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Bromance isn't dead {PV Samiche
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Faust M. Donovan
>>> Bromance isn't dead


Ft. Samoboulo

Franchement, celui qui avait dessiné les plans du QG était soit dangereusement mégalo, soit persuadé qu'une immense tour surplombant Nuva Eja n'était absolument pas « de trop ». L'un comme l'autre, il aurait été curieux d'avoir la réponse, alors qu'il arpentait les escaliers de la grande tour, grommelant sous sa barbe inexistante (enfin, excepté si un seul poil une fois tous les 15 jours comptait) face à ce maudit ascenseur qui avait décidé de le maltraiter ce soir. Non pas que ce n'était pas un bon exercice pour son rythme cardiaque, mais il estimait, peut-être avec arrogance mais honnêtement qui s'en foutait, qu'après une longue journée passée à courir partout, ce n'était pas spécialement une option indispensable.
Quoique, aussi mauvaise langue qu'il soit, il ne pouvait pas nier que cela avait quelque chose d'étrange, de voir toutes ces lumières éteintes, signe qu'une bonne partie des employés étaient partis retrouver leur chez-soi. Quelques rares indéfectibles sacrifiaient bien leur temps en restant présents, mais ils n'étaient clairement pas en majorité. De jour, la tour semblait toujours si bourdonnante de bruit, de monde et d'agitation qu'il ne supportait généralement pas souvent d'y venir. Il n'avait pas vraiment le choix, néanmoins, mais ce soir n'était nullement le fruit d'une obligation.

Si il avait dû trotter un peu pour trouver une pizzeria ouverte et de bon goût qui avait accepté de prendre sa commande à cette heure-ci, l'odeur alléchante en provenance des quatre boîtes qu'il portait le faisait suffisamment saliver pour qu'il pense que ce n'était pas une si mauvaise idée que ça. Son seul regret était celui de ne pas pouvoir craquer, car il se serait trouvé très stupide d'y avoir touché avant d'arriver à destination. Il avait dit qu'il ferait vite, en plus, mais ça, c'était déjà mal parti.
Ce n'est pas si rare pour lui de faire le chemin jusqu'au bureau de Samaël lorsqu'ils sont encore tous les deux de 'service', comme on dirait. Enfin, techniquement, non. Tout ça, c'était des heures supplémentaires que Faust ne réclamerait pas, mais il savait bien qu'ils avaient tous deux dépassé leurs horaires. Ayant prévenu l'autre par un message rapide il y a une petite demie-heure, il avait décidé de passer à l'improviste, ne se sentant pas vraiment de rentrer tout de suite. Et puis, bouffer de la pizza tout seul en ville, passé vingt-trois heures, c'était franchement triste.

Une fois qu'il eut enfin terminé de gravir tous ces échelons, il poussa un soupir de satisfaction et ouvrit sans trop de gêne la porte qu'il chercha à atteindre, ne s'embêtant même pas de toquer. En s'étirant puis en baillant sans mettre la main devant sa bouche car porter des boîtes, c'est plus pénible que cela en a l'air, il s'engouffra dans la pièce d'un air un peu désintéressé. Bon, il était en retard, soit. Mais ce n'était pas sa faute ! Dès lors qu'il aperçut la personne qu'il était venue voir, un rictus blasé se dessina sur ses traits et il prit un ton de diva dérangée, surjouant volontairement l'agacement.

« Sérieux, la prochaine fois, je la fais flamber, cette poubelle de métal. »

Il n'était pas sérieux, certes, mais... Ouais, bon, d'accord, il en rêvait sûrement secrètement, de carboniser ce foutu ascenseur défectueux. Passant au delà de sa fausse menace, il s'approcha du bureau et posa un peu négligemment les boîtes qu'il portait, faisant bien attention à ouvrir la première pour en révéler le contenu. Une mine faussement dégoûtée à l'excès sur son visage, il leva les yeux au ciel. Sa voix, toutefois, laissant transparaître une pointe de jeu qu'il ne ferait pas l'affront à son interlocuteur d'expliciter davantage.

« Tiens, ton horreur, là, avec des champignons. Tu m'fais honte, tu sais ? Ah, et ils avaient plus de calzone au chocolat, alors j'ai pris des dimachis. J'suis persuadé que c'est des faux, mais ça devrait faire l'affaire. »

C'était somme toute assez banal, comme programme, et lui rappelait toujours un peu des scènes différentes d'il y a quelques années, quand ils n'imaginaient pas encore que les choses évolueraient ainsi. Mais, au delà de la légère sensation étrange, mélange de nostalgie, de regret et de fatigue, que cela provoquait chez lui, Faust ne crut pas nécessaire de s'y attarder trop longuement. Préférant se changer les idées, il alla déplacer deux des fauteuils qui se trouvaient dans la pièce pour poser ses fesses dessus, et ne pas non plus être à l'autre bout de la salle. Les yeux fixés sur les grandes fenêtres donnant sur la ville endormie, illuminée uniquement par les façades et néons de ses commerces ou par les dernières fenêtres encore allumées, il se permit un sourire. Puis, jetant un coup d’œil circulaire à la pièce dans laquelle il se trouvait, il ne put s'empêcher de prendre un ton narquois pour tomber dans le chahutage.

« La vue est pas moche, quand même. La déco, c'est autre chose. »

Il gloussa bêtement, la fatigue n'aidant sûrement pas son sens de l'humour très médiocre. Il fit craquer ses articulations, et essaya de ne pas s'inquiéter des bruits glauques qu'il entendait par la même occasion, puis joua mécaniquement avec l'accoudoir d'un des sièges sur lesquels il était assis. Fixant enfin son regard sur la pile de dossiers qui surplombait le meuble de bois.

« Donc, t'as fini de planifier ta vie avec ces rapports ? Que je sache si je dois attendre et commencer sans toi. »

Bien évidemment, au delà de la vanne facile, il y avait une remarque plus discrète, sur laquelle il n'avait pas non plus envie de s'attarder. Mais pour l'instant, franchement, ces pizzas étaient tellement attrayantes qu'il n'avait pas envie de réfléchir au reste.

28 novembre 2022, soir (~23h)

Faust M. Donovan
Faust M. Donovan
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Dim 26 Nov 2017 - 1:36
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Samaël Enodril-Miyano


&&&


Bromance isn't dead
It's... Fabulouuuus !
"avec les deux débiles"



Les rapports des collègues, les patrouilles pour répartir les tâches à travers l'île, la sécurité renforcée des nouveaux enclos pour les Pokémons des ex-Régimeux... Ah, et aussi les accords à donner aux matons du pénitencier d'Amanil.
Je soupire, autant de fatigue que de soulagement. Pour une fois, je n'ai rien oublié des affaires les plus urgentes dont je devais m'occuper. Mais cela n'empêche pas que ça reste éprouvant, quand bien même je devrais en avoir bientôt terminé avec tout ça. Des heures après tout que je suis assis dans ce bureau à m'occuper de papiers auxquels je me suis habitué, mais... Qui restent importants malgré tout et que je ne peux donc pas vraiment négliger. Avec mon poste, on ne me confie pas vraiment les besognes les plus futiles ; des Champions et des Conseillers sont déjà là pour s'en charger. Je suis pourtant parmi ceux qui ont le plus de responsabilités, logiquement, et la dose de travail en est proportionnelle. S'occuper d'une île, même avec l'aide du Maître Coordinateur, ça reste peu simple. Enfin... Mon plus gros problème n'est pas la montagne de boulot en soit, mais plutôt les conséquences : je finis tard, et donc je ne peux pas profiter de moments de détente chez moi comme je le voudrais. Je n'aime pas ça, mais j'ai même dû prévenir Natsume que je ne pourrais pas dîner avec lui ce soir. Je n'ai pas le choix, la vie est faite ainsi. Mon métier comporte autant d'avantages que d'inconvénients, mais je dois l'assumer.

Heureusement, tout n'est pas noir pour la soirée. J'ai pu au moins avoir une bonne surprise quand Faust m'a prévenu il y a peu qu'il passerait me rendre visite afin qu'on puisse se faire de la pizza tous les deux. Une nouvelle qui a réussi à remonter un peu mon humeur, même si je me surprends à bâiller et que ça m'agace de me sentir fatigué, alors que c'est pourtant normal. Je suis bien l'un des derniers -si ce n'est le dernier- à rester encore alors qu'il doit être pas loin de vingt-trois heures-minuit. Et encore, même quand y'a du monde en journée, il y a généralement pas tant d'agitation que ça dans mon bureau. J'envie un peu parfois ceux que je devrais appeler 'mes subordonnés' qui sont en open space. Ce doit être plus convivial que cette grande pièce qu'on m'a donné, au moins. Je ne peux pas me plaindre de l'espace car il y a bien trop de place pour moi, mais je n'en ai vraiment besoin que lorsque j'accueille des gens, ce qui ne se fait pas si souvent. La seule chose que je ne peux définitivement pas nier, c'est qu'il y a une vue époustouflante, depuis les fenêtres.

Je me permets une pause de quelques secondes le temps de m'étirer, mais mon regard dévie des papiers et se porte tout à coup sur l'une des photographies que je garde sur mon plan de travail et que je prends la peine d'admirer quand j'en ai besoin. Une photo assez simple où je me trouve avec le Miyano ; mais c'est bien l'une des rares où il sourit à l'objectif. Rien de bien palpitant à raconter sur l'anecdote derrière, mais la voir me donne toujours un peu de chaleur dans la poitrine. C'est l'une des choses qui me permet de tenir aussi longtemps quand je suis débordé par le travail, quand ce n'est pas le verre d'eau dans lequel je trempe régulièrement mes mains pour me tenir éveillé. Mais bon, je devrais bientôt avoir bouclé le dossier qui traîne actuellement devant moi. En me motivant par la venue future du Donovan, je m'y remets donc, pressé d'être débarrassé pour aujourd'hui. Cela faisait en plus un bail que je n'avais pas eu de temps assez libre pour voir mon frère de cœur, alors ça me fait plaisir d'avoir des nouvelles, de lui comme des autres, notamment ses filles qui grandissent un peu plus chaque jour. Si je connais un peu moins la cadette, je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée que Alice est une adolescente, à présent. J'espère au moins qu'elle ne fait pas trop tourner son père en bourrique, héhé... Il n'a pas besoin de ça en ce moment. Enfin en ce moment... Bref, j'espère qu'il va bien.

Quand on parle du loup...
On en voit les cheveux. Ou presque. En vérité, je ne lève que brièvement le visage pour vérifier qu'il s'agit bien de lui, avant de me remettre sur le document entre les mains. Un sourire se dessine toutefois sur mes lèvres en le sentant approcher, puis en l'entendant se plaindre de l'ascenseur qui est tombé en panne aujourd'hui. Oups, j'ai oublié de le prévenir... Je n'en étais pas dérangé car j'ai avec moi la possibilité de me téléporter, mais il est vrai qu'on est allé me voir pour m'en informer, et un réparateur devrait venir demain matin, en principe. Je glousse devant sa remarque, convaincu qu'il pourrait effectivement faire flamber cette cage d'acier ma foi bien pratique quand même, mais sursaute lorsqu'il pose négligemment ses... quatre (???) boîtes de pizza sur ma table. Je n'arrive cependant définitivement plus à me concentrer quand je sens l'odeur plus qu'alléchante qui sort des cartons. Et c'est à ce moment-là que mon estomac me rappelle que j'ai effectivement faim et qu'il est plus que l'heure que j'avale quelque chose. Je ris cette fois franchement devant son air dégoûté.

« Eh oui, Faust, j'aime les œufs et les champignons. Il fallait bien qu'on me trouve quelques imperfections. »

Parce qu'il n'est pas le seul qui ait le droit de faire de l'humour, après tout. Mais malgré que ces pizzas aient l'air absolument délicieuses, j'ai quelque chose à conclure, avant. Je ne peux pas me permettre même une bouchée sinon je sens que je ne vais pas avoir le cœur à terminer ces rapports ce soir. Je le laisse donc faire ses installations, habitué à ses aménagements personnels, pendant que je regarde ce qu'il me reste à faire. Je ne suis pas mécontent d'avoir enfin de la compagnie à mon travail. Déjà que d'ordinaire mon étage est plutôt silencieux, mais alors quand tout le monde s'en va... On entendrait une mouche faire sa vie, quoi. Si je ne suis pas devenu fou, à force, c'est bien parce que je sais que quelqu'un m'attendra toujours quelque part. Mais comme il dit, j'ai une vision panoramique assez chouette, depuis ce bureau, l'un des seuls points positifs de se trouver aussi haut. Enfin, il doit avoir à peu près le même, non ? J'ai toujours imaginé ceux des Conseillers presque aussi mégalomanes que ceux des Maîtres. Mais s'il plaisante, il est vrai qu'un peu de décorations bien à moi améliorerait peut-être mon humeur quand je dois rester ici aussi tard. J'imagine que je pourrais bien me faire plaisir, puisque j'ai autant d'espace vide et de confort à ma disposition. En dehors de ça... Je suis bien content qu'il soit venu.

« Tu oserais t'empiffrer devant moi, sur mon propre territoire, alors que je bosse à côté ? Frangin indigne. »

J'affiche un sourire blagueur, un air faussement blasé sur mon visage, avant de constater ma tâche en réfléchissant. Meh. Allez hop, quelques signatures pour des documents administratifs, et finito ! J'ai fait largement la plus grosse partie, de toute façon. Le reste, ce ne sont que des détails. J'estime que j'ai bien mérité de me reposer, à partir de maintenant.

« Fiou ! Dis, tu voudrais pas mettre tous ces rapports dans la 'poubelle de métal' et ensuite la brûler ? »

Là encore, je vanne, mais je ne peux pas dire que je n'en aurais pas envie, quelques fois. Lorsque je me retirerai, c'est ce que je ferai : je prendrai tous ces fichus dossiers et je ferais un grand brasier que je fixerai avec une satisfaction certaine. Mais avant ça, pizzas ! Mollement, je me déplace donc jusqu'aux fauteuils qu'il a rassemblé et me laisse retomber dessus comme si mon corps pesait soudain une tonne. Pour un peu, si je crevais pas la dalle, là, bah je piquerais bien un roupillon. Mais bon, faudra bien aussi que je rentre. Il n'y a pas meilleur endroit pour dormir que dans mon lit, avec ma peluche vivante. Avec un effort surhumain, je tente de me redresser, avec beaucoup de maladresse, et scrute la nourriture qu'il a apporté, en salivant d'avance.

« À taaaaable ! »

Sans me le faire dire deux fois, et puisque je sais que Faust n'en prendra pas, je me rue sur la pizza aux champignons pour engloutir les parts une par une. Si je ne me retenais pas, je la fermerai en deux telle une calzone et je la mangerais comme ça. Mais bon, je ne suis pas un cochon à ce point. Quoique... J'dois pas avoir l'air très fin, là. Je sens de la sauce tomate partout autour de la bouche.

« Hmmm ! Ché délichieux ! Tu rates quelque choche Faucht ! »

Lâchement, j'ai préféré ne pas penser à son sous-entendu à propos de mon boulot infernal, mais rien que de lever mes yeux sur la pile assez incroyable de lutins arc-en-ciel qui se superposent les uns sur les autres, je ne peux que comprendre son inquiétude. Je ne vais pas mentir : mon rythme de vie n'est pas particulièrement sain. Mais ça aussi, je fais avec. Peut-être est-ce moi qui ai un problème d'organisation, toutefois je ne peux rien faire d'autre pour le moment tant que la situation avec Elixir ne se sera pas calmé pour de bon. Leur dernière 'attaque' au gala ne nous a pas laissé de tout repos et nous avons dû subir des critiques qu'on doit à présent faire taire comme on peut. Je ne suis pourtant pas le seul concerné, et avale mes bouchées en portant mon attention sur le hérisson.

« Mais allons bon, Faust, concernant ces rapports, n'as-tu pas quelque chose de similaire ? »

S'il se fait du souci pour moi, qu'il sache que c'est réciproque. Qu'il se rappelle que c'est réciproque. Et que je ne suis pas le plus à plaindre. Les Conseilles, les Champions... Je sais qu'ils font tous de leur mieux.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Jeu 30 Nov 2017 - 0:11
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Faust M. Donovan
>>> Bromance isn't dead


Ft. Samoboulo

N'allez pas vous tromper : il ne ferait pas le frangin lourdingue en se montrant envahissant par des remarques et conseils plus gênants qu'autre chose. L'autre avait passé l'âge qu'il ne lui fasse des remontrances, même si son côté vieux con ne paraissait pas vraiment contre l'idée. Mais malgré tout, en voyant cette pile de dossiers sur son bureau, il n'avait pas pu s'empêcher une once d'inquiétude de lui piquer l'esprit, et le sous-entendu était parti tout seul. Il ne lui en voudrait pas d'ignorer le sujet, et c'est pour cela qu'il fut assez rassuré de voir que son interlocuteur était passé à autre chose. Les doigts de pied en éventail sur un des fauteuils (car oui il avait littéralement enlevé ses chaussures), Faust esquisse un sourire devant les propos taquins du cadet, satisfait de le voir répondre à son petit jeu.

« Ouais, bah en attendant, ça pue, ton truc. C'est une attaque envers mes narines, alors tu m'excuseras si je me baffre sur ton 'territoire'. Qui est moche, d'ailleurs, sérieux. Donc tu peux t'brosser pour que j'te débarrasse des ces horreurs. »

Si il exagère un peu son ton nasillard, son grand sourire trahit sans peine ses véritables pensées. L'air de rien, sa tête s’abaisse et son regard se perd sur le plafond, cherchant sans doute quelque chose pour s'occuper, même une mouche. Il bat un peu des pieds, impatient, car malgré ses mots, il a bien du mal à se jeter sur la nourriture comme il avait menacé de le faire. Ne serait-ce que par, bah... Pitié, à vrai dire. Ce serait cruel de faire ça au cadet, alors il se contient, quand bien même il n'a pas eu le temps de manger à midi et que son croissant du matin lui paraît bien loin. Néanmoins, sa torture prit vite fin ; l'Enodril lâcha enfin des yeux ses foutus papiers pour venir s'écrouler à ses côtés. En ricanant gentiment, Faust lui tapota la tête avec le bout de son doigt, dans un espoir puéril de le provoquer ou de susciter une réaction, peu importe laquelle, de la part de ce zombie ambulant.

« Eh bah enfin ! Tant de mépris... Tu me brises le cœur, tu sais, mon p'tit père. »

Mais oui, à table. Le Donovan ne se gêna pas pour se précipiter comme un malpropre vers son propre carton, révélant le trésor bourré de viande et de sauce tomate qui s'y trouvait. Écoutant à peine ce que lui disait Samaël, le conseiller prit deux parts d'un coup, les additionnant l'une sur l'autre pour s'en faire une imitation grotesque de tourte et l'enfourner dans le trou noir qui lui servait de bouche.

« Chuis décha occhupé, echpèche de malpoli ! »

Classe, très classe tout ça. D'autant plus qu'un magnifique morceau de pâte s'était perdu par terre, sans même que Faust ne le remarque. Le silence religieux qui tomba dans la pièce en disait assez, en tous cas, sur le fait que le repas était apprécié, peu importe à quel point leurs artères allaient prendre cher. Trop occupé à manger tellement salement qu'il aurait repris Alice si il l'avait vu agir ainsi, il ne répondit pas tout de suite à la question du Maître Dresseur. Il prit quelques secondes à réfléchir à une façon de répondre qui lui conviendrait, et elle vint après après ce laps de temps. Une moue boudeuse vint toutefois étirer ses lèvres couverts de sauce tomate et d'un subtil mélange chorizo-steak-mozzarella fondue. Râlant faussement, il fit comme si il n'avait pas compris le sous-entendu de la phrase du cadet.  

« Eh oh, ça va. Tu vas pas me faire la morale de venir te voir, hein ? »

Bien sûr qu'il avait saisi que l'autre lui renvoyait sa propre masse de travail. Mais c'était plus simple de prétexter l'ignorance ou la bêtise, ne serait-ce que parce qu'il n'était pas forcément sûr de pouvoir mettre les pieds dans ce sujet. Alors, comme à chaque fois qu'il était un peu mal à l'aise, il sortait un sourire de nulle part et un peu de prétendue stupidité ; que Samaël le remarque, toutefois, lui importait peu. L'intention était là.

« J'ai d'jà assez de trucs en r'tard comme ça, mais sérieux, cette maison des fous me fatigue. Mais par bénévolence, l'adorable et brillant, splendide et magnifique, grand frère aimant que je suis a décidé de t'offrir un peu de son temps. Donc. Tu me donnes des nouvelles, ou faut que je te les tire du nez comme la sauce tomate qui va finir par rentrer dans tes narines si tu continues à manger comme ça ? »

Il taquine, mais son hypocrisie est assez flagrante quand son propre nez ressemble déjà à celui d'un clown. En s'étirant un peu, il prit bien soin d'agiter son pied par dessus la tête de l'autre, par pure volonté d'être un emmerdeur, tandis qu'il avalait un nouveau morceau trop gros pour sa bouche. Il manqua de s'étouffer avec et recula brusquement, toussotant d'une manière ridicule. Toutefois, comme si de rien n'était, il releva le regard vers son interlocuteur, l'air amusé, le ton plus léger empreint de plaisanterie.

« Parce que bon, c'est pas qu'Alice se contente de m'dire que vous allez bien quand elle squatte chez vous, mais un peu. Et d'ailleurs, Morgane te demande si ton masque est collé à ta tête, quand elle te voit à la télé. Ça la perturbe vraiment, j'sais pas pourquoi. »

D'un côté, ce n'était pas comme si il était anormal pour une adolescente de vouloir partir un peu de la maison familiale, alors il n'était pas dérangé lorsqu'elle choisissait l'habitat de son cousin et de Samaël. Mais d'autre part, il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter un peu, surtout face à la lente recrudescence de ce comportement, et ces remarques étaient mine de rien à la fois une demande de nouvelles qu'une façon de le remercier pour cela.
Mais en scrutant le visage du cadet, notamment les cernes qui noircissaient le dessous de ses yeux, une lueur plus sérieuse passa dans les iris bleus de l'aîné.

« T'as une tronche à dormir par terre, n'empêche. Tu veux pas rentrer chez toi, après ça ? Au pire, j't'aiderai à terminer demain matin, hein, c'est pas ça qui me dérange, tant que j'ai du café. »

Et il était sérieux. Parce que vraiment, d'expérience, dormir sur un bureau n'était pas la chose la plus agréable au monde.

28 novembre 2022, soir (~23h)

Faust M. Donovan
Faust M. Donovan
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Sam 2 Déc 2017 - 1:15
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Samaël Enodril-Miyano


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"avec les deux débiles"



Le canapé est si moelleux que je pourrais m'enfoncer dedans pour y dormir. Mais la délicieuse pizza qui me remplit peu à peu l'estomac m'aide à oublier la fatigue pendant les instants où je peux m'empiffrer comme un cochon sans craindre le regard blasé de mon petit-ami. Je ne sais pas si c'est la faim ou si ces pizzas sont vraiment bonnes, mais elles fondent dans ma bouche avec plaisir et je sens mes muscles qui se détendent progressivement. Il y avait trop longtemps que je n'avais pas pu en manger, et ça me manquait terriblement. Mais je sais que le Donovan ne rechigne jamais aux soirées séries/films devant lesquels nous nous baffrons bien grassement. Cela me fait toutefois tant de bien de pouvoir passer du temps avec mon aîné, alors que je sais que les choses ne sont pas forcément plus évidentes pour lui et qu'il est également très occupé. Mais ça me fait chaud au cœur de bénéficier de sa présence, et bien plus que ce que je peux imaginer. Rien que le voir se goinfrer comme un malpropre me tire mon premier rire de la journée, à tel point que je manque de m'étouffer avec un morceau de pâte. Ce bureau n'est pourtant pas habitué à me voir m'enjailler ; pour un lieu de travail, quoi de plus normal, mais je ne pourrais pas survivre à un tel rythme de boulot intensif si je n'avais pas quelques moments plus légers où je pouvais être moi-même. Je ne regrette pas vraiment mon rôle car il est plus ou moins honorifique, mais n'importe qui finirait pas être aussi fatigué que moi avec tous les responsabilités qui sont tombés sur moi sans que je n'y sois vraiment préparé officiellement.

Néanmoins, j'ai beau être... le « supérieur » de Faust -et Arceus sait que cette formule m'est étrange même encore aujourd'hui-, je suis conscient que c'est aussi un grand garçon et qu'il semble se débrouiller mieux que moi pour organiser ses grosses piles de dossiers. Pourtant, je sais aussi que, si personne ne prend soin de lui, ce n'est pas le concerné qui le fera. Il est normal, même si c'est hypocrite, que je m'inquiète de son état alors qu'il a en plus deux filles à sa charge qui comptent sur leur papa. Enfin... L'une est dans sa période rebelle, mais... Personne n'oserait remettre en question le lien familial qui unit Alice à Faust. De mon côté, si Natsume peut se débrouiller seul -même qu'il est plus mature que moi-, et même si le lapin m'a dit que je n'avais pas à m'en préoccuper, je ne peux pas rester impassible devant Axel qui vit désormais chez nous. Enfin, chez Natsume, techniquement, puisque je ne suis pas encore installé officiellement avec lui. Je n'ai aucune obligation parentale quelconque par rapport au gamin, mais je me détesterai de laisser au Shimomura devoir le gérer tout seul alors en plus que je sais qu'il n'est (malheureusement) pas (encore) très à l'aise avec les enfants. Alors lui faire la morale n'est clairement pas mon but, mais il sait tout autant que moi, comme la propre pique qu'il m'a lancé tout à l'heure, ce qu'impliquent ces sous-entendus que nous nous jetons régulièrement. Il a cependant, je ne peux le nier, bien meilleure mine que la mienne. Ou du moins je le suppose. Je n'ose plus trop me regarder dans le miroir quand ce n'est pas pour vérifier que mon costume est bien en place, il faut dire, de peur de devoir me confronter à la réalité que je fuis lâchement en travaillant davantage alors que ça ne peut faire qu'empirer mon cas. Mes cernes, je sais qu'elles sont bien visibles et qu'elles décorent 'joliment' mes yeux comme un maquillage d'Halloween. Elles sont même tant marquées qu'on m'a déjà fait la remarque, me disant que le fard à paupières, comme son nom l'indique, se met sur les paupières et pas en dessous. Mais les sourires de Faust ne prennent plus avec moi, et ce depuis un bail. Je suis cependant encore mal placé pour lui faire des véritables remontrances, même si je me fais du souci à son propos.

Au moins nous sommes d'accord pour parler du mal de crâne que nous donne l'administration. Nous serons peut-être les prochains dingues à devoir demander qu'on nous fournisse un laissez-passer A38. Je m'arrête net de manger cependant quand il aborde la sauce tomate qui encadrent en effet ma bouche et que je n'ai pas pris la peine d'essuyer. Si on s'embêtait à être propre avec le Conseiller en ce qui concerne les pizzas, on serait pas sortis de l'auberge. Ou de cette tour bien trop grande, en l'occurrence. Ce serait également assez bête de laisser tout ça refroidir, alors que je les ai déjà faites attendre. Encore une fois, de toute façon, il a beau me dire ça, il ne peut pas trop parler, vu les morceaux de fromage et de chorizo qui collent à ses joues rondes dues à la nourriture à l'intérieur, et dont la vue me tire un nouveau gloussement.

« Tu peux parler, spèce de cochon ! »

Je lui désigne ensuite du doigt les bouts de sauce bolognaise sur sa peau avant de m'emparer quand même d'une serviette pour me nettoyer un peu. Ah bah, le voilà qu'il s'étouffe à son tour ! Ce devait être le karma, pour s'être moqué de ma manière de manger !
Fut un temps où nous nous voyions tellement souvent qu'il n'y avait pas besoin de donner de nouvelles ; nous les vivions ensemble sur le moment. C'est une époque qui me manque un peu lorsque j'y pense, mais c'est comme ça. Je pourrais rendre plus souvent visite à mon frère de cœur, moi aussi, si seulement j'arrêtais de bosser comme un forcené. Si c'est un peu douloureux de constater le manque de temps que nous avons maintenant, je suis heureux malgré tout de voir que rien n'a changé entre nous.

« Je lui dirai, un jour, que si je laissais mon visage à découvert tout le temps, ma beauté naturelle rendrait tout le monde jaloux. »

Inutile de préciser l'ironie dans ma voix, elle doit être assez palpable comme ça. Mais cela tombe bien qu'il parle de ses enfants car j'allai moi aussi lui demander de m'en parler un peu plus. J'ai l'occasion de côtoyer Alice quand elle vient nous rendre visite à l'improviste, mais je connais encore mal la petite dernière arrivée il y a quelques années, et je suis pourtant assez curieux de la connaître un peu plus. Le peu que je l'ai vue, j'ai néanmoins trouvé la benjamine touchante. Je souris, amusé, en me disant que ça serait quand même assez compliqué si je devais porter le masque de Sirius même à la maison. On me prendrait pour un fan hardcore, sans aucun doute.
Au moment où je prends une gorgée d'eau pour m'hydrater, je me fige. Le sérieux est retombé dans la pièce suite au tourment de Faust à mon égard, qu'il ne tente plus de cacher par des sous-entendus, cette fois. Je laisse planer un léger blanc, ne faisant du bruit que par le seul fait de poser mon verre sur la table basse, ne voulant pas répondre tout de suite. Mais un mince sourire un peu peiné se dessine sur mon visage en considérant son inquiétude.

« … Je fais peur à ce point, pour tu te rajoutes du travail en plus de ce que tu as déjà ? »

Je le savais. Je savais qu'il serait impossible pour moi de masquer mon manque de sommeil, même si je mettais de l'anti-cernes. Surtout à Faust, je n'aurais pas pu dissimuler ma fatigue, quand bien même je me serais paré du meilleur déguisement pour cela. Mais ce n'est pas comme si j'avais essayé de prouver le contraire. Je n'ai pas cherché à placer temporairement des dossiers sous mon bureau pour faire croire que je ne travaillais pas tant que ça ; je n'ai pas cherché à faire comme si j'étais si organisé en faisant semblant de glander quand il est entré dans la pièce ; je n'ai pas cherché non plus à m'asseoir correctement sur ce sofa pour ne pas montrer mon envie folle de m'y endormir pour trois jours au moins. Je n'ai rien cherché à faire tout ça, et en même temps, à quoi bon ? Il me connaît trop bien. Bientôt dix ans, maintenant, que je le côtoie, après tout. Au final, je n'apprends que ce que je sais déjà. Je n'apprends que ce que j'essaye de fuir. Je suis évidemment de ce genre de personne qui ne s'occupent pas d'eux-mêmes mais restent les premiers à venir en aide aux autres. Et les 'autres', ils sont nombreux, désormais. Toute une île compte sur nous pour assurer la sécurité, au dépit d'une Elixir qui ne semble pas totalement approuver nos agissements.
Un soupir m'échappe, avant que je ne lève sur l'aîné un regard un peu moins éteint.

« Ne t'en fais pas pour moi, j'allais rentrer après ta venue, de toute façon. Tu as suffisamment à faire. Et puis... J'ai un enfant à récupérer. »

Si seulement il veut bien que je vienne le chercher.
Oh, Axel... Bien sûr que je ne l'ai pas oublié. Faust saura de qui je parle, mais je me dis que mentionner son nom aurait été suffisant pour possiblement le mettre mal de ne pas avoir pu prendre soin de lui à la place de son frère. Ce n'est pas toujours facile pour Natsume, mais il a sans doute fait le meilleur choix possible pour le gamin. C'est bien son parrain, après tout. Et moi... Moi je connais Clive, mais je ne suis rien pour Axel. Rien si ce n'est l'homme avec qui il doit partager Natsume, pour son plus grand déplaisir, j'ai remarqué. L'homme qui va vivre avec eux. L'homme auquel il va devoir s'habituer. L'homme qui a décidé de ne pas demeurer neutre à l'existence du petit garçon ne serait-ce que pour soutenir son copain. Alors je ne ferais pas l'affront de m'épancher sur Axel si Faust ne me pose aucune question là-dessus. Je n'ai pas envie qu'il culpabilise par rapport à lui. Il a fait ce qu'il pouvait, mais ce n'était simple pour personne.

« Je suis un peu triste que Natsume ait dû partir, mais... Il revient bientôt, alors je ne m'inquiète pas. Faudra qu'on organise un barbecue pour son retour ! Et euh... »

Un sourire plus timide mais plus chaud apparaît sur mon visage pour l'illuminer un peu. Je baisse légèrement les yeux, me rappelant de ce détail qui pourtant n'est pas si anecdotique pour moi, pour nous. Cela symbolise quelque chose de vraiment important, et je tiens à le partager avec ceux qui comptent pour moi.

« F-Fêter notre... Notre pendaison de crémaillère. C'est comme ça qu'on dit, non ?.. Je vais... Je vais officiellement m'installer avec Natsume losqu'il rentrera du Japon. Alors... J'ai un peu hâte. »

Faust n'était pas au courant, après tout. Enfin... Tout le monde s'en doutait très fortement, mais je ne faisais jusque là que squatter chez lui comme j'avais fait chez Faust à une période. Mais là, c'est pour de vrai, pour de bon. Je vais officiellement quitter la maison où j'ai toujours vécu pour vivre ma vie avec celui que j'aime depuis huit ans. Je me disais que cela pourrait améliorer un peu l'ambiance et donner au moins une bonne nouvelle au Donovan. Je pensais que tous nous réunir pour célébrer un événement comme celui-ci serait une bonne idée, même si Natsume ne va probablement n'y trouver aucun intérêt. Je me racle la gorge pour calmer ensuite la gamine de quatorze ans toute excitée qui sommeille en moi quand ça vient à aborder des sujets mièvres comme celui-ci.

« Mais... Pour le travail ou juste pour parler un peu... Tu es toujours le bienvenu ici, tu sais. Ma porte t'est grande ouverte, quand tu veux. »

J'esquisse une expression plus tendre en espérant être suffisamment convaincant. Je veux qu'il se sente libre de venir me voir à n'importe quel moment. Quand on va bien, quand on va mal... Je pourrais faire encore un peu de place sur mes épaules, s'il veut discuter de quelque chose. Ou s'il veut simplement une présence, un câlin, un conseil, une aide... Aheum, après tout... Un bon patron s'occupe de ses employés, pas vrai ?.. Bon, d'accord, je me tais.
Samaël Enodril-Miyano
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Ven 8 Déc 2017 - 1:02
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Faust M. Donovan
>>> Bromance isn't dead


Ft. Samoboulo

Il aurait aimé faire comme si, ne serait-ce que pour éviter de mettre son cadet dans l'embarras en abordant un sujet qui ne demandait pas forcément à être abordé, ou du moins qui aurait pu constituer une ligne rouge. Ce n'était pas comme si il ne connaissait pas suffisamment Samaël pour savoir que ce dernier avait tendance à ne pas aimer parler de lui, mais l'inquiétude avait réussi à faire glisser cette question de ses lèvres. Il essaie de faire comme si de rien n'était en avalant une nouvelle bouchée de pizza, mais ses yeux sont fixés sur le plus jeune, dont il inspecte attentivement les réactions.
Alors bien sûr, ils peuvent rigoler, raconter des vannes mauvaises pour oublier un peu tout le reste le temps d'un rire, mais c'est passager. Et même si Faust glousse bêtement quand Samaël lui reproche la précipitation avec lequel il se goinfre de pizza, et que sa blague suivante lui tire un éclat de rire stupide, ils savent sûrement tous les deux qu'ils tournent autour du sujet.

« Et moi qui croyait que c'était pour éviter les traumatismes ! »

Il ricane comme un enfant, très fier de son humour quelconque et qui n'est pas franchement drôle, plus amusé par leur complicité qu'autre chose. Mais ce moment de détente se ralentit lorsque Faust met les pieds dans le plat. Le silence s'installe, et le regard du Donovan devient plus sérieux, bien qu'aucune trace de sévérité ne passe dans ses iris bleutés. Il attend de voir si il est supposé changer de sujet, ou si il a dépassé une ligne, mais ce n'est visiblement pas le cas. Le sourire peiné du plus jeune le fait soupirer, et il grimace. Au moins, Samaël ne mentait pas, ce qui pouvait être considéré comme un progrès, quelque part... Ou pas. Il ne savait pas trop, à vrai dire. La phrase suivante lui fit offrir un regard désabusé, voulant sans doute dire à son frangin qu'il ne servait à rien de lui servir une phrase par défaut.
Mais il ne répondit pas immédiatement, quelque peu crispé lorsque l'évocation d'Axel fut faite. Il n'y peut rien, et c'est en quelque sorte normal, mais la honte qu'il ressent lorsqu'il entend parler de son neveu ne diminue pas avec le temps. Comment ne pas se sentir coupable, après tout, quand il considère qu'il a abandonné le fils de son jumeau ? Qu'il a failli à la confiance de Clive, et s'est montré tellement irresponsable qu'un jeune adulte tout juste responsable s'est vu forcer de prendre sa place. Ce n'est pas comme si cette honte l'empêchait d'aller voir l'enfant ou de rendre service à Natsume quand les épaules de celui-ci devenaient trop lourdes, mais elle lui faisait certainement baisser les yeux, comme en ce moment.

« Ah, ouais. Tant mieux, passe-lui le bonjour. »

C'est pathétique, et même son sourire bancal ne doit pas cacher grand chose, sûrement face à quelqu'un qui le connaît aussi bien que l'Enodril. C'est davantage une formalité, et Faust n'a pas vraiment de doutes sur le fait que l'autre comprendra son intention de changer de sujet, aussi bêtement lâche soit-elle. Et heureusement, le changement de sujet arrive, même si ce dernier lui fait avoir une expression quelque peu moqueuse.

« Roh, pauv' petit, il est juste parti un mois. Tu survivras, allons. »

Le Donovan lui tapote l'épaule, et bien qu'il le chahute, sa compassion transparaît par la douceur de son geste. Il veut bien comprendre le plus jeune, puisque ces deux là n'ont pas dû passer plus de trois jours sans se voir depuis leurs seize ans, mais l'entendre parler de ça l'attendrit plus qu'autre chose. Quoique d'un côté, il comprend que cela puisse être très pénible, et cela l'inquiète un peu quand il se rappelle que son homologue travaille étrangement plus depuis ce fameux départ provsoire. Il attend toutefois d'entendre la suite, rendu curieux par la timidité soudaine de Samaël, qui ne l'est pas si souvent. Rien que l’apercevoir suscite son attention.
La nouvelle qu'il apprend, toutefois, lui fait un peu cligner puis écarquiller des yeux. Il ne demanda pas à l'autre de répéter, ayant bien entendu, mais il se permit tout de même un éclat de rire joyeux, attendri. Ne s'étant pas attendu à ça, sa réaction était sincère et authentique, quoique maladroite et franchement un peu lourdingue, si il avait réfléchi plus de cinq secondes à ses propos, comme il aurait dû le faire.

« Eh beh ! Je t'avoue que j'y croyais plus, même si à force, on aurait pu croire que c'était déjà fait. Si tu veux que j'amène des côtes de bœuf... »

Morfale et un peu con, oui. Voir un peu lourd sans s'en rendre compte, mais il ne pensait sincèrement pas à mal. Son expression joviale traduit son contentement pour le cadet, pour qui il sait que ce genre de choses est importante ; il est moins sûr, en revanche, de l'autre cas, mais il ne se permet aucune supposition. Ce n'est pas vraiment son souci, de toute façon. Dans tous les cas, il sera évidemment présent si il y a une quelconque célébration.
De toute façon, une fête sans moi, elle est forcément ratée !
Mais oui, Faust, mais oui.
Lorsque Samaël prend un air plus doux et sincère pour lui faire comprendre qu'il est le bienvenue en toutes occasions, Faust se permit un rictus, mi-fatigué, mi-attendri. Vraiment, il n'y peut rien, si il trouve le plus jeune attendrissant, mais une partie plus revêche de lui-même lui interdit pour le moment de déléguer quoique ce soit à celui qu'il considère comme un petit frère, et qu'il sait déjà bourré de responsabilités. Alors il plaisante, il taquine, il prend ce sourire joueur, cette voix légère, l'air de rien, et il parle, grignotant à moitié les derniers restes de sa pizza.

« Je sais, je sais. Tourne pas trop mièvre avec moi, tu vas me faire pleurer. De toute façon...- »

Il ne termine pas sa phrase. Comme si il s'en était rendu compte en s'écoutant parler, il s'immobilise brièvement. Il esquisse un rictus en avalant les derniers morceaux de son repas, prenant bien soin de finir la croûte, avant de poser un regard las et un peu amer sur son collègue.

« Meh. On va arrêter de se mentir, nan ? Ça commence à devenir ridicule, j't'avoue. »

Et ça l'est, n'est-ce pas ? Ridicule, il veut dire. Deux gros dadais se connaissant bien, infoutus d'avouer quelque chose de tellement évident qu'ils tournent autour du pot en faisant semblant de ne pas voir l'énorme merde de pachyderme en plein milieu de la pièce. Il ne voit pas en quoi leur désir de faire 'comme si', que ce soit par fierté, obsession, désir de se sentir utile et non un fardeau, en dépit de leur connaissance mutuelle de l'autre, est intelligent. Alors Faust trouve que c'est une bonne blague, et il s'étale un peu plus sur son fauteuil, saisissant une canette de soda japonais éhontément sucré qu'il descend d'un quart en une grande gorgée. Un peu s'en va tâcher l'un des coussins hors-de-prix, et il esquisse un air désolé-mais-pas-vraiment vers son interlocuteur, s'excusant à moitié. Puis, en se redressant, il ouvre la boîte de faux dimachis industriels qu'il pose entre eux, et, une moue un peu désabusée sur le visage, reprend la parole en posant son regard sur celui, fatigué, de l'Enodril.

« Bon, allez. J'vais être honnête, et te dire ce qui va pas. Mais en échange, tu fais la même chose. On est d'accord ? »

Puisqu'ils allaient de toute façon y arriver... Autant crever l'abcès tout de suite, plutôt que de se retrouver à pleurnicher pathétiquement autour de sucreries à deux heures du matin. Vraiment, Faust estimait qu'ils y gagneraient un temps précieux.

28 novembre 2022, soir (~23h)

Faust M. Donovan
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Lun 18 Déc 2017 - 0:46
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Samaël Enodril-Miyano


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Bromance isn't dead
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"avec les deux débiles"



Le sujet d'Axel est assez épineux avec Faust, je le sais bien. Même pour moi, des fois, ça peut paraître compliqué quand je sais que je dois en quelque sorte 'partager' mon copain avec lui. Si je ne suis pas sans savoir que cet enfant a évidemment besoin de l'adulte pour prendre soin de lui, je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement au cœur de temps à chaque fois que le petit garçon l'appelle par erreur 'papa'. Il faut pourtant que je fasse avec, moi aussi, car nous ne pouvons bien sûr pas abandonner le fils de Clive et ce n'est pas ce dont j'ai envie, malgré le malaise que sa présence peut malheureusement encore provoquer chez moi. Mais bon, je peux au moins faire de mon mieux pour aider le Shimomura, ne serait-ce que pour alléger même Maxime quand on le lui confie. Et non, je n'utilise pas ce dernier prétexte pour prouver à mon petit-ami que je sais m'occuper d'un enfant. Seulement, eh bien... Faut que je m'entraîne, si je veux avoir des gamins plus tard.

Alors puisque je sais que c'est difficile du côté du Donovan plus âgé, je n'ai pas voulu insister davantage. Je voulais avant tout lui dire que je n'allais pas rester ici toute la nuit comme j'ai déjà pu le faire depuis que Natsume est parti au Japon, et qu'il n'a pas à s'en faire dans tous les cas pour son neveu. Vous m'direz, un emménagement n'est peut-être pas forcément ce qui est le plus intéressant à aborder, surtout que c'est assez niais, comme je l'ai dit, mais je pensais que ça pourrait nous porter vers une discussion plus légère. Tôt ou tard, de toute façon, mon frère de cœur aurait été l'un des premiers au courant. Mais je n'ose pas lui dire toutefois que je suis toujours crispé quand je me trouve loin du japonais aussi longtemps. Oui, un mois pour moi, c'est 'long' lorsque je me rappelle de toutes ces fois où j'ai bien failli le perdre. De cette fois où Winter a dû le récupérer. De cette fois où il a disparu pendant plusieurs semaines et que je n'ai même pas pu retrouver le garçon que je connaissais lors de son retour, à cause de son amnésie. De cette fois aussi où, même si j'étais près de lui, les effets de l'Emergendémie dont il a été l'une des victimes l'avaient amené loin, très loin de moi. Alors à sa gentille vanne, je ris, mais un peu jaune. Le fait que je sois déjà très niais de base n'aide pas, mais comme je sais également les déboires que Natsume a déjà pu avoir avec sa famille nippone, je ne peux m'empêcher d'être inquiet pour lui.

Sans vraiment savoir pourquoi, je rougis légèrement devant l'enthousiasme de Faust lorsque je lui annonce la nouvelle. Certes, c'était très prévisible, surtout depuis le temps que nous sommes ensemble, mais c'est une toute autre histoire que de l'officialiser. Et... Pour dire vrai, je ne cache pas que je réfléchis déjà à ce qui va arriver ensuite. Nous franchissons des étapes importantes de notre relation, et si je sais qu'il est nécessaire que nous prenions le temps d'y réfléchir, les idées se font de plus en plus présentes dans mon esprit. J'avoue néanmoins que je suis quand même soulagé que l'aîné ne trouve pas mon côté fleur bleue trop ridicule. Il y en a pour qui ce genre de chose est simple à penser, simple à réaliser. Mais je suis excité pour chaque pas que nous faisons en tant que couple. Il n'a pas tort, toutefois, même s'il plaisante : nous sommes tellement collés l'un à l'autre qu'on aurait pu penser que nous vivions sous le même toit depuis un bail, même si ce fut le cas du moment où il est parti de chez Faust jusqu'à celui où il a décidé de s'installer seul dans la forêt.

« Héhé, tu crois vraiment que j'aurais confié le barbecue à quelqu'un d'autre, de toute façon ? »

Je ne suis pas sans ignorer que Natsu n'est pas très festivité en général, surtout pour une occasion pareille, mais ça me ferait plaisir de pouvoir réunir tout le monde pour qu'on puisse avoir du temps ensemble. Quand je faisais mes allers-retours chez Faust, on avait un endroit où nous pouvions nous rassembler, qui faisait office pour moi de seconde maison. Aujourd'hui, c'est un peu différent, même si je sais que nos liens sont toujours aussi forts et cette soirée avec le Conseiller le prouve. En outre, le fait de bosser ensemble dans la Milice n'aide pas trop à nous séparer. Même si... On a chacun pas mal de travail de ce côté-là. Et qu'on est un peu trop cons pour se l'avouer, quand bien même nous savons la vérité. Nous nous connaissons mutuellement assez pour remarquer quand quelque chose ne va pas. Se dissimuler sous un faux sourire ne marche plus, et c'est pour ça que je n'essaye pas de me cacher, d'ailleurs. Pas comme si je pouvais duper qui que ce soit, avec ma tronche de zombie. Et au départ, en fait, j'ai cru que le Donovan allait encore faire comme s'il n'y avait rien. Pour ne pas m'accabler, peut-être. Mais au stade où j'en suis, de toute façon...

C'est pour cela que, lorsqu'il me dit prêt à déballer enfin son sac, j'avale rapidement ma dernière bouchée de pizza sous le coup de la surprise. Je ne m'attendais pas à ça. C'était attendu, au bout d'un moment, il ne pouvait pas éternellement rester silencieux là-dessus face à moi, alors que, enfin, je peux comprendre un de ses fardeaux, même si ce n'est pas une position enviable pour autant. Mais je suis maintenant tout ouïe devant ses révélations, attentif à ce dont il peut enfin se libérer. Ce n'est pas ça qui va le faire aller mieux, mais je suis content qu'il veuille finalement se confier, surtout à moi. Il y a plusieurs années, quand on s'est rencontré, je désirais déjà faire office de confident auprès de lui, mais je n'étais probablement pas assez à la hauteur pour comprendre ce qu'il supportait sur ses épaules. Suis-je plus apte aujourd'hui, je ne sais pas, mais j'ai mûri. Je suis devenu plus fort dans le but de soutenir mes amis quand ils ont besoin de moi. C'est peut-être le moment de montrer que je peux me révéler utile. J'esquisse alors un léger sourire.

« C'est d'accord. »

D'abord sans dire un mot, je prends moi-même un petit dimachi, que je regarde quelques instants en m'amusant de la consistance du dessert. Je suppose que je dois quand même me dévoiler le premier. Au fond... Je ne sais pas trop par quoi commencer. Faust... Il traverse des passes plus dures que les miennes. Son frère est en prison, il s'en veut d'avoir dû laisser son neveu entre les mains de Natsu, sa boulot aspire son énergie, et il a sa charge une fille en pleine crise d'adolescence et une autre qui est encore assez jeune. Sans parler bien sûr de son rôle de Conseiller. Il ne me dira rien toutefois si je ne lui fais pas part de mes sentiments, c'est ce qu'on s'est dit. Et c'est un deal on ne peut plus correct. Il a aussi besoin de souffler un peu, de se reposer sur quelqu'un.
Je reste silencieux un moment cependant. Puis, je m'allonge sur le canapé et me pose contre un des coussins, contemplant le morceau de pâte de riz entre mes doigts, avec toujours cet air las mais pensif. Il y a, en effet, des choses qui me tracassent. Quand je suis assis seul à mon bureau, des réflexions me viennent parfois. Des mauvaises pensées comme des bonnes idées. Souvent les premières, ces derniers temps, malheureusement.

« Quelques fois, tu sais... Je me demande si on a eu raison de me confier de telles responsabilités. »

Je ne parle pas ici du rôle de Maître que je n'ai pu endosser qu'une fois, mais surtout du poste de leader de la Milice. Je ne suis pas seul, certes, mais j'ai l'impression qu'on compte aussi un peu sur moi, et je me demande si cette confiance est légitime.

« Je n'ai envie de décevoir personne, mais... J'ai l'impression... De ne pas être à la hauteur de leurs espérances. Et la montée d'Elixir qui n'arrange rien... »

Poussant un très mince soupir, je finis par enfourner le dimachi dans ma bouche avant de le mâcher lentement, comme si même mastiquer le dessert était quelque chose d'éprouvant tant la fatigue m'épuise. Distraitement, mes yeux se baissent vers mon plan de travail sur lequel repose entre cette fichue pile de dossiers. Non, je ne terminerai pas ça ce soir, c'est une certitude. Je ne suis pas assez idiot quand même pour penser que j'aurais pu être productif en manquant à ce point de sommeil même si l'absence de mon copain ne m'incite pas à rentrer à la maison.

Samaël Enodril-Miyano
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Mer 27 Déc 2017 - 1:10
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Faust M. Donovan
>>> Bromance isn't dead


Ft. Samoboulo

Faust n'avait pas vraiment envie que tout cela tourne emo sur les bords, mais en soit, ce n'était pas si surprenant. Vu leur état mental à tous les deux ces derniers temps, il était même bien plus surprenant que ces sujets ne soient  pas arrivés sur le tapis avant. Mais bon. Au bout d'un moment, le conseiller ne pouvait plus nier : ça devenait bien trop ridicule pour qu'il continue dans ce sens-là. Et heureusement pour lui, ou du moins pour sa fierté, l'autre finit par céder à son deal ; Faust se rassure en se disant qu'il pourra peut-être se sentir moins coupable, en agissant ainsi. C'est quelque peu lâche, et un peu traître sur les bords, mais il n'y a rien de mieux à espérer d'un type qui soigne l'inquiétude des autres par des blagues nulles et des faux sourires. M'enfin. C'est à se demander qui on parle à l'instant, n'est-ce pas ?
Tranquillement, alors qu'il regarde d'un seul œil l'étiquette de la boisson sucrée qu'il vient de s'enfiler et qui ne va sûrement pas redonner une nouvelle jeunesse à ses artères, il étire ses épaules tandis que le plus jeune parle. Faust n'est pas du genre à fixer les gens qui se confient ; Arceus seul sait à quel point c'est gênant, alors il se distrait comme il peut. Ce qu'il entend, néanmoins, ne le surprend pas. Le Donovann esquisse un rictus désabusé et compatissant, ne répondant pas tout de suite, laissant le temps à son frère de coeur de prendre toute la place qu'il veut si il le souhaite. Contrairement à ce dernier, pourtant, il ne saute pas sur la boîte de dimachis, car il est plus concentrée sur ce qu'il entend qu'il aimerait l'admettre. Alors bien sûr, il ne jouera pas les frangins surprotecteurs ; le cadet a passé l'âge qu'il lui fasse le coup. Mais malgré tout, il n'avait pas empêcher son inquiétude de croître au cours des dernières semaines, encore plus quand il avait remarqué que l'état de celui-ci semblait s'aggraver davantage depuis le départ de Natsume. Alors lorsque Samaël s'arrête, Faust glousse un peu jaunement. Oui, il comprend tout à fait, à vrai dire.

« Ouais, j'vois le genre. J'ai eu le droit à quelques courriers d'insultes et pétitions, récemment. Et les Elixiriens en manif... M'en parle pas. On aurait dit que j'avais personnellement égorgé leur mère. »

Cela fait plusieurs années déjà que leurs rôles se sont définis, même si Faust peine encore à le croire chaque matin. Il s'y est fait, car c'était ce qu'on attendait de lui, et il n'a jamais été du genre à dire 'non', malheureusement. Mais depuis quelques temps, la tension monte. Elle n'est pas encore étouffante, mais le hérisson peut sentir des regards lourds se poser sur lui à chaque fois qu'il fait des ronds en tenue : et il sait que n'est pas juste l'admiration de quelques enfants facilement impressionnables. Il aura beau dire que ça ne le touche pas, qu'il n'a pas besoin d'entendre que ce qu'il fait est bien, mais c'est bien plus difficile que ça. C'est fatiguant. C'est décourageant, des fois. Et il a l'impression, lui aussi, que les attentes sont de plus en plus pesantes. Alors il comprend. Et, comme pour signifier cet état de fait, il tapote doucement l'épaule de son ami, se permettant de lâcher sa fausse expression de gaieté pour laisser place à celle, plus cynique et lasse, qu'il aimerait ne pas avoir à dissimuler le plus souvent.

« C'est le bordel, depuis ce qu'a fait Wallace à la fête. Enfin, tu me diras, pour une fois que quelque chose se passait dans un de ces trucs... Qu'est-ce que c'est soporifique, d'habitude, hein ? »

Il glousse un peu. Ce n'est pas nouveau qu'ils ne sont pas vraiment des modèles de flegme et de sérieux lors de ces foutues soirées mondaines qui donnent à Faust presque autant la gerbe que le goût de l'ananas sur de la pizza au chorizo. Et même en amenant des gens pour se distraire (l'occasion de nombreux rencards ratés, m'enfin bref, autre sujet), rien ne rendait ça plus supportable. Mais au delà de ça, le conseiller ne saurait pas dire si il apprécie véritablement un pareil retournement de situation dans ce contexte : car depuis, les murmures mécontents grondent. Que cet accident ait été isolé et soit le résultat de simples erreurs humaines importe peu : le symbole est là, et tous ce qui n'attendaient que cela s'en donnent à cœur joie. Mais bon, de toute façon...

« J'suis pas sûr que quiconque soit à la hauteur du job. Mais faut quelqu'un pour le faire, j'suppose. »

Faust soupire un peu. C'est une constatation qu'il a depuis longtemps, en réalité. Oui, c'est vrai. Aucun d'entre eux ne devrait être aussi influent, ni avoir autant de poids sur les épaules. Ils n'en sont pas dignes. Mais personne n'est digne, aux yeux de Faust. Tout ça, ce n'est qu'une question de hasard. D'être à un endroit à un moment, et des événements qui s'embraient les uns après les autres. Et, depuis 2017, ils ne cessent de s'embrayer. Tellement que le conseiller ne peut s'empêcher de grimacer en y repensant.

« J'suis juste... Fatigué, pas mal. De faire le débile, tout le temps. De donner tout ce que j'ai, et... »

La pensée le fait se crisper. Comme si il ne supportait pas d'énoncer la suite, interdit pour une raison quelconque, il ne la termine pas. Il se rétracte presque tout naturellement, et une moue cynique fait son chemin sur son visage.

« Bah. Bordel, on dirait un gamin emo de quatorze ans en crise, c'est ridicule. »

Il ricane, mais c'est un rire un peu cassé sur les bords. Il n'a pas vraiment le droit d'être un ado en crise, de toute manière. Et même si il sait que conserver les apparences avec Samaël tient davantage  de l'idée que de la réalité, il le fait peut-être aussi un peu pour lui-même. Pour continuer à y croire.
D'ailleurs, en parlant d'ado en crise... En soupirant, il constate que le prochain point est tout trouvé. Sans vraie faim et envie, davantage pour se calmer qu'autre chose, il enfourne un dimachi entier dans sa bouche, mais regrette vite quand il se rend compte que ce dernier est fourré à la crème glacée et que ses gencives n'ont pas l'air d'apprécier le coup de froid. Malgré tout, il parvient à ne pas s'étouffer,  et reprend la parole.

« C'est juste... J'adore Alice, hein, mais elle est... Épuisante, ces temps-ci. Et fatiguante. Qu'elle soit malpolie de temps à autre, ça va, mais ses mauvaises humeurs sont vraiment pénibles depuis peu. On s'est disputé, il y a peu, d'ailleurs. J'étais crevé, et j'ai perdu patience quand elle m'a répondu de manière désagréable. C'est sans doute pour ça qu'elle a squatté votre canapé, la dernière fois. »

Pas qu'il se sente très jaloux, mais... Bon, d'accord, il y a probablement un peu de ça. Constater que votre fille préfère dormir ailleurs quand elle se dispute avec vous, ça fait un peu mal, malgré tout. Mais ce n'est pas vraiment le problème. Depuis quelques mois, quelque chose semble clocher chez elle, et Faust serait bien incapable de dire quoi : malgré ses tentatives, Alice n'avait laissé aucun indice. Et cette situation le frustre, quoi qu'il en dise, parce qu'il n'a pas l'habitude de vivre de pareils soucis avec sa fille. Elle pèse sur lui les matins, les soirs, et à chaque repas. Un énième poids, en soit. Mais ils étaient là pour parler de ça, non... ? Au final, ils y trouveraient peut-être un intérêt.

28 novembre 2022, soir (~23h)

Faust M. Donovan
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Ven 29 Déc 2017 - 2:42
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Samaël Enodril-Miyano


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"avec les deux débiles"


Je mâche le dimachi sans grande conviction, mais parler d'Elixir et de ce qui s'est passé récemment avec eux m'enlève tout le goût déjà quasi inexistant du dessert. Si même ça n'arrive pas à me faire oublier mes soucis actuels... Mais bon, les courriers, j'en ai eu le droit aussi. Et pas que des compliments. Au bout d'un moment, j'ai simplement arrêté d'y faire attention. Ils sont bien trop nombreux, et je ne suis pas celui qui pourra résoudre tous leurs problèmes ; je peine déjà de plus en plus à faire ne serait-ce que de simples signatures correctes sans que je ne fasse des ratures immondes alors... Certains me diront que je ne devrais pas prendre ce genre de menace à la légère, mais après tout ce que j'ai vécu, même si c'est prétentieux de penser ça, bah je suis plus à ça près. J'ai signé pour être Maître de la Ligue, à la base, pas pour m'occuper de la haine de tel ou tel individu, même si je fais attention à ne pas négliger l'intérêt des habitants, quels qu'ils soient. Peut-être est-ce aussi le manque de sommeil qui me met dans cet état de lassitude, ou peut-être juste l'habitude. Si j'avais su que des Pokémons dangereux étaient en liberté et semaient le chaos, évidemment que je serais intervenu. Mais ça sera jamais simple. Jamais.

Et Elixir... C'est encore pire. Ils nous regardent comme les vegans extrémistes regarderaient des carnivores sans pitié, avec ce mépris écœurant. Eux aussi, je voudrais les ignorer par lassitude, mais c'est plus difficile. Ils ont un poids plus important que les quelques péquenauds qui m'envoient des lettres d'insultes comme à Faust. S'ils ne sont pas tous semblables comme il n'y avait pas que des meurtriers du temps du Régime, il y a cette tension malsaine et sournoise qui n'attend qu'une étincelle pour vraiment exploser. Si nous continuons à nous tourner autour comme des loups affamés, rien de bon n'en sortira. Il est dur également pour moi de les ignorer également car je sais que Tristan en fait partie, de ces gens qui veulent la déchéance de la Compétition. Je peux échapper à bien des colères, mais la sienne, en raison de l'amitié qui nous liait, me brise un peu plus chaque fois qu'il s'en va déverser son venin. Moi qui pensais avoir déjà reçu assez de poison comme ça... Je sors moins souvent que l'aîné en ronde, cependant. Quelques miliciens me parlent de sécurité. Mais je n'en ai que faire, je n'ai pas peur d'être blessé. De plus, les puissants alliés ne sont pas ce qui me manque. J'aimerais, au contraire, sortir dehors plus souvent. Voir les visages de ceux que je suis censé protéger pour savoir quel sentiment je pourrais lire dans leurs yeux. Peur ? Colère ? Admiration ? Que sais-je. Nous devons être des symboles créés pour rassurer les civils. Ils doivent se sentir protégés, car la Milice a été formée pour ça. On compte sur nous et j'en suis conscient, mais... Je crains parfois de ne pas encore avoir la maturité nécessaire. Suis-je vraiment le leader qu'ils attendent ? Personne ne pourra répondre à cette question. Seulement voilà, j'ai besoin de réponses, mais le travail me retient enchaîné ici, à ce bureau, et je n'ai intérêt à sortir que lorsque des problèmes vraiment graves surviennent : sinon à quoi servent Champions et Conseillers ?

Le geste affectueux que m'offre mon frère me tire un léger sourire. Oui, je sais qu'il comprend. Je sais que nous partageons, pour la première fois peut-être, le même fardeau. Nos épaules trop frêles encore à tous deux doivent supporter de lourdes charges et je ne sais pas si nous serons aptes à les tenir comme il se doit. Aucun humain ne pourrait le faire, sans doute. Est-ce étrange de me demander de temps à autre comment Hypérion faisait pour gérer tant de soldats ? Son visage si strict renfermait pourtant un esprit qui n'était pas réputé pour sa bêtise. Le pire, c'est qu'il y a quelques personnes qui ne se trompent pas sur mon jeune âge. Je ne fais pas très vieux, en un sens, malgré le masque je porte en permanence à mon boulot (sauf là évidemment). Pourvu seulement qu'on ne rejette pas la faute sur ma jouvence alors que je fais mon maximum chaque jour et chaque nuit, délaissant même, avec tristesse, le temps que je pourrais passer avec mes proches.

Alors Olga... Olga... J'ignore ce que Faust pense réellement d'elle, mais je ne la hais point. Ne dirige-t-elle pas l'organisation qui a trouvé la solution à l'Emergya et sauvé de nombreuses vies ? Cette même organisation qui a guéri Natsume, Alice, Tristan... Quand tout ce que firent les Elites fut, au mieux, d'épauler les malades comme ils le pouvaient. Est-ce que ce ne serait pas nous, qui aurions dû trouver un remède ? Tout ceci ne serait sans doute pas arrivé. Elixir n'aurait pas gagné une telle ampleur, et nous aurions probablement le contrôle des rangers. Qu'il est bien inutile de penser à ça alors que nous pourrions refaire le monde avec des « si », je le sais bien, pourtant c'est ce à quoi je réfléchis aussi quand je m'arrête quelques instants pour contempler mes piles de dossiers et me dire « pourquoi je fais tout ça ? ». Il serait si simple de tout balancer pour désigner quelqu'un d'autre. Etait-ce un hasard, si cela soit tombé sur moi ? Je n'arrive pas à glousser à la remarque du Donovan quand il parle des soirées mondaines enquiquinantes au possible alors que son commentaire suivant me trotte en tête. Oui, quelqu'un doit le faire. Quelqu'un doit s'occuper de ce qu'on fait. Pour autant, à qui le travail doit-il vraiment revenir ? Je n'ai pas le droit à l'erreur avec la position à laquelle je suis actuellement. C'est stressant, quand j'y pense, mais pas illogique. Après tout, avec le Maître Coordinateur, nous sommes juste en-dessous de Swan, ce qui n'est pas trop mal, comme postes, vous en conviendrez. Elle me semble bien loin cependant, ce temps où j'étais Maître avant d'être leader. Où je pouvais me reposer sur les combats. Et me reposer tout court. Aujourd'hui, je n'ose même plus. Cela me paraît comme un luxe, quand je sais que je n'ai pas à me plaindre de mon rôle : ils sont tant à vouloir le même. Mais pauvres fous, si seulement ils savaient... Ou peut-être seraient-ils plus compétents que moi, qui sait ?.. Mais après n'avoir fait qu'un match de ligue dans toute ma vie en étant Sirius, ce serait dommage d'abandonner maintenant, hein ?..

Bizarrement, pourtant... Le fait que Faust ait décidé de vider son sac me soulage d'une certaine façon. Je ne dis pas que je suis la meilleure personne pour donner des conseils, mais je peux être là pour le soutenir. Nous en avons besoin mutuellement, et après tout ce qu'il a déjà fait pour moi, c'est le moins que je puisse faire. Mais il me fait également de la peine. Sa fatigue se voit, à lui aussi. Il n'est pas épargné par le travail, mais je me demande s'il s'y jette presque à corps perdu de la même façon que moi. Je ne vais pas nier et dire que je ne travaille pas plus depuis le départ de Natsume, après tout. Les paroles de l'autre me touchent quand même en plein cœur car je les comprends en sachant qu'il s'agit de lui. Ce sont des impressions que j'ai eu à son égard, moi aussi, et je ne le souhaite plus que de se reposer, à présent. Mais je le suspendais de ses fonctions, cela ne lui plairait pas du tout, j'en suis conscient. Et je serais, surtout, mal placé pour parler. Je ne reçois d'ordres que de Eleanore, pourtant et... La différence, c'est que je me préoccupe bien plus des autres. Car Faust n'est pas que sourire et mièvrerie. Faust est humain, Faust est vivant, et Faust ne peut pas se contenter de faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Il a besoin, lui aussi, de se faire entendre, de lâcher tout ce qu'il retient, d'envoyer balader ce qui l'enchaîne, de se confier, d'écouter.

Encore une fois, il ricane. Je sais que c'est faux. Un gamin en crise, peut-être, j'y connais rien, mais et alors ? J'estime qu'il a le droit. Je lui en donne la permission ce soir, s'il veut être un gamin. S'il veut déverser toute sa peine dans mon bureau, alors qu'il le fasse, je ne le retiendrai pas, je ne le jugerai pas non plus. C'est de son ado à lui néanmoins dont il parle plutôt, et je l'écoute avec toujours attention, mes yeux n'ayant même plus envie de se fermer, à force. Je grimace légèrement quand il évoque Alice et son comportement changeant depuis quelques temps. Même moi, je l'ai remarqué. Quoi de plus normal que de voir cette enfant devenir peu à peu une adolescente. Dans quelques années, même, elle sera adulte, et même si je suis très peu familier à cette pensée et je ne veux d'ailleurs pas y songer tout de suite, ce sera un fait un moment ou un autre. Sur une note positive, toutefois, je me permets de me dire qu'il a encore une enfant à sa charge, lui. J'imagine que ce n'est jamais évident de faire face à cette phase qu'est l'adolescence. Je ne suis toutefois guère étonnée de la tournure des événements, car si Alice adore son père, son esprit se rebelle et elle veut probablement peu à peu sortir du cocon familial dans lequel elle fut baignée lorsque sa nouvelle vie auprès du Conseiller a débuté. Cela explique donc mieux sa présence l'autre jour. J'esquisse un sourire un peu fatigué en me rappelant de cette soirée où elle nous a rendu une petite visite surprise. Parler de la raison n'allait pas franchement être productif pour ma nièce, alors je lui ai proposé si une partie de jeux vidéos la tentait, à la place. Ce ne sont malheureusement plus les histoires que son père et moi avions l'habitude lui lire qui aurait pu lui changer les idées.

« C'est peut-être ça qu'ils appellent 'grandir'... »

Je m'installe plus confortablement dans le canapé avant de reprendre un dimachi que j'enfourne dans ma bouche. Pas de mauvaise surprise, il n'y a pas de glace à l'intérieur de celui-là. Je le mastique toutefois avec aussi peu d'intérêt que le premier, existants tous deux uniquement pour me remplir la panse. Il faut bien que tout repas s'accompagne d'un dessert, après tout.

« C'est une jeune fille, maintenant. Il y a certaines choses qu'elle ne peut pas te dire. Elle veut être plus indépendante, peut-être. En as-tu parlé avec elle ?.. »

J'enfourne un autre dimachi, l'air un peu plus serein que lorqu'on parlait de moi. Je vous avoue que c'est plus simple de faire l'autruche devant quelqu'un qui a plus de problèmes que moi. Je sais que notre accord nous pousse l'un et l'autre à se dévoiler tour à tour, cependant j'ai le droit de m'attarder sur son cas. Il est normal que je tente de le rassurer, aussi. L'adolescence de sa fille, ce n'est pas rien, même s'il a été le grand frère de Félix et Eliott, ce n'est pas tout à fait pareil.

« Pour le moment, tu ne devrais pas t'en faire. Tu ne peux pas laisser l'inquiétude t'envahir alors que tu as une autre fille qui a besoin de toi. De toute façon, si Alice vient chez nous, elle n'est pas bien loin. Enfin, tu m'as compris. »

C'est déjà un souci de moins s'il sait où va traîner sa fille quand elle se sent mal après une dispute. Au moins problème, on saura là pour intervenir et la défendre si besoin. De plus, nous sommes des bouts de sa famille. Des gens à qui elle peut faire confiance quand tout va mal. Pour l'instant, je ne suis donc pas soucieux ; Alice est vive et intelligente, elle sait quoi faire pour ne pas qu'on lui marche sur les pieds.

« Oui, je sais, c'est moi qui parle, alors que je n'ai jamais eu d'enfants. »

En aurais-je seulement un jour ?
Mollement, je me rends compte que parler de ça reviendrait à reporter le sujet sur moi, et je n'en ai pas tout de suite l'envie. Mais c'est vrai, lui, c'est un adulte responsable de deux enfants. Comme Axel... a besoin de Natsume. Je ne l'ai jamais caché, j'ai beau dire beaucoup de choses, mais le gamin ne peut se passer du Shimomura, et même si je sens ce dernier encore un peu mal à l'aise des fois quand l'enfant le voit comme son père, je suis soulagé qu'il ait trouvé quelqu'un pour s'occuper de lui quand Faust n'était plus en mesure de le faire. Faut juste... Que je m'y fasse. Même avec le petit garçon chez Natsume, j'ai décidé d'emménager chez lui et je ne reviendrai pas sur ma parole.

« Je ne devrais pas dire ça vu mon état, mais... Ne serait-ce que pour elle, te surmène pas trop. Morgane et Alice ont besoin de leur papa. Tu sais, si tu veux, je pourrais même te donner quelques jours de congé. »

Je sais, il ne les prendra pas, et je ne l'y obligerais pas, sauf si sa vie était vraiment en jeu. Mais tant que je le peux, je tiens quand même à lui faire cette proposition. Ma porte est toujours ouverte à qui veut la franchir. J'aurais pu dire la même chose, mais Axel n'a pas besoin de moi et Natsume n'est pas là. Le fils de Clive est soit chez Maxime, soit chez sa grand-mère Kagami. Plus personne ne m'attend à la maison depuis bientôt un mois. Alors me tuer au travail, oui, c'est ce que j'ai trouvé de plus intelligent à faire, aussi stupide que ce soit. Cela fait passer le temps, après tout. Avec espoir, j'avais même cru pouvoir prendre un peu d'avance, mais ça n'en finit pas. Je me demande si c'est ça, la routine à laquelle je suis destiné.
En étirant un peu mes jambes, je sens tout à coup quelque chose glisser dans ma poche. En me rappelant ce que c'est, un léger sourire se dessine, et j'espère pouvoir lui remonter un peu le moral.

« Puis pense à moi et Natsu. Il nous faudra bien quelqu'un pour nous marier héhéhé... »

Je glousse un peu petit, mais me rends compte, après coup, de mes paroles. Je ne sais pas moi-même si je suis sérieux, à vrai dire, mais soudain, le rouge me monte progressivement aux joues. Je me disais que j'allais glisser une petite blague, mais les mots sont sortis tous seuls, et j'en viens à les regretter parce qu'ils signifient beaucoup de choses pour moi mine de rien, mais qu'il est impossible que je m'avance autant pour le moment. J'aurais pas dû dire ça... J'aurais pas dû dire ça...

« … Hmm c'est... C'était une vanne, hein, je... euh... »

Il doit le voir, que j'ai gaffé. Enfin pas 'gaffé', mais... Qu'il y a encore des choses que je n'ose pas m'avouer. Que je n'ose pas énoncer. Ces pensées qui me tracassent et que le boulot dans lequel je me jette aide à calmer.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 31 Déc 2017 - 14:12
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Faust M. Donovan
>>> Bromance isn't dead


Ft. Samoboulo

Ce n'est pas foncièrement aisé, ni vraiment compliqué non plus, en soit. Ce sont juste les circonstances, les imbécillités, les egos mal placés aussi, qui rendent tout cela aussi pesant et inutilement gênant alors qu'il n'y a en soit, rien de bien honteux. C'est même plus sain, et Faust le sait, que de tout retenir dans un coin. En attendant, toutefois, c'est ce qu'ils font la plupart du temps, et le Donovan s'en exaspère lui-même, mais il bloque, quoi qu'il fasse. Si il se sent un peu stupide et puéril, il se rassure en se disant que le cadet pourra au moins se sentir un peu moins seul, et c'est bien maigre, mais peu importe.
Devant la première remarque de Samaël, Faust esquissa une moue moqueuse. D'accord, d'accord, ce n'était pas très mature de sa part, mais... Ce n'était pas comme si il n'avait considéré le simple fait que sa fille grandissait, même si il avait souvent du mal à s'en rappeler, tant cette dernière poussait vite. Sans grande surprise, elle risquerait même de le dépasser en taille. Il se doutait que l'autre milicien ne voulait pas le prendre de haut, mais le Donovan ne pouvait pas s'empêcher de prendre cette remarque un peu à l'arrache. Pour changer le sujet par rapport au malaise étranger que cela avait fait naître chez lui, Faust se permit une petite pique dénuée de toute méchanceté.

« Ouais, vrai que toi aussi, t'as fait le coq, à une période. »

C'est mal, de sortir les dossiers, mais bon, le conseiller savait qu'il était probable qu'aucune forme de rancune ne lui soit tenue de rappeler cela. Et en même temps... Bon, d'accord, peut-être qu'il y avait du vrai, dans les propos de l'autre, mais il avait préféré baisser la tête et regarder ailleurs. Au moins, l'ambiance s'était un peu calmée, et Faust ne pouvait pas s'en plaindre, même si il n'était pas sûr de savoir si c'était forcément très bon de s'éloigner ainsi des sujets complexes.
On ne pourrait pas nier, toutefois, sa volonté d'écouter, ce qui était suffisamment rare pour être signalé. Même si il a l'air distrait, et que ses pieds tapent sur le sol un peu irrégulièrement, ses oreilles sont grand ouvertes. Il fronce un peu les sourcils, d'ailleurs, devant la remarque de l'Enodril quant à son absence de parenté, et ne voit pas vraiment pourquoi il en parle, au début. Quoi qu'on en dise, ne pas avoir d'enfant à son âge est tout à fait normal, voir même rassurant. Néanmoins, et avec un peu de curiosité, il se demanda, peut-être stupidement, si cela n'exprimait pas une envie quelconque. C'était sûrement une supposition stupide, toutefois, alors il ne fit rien remarquer et se contenta de continuer d'écouter.

L'évocation du fait que les deux filles sous sa tutelle pourraient avoir besoin de lui lui tira une grimace, car il n'était pas sans le savoir, et ce n'était pas pour rien que ses heures supplémentaires nombreuses faisaient naître un nœud de culpabilité dans sa poitrine. Honnêtement, il savait qu'il devrait prendre des congés, mais imaginer le travail qu'il reléguerait à ses subordonnés, voir même à Samaël, le mettait mal à l'aise. Il ne prit pas la peine de répondre, car ce dernier devait déjà savoir quelle serait sa réponse, bien que Faust appréciait le geste.
Il ne s'attendait toutefois pas à la suite. Faisant de grands yeux ronds, il eut du mal à croire ce qu'il avait entendu ce qu'il pensait, mais au vu de la réaction gênée de Samaël et que ses joues commençaient à prendre des teintes rougeâtres, il fut obligé d'admettre avoir bien entendu.
… Eh beh, il perd pas d'temps.
Pas que cela le choquait, mais... Disons qu'il ne pensait pas que ce serait si tôt. Pas après un emménagement, du moins, qui constituait déjà une étape importante et complexe, même si il ne voulait pas non plus avoir l'air de prendre son ami de haut. Mais sa surprise était sincère, et vu à la vitesse à laquelle l'Enodril se décomposait, Faust n'était pas sûr de savoir si il était supposé appuyer sur le sujet.

« … Mec, si ça c'est une vanne, je suis le string à paillettes du pape. »

… Oui, bon, d'accord, on a vu plus subtil.
Si il était certes flatté de l'idée d'enfin faire usage de cette foutue licence de marieur, Faust continuait de chercher un moyen de réagir, car c'était bien awkward, là. D'autant plus qu'au vu de l'embarras du cadet, le hérisson n'était pas sûr qu'il doive continuer. Mais la curiosité était bien, bien trop grande par rapport à son côté le plus responsable et mature. En se redressant un peu, les sourcils haussés, il hésita à prendre la parole.

« Mais euh, ç'pas un peu rapide, enfin... ? J'en sais rien, tu me diras, si t'as réussi à faire que Natsu dise oui, je te tire déjà mon chapeau »

Il gloussa, mais c'était un peu maladroit. Et il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée de parler ça, même si se rappeler des réactions mi-agacées mi-dégoûtées de mièvrerie du Shimomura quand ce sujet était abordé dans une quelconque œuvre de fiction était assez drôle. Et peut-être qu'il n'avait pas dit oui non plus, d'ailleurs. Ahaha. Euhm. Malaise, doux, hein, mais malaise tout de même, et Faust se racla la gorge d'un air enquiquiné. Zut.

« Moi à côté... Barf, ça patine. Comme d'hab, tu me diras. Profite ! »

... C'est juste encore plus awkward. Seigneur.
Il n'avait pas vraiment envie de parler de lui-même, de base, c'était juste pour tenter de mettre du baume de Samaël, mais il s'était foutu la honte. Pas que ses tentatives d'avancer sur ce point n'étaient pas assez ridicules pour provoquer des fous rires, mais il n'avait pas vraiment envie de les aborder, là. Sûrement pas quand le sujet l'exaspérait à chaque fois qu'il y pensait, si bien qu'il trouva bon de vite le changer. Il s'essaya à un air sincèrement gentil, avant de se masser le crâne en se rendant compte que causer de nouveau d'Alice, eh bien... C'était toujours un peu particulier, quoi qu'il en dise. Il n'avait pas vraiment l'habitude qu'elle soit un souci, ou du moins son comportement, au delà des problèmes évidents causés par l'enfance et... Bah l'humanité, en règle général, hein. Personne n'est parfait.

« Je sais, pour Alice. Et j'ai essayé, hein, pas faute de l'avoir fait, mais elle veut rien me dire. J'suis persuadé... Que y'a un truc. Je sais juste pas quand je l'apprendrai. Ça a l'air con comme ça mais...»

Pensif, il ne termina pas sa phrase, comme si il n'était pas sûr de ce qu'il racontait lui-même. En soupirant, il se dit finalement qu'il avait peut-être l'air d'en faire des caisses, avec tout ça, et que ce devait être bien dramatique sur les bords. Un détail, en plus, lui restait encore en tête. En terminant sa boisson avec un air déçu d'enfant qui n'aurait plus de cookie dans sa boîte, il fit la moue.

« Je dirais pas 'papa' pour Morgane. Elle a encore... Enfin, j'en sais rien. Avec ce qu'elle a vu et vécu, je ne vais jamais exiger d'elle qu'elle me voit comme ça. Ça me va très bien, si elle continue à m'appeler par mon prénom. »

Ce n'était en rien sain d'exiger ça de la part d'une enfant, et cela n'avait jamais été son objectif. Il avait simplement voulu aider une gamine perdue et, comme beaucoup d'autres, victime de l'adversité. Si cela devenait plus que ça, toutefois, il voulait que ce soit l'initiative de la fillette, comme cela avait été le cas pour Alice. Et Morgane, quelque part, lui paraissait toujours un peu trop perchée pour se poser des questions là dessus. Ce n'était pas la seule, à être perchée, d'ailleurs, mais la pensée obscurcit son regard au moment même où elle lui passait par la tête. Un rictus caustique déforma ses traits, et le Donovan se permit un gloussement un peu sec, désabusé.

« Clive, par contre... Lui, j'aimerais bien l'atteindre. »

Évoquer son jumeau n'était pas naturel, à vrai dire. Même si cela embourbait ses pensées bien souvent, ne serait-ce que formuler son prénom, même dans ses propres pensées, était un tabou qu'il ne brisait que rarement. Pourtant, les mots lui avaient comme échappé, et il n'avait pas la foi de tenter de les effacer de la mémoire de l'Enodril. Un peu amer, il soupira.

« Enfin, tu dois le savoir, après sa dernière... Tentative, disons. »

Une vague histoire de stylo laissé par inadvertance par un maton naïf. Maintenant, à chaque visite, Faust avait le droit d'en apercevoir le motif sur le cou de son jumeau, même si ce dernier le cachait assez peu discrètement en somme, comme si il était trop fatigué pour le faire. Mais la simple évocation lui laissait un goût amer dans la gorge, et il se pesta intérieurement dessus d'avoir mis sur la table un sujet peut-être un poil trop lourd. M'enfin. Trop tard pour faire marche arrière, et son interlocuteur ne serait pas flouté par quelques vagues sourires.

28 novembre 2022, soir (~23h)

Faust M. Donovan
Faust M. Donovan
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Mer 3 Jan 2018 - 1:47
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Samaël Enodril-Miyano


&&&


Bromance isn't dead
It's... Fabulouuuus !
"avec les deux débiles"


Y'a vraiment des fois où je devrais me taire. Je sais même pas pourquoi j'ai dit ça. Et je ne voulais pas me rappeler non plus du temps où je faisais des tags sur les murs parce que je voulais être pote avec Telemaque et parce que je voulais embêter le Régime. C'est ironique d'ailleurs de voir où j'en suis arrivé, mais c'est pas la question. Je n'ai ni envie de penser au fait que le chef de la milice ait pu vraiment faire le kéké, ni au fait que je viens de me ridiculiser en essayant de faire une vanne mais qui, bien sûr, reflète mes véritables pensées. Je voulais détendre l'atmosphère, pas la rendre plus awkward. Evidemment, même Faust sait de quoi je parle, puisqu'il voie clair dans mon jeu et lit en moi comme dans un livre ouvert. Pas comme si je n'étais pas transparent, mais je suis me suis connu un poil plus subtil et discret. Enfin disons que je sais qu'il y aller par quatre chemins ne marche pas non plus sur Natsu, mais j'ai préféré utiliser cette méthode pour aborder progressivement mon envie de m'engager avec lui plutôt que de faire entrer l'éléphant dans le magasin de porcelaine. Et qu'il ne me parle pas du pape en string à paillettes, je ne voulais pas de cette image mentale.

Toutefois, la réaction du Donovan n'est peut-être pas celle que j'espérais, pour être honnête. Si elle n'est pas... anormale, je ne voulais pas m'y attendre. Je ne voulais pas entendre cette réponse de lui, quand bien même bah... Oui, c'est vrai, on vient juste d'emménager ensemble, mais cela fait longtemps que nous sommes en couple, alors je pensais que... Bah ça compensait un peu. Puis toutes les fois où on a traîné sous le même toit aussi... Enfin peut-être que Faust a raison, mais en gros lâche et borné que je suis, je ne voulais pas y songer. Je me disais que, puisque nous étions enfin tous les deux adultes, que ça faisait un moment que nous étions amoureux, et que ma situation financière me permet quelques folies, nous pourrions envisager ce genre de projet. Je suis un gros niais fleur bleue, ce n'est pas nouveau, mais je me disais... Pourquoi pas ? Pour dire vrai, j'imaginais que mon frère de cœur allait plutôt approuver l'idée. Enfin, je sais que je fais ce que je veux, mais je n'ai pas envie de me dire que je me précipite trop, même si ça revient à faire l'autruche et que je devrais avoir un comportement mâture, pour une fois. Il y a bien des couples qui se marient après seulement un, ou deux ans de relation, non ?.. Je me donne des excuses, je sais, pas la peine de me regarder comme ça. Mais j'ai le droit de rêver, moi aussi. C'est une motivation supplémentaire pour supporter toutes mes heures de travail, vous comprenez ? J'en ai besoin, de ces rêves, de ces désirs un peu honteux dont je n'ose pas encore parler franchement à Natsume de peur de... De quoi ? Je ne sais pas. Je sais que c'est pas trop son truc, à lui. Alors pour l'instant, je ne dis rien. Mais j'aimerais pourtant lui faire part de ce que je ressens, au moins, pour me rassurer et pour qu'il comprenne la raison de cette aspiration. C'est puéril et capricieux, mais je ne trouve pas que j'y vais trop rapidement. C'est un fait qui est, pour moi, pénible à réaliser. Alors je ne réponds pas et fait mine de hausser les épaules, l'air de rien. Je ne vais pas lui dire que je n'ai encore pas vraiment parlé de tout ça à Natsume, me contentant de sous-entendus et de quelques remarques plus ou moins adroites.

Mais je vois qu'il n'essaye pas non plus de s'interposer dans mes illusions, aussi utopistes soient-elles probablement. Je souris un petit peu quand il me parle de ses difficultés à lui dans le domaine. Je ne m'inquiète largement pas pour Faust, si ce n'est pas sa priorité absolue. Après tout, je ne doute pas qu'il réussirait à trouver quelqu'un qui lui convienne s'il le voulait vraiment. Il a tout pour plaire, après tout, et je ne lui souhaite que du bonheur. Lui au moins, sait être patient, et j'envie cette qualité de sa part. Je n'arrive pas à rester en place quand je veux quelque chose, mais je sais que, certaines fois, on ne peut pas tout décider comme ça.
Son inquiétude pour Alice me fait grimacer. Elle a grandi tellement vite... Cette petite fille que j'ai connu est loin, à présent. Mais c'est Faust qui l'a véritablement vu changer. Ils étaient tellement complices alors que ce qu'il me raconte me fait baisser les yeux vers la boisson japonais sucrée qui m'est destinée. Il a peur de ce qu'il pourrait découvrir. Cela n'annonce pas grand chose de bon, d'ailleurs, si même Alice le cache ; car le Conseiller est quelqu'un de très ouvert, alors si sa fille doit garder des secrets, c'est qu'elle ne peut pas les dire à son paternel.
Peut-être qu'elle sort avec un ex-Régimeux.
Je voudrais le sortir en blaguant pour voir si ça réussirait à le détendre, mais je ne crois pas qu'il trouverait ça très drôle, entre nous.

Pour Morgane, c'est encore autre chose. La petite, que j'avais ramené à Faust et que Natsume m'avait confié à la base parce qu'il ne savait pas trop quoi en faire, est sous la tutelle du Donovan depuis un certain temps, maintenant. Je ne regrette pas du tout de l'avoir laissé au hérisson ; il s'en occupe très bien et la petite, de ce que j'ai compris, s'est beaucoup rapproché d'Alice. Je me serais attendu à ce qu'il l'ait adopté, elle aussi, mais je peux comprendre qu'il n'ait pas envie de la pousser, ce qui est normal. Ce sera à elle de choisir quand le moment sera venu, mais je la sais, dans tous les cas, entre de très bonnes mains. Elle est assez différente de la grande au même âge, il faut dire. J'aimerais bien la revoir aussi, ça fait un moment. Il faut bien que je lui révèle le secret de mon masque aussi, héhé !

Mais alors que j'entame le soda asiatique, le sujet de Clive est finalement abordé et je bois automatiquement mes gorgées de façon plus lente. Comme c'est épineux, d'en parler, surtout avec Faust. Je ne peux même pas imaginer combien il doit souffrir. Combien déjà il doit se sentir mal pour ce qui s'est passé avec Axel. C'est justement parce que son jumeau s'est rendu qu'il a aussi été incapable de s'occuper de son fils. Il lui ressemblait trop. C'était impossible pour lui de le gérer quand il revoyait dans ses traits celui qu'il avait perdu et retrouvé tant de fois.
À la prochaine évocation le concernant, toutefois, je m'immobilise. Mon regard, lui, s'assombrit d'un seul coup. Moi qui suis religieusement le cas de Clive, j'ai été mis au courant, oui. De cette histoire de stylo qui a failli lui trancher la gorge lorsqu'il a tenté de se suicider. Je n'ai pas été très jouasse quand je l'ai appris, et l'aîné n'avait pas l'air non plus de franchement adorer l'idée que son frère soit passé si près de la mort. Encore.

« Clive, je... Je ne sais pas à quoi il pense. Ni comment l'aider. Mais... »

Et pourtant Arceus sait que j'aimerais lui venir en aide. Le sauver comme j'ai pu le faire une fois, il y a très longtemps. C'est peut-être une prouesse dont je ne suis plus capable, dans son état actuel. Il devient fou, et la prison ne doit pas être ce qui le soutient le plus pour rester en vie. Je veux tout faire, pourtant, pour qu'il ne lui arrive rien, quitte à renforcer la garde de sa cellule. De tous les prisonniers du pénitencier d'Amanil, c'est le plus désireux à quitter ce monde. Et j'imagine que je ne peux pas comprendre pourquoi, mon esprit étant trop lucide encore pour saisir sa mentalité. Pas besoin d'être un génie pour voir qu'il ne va pas bien, mais je ne suis malheureusement pas la personne qui pourrait lui tenir tête et le forcer à tenir le coup. Le maintenir en vie est peut-être une punition pire pour lui que l'enfermement qu'on lui impose, je ne sais pas. J'aimerais bien déployer davantage de moyens thérapeutiques pour les cas comme les siens. Car je suis prêt à tendre la main à ceux qui veulent se repentir honnêtement. Ceux qui veulent changer de vie. Ceux qui sont prêts à faire un pas vers la lumière. Mais Clive... Clive est un cas difficile.

« Je suis au courant de ce qu'il essaye... De ce qu'il a essayé de faire. »

Je n'ai pas envie d'admettre qu'il y aura d'autres tentatives. Je n'ai pas envie d'admettre que je serais trop impuissant pour le retenir de faire une bêtise. J'aimerais rassurer Faust, lui dire que je vais trouver une solution même s'il ne me demande rien. J'aimerais me rassurer moi-même et me dire qu'une rencontre entre Axel et son père biologique sera possible. Personne ne peut obliger le gamin à reconnaître l'ex-Officier comme son parent, mais je veux que Clive puisse revoir son fils ; celui qu'il a décidé d'assumer et dont il s'est très bien occupé jusqu'à ce que son passé le rattrape et que sa conscience le force à se livrer. J'estime que l'aîné a le droit de lui parler un peu, de le connaître un peu. Ce doit déjà être assez douloureux d'être séparé de lui même si ce fut sa décision et celle de Natsume, et que c'est pour le mieux.

« Il est décidément bien égoïste, hein ?.. Il en a oublié sa revanche contre moi. »

Un rire jaune m'échappe. Puis, je pousse un soupir las et peiné. J'ai beau avoir du pouvoir, à quoi bon en posséder si je ne peux pas m'en servir pour faire ce qui me semble juste ? Clive... Mérite sans doute sa place en prison. Il a tué des gens parce qu'on lui ordonnait de le faire et qu'il n'est entré dans le Régime par plaisir. Ses mains sont souillées et il est le premier à le savoir, à le reconnaître, même, tandis que son avocate a pourtant fait tout ce qu'elle a pu pour lui empêcher la sanction. Pour la détermination dont elle a fait preuve, je crois qu'on ne la remerciera jamais assez, d'ailleurs. Ce n'était pourtant pas un cas facile et chacun de ses aveux ont dû l'enfoncer un peu plus pour prononcer le verdict final. J'avais plein d'espoir, pourtant, mais c'était retombé comme un soufflé dès lors que le juge avait rendu sa décision définitive.

« J'imagine que ce serait trop facile, si tout se passait dans le meilleur des mondes... Clive n'est pas non plus un sujet facile à aborder, mais... Dans tous les cas, il n'aura plus d'occasions de... Enfin... Il ne pourra plus le faire. »

Car on ne lui en laissera plus l'occasion. Plutôt que de gober les dimachis entier, je déchiquette le prochain avec mes dents, une nouvelle résolution dans le regard. Non, ça, il est hors de question qu'on l'y reprenne ! Je ne lui permettrai pas qu'il essaye de nouveau d'attenter à sa vie, ça, plus jamais.
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 7 Jan 2018 - 1:39
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Faust M. Donovan
>>> Bromance isn't dead


Ft. Samoboulo

Sur le coup, il regrette quelque peu d’avoir abordé un sujet aussi épineux que celui de Clive. Faust sait d’expérience que, si elle glisse rarement de ses lèvres, la pensée l’empoisonne assez comme ça à longueur de temps. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de penser à autre chose, pourtant, ou même de se noyer dans le rôle de Méphisto, mais il le suivait à chaque fois qu’il croisait son reflet dans une glace, ou passait chez Natsume pour dire bonjour, sous la forme du visage d’Axel. Le conseiller ne peut même pas en vouloir à son neveu de le gratifier d’un pareil regard noir à chaque fois qu’il le croise dorénavant : un adulte qui l’a abandonné ne mérite pas grand-chose d’autre, et Faust tolère sans relever le regard. Il avait tenté, pourtant. Mais comme maintenant, ses efforts n’avaient pas réussi à faire avancer quoi que ce soit.
Alors il ne sait pas trop ce qu’il cherche, en en parlant à Samaël. Ce dernier est au courant pour toute cette affaire, mais il est aussi impuissant que tout le monde, et Faust tente de calmer son angoisse en mâchouillant mécaniquement un dimachi. Il lui semble bien fade, et le hérisson l’avale sans plaisir, le regard quelque peu torve, alors que le cadet lui confirme ce qu’il savait déjà ça. Faust n’arrive même pas à rire de sa tentative de plaisanterie, sentant l’amertume lui remonter en houle dans la gorge. Malheureusement pour lui, sa boisson est terminée, et il ne peut pas noyer sa peine dans les sucreries, aussi tentant que ce soit.

Mais qu’est-ce que je suis con, moi, aussi, à parler de ça...
Il se force à sourire un peu devant la résolution du cadet, mais à vrai dire, elle le fait rire amèrement. Plus jeune, il se rappelle avoir dit la même chose ; une fois, deux fois, voir même trois fois. Le cycle ne s’était jamais brisé, et ils en revenaient toujours au même point. Peu importe ce que peut dire son ami, sur ce point, Faust a beaucoup de mal à y croire. Ce n’est pas de sa faute, pourtant.

« J'crois pas que retarder le moment où il recommencera va aider. On n'va pas le foutre dans une cellule capitonnée, tout de même. » marmonna-t-il d’un air qui se voulait joueur, mais qui laissait transparaître une note de fatigue. « À ce rythme, c'est moi qui vais finir par en avoir besoin, ahah. Ah. »

Qu'il déteste avoir l'air aussi ridicule que là... Sa propre blague de merde ne le fait même pas rire, et il soupire d'un air exaspéré. Il n'espère pas avoir l'air crédible, d'ailleurs, malgré le fait qu'il s'essaie à un air joueur dirigé vers Samaël, souhaitant changer un peu le sujet. Car depuis tout à l'heure, Faust n'a plus l'impression de contrôler grand chose. Lui qui voulait pousser l'Enodril à délester un peu de son poids a la désagréable sensation qu'il est celui qui a le plus étalé sa tartine.

« Hé, doucement sur les dimachis, tu vas finir par gerber dans un coin, à ce rythme. Gros morfale. »

L'insulte affectueuse a le goût de la lassitude, mais elle est sincère sur les bords malgré tout. Il faut bien trouver quelque chose pour parler d'un autre sujet, après tout, et Faust est prêt à tout. Il n'a pas l'impression, toutefois, que la solitude silencieuse de ce bureau inutilement grand serait très propice à la bonne humeur. Le conseiller a l'impression que si ils restent ici, ils vont finir par s'encroûter comme des pépés à parler du bon vieux temps et contempler leurs problèmes toute la nuit, ce qui ne lui plaît pas du tout. Alors il remonte un peu les épaules et se met assis, l'air plus motivé.

« Viens, ça me déprime. On se tire d'ici pour aller faire un tour en ville ? J'ai pas trop envie de rester là à parler de l'autre con. »

En se redressant, il rajusta négligemment sa veste et rangea les papiers des saletés qu'il avait ouvert engloutit dans l'une des boîtes à pizza, prévoyant de tout jeter en bas. Mais, se rendant soudainement compte que sa tentative de fuite était peut-être un peu précipitée, il releva le regard une nouvelle fois vers son interlocuteur, une leur curieuse dans le regard.

« Toi, t'as autre chose qui te tracasse ? »


28 novembre 2022, soir (~23h)

Faust M. Donovan
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Lun 8 Jan 2018 - 2:01
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Samaël Enodril-Miyano


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Bromance isn't dead
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"avec les deux débiles"


Mon but n'était pas de faire peur à Faust au sujet de son frère, si ce sujet l'inquiète tant, à raison. Je ne veux et ne peux pas pousser les choses à l'extrême, ça ne servirait à rien. Je ne suis pas psy non plus, je ne vais pas avoir la prétention de pouvoir dire qu'une solution existe forcément ou qu'il a tort d'agir comme il le fait, même si cela m'attriste également de voir l'état dans lequel Clive est actuellement, s'il en est au point où même un stylo peut lui donner des envies aussi morbides et... qui l'amèneraient en point de non retour. Alors Faust n'en est pas à son niveau, mais il ne va pas bien non plus, c'est une évidence. La situation avec son jumeau est très compliqué. Je me souviens encore de comment il était quand Clive avait quitté le Régime et qu'il était venu habiter chez lui. Il y avait une nette différence par rapport au temps où ils devaient se faire la guerre. Pour l'instant, puisque nous ne pouvons pas faire grand chose, le plus important est que nous gardions Clive en vie le plus longtemps possible, aussi douloureux ce soit pour Faust ou même Natsume de le voir dépérir ainsi.

J'ignore toutefois royalement son commentaire et je vais même dans le sens opposé en en prenant trois d'un coup dans ma bouche, juste par esprit de contradiction. Bon, c'est pas très recommandé en général parce que tout ce qui est gluant faut bien mâcher avant d'avaler, mais c'est sa faute à lui, faut pas me provoquer. J'ai cependant l'air con, maintenant, à avoir les joues gonflées comme un Dedenne. Je n'arrive même pas à parler, et tente de malaxer le plus possible les petites boules blanches. J'ai, ma foi, peut-être un peu abusé sur le coup. Je manque même de m'étouffer mais réussis par miracle à faire passer les trois dimachis à travers ma gorge, pour enfin faire un sourire victorieux à l'autre, aussi stupide et bancal ce soit. Mine de rien, j'ai arrêté de penser à Clive ou même à nos autres problèmes à ce moment-là. Je retrouve peu à peu la légèreté et l'affection de mes échanges avec Faust qui commençaient cruellement à me manquer. Le bureau me semble alors moins triste, moins morne. Par ses sourires et sa jovialité, il arrive à redonner des couleurs à cette pièce si grise et à me la faire détester un peu moins. Si je m'y suis habitué au détriment de la Pension où l'absence de Natsu se fait atrocement ressentir, je ne m'y sens jamais vraiment à l'aise pour autant. Cet espace me rappelle après tout le point le plus négatif de mon rôle.

« J'te suis, frangin. »

Je plussoie que sortir ne pourra certainement pas nous faire de mal. Je commençais à étouffer, à force de rester cloîtré ici. C'est vraiment à vous rendre fou, des trucs pareils. Et dire qu'il y en a qui aiment ça... Brrr. Je n'ose même pas imaginer ressentir du plaisir pour une dose de travail pareille. Même des combats Pokémons, si j'en faisais à la chaîne sans jamais me reposer, finiraient par me fatiguer, et Arceus sait pourtant comme j'aime ça, les combats. Mais j'ai besoin de prendre des pauses de temps à autre aussi, je ne suis pas une machine. Faust a autant de boulot que moi, mais... Je me demande comment il gère ça. Comment il bosse de son côté. S'il a également un bureau comme le mien qui fait bien trop pompeux pour nous. Comment il s'organise pour avoir du temps avec sa famille. Ce genre de chose.
Je m'arrête en le voyant avec tous ces cartons à pizzas que nous avons dévoré comme de gros dalleux. Cela faisait longtemps, aussi. Mais face à sa dernière question, je le fixe un instant.
Des tas. Des tas de choses qui me tracassent.

« Non, pas vraiment. J'imagine que je n'aie pas à me plaindre de ma position, après tout, pas vrai ? »

Je hausse les épaules, l'air de rien, avant de prendre mon manteau et de suivre l'aîné à l'extérieur. Pas d'ascenseur, comme il a bien dit, et en effet, je vais devoir appeler très vite un électricien pour réparer cette panne. Dans une tour aussi haute que celle-ci (pourquoi), je ne vais pas faire le sadique et imposer aux employés de monter tous ces étages sans broncher. Mais que ce bâtiment est lugubre, quand il n'y a pas un chat... Heureusement que les lumières marchent encore. Une fois dehors, nous jetons les restes de notre dîner équilibré, puis nous entamons la marche. Je peux apercevoir quelques étoiles dans le ciel, malgré la lueur des lampadaires. Je m'en veux un petit peu d'avoir dû décaler notre soirée Skype avec Natsu, mais je le rappellerai demain. Son retour approche à grands pas. Je laisse planer un silence. J'aurais pu parler de l'appréhension que ressent le Shimomura à l'égard de l'engagement. J'aurais pu parler de la haine de Tristan qui grandit un peu plus chaque jour. J'aurais pu parler encore d'Axel en lui avouant ma peur de mal faire avec lui quand bien même je ne suis pas son tuteur. J'aurais pu parler de milles choses encore. Milles choses. Et une seule retient pourtant mon attention parmi toutes pour le moment, alors que je me rappelle de ce qu'être à des places aussi importantes comme les nôtres implique. Et je me rappelle de ces mots corrompus que le Weber a pu me jeter à plusieurs reprises.

« Tu crois que je pourrais finir par prendre la grosse tête, un jour ?.. »

Je pensais être assez sûr de moi pour ne pas tomber dans ce genre de piège. Je n'ai jamais grandi dans l'optique de devenir quelqu'un de prétentieux ou qui se sentirait supérieur. Je n'avais jamais eu jusqu'alors une situation qui me permettait de le faire. Je n'avais jamais eu ce genre de pouvoir. Pourtant, quand les travailleurs de la tour viennent dans mon bureau pour me demander diverses choses ou même m'apporter des documents, je remarque bien leur comportement. Ils sont polis, respectueux, et peut-être même parfois intimidés. Il faut dire que je porte mon masque en permanence pour conserver certaines apparences que je ne saurais pas capable de garder si je me dévoilais au grand jour. J'ai un regard expressif qui ne me donne pas la possibilité, à l'instar de mon copain, de pouvoir tout de suite ravoir un visage neutre et sans émotion. Cela m'arrange bien, parfois, de me cacher derrière un déguisement dont le simple port m'assure de l'influence et de l'estime. Ou l'effet inverse, de l'impertinence et du mépris.

« Tu crois qu'une place trop importante pourrait me faire changer en quelqu'un que je ne veux pas devenir ?.. »

J'avais réussi à me croire assez fort, fut un temps. En réalisant mon rêve, je me disais... Que ça y est, j'ai atteint mon objectif. Je savais me battre de toutes les façons. Je n'étais plus faible. C'était une pensée à laquelle j'aimais bien me raccrocher. Cela me rassurait probablement de me dire ça. De me dire que j'avais évolué. Que j'avais mérité ma place au sommet. Que j'y étais arrivé par mes propres moyens. Mais protéger une île entière... A-t-on vraiment mis la bonne personne à ce rôle ? Les Elites sont-ils vraiment ceux qui pourraient instaurer la paix sur Enola ?

« Tout ça me dépasse peut-être complètement... Héhé... Dans le contrat que tu m'as fait signer, y'avait pas marqué que je devais être adulte et avoir des responsabilités. »

Il est si facile d'oublier d'être adulte, quand on est avec Faust. Je ne me cache pas derrière sa silhouette d'aîné pour me rasséréner, mais sa présence seule me ramène à des souvenirs, des moments qui m'imprègnent d'une nostalgie que j'aime autant que je déteste. Peut-être trouverons-nous sur le chemin quelques activités auxquelles je pourrais m'abandonner afin de laisser de côté nos problèmes. Laisser de côté pour cette fois nos responsabilités.
Samaël Enodril-Miyano
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Sam 20 Jan 2018 - 3:08
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Faust M. Donovan
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Sa fuite est assez transparente, mais pour le coup, Faust se console de son égoïsme en se disant que son cadet est sûrement lui aussi agacé par ces quatre murs. Car vraiment, à force, il n'y a rien que ces grandes pièces ne lui inspirent de bon hormis le rappel que de temps à autre, la machine à café laisse échapper autre chose qu'une grande tasse d'urine au goût de regret. L'air frais commence à lui manquer, et il esquisse un sourire discret devant l'accord que lui laisse Sam ; il aurait regretté de le tirer de là si l'autre s'était senti mal de partir, mais vu que ce n'est pas le cas, il se permet de s'inquiéter un peu moins.
Un court silence prend place au moment où l'Enodril répond à sa question. Si Faust hoche de la tête d'un air joueur, souriant, il n'est pas dupe. Il sait bien que c'est un mensonge. Il ne s'attendait pas à un autre type de réponse, toutefois, alors il joue le jeu, car il n'est pas du genre à pousser sa chance trop loin : si le cadet a déjà accepté de parler un peu ce soir, c'est un miracle que le conseiller sait rare. Ce n'est pas comme si il pouvait se dire différent, en plus. Valait mieux respecter ce comportement. Il n'était pas sûr, toutefois, d'être d'accord avec ce qu'il disait. Si certes beaucoup pouvaient les envier, et qu'il aurait été indécent de prétendre qu'ils étaient dans des situations bien plus horribles que tout le monde au vu de la misère qui existait sur l'île, Faust ne pouvait pas soutenir le maître dresseur sur le coup. Bon, certes, certains se prenaient pour des martyrs et ça c'était indécent, mais... Peut-être qu'il n'était pas encore complètement résigné pour se dire qu'ils avaient le droit de se plaindre, ne serait-ce qu'un peu, comme tout le monde. Mais sûrement était-il trop las pour lancer le débat, et il se contenta de soupirer, fixant son regard dans la nuitée étoilée.

Descendre l'escalier avait été bien pénible, mais une fois dehors, le conseiller ne pu qu'apprécier les bouffées d'air frais, même si il frissonnait de temps à autre, qui venaient caresser son visage. Profitant du silence qui avait pris place, Faust se demanda distraitement si Alice dormait déjà, où si elle était encore collée devant ses « lives de gens qui jouent aux jeux vidéo papa, t'es un peu à la ramasse ». Il essayait en parallèle de ne pas penser au fait qu'il serait sûrement crevé demain lorsque viendrait le réveiller la douce et plaisante sonnerie stridente de son réveil, ne serait-ce qu'en essayant de compter le nombre de Nosferapti et autres Rattatas qu'il voyait slalommer entre les allées et les impasses. C'était plutôt bien, là, en somme, et la marche faisait doucement digérer la quantité indécente de nourriture avec laquelle ils s'étaient goinfrés. Pour dire vrai, Faust n'aurait pas été contre le fait de rester plongés dans ce silence pendant encore un moment, mais ce dernier fut rompu lorsque Samaël reprit la parole.

Un peu surpris par ce qu'il entendait, le hérisson jeta un regard de côté à son vieil ami, ne saisissant pas forcément d'où venaient ces propos, mais curieux malgré tout de ce qu'il entendait. Il le laissa continuer sur sa lancée, de plus en plus intrigué, d'autant plus que l'humour que le cadet tentait d'insuffler à ses mots cachaient à peine, aux yeux du plus vieux, que c'était sûrement un point sensible. Un peu incertain, le Donovan s'autorisa un air joueur, même si son rictus était bancal, reflétant la peine et la culpabilité qu'il ressentait à chaque fois qu'il se rappelait être en partie responsable de la situation dans laquelle il était, maintenant.

« Je sais, je sais. Mais depuis quand t'es un adulte, toi ? »

C'est bien, les blagues, hein ? Ça permet d'éviter d'avoir à dire ce qui est pénible, ou à détourner le sujet quand on se sent coupable. Faust a pris l'habitude d'agir ainsi, parce que c'est plus simple, parce qu'il n'a pas le droit à ses yeux d'exposer ses pensées, et qu'il veut toujours réconforter les autres avant lui-même. Il ne croit pas que cela servira à grand chose, toutefois, il n'est pas désespérément naïf. Alors il soupire, et se masse la nuque, signe devenu habituel et caractéristique des moments où il est un peu gêné, ne sachant pas comment articuler ses propos, même si sa démarche assurée et sa voix confiante peuvent faire croire le contraire.

« Sérieux, si toi tu prends la grosse tête, on va tous la chopper. En huit ans, je t'ai jamais vu faire autre chose que te questionner, t'es bien le dernier que je soupçonnerais de ça. Et ça fait de moi un frangin très, très fier. »

Si il tapote un peu l'épaule du plus jeune avec bienveillance, une lueur affectueuse dans son regard, ce n'est pas juste pour tenter de lui mettre du baume au cœur. Faust sait bien que les compliments sont devenus des accessoires entre eux depuis le temps, puisque l'autre sait ce qu'il pense et que cela n'a pas d'autre utilité que d'être là comme une piqûre de rappel.
Mais malgré lui, il ne pouvait pas dire qu'il ne comprenait pas les tracas de l'autre. Il détourna un peu les yeux, préférant perdre ces derniers dans l'immensité obscure reposant au dessus d'eux, car elle avait quelque chose de rassurant. Peut-être aussi qu'il avait honte de ce qu'il allait avouer, car c'était une admission d'impuissance aussi dure à avaler pour ses propres valeurs (enfin, il s'était depuis longtemps résigné) que pour sa fierté. Sa voix se fit plus calme, un peu plus mesurée, moins mécaniquement enjouée.

« Je t'avoue que je préférais l'avant aussi. Mais si c'est ça qu'il faut pour que cette foutue île se calme cinq secondes... Si il faut que j'joue au flic pour ça, ç'pas si différent que de jouer au bouffon dans un stade, ça reste du théâtre. »

Haussant les épaules, l'air de rien, il se retint de dire quoi que ce soit de plus. Pas comme si ce serait très intéressant, en somme, du moins à son avis. Plus jeune, il aurait refusé tout ça. Il se serait sans nulle doute lancé des grandes réclamations, aurait rejoint les manifestations qu'il devait maintenant contrôler sans que cela ne lui plaise foncièrement, et aurait lancé autant de regards goguenards aux miliciens les chassant qu'il ne le faisait aux régimeux, sans oser les mettre à un même rang d'équivalence pour des raisons évidentes. Mais maintenant, il n'a plus cette énergie, et il en quelque peu honte. Il a la sensation, parfois, d'avoir abandonné. De se contenter du calme, aussi fragile soit-il, même si quelque chose continue de gronder en permanence au creux de ses entrailles. Sûrement est-ce pour ça qu'il tente de cacher la lueur de regret dans ses yeux par un énorme sourire colgate, fait pour être visible, et qu'il se force à glousser.

« Que veux-tu, on est condamnés à devenir les vieux cons de service à notre tour. C'est nos faces qui se font taguer, maintenant ! »

Au moins une chose qu'il admirait et qui le faisait sourire lors des rondes, tiens. Bon, les moustaches étrangement carrées étaient de plus mauvais goût, mais il était toujours étrangement satisfait par le fait de voir que certains continuaient. Peut-être que son côté plus rêveur était heureux de voir que cet esprit de révolte, aussi immature qu'il puisse être, n'était pas totalement éteint. Que si lui avait abandonné, ce n'était pas le cas de tout le monde. Pouvait-on vraiment lui en vouloir ? Peut-être. Sûrement que ses responsabilités auraient dû l'empêcher de penser ainsi, mais la théorie était différente de la pratique, un peu comme pour tout le monde.
Toujours dans cette optique d'adoucir l'atmosphère, le Donovan s'étira et chercha un moyen de se divertir, ou juste de changer de conversation. N'importe quel geste, parole ou action aurait été plaisante à ce stade, peut-être aussi car il avait l'envie égoïste de profiter du temps qu'il avait avec son frangin pour s'amuser un peu, comme avant.

« Tant qu'on peut s'amuser un peu de temps à autre... »

Si jamais ils marchaient jusqu'à chez lui, car Faust se rendit compte que ses pas le menaient doucement mais sûrement vers là, ils en auraient pour un bon moment. Le plus vieux se rendit aisément compte qu'il n'était pas très tenté par le fait de continuer à regarder des murs et des étoiles dans le silence, car il en était vite lassé. Mais d'un seul coup, une idée germa dans sa tête et un sourire de gamin, un vrai, se dessina sur son visage. Une étincelle amusée dans le regard, il se tourna vers le cadet tout en décrochant une des balls à sa ceinture.

« Hé, t'es partant pour une course ? J'ai pas envie de rentrer à la maison à pied, je t'avoue. »

Bon, ce n'était pas très mature. Mais cela faisait un petit moment qu'Hadès et lui n'avaient pas fait de pirouettes, et Faust se disait qu'ils trouveraient sûrement là une occasion de se défouler tout en s'évitant des pensées plus noires. La maturité du geste, en revanche... Heureusement qu'il n'y avait pas de journalistes dans le coin pour voir Méphisto et Sirius en costume en train de faire les zouaves en pleine nuit, ça aurait été un peu concon.

28 novembre 2022, soir (~23h)

Faust M. Donovan
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Sam 20 Jan 2018 - 17:55
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Samaël Enodril-Miyano


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"avec les deux débiles"


Un adulte...
Seulement physiquement, alors, hé... Mais je ne peux plus me comporter comme un enfant. Ni comme un adolescent. Ce n'est pas une option envisageable avec mon rôle actuel qui rythme mon quotidien. Quelques fois je dois rester des heures assis dans un bureau, quelques fois je dois aller sur le terrain pour diriger des opérations... Quoique là encore, au moins, je peux sortir prendre l'air. Mais j'ai un statut trop important pour qu'on fasse davantage appel à moi. Les Champions, en comparaison, peuvent être sollicités plus facilement. Je me console la plupart du temps en me rappelant de l'autorité que je possède, alors que je n'avais jamais été préparé auparavant à en avoir autant. Est-ce bon de mettre autant de pouvoir en quelqu'un qui doute très souvent de lui-même ? Je le demande. Enfin, si la tour de la Compétition n'a pas encore explosé, c'est déjà ça. J'imagine que je fais un peu mieux mon travail que ce que je pourrais penser, non ?.. Me regardez pas comme ça, j'essaye juste de me rassurer !
On me dira, si j'étais vraiment devenu quelqu'un d'exécrable et avec une tête de la taille d'une montgolfière, mon copain me l'aurait sûrement fait remarquer depuis un moment. J'ai toujours tenté d'être fidèle à mes convictions. Il a fallu que je fasse quelques compromis de temps à autre, mais j'ai fait mon possible pour ne pas m'éloigner de mes véritables objectifs et pour rester le même à qui on a confié autant de tâches il y a quelques années. Mon titre de Maître, ce n'est pas par hasard que je l'ai obtenu. Mais six ans ont passé, depuis, et il m'est arrivé à bien des reprises d'avoir peur de changer. De commencer à prendre tout le monde de haut. Alors je mesure mes mots chaque fois que je parle à quelqu'un au grade inférieur, même si... Je reste toujours quelque peu confus quand je les entends s'adresser à moi avec une politesse à laquelle je n'ai jamais été accoutumé, ne sachant pas faire autre chose que leur rendre la pareille dans ce cas.

Toutefois, si Faust prétend que ce n'est pas mon genre, alors... Je veux bien le croire. Je lui fais confiance pour être honnête avec moi, me dire quand je vais trop loin. Supérieur ou non, je suis sûr qu'il ne se gênerait pas pour faire en sorte que je garde les pieds sur terre. Pas comme s'il n'entrait pas déjà dans mon espace de travail comme si c'était le sien, après tout. Mais ses propos me vont droit au cœur. Fut un temps où je ne pensais qu'à ça, le rendre fier. Faire en sorte qu'il puisse me remarquer et me dire que j'ai grandi, que j'ai progressé. Lorsqu'on me nomma à la tête de la Ligue, c'est bien lui qui m'emmena jusqu'au Stadium avec un grand sourire, après tout, limite encore plus excité que moi une fois que j'appris la nouvelle. Il était heureux pour moi car il savait que j'en rêvais secrètement depuis toujours. Le Donovan est loin d'être égocentrique, j'en suis le premier informé. Si je suis souhaite qu'il prenne un peu plus soin de lui (je sais, j'peux aller me gratter), je suis honoré de ses remarques. Je devais aussi savoir ce qu'il en pensait de son côté, même s'il doit se demander pourquoi j'ai des doutes maintenant. Ou alors il sait que je doute beaucoup de moi en général. Il faut dire que je ne peux plus prendre de décisions à la légère depuis un bail. Avec les Champions et les Conseillers, on ne m'envoie que les dossiers les plus considérables, alors je ne peux pas faire n'importe quoi avec. Tout ce qu'il dit me faire plaisir quand même, et j'accepte ses mots avec un sourire timide mais satisfait.

« Oooh... Flatteur ! »

Je laisse échapper un gloussement pour cacher mes légères rougeurs, mais je sais bien que c'est inutile de faire comme si ses compliments ne m'atteignaient pas. Il le sait, de toute façon, je suis bien trop transparent pour lui. Chacune de ses visites arrive à me mettre de bonne humeur, de toute façon. Je ne peux m'empêcher de sourire comme un idiot, ronronnant presque alors que nous ne faisons que marcher. Mais même une simple petite balade comme ça, quand je suis avec lui, arrive à me détendre et à faire oublier le regret dans ma poitrine que j'ai pu ressentir en décalant la conversation Skype avec Natsume. J'avais grand besoin de la présence de l'aîné, et je m'en rends compte, à présent. Il a su chasser mes peurs alors que je sais les problèmes qu'il a déjà dans sa propre vie. Il m'arrive encore de m'amuser d'avoir eu quelques sentiments chaleureux à son égard qui dépassaient un certain stade, mais je ne suis pas étonné que l'adolescent que j'étais alors ait pu trouver en Faust un crush de jeunesse.

Je n'ai pas son 'enthousiasme' en ce qui concerne notre rôle de 'protecteurs', par contre. J'essaye de prendre le plus de recul possible par rapport à ça pour ne pas attiser la haine des gens à notre égard, mais j'appréhende quand même le fait de devoir gérer ce genre de chose. Je ne sais pas si je suis bon, si je fais ce qui doit être fait, si de nouvelles erreurs vont arriver... J'aurais aimé que la Compétition ne s'en mêle pas autant, pour être honnête, et en même temps, il y a des avantages à ce que ce soit les Elites qui s'en occupent, à condition que certains ne prennent pas la grosse tête et se mettent en à faire n'importe quoi simplement parce qu'ils ont des responsabilités plus importantes. Les célébrités qu'ont pu constituer les Elites n'ont pas toujours tous été les plus aptes à servir de gardiens de la paix. On leur pardonne parfois trop facilement, et j'ai peur des déboires qu'on pourrait me rapporter si l'un de nous franchit les limites de l'acceptable. Rien encore de ce genre ne s'est produit mais je guette aussi le moindre début d'attaques que nous pourrions nous prendre si nous ne faisons pas attention. Nous ne sommes pas invulnérables en dépit des apparences. Et moi qui doit diriger tout ce monde, c'est assez ironique. Mais je fais avec. Si nous devons... 'jouer aux flics', comme il dit, je peux au moins essayer d'assurer à ce niveau, comme je le peux. Je n'oserais pas de comparaison avec nos identités de Liguiens, toutefois, puisque je trouve personnellement que ça n'a rien à voir, même s'il est plus expérimenté que moi dans le domaine.

Ton sourire ne me trompe plus, Faust.
Je le sens fatigué. Enfin... C'est une certitude, ça, mais il y a quelque chose qui semble le perturber, en dehors de tout ce dont on a parlé. Est-ce le poids de la Milice qui lui fait lourd sur les épaules ? Il paraît comme lassé par un je-ne-sais-quoi. Mais les tags de Méphisto en leader totalitaire exagéré l'amusent réellement, et cela ne m'étonne pas. Moi-même je ne compte plus tous les graffitis dont je suis affublé, même s'ils sont bien plus rares. Quand cela concerne le Maître, on dirait qu'ils se font plus discrets. C'est sans doute plus simple de taper d'abord sur les Champions et les Conseillers. Je ris seulement de l'imagination de certains, et du talent artistique de d'autres. Qu'ils se moquent, après tout je ne suis plus à ça près, et j'ai mieux à faire que de me préoccuper de ce genre de chose, tant qu'ils se servent de mon meilleur profil, cela va de soit. Je suis plus amusé des visages indignés et parfois amusés des Miliciens quand ils constatent ce genre de dessins.
C'est sa proposition qui éclaire mon visage, néanmoins. A-t-il parlé de 'course' ? Une course... aérienne ?

« Avec plaisir ! Mais seulement si t'es prêt à perdre... »

Héhé, il m'intéresse, là. Il sait comment me parler. Ce n'est plus une nouveauté que j'adore voler (en même temps vu mon équipe de Maître ce serait cocasse que je déteste les piafs), mais j'espère qu'il est conscient de l'adversaire qu'il met au défi ! Alors je n'hésite pas plus à décrocher une de mes Poké Balls pour en faire sortir mon Roucarnage, le premier qui a su me donner mon goût pour la voltige. Tori s'ébroue en apparaissant, avant de se laver brièvement son aile gauche avec son bec. Je le salue d'une caresse sur son plumage lustré avant de monter sur son dos.

« Rendez-vous chez toi pour fêter ma victoire... Yee-hah ! »

D'une petite tape sur son épaule, je fais lancer mon fidèle oiseau qui décolle d'une traite. Ma Ptéra est sans conteste la plus rapide de ma team, mais elle aurait protesté que je l'enlève à son repos et m'aurait boudé. Tori est le plus adroit, le plus sage, aussi. Il ne se plaint jamais et accepte toujours mes directives sans chigner. Je ne dis pas que c'est bien, mais dans certains cas comme celui-là, ça peut s'avérer utile. Enfin il s'agit plus d'un caprice qu'autre chose en réalité, mais le Roucarnage n'est jamais contre une petite virée dans les airs. Il n'a pas perdu non plus de son endurance et de sa vitesse.
Nous survolons la tour de la Compétition en en faisant le tour. Aussitôt que l'air ébouriffe mon visage et mes cheveux, je me sens revivre. Je respire un grand coup, appréciant le vent dont je ne peux profiter qu'en dehors de mon bureau. Je n'étouffe plus. Je me sens libre, et c'est une sensation que je redécouvre à chaque fois que je me rappelle à quel point j'aime voler. Et pas de selle, pour une fois. Je monte à cru sans peur aucune, faisant confiance à celui qui fut mon premier partenaire volant. Je lui demande s'il peut aller plus vite, et il s'exécute pour me faire plaisir. Il doit sentir que j'en ai besoin. Que c'était exactement ce qu'il me fallait pour décompresser après une journée comme tant d'autres qui sont devenues fatigantes. Je me surprends à sourire, à rire même sans raison. Je me sens simplement bien, là. Je tente même une petite cabriole, mon Roucarnage osant faire des petits tours sur lui-même en plein vol. Je me rends compte comme certaines petites choses comme le simple fait de faire des acrobaties m'avaient manqué. En dehors de celles que je fais pour impressionner la galerie lors de mes présentations en public, je me trouve moins de temps pour mon propre plaisir. J'habite trop loin pour pouvoir m'autoriser des allers et retours de chez moi jusqu'au travail à vol d'oiseau. Lorsque je suis crevé, je fais appel à Synkro pour que nous puissions arriver en un tour de main à la maison. C'est moins fun, mais plus rapide. Et je peux m'étaler sur le lit direct quand mon corps finit par me lâcher.

De loin, j'aperçois enfin la maison de Faust. Nous y sommes presque. Cela fait un moment que je ne me suis pas invité, maintenant que j'y pense. Il me paraît loin, le temps où je squattais presque tous les jours. Je me rappelle de nos soirées pizzas devant des films débiles, des moments quand je dormais là-bas et que nous faisions des parties de jeux vidéos jusqu'à très tard en rigolant comme des idiots, et parfois certains matins aussi où Natsume et Faust arrivaient à se faire des coups bas à peine dix minutes après le réveil. Des souvenirs que je chéris et que je conserve dans ma mémoire quand les nombreuses photos dans mon album ne me font pas office de rappel. Je ne me plains pas de la vie que j'aie maintenant car il faut bien avancer, mais je rêverais presque de retourner en arrière pour combler la nostalgie et le regret qui me hantent à chaque nouveau document administratif et sans intérêt dont je dois m'occuper de par mon statut. Ce ne serait plus possible de revivre des moments comme ceux-là, cependant. Ils appartiennent au passé, et tout à changé, y compris moi, y compris nous. Clive est en prison, Isaac vit avec Nagisa, Alice n'est plus cette enfant candide qu'elle fut autrefois, Natsume a sa propre Pension avec en plus un gamin à charge, et Faust... Faust cache ses problèmes derrière des sourires aussi grands que sa peine. Et si j'ai des responsabilités et une place non négligeable, je me sens toujours aussi impuissant, quelque part.
Mais cela n'empêche pas une étincelle joueuse d'arborer mes prunelles quand nous approchons de plus en plus de la demeure du Donovan et que je constate mon avance par rapport à lui. Je me permets même de ricaner, ralentissant légèrement avant de tenter de me mettre debout en équilibre sur mon Roucarnage pour pouvoir narguer le plus vieux comme il se doit.

« Bah alors, t'es devenu un Ramoloss ou quo- »

Je ne peux pas finir ma phrase comme je l'aurais voulu, car un vertige me prend tout à coup, et que mes réflexes n'ont pas le temps pour se déclencher et me permettre de me réceptionner. Je tangue, puis finis par tomber du dos de Tori. Ce dernier, ne sentant plus mon poids, s'affole et plonge pour venir me rattraper. Sa réception est bonne, mais déconcentré, il ne peut éviter malheureusement un arbre sur son chemin, et je glisse de nouveau de mon Pokémon avant de me retrouver contre quelque chose de dur et pas agréable sur lequel je roule. Ma dégringolade ne s'arrête que lorsque je me retrouve tout le corps suspendu en bas et qui ne doit de ne pas s'être écrasé au sol à mon pied qui s'est accroché quelque part. En clignant des yeux et en reprenant mes esprits, je me rends compte que j'ai atterri sur le toit de la maison de Faust et que si mon corps ne tombe pas, c'est grâce à la gouttière qui retient ma jambe. La tête à l'envers, je pousse un soupir de soulagement et attend que Faust descende vers moi pour enfin éclater de rire en remarquant ma situation.

« Héhéhé... Si après ça tu dis pas que je suis une étoile filante !.. On peut dire que le ciel te tombe sur la tête, ou plutôt... sur le toit ! »

Je ne devrais pas me moquer alors que j'ai malgré tout quelques douleurs et que la chute a bien failli être rude si elle avait été menée à son terme, mais je ne peux pas m'en empêcher. Quelques secondes plus tard, c'est au tour de Tori, délogé de son arbre, qui revient pour vérifier mon état. Mais je refuse son aide quand il me propose de m'enlever du toit. Je suis bien, là. Je me permets même de m'étirer brièvement quand je me calme enfin. Cela me rappelle, avec un peu plus de chagrin toutefois, comment j'avais ramené Tristan à sa famille : pour l'anecdote, nous avions également traversé le toit. Même avec ce genre de bêtise, il arrivait à m'admirer, qu'il disait. Et je repense tout à coup aux mots du Donovan.

« Hé... Tu sais... On est pas des bouffons pour tout le monde. »

Je plante mon regard dans le sien, l'air redevenu sérieux, malgré ma position plus que grotesque dont il faudra bien que je me déloge un jour. Je voulais simplement revenir sur cette notion qu'il a abordé nous concernant. Mais même aujourd'hui, je ne sais pas si je qualifierais en soit tous les Elites de 'bouffons'. Oui, c'est vrai, nous vendons du spectacle et des images pailletées. Nous vendons des histoires people que les gens s'arrachent pour oublier leurs problèmes. Mais je suis certain que l'objectif premier qui a motivé les Champions, Conseillers et Maîtres originaux n'étaient pas de ce ressort. Et quand j'étais enfant, ce n'était pas des pitres que je voyais avec des étoiles plein les yeux. Ces 'bouffonneries' comme il pourrait donc les appeler, fut pour moi le début d'une passion. Le début d'un rêve.

« … T'en as jamais été un, pour moi. »

Et lui plus encore fut pour moi le moins 'bouffon' de tous. Je l'ai peut-être connu avant de pouvoir rencontrer son autre identité, mais même sur ce terrain où nous nous sommes affrontés, j'ai vu les prémices de ce qu'allait être ma vie future sans même que je le sache. Et ce combat officiel, s'il fut diffusé à la télé, si on en a parlé dans les journaux dédiés à ça, était bien plus pour moi qu'on ne pourrait le penser. Et pas une seule fois je n'ai pensé à prendre notre histoire à la rigolade quand bien même il pense sous Méphisto avoir une vie qui prête à rire, quand bien même certains auraient pu se dire à tort que Faust n'était que joie et bonne humeur, que les problèmes n'atteignaient jamais sa personne et qu'il n'avait pas besoin qu'on le soutienne d'une quelconque façon.

« T'es le grand frère le plus cool qu'on puisse avoir ! »

C'est à lui ce soir que je dédie donc mon plus beau sourire sincère et fier ainsi qu'un thumbs-up de la victoire pour célébrer celle qu'il m'a volé pour cette fois. Ou peut-être pour exprimer ma gratitude et tout ce que je ne pourrais jamais lui avouer.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
Elite
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Mer 31 Jan 2018 - 17:54
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