Evolution de Gala la germignon

Je me réveille en sursaut, le coeur au bord du vide, secoué par les sueurs froides et la fièvre. Je lutte pour me redresser, bousculant au passage Cachou qui grogne et descend brusquement du lit pour aller terminer sa nuit sur le canapé, probablement. Je le trouve de plus en plus distant dernièrement, désagréable et rebelle, peut-être est-ce ma faute ? Je hausse les épaules, incapable de me concentrer plus longtemps sur son comportement alors qu'une toux me coupe la respiration et que ma gorge menace de se consumer dans le feu des enfers. Je reprends mon souffle en promettant de jeter un coup d'oeil dans les archives de mon père à ce propos parce qu'après un check up complet de l'animal, je n'ai rien découvert qui justifie son éloignement. Je me lève et me traîne tant bien que mal jusqu'à la salle de bain, suivie de prêt par Gala qui me fixe avec un air inquiet. Je lui offre un sourire rassurant, lui promettant que tout va bien avant de retirer mes habits et de me glisser dans la douche. Je me force à régler la température sur 38 degrés pour faire retomber ma fièvre et je laisse échapper un soupir tremblant. Est ce que tout va vraiment bien en ce moment ?

Nan, rien ne va vraiment bien. On approche de la fin du mois de décembre, de la nouvelle année, du premier de l'an. Les cauchemars sont plus présents, plus réels, plus consistants que jamais. La fièvre me fait délirer, me force à revivre les images du passé et je suis comme pris au piège, incapable de m'en détacher. Ne pas aller travailler me laisse du temps pour penser, me reposer et chaque fois que je ferme les yeux, je délire, je plonge à nouveau. La maladie ne m'aide pas. Si je me sens plutôt bien la journée avec les médicaments, je suis une véritable larve en fin d'après-midi et la température me force à dormir, je ne parviens pas à lutter contre la fatigue et le poids des antibiotiques. Alors je me réveille systématiquement en pleine nuit, à bout de souffle, des souvenirs plein la tête et la sensation d'étouffer, de suffoquer. Ca passera, ça finira par passer. Même éveillé, j'ai l'impression de les entendre, de les sentir... Les explosions, les cris, les pleures, la douleur, la brûlure des flammes. Une nouvelle quinte de toux me tire de mes pensées et de l'état second dans lequel je me trouvais et je me force à songer à autre chose. Je pense à Noël, aux cadeaux. Je dois encore trouver une piscine coquillage pour Tac et le nouveau panier que je prévois d'acheter à Cachou, le XXL. Il ne râlera plus pour la place comme ça. Je souris en y songeant et coupe l'eau alors que je commence à me sentir légèrement mieux. Je me sèche aussi vivement qu'un mucuscule puis j'enfile un bas de pyjama propre et sec. Gala m'attends à la sortie de la salle de bain, à la fois inquiète et impatiente d'aller se coucher. Je me penche pour la prendre dans mes bras mais un vertige me fait rencontrer le sol.

J'étouffe une quinte de toux en roulant sur le dos pour regarder le plafond, épuisé, incapable de me relever. Gala me lèche le visage mais je me sens partir, sombrer. Je lutte mais une vive lueur me force à fermer les yeux et je me sens brusquement soulevé jusqu'à me retrouver assis. Une longue feuille me chatouille me visage juste avant que je croise le regard d'un Macronium. J'esquisse un sourire, la complimentant sur la beauté de ses bourgeons et sur la longueur de sa tige. Elle m'aide à me relever et me soutien jusqu'à mon lit sur lequel je m'écroule en riant mollement.

« Tu es jaune... Comme les abeilles, comme le soleil. »

Elle grimpe à son tour, tire la couette sur mon torse nu et secoué par une nouvelle quinte de toux. Elle s'allonge à mes côtés, se serre contre moi et fait quelque chose, un je-ne-sais-quoi qui allège brusquement le poids de la maladie, m'éclairci l'esprit et me laisse juste épuisé, abattu, à plat, complètement raplapla. Je la remercie d'une caresse discrète avant de sombrer dans un sommeil sans cauchemars, sans chimères, un sommeil réparateur, un sommeil protégé sur lequel veille au grain la jeune Macronium.