Il y a des matins, tu sais que ta journée, ça va être de la merde. Avec le temps, j’ai appris à les reconnaître, ces jours-là. Par exemple, le jour où j’ai rencontré l’autre catin, j’aurais dut me douter que ça allait mal se passer. Pourquoi ? Oh, parce que j’ai réussis à perdre un livre de cours, moi qui ne perds jamais rien.

Eh bah ce matin, c’est la même chose. Dès l’instant où j’ai ouvert les yeux, j’ai su que j’aurais dut les refermer et dormir. Jusqu’à demain. Qui aurait probablement été un jour meilleur. Qui aurait surement été un jour meilleur même. Dès le réveil, je l’ai senti.

Je me suis réveillé avec dix minutes de retard. Je sais que dix minutes, c’est rien, mais quand on a une vie réglée comme du papier à musique, dix minutes, c’est énorme. Enfin, je réfléchis pas longtemps avant de sauter du lit et dans mes vêtements. Pas le temps pour la douche, je la prendrais ce soir.

Direction la cuisine, je salue rapidement l’Arcko assied sur le rebord de la fenêtre, puis je prépare le thé. Attendant que l’eau bout, je consulte mes mails sur mon téléphone. Il y en a un de mon patron qui me demande de relayer un fait divers un peu sordide, soi disant que mes collègues auraient refusé. Mouais, je dirais plutôt, qu’il sait que je suis une bonne poire et que je vais pas refuser.

L’eau est prête, et je commence à me servir le thé quand Alexy arrive dans mon dos, me sautant au cou. Je renverse de l’eau… Sur ma main. Et c’est putain de brûlant ! Je me contente pourtant juste d’évacuer ma frustration en soufflant longuement du nez. J’aime pas me fâcher avec ma sœur. Surtout pas le matin. Alors, je lui dit rien et je la salue aussi avant d’aller me passer la main sous l’eau froide. Puis, je vais nettoyer l’eau tombée à côté.

Un peu bougon malgré tout, je décide de ne pas entamer la conversation et de préféré regarder l’eau de ma tasse changer de couleur, comme prit d’une soudaine fascination. Et ça aurait pu aller très bien ainsi. Ça aurait dû continuer. Mais non, il a fallu qu’Alexy l’ouvre. J’ai rien contre, mais parfois, il vaut mieux qu’elle la ferme. Pour ma santé mentale.

- Mon petit frère jumeau chéri ? J’ai un petit truc à te dire.
- Tu veux combien ?

Typique de mon double. Quand elle veut simplement me parler, elle m’appelle Lavi, quand elle veut me demander quelque chose, souvent de l’argent au passage, elle me donne un tas de surnom tous plus ridicule les uns que les autres.  J’ai rien contre le fait que ma sœur me demande de l’argent de temps à autre. Alexy me demande lui avancer de l’argent pratiquement toute les semaines. Sans me le rendre, bien évidemment. Je sais pas ce qu’elle fait avec tout cet argent, elle doit en prendre des bains, j’vois que ça. Enfin, j’me fais pigeonner de tous les côtés. Comme d’habitude.

- J’avais besoin de cent opals, mais heu… j’ai déjà réglé le problème ?
- Ah bon ?
- Comme je sais où tu ranges ta carte bancaire, je m’en suis servie, je voulais pas te déranger hier soir.

Pendant quelque secondes, je resté bêtement à regarder mon thé un peu trop infusé. Puis, l’information est complètement monter au cerveau, et j’ai regardé ma jumelle avec des gros yeux reflétant d’abord ma surprise, puis mon agacement. Qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu, bordel de merde.

- Ok, très bien, ça se sert toute seule. T’as prit combien ?
- Hof, pas grand-chose, une bagatelle vraiment.
- Combien, Alex’ ?
- J’ai dépensé un peu plus de mille opals pour divers achats ?
- Pardon ? Répète pour voir ?

Zen. Je suis totalement zen. Je suis un moine bouddhiste et je suis… Je vais l’étrangler. Avec ses cheveux. Et je maquillerais ça en suicide. J’adore Alexy, mais là, elle à un poil dépasser les bornes. Je suis à deux doigts de regrette de n’être pas né fils unique. Vraiment à deux doigts. Deux petits doigts. Je garde un sourire crispé au visage, mais je serre tellement les poings que les jointures en pâlissent sévèrement. Quant à ma sœur, elle a détourner le regard trente secondes, consciente qu’elle est allée trop loin.

- J’en ai besoin pour la Compétition, acheter mon matériel, ça coûte cher, tu sais ?
- Tu sais que tu me les rendras, hein ? Avant la fin du mois, si possible.
- Oh ça va, fais pas ton radin ! Ce ne sont que mille opals, t’es beaucoup plus riche que ça.
- Oui, et toi aussi. Mais c’est pas la question, c’est par principe Alex’. Tu piques pas dans mon compte comme ça sans me demander. Ma carte, tu l’as mise où ?
- Je l’ai rangée, promis.

J’espère bien. Je finis par l’enlever l’infuseur de ma tasse et je bois mon thé. Au moins un truc qui se passe bien. Non mais franchement, cette journée de merde commence foutrement bien. Hâte de la suite, dit-il avec sarcasme.

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#1 'Anula' :


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#2 'Niveau' :


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#3 'Shiney Capture' :

Je termine de boire mon thé, dans le silence, boudant un peu Alexy. Puis, toujours en silence, je finis par me lever et déposer ma tasse dans l’évier. Enfin, j’aimerais. Mais comme d’habitude, Alexy n’a pas fait la vaisselle alors que c’était son putain de tour. Je ne suis pas sa putain de boniche ! Elle me casse les couilles, la frangine, ce matin. Soupirant d’agacement et me pinçant trente secondes l’arête du nez, j’appelle froidement ma jumelle. Elle arrive et passe la tête par la porte.

- Tu m’as appelée ?
- T’as pas fait la vaisselle. C’était ton tour hier soir.
- J’ai pas eut le… !

Mon regard noir doit la persuadée de terminer son excuse favorite. Je la vois même pâlir légèrement malgré son fond de teint.  Au final, elle finit par murmurer qu’elle fera la vaisselle avant de partir et qu’elle la fera complètement aujourd’hui et demain. Je préfère entendre ça. Je me contente de hocher la tête pour toute réponse. Je pose la tasse où je peux et je me dirige vers la salle de bain pour me brosser les dents et vite fait me réarranger les cheveux.

Puis, je retourne dans ma chambre prendre une veste et mon chapeau. Ouais, j’ai vu par la fenêtre vite fait qu’il y avait genre un grand ciel bleu, et du coup un  gros soleil, mais j’espère secrètement qu’il se mette à pleuvoir dans la journée. J’aime pas le soleil. Qui dit soleil dit chaleur, et j’aime pas avoir chaud. Je déteste avoir chaud. Bref.

J’allais partir, mon trousseau de clé à la main, annonçant mon départ à Alexy quand mon Arcko pousse un cri monstrueux, genre comme s’il s’était coincé la queue dans un four allumé. Je suis sûr que ça doit faire hyper mal. Je jette un coup d’œil dans la cuisine, me rendant qu’il n’a absolument pas bouger depuis ce matin, en fait. Et je m’approche, me demandant ce qui le surprend. Et je comprends mieux. Y a un trousseau de clés sur le rebord de la fenêtre.  Je connais un voisin qui a dû dormir à la rue. Boh, je les déposerais dans les communs de l’immeuble. Chuis déjà suffisamment  gentil pour faire ça, le voisin après il se démerde comme un grand pour récupérer son trousseau. Il n’avait qu’à pas le paumé, à la base.

J’ouvre la fenêtre, Hop en profitant pour s’accrocher à mon épaule, et je ramasse le trousseau quand celui-ci ouvre les yeux ? Et me détrousse de mes clés avant de se barrer comme si de rien n’était. Je reste interdit quelques minutes. Puis, comme si rien ne s’était passé, je referme la fenêtre et je lui tourne le dos. Mon double arrive dans la cuisine, me demandant pourquoi mon pokémon à hurler avant de me regarder surprise.

- Lavi ? Tout va bien ?
- Très bien, je me retiens juste d’hurler de frustration. Mais tout va bien.
- T’es tout rouge, il t’est arrivé un truc fâcheux ?
- Comme me faire voler mes clés par un Trousselin, tu veux dire ?
- Heu… Je… Tu… Oh, mais… Hein ? T’as perdu quelque chose, toi l’Irréprochable ?
- Je les ai pas perdues, on me les as volées. Et ça va me foutre en retard.
- Damn, je pensais pas t’entendre prononcer les expressions « je me suis fait volé » et « je vais être en retard », un jour. Mon dieu.
- Mais aide-moi à choper ce putain de Trousselin au lieu de te foutre de ma gueule !
- Oui, oui, oui, j’arrive !

Avec Alexy, on se dirige dans le couloir, fermant derrière nous quand même. Y a ses pokémons en liberté dans l’appartement, mais vu les mous du genou, je leur confierais même pas la garde d’un chapeau. Ma sœur me demande où j’ai vu le Trousselin filé et je réponds qu’il s’est éloigné dans la cour de l’immeuble. Pendant qu’on y court, j’envoie un SMS à un collègue, lui demandant de prévenir le chef pour mon retard. Et à la place d’une réponse, mon téléphone sonne : mon collègue. Je décroche, ne lui laissant pas le temps de parler.

- Si c’est pour te foutre de ma gueule, je raccroche, Sullivan.
- Promis, pas maintenant. Je veux juste savoir la raison de ton retard.
- … Un pokémon m’a volé mes clés.

J’ai perdu mon collègue à l’autre bout du fil car il est prit par ce qui sera probablement le plus gros fou-rire de toute sa vie. Moi aussi, j’en rigolerais un jour, quand j’aurais retrouvé mon autodérision. Ah oui, c’est vrai.

On arrive dans la cour, à bout de souffle et on voit le Trousselin, là. Il s’amuse juste avec mon trousseau de clés. Il le lance, il le rattrape, il le lance, il le rattrape, il le lance, il le rattrape. Il est à qui ce pokémon ? J’essaye de pas l’effrayer, c’est pas mon but, moi, je veux juste récupérer mes clés. Hop saute de mon épaule et s’avance doucement vers le Trousselin qui le remarque et s’enfuit.

- Mais, putain ! Mais reviens ici, Tête de Nœud ! He oh ! J’te parle ! Reviens, merde ! J’ai besoin de ces clés !

Non, le bousin m’ignore royalement et va se percher en hauteur. En plus, il s’amuse à agiter les clés « sous notre nez ». Mais il me nargue, le salaud ! Je vais te faire fondre au bain marie, tu vas voir ! Rira bien qui rira le dernier ! Un éclair vert attire mon attention, et je vois Hop commencer à escalader le mur, tranquille comme s’il avait fait ça toute sa vie. Alors, depuis que je l’ai, je l’emmène partout avec moi et rares sont les moments où je ne peux pas l’emmener. Alors quand a-t-il appris à faire ça, exactement ?

- Oh ! Je savais pas que Hop grimpait au mur.
- Non, bah moi non plus.

Alexy semble admirative avant de dire qu’il nous sera d’une grande aide. Ouais, c’est vrai, je suis bien forcé de le constater.

Modération:

Avec Alexy, on regarde Hop escalader le mur et atteindre la plate-forme où s’est installé le Trousselin. Pis, on a pas d’autres choix que de regarder, on peut rien faire de là où on est. Par contre, je m’attendais pas une réaction aussi virulente de mon Arcko qui se jette littéralement sur le Trousselin jusqu’à le faire tomber.  Surpris, le petit pokémon pousse un petit cri de détresse et Alexy réagit plus vite que moi et le rattrape. Mon double en profite pour me rendre mes clés, quant à mon Arcko, fier de lui, il entame la descente.

- Clay ?!!

Je lève la tête et j’aperçois une femme rousse, penchée par la fenêtre. Elle semble paniquée, parle très vite et sans articuler et finit par s’eclipser. Avec Alexy, on se regarde, un peu surpris, en haussant les épaules. Peu après, la femme rousse débarque à son tour dans la cours, les cheveux en pétard, sa robe rouge mal ajustée,  et j’entends Alexy pouffer et marmonner pour elle-même, mais assez fort pour que je l’entende.

- On dirait un déguisement raté de Jessica Rabbit. Si ça se trouve, c’est son prénom.

Je souffle du nez, me retenant de ricaner. Je dois rester maître de mes émotions.  Enfin, à cause d’Alexy, j’arrête pas de m’imaginer Jessica Rabbit au réveil, avec la tête de la voisine. Très dur de me concentrer dans ces conditions. Alexy, que m’as-tu fait ? Enfin, ça va un peu mieux quand la voisine se mets à parler, avec un très très fort accent allemand. Ouf ! Ça va être dur, mais on peut tenir la conversation.

- Excusez-moi, le Trousselin m’appartient, il s’enfuit souvent pour faire des farces aux voisins. C’est la troisième fois cette semaine.
- Sachant qu’on est jeudi…
- S’il vous a embêté, je m’en excuse, vraiment.
- C’est bon, j’ai pu récupérer mes clés. Y a pas mort d’homme. Votre Trousselin va bien aussi.
- Je suis vraiment désolée. C’est mon seul pokémon, je sais pas comment m’en occuper, il doit s’ennuyer, tout seul. Quand je vivais avec mon ex, il avait d’autres pokémons pour s’amuser avec lui, mais comme je me suis séparée de lui, il se retrouve tout seul. Il doit se sentir un peu triste et cherche des copains…

Alors, oui, c’est sympa de me raconter ta vie, mais j’en ai actuellement rien à foutre, en vrai. Là, tout ce que je sais, c’est que ton Trousselin m’a foutu en retard. Et actuellement, je ne suis pas éducateur ou comportementaliste spécialisé dans les pokémons. Ce que c’est pipelette, une femme, putain. Elle s’entendrait bien avec Alexy, celle-là, la même bavarde.

- C’est pas que c’est pas intéressant, hein, mais je dois aller travailler, je vais être en retard, sinon, excusez-moi.

Je sais que couper une personne en pleine phrase, c’est pas très poli, mais là, elle a commencé à aborder les raisons de sa rupture avec son ex, et j’ai mieux à faire qu’écouter une inconnu me raconter sa vie. Déjà parce que ça me regarde pas et de deux, parce que je m’en fous. Mais Alexy à l’air d’apprécier. Je parie qu’elles sont amies avant la fin de la journée.

Moi, je quitte la cours, je retourne rapidement à l’appartement récupérer, ma veste, mon chapeau et ma besace. J’ai plus que dix minutes pour arriver. Je vais en retard, j’en ai au moins pour vingt minutes de marche. Je prends le bus ? Allez, je prends le bus.

…

Non, je prendrais pas le bus, je vais marcher très vite et puis c’est tout. Il ets bondé, y en a une chiée qui font la queue, je veux pas jouer des épaules là-dedans, vu la chance que j’ai aujourd’hui, l’épaule va me revenir dans le nez. Et ça fait mal. Enfin, pas que j’ai déjà testé, mais j’ai pas envie, en fait.

Sans plus réfléchir, je m’engage dans la rue, en direction du travail. Sur le trajet, j’essaye de m’arrêter à la boulangerie où je fais habituellement une pause pour y acheter mon repas. Mais évidemment, aujourd’hui, elle est putain de BLINDÉE de monde ! Sérieux, j’ai fait quoi ? Je suis passé sous une échelle ? J’ai contrarié un chat noir ? J’ai brisé un miroir ? Expliquez-moi pourquoi j’ai autant de malchance aujourd’hui. Non mais sans déconner, j’ai jamais vu ça de ma vie.

Soupirant, je poursuis mon chemin jusqu’au travail. En chemin, Alexy m’envoie un message, me disant qu’elle a rendu le Trousselin à la femme aux problèmes sentimentaux. Elle m’apprend que c’est même la voisine de palier. C’est donc sa séparation qu’on a entendu à trois heures de l’après-midi, samedi dernier. Bof, je m’en fous. Ils avaient pas emménager depuis bien longtemps, je crois. Je les connais pas.

J’arrive enfin au travail. Mon chef m’attends dans l’entrée du bâtiment, les bras croisés, et les sourcils froncés. Ne me dites pas que Sullivan à pas fait la commission, sinon, je l’étrangle avec le câble de sa souris ! Ah oui, c’est vrai, on a des souris sans fil. Je trouverais bien quelque chose. Mon patron me fait remarquer mon retard et me demande d’éviter de recommencer avant de me presser de rejoindre mon poste. Un poil remonté, je rejoins mon bureau, c’est juste une pièce où sont disposer plusieurs postes information, travaillant, ainsi dans un espace d’open space. A quatre dans un bureau, c’est pas vraiment un open space. Au moins, on s’marche pas dessus.

Arrivé dans la pièce, je lance un regard meurtrier à Sullivan, mon collègue. Taquin, il passe son temps à me chercher des poux et, il m’agace. Mais si t’as un problème, il te tends la main pour t’aider. Enfin, en principe.

- Voici, Lavender l’Irréprochable en retard de… dix minutes. C’est un record. T’as pu récupérer tes clés ?
- Sullivan, enfoiré ! T’as pas fait la commission !
- Si, si ! Je te jure, quand même ! T’as demandé tellement gentiment, comme à ton habitude. Le chef m’a juste pas cru.
- Rah, t’échappe à la peine capitale de peu, j’te jure.
- Prends ça, avant de râler, je suis sûr que t’as pas eût le temps de t’acheter à manger, pour ce midi, je me trompe ?

Râlant et grognant, je prends le sac en papier que le temps le brun, jetant un coup d’œil à l’intérieur. C’est bien un repas. Je marmonne vaguement un « merci », avant de m’installer sur ma chaise de bureau et d’aller l’ordi, soupirant déjà. La journée va être longue.

Modération:

Mon ordi s’allume, aussi lentement qu’à son habitude. Ils pourraient quand même nous donner du bon matériel, enfin un minimum. Je consulte mon bloc-note, avec ma liste de chose à aujourd’hui, et je rajoute l’article sur le fait divers glauque. En même temps, je cherche mes lunettes.  Hum ? Je les trouve pas ? Je fouille à fond mon sac, je fais les poches de ma veste et de mon pantalon. Rien, pas de lunettes, j’ai pas pris mes lunettes. J’ai oublié mes lunettes ?  Putain, ça m’arrive jamais ! Pourquoi aujourd’hui ? Je soupire lourdement, agacé, avant de sortir mon téléphone et d’envoyer un message à ma sœur qui me confirme que mes lunettes sont bien sur mon bureau. Me sentant complètement con, je pose mon téléphone un peu brutalement sur le bureau. Sur le bureau voisin, Sullivan me jette un coup d’œil en coin.

- Qu’est-ce qui ne va pas, cette fois ?
- J’ai oublié mes lunettes chez moi.
- Alexy ne peut pas te les ramener ?
- Ça lui ferait faire un gros détour, j’voudrais pas l’embêter.
- Vu comme tu te plie en quatre pour elle, elle pourrait te rendre service de temps à autre.
- Je ne veux pas l’embêter.
- C’est toi qui vois. Au moins, on pourra te forcer à faire des pauses de temps à autre.

Je marmonne vaguement un truc inintelligible, même pour moi. Puis, je prépare mon bloc-note. Comme je suis le dernier arrivé, le chef voudra sans doute commencer la réunion sans perdre trop de temps. Une réunion chaque matin pour savoir qui fait quoi. C’est normal, d’un côté. Mon supérieur arrive, et commence la réunion, sans manquer de faire remarquer qu’elle a pris du retard. Je l’aurais compris que c’est pas mon jour. On voudrait me le tartiner à la gueule que ce serait encore trop subtile.

A chacun son rôle est attribué. Moi, c’est visite au commissariat pour relayer le fait divers. Une histoire de meurtre apparemment. Tout ce que j’aime dès le matin. Hop grimpé sur mon épaule, je m’en vais pour le commissariat. Il y a trois personnes à l’accueil. Bah, j’ai plus qu’à attendre.

Modération:

J’attends, patiemment, que les personnes devant moi aient parlé au secrétaire d’accueil. Les trois viennent déposer une main courante. Quand, enfin, mon tour vient, j’ai l’impression que ça va pas être simple. Il vient sans doute de juste commencer son service, et on dirait qu’il en a déjà marre. Oui, moi aussi, y a des jours, je resterais au lit.

- Bonjour Monsieur, pourquoi venez-vous ?
- Bonjour, Lavender Lauder, je travaille pour Anula Actu. Je viens grappiller des informations sur le meurtre qui s’est déroulé cette nuit à l’impasse Lafayette.
- Vous me semblez bien renseigné, déjà.

Je soupire lourdement et je roule des yeux. Je savais que ça allait être chiant. Mais je n’imaginais pas comme ça. Moi non plus, j’ai pas envie d’être là, pourtant, il le faut bien. Alors donne-moi ma permission et arrête un peu de me casser les couilles. Oui, chuis grossier. Mais j’ai l’impression que l’univers à décider de se liguer contre moi aujourd’hui. Et j’aime pas ça.

- J’aimerais écrire un article dans le journal sur l’affaire.
- Pourquoi faire ? Effrayer la population ? On en a pas besoin.
- Pour informer la population, s’il vous plait.
- Vous avez tous la même excuse dans votre boîte ou quoi ?

Est-ce que je viens de me faire clouer le bec ? Complètement. Parce que je ne sais pas quoi répondre à ça. Notre but, c’est d’informer la population, c’est tout. Bon, on édulcore un petit peu la vérité en fonction de notre opinion politique. Par exemple, ma collègue, Sylvia, a rédigé un article sur le nouveau groupe, les Monarchistes. Et vu la tournure de ses phrases, de ses propos, elle a fait passer les Anarchistes pour des enfants de chœur.

Ceci dit, je dois vraiment faire pitié au secrétaire qui me laisse quand même passer et me demande d’attendre dans une salle avec deux autres journalistes, déjà. Je salue les personnes présente et je prends place sur une chaise et j’attends. Ma voisine de chaise se tourne vers moi et me fais la conversation en attendant. Enfin, me fait la conversation. Disons qu’elle fait la conversation toute seule. Moi, je hoche juste la tête de temps en temps. Elle s’appelle Capucine, à mon âge, et est jeune journaliste comme moi. Sauf qu’elle, elle travaille pour le Détective d’Enola. C’est un journal relatant des affaires sordides en tout genre. Autrement dit, c’est le journal pour les ménagères en manque de sensation fortes dans leur couple. Ou pour ceux qui ont le bocal fissuré. Désolé d’avoir blessé vos gouts de chiotte, hein. Et actuellement, Capucine contribue à me faire détester encore plus ce journal parce que j’ai l’impression qu’elle va me donner une migraine d’enfer si elle continue à bavasser comme ça.

Heureusement, le policier en charge de l’enquête arrive et nous parle vaguement de l’affaire avant de demander si y a des questions. Alor,s oui, j’en ai, mais les deux autres journalistes les poseront pour moi. Surtout Capucine. Une vraie pie, cette meuf. Enfin, au moins, j’ai toutes les infos que je veux.

L’entrevue avec le policier se termine et je quitte le commissariat, retournant au bureau. Je vais pouvoir commencer la rédaction de mon article et travailler sur d’autres choses aussi. Un jour, j’aurais le temps de respirer.

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#1 'Anula' :


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#2 'Niveau' :


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#3 'Shiney Capture' :

Le chemin du retour se passe sans encombre. Encore heureux. Manquerait plus que ça. Je suis le premier de retour au bureau, ceci dit. Je m’installe à ma chaise et machinalement, je cherche mes lunettes avant de me souvenir que je les aie oubliées dans ma chambre. Hop descend de mon épaule, oui il était là tout ce temps, et va s’installer dans un coin de mon champ de vision pour faire la sieste sans déranger personne. Je suis le seul à venir au bureau avec un pokémon hors de sa pokéball, du coup, comme Hop est libre de se balader dans le bureau, c’est un peu la bouffée d’air frais. Quand il ne fait pas le con, bien évidemment. M’enfin, il semble calme aujourd’hui.

Je commence la rédaction de mon article, et je commence par écrire un brouillon avec des idées de phrases placée ça et là. Puis, je fais aussi quelques recherches sur l’affaire semblable qui a eût lieu il y a quelques années. Je me plonge ainsi dans mon travail pendant plusieurs minutes.

Je sais que mes collègues reviennent quand Hop lève la tête et pousse un cri de joie les voyant. Il aime bien mes collègues. Je crois qu’il est trop naïf pour se rendre compte d’à quel point ils sont cons, parfois. Mais non c’est pas de la méchanceté gratuite. C’est que de la vérité. De la vérité vraie.

Sylvia vient vers moi et se penche sur mon bureau pour choper mon carnet de notes pour le feuilleter, m’empêchant ainsi de bosser, ce qui me fait soupirer du nez. Sincèrement, je m’en fiche, c’est un cahier de note et tout ce qu’elle trouvera dedans, ce sont mes notes pour des articles ou des idées pour des histoires que je rédige. J’ai donc absolument rien à cacher. Au bout de quelques minutes, ma collègue me rends mon carnet.

- Toujours aussi impressionnante ta prise de note, Lavender. C’est fou d’être aussi bon en tout. Parfois, on se demande ce que tu ne sais pas faire.
- Desserrer les fesses.

Je grogne, un peu offusqué, mais je ne lui réponds rien. Ça ne vaut même pas le coup. À la place, je me tourne vers ma collègue pour lui répondre à elle.

- C’est ça quand on fait partit de l’élite, on est entraîné à savoir tout faire.
- T’es pire qu’une machine, tu me ferais presque peur.
- Je rappelle à Monsieur de l’Élite qu’il est arrivé en retard ce matin parce qu’il s’est fait voler ses clés par un Trousselin et qu’il a oublié ses lunettes chez lui, alors si Monsieur de l’Élite veut bien descendre de son cheval géant, il pourrait peut-être venir bouffer avec nous.

J’ouvre la bouche pour répondre, mais non, j’ai rien à redire. Il m’a bien eût sur ce coup-là. C’est une remise en place propre et net. Et je vais entendre parler de cette journée très longtemps, j’ai l’impression. Et là, tout ce qui me reste à faire, c’est prendre mon repas et rejoindre mes collègues, sous le regard amusé de Sullivan qui ricane. Tu perds rien pour attendre, salaud.

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