L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Patrick regarda, perplexe, les deux tapis de sport posés au centre de la pièce. Il regarda, plus perplexe encore, Hank s’étirer dans une position qu’il trouva tout à fait ridicule. Le bar d’Hank, encore vierge de toute présence en cette heure matinale avait été transformé en véritable salle de sport. En dehors des tapis, Patrick remarqua la présence d’un vieux poste de radio, de ballons, de petites altères et d’élastiques. Quand son ami l’avait réveillé d’un coup de téléphone une heure plus tôt, il ne s’était certainement pas attendu à trouver le bar dans cet état. Hank lui avait tout simplement dit « Passe au bar, j’ai une surprise pour toi, Kid ! » et Patrick avait répondu à l’appel, comme d’habitude. Les surprises d’Hank étaient 90% du temps du travail à faire, aussi notre jeune-homme ne s’était pas embarrassé d’une quelconque attente ou d’une quelconque excitation vis-à-vis de sa visite. Cependant, quand il referma la porte du bar derrière lui et qu’il posa son sac à dos sur une table abandonnée contre un mur il ne put s’empêcher d’avoir la désagréable impression de s’être fait rouler dans la farine.
- « Je m’étire, Kid. » fit-simplement Hank en tenant sa position quelques secondes de plus avant de poser genoux au sol « J’ai trouvé un truc marrant à faire, toi et moi, on va faire du sport ! »
Ouiiiii mais non. En posant un second regard sur les ustensiles mis à sa disposition Patrick fut persuadé que ce qui allait suivre n’allait pas du tout lui plaire. Quand on disait sport, le jeune en homme entendait nature, sensations fortes, liberté, fierté et pas une journée gainage chez mémé. Lui, avait besoin de sport pour se défouler, pour se sentir vivant, se sentir fière de l’effort accomplit. Rien n’était plus jouissant que d’escalader les parois rocheuses de Nuva-Eja, de se rendre compte que la seule chose qui vous séparait d’une chute mortelle était votre propre force. Rien n’était plus excitant que de sentir chaque fibre de corps vous répondre et vous pousser un peu plus haut. Patrick s’était retrouvé dans ce genre d’escapades folles, il aimait cela et il dépensait son énergie dès qu’il le pouvait ou en avait besoin. Aussi, c’est avec condescendance qu’il regarda une dernière fois le matériel d’Hank avant de tourner des talons.
- « Sans moi. » - « Pourquoi chochotte, t’as peur de te faire une vilaine crampe ? »
Si Patrick avait pris goût au fait de titiller les plaies de sa mère et des gens qui avaient le don absolument pas prodigieux de le foutre en rogne, Hank était quant à lui un véritable maître en la matière. Et s’il avait bien comprit quelque chose en commençant à fréquentant l’adolescent c’était que Patrick fonctionnait à la fierté mal placée. Aussi, il ne fut nullement étonné de voir son protégé se tourner de nouveau vers lui, balancer ses baskets à l’autre bout de la pièce et s’assoir avec un air de défit sur uns des tapis.
- « Bien. »
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- « Respire, mon grand, ça va t’aider. » - « Ah quoi ? Rester en vie ? Whoooo, énorme mon scoop, vieux. »
Voilà une bonne heure que Patrick saisissait toutes les occasions possible pour placer unes de ses répliques teintées d’ironies. Même si elles n’avaient aucun effet sur son ami, l’adolescent devait au moins avouer qu’elles avaient le mérite de le soulager, lui. Dur pour sa fierté de réaliser que, comme d’habitude, Hank avait réussi à le rouler et à le faire faire exactement ce qu’il voulait. On ne pouvait pas dire que c’était surprenant de sa part, mais Patrick aurait aimé bousculer ses plans, retourner la situation. Il fallait croire que l’élève était encore loin de dépasser le maître, cependant.
- « Hé, comme ça, je peux au moins savoir en quoi tenir tes positions et souffler comme un bœuf va me faire du bien ? » - « Pour apprendre à canaliser ta colère, chers ami. » - « ... Je… Pardon ? » - « Quoi, c’est le mot canalisé que tu n’as pas compris ? Ou alors… Noooon, me dis pas que tu n’avais pas encore compris que tu étais la réincarnation du Stroumph Grognon ? » - « Hank, sérieux. » - « Ahem. Tu as décidé de te frotter au challenge de la compétition et de collecter tes badges. Mais je doute que tu sois réellement conscient de la claque monumentale qui te pends au nez vu ton impatience. » - « Quoi, tu penses que je vais me faire rétamer ? » - « En beauté, mon grand. »
Patrick fronça les sourcils et grommela quelque chose dans sa barbe qui avait tout l’air d’être une insulte mais qu’Hank choisit de ne pas relever. Le jeune-homme savait pertinemment que les champions étaient des dresseurs puissants et expérimentés mais il était vrai qu’il n’avait jamais réellement envisagé de subir une défaite cuisante et humiliante.
- « Là où je veux en venir, Pat, c’est que si tu te rétame méchamment pendant un match tu vas exploser comme une cocotte-minute de frustration et, de toi à moi, j’ai peur que tu ne t’en relève pas. »
Ils changèrent de position et Patrick grogna. Hank venait de marquer un point. Patrick se savait explosif et d’un naturel défaitiste. Il savait que, comme à chaque fois qu’il était confronté à l’échec, il baisserait les bras et se renfermerait une fois de plus sur lui-même. Il n’avait jamais été capable de passer au-dessus de quelque chose qui lui déplaisait ou lui avait du mal. Il n’avait jamais eu la maturité pour se montrer bon joueur et grand seigneur. Hank avait entièrement raison quand il disait qu’il ne s’en relèverait pas et le fait que son ami aille une fois de plus raison assombrit d’avantage son humeur.
- « Et donc ? Tu veux que j’abandonne maintenant ? » - « Non. Je veux que tu persévères, parce que tu as les capacités pour aller loin, gamin. »
Pat lâcha sa position et regarda son protecteur quelque peu surprit.
- « Je ne te suis plus, Hank. » - « Ce que je veux dire… » commença-t-il en tenant sa position « C’est que tu es une bombe à retardement. Tu te fous la pression, tu te frustre tout seul et tu finis par exploser. En général tu t’arrange pour que quelqu’un prenne à ta place mais sur ce coup là, Pat, tu ne pourras en vouloir à personne si tu te foire. Ce n’est pas sur ton adversaire ou sur tes Pokémons que tu pourras passer tes nerfs. Que les choses soient claires, des défaites tu vas en subir. Tous les dresseurs passent par là, même ta mère a dû connaître ça du temps de sa collecte de badge. Ce que j’essaye de te dire c’est qu’il faut que tu positive et que tu persévères. Ne laisse pas la frustration et la colère foutre en l’air le premier pas que tu as fait. Je veux que tu respires, Patrick, et que tu passes au-dessus de ce qui te fiche la honte. Parce que perdre ce n’est pas honteux et qu’on ne peut devenir meilleur qu’en s’écrasant, tête la première, de temps en temps. Tu me suis, maintenant ? Je ne veux pas que tu gâches tes chances parce que tu es trop fière pour assumer tes erreurs. »
Il n’en dit rien, il n’en dit jamais rien d’ailleurs, mais les mots d’Hank le touchèrent réellement. Patrick avait beaucoup de mal avec l’excès de sentimentalisme. Il se trouvait très vite gêné par les longues embrassades, les confessions etc. Non pas qu’il ne ressentait rien ou qu’il se moquait de ces besoins de contact et de chaleur humaine, juste qu’il n’assumait pas de se mettre à nu, de casser son image physique qu’il avait passé son adolescence à construire. Il ne voulait plus paraître fragile, il avait trop honte et était trop mal dans sa peau pour. Alors, comme à chaque fois qu’on le touchait, il prit un air détaché qui ne trompait personne et balança unes de ses répliques.
- « Très bien, quand Heng, Mercy ou Phantom me foutrons une raclée je me mettrais à faire le poirier pour pas tout casser. J’aurais l’air fin comme ça. Sûr que je vais marquer les esprits. »
Hank pouffa légèrement quand un bruit de craquement survint de derrière le comptoir. Hank se leva d'un bond, le sourire au lèvre et l'air nullement affolé par ce qu'il se passait.
- « Qu’est-ce que c’est ? » - « Ma surprise. »
Patrick sauta sur ses pieds et alla le rejoindre. Il découvrit un œuf qui s'agitait et craquelait de plus en plus rapidement. L'adolescent jeta un regard affolé à son ami qui restait toujours avec le même sourire aux lèvres, comme-ci ce qu'il se passait était tout à fait normal et vachement bien tombé. L’œuf continua son éclosion une minute encore et en sortit une espèce de boule blanche cotonneuse, un doudouvet.
Hank la prit délicatement entre ses bras et l'observa en souriant avant de la refourguer entre les mains d'un Patrick quelque peu sur le cul.
- « C’est une petite demoiselle qui à l'air adorable mais timide alors évite d’être trop grognon tu vas lui faire peur. »
Patrick, pour toute réponse, roula des yeux avant de grommeler un « merci »