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Le quinoa n'adoucit pas les mœurs. (OS)
Ludwig Green
Le quinoa n'adoucit pas les mœurs.
Appartement d'Ellias - Début Juin 2023 - Vers 20h
Ellias  Helmut
/!/ Avertissement : cet OS ne contient pas de violence ou d'éléments trop graphiques ou suggestifs, mais il aborde des sujets sensible liés à la famille et aux rapports malsains ou toxiques qui peuvent y éclore en cas de négligence, d'immaturité ou d'irresponsabilité (ici, on aborde nommément celle d'Helmut). Le PdV est celui d'Ellias. /!/

Ce n’est pas exactement le genre de mon oncle de m’appeler spontanément et me dire qu’il doit passer me voir le soir-même. Pourtant, lui qui a l’habitude de planifier des semaines à l’avance, il a dérogé à ses habitudes et va débarquer ce soir. A vrai dire, son coup de fil n’est pas allé sans me laisser perplexe et quelque peu inquiet. La voix ordinairement posée et molle d’Helmut était vive, empressée. Je ne dirais pas qu’il avait l’air paniqué, mais il semblait assez fébrile pour que je me demande s’il est arrivé quelque chose. Dans tous les cas, c’est quelque chose que je ne devrais pas tarder à savoir, comme il m’a dit qu’il devait « me parler d’un truc ». Un « truc » assez important pour qu’il ne l’évoque pas au téléphone et tienne à le faire en tête à tête. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais le coup de téléphone du plus âgé m’a laissé imaginer que nous n’allons pas que parler des dernières vidéos ASMR de ma chaîne Youtube préférée.

Même si j’essaie de ne pas trop anticiper la conversation que nous aurons, je ne peux m’empêcher de faire des plans sur la comète. Surement que nos histoires familiales vont encore être mises sur la table… Si c’est le cas, j’espère juste qu’on ne va pas encore tourner en rond sans évoquer les choses importantes qu’Helmut évite très aisément depuis des années. Je ne peux pas vraiment dire qu’il n’y a eu aucun progrès en plus 25 ans… J’admets qu’il est moins sur la défensive qu’avant, au moins, maintenant, il ne va pas s’énerver à chaque fois qu’on évoque le fait qu’il s’est montré franchement négligeant avec ses enfants et parfois toxique avec les autres membres de la famille et son déni assez malsain vis-à-vis du fait que sa famille n’était pas ce qu’il avait imaginé. Il a quand même fallu des morts et qu’il frôle lui-même le trépas pour qu’il commence à regarder la réalité en face. Entre nous, je trouve que c’est tout de même cher payer pour avoir une conversation saine et sans euphémisme. Enfin… Je ne suis plus vraiment en colère ou triste comme j’ai déjà pu l’être lorsqu’Irina est morte. Je crois que j’en ai plutôt marre du statut quo et d’être encore mêlé à toutes ces histoires de famille malgré moi. Ce n’est pas que j’imagine que tout ça est simple comme bonjour à surmonter. Mais je ne devrais pas avoir l’impression d’attendre mon oncle et aussi mon père qui ont tendance à mette un certain nombre de leurs erreurs sur le passé et pour Helmut, tenir d’autres personnes coupables de leur état.

Je termine de préparer le dîner quand j’entends sonner à la porte de l’appartement. Après m’être lavé les mains, je m’en vais appuyer sur l’interphone et ouvrir à mon invité.

« Ah, Tonton. Entre. C’est au 3e étage. »

Quelques minutes plus tard, mon oncle est sur le pallier avec sa chemise a fleurs et pose ses affaires en dessous du porte-manteau. Après avoir échangé saluts et politesses, il jette un coup d’œil au living-room, à la grande baie vitrée et à ma cuisine à l’américaine sans faire de commentaire. Ce n’est pas trop son genre de faire des commentaires stériles comme « oh c’est charmant chez toi », « oh, mais c’est grand », « tiens c’est très lumineux, tu as une belle vue, quelle panorama », « oh, j’ai le même écran plat » ou encore « eh ben, mon coco, c’est la belle vie ». Mon père, Hanz, en revanche, les aurait tous fait à la suite puis éparpillés au fil de la soirée.

« Tu es sûr que je ne te dérange pas, hein ? »

Maintenant qu’il est là c’est un peu tard pour demander. Mais en même temps, je sais qu’il est sincère et qu’il me laissera si je lui disais que oui. J’hausse les épaules en retournant à ma cuisine et retire mon tablier nominatif à rayures pour mettre le couvert.

« Ça va, tu avais prévenu. »

Je mets aussi une assiette pour Helmut qui s’assoit au bar et me demande avant de se servir de l’eau.

« Et puis, ça avait l’air important. »
« Ah ? »


L’autre relève le visage de son portable vers moi, l’air aussi candide que possible. Je ne sais jamais s’il fait exprès ou si c’est spontané quand il fait ça.

« Bah… Tu avais l’air soucieux. »


Le prof de maths s’empourpre et tend ses épaules, visiblement embarrassé. Il n’y a pourtant pas de quoi, loin de moi l’idée de lui reprocher de pouvoir être préoccupé.

« Oh, euh… Désolé. » Je lève les yeux au ciel tandis qu’il s’excuse mais je préfère ne rien dire. « En plus j’ai rien apporté. »

C’est vrai que j’aime bien quand il me ramène des petits plats mais il a tendance à faire un peu trop et j’essaie déjà de ne pas manger trop gras en ce moment.

« C’est pas grave, ça. Enfin, j’avais déjà préparé le repas et j’allais manger. J’ai fait de la salade de quinoa. »

Pendant que je tourne le dos, il me semble que j’entends Helmut qui soupire (et il grimace surement d'un air dépité), mais je vais lui donner le bénéfice du doute. Pourtant, à lui, manger un peu plus léger, ça ne lui ferait pas de mal… Enfin, je devrais le laisser en paix avec ça, il a toujours été gros, ça doit être que ça lui convient bien. Il est de bonne foi et commence pourtant à manger mais grimace dès la deuxième bouchée.

« …Tu as mis quoi dedans ? »

Mais enfin… C’est juste une pauvre salade de quinoa et je m’en suis très bien sorti ! Il n’y a que des bonnes chose, en plus, c’est plein de minéraux, de magnésium… Il y a des fibres, avec les concombres et les poivrons, et avec la feta, ça donne du gout ! C’est bon pour le corps et le moral ! Un peu piqué, j’arque un sourcil en regardant de travers le plus âgé, qui regarde son assiette d’un air blasé.

« Quoi, c’est pas bon ? »

Je ne sais pas pourquoi je demande, en sachant très franc à ce sujet et en plus je me doute que la réponse ne va pas me plaire. Nous n’avons vraiment pas les mêmes goûts culinaires…

« Pas vraiment. Tu veux pas que je te fasse des burgers, plutôt ? »


J’ai une tête à aimer les burgers ? Bon, d’accord, ce n’est pas dégoûtant mais c’est bien trop lourd, surtout les siens et… Lui, d’ailleurs, il devrait ralentir sur les burgers, non ? Enfin, ce n’est pas pour lui faire la leçon, je suis mal placé pour ça, mais bon, il a déjà des problèmes de santé alors autant que ça n’empire pas, hein ?

« Et ton diabète ? »


Lui demandais-je et je regrette immédiatement en voyant le regard qu’il me lance. D’accord, je l’admets, je suis en train de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Et je n’ai aucun droit de juger ce que mange mon oncle. Même si ce n’était pas malveillant, je crois pas que j’aimerais qu’on me reproche ma minceur et qu’on me force à manger plus comme j’ai implicitement conseillé à Helmut de manger moins.

« Mon diabète il te dit « merde »… »


Je ne réponds rien mais j’admets que je n’avais pas à me permettre. De l’autre côté du bar, l’autre me regarde d’un air qui veut dire « tu me saoules, la baguette chinoise, occupes-toi de tes affaires », donc, je me tus en revenant à ma salade… Qui n’est pas si mauvaise que ça, quoiqu’il en dise. Je décide de m’occuper de mes affaires en me concentrant sur mon assiette, laissant libre le prof de maths en lui indiquant la cuisine.

« Bon, eh bien, fais comme chez toi. »

Tout content de pouvoir cuisiner, le plus vieux se mit à l’ouvrage. J’imagine que ça lui facilite aussi le dialogue, de s’occuper. Ce n’est pas tout à fait évident de lui tirer quelques mots quand il est occupé à ruminer en pleine conversation, car ça lui laisse trop de place pour réfléchir. Quelques minutes s’écoulent ainsi pendant qu’Helmut fouille les placards à la recherche des aliments dont il a besoin. Il me demande si je n’ai pas ci ou ça et il réalise qu’il ne va pas pouvoir faire grand-chose qui lui plaise avec ce que contiennent mes tiroirs. Mais bon, au moins, il finit par trouver de quoi s’occuper. J’attends que le calme s’installe de nouveau pour lancer la conversation qui l’a initialement amené ici.

« Et donc… De quoi est-ce que tu voulais me parler ? »

Tiens, ça a l’air de lui revenir d’un coup, comme s’il avait oublié. Je suis mauvaise langue, je doute qu’il ait oublié. Je pense plutôt qu’il attendait pour ne pas me balancer la conversation au visage à peine arrivé. Il hoche la tête et se donne quelques secondes de réflexion avant de prendre la parole.

« Je… En fait, je viens du pénitencier. »


Mais moi qui pensait que j’aurais le temps de me préparer pendant qu’il aurait tourné autour du pot… En fait, non. Du coup, je suis pris de court, d’autant plus que le sujet n’est pas exactement facile.

« Ah. »

Bon, s’il me parle de pénitencier ce n’est surement pas parce qu’il est allé réciter la messe là-bas… Il va certainement me parler de l’autre qui a… Bah, c’est un connard, qu’est-ce qui aurait pu ressortir de bon d’une entrevue avec lui. On a déjà eu cette conversation, en plus, et Helmut lui-même ne sait pas pourquoi il s’impose ça.

« Tu as vu Alexander ? »

Autant aller droit au but. Je n’ai pas très envie de mêler la saveur du quinoa à mes souvenirs incluant mon cousin. Donc si on peut rapidement passer à autre chose… Ce serait bien. Mais en un sens, je ne m’étonne plus que ce soit un sujet si récurrent car, eh bien, disons qu’Alexander est assez étroitement lié à un grand nombre de nos soucis familiaux.

« Ça ne s’est pas très bien passé. »

Oh, alors ça, ça nous surprend tous…

« Ah bon… »


Le sarcasme est plutôt évident dans mon ton et la mélodie de ma voix, qui part dans des sons plus fluets à la fin de mon interjection, laissant traîner le « on ». Mon interlocuteur s’apprête à rétorquer, un peu piqué… Mais il se résigne et hausses les épaules, pas très motivé à argumenter ou à me sermonner (entre nous j’ai passé l’âge).

« Oui, bon, je sais, ça ne se passe jamais bien, de toute façon. »

Il lève les yeux au ciel, soupire, se masse les tempes d’une main et revient au sujet.

« Enfin, je ne suis pas là pour me plaindre. »


C’est une bonne chose, j’espérais bien qu’il n’était pas venu pour se victimiser. Quoiqu’il a un peu arrêté ces dernières années et ce n’est pas plus mal car c’était franchement malaisant et intoxiquant. J’imagine que quand on a de l’affection pour quelqu’un, on a toujours l’espoir qu’il change, on se dira régulièrement qu’il change et qu’il progresse pour se rassurer. C’est ce que j’ai envie de me dire dans le cas d’Helmut, même si je voix rarement la concrétisation de mes espoirs se produire.

Dans tous les cas, les secondes s’écoulent entre les propos de l’autre. Je ne peux pas nier : il est en train de faire des efforts pour chercher ses mots. Ça a vraiment l’air important pour lui et donc, je pense qu’il est normal de lui donner toute mon attention.

« J’ai réalisé que tu avais un peu raison : je ne peux pas rester en dehors de tout ça… Enfin, parce que… Je ne… Je ne m’implique pas réellement. »


Ah. J’admets. Je ne m’attendais pas à ça. Est-ce qu’il est sincère… ? Je ne crois pas qu’il dirait ça s’il ne l’était pas. Et Helmut a toujours été un très mauvais menteur. Certes, il est over-dramatique et franchement casse-pieds par moments, mais là, je ne crois pas que ce soit un discours pour me faire pleurer dans les chaumières à grands coups de violons. Ça se sent car il semble choisir ses mots pour tenter de prendre du recul. Je ne sais pas trop où me mettre et tout cela me prend de court, mais je continue de l’écouter. Après tout… J’avais déjà démarré cette conversation avec lui plusieurs fois, même si ce n’est peut-être pas mes affaires. Enfin, si je me sens si « engagé » vis-à-vis de Ludwig, c’est aussi un peu parce que je sais qu’il n’a jamais eu l’appui de ses parents. Qui n’étaient pas impliqués. Bien sûr, tout ça n’est pas sain : je ne dois rien à Ludwig en réalité. Mais je me sens lié à lui par toutes ces galères familiales qui nous ont touchés à différentes périodes de notre vie. Ça non plus ce n’est pas vraiment sain. Mais, c’est là, et Ludwig comme moi-même en avons besoin pour le moment. C’est une manière de prendre du recul sur tout ce qui est arrivé à la famille et qui… Oui, c’est un peu une obsession.

« En fait je crois qu’on peut dire que je ne me suis jamais vraiment impliqué, pour les garçons. Enfin, pour mes… mes enfants. »


J’hoche faiblement la tête. Qu’il admette ça… J’ai un peu de mal à y croire mais je pense bien qu’Helmut est sincère. Enfin, j’ai vraiment envie de le croire, après tout, c’est une des premières fois que je le vois s’ouvrir ainsi face à ses erreurs. Il y a dû avoir un déclic. Son manque d’implication n’a pas fait de mal qu’à Ludwig qui s’est toujours senti délaissé et mal aimé. C’est aussi à cause de ça qu’Irina a fini par… Quant à Alex, je ne peux décemment le plaindre même si je vois en quoi l’absence de ses parents a pu le rendre fou. Si je n’avais pas eu Hanz et son attention, ainsi que celle d’Helmut et Martha (à croire qu’il avaient moins de mal à s’impliquer sans lien filial dans l’histoire… j’imagine qu’avec moi ils pouvaient oublier leurs échecs avec leur propre progéniture), je ne sais pas trop ce que je serais devenu. Car je ne crois pas être quelqu’un d’infaillible. Quand Irina est morte, je ne me suis pas relevé du jour au lendemain, aujourd’hui encore, cette perte violente et soudaine me fait souffrir. Mais, ça, j’imagine que c’est assez normal… Nous avons tous appréhendé cette perte et même… ce meurtre soriricide. Nous l’avons appréhendé différemment.

Pourtant, même si je vois en quoi les dires de mon oncle relient avec nos conversations et surtout, nos échecs de communication. Quelque part, ça me fait plaisir, car ça veut dire qu’Helmut a réfléchi à ce qu’on a pu se dire et… Qu’il a quelque volonté de bien faire. Je suis simplement dépité, car il a la soixantaine désormais et cela fait 15 ans que… Bon. Le deuil, ça peut-être long, ça ne s’oublie pas parce qu’on le veut après une semaine de brève dépression.

Dans tous les cas, à la base, il voulait me parler de quelque chose qui s’est passé au pénitencier. Peut-être est-ce là que ça a quelque chose à voir avec moi. Je ne vois pas trop, dit comme ça, et à vrai dire je ne l’anticipe pas de manière très optimiste. Mais bon, il faut bien et maintenant qu’on y est…

« Et… Qu’est-ce qui s’est passé, au pénitencier ? »

Bon voila, on y est. Helmut se tortille un peu et pince les lèvres. Cette fois, ça semble difficile. Il se masse les tempes et regarde le plafond tout en cherchant ses mots d’une voix hésitante et un peu ramollie. Un rictus gêné sur le visage, il se gratte nerveusement le crâne en ébouriffant ses cheveux grisonnants.

« Oh, euh… Comment dire… »

Mais par la grâce de Suicune, qu’est-ce qu’il va me sortir…

« Disons, que, euhm, Alexander est en pleine crise de jalousie et qu’il veut s’en prendre à toi. »


Ah. On y est. Ce n’est pas nouveau que l’autre binoclard soit jaloux de moi et de ma complicité avec son père… D’ailleurs, je me doute bien qu’Helmut n’y a jamais été étranger non plus, mais s’est bien débrouillé pour éviter le problème, encre une fois. Mais… Par contre ça m’inquiète un peu… Qu’est-ce qu’il entend par « s’en prendre à moi »… ? Bizarrement, je ne crois pas qu’il s’agisse de me défier au Scrabble en ligne. Le connaissant, ce serait plutôt quelque chose qui fait mal et pourrait même menacer ma vie… Oui, donc, c’est pas vraiment une bonne nouvelle, ça. Je suis trop jeune pour mourir.

Mais peut-être que que j’ai mal compris, hein…

« Pardon ? »

Voyant que je suis troublé, Helmut me sourit, n ne peut plus embarrassé avec un « héhé, pardon » plus mou que jamais. Coupable, il se mélange les mains et tente de détendre l’ambiance, toujours en regardant le plafond. J’imagine sa lassitude car j’en ai aussi foutrement marre des conneries de Blondie, m’enfin, ça ne me fait pas vraiment rire, même narquoisement, comme c’est moi qui suis menacé.

« Oui, c’est un peu excessif. »

Je lève les yeux au ciel, quelque peu outré que mon oncle fasse encre des euphémismes arrivé là, même pour tenter de détendre l’ambiance. En plus, d’ordinaire il ne mâche pas ses mots pour dire certaines choses désagréables. Par exemple, que ma salade de quinoa n’est pas bonne. Hmph.

« Je veux dire que je crois qu’il est en pleine descente de phase maniaque et que je n’ai aucune idée de ce dont il est capable et de qui il pourrait contacter pour… pour toi. Et je ne veux pas que tu sois mêlé à ça. »

N'est-il pas tout le temps en pleine crise d'adolescence comme s'il avait encore 12 ans et aucun recul ? Mal à l’aise (parce que je ne sais pas si vous avez déjà été menacé de meurtre indirectement, mais c’est pas vraiment la clé vers le monde de la sérénité), je retrousse les lèvres et tend les épaules. Je sens que je vais avoir besoin d’une double séance de yoga, demain matin… Le regard fuyant et fichtrement préoccupé, je sens que mon eczéma recommence à faire des siennes et je me gratte e bras nerveusement… Mon langage corporel n’échappe pas à mon oncle qui n’est pas plus à l’aise. Faut dire que… Certes, je n’ai pas très envie d’être impliqué dans le meurtre de ma propre personne (évidemment), mais… Bah, ça me concerne donc dire que je ne suis pas mêlé à cette histoire, c’est un peu paradoxal, non… ?

« … Même, si… J’imagine que tu l’es déjà, d’une certaine manière. »


Oui, voila. Sans blague. Je cligne nerveusement des yeux et je sens que mon anxiété empire à chaque minutes, à mesure que j’imagine ce qui pourrait m’arriver… Bon, certes, l’autre taré ne peut pas m’atteindre directement et il bluffe peut-être mais ça reste extrêmement déstabilisant. Et puis… Il y a aussi que je n’aurais peut-être pas été impliqué à ce point ça si Helmut avait assuré son rôle de père. Il ne fait pas le fier donc je ne devrais pas lui taper dessus mais en un sens, c’est plus moi que je devrais protéger, actuellement. De plus en plus nerveux, je tente d’inspirer profondément et me cache derrière mes cheveux que je ramène devant mes yeux comme je faisais enfant.

« Je suis désolé, Ellias. J’ai provoqué ça et… »

Bien entendu, Helmut comprend mon malaise et s’en excuse. Même avec ça, il me faut un peu de temps pour me calmer et me reconcentrer. Je secoue la tête, décidé à faire avancer cette conversation. J’ai envie de trouver des solutions à ce problème et rapidement.

« Ce n’est pas vraiment le moment de se morfondre. »

L’autre hoche la tête.

« Oui. »


Après un bref silence, Helmut reprend, un peu plus calme que tantôt.

« Donc, je… J’ai réussi à parler avec le psychiatre et les gardiens. J’imagine bien qu’ils ont d’autres chats à fouetter aussi, mais ils vont garder un œil sur lui. Donc, tu ne devrais pas avoir de problèmes. »

Hm… Mais comme il l’a dit, on ne sait pas de quoi Alexander est capable. Il a toujours été comme ça, imprévisible. C’est assez navrant de voir à quel point il peut être inventif et mettre toute son intelligence dans ce qu’il fait lorsqu’il veut faire du mal aux autres… Raison de plus pour ne pas être rassuré même si c’est une bonne chose que pour une fois, mon oncle décide enfin de s’en remettre aux autorités compétentes plutôt que d’aller orgueilleusement régler les soucis lui-même sans réfléchir.

« Je préférais te prévenir. »

Hm… Trop aimable d’y avoir pensé. Mais c’est vrai qu’encore une fois, il aurait été capable de ne rien dire et laisser la chose empirer en pensant qu’il peut tout résoudre en se mettant en position de tout prendre dans la tête. Des fois je pense un peu comme Papa… Je commence à croire qu’il aime ça, souffrir pour ses propres erreurs sans rien faire.

« Je ne voudrais pas que… »


Je ne sais pas si ses précautions me rassurent, à vrai dire. M’enfin, il essaie. Mine de rien, malgré son sale comportement, il a souvent été là pour moi. Simplement… J’aurais aussi aimé qu’il en fasse autant pour Irina ou Ludwig. Mais, maintenant, Alex veut encre une fois s’en prendre à nous parce qu’il ne digère pas qu’on vive comme bon nous semble… Je sais que la prison, ce doit être tout sauf facile à vivre et psychologiquement aliénant, mais je ne l’ait jamais attaqué personnellement ni commis quelque acte qui aurait pu lui porter préjudice, même sans le vouloir. A part être moi, j’imagine.

« Il a déjà fait suffisamment de dégâts… A cause de mon ignorance. »

Sur cette réplique, en revanche, je me sens réagir de manière plus colérique. Peut-être qu’il veut me ménager et qu’il ne pense pas à mal mais son fils ainé n’a pas juste « fait des dégâts ». C’est un point sensible et qu’n essaie tous de s’en sortir avec ça, mais je commence à en avoir un peu assez du tabou autour du fait qu’un meurtre à été commis. Qu’il y a eu une morte, dans l’histoire. J’ai un ressentiment assez fort qui veut clairement dire que je ne suis pas passé au-dessus, mais, quand bien même, je n’aime pas quand on fait des euphémisme sur le fait qu’Irina a été tuée. Et qu’Alexander a tué bien d’autres gens après elle. Je ménage encre Ludwig à cet égard car ce n’est pas tant qu’il ne sait pas qu’il n’est réellement pas prêt à voir la réalité, mais Helmut, en face de moi, n’est pas un enfant, lui. Ce n’est pas sain que je le dise ainsi, et que ce soit moi qui le dise… Mais il est temps qu’il cesse de se comporter comme un gamin effrayé.

« Des « dégâts »… vraiment ? »

Je m’y attendais mais le fait que je pointe du doigt le fait qu’il a tendance à minimiser le heurte, je le vois bien. Et je ne vais pas me sentir coupable.

« …Morts. Des morts. »

Se corrige-t-il sans faire plus d’histoires. Un silence pesant s’installe dans la cuisine. Helmut est préoccupé et n’ose pas trop croiser mon regard. Il prononce ses parles suivantes à voix basse en se mettant face à la réalité des risques que je pourrais courir, mais que je tente de relativiser.

« Je ne veux pas que… Que ce soit… »

« Que ce soit toi », ou d’autres personnes dont il est proche, c’est probablement ce qu’il voudrait dire.

« Ça ne sera pas moi. »


Dis-je pour le rassurer mais surtout pour me raisonner moi-même.

« …Ni Ludwig. »

Ajoutais-je tout de même, histoire de lui rappeler que Ludwig subit aussi les humeurs de son grand frère, dans cette histoire. L’état d’Alex le préoccupe bien trop et il tente en permanence de défendre son grand frère ou de minimiser son comportement nocif. Il n’a pas voulu tout me dire mais rien qu’avec cette histoires de Pokémon dangereux, j’ai bien peur que pour Alexander, Ludwig se soit déjà mis en danger.

« Ludwig doit rester en dehors de… »

Bien sûr. Ça n’a jamais été le but que de l’inclure. Pour le coup, je ne veux pas que Ludwig sache que je peux être menacé. Il se sentirait coupable alors qu’il n’y est pour rien. Dans tous les cas, c’est un sujet délicat. Même si Helmut ne croisera probablement pas son cadet, je pense qu’il n’ira pas l’ignorer dans cette histoire ou oublier de le préserver.

« Je sais, c’est juste… »

Je le rassure sur le fait que je ne compte pas inclure Ludwig. Mais, ce n’est pas pour autant qu’il ne risque rien. Et puis, cette histoire de Pokémon dangereux me revient en tête.

« Je pense qu’il faudrait aussi que je prévienne la Milice. »


Je sais que mon oncle fait au mieux pour comprendre comment le système et les institutions s’adaptent sur Enola depuis la fin du Régime. Néanmoins, il ne semble pas pleinement saisir l’implication de la Milice dans cette histoire.

« Si Alexander fait quelque chose et ne peut pas faire en sorte de contacter et d’envoyer quelqu’un de l’extérieur… » Lui expliquais-je, me surprenant moi-même d’être encore si calme. « Ludwig a évoqué le fait qu’il avait de nombreux Pokémon dangereux. »

Mon oncle hoche la tête d’un air appuyé. Il saisit le problème, probablement car il a déjà croisé ces grosses bêtes par le passé, d’ailleurs.

« Ah, en effet. Et… la Milice pourrait fait quelque chose pour ça ? »
« C’est leur rôle. Je sais qui contacter. »


Ils seront même assez efficaces si attraper quelques Pokémon dangereux peut redorer leur blason auprès de la population. D’un point de vue un peu plus calculateur, ce sont aussi mes employeurs, donc ça ne me gêne pas de les aider par ce biais.

« Il faudrait que tu m’accompagnes… Enfin, pour expliquer la situation. »

Terminais-je par dire. Il a commencé à faire des démarches donc autant aller jusqu’au bout. Je pense qu’on va s’en sortir avec ça… Et qu’Alexander, de son côté, ne pourra pas vraiment agir.

« Ah, bien sûr. Après tout, il était temps que je m’en remette aux personnes et aux autorités compétentes, pour lui… »

Je ne réponds pas mais esquisse tout de même un bref hochement de tête. On aurait évité beaucoup de mauvaises, voire très mauvaises choses. Irina n’y aurait probablement pas laissé la vie, si Alexander avait été mieux encadré au niveau psychiatrique. A force de toujours y repenser, je crois qu’il faut admettre que j’ai une obsession à ce sujet. Je ne suis pas plus en paix que mon oncle en ce qui concerne Irina et mon très fort ressentiment envers mon cousin. Aller jusqu’à dire que je n’ai pas un tout petit peu de désir de vengeance est peut-être malhonnête.

Ruminer tout ça et toutes ces nouvelles ne me fait pas franchement de bien et me noue la gorge, à présent. La tension est retombée et nous avons cherché des solutions et même si j’ai du mal à le faire à voix haute, je remercie intérieurement Helmut de ne pas m’avoir laissé dans l’ignorance.

« Ellias ? »


Le ton de mon oncle est affaibli, lui aussi. Et préoccupé. Je crois que je l’inquiète. Il a beau vivre sur les anneaux de Saturne, après 34 ans, il sait plus ou moins voir quand je suis bien ou mal en point.

« Je suis vraiment désolé pour tout. C’est ma faute, si tu es mêlé à ça, encore aujourd’hui. »

Ce n’est pas rien de le dire. Je ne sais que lui répondre, sur le coup. Je suis un peu à l’Ouest.

« Est-ce que… Est-ce que ça ira ? Enfin, toi, ça va ? »


J’hausse les épaules. J’essaie de me donner l’air impassible mais ça ne dupera pas grand monde.

« J’imagine que ça devrait aller. » A vrai dire, je ne me rends pas bien compte. Ça me coûte de l’admettre, mais je ne mesure pas bien les tenants et les aboutissants de toute cette épineuse situation. « J’ai juste besoin de repos pour digérer pour ça. »

Helmut hocha la tête, compréhensif.

« Je comprends, moi aussi. » Admet-il, un peu embarrassé par sa propres « faiblesse ». « Je te laisse ? »

Je lui signifie que ce serait plus confortable pour nous deux. Après avoir rangé la cuisine, mon oncle prend congé sobrement, tout en m’informant qu’on s’appellera pour décider de la suite et qu’il s’arrangera pour rester plus longtemps que prévu dans le coin, la situation l’exige. Me retrouver seul est à la fois un soulagement et m’effraie tout à la fois. Seul avec mes pensées, je sens que je vais cogiter et ruminer toute la nuit. Et pour le moment, je pense à Ludwig. Je crois qu’il ne va pas du tout bien accueillir la chose, si les Pokémon d’Alex commencent à se faire traquer. J’imagine qu’il faudra aussi mettre son tuteur au courant dans les jours à venir… Il y a quelques heures j’étais angoissé pour ma présentation de demain, mais elle semble tout d’un coup bien futile…
Ludwig Green
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Civil
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Ven 27 Juil 2018 - 19:50
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