Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

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Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

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Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
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Nulle Part (OS)
Ludwig Green
Nulle Part.
Nuva Eja - Fin octobre 2023 - Soirée/Nuit
Ludwig   Ellias
/!/ TW : dépression (et déni), évocation de brimades scolaires, crises de paniques et états de stress intenses, PTSD et grosse ambiance de merde bien chamarrée en général. L'état de Ludwig influence son comportement et n'excuse pas ses agissements blessants. /!/

C’est finalement les vacances. Je me dis que c’est au moins ça de pris. Tout le monde autour de moi s’émerveille sur « oh, c’est passé si vite depuis la rentrée ! » et ça me donne envie de grogner pour retourner dans mon coin. Je les aie attendu trop longtemps ces vacances, du moins, c’est l’impression que j’ai eu, que c’était interminable. De toute façon, mes ennuis recommenceront certainement à la rentrée donc, à quoi bon.

Et il y a eu la dispute à Marilyn qui m’a donné de recevoir beaucoup de questionnements sur mon attitude. J’ai entendu plusieurs fois que ça ne me « ressemblait pas », qu’il était « étrange » que je me sois comporté de manière si agressive avec mon amie d’enfance. Ce n’est pas qu’on se dispute jamais avec elle, hein (je veux dire, même si j’aime pas ça, l’inverse serait quand même étrange), mais, jamais je n’avais à ce point pété un câble. Moi-même je l’ai reconnu. Je crois même que j’ai dû vaguement m’excuser mais je ne me souviens pas précisément : ça me passait pas mal au-dessus et je n’avais pas envie de m’excuser. Car j’avais la haine, même si c’était pas contre Marilyn spécifiquement. . Et puis… « Ça ne me ressemblait pas », mais qu’est-ce qu’ils en savent ? Moi-même, je ne sais pas ce que c’est censé vouloir dire. Pourquoi sont-ils incapables de voir que quelque chose ne va vraiment pas chez moi ? Ils devraient pouvoir comprendre par eux-même et m’épargner ce genre de scènes super reloues ! Soltan n’est-il pas censé être mon tuteur et comprendre tout ça ?! Ah, mais, non, c’est Soltan, il ne se rend compte de rien, de toute façon… Je sais ce qu’on se dit… « Pourquoi, toi, Ludwig, tu ne vas pas leur en parler directement ? ». Eh ben… J’en sais rien. Mais je suis simplement terrifié et persuadé que ça ne fera qu’empirer les choses : ça empirera mes ennuis au collège, ça n’améliorera pas l’ambiance à la maison, ça posera des soucis à Soltan si on en parle chez l’assistance sociale… Je pourrais juste me retrouver encore plus seul. Si on découvre que je ne peux me défendre par mes propres moyens, alors, pourquoi on voudrait encore garder un gamin à problèmes comme moi, complètement dépendant de ce que les autres pensent ? C’est pour ça que j’ai opté pour fermer ma bouche, m’excuser vaguement et espérer que je n’éveillerais pas plus de soupçons.

Même après ce qui s’est passé avec Marilyn, Soltan ne m’a pas privé de ma sortie chez Ellias ce week-end des vacances. Pourtant, même si je me force à sourire, je ne suis pas spécialement réjoui. Enfin, je suis content de quitter un peu Cayagane et les tronches de cake du collège qui pourraient me croiser en ville, mais… Disons que cela fait longtemps que je n’ai pas vu Ellias et j’ai encore l’amertume de l’épisode de l’île de Regirock en tête. Quand on est juste tous les deux, il n’a jamais été ainsi… Quoique franchement coincé et faire la mère morale par moment, mais, pas au point de me lancer des regards aussi froids à la moindre chose que je ne faisais pas comme il fallait. Ça m’a rappelé de très mauvais souvenirs, je crois qu’il ne s’en rend pas compte et même si on s’est revus entre temps, ça me reste en travers de la gorge. Mais bon, il ne pouvait pas savoir après tout, hein… ? Il n’a pas l’habitude des enfants, il a essayé, au moins, et… Bon, dans tous les cas, ça ira. Et Soltan m’a dit qu’au moindre problème je peux l’appeler. Enfin… Si j’ai envie de lui imposer d’autres ennuis, plutôt, hein, hahah. Il n’a pas du tout dit ça, bien sûr, mais dans les faits, c’est ce qui arrive toujours avec moi, non ?

« Ludwig ? Tu n’aimes pas ton plat ? »


Me demanda mon cousin, me tirant par la même occasion de mes ruminations. C’est vrai que je regardais mon assiette avec un steak sauce poivre et des frittes sans y toucher, depuis un petit moment. Bon, si j’étais difficile, je dirais qu’effectivement, ce n’est pas le steak sauce poivre qu’Alex fait si bien, que ce restau est un peu guindé et que je ne m’y sens pas spécialement bien. On a déjà passé une partie de la fin de l’après-midi à faire un tour en ville après avoir été poser mes affaires à l’appartement d’Ellias. J’en avais profité pour lui rendre ses album photo. Puis, il m’avait annoncé que « comme c’est un peu la fête », on allait au restaurant et je pouvais prendre ce que je voulais. Mon cousin a été un peu surpris que je me contente d’un steak car apparemment le je-sais-pas-quoi de turbo avec ses éclats forestiers sauce vermeille était « merveilleux »… enfin, il renonça en s’excusant lorsqu'il avait aperçu mon regard perplexe et un peu lassé. J’ai l’impression qu’Ellias voudrait me dire quelque chose, depuis tout à l’heure et ça ne rend pas la situation véritablement plus confortable.

« Euh… Si, si… C’est bon. »

Dis-je, en reprenant quelques bouchées, en guise de ma bonne foi. De toute manière, que je mange ou non, je sais que j’aurais mal au ventre a près quand même, vu mon état d’anxiété ces derniers temps. C’est devenu habituel, depuis le temps, blasant plus qu’autre chose. Mais bon, j’avais juste besoin d’être ailleurs qu’au collège ou chez Soltan, alors, c’est chose faite, c’est déjà ça. Bien que j’irais pas dire que ce n’est pas vraiment aussi bien que ce que j’imaginais. Mais je rêve un peu en me faisant à l’idée que mon pessimisme et mon moral à zéro vont s’évaporer si facilement. A cet égard, je… Franchement, je suis arrivé au point où je suis résigné à ce que ça ne parte pas, plus maintenant. Je me demande d’ailleurs si je n’ai pas toujours été dans cet état mais que ces dernières années ne servaient qu’à camoufler ma véritable condition que je trouve quelque peu pathétique. La honte… Alex ne voudrait pas que je me comporte comme ça, comme un lâche émo complètement résigné. Enfin, c’est comme ça que je me vois.

« Je voulais te parler de quelque chose. »

Hein ? Quoi encore ? Avec quoi on va encore venir me prendre la tête, hein. Ellias semble hyper sérieux en plus, et assez hésitant. Je lève les yeux vers lui, curieux quand même de ce qu’il aurait à dire… Autant qu’on en finisse rapidement.

« Je sais que c’était un peu tendu les dernière fois que tu es venu, enfin… »

Ouais, c’est pas faux. Pas ma faute à moi, hein. Le plus âgé se massa la nuque en faisant la moue, l’air ennuyé.

« …récemment, je repensais au jour de la croisière. Et je… regrette que les choses se soient mal passées. »


Je ne sais pas trop quoi dire. J’ai toujours l’impression qu’Ellias choisit ses mots de manière un peu trop mécanique et… Bon, ça n’a pas l’air naturel, mais, là, je ne peux pas vraiment lui reprocher. Ce n’est pas comme si on m’avait appris à être « naturel », que ce soit les parents ou Alex. C’est navrant, mais je n’ai pas vraiment appris la sincérité, chez Nagel. C’est une chose qui reste assez nouvelle pour moi quand je vois la manière dont agissent les Green-Onizuka entre eux. Ce n’est pas toujours joli à entendre car ils jurent comme des charretiers et en commençant à les connaître, je me braquais souvent car les entendre jurer si souvent me donnait l’impression qu’ils étaient agressifs ou méchants. Avec le temps, je me suis rendu compte que c’était un mode de pensée un peu merdique que de juger du caractère plus ou moins grossier ou immature des gens par rapport à leur registre de langage… Franchement, entre les propos soutenus de mes parents et les jurons de Marilyn, Shizune et Soltan… Eh bah, je sais lesquels m’ont fait le plus de mal. Enfin, au moins, Ellias essaye, lui, enfin c’est l’impression qu’il donne.

« Je n’ai pas été correct avec toi. A cause de moi tu n’avais pas pu profiter pleinement de cette journée avec ton amie Alice… J’en suis désolé. »

Soltan aurait juste dit « désolé de m’être comporté comme un gros con », à sa place. C’est fou le temps et la clarté qu’on gagne dans le processus. Je pousse un bref soupire, pressé de clore cette conversation.

« Bah… c’est pas grave… »

Je ne sais pas vraiment ce que je pourrais lui dire d’autre. Le mal est fait et pour le coup, je suis rancunier et je l’ai encore un peu mauvaise. Je pense brièvement à Alice, comme son nom est sorti pendant la conversation. On ne parle pas autant qu’avant, dernièrement et même à elle, je n’ai pas osé parler de mes problèmes. J’imagine qu’elle a aussi les siens, de toute façon, je ne devrais pas l’envahir, elle non plus. Ou alors c’est plutôt que je me suis complètement fermé comme je le fais en ce moment avec mon cousin, sans avoir envie de relancer la conversation sur des sujets plus joyeux comme je le fais d’habitude. Dans ce genre de moments, je bloque, les choses deviennent comme brouillées, pas à ma vue, mais ce que j’entends arrive comme « flou » à mes oreilles. La réalité semble comme déformée et plus lointaine.

« …Ludwig ? »

J’ai un peu space-out pendant quelques secondes tandis qu’Ellias me parlait de je sais pas quoi concernant ce qu’on pourrait faire durant les jours que je passerais chez lui. Je cligne des yeux, comme émergent d’un état un peu somnolent.

« Est-ce que tout va bien… ? »

Les mots veulent sortir mais restent bloqués dans ma gorge. Encore une fois j’aimerais pouvoir dire… J’aimerais tout dire d’un coup et me débarrasser de tout ce qui stagne depuis la rentrée. Mais Ellias il… Il ne comprendrait pas. Ce n’est pas quelqu’un qui s’attire des ennuis comme je le fais. Pourtant, une partie de moi a envie de dire quelque chose pour vider son sac.

« Non, enfin, oui… C’est juste l’école qui… »

Mais quel idiot, tu te disais justement que tu ne voulais pas en parler et à personne. Une fraction de seconde suffit à me rétracter et a secouer la tête dans l’espoir de faire oublier ce que je viens de dire à mon cousin.

« …Non, rien. »

Ellias n’a rien rajouté, mais il me considéra quelques secondes d’un air soucieux. Assez préoccupé par l’idée de devoir donner des détails, je me suis tout de suite remis dans mon jeu de gentil garçon souriant.

« Bref ! On va faire quoi demain ? On ira voir le port et l’aquarium ? »

Je crois que ça a marché comme on s’est remis à causer de notre petit planning, comme on ferait en temps normal, en fait. C’est peut-être le mieux, hein, de faire comme si tout ça, toute notre situation familiale, ma situation à l’école, le fait d’avoir tout le temps peur de déplaire et de déranger tout le monde et le fait d’être anxieux et triste h24… Oui, il vaut mieux faire comme si tout ça été normal et pouvait être oublié l’espace de quelques jours, afin de passer un bon moment. Même si ça m'épuise.

Il n’a pas fallu attendre longtemps après avoir fini de manger au restau pour que mon ventre recommence à faire des siennes. Avec le recul j’ai toujours tendance à me dire que ce n’est rien, cette douleur, mais quand la boule au ventre est là… Eh bien, ça devient très vite pas tenable, surtout quand la nausée commence à monter. Bon, bien sûr, je suis fatigué, alors, après une partie de cartes avec Ellias, on a mis un film (un Star Wars, au moins mon cousin n’est pas totalement ringard à ce niveau), mais ça n’arrange pas mon état. Il m’est moins facile de bien respirer, j’ai entouré mon abdomen de mes bras et ne cesse d’être plus tendu à mesure que les minutes avancent. J’en viens à me demander pourquoi je suis là, dans l’appartement d’Ellias, et pourquoi j’ose espérer que cela arrangerait mes soucis. Sami, ma Némélios, qui est entre nous sur le sofa, a remarqué ma tension et s’est mise à ronronner justement. Je suis surpris que mon cousin n’ait pas rechigné quand je lui ait demandé si je pouvais laisser Sami sortie après qu’elle se soit défoulée dehors. Je pensais qu’il me dirait que « ohlala non il va y avoir des poils partout, ouin, gnagnagna », mais, non, en fait, Ellias gagate intégralement sur la lionne à la longue crinière. Il m'a même raconté avec un air un peu mélancolique qu'il avait un chat qui avait disparu quand il était adolescent et qu'il les aimait beaucoup... meh, ok. La présence de Sami me fait du bien, je dois dire, même si ce n’est pas optimal pour me détendre et que tout comme la Némélios, le brun va finir par le remarquer.

« Ça va… ? Tu ne te sens pas bien ? »

…Grillé. Je me crispe d’avantage, le regard rivé vers l’écran de la télé. Mes bras planqués contre mon abdomen vendent cependant mon malaise et je crois que le mieux serait probablement de prendre congé pour la soirée.

« J’ai mal au ventre, je crois que le repas passe pas bien… »


Mensonge. Enfin, pas vraiment, j’ai mal au bide, mais je sais plutôt bien que c’est pas uniquement le steak qui passe mal qui me provoque tout ça.

« Ah. Tu veux aller te coucher ? Je peux te donner un médicament pour la nausée. »

Avec un faible sourire, je hoche la tête et remercie mon cousin, ne tardant pas à me lever pour me rendre vers la chambre d’amis qu’Ellias avait préparé pour moi. Je lui demande au passage si Sami peut dormir avec moi (et que je nettoierais s’il faut), et le cousin m’y autorise sans faire le relou, avant d’aller fouiller dans son placard à médicaments (et je ne pensais pas un jour voir quelqu’un qui avait une armoire à médocs plus grande et remplie que celle d’Alex), puis il revient avec deux comprimés, un pour la douleur et l’autre pour les nausées. Je n’écoute que vaguement quand il dit que « ça m’arrive souvent aussi, tu sais, c’est qu’on est de nature très stressée dans la famille », et je nie mon stress immédiatement en avalant les comprimés. Comme si le fait que ce soit de famille allait me soulager... Pff. Ellias me dit que je peux aussi aller prendre une douche si je veux et je saute sur l’occasion sans trop hésiter. Une fois sorti de la salle de bain, je me rend au calme dans le chambre et met en marche des vidéos sur mon portable pour me distraire.  

L’heure avance et la nuit est désormais totalement noire, telle que je la vois derrière la fenêtre. J’en profite pour aller fermer les volets et écouter les bruits de l’appartement. Ellias habite dans une résidence moderne, c’est très silencieux, pas de bruits de poutres ou de plancher qui grince ou de tuyaux qui se dilatent comme à la ferme… Autant chez les parents que chez Alex qu’à la ferme, je suis bien plus habitué aux bâtisses pas toutes neuves. Ça me fait un peu bizarre mais pour quelques jours, je m’y habituerais. De manière générale je crois que je préfère vivre en périphérie des villes, au calme, sans toute l’animation omniprésente qu’on trouve intramuros, de jour comme de nuit. J’entends encore le bruit de la télé pendant quelques heures puis plus rien jusqu’à ce que j’entende du bruit dans la salle de bain vers 23h, donc, je devine qu’Ellias va surement aller se coucher à son tour. D’ailleurs, il me dit bonne nuit en passant devant la chambre d’amis et me dit que si j’ai un soucis pendant la nuit, je pourrais le solliciter. En répondant d’un « euh okééé euh bonne nuit » un peu awkward, j’écoute l’appartement retourner à un calme complet puis me dis qu’il faudrait peut-être dormir également. J’ai mal au ventre et je suis crevé, il est temps de penser à se reposer.

Je ne sais pas si c’est le calme inhabituel de l’appartement ou l’anxiété qui me noue les tripes, mais au bout de plus d’une heure et demi, je n’ai pas encore trouvé le sommeil. Les présence apaisantes de Sami et de Loulou qui est comme d’habitude sorti pour dormir à mes côtés n’arrangent pas les choses. Mon mal de ventre semble revenir de plus belle, je n’ai pas l’impression que les médicaments aient vraiment aidé, enfin, c’est vrai que c’est souvent vers minuit, quand je ne dors pas, que la nausée est la pire, dans les cas où mon bide fait des siennes. Je ferais mieux de me lever discrètement pour aller me chercher un verre d’eau à la cuisine. Je vais essayer de ne pas réveiller Ellias au passage.

Doucement, soulagé que la porte ni le faux plancher ne grincent, je remonte le couloir en direction du living-room et de la cuisine… Tiens, de la lumière filtre par la porte entre-ouverte de la chambre d’Ellias. Je n’ai pas envie de le déranger alors je me fais aussi discret qu’un Amphinobi furtif (enfin, en beaucoup moins classe et plus empoté). Toutefois, il me semble entendre mon cousin parler en allemand dans sa chambre… Ah, il est probablement au téléphone avec Tonton Hanz, comme il parlait de « famille », notamment… Enfin, c’est pas bien d’écouter aux portes ! Je file vers la cuisine, puis trouve un verre sur l’égouttoir, que je remplis à ras-bord avant de l’avaler en quelques gorgées. On dirait que je n’ai pas été entendu donc je vais pouvoir retourner à ma chambre incognito. En repassant devant la chambre d’Ellias, je suis quand même curieux et m’attarde quelques secondes. Après tout il n’en saura rien… Je ne sais pas trop ce qui me pousse à espionner, à vrai dire, j’ai toujours été assez curieux. Chez Alex, j’aimais sortir de ma chambre pour me cacher en haut de l’escalier et regarder ce que Alex faisait une fois que j’étais couché. Là, c’est un peu la même chose. Je ne saurais pas expliquer ce qui me motive dans mes actions reprochables J’entends sa voix et une autre, moins claire, probablement a-t-il mis le haut-parleur. Mais, comme je le disais… C’est mal, d’écouter aux portes. Si on apprend à ne pas le faire, c’est bien parce qu’on n’est pas forcément censé entendre ce qui se dit dans les conversation des autres… Donc, je l’aurais bien cherché… Pas vrai ?

« Oui, la milice a commencé à investir vers le château des falaises… Je vais leur demander des nouvelles prochainement, en ce qui concerne les Pokémon. Enfin, ne t’inquiètes pas, rien à signaler de mon côté, je ne suis pas en danger. »

Le château de falaises… ? Immédiatement, mon cœur commence à s'emballer de panique et mes jambes me portent de plus en plus difficilement. Tout de suite, je fais le rapprochement avec l’ancienne demeure d’Alex, celle où j’ai habité avec lui plusieurs années. En même temps, comment ne pas faire l’association immédiatement ? Je pensais écouter juste un peu et m’en aller, mais, là, je me suis pétrifié devant la porte, tandis que mon cerveau associe des idées les unes avec les autres, avec ce que j’ai pu entendre des paroles d’Ellias, entrecoupées de brefs moments de pause, où il reprenait son inspiration. Il a l’air nerveux, quand je l’entends parler… Danger… ? Milice… Le château et les Pokémon… ? Bon sang, est-ce que les Miliciens sont allés au château d’Alex pour les Pokémon ?! Est-ce que c’est pour ça que Lizbeth est toujours ailleurs et bizarre, en ce moment ? Qu’est-ce qui s’est passé ?! Non… Non, non, ça doit être une coïncidence, rien de plus ! N’est-ce pas… ? Ellias ne me ferait jamais ça. La fois on où a parlé des Pokémon d’Alex et où j’ai pu dire qu’ils étaient dangereux, il m'avait promis de ne jamais rien faire pour… Quoique, je ne sais pas s’il a promis. Il a juste dit qu’il était inquiet mais… Dites-moi que ce n’est pas vrai, qu’Ellias ne me trahirait pas comme ça aussi. Et… Pourquoi est-ce qu’il serait en danger, hein ? Tout ça m’alarme plus que raison, mais, ce n’est pas ce qui me fit disjoncter pour de bon. Ma main déjà crispée sur mon t-shirt de pyjama se referma soudainement plus fort, en même temps que ma respiration qui se suspendit brusquement l'espace de quelques longues secondes, où tout sembla ralentir, devenir lourd et m'écraser, tourner comme lors une poussée soudaine de fièvre.

« D’accord, tiens-moi au courant pour la suite. Fais attention à toi. »


Même avec le haut-parleur j’aurais reconnu cette voix entre mille. Cette voix qui hante parfois mes cauchemars et que j’espérais ne plus jamais avoir à entendre. Comme si les propos d’Ellias n’étaient pas assez anxiogènes, il faut que j’entende la voix de mon père biologique qui en remette une couche. Je ne dois pas rester ici, il faut que je retourne dans ma chambre. Tant pis pour le bruit, je presse le pas et rentre dans ma chambre. Je crois que mon cousin m’a entendu car je l’entends sortir de ma chambre tandis que je retourne dans ma chambre pour me cacher sous ma couette.

« Ludwig ? Tu ne dors pas… ? Tout va bien ? »

Sa voix me parvient depuis l’autre côté de la porte et ne parvient pas à me rassurer de quoique ce soit. Je me sens trembler, même. Mais j’essaie de faire comme si tout allait bien.

« Euh… Oui, j’allais simplement boire à la cuisine. »
« Oh… Eh bien… »


Ne me poses pas de questions, ne poses aucune question, s’il te plait.

« Bonne nuit, alors. Réveilles-toi quand tu veux demain matin. »


Oh, comptes sur moi… Ma main se referme sur les draps, et mes phalanges viennent à blanchir sous la pression. Je respire difficilement, Sami et Loulou sont inquiets de mon état et je les faits rentrer dans leurs Pokéball respectives… Désolé, mais je ne veux pas qu’ils aillent chercher Ellias et qu’il risque de découvrir le pot-aux-roses. Je ne… Je ne me sens pas bien. Qu’est-ce qu’il fabrique avec Helmut, la milice au château et les Pokémon ?! Je ne veux pas savoir, je sais que mon père biologique est un sombre connard qui ne veut pas de bien à Alex et je ne crois pas qu'il m'aie déjà voulu du bien… Peut-être que je devrais demander à Ellias mais là j’ai surtout l’impression que mon cousin m’a tout simplement trahi.

Caché sous mes draps pendant des minutes, des heures, je ne sais pas vraiment, je pèse le pour et le contre sur ce que je devrais faire. Est-ce que je devrais aller voir Ellias, lui dire que je l’ai entendu discuter avec Helmut au téléphone et que je suis inquiet ? J’ai trop peur de ce qu’il pourrait me dévoiler alors. Mauvaise idée. Est-ce que je devrais plutôt dormir, oublier tout ça et faire comme si ne rien était le reste du séjour ? C’est trop tard. Ce que j’ai entendu tourne et retourne sans discontinuer dans mon esprit. J’entends les mots raisonner, me faire me crisper un peu plus à chaque fois en formant une boule dans ma gorge. Je ne pourrais pas le supporter… je ne peux pas rester ici. Je ne sais pas si je peux encore faire confiance à Ellias et ce seul questionnement suffit à me donner envie de… de ne pas être au même endroit que lui. Je ne suis plus sûr de rien, à présent. J’étais déjà déboussolé, je sens que quelque chose à fini de se briser en moi. Je ne pense probablement pas droit mais je crois que je n’arriverais pas à rester chez mon cousin plus longtemps. Si je ne peux lui faire confiance, alors quelle garantie de sécurité ai-je à rester chez lui ?! Après tout… Ce sera facile de fuir, grâce à Lenny qui est désormais un Roucarnage. Pourvu qu’il fasse ce que je lui demande, mais, si je ne peux même plus faire confiance à mes Pokémon… Non, non, eux, je sais qu’ils ne me lâcheront pas. Et justement. Je ne peux que me reposer sur eux pour être certain d’être en sécurité. Chose que je n’ai pas l’impression d’être chez Ellias, plus maintenant, en tout cas. Donc… Il faut que je parte. Et je ne pourrais pas retourner chez Soltan, car il me faudrait des explications à lui donner. Je ne sais pas ce que je ferais… Je veux juste ne pas être là. Je n’ai confiance en personne désormais, je ne peux me reposer que sur moi-même et mes Pokémon, et ce n’est pas ma faute si les choses se passent ainsi. Les autres n'avaient qu’à en avoir quelque chose à faire, comprendre que je n’allais pas bien… Eh ben, tant pis pour eux. Alex m’avait grondé quand j’avais fui le château quand j’avais juste 6 ans mais, même lui il n’avait pas compris que j’étais mal à ce moment-là. J’ai pardonné et je pardonnerais aussi aux autres, il le faut bien, mais, là, je veux juste qu’ils voient ce qu’ils ont provoqué avec leur négligence. C’est tout.

Décidé, je reprendre mon portable en train de charger sur la table de nuit et met une alarme pour 5h, même si je sais que je ne dormirais pas, après ce qui s’est passé. J’ai attendu les heures qui suivent en ruminant, en résistant à l’envie de partir encore plus tôt que prévu. Je révise mes plans des dizaines de fois, de manière à trouver le meilleur. Tout va se fonder sur l’espoir qu’Ellias a le sommeil assez lourd. Je pense avoir trouvé la meilleure idée vers 4h, je suis certain de ce que je veux faire. Dès 4h30, j’annule mon alarme et en gardant le plus grand calme, je rassemble mes affaires et sors la Pokéball de Lenny pour la poser sur le lit. Puis, j’attends, mon sac serré contre moi dans mon lit, au cas où mon cousin se lèverait et jetterait un coup d’œil dans la chambre. Enfin, il est 5h. Doucement, je me lève, mes pieds atterrissent dans mes baskets et je réajuste ma veste. La fenêtre ne fait pas un bruit quand je l’ouvre. Tout doucement, je fais remonter les volets avec la manivelle. La lumière inonde la pièce et je peux désormais passer sur le balcon. C’est là que je fais sortir mon Roucarnage. Il me considère d’un air étrange tandis que je lui intime d’un doigt sur ma bouche de ne pas faire de bruit. L’oiseau a la longue houppe fait silence tandis que je m’adresse à lui en chuchotant.

« Lenny, il faut qu’on parte. Je suis pas en sécurité ici… »

N’étant pas au courant de ce qui se passe, c’est à moi que le Roucarnage décide de se fier en premier lieu. Il me fait confiance et me laisse s’installer derrière ses ailes. Je jette un dernier coup d’œil vers la chambre, hésitant une dernière fois. Désolé Ellias… Je ne suis pas en sécurité ici, je dois m’en aller.

« On y va Lenny. »

Dis-je pour sonner le départ, non sans que ma voie ne tremble un peu. Je n’ai aucune idée d’où je m’en vais, mais… J’y vais. Ça va aller. J’ai des snacks et de l’eau dans mon sac. Ça va bien se passer… Il n’y a pas de raison qu’il m’arrive des bricoles…. Pas vrai ?

Lenny prend finalement son envol après que j’aie réajusté mes lunettes de vol, et Nuva Eja semble bientôt loin. Je ne sais pas où je vais. Je ne sais pas où est ma place… En ce moment, je crois qu’elle n’est nulle part.
Ludwig Green
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Sam 27 Oct 2018 - 2:18
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