Des dragons et des bêtises ★ ft. Ludwig & Soltan

Nouvelle livraison avec une semaine de retard. Ce fournisseur nous livrait toujours en dehors des délais. Luke et moi n’avions cessés de lui rappeler qu’il était important qu’il nous livre en temps et en heure. Je commençais pour ma part à en avoir assez de devoir ajouter à la gestion de nos stocks l’anticipation vis-à-vis de l’incapacité de ce soi-disant professionnel. Nous ne pouvions nous permettre une rupture au niveau de l’alimentation de nos pensionnaires et des Pokémons que nous élevions car croyez-moi, personne ne souhaitait se trouver face à un troupeau de dragons affamés.

« La prochaine fois que vous nous livrez en retard sera la dernière. C’est votre dernière chance, j’espère que je me suis bien fait comprendre. Je n’hésiterai pas un seul instant à faire appel à vos concurrents qui eux sont en mesure de respecter les délais. »

Le regard froid et assassin, je terminais de contrôler la marchandise et de pointer la commande pendant que Hermès rangeait déjà ce que j’avais validé. Le livreur haussa les épaules, attendit que je termine puis me tendit le bon de livraison et démarra. Ami du Luke ou pas, je m’en fichais, s’il n’était pas capable de faire son travail convenablement, je ne traînerais pas un boulet pareil durant un mois de plus. Il avait bien choisi son moment pour prendre des vacances d’ailleurs, mon cher associé, comme s’il avait senti que son ami allait une fois de plus nous faire faux bond. Je lui en toucherai un mot, quand il serait de retour.

Le Libégon s’envola faire le tour du terrain, Hestia, ma petite Malosse sur ses traces tandis que je me suis installée derrière l’ordinateur afin de faire un point sur les prochaines entrées et sorties de la pension. J’étais pleinement concentrée quand le bruissement si mélodieux mais également si caractéristique de Libégon vint me tirer de mon travail.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi toute cette agitation ? »

Hestia rentra juste après, en même temps, ce n’était pas avec ses petites pattes qu’elle allait réussir à rattraper Hermès lorsqu’il était à pleine vitesse. Totalement essoufflée, la petite boule de poils noire commença à tirer sur le bas de ma veste en chouinant, m’incitant à la suivre.

« J’arrive j’arrive, j’espère que c’est important. »

Bon. Comment dire qu’après seulement quelques minutes j’ai rapidement compris que oui, c’était important. A quel moment je l’ai compris ? Quand un Solochi me fonça dessus. Hestia s’interposa et écopa bien entendu d’une belle morsure. Sale habitude de ces Pokémons aveugles qui ne savaient rien faire d’autre que de mordre tout ce qui se trouvait à portée de leurs dents.

« Non mais je rêve… »

C’était un véritable bordel. Des Solochis courraient un peu partout, se chamaillaient et mordaient à peu près tout ce qu’ils pouvaient trouver, y compris leurs congénères. Quelque chose avait dû les effrayer ou les perturber pour qu’ils soient dans un tel état et maintenant, il fallait les calmer à tout prix pour éviter qu’ils ne se blessent et que les dégâts soient irrémédiables.  Avec l’aide de mes trois Pokémons, nous les avons ramenés au calme. Hestia agissant comme un chien de berger et suivant scrupuleusement mes ordres, Hermès en supervisant les opérations depuis le ciel et Milo en prenant la forme d’une Trioxhydre pour ramener tout ce petit monde au bercail. Il nous aura tout de même fallu près de trois quart d’heure pour ramener tous les fugitifs et pour que le calme revienne à peu près. J’ai refermé la barrière en soufflant, avant de monter sur cette dernière pour compter les petites teignes. Je m’en doutais.

« Hermès ! Combien tu en comptes là-haut ? J’ai l’impression qu’il en manque deux … »

Après avoir fait un ultime tour, Hermès descendit se poser à côté de moi. Il désigna de sa tête le bout du terrain, là où s’arrêtait ma propriété et commençait une partie plus sauvage et donc le chemin menait aux Montagnes. J’ai soufflé une nouvelle fois. Je ne pouvais pas laisser Hestia avec la patte dans cet état sans lui apporter des soins, mais d’un autre côté, laisser les deux Pokémons ainsi ,livrés à la vie sauvage ne présageait rien de bon.

« Hermès, essaye de trouver leur trace. Je vais soigner la patte d’Hestia et je te rejoins. »

Le Libégon s’envola à grande vitesse à la recherche des deux jeunes tandis que je suis rentrée, Hestia sur mes talons qui boitait à cause de ses mésaventures avec ces jeunes dragons. Une fois rentrées, je me suis occupée d’elle avant de prendre mon équipement. Hors de question de les laisser me blesser. J’enfilais rapidement mes bottes renforcées au niveau de la tige et qui normalement devaient m’éviter de souffrir de ces petites bêtes. Elles ne changeraient au fait que si je m’en prenais un à pleine vitesse je n’allais clairement pas faire la maline mais au moins, cela me protègerait un minimum de leurs morsures.

J’allais partir à la recherche des Solochis perdus lorsque quelqu’un sonna à la porte. Je suis allée ouvrir, Hestia sur mes traces alors que je lui avais demandé de rester se reposer. En ouvrant la porte je suis tombée nez à nez avec un jeune homme à la mine fort déconfite et à un de mes collègues.

« Bonjour jeune homme, Bonjour M. Green. Que me vaut votre visite ? »

Je n’avais pas tellement le temps de parler et le moins que l’on puisse dire était clairement que cette visite tombait au plus mauvais moment. Je ne comprenais pas trop ce que venais faire mon confrère ici. Le jeune homme avec lui commença ensuite à m’expliquer qu’il était passé à côté de l’élevage. En soit rien de bien grave. Mais j’aurais dû attendre qu’il termine avant d’avoir une telle pensée. Parce que clairement, ma mine se décomposa au fur et à mesure qu’il parlait.

Il s’excusa en long en large et en travers tandis que j’accumulais les informations. Il avait été à l’origine de désordre sans nom. Un instant j’ai cru que mes nerfs allaient lâcher. Je n’avais vraiment pas besoin de ça aujourd’hui, les soucis que j’avais avec mon fournisseur étaient bien suffisants. Lorsque Soltan Green me demanda s’il y avait eu des dégâts, Hestia jugea bon de faire sa malheureuse en allant les voir pour quémander des caresses. Quelle comédienne celle-là. J’ai levé les yeux au ciel avant de reprendre le plus calmement possible. Après tout, à quoi bon crier sur un enfant ? Cela ne changerait rien à la situation.

« Il y a effectivement eu quelques … dégâts dirons-nous. Mais ne faites pas attention à Hestia, c’est une comédienne dans l’âme. Elle n’a rien de bien grave. Par contre ce qui m’inquiète plus, si vous voulez tout savoir, ce sont les deux Pokémons qui manquent à l’appel. Hermès pense qu’ils sont partis explorer les alentours et qu’ils ont quitté le terrain. J’allais partir à leur recherche avant que vous n’arriviez. Vous pouvez toujours vous joindre à notre duo, si vous voulez aider. »  

Quand j’y repense, de tous les Pokémons de l’élevage, il avait fallu qu’il s’intéresse à ceux-là. Bon, à vrai dire que ce soit les Bébécailles, les Griknots ou les Solochis, le combat était le même. Pourquoi n’avait-il pas voulu s’amuser avec des dragons plus paisibles comme les Minidracos par exemple ?

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Des dragons et des bêtises ★ ft. Ludwig & Soltan

Après leur avoir proposé de venir, le jeune homme sauta directement sur l’occasion, ravi d’avoir une occasion de rattraper sa bêtise, à moins qu’il ne prenne cela pour une quête à accomplir. Dans un cas comme dans l’autre, j’espérais juste qu’il n’allait pas aggraver la situation. La présence de mon collègue éleveur à ses côtés tendait à m’inspirer confiance, même si je restais tout de même méfiante. J’espérais qu’ils n’allaient pas m’handicaper dans cette recherche.

Le jeune homme complimenta Hestia et il ne lui en fallu pas plus pour faire la belle. Mais son orgueil fut vite douché quand il sortit de sa Pokéball une magnifique Némélios. Deux fois plus grande qu’Hestia, cette dernière bomba le torse avant de finalement faire demi-tour en boitillant et d’aller enfin prendre place dans un coin du salon, à en juger par le bruit qu’elle fit en s’affalant sur son coussin.

Soltan souligna également que le jeune homme semblait fort motivé et il répondit par l’affirmative. Bon, si au moins il était prêt à aider, il suffirait juste de le canaliser un peu s’il commençait à partir dans tous les sens et je comptais sur mon collègue pour cela. Après tout, cet enfant n’était pas sous ma responsabilité. Mon collègue éleveur s’adressa à moi, parlant lentement et distinctement d’une manière presque exagérée. Je n’ai pas relevé cela, supposant que c’était son élocution habituelle, bien que surprenante.

« Nous avons supposé qu’ils avaient quitté le terrain et qu’ils s’étaient éloignés en direction des Montagnes. Hermès, mon Libégon est allé sur leurs traces, il ne devrait pas tarder à revenir ou du moins je l’espère. »

Si Hermès n’avait pas réussi à les retrouver, les recherches allaient s’avérer bien plus difficiles que prévues. Sauf que je ne pouvais me permettre d’avoir deux de mes Solochis dans la nature. Qui savait quels dégâts ils pouvaient provoquer. Bon sang, il fallait vraiment qu’on améliore la sécurité des enclos pour qu’à l’avenir, ce genre de désagrément ne se reproduisent plus.

« Milo, tu viens avec nous. Hestia, tu gardes la maison. »

Un petit cri d’affirmation sortit du salon, tandis que Milo, le Zorua de ma sœur sortit d’un pas nonchalant. Il n’avait pas envie de prendre part aux recherches vu son allure mais je savais qu’il pourrait nous être utile. Une première question jaillit alors que nous commencions à prendre la direction du sentier. A quoi ressemblait des traces de Solochi ? Je l’aurais bien emmené à côté de l’enclos pour qu’il puisse observer plus en détails les traces de ces Pokémons mais je n’avais pas envie de créer une nouvelle émeute. J’ai posé mon regard sur Milo qui lui regardait déjà les Solochis. Il prit la forme du Pokémon Dragon avant de montrer l’un de ses pattes au jeune homme.

« Voilà votre réponse. D’ailleurs, je n’ai pas saisi votre prénom, vous êtes ? »

Je connaissais Soltan Green de nom car c’était un de mes collègue de Cayagane et que je l’avais déjà rencontré quelques fois mais je ne pouvais pas en dire de même avec le jeune homme à l’origine de cette promenade improvisée.

Je les ai emmenés à l’autre bout de la propriété et nous en sommes sortis, commençant à nous diriger sur le sentir qui menait aux Montagnes. A peine étions nous engagés sur celui-ci qu’un bruit caractéristique me fit lever la tête, délaissant un potentiel début de piste.

Hermès arriva quelques instants après et se posa à nos côtés, légèrement essoufflé. La direction qu’il nous indiqua ne me rassura pas du tout. Les deux petits semblaient effectivement se diriger vers le flanc de la montagne mais ce chemin était particulièrement escarpé et j’avais par conséquent vraiment peur qu’il leur arrive quelque chose. Avant cela, il devait normalement passer par un espace plus boisé. Il serait plus difficile de les retrouver là-bas mais si nous y parvenions avant qu’ils ne quittent les bois, le danger de la Montagne serait évité. Il était temps que je partage avec mes compagnons d’infortune cette nouvelle car je doutais qu’ils comprennent tout ce que Libégon était en train de m’indiquer, à moins qu’ils ne connaissent aussi bien que moi l’environnement proche de mon terrain et les dangers qui en découlaient.

« Hermès me dit qu’ils sont partis en direction de la montagne. Il faut impérativement qu’on les retrouve avant qu’ils ne quittent la partie boisée. Dans le cas contraire, je doute qu’on puisse les retrouver, du moins en vie. Les deux Pokémons manquants sont assez jeunes et peuvent être assez maladroit qui plus est. Ils n’hésiteront pas à se frotter d’une part à plus fort qu’eux et à foncer tête baissée. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas ce que je leur souhaite. »

J’ai regardé Ludwig, espérant qu’il comprenne que sa curiosité avait eu des conséquences qui pourraient s’avérer dramatiques. Enfin, j’espérais surtout qu’il était en train de m’écouter et qu’il ne s’était pas laissé distraire par l’arrivée de Libégon …

Le dragon quitta de nouveau le sol avant de s’envoler vers notre première zone de recherche. J’espérais qu’il allait réussir à mettre la patte dessus et à les empêcher de progresser le temps que nous arrivions. J’avais une confiance aveugle en Libégon. Au début, je dois reconnaître que je n’aurais pas misé la moindre Opal sur lui mais ma sœur savait qu’il avait du potentiel. Encore une fois elle avait eu raison et la vision du dragon filant vers les bois me le confirmait.

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Des dragons et des bêtises ★ ft. Ludwig & Soltan

Le jeune homme finit par se présenter à ma demande. Ludwig, un prénom qui me faisait penser à l’Allemagne et ce encore plus avec l’accent qu’il prenait. Lorsque Libégon arriva et m’expliqua ce qu’il s’était passé je craignais surtout que Ludwig ne se laisse distraire et ne m’écoute pas. A entendre l’exclamation qu’il venait de libérer, j’ai compris que j’avais vu juste. Dans d’autres circonstances, j’aurais certainement trouvé cela mignon ou j’aurais pris sur mon temps pour partager ma passion et mes connaissances sur les dragons, mais à l’heure actuelle je n’en avais ni le temps ni l’envie.

Soltan souligna à juste titre qu’il fallait poursuivre et éviter de perdre plus de temps. J’ai acquiescé et nous avons continué sur les traces d’Hermès quand mon collègue éleveur proposa à Ludwig de faire appel à sa belle Némélios pour qu’elle prenne les devants et tente de rabattre les deux petits vers nous. Cela pourrait fonctionner effectivement mais d’un autre côté se trouver face à deux Solochis effrayés n’était peut-être pas la meilleure chose. Cependant, il fallait faire quelque chose pour freiner leur progression et cela semblait pour le moment être la meilleure possibilité.

« On peut tenter, si elle le veut bien mais ce ne sera pas une balade de santé » aije terminé à l’attention de Sami. Il fallait éviter un sur accident puisque c’était bien malheureusement comme ça que les choses se poursuivaient. En essayant de rattraper une bêtise, on commet une seconde erreur et ainsi de suite jusqu’à ne plus s’en sortir. Milo acquiesça à la proposition, regardant la lionne de feu d’un air entendu avant de partir avec elle vers les bois. Il finit par sauter sur son dos pour aller plus vite car ses petites pattes ne lui permettaient pas d’aller plus vite. Je soupçonnais tout de même une certaine flemme de sa part car ce petit Zorua n’était pas un grand sportif.

Les éclaireurs étant partis, nous étions sur leurs traces à notre rythme d’humains tandis que le temps continuait de défiler. Je m’interrogeais sur la réussite de notre mission quand nous avons entendu tous les trois un cri puissant qui n’augurait rien de bon. Les oiseaux aux alentours s’enfuirent suite à cause du vacarme. Pour ma part, j’avais surtout peur d’avoir reconnu ce cri.

« Dépêchons-nous, je crains le pire. »  

J’ai commencé à courir en direction du bruit, ralentie par mes protections aux jambes qui m’empêchaient d’avoir des mouvements fluides. Je me suis précipitée avant de tomber face à une scène qui me désespéra. Milo était sagement assis en train de regarder la scène, refusant d’y prendre part. Une scène surréaliste se tenait devant moi. Le bruit que nous avions entendu était bel et bien un bruit de douleur, mais pas celui de mes pokémons, c’était celui de leur victime. Un Drakkarmin se tenait dans une bien étrange position et était dans une fâcheuse situation. Sa patte droite était prisonnière des crocs d’un de mes Solochis tandis que son aile gauche était également entravée par le second Pokémon. Le pauvre Pokémon sauvage ne savait pas comment se dépatouiller de cette situation et continuait de pousser des cris. J’ai croisé les bras, décontenancée face à cette vision.

« Surtout Milo, n’intervient pas »  ai-je lâché ironiquement. Ce n’était pas surprenant que le Zorua préfère rester en retraite, il n’aimait pas le conflit et préférait de loin rester étranger à tout cela. Pour ma part, je cherchais une solution pour libérer ce pauvre Pokémon sauvage.

Je ne pensais pas que rejouer le même stratagème que tout à l’heure serait utile mais elle pouvait tout de même faire un essai. « Milo, tu sais ce qu’il te reste à faire. S’il te plaît ».  Ce n’était pas ce qu’il préférait, il n’aimait pas jouer de son pouvoir ainsi, mais il le ferait, si Ludwig ne trouvait pas une solution. Je le connaissais, il attendait de voir si le jeune homme trouvait lui-même une solution à son erreur. Il avait de l’imagination et des ressources, à lui de montrer qu’il savait les solliciter en cas de besoin et c’était justement ce que notre duo attendait de lui.

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Des dragons et des bêtises ★ ft. Ludwig & Soltan

D’un regard entendu avec mon Zorua nous nous préparions à agir, regardant tout de même Ludwig et Soltan. Le jeune homme semblait vraiment mal à l’aise devant cette scène ce que je comprenais d’un certain côté. Voir des Pokémons se battre ainsi en dehors d’un combat de Dresseurs était quelque chose d’assez particulier, surtout que les deux s’en donnaient à cœur joie et que le Drakkarmin allait avoir beaucoup de difficultés pour parvenir à se sortir de cette situation.

Milo regarda sa compagne de route le délaisser pour aller auprès de son jeune maître lui apporter un peu de réconfort. Je reportais mon attention sur le Zorua dont la silhouette commençait à vaciller plusieurs fois, tandis qu’il essayait de fixer une nouvelle illusion.

Soltan s’était rapproché de moi, sans un mot, observant très certainement le trio infernal, se demandant comment nous allions pouvoir régler la situation. Du moins, c’était la question que je me posais actuellement, comment régler cette affaire sans augmenter les dommages collatéraux. Je passais en revu toutes les possibilités, caressant du bout de mes doigts mon menton, bras croisés, regardant Milo qui avait cessé de vouloir fixer son illusion.

Mon confrère me demanda si je n’avais pas un Pokémon capable de les endormir. Non, pas un seul sous la main. Au mieux, je pouvais même pas les empoisonner puisque Hestia était restée à la maison mais elle ne nous aurait clairement pas été utile. Je n’avais donc pas de solution à apporter mais c’était pourtant une bonne idée. C’est cependant au moment où j’allais retourner à mes réflexions que Ludwig se manifesta en s’approchant de Soltan, tirant sur sa manche comme un enfant.  Finalement, il allait pouvoir rattraper son erreur et je l’ai regardé avec un petit sourire bienveillant. Il sortit son Herbizarre de sa pokéball, lui expliquant ce qu’il attendait de lui. Le Pokémon marcha d’un pas nonchalant, contournant tranquillement les trois dragons avant d’utiliser l’attaque tant attendue.

J’ai sifflé avant qu’ils ne s’endorment pour attirer leur attention dans le but d’éviter qu’ils n’attaquent le pokémon plante et surtout, pour appeler Libégon. Lorsque je me suis manifestée, seul le Drakkarmin tourna sa tête vers nous mais les spores faisaient déjà effet et le trio sombra rapidement dans le sommeil. Je me suis éloignée d’eux, respirant dans mon top pour éviter d’être touchée par les spores soporifiques.

Hermès arriva peu de temps après, une fois tout le joli monde endormi. D’un signe de tête, je lui ai indiqué le premier Solochi qu’il devait ramener au bercail et il comprit directement, se dirigeant en volant vers l’un des dragons, le saisissant délicatement avant de s’envoler à grande vitesse vers la pension.

« Milo, surveille le second Solochi. Je vais m’approcher. »

Il n’était pas question de laisser le pokémon sauvage dans cet état. Il n’allait pas survivre à ses blessures si on le laissait à son triste sort et je refusais de l’abandonner alors que mes Pokémons lui avaient infligé cela. Doucement, je me suis approchée des deux dragons endormis à pas lents et mesurés. Fouillant d’une main dans ma besace, j’ai sorti une potion que j’ai commencé à pulvériser doucement sur les blessures du Drakkarmin. Le grand dragon avait la respiration calme et plus ou moins apaisée, il n’était pas supposé se réveiller de suite, ou du moins, je l’espérais sincèrement. Milo avait la fourrure toute hérissée, je le voyais du coin de l’œil, prêt à intervenir, mais nous ne pouvions décemment pas laisser ce dragon souffrir sans rien faire.

Je surveillais attentivement les réactions du Dragon bleu, prête à m'éloigner au moins signe de réveil. Quelques instants à peine après avoir commencé les soins, le Solochi restant commença à s’agiter et à bailler et je me suis immédiatement figée. Je ne bougeais plus et ne respirais plus, attendant de voir si le jeune Pokémon s’était effectivement réveillé ou s’il était encore profondément endormi. Milo s’approcha doucement, prêt à s’interposer entre le dragon et moi mais il n’en eut pas besoin. Le petit Pokémon s’allongea de tout son long, posant même une de ses pattes sur sa tête avant de souffler fortement, vidant tout l’air de ses poumons par la même occasion.

Essuyant la goutte de sueur qui avait perlé sur mon front, j’ai terminé rapidement de vaporiser la potion avant de me relever et de m’éloigner à pas lents toujours des deux spécimens. Libégon arriva quelques secondes après pour emmener avec lui le second Solochi. J’ai rangé la potion vide avant de regarder les deux hommes, puis de désigner du doigt le Dragon sauvage.

« On ferait mieux de filer avant qu’il ne se réveille. Merci pour votre aide en tout cas, et bien vu pour ton Herbizarre Ludwig, si tu permets que je te tutoie bien entendu. »

Je n’allais pas vendre la peau d’Ursaring avant de l’avoir capturé car tant que nous n’étions pas en dehors du champ de vision du dragon, nous ne serions pas vraiment saufs, mais cependant, je me sentais rassurée à présent. Les deux Pokémons étaient saufs et avaient été retrouvés plutôt facilement. Même s’il avait été à l’origine de cette catastrophe, le jeune homme c’était bien rattrapé et c’était cela que j’allais surtout retenir de cette expédition surprise.

« Je vous offre un thé une fois de retour au domaine pour terminer l’après-midi sur une meilleure note ? » ai-je proposé sur le chemin du retour. Libre à eux d’accepter ou non, peut-être qu’ils souhaitaient juste rentrer à présent, mais en tout cas, je voulais qu’ils sachent que de mon côté, je ne n’en voulais au jeune homme pour sa curiosité. Après tout, nous étions tous passés par là et il aurait été hypocrite de dire qu’enfant, aucun de nous n’avait jamais fait de bêtises.

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Des dragons et des bêtises ★ ft. Ludwig & Soltan

Devant mes remerciement M. Green semblait plutôt mal à l’aise. Les Montagnards, décidément, nous étions tous les mêmes. Un petit sourire se dessine sur mon visage, presque amusée par la situation avant que Ludwig ne complimente son Pokémon et son travail.

« C’est vrai qu’Elim nous a été fort utile et que sans lui les choses auraient pris une toute autre tournure, mais n’y pensons pas. Tout s’est bien terminé »

Pas besoin de revenir sur ces évènements, les choses s’étaient bien passées, il n’y avait pas eu de blessés et en y repensant bien, c’était même presque un miracle que les choses se soient bien terminées. J’allais toucher du bois pour que la fin de journée se poursuive ainsi et que toutes ces péripéties ne soient qu’un souvenir.

Ma proposition de thé fut accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par Ludwig et plus de retenue par Soltan. Les deux formaient décidément un duo plutôt complémentaire. D’une certaine manière, les voir ainsi me rappelait notre relation à Marina et moi. Je la retrouvais en Ludwig dans presque chacune de ses expressions, chacun de ses gestes. J’avais l’espace d’un instant l’impression d’avoir ma sœur devant moi, dans un autre corps et à un âge différent. Mais ce n’était pas Marina. Ma sœur n’était plus là et me demander comment elle aurait réagi n’était pas ce qu’il me fallait. Ce n’était pas ainsi que j’allais m’en remettre. Il fallait juste que je fasse avec son absence, même si certaines journées étaient plus difficiles que d’autres.

A peine arrivés, Hestia jappa joyeusement et tourna en rond devant la baie vitrée, n’attendant qu’une chose, pouvoir nous retrouver. Elle me sortit de mes sombres pensées et je lui ai ouvert la porte, la laissant se défouler dehors.

« Tu peux jouer avec elle si tu veux, essaye juste de ne pas la faire trop courir, tu sais, à cause de sa patte. »

Plus un conseil qu’une réprimande et sur ces paroles je suis rentrée pour préparer les boissons. Soltan qui m’avait suivi à l’intérieur semblait chercher un moyen de m’aider et je lui ai indiqué où trouver de quoi faire chauffer l’eau. Pendant ce temps j’ai sorti le thé et la théière en fonte ainsi que trois tasses.

« On pourra se mettre dehors pour profiter du beau temps, ça sera plus sympa en plus, si cela vous convient bien entendu. »

Ma proposition n’attendait pas forcément de réponse et je supposais tout simplement qu’il serait plus à l’aise à l’extérieur qu’à l’intérieur, dans une maison qu’il ne connaissait pas. Le jardin était toujours plus neutre et moins impression qu’une maison, ou du moins, c’était ainsi que je ressentais les choses. Il me demanda si j’avais fait des agrandissements récemment. Prenant l’eau chaude, je l’ai transvasée dans la théière pour laisser le thé infuser tout en lui répondant.

« On a réussi à terminer le bassin des Minidracos et à racheter du matériel pour la nurserie. Là où nous avons eu de la chance c’était que le terrain appartenait à ma famille, cela nous a déjà retiré une belle épine du pied et il a été plus facile d’investir par la suite. La prochaine étape sera certainement d’agrandir le hangar mais pour le moment sa superficie nous convient. »

Ludwig rentra et s’intégra naturellement à la conversation, rebondissant en me questionnant sur les différents types de dragons que nous élevions avec Luke.

« Nous en avons plusieurs, des Minidracos, des Solochis forcément, des Coupenottes et des Ptyranidur. Nous avons aussi les stades évolués mais ils sont plus rares. Il y a moins de demande et ce sont principalement les bébés que nous avons. »

Saisissant le plateau sur lequel tout était à présent disposé, je les ai invités à me suivre sur la table à l’extérieur. J’ai ouvert le parasol pour nous protéger du soleil. Tout en faisant le service, j’ai pris le temps de compléter ma réponse à la question du jeune homme.

« A côté de l’enclos des Solochis, tu as au fond les Minidracos. Les Ptyranidurs eux sont plus vers l’entrée du terrain, vous les avez peut-être vu en arrivant d’ailleurs. Les Pokémons sont plutôt heureux ici, Cayagane se rapproche de l’habitat naturel de la majorité des espèces que nous avons alors forcément ils s’acclimatent facilement et c’est vraiment une bonne chose. On les fait sortir le plus possible pour qu’ils profitent de l’air frais et Libégon nous est d’une aide précieuse. Un vrai gardien. Je suis sûre qu’Hestia fera une très bonne collègue pour lui lorsqu’elle sera plus grande. »

Je l’imaginais évoluée en Demolosse, à courir sur le terrain. Mais avant toute chose il fallait surtout qu’elle soigne sa patte et qu’elle prenne confiance en elle car même si elle connaissait le terrain comme sa patte elle n’avait pas assez confiance en elle pour assumer pleinement un travail de gardienne ici.

« Comment se porte votre élevage ? Vous arrivez à trouver du personnel ? J’ai la chance d’avoir Luke comme associé et nous arrivons à nous en sortir comme nous sommes complémentaires mais dès qu’il s’agit de trouver une aide, aussi bien salarié, apprenti que stagiaire c’est une catastrophe. Les gens ne se bousculent pas trop pour travailler ici, à moins que les dragons ne leur fassent peur … » ai-je terminé songeuse. C’était peut-être la nature de l’élevage qui leur faisait peur plutôt que la localisation. Mais bon, notre petite équipe fonctionnait plutôt bien pour le moment alors nous n’avions pas de raison de nous inquiéter, même si je préférais être dans l’anticipation. Après tout, on ne sait jamais de quoi demain sera fait.

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Des dragons et des bêtises ★ ft. Ludwig & Soltan

L’atmosphère était à présent plus détendue et les choses étaient par conséquent bien plus agréables que lorsque les voisins étaient arrivés à la maison. Laissant le thé redescendre doucement en température j’ai eu un petit rire en entendant Ludwig. J’imaginais des vaches, des Ecremeuhs ou des Tauros lancer des draco-rage à tout va. Non il était vrai que le niveau de dangerosité n’était pas le même concernant nos deux élevages, mais si on les laissait en paix et si on les respectait, les Pokémons du Dragon Céleste ne se montraient pas agressifs ni hargneux, du moins pas plus que ce que leur nature indiquait. Certains avaient de meilleures prédispositions dirons-nous mais ce n’était pas le cas de tous, forcément. D’une manière générale, pour être tranquille il fallait laisser les autres en paix et cela s’appliquait aux Pokémons, tout comme aux humains.

La conversation suivait doucement son cours. J’espérais pour lui qu’il allait trouver de bons collaborateurs, c’était important et gérer seul un élevage était difficile. J’étais bien heureuse d’avoir Luke avec moi, même si ce n’était pas de tout repos. Soltan me parla de la rentrée et des enfants, des concepts qui m’étaient plus ou moins étrangers à présent. Les enfants n’étaient pas au programme et les rentrées non plus par conséquent.

Cayagane n’était pas forcément la destination rêvée pour les jeunes en quête d’aventure et de travail, mais pourtant, cette belle ville et ce beau secteur avaient tant à offrir. Je ne me voyais pas être dans un autre village, je ne me voyais pas partir d’ici. Ma place et ma vie étaient ici, même si ce n’était pas toujours facile avec le passé qui était omniprésent.

Soltan expliqua au jeune homme les avantages qu’il y avait à vivre en ville. C’était différent, tout était à proximité c’était vrai mais une telle proximité finissait forcément par créer des fossés selon moi. Il n’y avait plus de charme à faire de la route pour aller chez un producteur pour acheter directement des produits frais qu’à se servir dans une supérette. Alors certes il ne fallait pas prendre la voiture parfois pour acheter une baguette mais bien souvent tout n’était que question de temps, de rapidité, de ce besoin de toujours tout faire plus vite et d’avoir tout à disposition. Il n’y avait plus le charme et les vertus de la patience, juste l’exigence d’obtenir tout dans l’immédiat.

J’ai pris une gorgée de la boisson chaude préparée auparavant, ne pouvant m’empêcher de l’analyser. Le thé n’était pas trop infusé, juste ce qu’il fallait et je le savourais sous les doux rayons du soleil. M. Green me proposa un coup de main en cas de besoin et je l’ai remercié d’un bref sourire.

« C’est aimable de proposer, je vous en remercie. Nous arrivons à nous en sortir avec Luke et il n’y a pas de raisons pour que la situation change. Je crois qu’en cas de besoin la sœur de Luke serait disponible pour nous venir en aide, mais les affaires sont plutôt tranquilles pour le moment de notre côté, cela nous permet de nous mettre tranquillement en place pour les expositions et salons de fin d’année. »

Et par les cornes d’Arceus, nous en avions du travail à cette période et pouvoir me préparer convenablement était tout ce que je demandais. Il y avait beaucoup à faire mais je trouvais cela vraiment intéressant, cela pouvait nous permettre de nous faire connaître, d’augmenter notre rayonnement et notre popularité mais tout ceci avait un prix et demandait de l’investissement.

J’ai proposé à mes deux invités une nouvelle tasse de thé avant de me resservir. Un bref coup d’œil à ma montre m’indiqua que la journée suivait son train et que d’un autre côté, mon travail n’avançait pas du tout. La livraison avait certes été contrôlée mais je devais finir mon tour des enclos et vérifier le pH du bassin des Minidracos. La semaine dernière nous avions relevé des irrégularités et il fallait absolument que je vérifie si tout était revenu dans l’ordre ou si j’allais avoir besoin de faire appel à un professionnel pour résoudre ce souci.

Mais l’instant n’était pas au travail, le moment présent se dessinait sous le signe de la détente et de cette rencontre plutôt surprenante. Si on m’avait annoncé ce matin que j’allais me retrouver à prendre le thé avec un confrère après avoir recherché des Solochis en fuite, jamais je ne l’aurais cru mais portant c’était bel et bien ce qu’il s’était passé aujourd’hui. Luke n’allait pas en revenir lorsqu’il apprendrait cette histoire, à supposer que j’aborde le sujet bien entendu, ce qui n’était en rien garanti.

Terminant tranquillement ma tasse de thé, je regardais mes invités, ils étaient si différents tous les deux mais ils semblaient si proches. Les voir ainsi me réchauffait le cœur, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Peut-être était-ce simplement le fait de voir deux personnes aussi différentes être autant soudées ou pour une autre raison qui m’échappait mais cela me fit sourire légèrement. La vie à Cayagane était vraiment agréable lorsqu’on y pensait et ceux qui soutenaient le contraire n’avaient vraiment rien compris.

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