En avaaaant... Marche !

Avec les Minimoys

« Bon, euh, allez les enfants, on se met en rang deux par deux ! »

La scène, pour le coup, est presque comique. Une vingtaine de petites têtes se tournent vers moi à l'instant même où je prononce cette phrase, avant de joindre le geste à mes paroles. La maîtresse du groupe soupire de soulagement et me remercie d'un regard, avant de mener sa troupe juste devant les ruines. Jour de sortie scolaire aux ruines du Titak pour la classe de ma fille aujourd'hui. En tant qu'un des deux miliciens en chef de la ville, je me suis proposé pour les accompagner, au cas où. Je pensais venir en tant que simple parent d'élève, en fait, mais on m'a demandé s'il était possible que je vienne avec mon uniforme. Je n'ai pas trop compris sur le coup mais j'ai fini par accepter. Et en voyant que tous les CE2 d'habitude un peu agités se montrer particulièrement sages en ma présence, je comprends mieux pourquoi leur enseignante a voulu que j'apporte ma tenue officielle, même si je n'en suis pas particulièrement fan. C'est juste pour dire que t'es pas Joe l'clodo, quoi, mais je ne trouve pas ça du tout esthétique ! J'aurais bien ajouté au moins une cravate, avec tout ça, mais bon. Cela fait, en outre, très plaisir à Maëlle que je l'accompagne, alors je ne suis vraiment pas mécontent d'être venu. Si la professeure est respectée de ses élèves en temps normal, les sorties sont ce qui les excitent le plus alors il faut bien quelques adultes supplémentaires pour les encadrer. Et je vois déjà quelques regards admiratifs tournés dans ma direction venant des enfants, ce qui me tire un sourire amusé. Je peux comprendre que, à huit ans, on est impressionné de pas grand chose.

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Avec les Minimoys

« T'as déjà tué quelqu'un ?
- J'peux essayer ta veste ?
- Tu peux nous montrer tes Pokémons ? »

Je souris doucement devant la curiosité des enfants, alors que la maîtresse tente pourtant désespérément d'attirer leur attention sur les ruines qui nous entourent. Je veux bien la comprendre, la pauvre ; elle doit regretter de m'avoir amené, finalement, même si ça l'arrangeait bien qu'un représentant de l'ordre (si je peux m'appeler ainsi) soit présent sur les lieux.

« Allons, allons... Rejoignons plutôt madame Courtelhac. »

Gentiment, je les incite à se diriger en direction de leur professeure. Puis, on nous assigne un guide pour enfin commencer la visite. Je n'ai pas d'affinité particulière avec cet endroit, mais y'a pas à dire, c'est pas moche. Les pierres maîtresses des lieux sont gorgées d'histoires, et je trouve ça fascinant, en un sens. Un peu plus loin, j'aperçois même des archéologues qui font leurs fouilles, dépoussiérant le terrain minutieusement. Je les admire un peu, en sachant qu'ils mettront probablement des années à découvrir des objets antiques. Je ne possède pas autant de patience, mais bon, j'imagine que quand on est passionné...

« T'es beau dans ton costume, papa.
- Héhé, merci, ma puce. »

Bon, voilà, je souris comme un idiot. J'ai beau ne pas apprécier l'esthétique de la tenue, je ne résiste pas au moindre compliment de ma petite Wonder Woman. D'ailleurs, au moins quelque chose sur laquelle je suis rassurée, c'est que Maëlle semble avoir des amis dans sa classe. Elle s'entend presque littéralement avec tout le monde, sauf avec l'intello du groupe, mais bon, c'est parce que, de ce que j'ai compris, il cherche toujours à défier Noah dans la cours de récréation pour savoir qui est le plus intelligent. Mais bon, j'imagine que mon garçon doit être assez indifférent, comme il n'est pas d'une nature très compétitive de base, comparé à sa sœur. Et cette dernière est bien sûr toujours la première à défendre son jumeau, alors je ne suis guère étonné quand je la vois un coup tirer la langue à un de ses camarades qui porte des lunettes et un costume assez chic pour un enfant de huit ans.

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Mine de rien, en fait, j'aime bien les sorties scolaires. Cela me permet d'aller vers des endroits où j'allais pas forcément aller de moi-même. Et puis j'apprends des choses, aussi. Quand même, je me dis que m'enrichir dans autre chose pourrait m'apporter beaucoup lors de mes performances, pour mon inspiration. Je m'accoude aux barres en fer qui servent limiter l'accès aux ruines et observe ce qui fut autrefois des habitations, probablement. Mais ce qui me fascine le plus sont les colonnes en forme de Pokémons sur lesquelles il y a des inscriptions en langue ancienne. Mais c'est un cri qui me sort de ma torpeur. Ou plutôt, des cris. Surpris, je me retourne vivement pour constater qu'un Cryptéro sauvage a surgi de nulle part pour surprendre les enfants. Si l'enseignante tente de les calmer, elle peine à y parvenir. C'est à moi d'agir, après tout, alors je n'hésite pas à m'avancer, mais fais les yeux ronds en voyant que Maëlle s'est écartée du reste du petit troupeau pour s'approcher du Pokémon sauvage, son Evoli près d'elle.

« Allez, Milo. Nous, on a pas peur. Attaque Charge ! »

Déterminée, ma fille se lance en plein dans l'action sans craindre le danger. Contrairement à son Pokémon qui lui, tremble de peur devant le Cryptéro et se cache aussitôt derrière sa dresseuse, bien moins courageux qu'elle.

« … Oh, oh. »

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« 'Oh, oh', c'est le cas de le dire, oui ! »

Maëlle, en me voyant arriver, s'écarte pour me laisser passer. Pas le temps de la réprimander pour son acte qui se voulait téméraire mais qui aurait pu l'attirer dans de graves problèmes. Le Cryptéro sauvage n'a en effet pas l'air très commode, et les enfants, apeurés, ont bien compris qu'il ne valait mieux pas l'approcher de trop près. Leur maîtresse se place devant eux pour les protéger et les attire à l'écart afin de me laisser le champ libre. Ma fille est la seule qui ne veut pas s'éloigner, mais un mouvement de tête de ma part et l'insistance de sa professeure finissent par la décider et elle baisse la tête, un peu honteuse. Milo ne la lâche pas d'une semelle et elle prend ce dernier dans ses bras pour tente de l'apaiser, tandis que je me mets face au Pokémon sauvage, pas effrayé pour un sou. Je soupire même, n'ayant jamais trouvé ce Pokémon-là adorable ou même utile en Concours. Je décide d'ailleurs de lui donner une petite leçon, mais pas avec mon équipe la plus forte. Je veux faire plutôt apparaître Nala, la Goupix blanche que j'ai adopté récemment. Je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup combattre avec elle, mais le peu que nous avons fait en entraînement devrait suffire à mettre à mal le-...

« Aurore ! »

Je lève un sourcil devant la venue de ma Feunard argentée. Ce n'était pas tellement cette espèce-là que je voulais appeler, mais j'imagine que Aurore a dû lire dans mes pensées et ne s'est pas gênée pour piquer la place à sa congénère. Ou du moins, cela ne m'aurait pas étonné si cela s'était vraiment produit. Mon alliée nourrit une certaine jalousie à l'égard de la plus jeune, de ce que j'aie cru comprendre. Et devant un groupe d'enfants, il est certain qu'elle n'a pas beaucoup d'hésitation à voler la vedette.
Cependant, la concernée se tourne quand même vers moi pour attendre mon approbation. Blasé, je secoue la tête devant son obstination et finis par sourire légèrement, amusé quand même, avant d'esquisser un geste du menton pour l'autoriser à attaquer. Et elle ne se fait pas prier pour infliger sa plus terrible attaque. Cela ne met pas KO notre adversaire, mais la brûlure qu'elle a pu lui infliger le force à s'en aller et il finit par abandonner. Mon amie, elle, trottine de nouveau en ma direction, fière comme un paon.

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« Ça t'arrange bien, d'être le centre de l'attention, hein, petite friponne ? »

Aurore fait onduler ses neuf queues avant de me lancer un regard innocent. Elle sait pourtant que ça ne prend pas, avec moi. Je la vois bien, cette petite lueur de diva qui traverse ses yeux quand elle aperçoit tous les gamins qui la fixent avec admiration. Elle n'hésite d'ailleurs pas à passer près d'eux pour se la raconter en faisant jouer son pelage cendré, ce qui excite davantage les enfants. Ces derniers poussent des petits cris et des 'oooooh elle est trop beeeelleuh'. Et bon, en même temps, je peux les comprendre. Il y a malheureusement des Pokémons chromatiques sur lesquels on ne voit pas la différence (ce qui en soit est quand même plutôt dommage), mais j'ai eu de la chance pour ma part.

« Dis, Monsieur, on peut la caresser ? »

Surpris par la petite voix qui m'a interpellé, je baisse la tête pour apercevoir une blondinette qui me pointe du doigts la renarde de feu. Je ris un peu, amusé, en voyant que celle-ci vient de se coucher sur le dos pour dévoiler son ventre dans un objectif un peu trop évident.

« Bien sûr, cette chipie n'attend que ça. »

La petite fille sourit, comme illuminée, et part rejoindre la grande star du jour pour lui faire des gratouilles qui la ravissent. Bientôt, d'autres enfants ne tardent pas à se joindre à elle, et voilà la Feunard accueillie comme une reine. Moi, je m'approche de Maëlle, qui s'est mise en retrait, son Evoli toujours dans ses bras. Ce dernier a les pattes arrières qui pendent dans le vide, mais il tente quand même de frotter sa tête comme il le peut contre sa petite dresseuse, comme s'il voulait la rassurer. Car lorsqu'elle aperçoit mon visage redevenu sérieux, elle baisse le regard, gêné. Elle sait ce que je vais lui dire, mais une piqûre de rappelle ne fait jamais de mal, apparemment.

« Je ne veux plus que tu recommences, Maëlle. Tu aurais pu te mettre en danger. Tu n'es pas encore prête pour affronter des Pokémons comme ceux-là.
- Je sais. Pardon, papa. »

Ses excuses sont sincères. Je lui fais confiance, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter chaque fois qu'elle va au-delà de mes consignes et veut tout affronter toute seule. Une enfant de huit ans n'a certainement pas les capacités nécessaires pour se mesurer à un Pokémon sauvage comme celui-là. Enfin même un Pokémon sauvage tout court, d'ailleurs, puisqu'on ne peut pas prévoir quand ils seront agressifs, après tout. Mais c'est pour cela -parce que je sais qu'elle a compris la leçon- que je n'enfonce pas le clou davantage et que je la prends contre moi. En attendant, Madame Courthelac s'impatiente.

« Aheum ! Les ruines, c'est par ici, les enfants ! »

C'est à contrecœur que j'en vois certains devoir détourner leur attention de la chienne de feu tandis que d'autres ont bien plus de mal à obéir à leur maîtresse. Avec douceur, je les pousse quand même à écouter leur enseignante, ne désirant pas à la base détourner leur regard de cette sortie scolaire qui demeure ma foi pas si inintéressante que ça.

« Allez, si vous êtes sages, je vous montrerai peut-être mes autres Pokémons. »

Je ne sais pas encore pourquoi je suis resté étonné des cris de joie qui me parvinrent aux tympans sitôt cette phrase prononcée. Oups.

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