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Le bouc et le lapin [PV tu-sais-pas-lire-?]
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Alois F. Legrand


Le bouc et le lapin

C'est la ferme ici ou ?

Et deux petits chevreaux


« Allez, en route, mauvaise troupe ! »

Je respire l'air forestier, apaisé et de bonne humeur. J'adore les excursions en forêt. Enfin... Je les aime encore plus quand je suis avec les enfants. J'ai pensé qu'une petite virée en pleine nature ne pourrait pas leur faire de mal. Derrière moi, Noah et Maëlle regardent un peu partout aux alentours à la recherche de potentiels fruits comestibles. Si je ne les avais pas retenu tout à l'heure, ils se seraient pété la panse à coup de fraises des bois, ces petits gourmands. Mais au moins, ils ont un très bon rythme. Peut-être un peu plus lent que d'habitude, certes, mais... Enfin, Maëlle, en tout cas, est toujours aussi vive et chante depuis tout à l'heure les comptines qu'elle a apprise à l'école. Son frère, lui, traîne néanmoins le pas. S'il a l'air ennuyé par cette sortie sauvage, il lève pourtant les yeux depuis tout à l'heure vers la flore qui nous entoure. Chaque fois qu'il aperçoit une plante qui lui semble familière, il tente de reconnaître son nom. Mais il a encore du mal à toutes les nommer malgré sa mémoire qu'il tente d'améliorer. Les derniers de la bande, Milo et Minuette, déambulent à travers les pieds de leurs dresseurs respectifs en jouant à la chasse aux insectes. Ce ne sont pas les petites bêtes qui manquent, ici. Et les rayons du soleil permettent de bien les distinguer. Oh, d'ailleurs... J'ai oublié la petite dernière de la troupe qui nous a rejoint récemment : une toute jeune Chlorobule, fille de Eve, que je tiens dans mes bras et qui a éclos il y a quelques jours seulement. Mais je ne lui ai pas encore trouvé de nom, à cette petite. Je pensais que l'inspiration me viendrait lors de notre aventure en forêt, mais... Je manque d'imagination pour le moment.

« Hm ?.. Qu'est-ce qu'il y a ? »

En parlant de la Chlorobule... Celle-ci se met à s'agiter tout à coup. Plutôt calme durant tout le voyage qui nous a mené jusqu'ici, les feuilles sur sa tête se mettent soudainement à bouger, comme si elle avait... détecté quelque chose ?.. On dirait bien. Enfin, ça y ressemble, en tout cas, si seulement son espèce pouvait détecter quoi que ce soit, mais j'ai beau avoir Eve depuis longtemps, je ne suis pas un spécialiste non plus. Je m'arrête pour la regarder, intrigué. Sa tête se tourne dans toutes les directions, avant d'en choisir une définitive. Quelque chose semble avoir attiré son attention. Je ne vois pourtant rien aux alentours qui pourrait être intéressant au point d'aiguiser à ce point son engouement. Mais tout à coup, sans savoir pourquoi, la jeune femelle glisse de mes bras pour se diriger à travers le labyrinthe d'arbres vers une destination inconnue. Les yeux ronds, je la fixe en train de s'éloigner de plus en plus. Il me faut l'appel de ma fille pour me réveiller et partir à sa poursuite.

« Hé... Hé, attends ! »

C'est pas vrai ! J'ai pas payé pour ça, moi ! Elle pourrait se mettre en danger, ou tomber sur un Pokémon sauvage agressif, et Eve me tuerait ! Alors, inquiet, je m'élance pour la rattraper. Heureusement, avec son jeune âge, elle ne va pas super vite non plus, mais je la suis, me demandant ce qu'elle a bien pu trouver de si extraordinaire. Mes enfants et leurs propres Pokémons se trouvent juste derrière moi. Au bout de quelques minutes où j'ai l'impression de repasser six fois au même endroit tant les arbres se ressemblent, nous finissons par apercevoir ce qui ressemble à un bâtiment, avec une petite clôture. Et c'est ce qui attire tant la Chlorobule, apparemment. Nous nous rapprochons de plus en plus dangereusement de cette maison au milieu des bois. Je n'aimerais pas m'attirer les foudres d'un habitant des lieux si nous nous aventurons par mégarde sur son terrain, mais je ne peux pas laisser mon Pokémon s'enfuir.

« Hé, qu'est-ce que tu... »

Cependant, plus je me rapproche, plus je ralentis, lorsque mes yeux se portent sur ce qui semble être... Un potager. Tandis que la femelle Plante est allée au-delà de la clôture pour explorer le magnifique jardin aménagé près de la maison inconnue, mes pas se sont arrêtés juste devant un potager. Mais pas n'importe quel potager. En l'apercevant, je m'immobilise, tel une statue, et reste muet devant en contemplant les fruits et les légumes devant moi. Puis, je finis par pousser un petit cri d'excitation, et c'est peu de temps après que Noah et Maëlle arrivent à ma hauteur et me regardent avec curiosité.

« Les enfants... Vous voyez ce que je vois ?..
- … Des tomates ?
- Des carottes ! Oh, et y'a des pommes ! Des raisins ! Et y'a plein de fruits rouges, là-bas !
- Oui, mais... Mais... Vous avez vu comme ils sont beauuuux ! »

Je tombe immédiatement amoureux du verger devant moi. Ces fruits bien mûres à la couleur exquise qui donnent envie d'être croqués tout de suite, ces légumes qui reposent au soleil et qu'on aurait envie de manger dans une tarte, une salade, ou en ratatouille, et que dire du reste... Je suis comblé. Il y a bien des années que je n'avais pas vu d'aliments aussi bien entretenus. Et cela se voit qu'ils ne sont traités avec aucun produit chimique. Serait-ce ça, le paradis ?..

«  … P'pa, tu baves.
- Gniuh ?.. Oh, oups ! »

En effet, il a raison. Je m'essuie brièvement et me racle la gorge, un large sourire aux lèvres. J'ai peut-être trouvé ce que je cherchais depuis un moment déjà...

« Il faut que j'aille parler au producteur !
- Mais papaaaa ! Tu peux pas ! Y'a une barrière ! Ils vont pas être contents !
- T'en fais pas, ma puce, papa fait attention. Et puis faut quand même récupérer Chlorobule ! »

La petite fugueuse, justement, regarde les plantes et surtout les fleurs autour de la maison avec envie. En même temps, je peux la comprendre. Tout ce qui se trouve là est vraisemblablement très bien entretenu. C'est un plaisir pour les yeux, même si ça semble presque irréel. Je deviens de plus en plus enjoué à l'idée de rencontrer le créateur de tout ceci. En espérant bien sûr qu'il ne s'agisse pas d'un vieux bougon. J'appelle Chlorobule pour qu'elle revienne vers moi, mais elle ne semble pas décidée à revenir. Alors, tentant le tout pour le tout, je passe à par dessus la barrière (thug life) et contourne le (magnifique) potager pour m'approcher de Chlorobule, même si je me trouve sur un terrain sans doute très privé, vu l'isolement de la baraque. Essayant de me faire quand même discret pour ne pas qu'on croit que je suis un voleur (même si je pourrais difficilement me défendre, vu mes agissements), je m'approche le plus furtivement possible de mon Pokémon. Mais alors que je suis à quelques mètres, j'entends un grognement pas très content derrière moi. Je me retourne, surpris, avant de constater qu'il s'agit d'un Luxray. Il doit être le gardien des lieux.

« Oh-Oooh... Bonjour ! G-Gentil minou... Je... Je viens en paix ! J-Justement, si tu vis ici, tu ne saurais pas où se trouve ton dresseuUUUUUUR ! »

Je termine ma phrase dans des octaves plus haut lorsque je m'aperçois que le gros matou ne semble pas résolu à me laisser une chance de m'expliquer. Il grogne plus fort avant de rugir et de me pourchasser à travers le jardin, crocs et griffes dehors. Quant à moi, je ne peux m'empêcher de pousser un cri peu viril, ne voulant pas me battre contre le jeune lion électrique mais devant quand même récupérer le Pokémon qui m'appartient. J'ai bien du mal à semer le Luxray, toutefois, et voilà que je tourne en rond en appelant à l'aide, tandis que j'ai perdu de vu celle que je cherchais et qui m'a amené ici. Mes enfants, quant à eux, sont en sécurité pour ne pas avoir franchi le périmètre mais me regardent avec autant d'inquiétude que de blasitude, sûrement.
Au secours.

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Alois F. Legrand
Alois F. Legrand
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Lun 5 Fév 2018 - 2:16
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Natsume Enodril-Miyano



Le bouc et le lapin
Ft les Chèvres de Monsieur Seguin

Le rythme habituel ne change pas beaucoup d'une journée à l'autre : levé dès le petit-matin, on profite du peu de temps qu'on a pour occuper le gamin comme on peut après avoir avalé un petit-déjeuner rapide, on se prépare, et on se plonge dans l'immensité de travail à faire et qui ne faiblit jamais vraiment. Et, dans le cas où je pourrais éventuellement ne pas finir dans la soirée, j'aurais mes vacations et ma thèse pour laquelle j'ai de plus en plus l'impression de ne pas faire grand chose. Oui, faut croire qu'avoir un taff à temps plein, puis un autre à temps partiel, ça laisse peu de place pour la recherche, déjà épuisante. Quand bien même je sais que c'est le lot de bon nombre de mes collègues doctorants et autres, ça ne m'empêche pas de ruminer dans mon coin chaque matin, lorsque je me rends compte de tout ce que j'ai à faire. C'est simple, la liste ne désemplit jamais. Madame Kenway me dit qu'il va falloir que je me fasse à l'idée un jour, mais j'ai du mal à avaler la pilule. Presque autant que mon petit-déjeuner à base de riz, d’œuf cru et de sauce soja qui ne passe définitivement pas.
Alors un peu comme d'habitude, je me suis attelé à la tâche, avec une préoccupation, du moins. Voyez vous, le potager me prend du temps, c'est normal, me direz-vous. Mais contrairement aux autres parties de la pension, je ne suis ici pas aidé par mes pokémon. Chaque zone est plus ou moins déléguée à certains, tous volontaires, et le système tourne plutôt bien depuis quelques années. Misato, par exemple, est chargée de la pouponnière. Et pour les fruits et les légumes, je n'ai que mes mains, ma patience, et mon temps libre. Temps libre, qui comme dit plus haut, tend à être relativement menu. L'arrivée d'Axel, en plus, n'a rien arrangé. Je renâcle dans un coin, et même si j'aime jardiner (duh), je sais déjà que je vais passer une bonne partie de ma journée à m'occuper de ça, ce qui est... Eh bien. Je me suis déjà assez plaint comme ça, non ?

Je dois me dépêcher, en plus. Avec la chaleur de l'après-midi, il vaut mieux que j'ai terminé toutes les tâches pénibles, comme celle que j'accomplis maintenant, le plus rapidement possible. Je soupire avant de donner un nouveau coup de bêche dans la terre pour la remuer. Je dois puer la sueur, dans ma salopette, en plus. Après, il faudra encore passer la grelinette, ratisser, arroser, faire une fausse semence... Tout ça pour un petit parterre de fleurs qui ne serait pas important si je l'oubliais, mais qui compte dans la globalité du confort de la pension.
La première fois que j'entends les grognements d'Hayato, je plisse un peu les yeux, mais ne dit rien. Ce n'est pas rare qu'il s'énerve pour rien après tout, hein, donc... Pas de raison que je m'inquiète. Du moins, au début. Car je me rends bien vite compte qu'il insiste un peu trop, et que ses grognements sont en réalité de vrais cris. Cris qui m'alertent, car j'arrête ce que j'étais en train de faire, plutôt mécontent qu'on me dérange.

« Mais qu'est-ce qui... »

Je n'ai pas le temps de m'exprimer avec l'aigreur que je voudrais. Voilà que quelque chose me passe à toute vitesse devant le nez, et si je distingue l'ombre bleue de mon Luxray, je peine à comprendre ce qu'il en est du reste. Le gardien de la pension, malgré le fait qu'il boîte, semble tenir en chasse un truc tenant sur deux pattes, que j'identifie donc comme un humain. Perplexe, je me gratte un peu la nuque, mais réagit enfin lorsque je comprends que le lion de foudre est littéralement en train de jouer à la chasse à l'homme. L'individu semble être un type d'une trentaine d'années, inconnu au bataillon, et dont je me méfie immédiatement, ma nature n'était pas vraiment interchangeable à volonté. Et qu'est-ce qu'il fout là, déjà ? Et puis... Sérieux, il arrive pas à gagner une course de vitesse avec un pokémon boiteux ?!
Enfin, ehm. Je suppose que je devrais avoir d'autres priorités, hein ? Un peu perdu, je ne sais comment réagir. Il faut que j'entende le craquement de quelques étincelles à venir pour saisir que si ça continue, une attaque va être portée et je n'ai définitivement pas besoin d'un procès au cul. Oui, et ce serait mal de le laisser blesser quelqu'un, je suppose.

« Hayato, ça suffit ! »

Mon ton ferme le fait cesser immédiatement. Je n'ai pas besoin de prendre une grosse voix que le Luxray s'arrête brusquement, comme une voiture qui calerait. Je lui adresse un air vaguement blasé, et il n'y fait pas grand attention, se contentant de bailler avec arrogance. Il a fait son job et estime ne rien avoir à entendre, ce qui est défendable, mais que... Eh bien, j'aurais une conversation avec lui plus tard, je suppose.
Je pose donc enfin le regard sur l'intrus, mes traits froncés, me donnant l'air le plus impassible possible. D'accord, j'ai sans doute l'air constipé à la place, on m'a souvent dit que c'était un effet secondaire. Mais j'examine le nouvel arrivant avec attention, cherchant le moindre indice qui pourrait m'indiquer qu'il s'agit d'une menace. Sa tête ne me dit rien. Perplexe, je fais signe au Luxray de revenir auprès de moi, et ce dernier love sa tête contre ma paume, ronronnant maintenant comme un gros matou satisfait. Ça ne m'empêche pas, toutefois, de finir par prendre la parole d'un ton neutre et désintéressé au possible.

« … Qu'est-ce que vous faites là ? »  

Par là, comprenez, « pourquoi est-ce que mon Luxray vous pourchasse », m'enfin, il aura compris l'idée à ma manière un peu froide de commencer la discussion, je suppose. Au pire, j'éclaircirai : je suis habitué à ne pas me faire comprendre des autres car je suis infoutu d'être un peu direct ou de penser qu'on va forcément saisir ce que je dis.
Je n'aime pas qu'on s'introduise dans mon sanctuaire ainsi. Je ne suis pas tant inquiet que cela sur le fait que ce pourrait être un potentiel voleur, parce que je suis peut-être arrogamment assez confiant en mes capacités de défense, et aussi, car... Franchement, faudrait être le plus nul des criminels pour essayer de rentrer par cette manière foireuse d'une pension. Il m'a juste l'air un peu demeuré. Malpoli et intrusif peut-être, mais pas foncièrement dangereux. Allez dire ça à mon cerveau, toutefois, qui continue de se méfier. Ma pension, c'est un peu l'oeuvre de ma vie, sans être mélodramatique. Je la protège donc tout autant de mes œufs, et de... Beaucoup de monde, en vrai. Mais nous n'avons pas le temps de nous attarder sur ces sujets un peu trop sensibles à mes yeux. Disons en tous cas que je fais seule exception des clients accompagnés du début à la fin, et encore, j'essaie de les garder le plus possible dans la zone publique, au sud.

C'est peut-être un client, d'ailleurs. La pensée me vient subitement, et je fronce les sourcils, d'autant plus curieux. C'est bizarre : Yann m'aurait prévenu, si c'était le cas. Je ne vois toutefois pas d'autres explications, à l'instant.

« La réception, c'est de l'autre côté. Ou vous n'avez pas vu la clôture... ? »

Je n'ai pas encore vu les enfants qui se trouvent tout près. C'est peut-être pour le mieux, à vrai dire, car là, je le prendrais juste pour un irresponsable total.
2 Février 2023, matinée
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
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Mer 7 Fév 2018 - 16:52
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Alois F. Legrand


Le bouc et le lapin

C'est la ferme ici ou ?

Et deux petits chevreaux


C'est pas mon jour, c'est pas mon jour, c'est pas mon jour !
J'ai vraiment pas du tout l'air con, là, à me faire courser par un Luxray. Ce gros chat électrique n'a pas l'air de vouloir me laisser tranquille tout de suite... Bon, à raison, vous me direz, s'il est chargé de surveiller le jardin, il fait même très bien son job, mais... Bah ça sent pas bon pour mes fesses, ça ! Pour une fois que je cherchais même pas les ennuis, en plus... Nan parce que les emmerdes je sais très bien les trouver tout seul, mais j'vous jure, je venais pacifiquement, pour une fois. Le pire, dans tout ça, c'est que ma Chlorobule n'a pas du tout l'air concerné par mon sort, et préfère aller se balader au milieu des jolies fleufleurs. Ma vie est bien le cadet de ses soucis, pauvre de moi... J'suis vraiment pas aidé. Je pourrais sortir mes Pokémons pour me défendre, hein, puisque je dois bien avoir un allié dans le lot qui pourrait me tirer de ce mauvais pas, mais j'ai pas envie d'énerver davantage le lion bleu ou même de provoquer plus de dommages involontairement. Surtout dans un aussi beau potager ça serait bête, quand même...

Mais avec chance, je suis sauvé par la venue d'un jeune homme aux étranges cheveux et à la tenue de fermier plutôt improbable. Malgré son manque de style évident, toutefois, il arrive à calmer la bête qui me poursuivait, j'en déduis qu'il soit s'agir du propriétaire des lieux, ou du moins, d'un de ceux qui s'en occupent. Je le trouve en fait relativement jeune pour posséder un tel endroit, mais ma foi... Pourquoi pas ? Enfin, peut-être aussi ne s'agit-il que du fils du gérant ? Je louche brièvement sur les côtés pour apercevoir une personne plus âgé, mais il n'y a que lui et moi. Et bien sûr quelques autres Pokémons. Je ne peux empêcher un sursaut lorsqu'il se met à reprendre la parole pour me demander la raison de ma présence en ces lieux. Tiens oui, vrai que... J'ai pas l'air duuu tout suspect, là. Sans trop savoir pourquoi, d'ailleurs, je n'arrive pas à lui répondre tout de suite. J'en aurais en effet presque oublier pourquoi j'étais venu. En tout cas, vu le ton sec et le regard plutôt froid de l'autre, je ne crois pas avoir fait bonne figure. Faut dire que je suis fin, à me faire courser par un Pokémon boiteux (je ne le remarque que maintenant) et à pénétrer au sein d'une demeure dans laquelle je n'ai pas été invité. Et il me le rappelle, en outre, m'affirmant que s'il y a bien une entrée, ce n'est pas celle que j'aie prise. Et... Si, la clôture, justement, je l'ai vu. Mais cela rendrait mon témoignage encore moins crédible, je suppose, si je le lui avouais. Peu grande, elle est pourtant bien visible, délimitant suffisamment les frontières du jardin pour marquer les contours de la propriété. Des limites à ne pas franchir sans autorisation, évidemment, mais... Que voulez-vous, le hasard fait que y'a des choses qui arrivent, et... Et... J'ai bien du mal à me justifier correctement sans bafouiller.

« Euh... Euuuh... Je.. Hmm... M-Ma Chlorobule... »

J'ai du mal à expliquer la situation, intimidé par le nouveau venu qui n'a pas l'air très commode. Je me masse la nuque, gêné. Il me faudra l'intervention de mes enfants, ou plus précisément de Maëlle, pour que je réagisse enfin.

« Tu vois, papa, j't'avais dit qu'le monsieur il serait pas content !
- Maëlle, chuuut ! Il va nous voir ! »

Noah essaye d'inciter sa sœur à se baisser pourqu'ils puissent se cacher, mais il doit déjà être trop tard. Et vu leur discrétion, c'était peine perdue d'avance. Mais au moins, cela me réveille de mon état de confusion. Je m'ébroue brièvement, me racle la gorge, réajuste ma cravate. Puis, enfin, j'esquisse un léger sourire poli et me présente en bonne et due forme pour qu'il ne croit pas à un vol. Ce n'est pas -ou plus- mon genre, de toute façon. Il y a bien longtemps que je n'aie plus eu besoin de piller qui ou quoi que ce soit, mais il est vrai, quand j'étais un enfant perdu, que je n'aurais pas hésité à dérober tous les produits d'un verger pareil à l'époque, tant je tenais égoïstement à ma survie.

« Alois. Alois Legrand. Champion Coordinateur de Baguin, cuisinier à ses heures perdues, et... Dresseur de la Chlorobule qui se trouve juste là-bas. »

D'un geste de la main, je désigne la petite chapardeuse. Enfin... J'aurais bien voulu. Mais cette dernière vient juste de disparaître. Voilà qui n'arrange rien à la vraisemblance de mes propos. Assez blasé et embêté de ma malchance, l'autre devant probablement me prendre pour un clown, je cherche la femelle Plante des yeux.

« Bonjour !
- AH ! »

Je sursaute lorsque Maëlle réapparaît d'un coup juste devant nous, en tenant fièrement la Chlorobule dans ses bras. Mais cette dernière n'a pas l'air très heureuse de se trouver à cette place. Elle tente de se dégager, mais l'enfant resserre sa poigne de peur qu'elle ne s'enfuit de nouveau. Ma fille, quant à elle, lève ses grands yeux bleus vers l'inconnu, en souriant. Je ne sais pas comment elle fait pour se téléporter comme ça, mais c'est presque magique. Elle est si vive que je ne la vois ni partir, ni réapparaître, et j'ai manqué plus d'une crise cardiaque à cause de ça, d'ailleurs.

« Il est beau vot' chat ! Moi, j'm'appelle Maëlle ! Et lui, c'est mon papa ! Il est un peu bête mais c'est le plus gentil papa du monde ! Dites, c'est vos vrais cheveux ? Ils sont rigolos !
- Doucement, Maëlle, n'embête pas le monsieur. »

Je pose doucement mes mains sur les épaules de ma fille pour la calmer un peu. Surexcitée et très bavarde à chaque nouvelle rencontre, si je la trouve attendrissante comme tout à vouloir faire de son mieux pour faire plus ample connaissance avec le jardinier, j'ai bien peur qu'elle finisse par ennuyer ce dernier. Bon, déjà qu'il a pas l'air très très heureux, là... Et il a raison, hein, mais puisque nous sommes ici, j'veux dire... Maintenant que j'ai récupéré Chlorobule, j'imagine que nous pourrions partir, mais il y a bien toujours une chose qui a attiré mon attention ici.

« Hé, euh... Dites, d'ailleurs... Le potager, c'est vous qui vous en occupez ?.. Il est euh... Il est vachement beau. »

Ce n'est pas dans mes habitudes de chercher mes mots ainsi, mais... Pour être honnête, je respecte énormément ce genre de travail, alors je ne sais jamais trop quoi dire face à ça. Je ne sais pas si j'aurais les capacités pour produire une telle merveille, car en tant que connaisseur (si on peut dire), je reconnais les efforts fournis derrière. Je sais qu'on ne peut obtenir ce genre de résultats qu'avec du travail bien fait mais surtout beaucoup de patience. De l'autre côté de la clôture, Noah, quant à lui, tente de se faire le plus petit possible, intimidé par le jeune homme aux cheveux hérissés.

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Alois F. Legrand
Alois F. Legrand
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Ven 9 Fév 2018 - 2:58
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Natsume Enodril-Miyano



Le bouc et le lapin
Ft les Chèvres de Monsieur Seguin

Hm. Mouais. De ce que je vois, ce type a l'air bizarre, et oui, je sais que ce n'est pas bien de juger quelqu'un à l'apparence, c'est juste que je m'en tape un peu des proverbes. Je m'appuie un peu sur ma bêche, en caressant distraitement Hayato dont le regard s'est perdu je ne sais où. J'aimerais bien qu'il se dépêche, d'ailleurs, car ses bafouillements retardent encore le moment où je pourrai retourner à mes affaires. Les choses seraient sans doute plus simples si je n'affichais pas un visage particulièrement fatigué et indifférent, mais comprenez que je ne vais pas non plus faire des faux sourires pour faire plaisir. Un peu agacé, j'attends, retenant comme je le peux l'envie de taper du pied au sol. Le mot « Chlorobule », toutefois, me fait réagir et fronce un peu les sourcils. Oui, d'accord, c'est mal de s'intéresser d'un coup à quelque chose lorsque ça parle de pokémon dont j'apprécie le type, mais... Vous connaissez la rengaine.
Si je portais un peu plus attention à mon entourage (ahaha), je me rendrais compte vient de parler. Enfin, « quelque chose ». Je veux dire, des gamins. Du moins je le déduis des petites voix que j'entends, et mon expression se fond dans quelque chose semblable à de la confusion et... Beaucoup de neutralité, parce que même si j'ai du mal avec les mômes et que ça me fait peur, ces trucs, je me fiche pas mal qu'ils soient présents tant qu'ils ne posent pas de soucis. Hayato, lui, esquisse un sourire attendri : faut dire que ce gros matou est autrement plus tendre et gentil avec les petits. Sérieux, je me demande comment il fait.

Le barbu a l'air de s'être réveillé de sa petite sieste et semble enfin être disposé à parler comme un adulte. Bordel, c'est pas trop tôt ! J'allais presque finir par me demander si il me préparait une dissertation, à ce stade. Je me demande d'ailleurs pourquoi il fait tout un cinéma en se présentant, et j'attends qu'il déballe son sac. Si je cligne brièvement des yeux en me demandant ce qu'il fout là si il vient de Baguin, je ne suis pas particulièrement intrigué. Je suis plus attentif à la fin de sa phrase, curieux de découvrir un pokémon qui n'est en fait pas là.
J'vais finir par croire qu'il se fout sincèrement de ma tronche et libérer Hayato par fatigue, en fait. Exaspéré, je le gratifie de mon plus bel air blasé. Il se rend compte que je perds du temps, là, ou... ? Ils n'ont pas eu à le droit à des formations en savoir-vivre, dans la Compétition ? … Et oui je vois ce  que vous allez dire et taisez-vous, c'est entièrement différent.

En parlant de manières discutables, voilà qu'un des nains du blond se plante devant moi, et je sursaute également en la remarquant. Sa voix m'a étonné, et euh... Oui, bon, d'accord, j'ai peut-être pris peur. D'une gamine qui a l'air à peine plus vieille qu'Axel. Ouais. Hayato lève les yeux au ciel devant mon comportement de pleutre. Il faut bien que je remarque la Chlorobule pour que mon rythme cardiaque se calme et que j'admettre que je ne risque rien.
J'ai beaucoup, beaucoup de mal à rendre son sourire à la gamine. Gamine qui semble être la progéniture de l'autre grande perche, comme c'est probablement le cas pour le blondinet qui se cache là-bas. En plus de ça, je n'aime pas trop la façon qu'elle a de tenir cette pauvre Chlorobule, que je plains sincèrement. Je force un air crispé devant ses multiples questions, de plus en plus mal à l'aise. Euh. Euuuuuh. Ça se voit que je commence à suer, là, ou non ? E-et puis elle va finir par me demander mon numéro de sécurité sociale, si ça continue ! Et oui c'est particulièrement pathétique de ma part de paniquer comme ça, je le sais. Le Luxray semble plus à l'aise : voilà qu'il ronronne devant les compliments de la fillette, et qu'il se lève pour la saluer d'une brève révérence très dramatique qui lui va bien. Je lève les yeux au ciel face à son cinéma, qui a le mérite de me divertir de ma gêne soudaine. Heureusement pour le peu de dignité qu'il me reste, le géniteur de cette hyperactive réagit, et je garde le silence. Hm. Ce serait impoli, je suppose, de dire que j'ai envie de partir, là ? Oui, sûrement, malheureusement. Zut.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me parler du potager, toutefois. Je suis curieux, mais juste vaguement. Ah. Oui, donc d'accord, oui, il est beau, certes, et … ? Non parce que ça, je le savais, sans être trop arrogant (et encore, l'humilité, j'y fais moyennement attention à ce propos). Ça ne me dit toujours pas ce qu'il veut, et c'est peut-être ça qui me rend aussi irritable. Je déteste qu'on tourne autour du pot, ça n'est pas nouveau. Ça m'angoisse, me fait me poser des questions, et je grogne presque quand on me fait le coup. Oui, en fait, maintenant que j'y pense, l'arrivée subite de trois personnes dont deux gamins, il y a de fortes chances pour que ça me stresse et me fasse peur, aussi ridicule que ce soit.
Remarquant qu'il a déjà oublié ce que je voulais savoir, je fronce un peu les sourcils et soupire en continuant de m'appuyer sur ma bêche.

« … Oui, enfin, c'est bien gentil de me donner votre CV, mais ça ne me dit toujours pas ce que vous faites ici. »

M'en fiche un peu qu'il soit champion et cuisinier, après tout, je ne m'y connais ni en l'un, ni en l'autre, hormis que je n'aime pas spécialement voir des miliciens dans ma pension, ne serait-ce que parce que cela provoque chez moi des réactions instinctives de protection envers les différents pokémon qui s'y trouvent. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien. Tant qu'il ne se croit pas chez lui toutefois, les choses devraient se passer correctement, comme avec tout le monde en soit. En revanche, j'aimerais bien savoir ce qu'il fout ici, quitte à devoir rajouter un peu de sel.
Honnêtement, je ne vois pas pourquoi il me demande si c'est moi qui m'occupe du potager, alors je pose ma main sur ma paume, la voix neutre.

« Et oui, c'est moi qui m'en occupe. Pourquoi, ça pose un souci ? »

Ce n'est pas vraiment de la provocation. Je ne vois juste pas ce que cela vient faire là, et je pense que c'est peut-être juste pour faire de la discussion, ce qui... Bon, ce n'est pas nouveau que je n'aime pas faire la discussion, hein. Je ne vais pas non plus les inviter à boire le thé et prendre des petits gâteaux comme un robot malaisant, faut pas déconner.
Enfin, en revanche, je peux tenter d'être un moins impoli, ne serait-ce que par respect pour maman qui me ferait de très gros yeux si elle me voyait, à n'en pas douter. J'oublie que je n'ai pas salué les marmots, ce qui est je suppose ce que je dois faire, mais je constate en voulant agir que le Luxray s'est rapproché de l'endroit où se cache le blondinet pour le renifler. Il présente son ventre, comme pour montrer qu'il n'est rien d'autre qu'une grosse pâte avec les gamins dans son genre, mais je lève les yeux au ciel, exaspéré. Seigneur, Hayato, t'es gênant. Je reporte mon attention sur la fillette, tentant de me donner l'air le moins patibulaire possible. Je dois juste avoir l'air d'un gros nigaud, mais je ne suis plus à ce stade.

« Et, hm, bonjour à vous oui. Hayato, laisse-le tranquille, tu vois bien qu'il n'a pas envie de s'approcher. »

Et Arceus seul sait que je comprends ça. Qui est le débile qui pense que forcer des gamins à s'approcher de gens quand ils ne le veulent pas est une bonne idée, hein ? Le Luxray est un peu déçu, mais il se rabat sans trop de soucis sur la gamine, à qui il présente sa tête comme un chiot docile. Il m'énerve, ce sac de puces. Quelque chose, pourtant, continue de me tiquer, et je porte mon attention vers la fillette et la Chlorobule. Ce n'est sûrement pas mes affaires, mais je déteste voir cette pauvre chose se dépatouiller ainsi, et je crois bon d'intervenir avec la plus grande délicatesse possible. Plus doux maintenant que je parle de choses que je connais, je prends une voix calme et un air plus... Eh bien, décontracté, pour m'adresser à la petite brune.

« Dis, si tu veux qu'elle se calme, éviter de serrer sa collerette et caresse les feuilles sur sa tête, jeune fille. Ça l'apaisera davantage. »

C'est tout de même pas parce que j'ai peur des mômes, que ça me fait un peu chier d'avoir été dérangé et que j'ai autre chose à faire que j'en oublie le plus important. Je sens qu'Axel va râler si je suis en retard pour le goûter, tiens... Et moi lui avait promis des fruits rouges du potager, tiens.
2 Février 2023, matinée
Natsume Enodril-Miyano
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Sam 10 Fév 2018 - 0:58
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Alois F. Legrand


Le bouc et le lapin

C'est la ferme ici ou ?

Et deux petits chevreaux


Je l'ai irrité ?.. Je l'ai irrité. Oups. Je crois bien que je ne fais que m'enfoncer depuis tout à l'heure, en vrai. En fait j'étais tellement excité de rencontrer le jardinier des lieux que j'en ai oublié la question qu'il m'a posé,à savoir... Bah comme il le souligne, la raison de ma présence sur son territoire. C'est vrai que ça a un rapport avec la Chlorobule dont je lui ai parlé, mais la venue de Maëlle et l'air quelque peu agacé de mon interlocuteur m'a perturbé plus que de raison. Je suis assez gêné si ma présence le dérange plus qu'autre chose. Bon, en même temps... C'est normal qu'un plouc qui débarque à l'improviste dans votre demeure soit mal vu, mais... Ce n'était pas du tout l'intention, au contraire. Je ne dis pas être doué pour faire forcément ami-ami avec tout le monde mais ma venue a eu l'effet inverse de ce que je désirais. Ce n'est pas non plus mon but de me faire des ennemis à tous bouts de champ, vous savez. D'ailleurs, dans l'optique, maintenant que je suis censé être responsable, je préférerais éviter de m'attirer des ennuis. Du moins quand je suis avec mes enfants.
Au moins, j'imagine que j'ai la réponse que j'attendais, puisque je voulais savoir qui s'occupait si bien de ces fruits et légumes, même si je remarque que les compliments, aussi sincères soient-ils, n'ont pas l'air de lui faire beaucoup d'effet. Zut. C'est qu'il semble vraiment pas (je veux dire... vraiment pas) enchanté de me voir (et oui, je sais que c'est légitime!). Je veux juste marquer le fait qu'il n'a pas une tronche à vouloir discuter pendant des heures et que ma présentation -vite éclipsée- ne paraît éveiller ne serait-ce qu'un peu de curiosité.

Oh non ! J'veux pas que Maëlle se fasse gronder !
Pas que son père importait moins que sa sœur, mais... Il estimait que sa jumelle était déjà moins fautive dans l'histoire malgré son comportement impulsive et son côté bavard qui pouvait rapidement énerver. Mais c'était que de la faute de papa, d'abord ! Très peu rebelle et aventureux, Noah n'oserait jamais franchir une barrière, lui. Bon, c'est peut-être pour ça aussi qu'il a pas beaucoup de copains à l'école, mais au moins, il a mis en colère personne ! Parce que le monsieur qui vit ici, bah maintenant il est pas content. Et ça rend un peu bougon Noah parce qu'il aime pas tellement s'attirer des ennuis ou se mêler de ce qui ne le regarde pas. Mais bon, maintenant, il a plus qu'à se cacher. Enfin, ça, il aurait bien voulu, mais il pensait pas que le Luxray du monsieur il allait venir le chercher. Il croit qu'il va le punir pour être mêlé à cette histoire, mais il a l'air gentil, le Pokémon. On dirait même qu'il veut des caresses. Mais Noah est vraiment intimidé alors quand le gros chat s'approche, il sursaute et se recroqueville sur lui-même pour tenter de se cacher. Le Luxray est toutefois rappelé à l'ordre par son dresseur et le petit blond le laisse s'en aller. Il a un peu peur de l'avoir vexé. Il trouve cependant l'affection qu'il recherche avec Maëlle, qui n'hésite pas à lui faire des gratouilles sur la tête quand il la lui présente, ravie comme tout. Son frère se retient de grommeler. Il voit bien, qu'ils dérangent le monsieur, alors pourquoi ils partent pas ? Mais son attention est vite reportée quand il aperçoit, à quelques mètres, un Phyllali parmi les fleurs. Surpris, ses yeux bleu-gris ne quittent pas le Pokémon des yeux. Sa mère en a bien un aussi, mais cela n'empêche pas Noah d'admirer le spécimen qui se balade au loin. Il sait que Minuette, son Evoli, veut en devenir une, elle aussi. Cette dernière imite d'ailleurs l'enfant et s'est concentrée sur la même vue, comme subjuguée. Il ne s'attendait pas, ceci dit, à ce que cette dernière parte soudainement au quart de tour pour aller s'approcher de son père, sa sœur, et l'adulte qui les a interpellé.

« Minuette !... Minuette, non ! Reviens ! »

Le petit n'a pas d'autres choix que de poursuivre la femelle, ne s'occupant plus de franchir la barrière. Il dépasse cette limite qu'il n'osait pas outrepasser et court pour rattraper son Pokémon. Mais au moment où il réussit enfin à la choper dans ses bras, ce n'est qu'en relevant la tête qu'il croise le regard de l'homme aux aux cheveux hérissés.


Enfin, Noah nous rejoint. Pas de son plein gré, toutefois, je le devine, puisque je l'ai vu prendre très vite son Evoli, relever la tête vers le jeune homme, hoqueter, et enfin venir se cacher derrière moi, en espérant probablement se faire discret. Noah est déjà d'habitude d'une nature timide, mais je peux le comprendre sur le coup. Moi aussi je serais intimidé face à Sonic en salopette. Ou plutôt Shadow, vu la tronche qu'il tire. Oui, je connais que ces deux-là mais c'est déjà pas mal venant de ma part, ma meilleure amie ne m'ayant pas encore corrompu à ce point pour que je me souvienne de tous les potes de ce truc bleu qui ressemble à rien (ou en tout cas tout sauf à un hérisson j'suis désolé). Enfin dans tous les cas, voilà qu'il se montre un poil plus tendre quand il s'adresse à Maëlle. Celle-ci, pas intimidée pour un sou, écoute même attentivement les instructions du jardinier. Elle sait être sage, quand elle veut ; surtout avec ceux qui lui parlent avec calme et douceur, et chez qui elle peut avoir une forme d'admiration. Elle doit sentir quelque part que l'adulte connaît plein de choses. Alors elle s'exécute religieusement et desserre donc son emprise autour de la Chlorobule, avant de toucher ses feuilles avec une précaution que je sais souvent rare chez elle. Maëlle, en faisant des efforts, peut être douce, mais la plupart du temps, sa maladresse et sa brutalité lui font défaut. La femelle Plante semble apprécier le nouveau traitement et cesse alors de s'agiter.

« Waaaah ! Vous connaissez plein d'trucs, m'sieur ! Noah aussi il connaît plein d'trucs, mais pas autant ! »

Le jumeau en question, d'ailleurs, resserre ses petites mains contre mon pantalon à l'entente du compliment. Pas qu'il n'y soit pas habitué, mais les entendre de quelqu'un qu'il estime, c'est tout autre chose. Et l'avis de sa sœur, si parfois elle peut l'exaspérer comme n'importe quelle sœur peut exaspérer son frère, compte beaucoup pour lui malgré tout.

« … Ses-Ses fleurs, c'est des médicaments. T'en prends quand t'es fatigué. J'l'ai-j'l'ai lu dans un livre. »

Sa voix est craintive, hésitante. Mon fils n'ose pas s'exprimer plus clairement, mais je sens qu'il a envie d'étaler son savoir, lui aussi, pour montrer qu'il connaît des choses. Sans doute autant pour répondre à la flatterie de sa sœur que pour tenter de se faire remarquer par l'inconnu. Mais cela m'amène d'ailleurs à parler de la situation qui m'a conduit à venir ici alors que je savais que c'était interdit. Je me masse la nuque, soudainement gêné. Mon sourire s'est un peu effacé pour arborer une mine sérieuse, ignorant comment réellement me comporter face au mec en face de moi.

« C'est euh c'est elle, ma Chlorobule. Elle s'est enfuie et a atterri dans votre jardin. Alors j'voulais juste... Vous savez, la récupérer. Je sais bien que c'était pas très malin de ma part mais-
- Moi j'ai dit à papa que fallait pas aller là parce qu'on a pas le droit ! Mais il m'a pas écouté !
- Aheum !.. Euh... Ouais, pardon. C'était pas le but d'énerver qui que ce soit ou... Euh... Enfin j'allai rien vous voler, promis. »

Je ne sais pas trop quoi dire. Attend-il maintenant que nous partions ?.. C'est que j'aurais bien aimé lui demander s'il passait parfois au marché ou... Ou si y'avait moyen dans tous les cas de pouvoir lui acheter deux-trois trucs. Maëlle est pourtant la première à reprendre la parole.

« Monsieuuur ! Tu sais pourquoi Chlorobule elle veut plus rester à la maison ? C'est parce qu'elle nous aime plus ? »

Embarrassé, je voudrais bien consoler ma fille moi-même, mais comme l'autre semble s'y connaître mieux que moi, je me ravise à contrecœur, ne voulant pas risquer de dire une bêtise et de m'humilier davantage.

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Alois F. Legrand
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Ven 16 Fév 2018 - 3:20
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Natsume Enodril-Miyano



Le bouc et le lapin
Ft les Chèvres de Monsieur Seguin

Va falloir qu'on m'explique pourquoi les gens n'arrivent pas à trouver la porte d'entrée. Je veux dire, Yamamoto s'est embêté à faire une jolie enseigne, je me suis fait un nombre incommensurable d'échardes en plantant des clous et en ponçant des planches (l'état de mes mains en a pâti, je ne pouvais même plus écrire, des fois), et personne ne la remarque... ? Je grognerais presque, là. Je vais finir par croire que je vais devoir faire une nouvelle clôture, même si je rechigne, peu volontaire à l'idée de « marquer » ainsi la terre alors que j'étais déjà mi-figue mi-raisin à l'idée de délimiter les bords de la propriété. C'est vrai, quoi, la forêt appartient à tout le monde, je ne fais qu'y habiter pendant un temps, et sans doute qu'à ma mort, tout ça pourrira et retournera à la terre, ça fait partie de la vie. Enfin. Je m'égare. Disons simplement que je ne comprends juste pas pourquoi les gens continuent à s'étonner que ça me déplaise. Je ne me suis tout de même pas embêté à faire installer une sonnette pour rien, déjà que je déteste le son...
Enfin. Voilà que débarque un Evoli (mais c'est quoi ce délire là, y'a toute la famille ?), et je retiens une mine perplexe. Ok. J'vais arrêter de me poser des questions, vraiment. Pourquoi pas, à ce stade, hein. Le gamin blond finit par nous rejoindre, ayant visiblement fini d'être terrorisé ou du moins de me prendre pour un ogre mangeur d'hommes (j'préfère les quiches aux légumes). Je le salue d'un bref mouvement de tête, mais il s'est déjà caché derrière les jambes de celui qui semble être son père. J'ai le même à moins de cent mètres, alors... D'ailleurs, j'espère qu'il n'est pas en train de nous regarder par la fenêtre, je serais très embêté.

J'esquisse un sourire satisfait en voyant la petite desserre sa prise sur la Chlorobulle, content. Je sais bien que les gamins ne font pas exprès d'être brutaux, et si elle fait un effort, disons que cette gamine vient de gagner quelques points d'estime dans ma tête. Faut dire que voir un pokémon satisfait, ça me met déjà de meilleure humeur. Je cligne des yeux face à son compliment et hoche distraitement de la tête, pas si touché que ça, mais c'est gentil, je suppose ? Enfin, faut dire que les mômes sont aisément impressionnés, donc se contenter de hocher de la tête pour dire qu'on entend ce qu'ils disent devrait suffire. En revanche, le nain blond paraît embarrassé, de ce que je vois sur sa tête. Je m'attendais à ce qu'il rougisse encore plus, mais je hausse très légèrement les sourcils face à ce qu'il dit. Hm. Je suis un peu impressionné, enfin, un tout petit peu, hein. C'est un fait relativement connu parmi les quelques initiés et ceux qui mettent le nez dans un bouquin, mais pour un gamin, je ne peux qu'admirer et encenser cette curiosité qui a dû lui faire lire plus qu'il n'est obligé. Bon, c'est snob, comme façon de penser, mais eh, que voulez-vous.

Au moins, semble-t-il, le père a cessé de faire son petit cinéma introductif. J'ai pas de problèmes avec les manières des gens, mais... Bah tout ça, j'aime pas trop, voyez-vous. Je suis pas mal lassé par toutes les simagrées que les gens se forcent à faire pour se faire bien voir ou pour simuler la sympathie, donc je préfère ce qu'il fait maintenant. C'est bien, ça, aller au point, sans s'embêter avec des codes qui ralentissent tout. Et voilà enfin les explications que je désirais, ce qui explique sans doute beaucoup de choses et qui me satisfait, bien que je  me garde un droit de doute car je suis comme ça, pour le moment. Je hausse un peu les sourcils, toutefois, mi-amusé, mi-blasé, en voyant que les enfants se tiennent mieux que le paternel. Soit, je n'ai pas trop de raison de leur taper dessus, déjà parce que j'ai la flemme, ensuite parce que... Bah j'ai pas que ça à faire, je ne suis pas hystérique non plus, surtout en termes de propriété. Même si je protège ma pension avec la férocité d'un chien de garde, j'ai bien du mal à serrer les crocs quand l'acte est une grosse bourde. Vu le nombre de bourdes que je commets moi-même, on ne va pas faire les emmerdeurs, n'est-ce pas ? Je le redis, j'ai sincèrement la flemme.

La question de la gamine, toutefois, me prend pas surprise. Si je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'interpelle, déjà parce que, bah... Voilà, et ensuite, même si elle a l'air d'être pipelette, je ne pensais pas qu'elle serait aussi directe. Hm. Ça, au moins, c'est quelque chose qu'elle a mieux intégré que son père, on dirait. Je jette un regard intrigué vers la Chlorobule, sans toutefois quitter ma posture courbée de sale gamin fatigué. Là, déjà, ça m'intéresse plus, puisqu'on parle de mon domaine et que je suis quelque peu égocentrique, ne m'intriguant souvent qu'envers ce qui touche mes intérêts. Enfin, à relativiser, car si je suis curieux d'à peu près tout, il est bien plus facile de me voir déblatérer : faut croire qu'ils ont touché le point sensible. Si je hausse les épaules d'un air qui veut dire « j'en sais rien », mes propos vont à l'encontre de mes actions. L'expression flegmatique ne peut cacher mon intérêt, ne serait-ce qu'avec la lueur qui s'est mis à briller dans mes yeux, et la clarté avec laquelle je m'exprime soudainement.

« De ce que je sais, les Chlorobule sont des pokémon particulièrement exigeants quant à la qualité de l'eau et de la terre qu'ils utilisent. Si celle-ci est de mauvaise qualité ou qu'elle désire un environnement plus végétal, c'est peut-être que vous habitez en ville. »

Je dis ça comme ça, je n'en ai pas le moindre idée, en fait. Je préfère éviter de tomber dans les affirmations, puisque j'ai appris à mon grand damne que les gens sont relativement susceptibles et n'aiment pas trop qu'on critique leur lieu de vie, ce que je peux comprendre, en quelque sorte. Il est très probable, aussi, que je m'exprime dans un registre un peu trop compliqué pour des enfants, mais je le remarque pas du tout, encore très peu habitué au fait de me mettre à leur niveau. Je suis sincère, pourtant, dans ma volonté de répondre, mais ma curiosité prend le dessus, et alors que j'inspecte la Chlorobule, je fronce un peu les sourcils. Oui, probablement que je m'investis trop, en fait. J'essaie donc de remettre les choses en l'ordre, en me grattant un peu le crâne.

« Si vous la traitez bien, c'est probablement davantage de la curiosité, des instincts et un besoin de nature qu'un déficit d'affection. Je présume qu'elle est relativement jeune, n'est-ce pas ? Je ne crois pas voir de problèmes physique, à vue de nez. »

Oui, Natsu, biiiien, « déficit », « exigeant », tout ça c'est des trucs que comprennent des gamins. Je ne remarque pas que je suis un peu con, plus intrigué par le « mystère » sur lequel j'enquête dans ma tête, faisant déjà tout un tas d'hypothèses. Je ne me permets d'en dire trop, parce que bah, je ne suis pas psy ou médecin non plus. J'estime déjà avoir bien assez de sujets étudiés sur le dos, déjà, entre ma thèse et l'élevage... Enfin. Je ne vais pas dire d'anneries, donc je me tais sur ce point, sauf si ils rouvrent le sujet.
Toutefois, ce qui a été dit tout à l'heure me trotte encore en tête, et je jette un regard distrait au petit garçon, ne me permettant pas de le fixer dans les yeux car j'ai vécu assez ce genre de situation étant enfant pour savoir que c'est flippant. Eh, il voulait de l'attention, non ? Alors je la lui donne. Et au passage, je ramène ma science comme un intello un peu chiant, mais j'aime surtout partager, et il m'a l'air curieux, donc autant le faire. Mon visage s'est un peu détendu, depuis tout à l'heure. Enfin, surtout là. Faut dire que moi et les plantes... Bah voilà. Limite, ça me rendrait aimable. Mon ton l'est, d'ailleurs, tout naturellement, sans que j'ai forcé le trait.

« Et c'est vrai, pour les feuilles. En infusion, avec de la rose ou de la camomille, on oublie presque l'amertume, et c'est un très bon apport en vitamines, utile en cas de rhume. Avec des framboises, notamment. »

Je vais épargner les détails sur les cellules, les molécules, les nécessités chimiques et tout le tralala de la préparation de l'eau ainsi que des feuilles, mais l'idée est là. Je doute, de toute façon, que le gamin se rappelle de ça. Mais bon, on ne pourra pas dire que je n'ai pas essayé.
Je ne savais pas trop quoi faire sur le coup, alors l'arrivée soudaine de mon Phyllali aurait dû me sauver la mise, mais... Lentement, l'évolition glisse entre mes jambes, paradant gracilement, comme  dans une caresse discrète, et miaule. Je fronce un peu les sourcils : j'étais pourtant sûr de l'avoir vu faire la sieste dans les fleurs, tout à l'heure. Je ne me demande pas longtemps pourquoi il choisit de venir, néanmoins. C'est quasiment sûr que, devant cet attroupement, il n'a pas pu s'empêcher de venir se faire remarquer. Il réserve le même traitement envers les trois intrus, ignorant par là le regard jaloux d'Hayato qui n'aime pas trop se faire « voler » sa place. Toutefois, je suis assez gêné. Il est... Bah c'est embarrassant, quoi !

« Yû... Bon, excusez-moi, il... »

Je soupire, vaincu avant même d'avoir terminé ma phrase. Mais quel emmerdeur, celui-là... Toujours à réclamer de l'attention et à vouloir se faire voir, se pamant comme une diva ridicule. Sérieusement, pourquoi est-ce que mes pokémon sont aussi pénibles, des fois ? Je remarque, toutefois, qu'il tourne autour de l'Evoli du jeune garçon avec attention, intrigué par le fait de rencontrer un membre de son espèce. En même temps, il n'en a pas beaucoup vu : ce n'est pas ma spécialité, et il ne connaît pas ceux de mon entourage. Normal qu'il soit un peu amausé, et peut-être  nostalgique de la période où il était encore à son stade de base. Il essaie de sympathiser en tapotant la tête de la femelle avec sa queue, comme pour l'inciter à jouer.
2 Février 2023, matinée
Natsume Enodril-Miyano
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Ven 16 Fév 2018 - 15:57
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Alois F. Legrand


Le bouc et le lapin

C'est la ferme ici ou ?

Et deux petits chevreaux

Bon euh faut dire que je ne m'attendais pas à ça, mais... Voilà que notre 'hôte' (si je peux l'appeler ainsi alors que je me suis plus ou moins incrusté chez lui par effraction) se met à nous parler des Chlorobules et de leurs préférences en terme de mode de vie. J'ignorais qu'il s'y connaissait, et à ce point, en plus, mais au moins, Noah se dévoile de plus en plus et Maëlle a arrêté de gesticuler dans tous les sens pour que tous deux puissent écouter avec attention ce que le hérisson nous apprend.

« On vit près d'la mer ! Chez nous, y'a pas d'plante, y'a que d'l'eau et des cailloux ! »

Cela expliquerait en effet que la fille d'Eve ne se sente pas très à l'aise, à la maison. Ma Fragilady est habituée, elle, mais je peux comprendre que ça ne soit pas le cas de la petite née récemment. Depuis son éclosion, elle n'a pas cessé de vouloir bouger, ou plutôt de vouloir s'enfuir, mais j'ignorais pourquoi. Je faisais le maximum pour qu'elle soit à l'aise, la traitant avec tout l'affection que sa génitrice et moi pouvions lui donner, mais ça n'a jamais semblé lui suffire. Elle voulait... Elle voulait un jardin, des fleurs, des plantes sauvages, de l'air frais, du pollen... J'aurais bien pu lui offrir tout ça en en installant autour de l'Amphithéâtre, mais je ne sais que ça n'aurait jamais eu le même effet qu'une telle installation en pleine forêt. Je ne peux pas créer de toute pièce, même avec tout l'argent du monde, un tel habitat naturel et végétal. Je vois bien à quel point elle est plus heureuse ici qu'à Baguin. Et mes enfants aussi, l'ont remarqué.

« On habite à Baguin, ouais. Nous essayons de traiter tous les Pokémons de la meilleure façon possible. Mais... C'est pas la première fois qu'elle fugue. Comme vous dites, elle doit vraiment être curieuse, ou... Ne pas se sentir bien là où nous vivons. »

Et en vérité, ça doit sûrement être les deux. Combien de fois l'avons-nous vu regarder les fenêtres avec un air morne et las ? Je ne comprenais pas la problème alors, pensant qu'elle avait juste envie de sortir, mais même une fois dehors, ce n'était pas ça qui lui rendait le sourire. Seule sa mère arrivait à la conforter, mais je voulais qu'elle soit heureuse d'elle-même, qu'elle puisse trouver une quelconque satisfaction dans le fait de vivre avec nous. Mais je crois que je me suis trompé sur toute la ligne. Je n'ai pas pris le problème de la bonne façon. En l'observant découvrir cet endroit, je remarque bien la lueur d'admiration qui illumine ses petits yeux. Elle semble libre, heureuse... Devrais-je la laisser ici, puisqu'elle ne se sent pas aussi bien que je l'aurais espéré chez nous ? Elle échappe déjà aux bras de Maëlle pour aller virevolter regardant de loin les champs de fleurs, n'osant pas s'éloigner pour autant. Elle meurt d'envie d'aller se baigner dans les quelques tulipes colorées à quelques mètres de nous, je le sais. Et ma fille de scruter un instant l'adulte en face de nous avant de me fixer, le regard soudainement triste suite aux paroles du hérisson.

« Alors c'est vrai, Chloro est pas heureuse, avec nous ?..
- C'est-C'est un peu plus compliqué que ça. Elle a juste besoin d'un peu plus d'espace vert... Comme ici. J'crois qu'elle aussi est tombée amoureuse de votre jardin, héhé. »

J'essaye de faire bonne figure. De me dire que ce n'est pas grave, que j'aurais dû m'attendre à ce qu'un jour ou l'autre, un de mes propres Pokémons veuille partir. Je n'ai pas envie de me dire que ça peut être dû à un échec de ma part, même si... Même si j'aurais dû voir les signes plus tôt et les interpréter. Cela m'arrangeait que Eve, enfin mère, puisse profiter de sa fille avant qu'elle s'en aille. Pas comme s'il ne m'était pas déjà arrivé de confier un des petits de mes Pokémons à un dresseur (avec leur accord, bien entendu), mais ça me fruste un peu égoïstement de savoir que je ne suis pas capable de m'occuper d'une Chlorobule alors que j'ai pu élever Eve correctement. J'ai peur qu'elle m'en veuille d'avoir laissé son enfant s'en aller aussi rapidement, si je décidais de libérer Chlorobule.

« Regarde, Noah, un Phyllali ! Comme celui de maman ! T'as vu comme il est mignon ? »

Plongé dans mes pensées, j'en sors tout juste lorsque Maëlle interpelle son frère pour lui montrer le nouveau venu à quatre pattes. Ce dernier semble vouloir attirer toute l'attention sur lui, et je dois dire qu'il a trouvé, en les jumeaux, le public idéal. Pas qu'ils ne soient pas habitués, avec leur Pension de leur mère et sa spécialité, mais ils ne sont guère difficile en terme de Pokémons. Faut dire qu'il en faut vraiment peu pour les émerveiller, mais encore plus quand ils connaissent un peu l'espèce (ça rassure surtout Maëlle quand elle peut se vanter de connaître deux-trois trucs). Mais au moins, ça leur fait penser à autre chose. D'autant plus que le Phyllali semble vouloir jouer avec Minuette. Cette dernière, intimidée, esquisse un léger sourire. Je ne suis pas sans savoir qu'elle désire elle-même avoir cette évolution. Toutefois, malgré les nombreuses tentatives de Noah, il n'a jamais réussi à la faire changer en Phyllali ; et sa mère, débordée avec sa Pension, n'a pas encore eu le temps de l'aider. Alors elle regarde avec envie le dénommé 'Yû', les yeux brillants devant sa belle couleur et ses feuilles vertes. Maëlle s'est approché du Phyllali à son tour pour se pencher, avant de lui demander son autorisation pour le caresser doucement. Elle invite son frère à en faire de même, mais ce dernier est moins brave que sa jumelle. Toutefois, avant de lever son regard gris-bleu vers l'éleveur comme pour être sûr qu'il en a bien le droit, il fait quelques pas vers le Phyllali pour l'admirer de plus près.

« Hmm... D'ailleurs, dites-moi... Vous... vous êtes un ermite ?.. J'dois avouer que votre propriété m'intrigue beaucoup. En particulier votre potager, là. Vos fruits et vos légumes, ils sont à vendre ? »

J'ose enfin poser la question qui me brûle les lèvres depuis tout à l'heure. J'essaye de moins penser au sort que connaîtra la Chrolobule selon le choix que je ferai (ou qu'elle fera) la concernant. Mais j'étais aussi très intrigué par si ou non je pourrais éventuellement compter sur ce jardinier, au cas où s'il a besoin de quelques sous contre des produits frais. Parce que ce jardin, pour qu'il soit aussi bien entretenu, j'imagine qu'il doit dépenser temps et argent là-dedans. En voyant d'ailleurs quelques papillons se poser pour butiner dans les jolis cadres fleuris, Maëlle redevient alors surexcitée et sautille pour attirer l'attention du porc épic.

« Hé, hé, M'sieur ! J'peux libérer mon Papinox ? Il aimerait trop jouer ici ! »

Ma fille est bien plus entreprenante que moi. Au moins, elle ne perd pas le nord.

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Alois F. Legrand
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Dim 25 Fév 2018 - 20:23
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Natsume Enodril-Miyano



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Je n'aime pas trop que Yû se pavane ainsi, mais bon, ça fait partie de son caractère, je n'aurai pas dû espérer autre chose. Au moins, il ne me provoque pas des ennuis, en attendant. Je cligne un peu des yeux quand la gamine confirme qu'ils sont loin d'habiter en forêt, ce que... Je savais. Je ne fais rien remarquer parce que l'on pardonnera à une gamine d'oublier qu'on m'a déjà dit qu'ils venaient de Baguin, mais visiblement, le père non plus, n'est pas très réflexion. Un air un peu blasé s'étale sur mon visage. Ouais, d'accord, il m'écoute à moitié, ou me prend pour une andouille, au choix. Je soupire un peu. Je dois vraiment prendre sur moi pour me dire qu'il ne fait pas exprès, je vous assure.
Mais l'on dirait que j'ai touché juste : le grand air manque à la femelle, et je ne suis pas étonné de ce que j'entends au sujet de fugues. C'est fréquent, dans ce genre de cas. Je suis un peu flatté, toutefois, d'entendre que le jardin plait à la Chlorobule. Si l'avis des humains m'intéresse rarement à ce sujet, c'est autre chose des pokémon : eux sont bien plus honnêtes. L'avis des type plante, en plus, me plait bien davantage, étant donné qu'ils sont les plus concernés. Ehehe. Au moins ça pour me brosser l'ego, aussi puéril que ce soit.

J'apprécie au moins le fait que la présence du Phyllali ne dérange pas trop les... Les intrus, oui, parce que je suis un peu trop une tête de mulle pour les appeler « invités » et que quand je suis bêtement vexé, je suis rancunier comme un pou, même quand je m'en fous au fond. Enfin. Yû est plus que ravi, et ronronne comme un pacha, dandinant du corps pour avoir le droit à plus d'attention. Je lève les yeux au ciel et soupire, exaspéré. Il se complait dans les caresses en ronronnant grassement. Mais quelle sale petite... Drah, j'vous jure. Et à côté, ça jette du sable dans les yeux des autres pokémon lors des mauvais jours.

En fait, je ne m'attendais pas trop à ce qu'il me pose cette question par rapport au potager. Et qu'il... Ne pige toujours pas qu'il est dans une pension. M'enfin. Je le fixe d'un air circonspect, les sourcils haussés. Il est un peu long à la détente, hein... ? Ouais, on dirait. Au moins, sa gamine semble plus énergique et éveillée, et je cligne des yeux devant sa question. Un Papinox, hein... ? J'avoue que je suis curieux de le voir, même si j'en ai plusieurs. Je hoche lentement de la tête, pas franchement embêté.

« Ah, euh, oui, vous pouvez. Si vous le voulez, j'ai un groupe de Charmillons et de Papinox dans les environs. »

Je montre de la tête la nuée de papillons qui se trouve plus loin, dont une partie, excentrée vers nous, reste en dehors du groupe de pollinisateur. Menés par Testuya et Sayuri, car nombreux sont ceux qui sont leurs enfants, je dois avouer qu'ils sont en grand nombre, maintenant. En même temps, au bout de cinq ans, disons que... Disons qu'ils ont été actifs, et que leur descendance est assurée pour une bonne dizaine de générations au moins. Enfin. Je dois répondre à la question de l'autre adulte, non ? Je me tourne donc vers lui, l'air un peu déconnecté et neutre, pas franchement inquiet ou embêté.

« Je suis éleveur, pour la question, de type plante et insecte. Vous êtes dans ma Pension, en fait. Ermite ou pas, après, aucune idée, ça dépend de ce que vous entendez par là. »

Autant clarifier les choses, puisqu'il faudra visiblement tout dire directement pour qu'il comprenne. De toute façon, à ce stade... Il faut bien que je réponde à sa question, d'ailleurs, et je hausse les épaules, ne sachant pas trop comment dire ça. Si il est intéressé, bon, ça fera un client de plus. Je ne suis pas très regardant sur l'intelligence des clients.

« Et, euh... Pour les fruits et les légumes, ça dépend de l'usage que vous allez en faire, mais oui, en quantité relative, j'en vends. Les prix sont affichés à la réception, et il faut avoir avec le réceptionniste pour les commandes de gros. »

Je me décharge un peu trop sur Yann, c'est vrai. Surtout pour les choses qui demandent de la sociabilité et des capacités à supporter les autres. Je suis assez doué en marchandage, mais souvent, bah, j'ai la flemme. Et les gains faits sur les produits frais sont certes sympathiques, mais pas trop importants pour que je m'embête à mette le paquet là-dessus. C'est davantage un luxe et un petit bonus, si on veut. Surtout que beaucoup de ces produits, en plus de finir dans mon assiette, finissent dans celles des pokémon : c'est d'autant moins à payer chez le grossiste. Je me demande d'ailleurs si l'envie d'acheter des aliments de... Legrand, c'est ça ? Oui, voilà. Donc, je me demande si son envie d'acheter des aliments n'est pas lié à son rôle de cuisinier dont il parlait tout à l'heure. Mais bon, ça ne me regarde pas, tout ça. Et je compte bien écourter la conversation, d'ailleurs-

« … Qui vous êtes, vous ? »

Mais bien sûr. Si il y en a un qui sait s'introduire au mauvais moment, sérieusement... Je me masse la nuque, un peu embarrassé, mais ne bouge pas quand je sens quelque chose se coller à ma taille et derrière ma jambe. Sans surprise, Axel a perdu patience à force de m'attendre pour le goûter, et a décidé de venir voir ce qui se tramait. Maintenant, il est plutôt curieux en voyant des personnes inconnues, mais sur ce point, il est un peu comme moi. Si il est moins dérangé par les nouveaux venus, il y a toujours un peu de méfiance, qui transparait dans son ton, et dans son impolitesse maladroite. Embêté par cela car je suis à cheval sur ce détail, je le reprends d'un regard, la voix ferme mais pas non plus autoritaire. En même temps, à les dévisager... Bah, apparemment, ça ne se fait pas, et j'essaie comme je peux de lui faire comprendre les règles sociales que l'on attendra de lui quand il devra se débrouiller sans moi, même si je n'y souscris pas moi-même et les trouve parfois inutiles. J'ai un léger besoin de m'assurer que j'agis bien, en le reprenant.

« Axel.»

Si il ne comprend pas tout de suite et relève des yeux intrigués vers moi, il saisit bien vite devant mon air blasé et son expression se fait surprise. Embêté, il esquisse un sourire qui se veut avenant, très maladroitement, les saluant d'un geste de la main.

« Ah, euh, oui, bonjour. Ils sont beaux vos pokémons ! »

Mouais. Je ne vais pas juger sa façon de faire, je suis bien moins adroit, et lui au moins a l'excuse d'avoir cinq ans.
2 Février 2023, matinée
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
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Lun 26 Fév 2018 - 1:51
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Alois F. Legrand


Le bouc et le lapin

C'est la ferme ici ou ?

Et deux petits chevreaux


« Des Charmillons et des Papinox ?! Ouaaaaaaah ! »

Ma fille, toute excitée, sautille sur place en poussant des petits cris. Sans hésiter plus, elle prend la Poké Ball qu'elle garde à sa ceinture et en libère son Papinox, Shang. Ce dernier, une fois apparu, regarde les alentours avec curiosité mais semble tout content de voir autant de fleurs d'un coup. Lui non plus, n'est pas habitué à en apercevoir beaucoup. En même temps, notre lieu de vie n'est pas idéal pour ça, mais peut-être que nous pourrions augmenter nos balades dans la forêt, si ça peut leur faire plaisir ?.. Au moins, dans la Pension de Makenzie, ils peuvent plus souvent sortir dans le jardin aménagé qu'elle possède. Il n'y a toutefois pas une nuée de papillons comme ici, de ce que je constate. Un peu plus loin, Charmillon et Papinox dirigent une 'petite troupe' de papillons semblables, ce qui émerveillent mes deux enfants. Même Noah tourne la tête pour mieux admirer le groupe coloré. Shang meurt d'envie de les rejoindre, à ce que je remarque de ses ailes qui battent précipitamment.

« Vas-y, Noah, toi aussi ! Clochette elle va être contente ! »

Surpris d'être interpellé tout à coup, mon blondinet se met à regarder le sol d'un air gêné. Mais avec le soutien de sa sœur, il se dit probablement qu'elle doit avoir raison et il arrive à prendre son courage à deux mains pour prendre la Poké Ball de sa Charmillon, avant quand même demander une nouvelle fois l'approbation à l'inconnu et à moi pour libérer son Pokémon. Après avoir hoché la tête, je le regarde faire apparaître à son tour la femelle Insecte qui rejoint le Papinox. Puis, tous les deux, ils volent jusqu'à ceux de l'ermite, ou plutôt de l'éleveur, comme il se présente enfin. Il ne nous dit toujours pas son nom mais révèle sa profession et je comprends alors bien mieux d'où sort ce jardin si bien entretenu ainsi que tous les Pokémons aux alentours. Maintenant qu'il le dit, en y réfléchissant bien, à part le Luxray, toutes les espèces que je peux discerner autour de nous sont soit de type plante, soit de type insecte. Et cela explique mieux le fait qu'il ait pu comprendre si bien les sentiments de la Chrolobule. Cette dernière, d'ailleurs, l'évite un peu pour regarder plus en détail le hérisson. Il a l'air de lui plaire. Peut-être parce qu'elle a trouvé quelqu'un qui a su faire part de son problème ?..

Enfin bon, au moins... Je crois que j'ai trouvé mon fournisseur ! Héhé... Il ne sait pas à quel point la nouvelle me réjouit. Il aurait pu être possessif envers son potager, après tout, mais puisqu'il le propose si gentiment, je ne vais pas me priver. Et puis ça peut l'aider aussi, de vendre ses produits, non ? Surtout que... En regardant une nouvelle fois, impossible que je ne me trompe. Ces fruits et ces légumes me semblent parfaits. Au moins une affaire entendue, puisqu'il ne paraît pas contre le fait que je les lui achète quelques uns, en dépit de la première impression qu'il peut avoir de moi. Mais tandis que je me mets à réfléchis à toutes les tartes sucrées et salées que je pourrai faire rien qu'avec ces aliments, j'entends une petite voix qui n'appartient ni à ma fille, ni à mon fils. Surpris, je baisse la tête pour découvrir une nouvelle tête hérissée qui vient à notre rencontre. Maëlle et Noah regardent aussitôt le petit garçon avec de grands yeux curieux. Il ressemble à l'adulte. Son gamin, probablement. C'est drôle, je n'aurais pas dit qu'il avait... bah des enfants, à première vue. L'éleveur semble assez renfermé ; mais bon après, comme on dit, faut pas se fier aux apparences non plus. Je remarque qu'il paraît sévère également avec le petit nouveau venu, d'après son expression toujours aussi... neutre, mais ce n'est que pour corriger les mots maladroits du porc-épic miniature. J'esquisse là un sourire en reconnaissant quelque chose que je fais moi-même. En général, si Noah assimile la politesse assez facilement (voire trop), Maëlle préfère entrer dans le vif du sujet et oublie la plupart du temps ce qu'elle sait des bonnes manières. Un petit rappel dans le tas n'est donc jamais inutile.

« Saluut ! Moi c'est Maëlle, et lui, c'est Noah ! T'as des Pokémons, toi ? »

… Et bien sûr, elle n'a pas hésité une seconde avant de faire la pipelette. Elle est vraiment intenable, parfois. Il faudra qu'elle comprenne un jour que tout le monde n'a pas de Pokémon à un aussi jeune âge et que c'est pas plus mal pour certains. Heureusement je n'ai pas fait don aux jumeaux de spécimens particulièrement agressifs, mais peut-être aurais-je au moins dû attendre leur dix ans avant de leur en confier un second. Je crains qu'elle ne fasse plus peur au petit qu'autre chose, mais elle insiste en prenant en plus son Evoli dans ses bras pour le montrer au dénommé... Axel ?

« Regarde ! Lui, c'est mon Evoli, et il s'appelle Milo ! Dis bonjour, Milo ! »

J'y crois pas, elle fait même bouger la petite patte de son Pokémon pour faire un signe de 'coucou' devant l'autre enfant... Bon, moi je fonds quand même de la voir aussi sociable avec ceux qu'elle ne connaît pas (même si ça peut être plus embêtant qu'autre chose à certaines occasions), mais j'espère au moins qu'elle ne va pas apeurer le petit. Noah veut bien au moins s'approcher un peu également maintenant que l'adulte n'est plus seul et observe Axel sans dire un mot. Il s'est simplement contenté de hocher la tête lorsque Maëlle l'a désigné pour le présenter, même s'il ne sait jamais s'il déteste quand sa jumelle fait ça ou s'il trouve ça plus pratique pour lui quand il ne veut pas forcément faire un pas vers les autres.

« Oooh... Il est adorable ! Vous aussi vous avez des enfants, alors ? »

Je tente un sourire, un peu plus doux et moins brillant que celui de ma fille, avant de regarder celui qu'il a appelé Axel mais également un peu aux alentours de la demeure pour voir s'il y aurait d'autres gamins dans les environs. Puis, je m'accroupis pour me mettre à la hauteur du jeune hérisson.

« Bonjour. Je m'appelle Alois, je suis le papa de Maëlle et de Noah. Tu as quel âge, mon bonhomme ? »

En taille, il est relativement plus petit que Maëlle, déjà (même s'il y aurait de la triche avec ses cheveux). Je sais comme les enfants peuvent être rapidement intimidé par des inconnus, alors je me suis dit que me présenter serait au moins faire un pas vers lui. Pas que je déclare déjà qu'on va revenir ici ou qu'on va connaître davantage le propriétaire des lieux, mais euh... Bah on sait pas. Mais au moins, peut-être que les jumeaux auront quelqu'un de leur âge avec qui jouer ?
En y repensant, toutefois, un détail m'échappe. Si je connais le nom du petit garçon, j'ignore celui de son père alors que je lui tiens pourtant la jambe depuis maintenant une bonne dizaine de minutes, ou dans ces eaux-là. Alors je relève mon regard vers le géniteur de l'enfant, un lueur intriguée dans le regard.

« D'ailleurs... Si jamais je serais intéressé par passer des commandes régulières, à propos chez vous, à propos de fruits ou de légumes, je... Hm... Pourrais-je au moins savoir votre nom ? Ou peut-être avez-vous une carte de visite, quelque chose ?.. »

Parce que s'il ne l'a pas encore compris, je serais potentiellement assez enclin à lui acheter deux ou trois cageots de fruits et légumes. Ou plus. Faut dire que, puisque j'apprends qu'il est également un spécialiste en Pokémons Plante et Insecte, je n'ai plus aucun doute quant au fait qu'il doit faire des produits de qualités. Mais je comprends pourquoi Chlorobule se sent si bien ici. Elle doit respirer un air bien plus agréable pour ses feuilles que celui que nous disposons à Baguin. D'ailleurs, en cherchant la petite rebelle d'un coup d'œil bref, je la remarque qui vient se nicher doucement dans les cheveux de l'adulte. Embêté, je voudrais la déloger de là, mais quelque chose me dit que si je m'approche encore un peu, je risque de faire une nouvelle bourde.

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Alois F. Legrand
Alois F. Legrand
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Lun 5 Mar 2018 - 2:01
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Natsume Enodril-Miyano



Le bouc et le lapin
Ft les Chèvres de Monsieur Seguin

Je n'aime vraiment pas sa manie de s'incruster un peu partout, mais on finit par s'y faire, aussi pénible que ce soit. Axel n'est pas du genre à annoncer sa présence ou à demander avant de venir. En outre, quand il se pose des questions, il ne se gêne pas, et j'ai bien du mal à le reprendre quand il faut. En même temps, son attention a été captée par les pokémon des nouveaux arrivants, et c'est plutôt difficile de le divertir quand il voit ce genre de choses. La preuve : il a poussé des petits sifflements admiratifs dès qu'il a vu le Papinox et la Charmillon. Je ne cherche pas à le faire s'en aller, car il ne ferait que me harceler davantage de questions par la suite, et je n'ai vraiment pas envie de ça. Comprenez, j'espérais déjà qu'ils évacuent les lieux après les rapides explications que j'ai donné, alors je suis déjà suffisamment embêté par le fait qu'ils restent comme ça.
D'autant qu'en plus, Axel est plutôt content d'être au centre de l'attention. Il en est très content, même, ce qui n'est pas étonnant : il faut dire que des gamins de son âge, il en voit très peu par ici, pour ne pas dire aucun. La question que la fillette lui pose, il y répond donc tout naturellement, en me jetant un coup d'oeil, comme pour tenter de me faire changer d'avis sur le sujet.

« Euh, non, j'ai pas de pokémon à moi. Papa y'dit que j'suis trop petit mais c'est pas vrai. Mais moi c'est Axel. »

… Et pas la peine d'insister, Axel, c'est non. Non mais sérieusement, quel imbécile doublé d'un parfait inconscient mettrait une créature capable de tuer ou de sérieusement blesser dans les mains d'un enfant ?! Je veux bien qu'ils soient mignons, mais on ne donnerait pas un dobberman à un môme... Et Axel ne paraît pas partager mon avis du tout, surtout quand il voit d'autres enfants posséder le leur. Je ne compte pas cesser d'un pouce, néanmoins, et ne m'embête même pas à me justifier devant ce qu'il voit comme une injustice. Les enfants, de toute façon, à cet âge... Ils font une crise, mais oublient bien vite ce qu'ils voulaient dès qu'ils l'obtiennent ; je n'ai pas été très différent.
Je sens bien d'ailleurs, qu'il est heureux de voir que la gamine veut lui présenter son Evoli. Il le salue bêtement, ne réalisant pas que le pokémon est peut-être mal à l'aise, plus préoccupé par le fait de « jouer » à dire bonjour. Je le plains, moi 'Milo'. Enfin, les enfants sont un peu cruels, des fois...
Et en fait, je ne suis pas sûr de préférer les adultes, quand je vois comment s'extasie le père des deux gosses. Si je me fiche un peu de son air attendri, je me crispe devant sa question. Soit je lui dis que non et Axel va protester, mettant ainsi un jour une situation que je n'ai pas envie de révéler à de parfaits inconnus, soit je dis que oui et la seule chose qui va protester, c'est mon cerveau. Dilemene difficile s'il en est.

Donovan-junior (oui je l'appelle par son premier nom de famille quand j'ai besoin de me rassurer, oui c'est pathétique) esquisse un pas en arrière quand l'adulte blond se met à sa taille pour lui parler, toujours un peu intimidé devant des « vieux ». Mais la cordialité a le mérite de lui permettre de se faire une idée sur son interlocuteur, et vu sa naiveté, elle a l'air d'être positive, si je lis bien son langage corporel. Mon impression se confirme lorsqu'il reprend timidement la parole, rongeant un de ses ongles, marmonnant donc sa réponse, comme embarrassé. On dirait que l'excès d'attention qu'il appréciait tant avant le gêne, maintenant.

« J'ai cinq ans mais en vrai j'ai sisse ans le mois prochain. »

Je ne sais pas trop pourquoi les mômes aiment parler de leur âge, mais il le fait à chaque fois. Meh. J'y comprends rien, et ça ne fait pas vraiment de sens à mes yeux, mais bon, c'est sûrement quelque chose que je ne pige pas, comme d'habitude. Si j'avoue être un peu jaloux de l'aisance toute naturelle avec laquelle l'autre adulte parle à un gamin qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam il y a cinq minutes, j'admets au moins que cela a le mérite de divertir l'attention loin de moi et cela me plait.
Enfin, pas pour l'instant malheureusement. Voilà qu'il me pose une nouvelle question, et je le laisse terminer sa phrase. Ah, oui. Les détails. Quelle plaie... Voilà pourquoi je n'aime pas trop m'en charger, de toute cette partie ; et oui, je chigne comme un bébé en crise. Mais je suppose que je dois lui répondre, alors je me force à le faire, en tentant de ne pas avoir l'air du dernier des trous du cul méprisants.

« Eh bien, oui, à l'accueil. Le réceptionniste vous passera le numéro à appeler et la carte de la pension, quand vous irez le voir. Et, euhm, mon nom est M-, Natsume Miyano. »

Je me gratte un peu l'avant-bras gauche, jamais à l'aise avec les présentations. Au moins c'est évacué, vous me direz, et c'est bien tout ce qui me motivait. Toutefois, alors que je parle, mon manque d'aisance me fait oublier la sensation d'un petit poids contre mon corps, et je ne constate qu'après avoir parlé que la Chlorobule de tout à l'heure s'est maintenant logée dans mes cheveux.
C'est... Particulier. Un peu étonné, je ne sais comment répondre. Enfin, dans les faits, ce n'est largement pas la première fois que cela arrive, mais je ne comprends pas vraiment ce qu'elle cherche de ma part, hormis de l'attention. Malgré tout, cette approche m'attendrit un peu et j'esquisse un sourire doux, ne pouvant pas ne pas fondre face à un tel spectacle. Avec une tendresse infinie, ma main vient doucement lui caresser la tête, gratouillant doucement les feuilles sur le sommet de son crâne. Je me suis à sourire tout naturellement, mon expression s'étant faite bien plus gentille ; un peu comme si j'avais carrément oublié que je n'étais pas seul. Même ma voix est plus calme, plus mesurée.

« Hé, dis-moi, tu ne devrais pas être avec ton dresseur... ? Mes cheveux ne sont pas un nid, tu sais...Tu as déjà vu des nids de fleurs ? »

Je rigole un peu, mais en vrai, je ne serais pas étonné que ce soit le cas. C'est naturel pour les animaux, comme pour les pokémon, de vouloir faire un nid, et les Chlorobule tout comme les Fragiladys sont des pokémon qui ont le besoin tout naturel d'en être entourés. Mes cheveux ne sont pas des fleurs, toutefois. Des roseaux, à la limite, si on veut. Mais ils n'ont ni l'intérêt ni l'odeur de chrysanthèmes, par exemple.
Je réalise, après avoir gloussé un peu bêtement, que dans les faits, il faudra bien qu'elle descende de là. Si je l'ai attrapée pour la faire descendre de ma tête, je ne sais pas comment faire pour qu'elle s'en aille, puisque cette dernière refuse de lâcher ma manche. Surpris, et un peu embarrassé, je ne sais que faire, et jette un regard un peu hésitant vers son dresseur. C'est pas que je sois en train de lui demander à l'aide par les yeux parce que je suis très embarrassé du fait de complexifier la situation, mais...

« Hm, je...
- Dis, vous avez faim ? Parce que papa il va ramener des fruits rouges pour le goûter ! Même que y'a des mochis au chocolat et au haricot ! »

… Je ne saurais dire si je bénis Axel, ou si j'envisage sérieusement de l'abandonner sur une aire d'autoroute. En ayant sûrement marre d'avoir été délaissé ou de ne simplement plus être le centre de l'attention, voilà qu'il a pris la parole. Il sourit tout naturellement, probablement excité à l'idée de se faire des amis, et moi, j'en soupirerais presque d'avance. Il me met un peu devant la chose accomplie, là, même si il ne le réalise sûrement pas, trop jeune pour comprendre les codes sociaux qui feraient que ça ne se ferait juste pas de dire « non » maintenant. Grmbl... M'enfin. Heureusement que les mochis, j'en ai en quantités  astronomiques dans le congélateur. Il faut dire qu'Axel adore ça, et que c'est juste bien plus pratique d'en faire en gros puis de les ressortir de temps à autre. En jettant un coup d'oeil au petit sceau de fruits que je rapportais, je me dis qu'en plus, ça va, j'en ai en stock. L'enfant, en attendant, se tourne vers moi.

« Ils peuvent venir, hein ? Hein ? »

Sale gamin. Si il croit que son air implorant va changer quelque chose... Grmblr... Bon, ça va, là, c'est juste... Oui, de toute façon, il veut que je dise quoi, hein ? Non ? Et passer pour le sale type ? Je hoche distraitement de la tête, jetant un coup d'oeil au paternel des deux autres mômes pour que nous nous accordons. En retenant un soupir, je leur fais donc signe de me suivre et me retourne.
Mais en faisant ça, je tombe nez à nez avec ma Strassie. La femelle est à quelques mètres tout au plus. Mais cachée derrière un mur, elle semblait nous épier, et maintenant que je l'ai découverte, elle est très embarrassée. Sa gêne la fait s'enfuir dans la direction inverse, qui est au passage celle de... Ah non, je la sens venir, celle-là !

« Naminé, attent-... ! »

Et voilà qu'elle s'écrase contre les genoux du champion. J'esquisse une grimace de douleur. Arceus que ce doit être douloureux, un rocher de pierre précieuse qui s'écrase sur vos pieds. J'en sais quelque chose, néanmoins, vu qu'elle m'a déjà fait le coup une dizaine de fois. Mais en vrai, je suis étonnée de la voir. Naminé est très réservée, d'habitude : pas le genre à suivre du regard des inconnus, ou même à venir dire bonjour. Mais la voilà toute intimidée par le coordinateur, et à ses geste irréguliers, elle a l'air de ne plus savoir où se mettre.
2 Février 2023, matinée
Natsume Enodril-Miyano
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Mar 6 Mar 2018 - 2:24
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Alois F. Legrand


Le bouc et le lapin

C'est la ferme ici ou ?

Et deux petits chevreaux


Comme émerveillée par l'apparition du jeune enfant, Maëlle affiche son plus beau sourire, toute fière de montrer son Pokémon qui ne veut qu'une chose : qu'elle le relâche. Mais il ne se permet pas même de la mordiller alors qu'il voit à quel point faire les présentations lui fait plaisir, même s'il n'est pas très à l'aise. Minuette la surpasse une nouvelle fois dans ce domaine-là, puisque ça ne a dérange pas du tout d'aller vers les autres humains, contrairement à lui. C'est ironique comme on dirait que les deux Evoli n'ont pas choisi le bon dresseur, en considérant leurs caractères respectifs, mais Milo s'en accommode quand même, aimant bien sûr la fillette brune, même si elle lui en fait voir des vertes et des pas mûres. Quoiqu'il en soit, en parlant d'ironie, vu comment est le père du dénommé Axel, je crois que je me serais attendu au même genre mais en miniature. Sauf que pas du tout. Le nouveau venu est intimidé, ça se voit, mais n'affiche aucune air hostile ou méfiante. Je le trouve adorable ; j'espère juste qu'au moins je ne lui fais pas peur. Mais enfin, j'apprends l'identité de mon interlocuteur. Ou presque. Mais j'ai au moins son nom et sa profession. Enfin c'est mieux de l'appeler par un nom que par 'Monsieur l'Hôte', 'Monsieur l'éleveur', 'Monsieur Sonic-avec-un-air-constipé-ah-non-ça-c'est-Shadow-c'est-vrai-pardon-Noah-oui-oui-je-sais-tata-Juju-me-tuerait-si-elle-entendait-ça'. J'essaye de ne pas trop cacher mon enthousiasme, mais je suis sincèrement heureux de pouvoir compter sur un spécialiste si jamais j'ai besoin de quelconques ingrédients biologiques et dont la valeur est sûre. Il vaut toujours mieux savoir d'où vient ce que nous mangeons, après tout, et je dois avouer que les légumes là-bas me font de l'œil depuis tout à l'heure, mais ça, vous l'aurez remarqué. Et pendant que je constatais une nouvelle fois le potager en arrière avec un regard envieux, je suis sorti de mes pensées par une petite pression sur mon épaule. Noah veut apparemment m'interpeller personnellement et rapproche sa bouche de mon oreille.

« J'crois que Cloro, bah elle aime bien le Monsieur, papa. »

Me demandant de quoi il parle, je relève les yeux vers l'éleveur, ou plutôt le fameux Pokémon niché dans l'immense tignasse qui lui sert de cheveux. Faut dire que chez nous, on a tous les cheveux fins et lisses, alors elle n'a pas non plus l'habitude des pics comme ça. Elle a l'air toutefois de s'y sentir à l'aise, mine de rien. Je la vois vouloir fermer les yeux, preuve de son bien-être, jusqu'à ce que l'Hôte lui demande gentiment sans le dire de descendre. Son expression et son timbre doux tranchent nettement avec la neutralité qui peignait son visage. J'imagine qu'en considérant son travail, il est normal qu'il soit plus confortable avec les Pokémon, surtout ceux qui possèdent son type de prédilection. Un sourire mi-amusé mi-attendri étire mes lèvres alors que je constate que la Chlorobule n'a vraiment pas l'air d'être trop mal, là où elle est.

« Oui... Tu as raison. »

Et même, avec surprise, alors que la femelle Plante se retrouve entre les mains de l'Hôte qui veut la faire descendre, je remarque qu'elle ne semble définitivement pas vouloir partir. Que ce soit de la tête du jeune homme ou même... En général. Je ne l'ai jamais vu aussi insistante ni aussi heureuse, sauf en présence de sa mère. Elle semble épanouie, dans cet endroit. Est-ce le fait d'être entourée de fleurs, un environnement dont elle n'a jamais eu l'habitude en vivant avec nous ?.. Je commence tout à coup, lentement, à me demander si sa génitrice ressent la même chose.
C'est la voix fluette du petit Axel qui détourne un instant mon attention, et je cligne des yeux, ne sachant pas trop quoi répondre à l'invitation. J'ai bien tendance à squatter chez les autres quand je les connais particulièrement bien, mais pour des raisons évidentes, je n'irai pas m'inviter chez un inconnu, et plus si ce n'est pas lui-même qui nous a donné la permission. J'ai encore quelques règles de politesse en moi, malgré tout.

« Euh... O-Oh, je-je ne sais pas si-
- Mochi ? C'est quoi mochi ? C'est rigolo, à prononcer ! Mochi, mochi, mochi!
- Mo... Mo... chi ?.. C'est bon ?.. Papa, il en fait jamais, de ça. »

Aïe, ça y est, les jumeaux commencent à être surexcités... Noah un peu moins que sa sœur, comme toujours, mais il ne peut pas cacher sa curiosité alors qu'il découvre un mot qu'il n'a jamais entendu. Maëlle, elle... Bah elle trépigne sur place en fixant de ses grands yeux bleus le petit hérisson, suivi par son frère qui reste en arrière mais qui préfère s'adresser à l'enfant, encore trop intimidé par l'adulte à côté. Moi, je deviens un peu gêné, ne souhaitant pas déranger monsieur Miyano ainsi que son fils dans leurs activités initiales. Peut-être désiraient-ils passer une après-midi ensemble, sans qu'un péquenaud et ses gamins débarquent ?..

« Allons, du calme, du calme... Euhm... C'est un met asiatique, je crois ?.. »

J'essaye de distraire les enfants pour ne pas plonger l'Hôte de Pension dans l'embarras et détourner plus ou moins subtilement la conversation. Même si la demande est ensuite aussitôt faite au propriétaire des lieux, j'esquisse un sourire un peu désolé, hésitant à arrêter Axel dans sa démarche, même si nous inviter à l'air de lui faire étrangement plaisir. Tout comme les petites têtes blonde et brune qui m'accompagnent, d'ailleurs. Maëlle ne lâche pas du regard le plus jeune des hérissés tandis que Noah la suit, encore un peu en retrait mais plus avenant que tout à l'heure. Le Miyano, en dépit de son expression pas aussi ravie que celle de son fils, hoche de la tête pour acquiescer et nous fait signe de le suivre. Un peu confus, je m'exécute toutefois en voyant que ça fait bien trop plaisir à mes enfants de se faire inviter à un goûter. C'est sûr que quand on parle nourriture, avec eux... Enfin, je ne devrais pas trop faire le malin non plus de ce côté-là. Surtout que les mochis, pour le coup, c'est vrai que je n'en ai jamais fait. Enfin moi et les plats asiatiques, en général... Faut dire que j'ai toujours peur de les rater. Nous dirigeant à présent vers la maison, je me relève pour emboîter le pas de l'autre adulte, mais un éclair argenté vient tout à coup me surprendre et je reçois un coup assez rude contre mes genoux qui me fait pousser un cri de souffrance.

« OUCH ! »

Ne m'étant pas trop attendu à ça, je plie sous le coup de la douleur et me retrouve en PLS contre le gazon en remarquant l'état de mes jambes qui ont reçu l'équivalent du poids d'une pierre assez conséquente. Et c'est presque littéral, d'ailleurs, puisque c'est une roche flottante qui a foncé droit sur moi. Et c'était pas très très agréable.

« Papa ! Papa, ça va ? »

Je me retiens de pousser de nouveaux gémissements, prenant de grandes inspirations pour tenter de me calmer tandis que je regarde ce qui m'est tombé dessus et que j'ai presque les larmes aux yeux à cause de l'attaque surprise. Allons bon, je sais que ce n'était pas bien de pénétrer dans un lieu privé mais le gros électrique n'était pas assez ? Qu'ai-je fait à Arceus pour mériter qu'un autre Pokémon tente de me casser les jambes ?

« Wouaouh ! Comment t'es trop jolie, toi ! »

Bien sûr, si Noah s'est rué à ma rencontre pour s'inquiéter de mon état, cela n'a pas l'air de préoccuper Maëlle le moins du monde. Je vais finir par être vexé, à force. Je suis si inintéressant que ça ? Nan parce que j'ai quand même un peu mal, là, snif... Mais je tente un petit mensonge pour ne pas alarmer davantage les jumeaux ou même l'Hôte de Pension et m'essaye à un sourire plus que bancal.

« C'est bon... Je gère... Je gèèère... Uuuugh... »

Ouais enfin c'est quand même dur de garder une face rassurante, faut pas croire... En tentant de relever péniblement la tête vers mon attaquante, je cligne des yeux en découvrant un... Un... Adorable Strassie.

« Urgh... Oh... Un Strassie... L'est à vous, aussi ? Vous vous occupez pas que des plantes et des insectes ? »

Je frotte mes membres blessés, même si je sais que la douleur n'est que temporaire, et tente une première fois de me relever, même si j'ai encore un peu mal.

« Hé, dis, Axel, tu me feras goûter tes mochas ? Ça a l'air troooop bon ! Surtout si c'est au chocolat ! Moi j'adore le chocolat ! »

Si elle s'est tournée une fois pour s'assurer quand même je vais bien, ma brunette laisse cette fois parler son estomac et sa curiosité bien trop grande par rapport à son inquiétude à mon égard. En me voyant essayer de me tenir debout, sans doute qu'elle a cru que j'avais juste un petit bobo. Mais tout de suite, son attention est reportée une nouvelle fois vers Axel qu'elle ne lâche plus depuis tout à l'heure. Pas que des enfants elle n'a pas l'habitude d'en voir, elle, mais la gentillesse d'autrui l'attire naturellement. Son frère, en revanche, s'attèle à poser sur mon genou un 'bisou magique', mais je vois qu'il est apeuré face au Strassie depuis que cette dernière m'a foncé dessus.

- Mon-Monsieur l'éleveur, pour-pourquoi la Strassie elle veut faire du mal à mon papa ? J'vous promets, il est très gentil, mon papa ! »

Il lève ses yeux gris-bleu larmoyants vers monsieur Miyano en espérant des réponses. Pour tenter de l'apaiser et lui montrer que je vais bien, je lui souffle quelques mots rassurants en lui caressant la tête.

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Alois F. Legrand
Alois F. Legrand
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Sam 14 Avr 2018 - 1:24
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Natsume Enodril-Miyano



Le bouc et le lapin
Ft les Chèvres de Monsieur Seguin

Axel déblatère, surexcité maintenant qu'il est le centre de l'attention, ou du moins, que la fillette attend de lui des explications ; ce n'est pas souvent qu'il peut se permettre d'avoir l'air un tout petit peu plus cultivé que les autres enfants, surtout des plus âgés. Moi, de mon côté, je relativise notre situation : peut-être qu'il va me laisser la paix pour quelques instants, au moins. Ce serait bien, tiens... M'enfin.
Pour l'instant, le souci est davantage les jambes de l'intrus à barbichette massacrées par le choc soudain de l'arrivée de Naminé. Je grimace un peu, ne pouvant pas m'empêcher de m'inquiéter d'abord sur le potentiel risque de me prendre un procès avant de m'inquiéter de son état ; oui, bon, je fais gaffe, c'est tout. J'en oublie par conséquent un peu ma Strassie, qui se perd en excuses, la mine honteuse, tandis que les enfants se rapprochent du pokémon. L'attention la couvre de gêne, et voilà que ses oreilles rocheuses tentent désespérément de cacher ses joues rougies par l'embarras. Et ce ne sont certainement pas les paroles puantes de douleur du blond qui la rassure. De mon côté, et un peu du côté d'Axel aussi, il y a assez peu d'inquiétude : rien n'a l'air d'être cassé, alors, bah... Oui, je manque un peu d'empathie, des fois, cruellement même. Je m'accroupis pour tenter de calmer la Strassie, qui m'écoute à moitié. Je ne m'attendais pas à la question, et réagit d'ailleurs en clignant de yeux. Je ne sais pas trop comment répondre, mais tente de m'en sortir.

« Euh, oui... On s'est entendus lors d'un concours aléatoire, alors du coup... »

Je me tais en réalisant qu'il n'attendait pas de vraie réponse, et que j'expose des détails personnels sans faire attention, alors je me reprends. J'ai du mal avec les fausses questions, hé, ce n'est pas entièrement de ma faute non plus. Axel semble comme toujours bien plus à l'aise, si bien que la question de Maëlle le fait sourire, et il hoche vigoureusement de la tête, très content de lui.

« Hm-hm ! C'est Papa qui les fait mais moi j'aime beaucoup ceux au haricot ! »

Oui, enfin, Axel... Bah. Tant pis je ne vais pas débattre cinquante ans là dessus. L'état de Naminé m'inquiète davantage. Mais le gamin blond semble particulièrement préoccupée par l'état de son paternel, qu'il défend avec une telle ardeur que je me retiens de lui dire qu'il n'a pas besoin de me faire un speech de vente. Je trouvais tout ça très excessif, et au fond je le pense toujours un peu, du moins jusqu'à je me rende compte que le gosse semblait vraiment, vraiment perturbé, au point d'en pleurnicher. Hm. Ehm. Il me stresse, là, mine de rien. B-bon ça va, hein...

« Elle n'a pas fait exprès, c'est juste... Elle est timide, enfin, elle a du mal avec les gens. Pour se montrer, je veux dire. »

J'ai déjà du mal à communiquer avec les adultes, alors les enfants... J'essaie toutefois de prendre des mots simples pour faire passer l'idée. En me massant la nuque, je laisse Naminé s'excuser de nouveau platement, avant de reprendre la parole, incertain. C'est étrange, n'empêche, elle a tendance à se cacher face aux étrangers, mais... Je ne suis pas psychiatre, alors dire exactement pourquoi elle a réagi ainsi est un poil au dessus de mes capacités.

« Enfin, euh, si vous avez quelque chose, dites-le moi, je dois avoir de quoi soulager es douleurs. Et, hm... Suivez-moi, pour le reste. »

Je grommelle malgré moi dans ma tête, parce que faire rentrer des quasi-inconnus dans mon lieu de vie, même si c'est à cause du souhait d'Axel et que je ne supporterais pas un caprice, ça me casse tout de même les pieds au fond. Je nous dirige donc jusqu'à la maison par le biais du chemin pavé, en jetant de temps à autre un regard vers l'autre adulte pour m'assurer qu'il ne s'écroule pas d'une seconde à l'autre. Déverrouiller la porte prend quelques instants, et je guide nos invités du moment jusqu'à la cuisine qui se trouve être aussi la salle à manger, en espérant que je ne croise aucun squatteur sur le moment. Non mais, j'adore Mell, mais là, j'ai déjà assez sur ma tête avec 3 personnes en plus. Comme il reste du thé, je le le pose distraitement sur la table pour les inviter à se servir (oui, je suis assez mauvais hôte).

« Désolé, pour Naminé. Je crois qu'elle était un peu intimidée. »

De quoi, ça, bonne question. J'ai tout de même cru bon de préciser, alors qu'Axel, de son côté, est plus intéressé par le fait de montrer à Maëlle ce qu'il vient de sortir sur congélateur. Fièrement, il expose les mochis qui ne vont pas tarder à décongeler, tout content de lui, avant d'en donner à la petite sans plus tarder. Bon, je n'aime pas trop quand il se sert dans les confiseries, mais... Vraiment, je ne suis plus à ça près.

« Voilààà ! Faut attend' un peu, mais ça va devenir tout mou tu vas voir ! »

Sauf que lui, il ne sait pas attendre. Et c'est sans surprise que je le vois s'enfourner dans la bouche une des petites pâtisseries, risquant au passage un bon gel de cerveau, mais rien de ce genre ne se produit. En parallèle, je m'occupe de nettoyer distraitement les fruits rouges cueillis au lavabo, avant de les disposer dans un saladier. Bon. C'est bon, là, j'ai le droit à la paix ? Non parce que ça commence à être long ET exigeant, tout ça. Ne souhaitant pas passer mon temps aux fourneaux, je relance la conversation, par pure politesse uniquement.

« Pour votre Chlorobule, l'emmener régulièrement dehors sera sûrement un bon début. »

Ce sujet-là a au moins le mérite de m'intéresser plus que les choses. Avec surprise, toutefois, je constate que Naminé nous a suivi et jette des coups anxieux envers le champion, probablement toujours désolée.
2 Février 2023, matinée
Natsume Enodril-Miyano
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Mer 18 Avr 2018 - 3:17
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Le bouc et le lapin

C'est la ferme ici ou ?

Et deux petits chevreaux


« Allons, mon chéri, calme-toi, ce n'est rien, papa va bien. C'était juste un accident. »

Je n'en veux pas à la Strassie. Ce n'était qu'un malheureux accident, elle n'y est pour rien, et je vois bien qu'elle a honte de ce qui vient de se passer. Mais je ne vais pas commencer à prendre le chou à cause d'une petite maladresse. Je tente quand même de rassurer mon fils en le rassurant quant à la femelle Fée et Roche, car Noah peut comprendre et pardonner facilement aux Pokémon, ou du moins, bien plus qu'aux humains. Si la Strassie est timide, en plus, ça fait un point commun avec mon petit blond, et en entendant la description qu'en fait l'éleveur, je le sens se calmer et essayer de saisir ce que le hérissé lui dit. Il sèche ses larmes avant d'observer un peu la fée tandis que Maëlle bouge impatiemment depuis que Axel lui a promis de lui goûter ses mochis. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de voir son regard quand même intéressé en apercevant la Strassie. Et je peux comprendre : elle est vraiment jolie, avec ses yeux bleus et ses cristaux. Devant les excuses de cette dernière, d'ailleurs, Noah se montre tout à coup moins méfiant et davantage curieux. Moi aussi, d'ailleurs, quand l'Hôte de Pension prononce un mot qui résonne tout de suite à mes oreilles et attire d'office mon attention.
Huh ?.. Concours ?..

« Ça va, ça va, je n'ai rien. Je peux me lever. »

Bon, un peu difficilement quand même mais... Je n'ai pas envie d'inquiéter l'autre adulte. Enfin, si je n'étais pas aussi naïf je verrais qu'il n'a pas l'air de se préoccuper plus que ça de mon état, mais je suis un peu aveugle en ce qui concerne les gens que je connais moins. Si je ressens encore un peu de douleur au niveau des genoux, je tente de ne pas trop laisser paraître des grimaces de souffrance pour ne pas importuner le gentil monsieur qui veut déjà bien nous accueillir chez nous alors que nous débarquons à l'improviste. Brièvement, je frotte mes jambes endolories pour faire passer le mal et éviter d'avoir des bleus mais je crois que c'est peine perdue, là. J'accueille toutefois avec joie la chaise qui m'est offerte au moment où nous pénétrons dans la maison -et plus particulièrement la cuisine ouverte- et m'empresse de m'asseoir dessus pour éviter d'user davantage de mes guibolles. Je le remercie d'un mouvement de la tête pour le thé et me sers volontiers une tasse, avant d'en mettre une lichette dans une verre pour que mes enfants goûtent également. Je ne sais pas si ça va leur plaire, mais ils sont très curieux pour à peu près tout, surtout en ce qui concerne la nourriture. Enfin... D'un côté, c'est surtout le côté gourmand de Maëlle qui joue beaucoup, et je glousse même d'amusement en remarquant ses grands yeux et son sourire surexcité en apercevant le plâteau de mochis. D'habitude plus discret que sa sœur, Noah ne cache cette fois-ci pas son étonnement et je peux les entendre émettre des 'ooooh' impressionnés par ces petites boules moelleuses qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de voir ni de manger. Il faut dire que ma fille est également assez contente que l'enfant aux cheveux pointues fasse attention à elle, alors elle boit ses paroles sans poser de questions, mais juste en riant quand elle le voit gober un mochi alors qu'il lui avait spécifié quelques secondes plus tôt d'attendre avant de le faire. Trop agitée pour patienter plus, et voyant son cadet avaler les desserts glacés sans sourciller, Maëlle tend son bras à son tour pour prendre une des petites boules froides. Mais tout de suite, je l'arrête en lui lançant un regard insistant.

« Aheum !.. 
- Quoi ?.. Oh, c'est vrai. J'peux, monsieur, s'il vous plaît ? »

Sa petite tête brune se tourne vers l'éleveur en désignant les mochis pour lui demander la permission. Une fois accordée, elle en prend finalement un pour le regarder de plus près en détail. Mais contrairement à Axel, elle le touche un peu entre ses doigts et attend qu'il réchauffe un petit peu avant de croquer dedans.

« Hmmm ! Ché délichieux ! Tu devrais en prendre, Noah ! »

Comme pour lier le geste à la parole, elle en passe un morceau à son jumeau qui se mit à scruter le mochi, avant de le mettre dans sa bouche non sans une certaine hésitation. Mais puisque Maëlle lui dit que ça va... Il se laisse tenter. Après avoir mastiquer un petit peu, son visage semble s'illuminer et il hoche vigoureusement de la tête, comme émerveillé. De mon côté, je me laisse également allé à la gourmandise et à la curiosité pour tester ledit dessert. Et j'ai alors l'impression d'avoir fait une découverte incroyable.

« Mmmh ! La texture, le goût... Le mélange est exquis ! »

Bon, comme d'habitude, quand ça parle cuisine, j'en fais des tonnes et je suis bien trop expressif au point que j'en suis ridicule. Je tente de me concentrer sur autre chose lorsqu'il aborde le sujet de mon Pokémon Plante, délaissant mon fanboyisme pour la nourriture pour un instant. Ma curiosité et mes questions sur la sucrerie japonaise peuvent attendre pendant que nous discutons on ne peut plus sérieusement de l'avenir de ma Chlorobule dont le bien-être est ma priorité à l'heure actuelle. Plus renseigné que moi là-dessus de part sa spécialité, je suis prêt à boire les paroles de l'Hôte mais ce qu'il me conseille est, en réalité, tout simple. Un peu trop, peut-être, d'ailleurs. Pas comme si je ne l'avais pas déjà sorti plusieurs fois pour que son humeur change, mais malgré toutes mes tentatives, si elle paraissait aller mieux à l'extérieur qu'au sein de la maison, je ne la sentais pas heureuse pour autant. Mon expression se fait un peu plus sérieuse tandis que je continue à mâcher la pâtisserie molle et blanche. Je n'arrive plus à me focaliser sur le goût.

« Je vais essayer, pour Chlorobule. En-Enfin non, pas essayer, je vais le faire, mais... Je ne sais pas si ça sera suffisant. L'environnement dans lequel nous vivons convient à sa mère... Mais pas à elle. »

C'est drôle, n'empêche, que ma Fragilady n'ait jamais eu à se plaindre du cadre dans lequel je la faisais vivre alors que Baguin est plutôt le paradis des Pokémon Glace et Eau. Mais Eve, de toute façon... Elle n'a jamais été bien difficile, et un rien peut la mettre de bonne humeur. Quand sa fille est venue au monde, je pensais donc que ça serait pareil. Mais tout de suite après avoir éclos, la jeune Chlorobule a exprimé son désir d'aller plus loin que les montagnes de sa ville natale. J'ai bien remarqué la différence d'expression dans son regard à partir du moment où nous avons pénétré dans la forêt, et encore pire quand nous avons découvert la Pension. Je ne l'ai jamais vu aussi épanouie, aussi libre. C'était comme si un regain d'énergie s'était emparée d'elle, qu'elle était une nouvelle Chlorobule comparée à celle que nous avons l'habitude d'avoir chez nous, qui semble si triste et si morne. Impossible de ne pas voir comme elle a l'air de revivre, dans cet endroit, et si mon cœur se serre quand je pense au moment où nous devrons rentrer, je suis soulagé, quelque part, de savoir qu'elle aurait désormais un endroit où nous pourrons aller pour faire son bonheur.

« Chloro bah elle aime pas là où on habite. Faudrait avoir un grand jardin avec plein de fleurs et de Pokémon. »

Et mon fils, apparemment, a partagé mes pensées. Il fait rouler sur la table le verre vide que je lui ai servi en regardant au fond d'un air morose. Minuette son Evoli monte sur ses cuisses pour se frotter à lui et remonter un peu son moral. La principale concernée, elle, tournoie toujours autour de Natsume. Elle arbore un sourire que je n'ai jamais pu voir auparavant excepté dans les moments où elle passe du temps avec sa génitrice. Mais la jeune femelle rayonne, c'est évident. Ses feuilles au-dessus de sa tête n'arrêtent pas de bouger comme si elle était excitée. Un changement de comportement assez remarquable quand je sais qu'elle n'ose jamais beaucoup bouger à la maison.

« Bah ici y'en a plein ! Chloro elle pourrait vivre là ! »

Je déglutis instantanément suite aux paroles de Maëlle. Elle a lancé ça innocemment, sans peut-être se rendre compte de ce que ça impliquerait. Un silence étrange s'installe durant lequel mon regard bleu se tourne vers Chlorobule. Cette dernière a sursauté mais ne cache pas ses petits yeux rouges brillants. Elle est tout à coup pleine d'espoir. Mais au moment où elle sent que je la fixe, je l'observe qui tente de se cacher derrière le manteau de l'Hôte, comme si elle avait honte.

« Ça te ferait plaisir, n'est-ce pas ?.. »

Je ne lui fais ni jugement, ni reproche. Mon ton calme trahit mon inquiétude mais pas ma douceur. Je pose simplement la question, me demandant avec sérieux ce qui serait le mieux pour elle, car je me préoccupe avant tout de son bonheur. Sous son vert pomme, j'aperçois quelques rougeurs de son visage qui dépasse de la cape noire, puis, un petit hochement de tête. N'importe qui la connaissant pourrait sentir qu'elle n'a jamais été aussi bien depuis qu'elle est entré dans ce domaine privé. Probablement que c'est l'ambiance de la Pension qui a réussi à l'attirer aussi vivement, et je ne peux pas lui en vouloir. C'est vraiment très beau, avec toutes ces fleurs et ces Pokémon Plante et Insecte à perte de vue. Rien à voir avec le gris de nos pierres nordiques ou notre froid, ou du moins, si on peut appeler ainsi ce dernier.
Aurait-elle... Envie de rester ici ? Pourrais-je la confier au Miyano ? Peut-être pourrais-je essayer...

« T'es jolie, toi, comment tu t'appelles ? Tu veux un mochi ? Ils sont bons, tu sais ! »

Vive comme à son habitude, ma fille arrive à sortir à chaque fois une nouvelle exclamation en passant du coq à l'âne, s'éloignant de la Chlorobule tourner son attention vers la Strassie qui nous a suivi et qui nous épie d'une manière bien étrange. Je sens ses prunelles saphir m'observer d'une curieuse façon, comme si elle n'osait pas s'avancer. Maëlle est descendue de sa chaise avec un grand sourire amical pour s'approcher de la Strassie et lui tendre un mochi, en dépit du fait qu'on ne sait même pas si ces Pokémon ont même des bouches. Moi-même je me tourne de façon à la regarder, mais sans animosité ou rancune pour l'incident de tout à l'heure. J'esquisse seulement un rictus affectueux et doux, l'invitant à venir nous rejoindre d'un geste de la main.

« Viens, n'aie pas peur. »

Ses pierres scintillantes font porter mes yeux un peu trop sur elle, et je cligne des paupières pour me ressaisir, ne voulant pas la déranger alors que je la contemple et l'admire en secret. Cela me donnerait presque envie de capturer un Pokémon semblable, car je suis sûr qu'il ferait malheur, en Concours. D'ailleurs, son dresseur n'a-t-il pas parlé de ça, justement ?

« Alors comme ça tu as déjà particpipé à un Concours ? Est-ce que ça t'a plu ? »

Reposant ma tête sur les bras croisés contre le dossier de ma chaise, je suis en train de me demander si elle ne pourrait peut-être pas apprendre deux ou trois trucs à mes propres Pokémon pour les Concours, si elle en a déjà fait. Me semble qu'elle possède en plus un de mes types favoris, non ?

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Alois F. Legrand
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Mer 2 Mai 2018 - 2:07
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Natsume Enodril-Miyano



Le bouc et le lapin
Ft les Chèvres de Monsieur Seguin

Axel glousse bêtement lorsqu'il voit la fillette se régaler sans la moindre honte. Il est plutôt content, en soi, et c'est prévisible avec lui : j'ai toujours remarqué qu'il avait un besoin étrange de satisfaire tout le monde. Pour être honnête, ça m'indiffère, mais je suis toujours assez circonspect de voir à quel point cela peut lui faire plaisir. Je ne vais pas trop me mêler de ça, ce n'est pas mes affaires, mais clairement, il est de bonne humeur et cela me suffit largement. Je me permets donc de relaxer ma « surveillance » si l'on peut parler ainsi, et me détend très légèrement. Je ne serais jamais totalement à l'aise avec le fait de voir des inconnus chez moi, mais, bah, ça va. Tant que c'est temporaire, je devrais survivre, enfin, je crois. Je serais juste très heureux quand je serais de nouveau seul.
… En revanche, l'autre adulte me mettrait plus à l'aise si il ne refaisait plus jamais ce qu'il vient de faire. Oui, ça m'a l'air pas mal, comme plan. J'avoue que je n'avais aucune envie de le voir prendre un pareil pied pour un vague mochi fait à l'arrache, il exagère pas mal, le coco. Je hausse très légèrement les sourcils, franchement désintéressé, mais un poil gêné. Ouais, stop, merci, parlons d'autre chose ; je vais faire comme si de rien n'était, parce que je ne sais pas trop comment j'aurais dû réagir.

J'écoute en silence lorsqu'il parle de ce qu'il compte faire avec sa Chlorobule. Mon expression reste neutre, mais je plisse légèrement les yeux : de ce que j'entends, ils sont visiblement dans une situation au pire inextricable, et qui au mieux ne risque de laisser personne satisfait. Je ne me permets pas de le dire, toutefois, car ce ne sont aucunement mes affaires et je ne compte pas m'impliquer davantage : j'estime être déjà au bord de la limite, en essayant de comprendre les causes et les raisons. Dans tous les cas, je hoche de la tête pour faire signe que j'ai bien entendu et compris, sans trop saisir ce qu'il attend de moi. Cela n'a rien de surprenant à mes yeux, en fait. Les désirs d'un pokémon ne sont pas forcément ceux de sa progéniture : c'est plus ou moins la même chose chez les humains. J'avais beau aimer sincèrement ma mère et inversement, et la prendre comme modèle quand j'étais plus jeune (j'admets des fois continuer à le faire mais je me soigne), j'ai une conception différente des choses, et de la vie que je veux mener. Je ne comprends pas trop en quoi c'est particulièrement étrange, donc.
La Chlorobule n'a pas cessé son petit manège autour de moi, d'ailleurs, et je dois avouer que cela m'intrigue. Je... J'ai bien une idée, mais, je préfère ne pas trop y penser. Non, parce que ce serait un peu gênant, en vrai, et je ne préfère ne pas m'aventurer dans une situation que je ne saurais gérer correctement. Je ne suis pas trop naïf, je sais quand un pokémon se prend d'affection envers un autre être humain, mais... Eh bien, pour l'instant, ça ne me regarde pas. Distance, encore une fois. Et ce dont elle a besoin n'est rien d'autre que de l'air frais, comme le fait remarquer le gamin. Enfin, celui qui n'est pas à m-.... Celui qui n'est pas à ma responsabilité.

Je me crispe devant ce qu'énonce Maëlle. O-oui, alors, ehm... Je suis dans une position très inconfortable, d'un coup, et je me tortille presque sur place devant la gêne qui me fait prendre quelques couleurs. De plus en plus embarrassé, je sens mes muscles se tendre, et je n'ose pas croiser le regard de quiconque (bordel Natsume, t'as peur de putain de mômes, merde), de crainte de devoir me positionner d'une façon ou d'une autre. Néanmoins, quand la Chlorobule se cache derrière mon manteau, je me retrouve intrigué et cherche à comprendre son comportement. Mes yeux se dirigent vers cette dernière, et... Je rêve, où... Elle a vraiment envie de... ?
Confus, je reste interdit. Euhm. Euuuhm. Je ne sais pas, là, enfin, elle... ? Je ravale ma salive, bien incapable de la chasser alors qu'elle se cache derrière mon précieux manteau, je me contente de l'observer pour tenter de mieux comprendre la situation. J'avoue que je suis flatté, mais je suis vraiment pris de court, et, hm, peut-être que j'ai quelques soucis d'estime qui font que je suis un peu hésitant. Je n'ose rien dire, me sentant un peu... Je ne sais pas. Disons que je me sens coupable. Et que j'aurais bien aimé pouvoir me cacher dans un placard comme quand j'étais petit, tiens, ça aurait été génial.

Je remercierais presque Naminé de se sacrifier pour le groupe, tiens. Lorsqu'elle est repérée, c'est limite si la Strassie ne se cache pas immédiatement, et égoïstement, je respire un peu mieux maintenant que je peux penser à autre chose. La Strassie paraît hésiter, encore plus face aux invitations du blond. De mon côté, je me contente de regarder d'un air désintéressé. Les questions la prennent de court, et si elle hoche timidement de la tête, je vois bien qu'elle a du mal. Elle me jette un regard désespéré, comme si elle espérait que je vole à son secours, et si je la fixe durant quelques secondes à me demander si j'ai un bouton sur le visage, je finis par comprendre et le fait, même si cela est pour moi aussi pénible que de me brosser les dents avec une pince à épiler. Les mains toujours posées autour de ma tasse chaude, je prends la parole d'une voix désintéressée.

« Pour ainsi dire, nous nous sommes rencontrés au cours d'un concours aléatoire il y a environ six ans. Pour une débutante, Naminé s'en est plutôt bien sortie, même si ce n'est pas personnellement ma tasse de thé. »

Shion a beau regarder Katya avec envie des fois, elle sait bien que clairement, je n'irais pas faire le zouave dans un amphithéâtre. C'est une fois pour une vague histoire de défi avec Charlie, c'est tout, même si Faust me ressort l'enregistrement à chaque Noël comme un gros lourd. J'étais assez admiratif du contrôle qu'elle avait sur elle-même à l'époque, et à vrai dire, je l'ai toujours. Malgré sa nervosité, c'est une personne entièrement différente en action. Et dire qu'elle était tétanisée avant... M'enfin. Je vois bien que le compliment fait rougir la Strassie, mais je ne vais pas le retirer. Dans tous les cas, je sais que Naminé aurait envie d'y retourner, mais...

« Je crois que cela lui manque, des fois. »

Bah, soyons honnêtes, je ne vais pas lui faire de fausse promesses. La Strassie baisse la tête, piteuse, mais je lui fais signe que ce n'est rien, le regard neutre.

« Je sais, Naminé, tu n'as pas à avoir honte. »

Est-ce que je suis du genre à me vexer que mes pokémon développent des intérêts qui ne sont pas les miens ? Je ne suis pas agacé de sa réaction, car ce serait franchement l'hôpital qui se fout de la charité si je lui faisais une remarquer sur ses tendances paranoïaques, mais... Je ne sais pas trop comment le prendre, en fait. Je sais juste que par rapport à ça, je garde toujours en moi une grande frustration, qui n'a fait que croître avec les années. Une frustration de ne pas pouvoir apporté à mon amie ce qu'elle aime et ce qui pourrait lui permettre d'être pleinement heureu-
La pensée me fait tiquer. Je repense à ce qui se disait tout à l'heure quant à la Chlorobule, et constate avec un certain malaise que la situation me paraît étrangement ressemblante. Une constatation que je ne fais pas à haute voix, car je ne sais pas quoi en penser, et que je suis encore en train de réfléchir à ce que cela peut dire. Nerveusement, je tapote des doigts sur la table, sans savoir pourquoi je deviens mal à l'aise.

« Bah, si Naminé elle préfère les concours, elle a qu'à aller avec le monsieur, vu qu'il en fait. »

La voix d'Axel me gèle sur place. Je n'y pensais pas, mais maintenant qu'il le dit, je constate que... D'un point de vue purement logiquement, il a raison. Cela ne me dérangerait pas de la voir partir, mais je ne connais pas trop ce type. Vous me direz, il ne me connait pas non plus, et il est dans un cas similaire. C'est une situation ma foi très enquiquinante. Naminé elle-même semble surprise par ce que dit Axel, et je suppose que c'est normal. Toutefois... Son expression me laisse entrevoir qu'elle n'est pas fondamentalement rendue triste par l'hypothèse. J'avoue que cela me serre la poitrine, mais je ravale toute peur ou légère tristesse qui peut me traverser, de crainte que cela n'induise en erreur mon jugement. Je n'ai pas à réagir comme un bébé quand cela concerne avant tout mon amie. Voulant m'assurer qu'elle n'ait pas peur de dire la vérité, je lui jette un coup d'oeil rapide.

« Si c'est ce que tu préfères, sache que je n'aurai rien à te reprocher. »

Je ne dis rien de plus avant de me lever pour aller me servir une dose d'expresso, mais auparavant, toujours dans cette ambiance un peu gênante, pose une question au champion pour détendre ne serait-ce qu'un peu l'atmosphère car tout cela, en somme, est très gênant.

« … Vous, hm, voulez un café ? »

Je déteste ça, mais là, je sens que je vais en avoir besoin.
2 Février 2023, matinée
Natsume Enodril-Miyano
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Eleveur
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Jeu 10 Mai 2018 - 23:59
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