfère que tu restes en dehors de ça. »

Il parlait d’Alexander, bien sûr. Ce fut à mon tour d'avoir l'air désinteréssé en haussant les sourcils. Je me fiche de ce type et je n’ai aucune envie de me préoccuper de son sort. J’aurais voulu rappeler à Helmut que c’est le blond qui a tué Irina. Mais, ça n’aurait pas été très délicat et je n’avais nullement envie de me faire fusiller du regard. J’ai beau apprécier mon oncle, il ne me laissa pas franchement serein quand il partit. J’étais même franchement agacé. Parler d’Alexander avait bon dos pour éviter de parler de Ludwig. J’ai préféré me replier pour cette fois. Je n’en menais pas large, je n’étais pas franchement assuré, et un peu bousculé. On se dit au revoir plus froidement que d’habitude, sans savoir s’il faudrait que cette conversation ait lieu de nouveau.



Ludwig eut l’air surpris d’apprendre que la maison familiale était animée, du temps où nous étions encore réunis avec Tonton Klaus et ses deux filles. Il est vrai que c’est à l’opposé de ce que lui, il a connu.

« Ah bon ? Parce que vous étiez beaucoup d’enfants ? »

J’imagine qu’à notre échelle, un peu. Mais pas tant si l’on compare à une famille nombreuse.

« Hm… Un peu. Il y avait Irina, Riku et sa sœur Liza… »
« Et Alex ! »
« …Oui, et Alexander. »

Il faut me rendre à l’évidence que je ne le considère plus vraiment comme un membre de ma famille, celui-là.

« Liza, je l’avais un peu vue, quand j’étais petit ! Elle était venue avec Riku chez Soltan un peu après que je sois arrivé sur Enola. Mais elle m’a un peu fichu la trouille… J’avais peur des goths, je crois, ahaha ! »

La conversation est redevenue joyeuse… Jusqu’à ce qu’on aborde des sujets plus sensibles, j’imagine.

Modération : Fuite ! Merci pour la modo