« Tu viens, Kiba ? »

Le louveteau doré, toujours en train d'essayer ses hurlements en compagnie de sa camarade, s'arrête d'un seul coup et saute de son perchoir pour nous rejoindre, juste après avoit saluer sa semblable. Son petit trop maladroit n'arrête pas de nous faire fondre. Il a toujours l'air content, depuis que nous l'avons recueilli. Au moins, bientôt, sa patte sera rétablie et il pourra courir sans devoir trimballer son bandage avec lui. Tant qu'il ne s'éloigne pas trop pour aujourd'hui, ça devrait aller, en plus. Il a été réticent pendant quelques jours à retourner dans la forêt, mais depuis que nous l'avons adopté, il a accepté d'y revenir à condition d'être toujours accompagné. De toute façon, si je revois encore une seule personne dans les environs avec de mauvaises intentions, ça va barder. Et je serais sans doute moins 'gentil' que la dernière fois. Certes, c'est plutot le boulot des Rangers de s'occuper de la sécurité au sein d'un environnement naturel, mais je ne pouvais pas rester impassible l'autre jour. Puis bon. Moi, quand on dit que je suis responsable de la Milice sur toute l'île... Bah je considère comme 'littéralement' toute l'île. Mais bon, c'est pas le sujet.

« Quoi ?! Autant de zéros juste pour ton costume de scène ?! »

En théorie, au moins, parler de mes dépenses n'est pas un sujet passionnant mais ça ne risque pas d'envenimer la conversation ou de nous mettre dans une sale ambiance comme j'ai pu le sentir la dernière fois. Bon, là, je me suis figé un peu, comme si j'avais été un gamin pris en flagrant délit après avoir fait une bêtise. J'avoue que j'ai parfois un peu honte du prix que je mets dans mes déguisements qui frôle l'indécence, mais j'ai mis l'argent qu'il fallait pour qu'ils soient parfaits en tous points. Si on veut avoir une qualité irréprochable et du sur-mesure en prime, je peux mettre les sous qu'il faut, puisque ce n'est pas ce qui me manque. Je n'oublie pas après tout que le rôle premier de ma fonction de Maître est d'offrir du divertissement à la population, et parfois, bah... Faut donner le paquet. Mais résultat, je ne suis pas déçu de mon accoutrement d'Elite, aussi ridicule soit-il. C'est celui dont j'avais toujours rêvé et que je n'ai pu m'offrir que lorsque je me suis rendu compte de mon nouveau salaire. Alors je n'ai pas hésité pour me révéler en grandes pompes.

« B-Bah c'est-à-dire que... Euh... Des fois, il le faut, quoi... »

'On dirait un héros de shonen', m'a-t-on déjà dit. Mais j'assume totalement le look excentrique et grotesque. Après tout, ça colle à mon personnage et à ma fonction. Un peu moins depuis que nous avons fondé la Milice, toutefois.

Bon, ça y est, elle me regarde avec ces gros yeux qui me jugent. C'est vrai que c'est peut-être un poil exagéré, mais c'est réaliste, non ? Enfin... Je pourrais me contenter de moins cher, mais j'ai encore le droit de dépenser mon argent dans ce que j'aime. Et puis il fait peut-être kikoo, mon costume, mais je ne regrette absolument rien. J'suis sûr que Zingaro aussi il doit dépenser pas mal pour ses propres accoutrements. Donc bon... Pas comme si j'abusais tous les jours non plus, je ne me mets pas à acheter une dizaine de villas dans chaque recoin du globes ou à faire des fêtes tous les soirs sur des yachts hors de prix. Juste que des fois bah j'aime bien me faire plaisir. Mais bon, ma mère ne me prend pas la tête avec ça non plus. Elle se contente de lever les yeux au ciel en souriant d'un air blasé. J'estime encore ne pas faire de folie : je ne me paye pas un manoir pour y habiter seulement à trois avec mon copain et Axel pour y faire travailler inutilement vingt domestiques ! Je ne suis pas si excessif que ça dans la vie de tous les jours (enfin... j'essaye d'être raisonnable de temps à autre), alors je me permets de me donner à fond pour ce qui concerne mon métier. Déjà que je n'exerce la partie amusante que quelques fois seulement par an... Pas que je crache sur mon rôle privilégié au sein de la Milice, mais y'a plus fun.
Mes pensées divaguent toutefois en apercevant un Tylton qui vient nous saluer. Je lui souris, non mécontent de croiser une espèce comme celle-ci dans la forêt. Je ne m'attendais toutefois pas à ce qu'il vienne jusqu'à nous. Tendant déjà mon bras pour qu'il puisse s'y poser, mes illusions se fanent quand il s'approche de ma chemise pour la piquer avec son bec. Surpris, je pousse un petit cri paniqué et tente de me défaire de sa prise, mais finis par tomber à la renverse quand il relâche enfin le tissu de mon haut. Puis, l'air de rien, il se cale contre moi comme s'il était chez lui. Je regarde le piaf d'un air désabusé, mais ma mère, elle, se met déjà à rire, amusée par la situation.

Sans trop avoir le temps de comprendre pourquoi ce Tylton a cru bon de faire comme chez lui, ce dernier est repéré par un de ses semblables qui vient le chercher en le traînant par la peau des ailes nuageuses. Les deux oiseaux bleus s'éloignent, nous laissant tranquilles pour le moment alors qu'une Capumain un peu plus loin joue seule dans son coin entourée d'un silence religieux. Bon, c'est peut-être le karma qui me punit pour mes dépenses inutiles dans mon pressing. Mais comme j'ai dit, je n'ai jamais aucun regret à chaque fois que je peux admirer mon costume remis à neuf. J'évite déjà soigneusement de l'abîmer en temps normal, mais sur le coup, quand on est en combat, je ne peux pas faire la précieuse. Et mes vêtements sont bien mes dernières préoccupations quand je suis en plein match. L'adrénaline et les échanges entre les Pokémon me captivent bien assez pour que je ne pense pas à ma tenue, mais le soir venu, je grimace un peu parfois quand je me rends compte que j'ai un peu trop transpiré ou que mon armure factice est un peu rayé par tous les gestes grandiloquents que je fais.

« Rooh... Et tu as besoin de tant de gel pour les cheveux ? Vraiment ?
- Hééé ! Je dois bien les faire tenir, quand je suis sur le terrain ! »

Bon, euh, d'accord, je fais peut-être ma princesse fabulous, là, mais j'aime bien prendre soin de mon apparence de temps à autre aussi, et puis euh... Bah quand je suis sous les projecteurs, je dois assurer niveau classe aussi !.. Hé ho, j'vous entends rire, ceux du fond, là.