L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
éclosion de Kawa Silas contemple sa solitude, assis au creux du canapé, une coupe de vin à moitié vide à la main. Près de lui, Sherine a trouvé sommeil, tout comme Idriss qui repose contre lui. Lové sous son chandail, la chauve-souris s’est apaisée aux battements de cœur de son dresseur. L’éleveur a pris l’habitude de se retrouver seul. Pendant les Fêtes, il doit néanmoins avouer que celle-ci lui pèse. Ces dans ces rares instants qu’il s’octroie la permission de penser à son père, qui même décédé quatorze ans plus tôt continue de lui manquer terriblement. Le jeune homme aura toujours eu un rapport étrange avec son deuil, s’abreuvant de la douleur de celui-ci pour justifier certains de ses malaises et alimentant celui-ci de vieux souvenirs un peu pénibles. Il en sera venu à aduler cet homme qui pourtant aurait pu revoir bon nombre de ses habiletés parentales. Lorsqu’on ose parler de lui sans un mot positif, il devient narquois, voir agressif. Il aime entretenir une vision idéalisée de Nathan, qu’il ne connaissait pas beaucoup au final. À chaque fois qu’il se retrouve seul pour les Fêtes, Silas pense à lui et pleure sa mémoire, tout en se disant qu’il ne sera jamais l’homme qu’il était jadis. Il ignore pourtant qu’il a tout le potentiel de son géniteur voir d’avantage maintenant qu’il aura trouvé sa voie. Les derniers temps auront été un défi pour lui, le laissant fatigué et nerveux. Il a un peu trop bu ce soir. Pour certains, c’est pour oublier, pour lui c’est pour encourager ses souvenirs.
Il revoit donc des moments doucereux de son enfance qui embuent ses yeux de larmes à moitié assumées. Il les chasse de son bras valide, menaçant de renverser sa coupe. Réalisant son pathétisme, il en avale le contenu avant de l’abandonner contre la table basse. Il se lève, la tête lourde, la démarche incertaine. Le jeune homme attrape son manteau laissé sur le dossier d’une chaise avant de sortir par l’arrière, en direction du bassin. Il se poste là, les pieds dans l’eau, à se demander comment il fait pour toujours se trouver seul à la nouvelle année. Un coup d’œil vers sa montre lui indique que l’année 2023 s’amorcera dans quelques instants. Il soupire, regardant son œuvre sous lui. Il aura fallu un travail considérable pour remplacer l’ancien bassin pour faire celui-ci. Son ancien client lui aura forcé la main, en quelque sorte, en refusant de reprendre l’œuf produit par ses deux alliés. «Prends-le toi, moi j’en ai plein les bras avec ces deux-là» lui a-t-il dit alors. Silas appréhende nerveusement la naissance du Carvanha. Au vu des difficultés qu’il a éprouvées avec la mère de celui-ci, il ne se sent pas particulièrement prêt à devenir dresseur d’un Pokémon aussi violent. Ce grand cœur pacifiste mettra du temps à accueillir la créature aquatique pour ce qu’elle est. Avant même sa naissance, il regrette un peu sa présence sur ses terres. L’œuf repose dans un petit compartiment de la piscine désormais, comme il devrait éclore sous peu. Encore fois, la coquille se met à briller, provoquant moult soupirs chez l’éleveur.
Silas ne se doute pas qu’il l’aime déjà, ce Pokémon inattendu. N’a-t-il pas fait construire cette nouvelle bassine pour lui? Avec ses employés, ils auront creusé un trou plus grand qu’une piscine et installé ce qui ressemble d’ailleurs beaucoup à une piscine creusée. L’éleveur a fait ajouter des alvéoles pour permettre aux Pokémon de Type Eau de se reposer, ainsi que quelques jouets. Le tout est réussi, très réussi même. Mais il s’agissait d’une dépense non prévue qui rend bien nerveux le garçon. S’il prend grand plaisir dans son métier, l’aspect financier continue de le préoccuper. L’argent que lui a laissé son père l’épuise rapidement, et il lui reste tant de projets à réaliser… Heureusement, son premier client lui aura fait bonne réputation car de nombreux clients lui ont confié Œufs et pensionnaires depuis. Ce fut une semaine occupée pour lui, mais d’entre tout ce qui aura été fait, la réalisation de ce bassin est vraiment sa plus grande fierté.
Silas a maintenant les yeux rivés vers sa montre. Les secondes défilent jusqu’au moment où il s’écrit la nouvelle année. Ne lui répond que l’écho de sa propre voix dans l’obscurité de la nuit. Avec un nouveau soupir, il s’apprête à repartir vers la maison pour se coucher, mais une lueur très vive dans le bassin l’en dissuade. L’éleveur se penche vers la cavité où il a mis l’œuf, d’où jaillit enfin le petit Carvanha. Nageant avec énormément de sérieux jusqu’à la surface, le petit vient l’observer de ses grands yeux sévères.
«Eh bien, tu es le portrait craché de ta mère, toi. Je crois que je vais t’appeler comme la rivière, Kawa.»
L’Hôte de Pension étend la main pour effleurer la peau du petit qui ne recule pas. Contre sa peau rugueuse, l’eno-syrien se coupe et vient rapidement porter sa main à sa bouche. Kawa, lui, n’a rien remarqué. Il s’est retourné pour faire le tour du bassin, son nouveau royaume.
«Bonne année, petit Kawa.»
Silas force un sourire, en se demandant bien dans quelle galère il s’est embarqué. (c)Golden