Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

Période en cours
Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

Intrigues et Events
Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

Demandes de RPs et liens
Cendrée
cherche un.e partenaire pour un RP ou un défi.
Arthur, Zelda et Bartholomew
sont dispo pour de nouveaux RPs !
Pseudo
cherche ...
Pseudo
cherche ...
+ pour afficher vos demandes, contactez le staff !



Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Sisyphe II (OS)
Alexander Nagel-Jung
Sisyphe II
/!/ TW : états dépressifs, troubles du comportement alimentaire, violence verbale, manipulation, narcissisme, omission et déformation de la réalité. De manière générale, l'ambiance est pesante dans cet OS et Alex a une manière très crue, violente de voir les choses. Procédez donc avec caution si vous êtes sensibles à ce genre de contenu. /!/

Consultation du 10 mars 2023.

Chaque seconde qui passe ajoute à la tension malaisante qui règne dans ce bureau. Mais ce n’est pas car elle m’affecte et me donne envie de me lever pour sortir en claquant la porte que je vais craquer le premier. C’est lui, ce fichu psy, qui cédera avant moi. Je sais pourquoi je suis ici quelques jours en avance par rapport à la date prévue de notre prochain rendez-vous. Ma petite insurrection au parloir n’est pas passée inaperçue et bien entendu, le psy a été mis au courant et il a vit compris que j’avais une fois de plus fini par mal prendre mon traitement. Pas de chance, je n’ai aucune envie de m’empoisonner avec ces saloperies… Pourquoi le ferais-je quand je peux encore mieux empoisonner la vie des autres lorsque je les oublie ? Mais, je me suis fait attraper quand même et on a fini par me forcer. Simplement repenser au point où ce gavage était désagréable me redonne envie de vomir. Héhé. Comme quoi, lui aussi n’hésite pas à avoir recours indirectement à la violence quand cela l’arrange bien. Ces cachets qu’on ma forcé à prendre, j’ai tenté plusieurs fois de les recracher lorsqu’on ne me regardait pas et j’y ait parfois plus laissé mes repas que les médicaments en eux-même. Etrangement, sans rien dans le ventre, je suis particulièrement colérique, ces temps-ci. Je tremble de manière fébrile, même au moment où je vous parle, j’essaie de contrôler mes frissons, en vain.

Encore une fois, ce n’est pas que pour les cachets, que je suis là. Le psychiatre a su ce que j’avais fait, au parloir. Il a su que j’avais agressé ma mère à travers la vitre il y a quelque temps. Ça a d’ailleurs été la première chose qu’il a évoqué, l’air soucieux. C’en était presque crédible. Tu parles, ce type ne s’inquiète pas pour moi. Il est aussi inquiet pour moi que l’est mon père quand il vient me voir pour me demander si j’ai bien rendu mes devoirs par correspondance.

Depuis tout à l’heure, je laisse mon interlocuteur interroger le vide. Mais, je commence à venir à bout de patience. J’ai envie d’ouvrir la bouche à mon tour pour lui envoyer toute ma rancœur au visage. Car, oui, tout cela ne serait jamais arrivé sans ses foutus cachets, n’est-ce pas… ?

« Ce jour-là, vous n’aviez pas pris votre traitement. »

Ça, il l’a déjà remarqué plusieurs fois.

« Pourquoi ? »


Voila, il répète encore la question, au cas où je ne l’avais pas entendu. Et ce n’est pas totalement faux : je ne l’écoutais pas. J’espérais que tout cela filtre sans que je puisse entendre, en fait. Mais ça n’a pas marché et cette fois, ça commence à me courir pour de bon sur le haricot.

« T’es pas mon père, qu’est-ce que ça peut te foutre ? »

Je vous avais prévenu. Je suis irritable, ces temps-ci. Un son que je n’ai pas l’habitude d’entendre dans ma cellule a le pouvoir de me donner désespérément envie de frapper quelqu’un. Oui. « Désespérément ». Je donnerais n’importe quoi pour voir souffrir quelqu’un d’autre en plus de moi-même et de mon estomac, ces temps-ci, ça soulagera surement ma propre douleur : mes maux de tête, la boule qui noue mes intestins et qui me donnent la nausée, les crampes qui commencent à peser sur ma cage thoracique et mes pensées incapables de suivre une ligne régulière, qui semblent tourner jusqu’à m’en donner le tournis et le gerbe, une fois de plus… Oui. Que les autres ressentent au moins autant de douleur, c’est la chose qui me ferait le plus de bien, actuellement. Les plus raisonnables diront que mon rythme de vie actuel y est pour quelque chose, que je n’ai pas le bon raisonnement pour me conduire vers la guérison… Mais qu’en savent-ils, au juste ?! On va encore me sortir qu’avoir aussi désespérément envie de faire mal aux gens est une manière d’attirer l’attention… Sans blague ! Tout ça pour me sentir moins seul ?! Des conneries, pour cette dernière hypothèse ! Aurais-je survécu si je détestais à ce point être seul, hein ?

« Il en va de votre santé mentale et physique, de votre sécurité et aussi celle des autres occu… »

Oui, oui, je sais, c’est moi le méchant, c’est moi qui met en danger les autres en plus de moi-même… Bah ça alors, figures-toi que c’est le but ! C’est bien le problème que je sois le seul à douiller et que les autres respirent normalement !

« Depuis quand c’est si important pour toi ? »
« C’est mon métier, n’y voyez rien de plus. »


La réponse bateau qui passe à coup sûr, hein. Tss. J’en ai vraiment marre de cette réponse. Elle me met franchement mal à l’aise, car j’aimerais être certain que ce n’est pas vrai. Qu’il n’a pas choisi comme vocation d’aider les types comme moi qui n’en n’ont rien à foutre et prennent un malin plaisir à leur aboyer dessus. Car, il faut bien que je gueule pour me convaincre moi-même que j’ai encore le contrôle de la situation. Pour me convaincre que je peux encore sortir mes phrases d’une traite sans venir à manquer d’air de plus en plus facilement ces dernières minutes.

« Eh, moi qui croyait que mon existence t’importait un tant soit peu. Je suis qu’un chiffre parmi d’autres auquel tu refiles tes saloperies pour que je me tienne tranquille et m’oublie en devenant un légume. »

Héhé. Ça, c’est ce que tout le monde aimerait. Que je me taise pour de bon. Mais ça n’arrivera pas. Je ferais tout pour que ça n’arrive jamais.

« Avoues que si j’étais plus moi-même, ça te manquerait, docteur. »

Il ne répond pas. Pendant ce temps, je tente d’inspirer profondément sans que cela ne se voit. Sauf que l’air est bloqué dans ma gorge, visiblement. Déglutir m’est difficile avec ma gorge sèche. Mais je ne peux décemment pas me laisser aller devant lui. Si je continue de gueuler pour me défouler ça finira par passer tout seul.

« …Je prends ça pour un « oui ». »

Mais, l’autre a déjà remarqué l’état dans lequel je me trouve. Si j’étais honnête, j’admettrais que oui, c’était tout à fait évident, que dès que je suis entré, ça allait mal tourner pour ma tronche. Et Giratina seul sait à quel point j’aurais préféré que ça tourne mal pour le psy, à la place de l’implacable réalité qui fait que mon corps manque franchement de ressources pour supporter mon état, en ce moment.

« Vous avez vos propres réponses, je ne suis pas là pour vous contredire. Mais, actuellement, vous faites une crise de panique et vous devriez essayer de vous calmer. »

Je manque de m’étouffer en voulant répondre de la manière la plus virulente possible. Il me faut quelques secondes pour y parvenir.

« Pourquoi, sinon la conversation va mal se passer ?! Ce me ferait mal, tien-- »

Un hoquet m’interrompt en pleine phrase. J’ai cessé de respirer et j’ai cru que j’allais vomir lorsque je n’ai une nouvelle fois pas réussi à déglutir normalement. Je me mets à tousser et à chercher mon air sans la trouver, elle ne parvient à filtrer que par petites bouffées jusqu’à mes poumons, pas assez pour que cela me donne l’impression de totalement prendre le contrôle et de me recroqueviller sur moi-même, ce qu’il ne faut surtout pas faire selon le psy qui me rejoint pour m’aider à reprendre une respiration normale. J’ai honte d’avouer que c’est loin d’être la première fois qu’une telle chose se produit, que ce type que je déteste de toutes mes forces vient à mes côtés pour que je m’allonge, respire profondément et retrouve mon état normal… Qu’est-ce que c’est, un « état normal »… ? Dans ces moments où je perds complètement mes pédales, où je me sens plus taré que jamais, où j’ai l’impression de quitter mon propre corps et d’être sur le bord de la perte de conscience, je suis plus prêt que jamais à accepter ce foutu traitement. A me mettre à chialer, même comme le pauvre gamin effrayé que je suis. Pour que cela se taise, car j’espère que cela ne recommencera pas. Car je me sens si faible, si pathétique. Parce que j’ai peur de la mort, qu’en l’absence de toute capacité à me raisonner, j’ai la conviction que c’est ça qui m’attend si je ne sors pas d’une crise.

La lucidité éphémère qui me prend à la sortie de la crise me donne le vertige de plus belle. Qu’est-ce que je fous ici ?! Qu’est-ce que je « fais » ? Dans le sens qu’est-ce que je « fais » quand j’abois contre ma seule chance de… Qu’elle chance ai-je, au juste ? Peut-être ai-je la chance d’avoir cette thérapie mais une chose annule tout ce qui pourrait faire en sorte que les choses puissent s’arranger. Même avec ça, une réalité inéluctable vient me frapper sans vergogne. Je suis en prison. Même si les choses s’arrangeaient, je serais toujours enfermé ici. Et après ce qui vient se passer, je doute plus que jamais de ma survie en ces murs. A quoi bon ?

Constatant que ma respiration est redevenue normale et que je cherche à me redresser tout en cessant de m’étouffer dans mes sanglots au passage, le psychiatre me laisse mon espace personnel. J’ai quelques hoquets qui se calment rapidement après que je me sois mouché. L’autre me demande si j’ai envie de vomir, je lui réponds négativement en secouant la tête. C’est un mensonge. Mais, je n’ai déjà plus rien dans l’estomac, de toute façon. Quelques minutes s’écoulent dans un silence neutre. Après quelques temps, le psy annonce que l’on va « reprendre les choses dans l’ordre ». Fermant les yeux et hochant machinalement la tête, j’accepte. Je veux simplement que ça finisse. Je veux aller dormir, rêver et ne pas me réveiller. Car je ne sais même pas si j’ai la force d’écrire pour déverser mes contradictions.

« Savez-vous pourquoi j’ai demandé à vous voir quelques jours plus tôt ? »


Lentement j’hoche la tête. Oui. L’agression sur ma mère, le traitement… Beaucoup d’autres choses.

« Il s’agit de votre traitement, Monsieur Nagel. »

Je sais. Le regard fixé sur le sol, le corps vouté dans ma position assise et une main tenant ma tête, j’admets sans rien dire.

« Depuis plus d’une semaine, en consultant les rapports de l’infirmerie, j’ai constaté que vous rechigniez, voire tentiez de vous rebeller lorsqu’il vous fallait prendre votre traitement. »

Un rire nerveux, narquois remonte le long de la trachée pour ressortir, comme brisé.

« Ouais… Tu trouves ça correct, toi, des gens qui te forcent à manger des médicaments ? »
« Est-ce vraiment le cas ? »


Eh. Les voix de la raison des suppôts de Reshiram diront que je l’ai bien cherché et que les gens de l’infirmerie et les matons n’avaient pas vraiment le choix. Mais le naturel revient au galop comme dirait l’autre.

« Depuis quand tu doutes paroles de tes patients ? »


Le psychiatre retient un soupir. Il prend un petit moment de réflexion avant de sortir le laius qui suit, modérant volontairement ses propos.

« Votre ordonnance stipule que vous devez prendre vos régulateurs d’humeur quotidiennement. Dans le règlement carcéral, il est clairement régulé que toute non-prise de médicament qui pourrait mettre en danger la vie d’un prisonnier ou d’autres résidents est passable de sanctions. Dans un tel cas, le personnel compétent est en droit de vous contraindre à prendre votre traitement. »

Super. Il a appris sa leçon. A défaut d’avoir la force pour l’agresser verbalement, je lâche un long soupire et lève les yeux au ciel.

« Ceeertes… »

Fis-je, quelque peu ironique.

« Je veux dire qu’il est important que vous initiiez par vous-même la prise de vos médicaments pour vous éviter des inconforts. »

Bien, bien, très bien. Sinon, va-t-il encore me paterner longtemps ? Ne relevez pas cette interrogation et l’hypocrisie qu’elle contient. Je n’ai pas le temps pour ça.

« Toutefois, j’ai conscience que ce traitement contient des sédatifs, et qu’ils entraînent un certain nombre d’inconforts physiques. D’où l’importance d’un rythme de vie sain avec la prise du traitement. »

Il aurait aussi bien pu me refiler le mode d’emploi. Je sais lire, quand même. Je me remets sur la défensive. Comme si je pouvais encore lui faire croire que tout va bien.

« Qu’est-ce qui te fais dire que je mets en danger les autres prisonniers et que je n’ai pas un mode de vie sain ? »

Oui, oui, j’y crois encore. A mort.

« On m’a rapporté que vous vous faisiez vomir. »
« C’est qui, « on » ? »


Et je continue de chercher comme un gamin qui cache les papiers importants de papa et maman sur lesquels il a renversé son chocolat chaud.

« Que s’est-il passé pour que vous en arriviez là ? »


Alors là, je me demande vraiment. Je désigne les murs qui m’entourent, dans une mimique que j’ai l’impression de reproduire de plus en plus souvent quand il me fait donner des « excuses » à mon comportement.

« Tu n’espérais pas que je pète la forme en prison, quand même ? Cet endroit est merdique, voilà le problème. »

Visiblement, ce n’est pas ce qui préoccupe le plus. Enfin, il doit le savoir. Il a l’air plus préoccupé pour moi, en fait. Tss…

« Avez-vous conscience que vous vous mettez en danger ? »

Ohohoh ! La question piège ! Si je le sais… Oui, j’imagine. Mais admettre les faits établis et agir en conséquence c’est autre chose. Cela sous-entendrait que j’accepte beaucoup trop de choses qui me dérangent et que l’on me bassine depuis des années. Accepter le fait que je sois malade, dépressif, atteint de troubles bipolaires… Ce n’est pas car je suis contraint à me médicamenter en raison de ma condition de prisonnier de section haute sécurité que j’accepte toutes ces réalités désagréables et peu flatteuses. Donc, ai-je conscience que je me mets en danger quand je me fais ainsi vomir pour compenser je ne sais quoi, faire le vide en moi, recracher ces cachets… Honnêtement, je ne suis même pas le mieux placé pour vous donner la réponse. Conscients ou pas, les faits sont là : je m’endommage la santé à répétition, ces temps-ci.

« Foutez-moi la paix… »

Lâchais-je d’une voix fatiguée.

« Est-ce nos entrevues ? »

Evidemment que ce sont les entrevues. Je suis dans un état d’agitation et de stress pire à chaque fois que je vois la tronche de ce type. Et je ne parle pas du mal de bide que j’ai les heures qui les précèdent.

« Les effets d’une thérapie varient selon les individus, vous savez. »

Mon rictus narquois revient sur cette dernière affirmation. Merci, Sherlock.

« C’est censé m’aider, aussi. Et t’as bien vu l’effet que ça me fait. On dit aussi que la thérapie ne fonctionne pas quand elle est imposée. Ça te dit quelque chose ? »

Là, il est forcé de lâcher un soupir, l’air embarrassé avant de me répondre.

« Vous avez raison, c’est difficile de communiquer avec un patient qui n’a pas envie d’être là. »

Si ça le gêne tant, alors, qu’il me fiche la paix.

« Je veux dire que votre comportement de ces dernières semaines et vos crises sont des symptômes sont souvent observés chez les patients qui se retrouvent face à des choses… Disons, qu’ils ne sont peut-être pas prêts à entendre ou à admettre. Et, bien entendu, les oppressions que vous subissez quotidiennement ici n’aident pas et c’est… »
« C’est tout ? C’est ça, ta grande théorie du jour ? »


Je le coupe car j’en ai assez entendu. Peut-être qu’il a raison, mais peut-être qu’il devrait surtout se taire s’il a vraiment envie de m’aider. Plus je le vois, plus ma santé se dégrade… Quoiqu’honnêtement, ça n’a jamais été le méga tip-top swag, entre mon cerveau, mes troubles du comportement alimentaire et mon côté hypocondriaque. Mais on est pas là pour être honnêtes, là, on est là pour donner tord à ce psy et continuer de l’enfoncer parce que… parce qu’on est un gros rageux et qu’on est crevé, qu’on a la gerbe et qu’on voudrait rentrer au chaud dans notre cellule lire ce qui nous tombera sous la main, donc, certainement du Beckett ou du Hugo. Ça va encore plus me déprimer, mais qu’importe, c’est ça, être un vrai romantique.

Avant de reprendre la parole, je pousse un long soupir. Je rassemble mes forces pour lui répondre, bien que j’en aie de moins en moins la foi.

« Evidemment que je ne veux pas entendre tout ce que t’avances sur mes liens familiaux et sur ce qui se passe dans ma tête. Je te rappelle que je n’ai jamais voulu de cette satanée thérapie. Et comme tu vois dans quel état physique et mental tes discours insidieux me mettent, je veux qu’on arrête cette mascarade… Cette « thérapie » inutile sans plus attendre. »


« Inutile »… En suis-je encore vraiment convaincu, vu l’état dans lequel je me mets ces temps-ci ? Maintenant que j’y pense, si tous les psychiatres, thérapeutes et leur clique voient leur patients dans le même état que moi… bah, si j’avais su, j’aurais fait psycho, car, clairement, les sadiques doivent s’éclater dans de telles professions ! Hinhin. Oui, c’est dégoutant de considérer la profession de cette façon, j’irais dix fois en enfer et y découvrirais de nouvelles formes de souffrances, je sais, il faut bien que je me détende d’une manière ou d’une autre avec des pensées rigolottes. Rigolottes pour moi, hein, j’ai pas l’impression que ce soit un humour tout public, si c’est de l’humour. Oh, diantre, j’ai digressé, quelle étrangeté, alors que j’ai actuellement une conversation passionnante dont je tarde de savoir la suite… Ai-je déjà signalé mon amour pour le sarcasme ?

Le silence est revenu l’espace de quelques secondes avant que le docteur ne réponde, l’air toujours quelque peu gêné.

« Je suis navré, mais ça n’est pas possible, Monsieur Nagel. Je vous ai déjà expliqué pourquoi. »


Alors là je suis vraiment déçu et autrement surpris. C’est au point ou je suis tellement dégouté que je n’ai même plus envie de soupirer, juste de longuement lever les yeux au ciel

« N’avez-vous pas envie d’aller mieux ? De reprendre le contrôle de votre vie en vue de votre sortie ? »


Oh, non, pas les violons.

« Je te remercie, mais je me porte aussi bien qu’il est possible de bien se porter. Sachant que je suis en prison et que cet endroit est pourri. Et que vous me donnez des fichus médicaments qui donnent la gerbe. »


Eeeeet toc ! Qu’est-ce que tu penses de ça ?!

« Pensez-vous que vous iriez mieux sans votre traitement ? »


« JPP du psy », comme diraient les jeunes. Je soupire à nouveau et enchainant avec un « grmblblrgm » quelque peu irrité, en reposant ma tête entre mes mains, coudes posés sur mes cuisses.

« C’est ce que je me tue à vous dire depuis des années ! »
« Hm… »


Comme d’habitude, il réfléchit, avec sa mimique ridicule et pénible de se gratter le menton. Avec la chance que j’ai, il va encore me poser une question débile.

« A quoi vous sert ce traitement, à votre avis ? »

Bingo. Je le savais. Et je connais aussi la réponse, à sa question à la con. C’est moi ou on tourne autour du pot ?

« Sécurité, blablabla, me contrôler, quoi. »


Il hoche la tête. Je ne sais pas si c’est pour convoquer quelque sympathie de ma part ou me faire me sentir important… Dans tous les cas, qu’importe, je n’aime pas trop ça. J’ai un mauvais pressentiment. Je sens que je ne vais pas aimer la suite.

« Ce n’est pas pour que moi ou le personnel vous contrôle. C’est pour que vous, vous puissiez faire face à vos troubles de l’humeur. »

En effet. Je n’aime pas. J’aime pas du tout. J’ai perdu le peu de sourire qui m’était revenu et recommence à fixer le psy d’un air féroce. Comme si ça allait le dissuader de continuer.

« Comprenez-vous la différence ? Personne ici ne cherche à vous contrôler. A moins que vous alliez à l’encontre du règlement. Néanmoins, si cela est si important à vos yeux… Pensez-vous, vous, avoir le contrôle de vous-même, sans votre traitement ? »

Pourquoi je ne le contredis pas ? Pourquoi je ne me mets pas à faire « LALALALAAAA J’ENTENDS PAS » comme le grand gamin que je suis ? Au moins, ça m’éviterait d’entendre ce que je ne veux pas entendre car c’est probablement une trop violente vérité. Je suis de toute évidence pas prêt à entendre ça. A la place, je serre les dents et soutient son regard, recherchant une manière de lui répondre.

« Ces dernières semaines, aviez-vous la sensation d’être en contrôle de vos crises ? »


Là, je n’ai rien à répondre. Si je pouvais les contrôler, je n’aurais pas craqué dans cette pièce, il n’y a pas dix minutes. Je cligne des yeux, une fois de trop. Une fois de trop qui suffit à confesser que non, je n’étais nullement en contrôle.

« Vous en parlez souvent… Vous semblez aimer ça, « contrôler ». Pourtant, j’ai l’impression que vous rejetez les solutions qui pourraient vous permettre d’acquérir ce « contrôle » de vous-même, de vos relations. Avec votre famille, notamment. »

Et merde. Je perds les tout petit restes de sang froid qui me restait pour recommencer à lui aboyer dessus sans perdre un instant. La nausée revient en force et j’ai envie de chialer à nouveau. Quelle vie de merde.

« Qu’est-ce que tu vas encore me sortir au sujet de ma famille ?! Je sais que ça t’obsède, mais tu as déjà réfléchi au fait que ça ennuyait tout le monde ?! »

Je me suis levé sous le coup de l’agacement. Et comme d’habitude, le maton ayant observé un potentiel signe d’hostilité dans mon comportement, il entre dans la pièce en demandant au psychiatre s’il faut s’occuper de mon cas. A ça, j’ai la réponse.

« Ouais, bonne idée, ramènes-moi. »
« Tiens-toi tranquille Nagel-Jung, si tu veux dormir dans ton lit douillet ce soir. »
« C’est bon, c’est bon, Monsieur Aster. Nous allions arrêter là pour aujourd’hui, de toute manière. »


Le psychiatre s’est levé. Son regard se déplace calmement du surveillant à moi. Puis, il me fixe un instant. Je n’arrive pas à comprendre les émotions que laissent transparaitre son regard. J’ai l’impression qu’il est à la fois satisfait, préoccupé et peut-être encourageant. Mais je n’en ai rien à cirer de ses encouragements à la con. Je l’aurais étranglé si j’en avais la force et la liberté.

« Vous pourriez peut-être réfléchir à tout ça. Les entrevues avec votre famille, si elles sont pacifistes, pourraient vous conduire à mieux comprendre votre fixation sur cette idée de contrôle. »

Il me salue, le maton m’entraine vers la sortie et moi, je grogne avant de passer la porte.

« Si tu le dis. »


Pour les heures et les jours qui suivent, foutez-moi juste la paix. Sinon ça va mal finir.
En PLS chez le Psy (littéralement).
JPP.
Alexander Nagel-Jung
Alexander Nagel-Jung
Ex-Régimeux
Voir le profil
Mer 23 Mai 2018 - 0:52
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: