L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Quand t'as soudainement envie d'une nouvelle épidémie de peste bubonique Mais qu'est-ce que je fous là. Je grince des dents en descendant cul-sec mon verre de je ne sais quoi qui est supposé avoir du goût mais qui a surtout l'être d'être une espèce de liqueur de fruits dont la seule raison à sa présence ici doit être son prix et son origine bio++++ de la cave de Montdemoncul, ou un truc du genre. Et non, ne me regardez pas avec cet air circonspect, il y autant d'alcool là dedans qu'il y a actuellement d'envie de vivre en moi ; c'est-à-dire pas beaucoup, pour ceux du fond qui n'écoutaient pas. C'est que ça aurait presque quelque chose de nostalgique, si tous mes souvenirs d'enfance et d'adolescence semblables à ce que je suis en train de vivre à l'heure actuelle ne m'avaient pas mis dans une situation où je suis obligé de prendre deux heures de thérapie par semaine, tout ça pour avancer à pas de tortue depuis plus ou moins huit ans. Et je ne vous parle même pas des restes de traumatismes, certains qui ne partiront probablement jamais d'ailleurs, qui me causent un certain nombre de soucis dans ma vie affective et amicale. Bref, non, je ne suis pas particulièrement enjoué par l'impression de déjà-vu qui noue ma poitrine.
Et sincèrement, je ne sais pas pourquoi j'ai décidé de me bouger jusqu'à ici. Probablement par envie puérile de faire ma loi et de montrer que je ne suis absolument pas influençable, et, au fond, peut-être aussi par ce fantasme que j'avais toujours eu de renverser un verre sur la tronche de ma grand-mère avant de partir dans un claquement de porte excessivement dramatique. Ou un truc du genre. Oui, en gros, pour me prouver quelque chose, et pour lui prouver quelque chose par la même occasion. Rien de bien mature, quand j'y pense cinq secondes ; Samaël avait raison, quand il m'avait dit que je ferais mieux de faire attention. Mais, trop bouffi d'arrogance, j'avais prétendu que je n'allais pas mourir, et que ça me ferait du bien, de clouer le bec à tous ces pisse-froid. Visiblement, passé cinq minutes dans l'espèce de restaurant horriblement guindé où on m'a amené (vous savez, ceux où ils vous appellent « monsieur » avec des sourires tellement lumineux qu'on croirait qu'ils sont financés par une marque de dentifrice quelconque), j'ai eu tort, et je devrais me faire mal à l'ego en avouant qu'il avait raison une fois que je me serais tiré de cet enfer. Et oui, j'ai déjà essayé de prétendre aller aux toilettes pour m'éclipser, mais rien à faire, un quelconque cousin m'a suivi pour « faire connaissance » et j'ai fini par renoncer. Vous seriez étonné de découvrir à quel point des fils de fer d'un mètre soixante peuvent être collants (et oui, je fais office de grande perche dans ma famille du haut de mon mètre soixante-dix, vous seriez surpris).
Bref. Je ne vais pas vous dire que je ne suis pas à l'aise, vous vous en doutez bien. J'ai vaguement enfilé des vêtements, en prenant bien soin à ne surtout pas prendre les plus prout-prout car ça leur ferait trop plaisir, et me suis ramené en bus. Oui, en bus. Ils sont tous venus en voitures excessivement noires et teintées, et moi je suis arrivé en bus avec ma carte de réduction enseignant. Au moins, la tête de Namiko en me voyant arriver m'avait tiré mon seul rictus amusé de la journée. Et oui, je suis pathétique, si j'avais vraiment confiance en moi à l'heure actuelle, je ne me contenterais pas de ce genre de choses. Car clairement, j'ai plus ou moins envie de disparaître. Déjà que je n'ai jamais supporté ce genre d'établissements... Entre les nappes trop blanches, les couverts trop brillants, les lustres de cristal qui valent sûrement l'équivalent de la somme du prix de mes organes pour chacun d'entre eux et le papier peint qui a l'air de dater de l'époque coloniale... Seigneur ça sent le réac à un point où c'en est ridicule, je devrais presque appeler Mell pour lui envoyer des commentaires sarcastiques en bonus des photos. Tout ça pour dire que là, malgré ma tenue, clairement, je vois la différence entre moi et ce monde que j'ai très vite cherché à fuir, et qui me donne la nausée rien qu'à l'approcher, même pour couper les ponts.
Et clairement, il y a encore un autre souci.
« Oh, monsieur Carter, quel plaisir de vous voir, vraiment ! »
… Qui se trouve être la vieille pie qui est responsable de ma présence ici, et avec qui je partage malheureusement assez d'ADN pour qu'un ensemble de lois ait considéré que je devais forcément avoir un lien familial avec elle. Oh, qu'elle m'énerve, rien que lorsqu'elle fait ne serait-ce qu'un pas ou un sourire, comme celui, lumineux et excessivement amical, qu'elle accorde à l'heure actuelle à deux clampins que je ne crois pas avoir jamais vu auparavant. Enfin, ça, j'imagine que ça ne durera pas longtemps, puisque Namiko m'a presque fait traîner jusque ici, devant... Devant un vieux type, enfin, pas aussi vieux qu'elle, et une jeune femme qui a tout juste l'air de sortir de la fac, à vue de nez (je sais je peux parler, ça va). Je ne sais pas trop ce qu'ils représentent, mais vu l'enthousiasme débordant et carrément ridicule de la Shimomura à me tirer là, je suis persuadé que je ne vais pas tarder à le savoir. Je crois, enfin, à la manière dont elle parle, qu'elle doit au moins connaître le type qui s'appelle monsieur Carter, enfin, j'en sais rien ; j'ai envie d'en savoir le moins possible, là, vous comprendrez.
« Je crois que je ne vous avais jamais présenté mon petit-fils, par ailleurs ! N'est-ce pas, Natsume ? »
La seule chose que je peux lui accorder, c'est que son français est impeccable. Et en même temps, ej suppose que vu ce sa place de sorte de gestionnaire immobilière et financière de la famille, elle est plus ou moins obligée d'être polyglotte (j'en sais rien et je m'en fiche, en vrai). En revanche, son ton mielleux dégoulinant de bonne parole, pour l'amour d'Arceus... J'en aurais presque des frissons de dégoût. En outre, sa manière implicite de me faire concentrer mon regard sur nos deux interlocuteurs parce que j'étais occupé à jeter des coups d’œil à travers la fenêtre, j'en suis moyennement fana, à raison. Je ne comprends pas trop pourquoi elle veut absolument que je tape la discute, et je n'en ai aucune envie, d'ailleurs ; je sais bien qu'elle veut me trimbaler comme une plante verte pour montrer à ses semblables nauséabonds que les Shimomuras ne sont pas dans une situation compliquée question héritage (alors que ehehehe c'est faux), mais là, c'en devient ridicule. Nos regards se croisent, et si mon air neutre est fait pour lui dire qu'elle peut bien parler tant qu'elle veut, je n'aime pas trop la pression que je sens d'un seul coup sur mes épaules. Crispé, j'en oublie des fois que ce n'est pas pour rien, que je la fuyais autant que possible quand j'étais au Japon ; elle a le don de me faire me sentir nerveux bien trop aisément, et je m'en veux alors de craquer face à ce comportement.
« … Bien sûr, oui. Bonjour. »
Je relève distraitement les yeux vers nos interlocuteurs, et si je suis poli, j'en fais le moins possible. Ma mine est impassible, mais en vrai, là, j'ai le ventre noué. Je ne sais pas vraiment si les gens que j'ai en face sont aussi pourris que ma grand-mère, mais je n'ai pas très envie de savoir, en vrai. Qu'on me sorte de là, par pitié. Namiko, pourtant, en rajoute une couche.
« Et oh, cette jeune personne doit être votre fille ? Elle est aussi charmante que vous ne l'êtes ! »
… Vous voyez, le moment où vous vous dites qu'une corde et un tabouret, ce n'est pas si terrible ? Bah, là, c'est ce que je suis en train de me dire.
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Natsume Enodril-Miyano
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Lun 29 Oct 2018 - 17:53
Emilly Carter
L'Awkward est un art dont les vieux schnock sont les maîtres
[Pas mal de choses pas très jolies dans ce poste. On parle d'utilisation, d'exposition et de manipulation d'une demoiselle par son paternel, de contacts toxiques avec le milieu de la famille aussi. Bref, si ce sont pour vous des sujets sensibles je ne peux que vous inviter à passer votre chemin :/]
Coincée dans sa robe écarlate, Emi désespérait en rajustant son décolleté pour la quatrième fois. Dieu qu’elle détestait cette robe. Quelle idée, aussi, de concevoir des vêtements aussi peu… Confortables. Sa mère avait appelé ça un chef d’œuvre, la brunette avait appelé ça une arnaque douteuse doublée d’un sacré cadeau empoisonné. C’était simple, la jeune-femme avait l’impression d’être saucissonnée dans un bout de tissu qui allait, à un moment ou un autre de la soirée, subir la force de la gravité. Alors oui, c’était joli, ça lui allait bien, c’était « digne d’une jeune fille du monde » comme avait dit sa mère mais qu’est-ce que c’était inconfortable. Plus elle observait les autres femmes de l’assemblée, plus la Ranger se demandait si ce n’était qu’elle qui se sentait à l’étroit ou si elle avait manqué la formation self-control qui allait de pair avec son éducation. Dans tous les cas, Emi aurait donné chère pour ne pas être là ce-soir.
Depuis quelques mois, Isaac avait pris l’habitude de la traîner partout où il allait. A peine avait-elle le temps de poser ses valises qu’elle repartait courir à tel gala de charité, tel diner mondain, tel rencontre officielle ennuyeuse à mourir. Au départ, Emi n’avait pas vraiment compris pourquoi. Son « père », celui-là même qui avait mis tout en œuvre pour limiter ses interactions avec le monde se mettait à la mettre en avant, à la montrer, à lui faire rencontrer du beau monde. Là où il la limitait, avant, à un simple rôle occasionnel de plante verte, Monsieur Carter se mettait à montrer son héritière à qui voulait bien la voir. Tellement que ça en devenait suspect. Emi avait le sentiment d’être une espèce de lot exposé qu’on pouvait potentiellement gagner. La jeune-femme avait du mal à cerner les intentions réelles de son beau-père. La seule chose dont elle était certaine, c’est qu’il manigançait quelque chose et que ça n’allait pas lui plaire. Peut-être était-ce là sa nouvelle tactique pour lui trouver un bon parti ? Faut dire que le père Isaac avait l’air plus qu’excéder par le manque de coopération de sa fille pendant les rallyes. Alors qu’à presque 22 ans la majorité des jeunes-gens de son milieu cherchait un partenaire de vie, Emi restait accrochée à son célibat comme une verrue sur un pied. Ses nombreuses tentatives d’explications sur ses raisons de ne pas souhaiter se « caser avec quelqu’un pour se caser avec quelqu’un » n’avaient pas trouvées d’oreilles attentives. Isaac la disait bornée et prête à tout pour lui mettre des bâtons dans les roues (ce qui n’était pas totalement faux), Camille disait que sa pauvre enfant manquait tout simplement de confiance en elle (ce qui n’était pas totalement faux non plus). Alors, peut-être qu’Isaac avait tout simplement fini par se lasser et avait voulu prendre les choses en main ? Si Emi ne faisait aucuns efforts pour satisfaire les conventions sociales de son rang, alors soit, lui les ferait à sa place. Faut dire que ça devenait une obsession chez lui. L’apparence. Le bon suivit des codes. Pour être franche, la brunette le soupçonnait même de vouloir resserrer les vis de peur qu’elle lui file entre les doigts. En l’exposant ainsi, sans doute essayait-il, dans un sens, d’étouffer ses envies de départ et de vie plus simple et modeste. Emi ne cachait plus vraiment son envie de tout plaquer pour prendre son indépendance. Elle ne cachait plus ses recherches, ses demandes incessantes de mutation sur Vanawi, elle en parlait même avec provocation ces derniers temps. Une manière pour elle de se donner du courage. Une manière pour elle d’arrêter de tourner autour du pot et d’enfin faire le grand saut. Qu’importe combien ce serait difficile ensuite. Qu’importe le long chemin qu’elle devra parcourir pour réellement se détacher de l’emprise de sa famille. De toute façon, tout le reste lui semblait plus agréable et enviable que le manoir et la vie qui allait avec. Ce diner, uns parmi tant d’autre, n’était qu’une unième tentative d’Isaac pour assoir son autorité sur elle. Sauf que c’était finit. Elle l’avait décidé, elle ne reviendrait pas dessus : plus jamais elle ne laisserait cet homme diriger sa vie. Plus jamais.
Impeccable dans son costume noir sur mesure, Isaac Carter débattait des derniers contrats intéressants avec un vieux monsieur à l’œil luisant. Un œil qui avait une sale tendance à s’écarter un peu trop souvent vers son bord droit.
« Ah, d’où le décolleté. » comprit la Ranger en réfrénant son dégoût. « Evidemment, en bon commercial tu mets tout tes atouts en valeur, hein papa ? »
- « Donc, comme je vous le disait Monsieur Gregor. Je pense qu’il nous serait bénéfique à vous et moi de travailler ensemble sur cet investissement. Ce serait une avancée majeure pour les habitants de notre bonne île. » « Et pour ton portemonnaie. »
- « Bien sûr, bien sûr. » fit le vieux investisseur en reportant son unique œil sur le visage du Carter « Nous devons tous faire de notre mieux pour notre Île, n’est-ce pas. Et bien écouter, mon chers monsieur Carter, je vais prendre contact avec mon gestionnaire et je vous ferais parvenir toute la paperasse sous deux semaines, qu’en dites-vous ? » - « Ce serait parfait. Elixir vous remercie, monsieur Gregor. »
Sur ce, le vieux croulant tourna des talons, non sans un dernier regard, avant de gagner d’autres cercles de discussion. C’était un peu le but de ce genre de réception. On va de cercle en cercle dans le but de faire avaler des couleuvres aux autres pour ressortir de là en ayant servi comme il faut ses intérêts. Monsieur Gregor n’était qu’un nom sur une vaste liste de gens à convaincre. Et Emi représentait un argument.
- « Sympa le coup de la femme objet. » dit-elle avec nettement plus de froideur qu’elle ne l’aurait cru. - « Si tu fais les efforts qu’il faut, j’aurais peut-être autre chose à mettre en valeur. » - « Ah, on en est donc arrivé-là. On ne prend même plus la peine de jouer à la bonne famille entre nous ? » - « Disons que tu ne me laisses pas le choix, Emilly. De toute façon, nous n’avons jamais été quoi que ce soit l’un pour l’autre, non ? » - « Une vaste blague ? Peut-être ? » - « Contente-toi de te montrer sous un bon angle. Dès que je t’aurais trouvé quelqu’un de viable, tu feras tes bagages et on s’en tiendra aux dîners de Noël et du Nouvel An. » - « Et si je ne veux pas que tu me trouves quelqu’un de viable ? » - « Ce n’est pas une option. J’ai bien compris que tu voulais partir. J’entend. J’y travaille, crois-moi. Mais hors de question que mon héritière s’amuse à jouer la randonneuse dans un studio minable à Vanawi. Si tu pars, ça doit servir notre famille. Tu es jeune et totalement inconsciente de la difficulté de vivre sans ressource de nos jours. Tu seras bien contente de tous les efforts que j’ai fait pour t’offrir une vie confortable quand il sera temps, pour toi, d’élever des enfants. »
Emi n’ajouta rien. Pour ce que « sa vie confortable » lui avait apporté jusque-là, elle s’en foutait comme de sa première chaussette de troquer l’aisance pour un peu plus de liberté. Mais au moins, c’était dit. Plus de faux-semblants, elle n’était rien pour lui si ce n’est qu’un investissement à rentabiliser. Tant mieux, elle n’en attendait pas plus. Lui aussi voulait qu’elle parte, elle était de trop. Elle avait toujours été de trop. Mais à 21 ans on pouvait s’en débarrasser de façon légale. Ça expliquait l’harcèlement d’Isaac à propos des Rallyes et son espèce de tour opérateur des évènements chics du coin. Mais n’en déplaise à la Famille Carter, si elle devait finir dans le bras de quelqu’un ce ne serait certainement pas dans ceux d’un richouille bien coiffé. Jamais.
- « Oh, monsieur Carter, quel plaisir de vous voir, vraiment ! »
Isaac tourna des talons et son masque jovial reprit immédiatement sa place. Le revoilà repartit dans son rôle. Non sans un dernier regard pour Emi, le requin d’Elixir se porta à la rencontre d’un couple, probablement une matriarche avec son fils ? Petits fils ? Emi ne saurait pas le dire. Fin, pour ce qu’elle s’en foutait. Elle se saisit d’un verre, au hasard, et salua doucement les nouveaux arrivant en imitant les gestes respectueux de son père. Vu la manière qu’il y met, cette vieille dame et le jeune-homme qui l’accompagne ne doivent pas être n’importe qui. Investisseur étranger, peut-être ? L’île attire de plus en plus le monde extérieur, Isaac avait dû flairer l’aubaine.
- « Madame Shimomura ! Quelle joie de vous voir ici. J’espère que vous profitez bien de nôtre Belle-Île. Les festivités sont-elles à votre goût ? »
Beurk. Ce sourire. Cet excès de jovialité. C’était à en vomir. Tellement qu’Emi dû se faire violence pour ne pas rouler des yeux face à autant de mièvrerie. A la place, elle se concentra sur son verre qu’elle découvrait pour la première fois. Visiblement du champagne. Evidemment, on n’allait pas servir de la bière fraiche dans ce genre de rassemblement, trop prolo comme boisson, sans doute. La brunette considéra sa boisson avec une légère lassitude avant de la porter à ses lèvres. Elle n’avait que vaguement écouté ce qui se disait à côté mais sans doute qu’il faudrait penser à se reconnecter. Si on l’abordait et qu’elle n’avait rien suivit, elle serait dans la mouise pour tenir le rôle de jeuuuuuune fillllle du moooondeuuuh qu’elle devait jouer.
- « Et oh, cette jeune personne doit être votre fille ? Elle est aussi charmante que vous ne l'êtes ! »
PFRT. Ce « compliment » lui fit avaler de travers son champagne. Le liquide hors de prix se logea dans le mauvais conduit, la faisant tousser comme une camionneuse qui crachait ses poumons. Son regard se porta, incrédule, sur le visage d’Isaac. Aussi charmante que lui ? Vraiment ? C’était une insulte, on était d’accord, hein ? Elle considéra quelques secondes son beau-père d’un œil septique. Nan, ce n’était pas un canon de beauté, c’est sûr, mais elle se savait un peu plus « charmante » qu’une version juvénile de Claude Frollo.
- « Tout vas bien, Emilly ? »
Au vu de son regard tranchant, ce n’était pas une vraie question. Oui, bon. Ok. Peut-être qu’elle venait d’un peu trop souligner qu’il y avait peut-être une ombre sous le palmier. Si jamais elle faisait foirer l’entrevue, elle serait bonne pour en retendre parler dans six mois. Alors autant bien faire son job, après tout, ce serait l’une des dernières fois.
- « Oui, oui, tout bei- tout vas bien. »
Isaac la considéra quelques secondes supplémentaires avant de reporter son regard sur le couple Shimomura.
- « Vous avez vu juste, madame. Il s’agit de ma fille unique, Emilly. Une Ranger de premier ordre, promise à une grande carrière si vous voulez mon avis de père. »
« Lol, techniquement je ne suis même pas titulaire, juste contractuelle alors bon, pour le premier ordre on repassera. »
Les mensonges d’Isaac lui arrachèrent un sourire hilare qu’elle fit disparaître tout aussi rapidement qu’il était apparu. C’était toujours aussi drôle de le voir la complimenter de cette façon en public. Surtout vu le ton de leur dernier échange.
- « Et, si je ne m’abuse, votre petit-fils doit avoir dans les mêmes âges que ma fille. Que faites-vous, jeune-homme ? Je ne doute pas que vous devez être aussi brillant que votre honorable Grand-mère. »
Je me suis un peu... Beaucoup... Lâchée /PAN/:
Navrée c'est peut-être super long pour pas grand chose, en fait. XD Je me suis un peu emballée, j'avais pas mal de choses à installer sur ce premier poste mais je n'aurais pas cru que ça me prendrait autant de place. XD En espérant que ça te plaise owo
Quand t'as soudainement envie d'une nouvelle épidémie de peste bubonique Je crois que je ne me suis jamais autant senti prêt à vomir que maintenant. Et ce n'est pas peu dire, quand on voit mon état de santé franchement déplorable : je peux vous assurer qu'il y a de la compétition, mais nous n'allons pas jouer à la comparaison. Mais rien à faire, Namiko me donne envie de me jeter de la fenêtre la plus proche, pour, de préférence, tomber le crâne en premier par terre et ainsi mettre fin à cette torture mentale. Du peu que j'entends, malheureusement, je ne crois pas que le type qu'elle ait abordé soit franchement différent question... Question tout, en fait. Je ne suis pas doué du tout pour identifier les tons et les subtilités langagières, mais la voix sucrée qu'il emploie et tout le miel qui s'additionne à celui déjà employé par Namiko me donne une idée précise d'à qui j'ai affaire. Je retiens un lever d'yeux au ciel pour je ne sais quelle raison, et laisse mon regard divaguer ailleurs, peu intéressé par ce gugus comme par la... Sa fille, je suppose. Enfin, ça, c'était jusqu'à ce qu'elle ne s'étouffe avec son champagne au moment même où la vieille femme s'était mis à couvrir son interlocuteur ne s'étouffe. Surpris, je hausse les sourcils et cligne des yeux, ne m'étant clairement pas entendu à ça. Non, mais, comprenez-moi : du peu de souvenirs que j'ai de ces trucs pompeux et insupportables, je crois pouvoir dire sans bégayer que l'on est moyennement supposé faire ça. Même si je ne suis pas devin, ou spécialement pour comprendre ces choses, je crois que c'est la remarque de Namiko qui l'a faite rire ainsi. Vu le regard acéré que semble lancer le paternel à sa fille, et la fausse apparence bienveillante que porte Namiko, il ne me paraît pas trop exagéré de dire que tout cela devait la faire bien rire. Discrètement, je veille à effacer le début de rictus amusé qui se dessine sur mes lèvres, plutôt satisfait au fond de ma tête de ne pas être le seul à trouver tout cela parfaitement ridicule. Non parce que clairement, dans ma situation, vous comprendrez que je me raccroche à à peu près tout.
… Et c'était reparti pour la langue de miel. Retenant un grognement qui menace pourtant de sortir à tout moment de ma gorge, je me force à penser à des petits Bulbizarres pour garder foi en mon envie de vivre, mais je vous jure que c'est dur. J'suis ravi d'apprendre que mademoiselle est tel truc, mais en vrai, si tout ça la fait chier, je la plains un peu d'être tartinée de compliments de la manière la plus hypocrite possible. D'autant plus que Namiko en rajoute une couche, avec son grand sourire joyeux.
« Oh, vous devez en être tellement fier ! »
Je tuerais presque quelqu'un en échange d'écouteurs pour l'instant, ne serait-ce que pour assommer mes oreilles à coup de metal (même si j'aime pas) pour ne plus avoir à entendre quoi que ce soit. Toute cette conversation me met mal à l'aise, et je sens que le nœud dans mon ventre ne fait que grandir alors que le temps passe. Tout ça me rappelle bien trop de souvenirs, tellement pénibles que les quelques images qui passent dans mon esprit me font me crisper lentement. Je ne sais pas trop comment, mais je crois que la manière que ce type a de parler de sa gamine fait remonter un certain nombre de choses que j'avais bien pris plaisir à enfouir dans un coin de ma mémoire ; il faut dire que c'était facile, de me dire que le problème était simplement mon père, et rien d'autre. C'était une bonne méthode pour circonscrire le souci à un petit cercle, et ne pas penser au simple fait que c'était bien l'arbre qui était pourri, et pas juste la branche. Dans mon malaise, je commencerais presque à me dissocier de ce qui se passe actuellement, vu la manière que j'ai de fixer de plus en plus un point vague dans l'air. C'est pas franchement sain, et ma psy me fixerait d'un air blasé si elle me voyait en train de retomber dans mes vieux travers, mais sur le coup, ça m'est franchement plus agréable que de supporter la réalité de ce qui passe devant mes yeux. Évidemment, ça ne pourra pas durer très longtemps. Et j'en ai la preuve au moment même où le... On va l'appeler Richard McCoincé de la Pèteplushautquesesfesses. Bref. Au moment où il parle, donc, je constate que je ne pourrais pas rester aussi éloigné de tout ça que j'aurais aimé l'être. Je me retiens tout juste de plisser les yeux ; pourquoi diable est-ce qu'il ve ut mon CV, hormis pour un cinéma de politesse forcée... ? Pour peu, j'aurais bien envie de l'ignorer, mais je sens, à mon tour, le regard de Namiko sur moi. Oh, si cette vieille peau croit que je vais rentrer dans son petit jeu... Toutefois, je n'aime pas trop foncer dans le tas, ou du moins c'est moins mon genre, depuis quelques années ; on va dire que je me suis ramolli, je suppose … ?
« Éleveur. »
Alors oui, j'aurais pu sortir ça avec un peu de mordant, de sarcasme sur les bords, avec une petite pique acide et drôle pour me divertir cinq minutes, mais je me sens tendu, donc peu prompt à ce genre de comportements. Enfin, vous me direz que ça ne me dérange pas d'ordinaire, mais là, c'est le genre de tension où je n'ai pas envie de parler, et où j'ai juste envie de m'enfuir en courant tant qu'il est encore temps. De préférence en claquant les portes de manière dramatique car tout le monde sait que ça agace autant que c'est innoffensif. Mais, et j'aurais dû me douter, ce n'est pas vraiment ça qui était attendu de moi. Nooon, ce qui compte, c'est mon espèce de pedigree, et un blabla qui servirait de bonne indicateur quant au contenu de mon compte en banque sans nécessairement le dire à haute voix car c'est « peu poli » (une façon de ne pas assumer qu'on parle de fric en permanence parce que ça se verrait trop, sinon). Mais ça m'énerve, tout ça ; je n'ai pas vraiment envie d'y participer. Toutefois, et j'aurais dû m'y douter, Namiko ne peut que rattraper le coup en esquissant un nouveau sourire mielleux, l'air absolument pas surprise par ma réponse. En même temps, elle devait savoir à quoi s'attendre. Voilà pourquoi elle n'a même pas réagi à mon ton désintéressé, et pourquoi elle tapote distraitement mon épaule comme si nous étions proches ; un geste qui a le mérite de me crisper tout entier, tant il me rappelle de mauvais souvenirs.
« Oh, toujours aussi modeste... Ce que Natsume veut dire, c'est qu'il a lancé avec succès son entreprise il y a deux ans et qu'il est maintenant possesseur de son propre domaine ! »
... Ouais, j'ai dû demander un crédit à une banque qui m'essore en intérêts, et mon compte en banque est tellement souvent dans le rouge qu'on dirait qu'il a la varicelle, mais tourné comme ça, évidemment... Et on ne va pas lui dire que le "domaine" est un élevage paumé en pleine forêt, je suppose ?
« Et évidemment, sa réussite dans ses études est notre petite fierté ! »
… Je suis doctorant, et ça risque de traîner pendant encore deux ans, sans aucune certitude que ça me mène à quoi que ce soit niveau débouchés « acceptables », mais hé, pour une fois qu'on fait semblant d'être fier de moi dans cette famille, je ne devrais pas me plaindre ! J'aurais presque envie de rire. Sincèrement, cette espèce de concours de « qui qui a le mieux » pour se brosser l'ego et faire leur espèce de... Rituel de courtisans-financiers ? Oui, on va dire ça, ça me donne envie d'éclater mon crâne contre le rebord d'une de ces tables en cristal ridiculement pompeuses. J'apprécie moyennement le fait d'être utilisé comme une espèce de cire à chaussures, mais au moins, personne n'exige que je parle ou que je fasse semblant de m'intéresser à quoi que ce soit, on va dire. Enfin, ça, c'était le plan à la base. Je ne m'attendais pas à ce que Namiko reprenne la parole pour s'adresser à la jeune femme et à moi, d'un ton tellement excessivement bienveillant que je sens quelques frissons de dégoût me descendre l'échine.
« Tiens, pourquoi n'iriez vous pas faire connaissance ? Ce serait sûrement enrichissant, n'est-ce pas ? »
… Est-ce qu'il y a des mots pour désigner mon agacement ? Je ne crois pas, non. Je me retiens de froncer les sourcils, l'expression indifférente et morne. Au départ, si j'hésitais presque à dire « non merci je fais encore ce que je veux », je me retiens alors que je réalise que cela veut dire s'éloigner un peu de tout ça. Et s'éloigner de tout ça, c'est plus ou moins ce pourquoi je serais prêt à tuer n'importe qui à l'heure actuelle, alors... Alors, oui, on va faire ça. Je hoche distraitement de la tête, faussant un sourire lumineux. Si vous saviez comme ça me fait mal de faire ça, là... Enfin. Si je serre les dents, bientôt, je serais loin, loiiin de cette odeur de parfum insupportable (de toute façon j'aime pas le parfum de base, ça m'empeste les bronches), et je pourrais commencer à retrouver foi en l'humanité. Alors je me fais violence, et mime une expression aimable vers la jeune Carter.
« Oh, bonne idée. Mademoiselle, vous me permettez ? »
Tout ce sucre et cette politesse forcée me coûtent, je vous en assure. Je fais ce que j'ai à faire pour me tirer, même si ça nécessite de poignarder sauvagement ma fierté et ma dignité à coup de surin. Dans tous les cas, puisque cela semble marcher, j'attends que nous ayons fait suffisamment de pas pour être en dehors de leur champ d'écoute pour reprendre la parole. Mon expression se délie, passant de la froideur polie à une grimace révulsée et platement désolée. Même mon ton se fait plus léger. Bordel, dans quoi est-ce que je me suis fourré, moi... ?
« Hm, euh... Je suppose que vous ne voulez pas être là non plus, n'est-ce pas ? Désolé, j'ai plus ou moins pris l'occasion pour m'esquiver. »
Je ne risque pas grand chose, en soi, à dire ça. Mais pour une raison qui m'échappe, je suis quelque peu malaisé à l'idée de prendre le risque de provoquer l'ire de quelqu'un que je ne connais pas ; c'est sûrement parce que je sens que je n'aurais pas la motivation de supporter ça bien longtemps. Mais au moins, depuis que je sens que nous nous sommes quelque peu éloigné du regard des « vieux », la pression dans ma poitrine s'est apaisée. Bon, bien sûr, je sais que leurs yeux ne seront jamais loin, mais c'est toujours mieux que d'être dévisagé avec autant d'insistance.
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J'ai pris la liberté de les faire bouger comme tu le vois, mais n'hésite pas à me dire si ça pose souci, je changerai immédiatement ! J'avais peur qu'on finisse par tourner en rond avec le déroulement actuel °W°
Natsume Enodril-Miyano
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Dim 4 Nov 2018 - 20:45
Emilly Carter
L'Awkward est un art dont les vieux schnock sont les maîtres « Je ne doute pas que vous devez être aussi brillant que votre honorable Grand-mère. » C’est fou, cette phrase suinte la langue de vipère. Non, pas seulement cette phrase, tout ce qu’Isaac déblatère depuis le début de cette soirée pue le faux-cul à plein nez. Non pas que ça te choques outre mesure, on peut dire que tu es plutôt rodée face à ce genre d’attitude et de faux-semblants. A force, t’as même appris à trouver ça drôle. Il y avait une telle… Différence, entre l’Isaac des diners mondains et celui du manoir. L’Isaac du manoir était austère, sans pitié, manipulateur, cru, froid, sans douceur, ni chaleur. Pour toi qui connaissait l’envers du décor, pour toi qui savait comment se comportait cet homme dans l’intimité, tu ne pouvais qu’esquisser en sourire hilare en le voyant se démener pour se montrer chaleureux et agréable. Ta plus grande satisfaction de la soirée, c’était de savoir qu’il vivait exactement comme toi ces passages obligés de la vie de la belle société : comme une torture. D’ailleurs, il te semble que vous n’êtes pas les seuls à être dans ce cas. Le jeune-homme qui accompagne la vieille japonaise semble se faire chier autant que toi. Le pauvre est maintenant le centre des discussions et tu ne peux pas t’empêcher d’éprouver une certaine sympathie pour cet inconnu. Ce n’est jamais agréable d’être mis sur le devant de la scène, fin, toi t’as jamais aimé ça. Y a des gens qui éprouvent une certaine fierté et un certain plaisir à être mis en avant, mais pas toi… Et visiblement, pas lui non plus.
T’esquisse un nouveau sourire quand ce dernier répond le plus sobrement du monde être éleveur. En tant que Ranger paumée, tu as eu plusieurs fois l’occasion de passer par les élevages Pokémons de Nuva Eja. De ce que tu en as vu, c’est une vie plutôt simple. Fin, pas simple dans le sens « easy » simple dans le sens sans chichi, une profession humble, quoi. Tu sens Isaac hausser un sourcil à côté de toi. Il est trop habitué aux conventions pour le souligner à voix haute mais tu te doutes bien que les quelques détails de cet échange ne lui ont pas échappés. Il ne connaît que trop bien les signes avec toi. Il est capable de les reconnaître chez les autres.
En ce qui te concerne, tu recommences à t’intéresser à la conversation. C’est con à dire, mais le gars en face de toi à l’air d’être le seul être humain à peu près normal dans cette salle. Chose plutôt encourageante. C’est vrai, quoi, c’est un peu le truc le plus passionnant de la soirée de pouvoir rencontrer quelqu’un qui n’a pas l’air d’évoluer ici avec l’aisance malsaine des natifs de la belle société. D’ailleurs, ce que tu as compris comme étant sa grand-mère en profite pour s’adresser à toi. Sur le coup tu hausses un sourcil sans trop comprendre. T’es pas habituée à ce qu’on t’adresse directement la parole, du moins, on passe souvent par ton beau-père pour ce genre de chose. C’est peut-être ça le style japonais ? Qui sait ? Fin, tu ne vas pas cracher sur une occasion de te soustraire à cette conversation. Aussi, t’accepte avec le même sourire factice et conventionnel que d’habitude, la proposition du Shimomura.
T’es pas peu fière de quitter ton père et la mégère qui l’accompagne. Plus tu t’éloignes, plus tu retrouves un semblant d’oxygène. Bon, ça pourrait être mieux, tu pourrais être chez toi, mais bon faut pas pousser mémé dans les orties.
- « Non, vous n’excusez pas. Vous avez très bien fait. » fis-tu dans un léger sourire. « Navrée, hein. Ils sont lourds quand ils se mettent à nous inventer des vies pour gonfler l’ego familial, hein ? »
Tu sais pas trop dans quoi tu t’embarques. Tu ne sais pas si c’est une bonne idée ou non d’être aussi Brutus sur ton ressentit. Après tout, tu ne le connais pas ce type. Cependant, il te donne l’impression d’être un gars plutôt honnête, pas franchement enchanté d’être là. A ton sens, ça en fait quelqu’un de bien (t’as des standard un peu cregnos, Emi, by the way)
- « Je me représente, je m’appelle Emilly, et contrairement à ce que peut dire le requin des affaires qu’est mon père : j’suis qu’une contractuelle, rien de bien foufou. J’aime pas trop la paperasse et les responsabilités et je vis très bien d’avoir le minimum en terme de salaire. Mais ça, c’est pas très bobo-riche attitude donc faut pas le dire. Et vous ? Z’êtes éleveur, c’est ça ? »
Quand tu rp à minuit:
J'sais pas pourquoi j'ai écris en "tu". Mais c'était bien classe. /PAN/
Quand t'as soudainement envie d'une nouvelle épidémie de peste bubonique Je ne sais pas trop ce que je suis supposé faire, alors j'improvise, quitte à tomber dans les banalités et les formalités pour éviter une situation complexe. Je prends peut-être un risque, d'ailleurs ; si ça trouve, j'ai mal compris les choses, et la fille est aussi mauvaise que le père. C'est un jugement que je ne me permets pas immédiatement, ne serait-ce que pour des raisons aussi évidentes que l'expérience que j'ai de mon propre cas. Et, visiblement, je n'ai pas affaire aux hémorroïdes de Satan : cela constitue une nette amélioration par rapport à ma situation initiale, en fait. Par là je veux dire qu'en gros, bah, c'est cool et je n'aurais peut-être pas à oublier le désastre de cette journée en buvant mon malheur dans de la liqueur de fruits hors de prix. Je l'écoute avec attention, me sentant toutefois mal à l'aise pour une raison que je connais bien. Malgré toutes les années qui ont passé et les efforts que je tente de faire en ce sens, je n'arrive pas à me débarrasser de cette étrange forme de timidité qui me rend nerveux à chacune de mes rencontres. Agité de petits tics, je triture nerveusement mes doigts, sans vraiment savoir ce qui est attendu de ma part. J'ai l'air malin, là, franchement, à attendre qu'on me parle parce que je n'ai jamais été complètement à l'aise avec le fait de lancer les conversations. Face à son honnêteté brutale, sans surprise, je me retrouve donc un peu surpris, et esquisse une expression malaisée, essayant de me forcer à sortir un sourire amusé ; tout ce qui sort de moi est une profonde incertitude, ne serait-ce qu'au vu de mon ton, ou la manière qu'a la commissure de mes lèvres de tressauter légèrement.
« A-ah, e-euh, oui. »
Mon éloquence habituelle a l'air de faire des miracles, aujourd'hui. C'est que je risque de pondre un discours à base de plein de petits points même, si ça continue. J'ai du mal à suivre son rythme, je crois, alors qu'elle n'est pas spécialement rapide : je suis juste quelque peu sur la défense dans ce milieu. Visiblement, toutefois, mon interlocutrice n'a pas l'air de vouloir manger des chatons et ne va pas non plus chercher à me planter trente-cinq fois dans le dos, donc ça va. Je l'écoute parler attentivement, esquissant une moue semi-amusée face à son humour plutôt lucide et vivifiant, pour être honnête. Elle est franche, ne tourne pas autour du pot et tend à dire les choses sans s'évertuer dans des laïus ; pour le moment, ça me plait. Au moins, je n'ai pas face à moi une espèce de future je ne sais quoi qui croit qu'elle est exceptionnelle par sa position, car je vous assure que c'est qui m'énerve le plus, ça. J'avoue toutefois, mesquinement, avoir retenu l'envie de lui demander si elle parlerait encore de son salaire comme suffisant en tant que minimum vital si elle avait quelqu'un à charge ou ne vivait pas chez son père ; mais ça, c'est parce que je me méfie des gosses de bourge (c'est-à-dire comme moi) comme de la peste et peut-être que c'est moyennement sympa, quand j'y pense. Enfin, euh, dans tous les cas, voilà qu'elle me pose une question, et je suis un poil surpris. Oui, j'ai encore toujours un peu de mal à réagir spontanément quand on me pose des questions sur ma personne car je ne sais jamais vraiment pourquoi, mais je vous assure que j'essaie. Embarrassé, je me gratte le cou, avant de répondre d'une manière aussi neutre que je le peux.
« Hôte, oui. Mais c'est loin d'être l'exploitation agricole dont parle ma grand-mère, Arceus merci. »
Sans vouloir faire mon hispter prétentieux à base de 'ui je suis éleveur je vis d'amûr et d'eau fraîche moi je suis le plus éco-responsable de tous les éleveurs et jamais je ferai un truc aussi horrible que de tenir un commerce car l'élevage c'est des bisous et des fleurs car je suis exceptionnel et bienveillant c'est-à-dire la pureté incarnée', je dois avouer que je n'aime pas l'idée. Enfin, c'est surtout la considération de Namiko et de tout ce petit monde qui me fout la gerbe, en fait. Sans tomber dans la caricature car pour le coup, ma grand-mère biologique aime vraiment ses pokémon et n'est pas très fan du fait de les maltraiter, je sais pourtant que ce qui compte à leurs yeux, c'est bien les bénéfices. Et que des bénéfices que fait quelqu'un est calculé une espèce de valeur de l'individu et de ce qu'il fait ; je ne vais pas vous énumérer des évidences, mais ça m'ennuie quelque peu. Enfin. Je grimace quelque peu, un frisson me remontant l'échine. En vrai, quand je considère ce qui a été dit et ce que je sais, une supposition bête me brûle les lèvres, et je ne peux pas m'empêcher de poser ma question. En haussant les sourcils, je reprends donc la parole, plus assuré maintenant que je fais des quasi-affirmations et que je ne parle plus de moi-même.
« … Je suppose que vous ne vous entendez pas avec votre père, donc ? C'est que ça me rassure un peu, à vrai dire. »
Au moins, l'idée d'avoir quelques alliés me rassure un peu, même si je sais que c'est franchement marginal. Je garde un sale souvenir des fêtes et des rassemblements auxquels l'on me traînait quand j'étais enfant, vraiment. J'ose donc imaginer que je n'ai pas été le seul à détester profondément tout cela, et vu sa réaction de tout à l'heure quant aux compliments forcés de Namiko, je crois que je n'ai pas entièrement tort. De même, son assurance quant à la situation m'inspire à être plus audacieux. Me sentir audacieux, et me sentir stupide, aussi. J'ai l'impression d'être un vieux mou qui attend que ça se finisse, à côté, alors qu'en tant que jeune adolescent, j'aurais sans doute déjà fichu des trucs par terre et fait le bordel jusqu'à finir en garde à vue (ne m'imitez pas).
« Je ne sais même pas ce que je fais là. De base, je m'étais éloigné d'eux, mais je suppose que je... Voulais prouver quelque chose, ou un truc du genre. Enfin, du coup, je crois qu'elle s'est servie de moi pour se faire de la pub, ou quelque chose du genre. Ce serait bête que ça se sache que les branches s’entre déchirent, après tout. »
Enfin, j'en sais trop rien, j'ai pas suivi. Juste que de souvenir, avec mon père de déshérité, ma sœur qui est illégitime (et ne veut pas), et moi qui ne compte très certainement pas rentrer au pays pour faire 2,5 enfants avec une femme que je ne connais pas puis me mettre à jouer au plus grand capitaliste, bah, disons que la branche actuelle est condamnée à mourir. Namiko est donc coincée avec les collatéraux qui sont tout autant des requins qu'elle. Bien fait pour sa tronche, dans les faits ; mais je sais surtout que c'est quelque peu enquiquinant de rassurer ses partenaires commerciaux quant à la stabilité des contrats, de fait. Mais dans les faits, qu'est-ce que ça change, vraiment, que je sois là ? Au fond, ça ne l'emmerde pas du tout, ça fait même ses affaires. Et puis... Je ne devrais pas avoir besoin de ça, non ? Enfin, j'en sais rien. Je crois que je me sens stupide et que je me rends compte de la bêtise de mes actions, au fond, ce qui explique en partie ma gêne. Tout ce que je désire à l'heure actuelle, c'est me réfugier chez moi et m'y enfermer pendant quelques jours, au moins. Toutefois, je ne peux pas et il faudra bien se faire à l'idée, je le crains. D'autant plus que je ne suis sincèrement pas le seul, maintenant que j'y pense. Je tourne mon regard vers mon interlocutrice, me disant que je ne devrais probablement pas me plaindre comme un princelet à l'heure actuelle.