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Sous le sapin [PV Mercy]
Weston Elric

• Sous le sapin •feat. Mercedes L. Blanchett


Avec un sourire au bord des lèvres, je jette un regard vers le salon, depuis la cuisine, ouverte sur ce dernier. Et alors que je rectifie l’assaisonnement du repas de ce soir, j’aperçois les enfants, en train de découvrir avec admiration les cadeaux qu’ils ont déballés ce matin, à leur réveil, soit vers environ quatre heures du matin. Les deux petits blonds se sont empressés, alors que le soleil ne s’était même pas encore pointé le bout du nez, de s’engouffrer dans ma chambre pour sauter sur mon lit et m’ordonner à coup d’oreiller et de toutous de les suivre jusqu’au sapin synthétique trônant au milieu du sapin, sous lequel se trouvait une pile de cadeaux atterrit là comme par magie.

Et si le déballage s’est fait à la vitesse de l’éclair, sans que les enfants ne prennent véritablement le temps d’examiner leurs cadeaux,  à présent, l’exploration est lancée. Et à présent, ils se sont lancés ensemble dans l’examen approfondi du cadeau de résistance. Car si je me suis forcé pour chacun leur offrir un nombre identique de cadeaux individuels pour éviter les jaloux, je me suis tout de même permis un cadeau commun, ce que, en y repensant, je risque probablement de regretter.

-Papa! Moi aussi je veux jouer mais Ben il me laisse pas!


La petite voix boudeuse de ma fille retentie dans le salon, déjà animé par la musique du jeu que Ben a lancé. Et le garçon ignore totalement la plainte de sa sœur, alors qu’il pose sur sa tête le casque de réalité virtuelle que les deux ont pu déballer conjointement ce matin. Je pousse un soupir en me disant que finalement, peut-être aurais-je dû attendre encore quelques années avant de leur offrir ce genre de cadeau. À peine sortit de la boîte que déjà Lexie tente d’arracher le casque à son frère, qui, en se débattant, l’échappe au sol dans un bruit lourd. Heureusement, le jouet semble solide, et ainsi, alors que la petite fille s’empresse de s’en emparer pour le mettre sur sa tête à son tour, il semble encore fonctionner.

Résigné à attendre son tour, Ben vient me rejoindre dans la cuisine alors que sa petite sœur découvre le monde virtuel, sans vraiment y comprendre le fonctionnement. Le garçon s’empare de l’un des croutons de la salade césar, déjà prête, reposant sur le comptoir de l’îlot, et l’engouffre dans sa bouche avant de me proposer son aide. Comme tout est déjà prêt, je lui propose plutôt de m’aider à mettre la table, ce qu’il fait aussitôt. Avec un sens artistique que je ne lui connaissais pas, Benjamin s’active à plier les serviettes de tables en formes de sapins, et viens déposer quelques boules du sapin ici et là, afin de donner un véritable air de Noël à notre table. Et à présent, il ne reste plus qu’à attendre que le jambon à l’érable, plat qui est devenu une tradition chez nous depuis maintenant plusieurs années, soit prêt.

-Bon, maintenant c’est mon tour d’essayer ce machin!

Comme il ne reste plus qu’à attendre, je me dirige vers le salon et m’empare du casque de réalité virtuelle posé sur la tête de ma fille, pour découvrir que notre personnage s’est retrouvé complètement buggé entre deux murs, sans que je ne sache vraiment comment la petite a réussit cet exploit. Mais avant que je ne puisse libérer l’avatar créé plus tôt par Benjie de sa prison, on sonne à la porte, et je dois donc me résigner à l’abandonner à son sort.

-Lexie, je pense que c’est pour toi, ça!

La petite reste surprise, ayant probablement oublié, avec toute l’excitation des cadeaux, que sa mère était sensé passer pour lui souhaiter un joyeux Noël, et lui amener ses cadeaux. Les fêtes étant tombées durant mes jours avec la petite, nous avions tout de même conclu quelques semaines auparavant qu’il serait bien que Mercy passe voir sa fille en cette journée de l’année. Ainsi je m’empare de la petite, qui s’empresse de grimper sur mes épaules tel un petit singe, sans considération pour ma chemise fraîchement repassée, avant de s’agripper à mes cheveux, les décoiffant complètement au passage. Une fois devant la porte, je la pose au sol et la laisse ouvrir, pour découvrir sa mère, qui se tient de l’autre bord.


(c)Golden
Weston Elric
Weston Elric
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Dim 7 Jan 2018 - 19:03
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Mercedes L. Blanchett



SOUS LE SAPINfeat. Weston, Benjie & Lexie Elric


Je n’ai pas pu m’en empêcher. Peut-être que Weston prendra la chose tel un défi, une entrave aux règles et à l’équilibre précaire s’étant installé entre nous depuis ma sortie de prison et la reprise de ma garde de Lexie. Sauf qu’en préparant mes paquets, j’ai ressenti un grand vide que je n’ai pu combler qu’en retournant dans les petites boutiques d’Anula. J’avais envie de dénicher quelque chose de spécial pour Benjamin, tout autant que pour ma fille. J’ai passé des heures, les plus douces de ma semaine entière, à errer parmi les allées. Puis j’ai trouvé. Juché sur une pile de vieux ouvrages poussiéreux, ce livre plutôt récent retraçant l’histoire de grands dresseurs d’Enola. Tout en images de combats les plus épiques les uns que les autres, il s’y échappe quelque chose d’intouchable, quelque chose qui me fait penser au garçon. À l’intérieur, j’ai mis une note toute spéciale, lui disant qu’il est mon petit combattant et que je l’encourage à suivre ses rêves. Pour ce qui est de Lexie, je lui offres une nouvelle bicyclette à la suggestion de Weston, qu’elle pourra utiliser chez moi. Progressivement, je l’entraînerai sans les roulettes, mais elle est encore un peu jeune. Je sais que la chose lui fera plaisir car elle n’a pas manqué de mentionner cet article dans sa lettre au Père Noël que nous avons écrit la semaine dernière.

Ce temps des Fêtes a quelque chose de particulier pour moi. Je ne manque pas de visiter mes amis et de participer à leurs événements, sauf que je dois avouer que de ne pas avoir ma fille pour Noël me laisse un goût amer en bouche. J’ai hésité à retourner passer ce temps auprès de ma mère à Montréal mais ne supportant pas de laisser Brandon seul, j’ai annulé ce projet pour organiser quelque chose en sa compagnie. Ce soir, je devrai me débrouiller avec ma solitude. J’ai tout de même fait ce que je fais toujours, soit de me préparer et de me mettre belle, allumer des bougies aux odeurs caractéristiques (et trop sucrées) du temps des Fêtes et préparé un repas plus ou moins goûteux à partager avec mes Pokémon plus tard. Pour le moment, je m’empresse de rejoindre la demeure de Weston qui lui aura la chance de partager la soirée des deux enfants les plus précieux de ma vie. Je porte un sac contenant le cadeau de Benjamin tandis que Nueria traîne derrière Golden et moi la fameuse bicyclette pour Lexie. J’ai aussi dans le sac de cadeaux un petit quelque chose pour Weston. J’ai pensé à lui en voyant l’objet dans la vitrine et lorsqu’on m’en a fait la description je l’ai aussitôt acheté pour lui. J’imagine qu’il n’aura rien pour moi mais ce n’est pas grave. Je tenais à lui offrir cette montre ancienne à gousset. Le vendeur m’a expliqué qu’elle appartenait à un maire d’Anula reconnu et apprécié dans les 1930. J’ai aussitôt pensé à la nouvelle position de protecteur de la ville de Weston, son statut de milicien. En tout cas, je l’ai achetée sans réfléchir. À présent, j’entre dans la maison sous l’œil surpris de Lexie qui est venue m’ouvrir la porte.

«Maman…? Qu’est-ce que tu fais…»

Aussitôt qu’elle voit la bicyclette qu’un cri suraigu de joie lui échappe. Elle se précipite sur la chose et l’arrache presque des mains de Nueria qui rigole en échangeant un regard avec Golden. Je ris aussi tandis que la petite exprime tout son contentement, me faisant un gros bisou qui me réchauffe le cœur avant de me supplier de la laisser l’utiliser.

«Il va te falloir ton casque avant!»

Je lui tends un autre paquet qui contient un casque. Tout aussi bleu que la bicyclette, il provoque l’émerveillement de la petite. Je l’aide à enfiler la chose et lui demande de rester dans le stationnement. La laissant à la supervision de mes deux Pokémon, j’entre dans la maison, les joues encore rosées de joie de cette manifestation d’affection de la part de la petite. Offrant un regard d’excuse à Weston et Benjamin, je m’approche d’eux pour faire la bise au premier et un câlin au deuxième.

«Joyeux Noël à vous deux! J’ai quelque chose pour chacun d’entre vous.»

J’offre un regard «ne me tue pas s’il te plaît» à Weston et met dans les mains de chacun un cadeau ce qui me tire un sourire que je n’ai pas eu depuis longtemps.

«Ça sent bon ici! Bien mieux que le repas que j’ai préparé pour ma bande de Pokémon hahaha.»

Combien cela me rappelle-t-il des souvenirs. De notre premier Noël ensemble, par exemple. Mais ça, c’était dans une autre vie.
(c)Golden

Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
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Jeu 11 Jan 2018 - 20:17
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Weston Elric

• Sous le sapin •feat. Mercedes L. Blanchett


Je peux lire l’incompréhension sur le visage de la petite fille, qui observe sa mère d’un œil incertain. Et durant l’espace d’un instant, je crains que d’avoir invité la rose à venir passer Noël avec nous n’ait été une mauvaise idée. Que ce changement dans la routine ait été trop brusque pour les enfants qui cherchent encore à s’habituer à une vie trop compliquée à comprendre pour leur âge. Toutefois, bien rapidement Lexie change d’air, alors qu’elle perçoit la bicyclette d’un bleu éclatant derrière sa mère. Sans même attendre d’avoir la permission, elle s’empresse de se jeter sur son présent, et après avoir enfilé le casque que sa mère lui tend, elle s’empresse d’aller se pratiquer, non sans un certain manque d’équilibre. J’observe la petite rouler en cercle, un énorme sourire au visage, affichant moi-même un sourire, qui s’effrite toutefois légèrement alors que la petite s’approche dangereusement des voitures stationnées près d’elle. Malgré tout, je la laisse faire, ne voulant pas gâcher son plaisir, et bientôt, mon attention est détournée par la rose, qui m’annonce avoir un cadeau pour Benjie, ainsi qu’un pour moi.

-T’étais vraiment pas obligé, tu sais...

Avec un certain malaise, j’accepte mon cadeau, alors que mon fils, lui, s’empresse de déballer le livre que lui offre la jeune femme. Et alors qu’il s’empresse d’enlacer Mercy et la remercie avec énergie avant de s’éloigner pour aller feuilleter les pages, je me doute bien que le fait de recevoir un cadeau de celle qu’il considère encore comme une mère est bien plus significatif pour lui que le cadeau en soit. Car même si, malgré mes efforts, le garçon n’a jamais révélé avoir un grand intérêt pour les combats Pokémon et ce qui s’y rattache, je sais qu’il chérira ce livre. À mon tour, j’ouvre le présent, pour y découvrir une montre ancienne, sculpté à même le fer de magnifiques détails. Je reste silencieux un instant, le temps de la contempler.

-Wow Mercy c’est... Elle est sublime. Mais vraiment, c’était pas nécessaire...

Je me retourne vers elle, alors qu’elle pénètre dans la maison, visiblement attirée par l’odeur du jambon qui dort toujours dans le four. Avec quelques hésitations, je fini par accrocher la montre à mon pantalon, avant de la glisser dans ma poche, ne laissant que la chaine visible. Et aussitôt, cette sensation me semble étrange. Comme si de porter cette montre me rattachait de nouveau à la jeune femme. Comme si, en un sens, ce poids au fond de ma poche me rappelait la sensation de mon alliance.

-En fait, j’ai aussi un petit cadeau pour toi. C’est pas grand-chose, mais je me disais que ce serait bien que tu ait ça.

Je me dirige vers le sapin, pour m’emparer d’un dernier présent resté non déballé, avant de le tendre vers la rose. Il s’agit d’un petit album photo, composé des différents clichés de Lexie, à travers les années, sur lequel j’ai travaillé au cours des dernières semaines. Il faisait déjà un moment que je pensais à monter un album de la sorte pour que la rose ait un peu plus l’impression d’avoir fait partit de la vie de sa fille à travers les années, et avec l’approche de Noël, je n’ai pu m’empêcher que ce serait le bon moment.


(c)Golden
Weston Elric
Weston Elric
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Dim 14 Jan 2018 - 2:26
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Mercedes L. Blanchett



SOUS LE SAPINfeat. Weston, Benjie & Lexie Elric


Les souvenirs affluent malgré moi. De tous les efforts incalculables pour faire de ce premier Noël avec Weston un instant dont nous nous souviendrions toujours, du repas, de son présent que je lui avais choisi. Combien j’ai réussi cet objectif. Les images défilent dans ma tête, nos rires, tous ces non-dits qui planaient entre nous et qui me rappellent un peu l’étrangeté de la situation actuelle, comme si comme alors nous devions marcher sur des débris cassants, menaçant de nous écorcher les pieds. Cette fois pour des raisons différentes, cette fois dans des circonstances que nous n’aurions pas pu imaginer. Je ressens plusieurs émotions contradictoires, certaines auxquelles je m’attendais en posant les pieds ici. Une certaine jalousie, au premier abord, de tout ce que Weston peut avoir de plus que moi. La garde majoritaire de Lexie, son fils Benjamin, cette maison qui respire et qui vit et qui pulse, ce repas des Fêtes à partager avec les êtres aimés et tant d’autres choses qu’il aura pris malgré lui en me laissant à l’arrière avec un sentiment d’amertume et de vide. Le vide, comme un grand vertige qui me pousse à m’éloigner des deux blondins qui déballent tour à tour leurs présents, le plus jeune s’empressant de me donner un câlin pour me remercier auquel je réponds par un baiser dissimulé au creux de ses cheveux. Je vais à la fenêtre pour surveiller les jeux candides de ma fille, qui depuis ici ne m’a jamais semblée si loin. Ses rires et ses cris guerriers ne font qu’alimenter la sensation de vide. Combien cette familiarité me manque, combien j’aimerais retrouver ce que nous n’avons jamais eu, au final. Mais ce n’est pas possible. Pour tellement de raisons.

Je me retourne pour observer Weston tandis qu’il déballe son propre cadeau, un peu mal à l’aise peut-être par mon attention. Son propre embarras provoque le mien, et je me tiens là, les bras ballants, à regretter cet échange comme tant d’autres avant lui. Il en extirpe la montre et l’observe. Il semble sincèrement content, ce qui me tire un sourire. Alors qu’il l’accroche à son pantalon, je m’empresse de lui en expliquer la signification.

«C’est une montre ancienne ayant appartenu à un maire d’Anula, dans les années 1940. J’ai pensé te l’offrir comme maintenant tu es un peu comme un protecteur de la ville. J’espère qu’elle te portera chance. Je sais que… enfin, je l’ai vu et je n’ai pas pu résister. Je ne voulais pas te rendre mal à l’aise.»

Je peux entre les œufs crisser contre mes pieds. Je n’aime pas ça. Cette tension, l’aspect non-naturel de chacun de nos échanges. Je me demande si nous en viendrons un jour à un équilibre, un point où nous pourrons discuter, voire rire, sans ressentir constamment cette résistance. Fuyant son regard, j’observe le garçon qui a ouvert son livre pour en feuilleter les pages avec une attention méticuleuse. Je suis surprise par la voix de Weston qui vient briser le silence contemplatif dans lequel je m’étais installée, allant sous le sapin pour y récupérer quelque chose pour moi. Je m’empare de l’objet avec prudence, comme si je craignais de m’y brûler. En ouvrant l’album, je comprends rapidement de quoi il s’agit. Aussitôt les larmes me voilent la vue tandis que je tiens, entre mes mains, des extraits de la vie de ma fille, tout ce que j’ai pu manquer. Une larme coule, puis une autre, tandis que je tourne les pages, parmi les sourires et les rires. Et la douleur, une douleur sans nom, que j’espère voire apaisée un jour.

«Oh Weston… Merci… merci…»

C’était le plus beau cadeau qu’il pouvait m’offrir. Rien au monde ne me ramènera ces années. Rien ne corrigera mes erreurs. Mais au moins, je peux voir, voir ce qu’elle était, ne serait-ce que par ces photographies.

«Tu veux bien qu’on les regarde ensemble, avant que je m’en aille?»

J’ai envie de connaître toutes ces histoires, toutes celles qui ont mené à ces photographies, même si elles feront mal. Ma voix est toute petite, et vulnérable; j’aimerais tant paraître plus forte mais je mettrai du temps à me remettre de ces années perdues.
(c)Golden

Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
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Lun 15 Jan 2018 - 2:11
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Weston Elric

• Sous le sapin •feat. Mercedes L. Blanchett


Alors que Mercy déballe son cadeau pour en contempler le contenu, je ne peux m’empêcher de remarquer une larme solitaire glisser le long de sa joue, bientôt rejointe par une autre, et une autre, menaçant de venir abimer les pages de l’album. Elle feuillette le petit livre, absorbé par son contenue. Et bien qu’elle me remercie, je peux sentir à quel point observer ces clichés peut être difficile pour elle. Car sur chacune de ces images, elle est absente. Elle n’est pas là, pour bercer la petite. Elle n’est pas là, pour la jeter dans la piscine. Elle n’est pas là, pour la voir s’étamper le visage dans son premier gâteau d’anniversaire. Elle n’est pas là. Car elle a manqué ce qui aurait dû être nos années les plus précieuses. De par ses choix, elle a décidé de ne pas faire partie de cette famille, qui n’a eu d’autres choix que de grandir en parallèle.

La rose reprend la parole, venant briser le silence, d’une petite voix frêle. Cette même petite voix bouleversé qui parait encore dans mes cauchemars. Celle qui, cinq ans plus tôt, m’annonçait que plus rien ne serait jamais pareil. Celle qui, pleine de regrets, et emprunte de peur, me dévoilait notre fin. Aujourd’hui, cette petite voix reparait. Et durant l’espace d’un instant, je ne peux m’empêcher de me demander comment les choses ont pu déraper ainsi. Comment nous avons pu nous permettre tant d’erreurs. Sauf qu’aujourd’hui, je refuse de commettre encore plus d’erreurs. Je ne sais pas que ce l’avenir nous réserve. Je ne sais pas si un jour nous réussiront vraiment à coexister sans que le passé ne vienne teinter notre futur. Mais je sais une chose, je sais que je veux essayer. Pas pour moi, non. Mais pour ma fille, et pour mon fils. Pour ces deux petits blonds merveilleux, qui méritent le meilleur, même si, dans cette situation, ils ne l’obtiendront jamais.

-T’es pas obligé de partir tout de suite, non plus. En fait, tu peux pas partir.


Tout en m’adressant à la rose, je m’approche de la fenêtre, d’où je peux apercevoir la petite fille chevaucher son nouveau vélo, avec une énergie encore plus débordante qu’à son habitude, si même c’est possible. En poussant des cris de joie, elle traverse l’allée en zigzaguant, sous le regard attentif de Nueria et Golden, qui sont bientôt rejointes par Mystique.

-Lexie était sensé te faire un cadeau à l’école : un superbe collier en macaronis comme le mien.

Pour appuyer mes dires, je pointe ledit bijou absolument magnifique composé de vieilles nouilles séchées et à moitié peintes, aux couleurs de Noël, avec pour agrémenter le tout quelques billes roses ou bleues, de formes et longueurs diverses. Un véritable must en termes de mode pour tout papa qui se respecte, selon moi.

-Mais j’ai cru comprendre que le tien n’a pas encore été terminé, alors... Va falloir rester jusqu’à ce qu’elle s’en occupe, sinon, tu sais aussi bien que moi qu’on en entendra jamais la fin...


J’offre un regard mi-amusé, mi-désolé à la rose, avant de me diriger vers le salon, et de sortir du meuble multimédia le projecteur que nous utilisons habituellement lorsque nous regardons des films depuis l’extérieur.

-Et pour ce qui est des photos, on pourrait les regarder tous ensemble depuis ce projecteur, je les ai encore sur mon ordinateur. J’ai aussi un paquet de vidéos, tu va voir.

Peut-être suis-je en train de brusquer les limites de l’acceptable entre nous. Peut-être vais-je trop loin, et je ne le découvrirai que ce soir, à l’heure du couché, alors que je passerai une nouvelle nuit sans sommeil, à repenser à ce qui aurait pu se dérouler autrement entre la jeune femme et moi. Mais en ce moment, tout ce que je sais, c’est que cette proposition fait le bonheur de mon fils, qui ne s’est pas gêné pour nous déclarer son contentement.

-Alors, qu’est-ce que tu en dis? Tu restes souper?


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Weston Elric
Weston Elric
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Lun 15 Jan 2018 - 4:13
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Mercedes L. Blanchett



SOUS LE SAPINfeat. Weston, Benjie & Lexie Elric


À tout instant j’ai la sensation qu’il pourrait lever les boucliers. Sonner les cors. Faire gronder les tambours. Et sortir les lances. J’avance dans un champ de mines, à surveiller chacun de mes pas mais toujours poussée à avancer d’une force invisible en direction de ses tranchées. J’ai crainte, à chaque fois qu’il y a demande, de le voir refuser. Car aussi légitimes ses refus puissent être, je les appréhende malgré moi. Je sais que chaque porte fermée me ramènerait à l’époque de la guerre, là où je devais constamment me préserver car il me faisait- car il voulait me faire du mal. Une époque heureusement révolue. Sauf que certains mécanismes de défense ne peuvent s’empêcher de s’activer. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir trop avancé. Il aurait tous les droits de me dire non. Peut-être que ce serait plus facile, car chaque pas que je fais vers lui devient plus sensible, plus difficile. Déjà, je regrette ma proposition, même si je rêve d’une bribe, d’un extrait de la petite enfance de Lexie. Ses rires, à l’extérieur de la maison, résonnent sous mon crâne. Une fois de plus, je me retourne pour l’observer, sous la surveillance étroite des trois Pokémon engagés à la protéger. Ce que Weston dit ensuite par contre, je ne m’y attendais pas. Et pendant quelques instants, je ne saisis pas ses intentions. Je comprends qu’il ne veut pas que je parte mais pas pourquoi ni comment. Rester? Rester pourquoi? Que propose-t-il? Mon cœur s’affole d’angoisse mais je réalise rapidement être dans l’erreur, même si ce qu’il suggère me braque tout de même.

Rester pour attendre un présent que Lexie n’a pas eu l’occasion de terminer. Un cadeau de ma fille… J’ai conservé tous les dessins qu’elle a pu barbouiller sur une feuille, toutes les cartes. Je les cachais sous mon matelas au pénitencier, tenait le papier contre mon visage en l’imbibant trop souvent de larmes amères et silencieuses. Je chavire à la pensée que la petite fille a pu me préparer quelque chose. Je ne mérite pas vraiment ses petites attentions, je n’ai pas vraiment été là pour elle et une jolie bicyclette n’y changera absolument rien. La surprise se mute rapidement en sourire, l’attention de Lexie m’ayant touchée. Sauf que j’hésite tout de même sur la proposition. De rester pour ce souper des Fêtes est tout autre chose que de manger de la pizza pour atténuer la peine de Benjamin. Je ne sais pas s’il s’agit d’une bonne idée de nous voir ensemble, même s’ils le désirent. Je n’ai pas envie d’envoyer la mauvaise impression aux enfants. Ce n’est pas l’argument du présent qui irait me convaincre de ne pas m’en aller. Je le regarde, incertaine de ses intentions. Pourquoi me propose-t-il de rester, vraiment? Je ne suis plus quelqu’un qu’il apprécie, il a mis les choses au clair en me laissant de côté. Je peux voir tous ces efforts pour conserver voir animer le lien, mais je ne sais plus ce qu’il veut désire désormais, cette vieille ficelle effilochée qu’on a rabouté à plusieurs endroits.

Sauf que sincèrement, quitter maintenant serait de ne jamais obtenir la réponse. Car malgré moi, j’ai aussi envie d’avancer, que nous formions cette fameuse équipe, peut-être même que nous soyons amis. Nous allons devoir construire nos barrières à tâtons. Je n’ai pas envie d’être sans ma fille ce soir, seule en compagnie de mes Pokémon. Même si je les aime, ce n’est pas pareil, pas pareil… J’ai envie de goûter à la vie familiale à laquelle j’aspire, même si ça veut dire de prendre un risque.

«Hum… Je…»

Je veux qu’il sente que j’hésite. Que tout ceci, ce n’est pas nécessairement si simple. Et surtout, que je ne comprends pas ce qu’il y gagne.

«Je veux bien, mais je ne resterai pas très tard. J’ai promis de la musique et des friandises à mes Pokémon après tout.»

Je force un sourire, allant m’asseoir auprès de Benjamin qui lit son livre.

«Ce serait ok pour toi, Benjamin, si je restais?»

Je le regarde dans les yeux. C’est un grand garçon maintenant et j’ai envie qu’il comprenne que je serai à l’écoute de ses besoins. S’il me confie ne pas se sentir à l’aise, alors je quitterai sur le champ.
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Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
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Dim 21 Jan 2018 - 23:12
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Weston Elric

• Sous le sapin •feat. Mercedes L. Blanchett


L’un qui invite l’autre, sans réellement savoir à quoi s’attendre, pour une soirée de Noël, évènement bien trop significatif. N’est-ce donc pas ainsi que les choses ont commencés entre la rose et moi? Une invitation maladroite, un court échange de cadeau, un jambon... Alors que Mercy prend timidement place aux côtés de mon garçon, je ne peux m’empêcher de repenser à cette nuit, certes pleine d’erreurs de part et d’autre, mais cette nuit qui a tout de même été la première de notre histoire. Cette même nuit qui nous a poussés à vouloir en savoir plus sur l’autre. Cette nuit ou, pour la première fois de nos vies, nous avons découvert ce que signifiait faire l’amour.

Je me laisse vaguer dans ces souvenirs d’une autre vie quelques secondes avant de revenir à la réalité, alors que je contemple la discussion entre Mercy et Benjie. La rose semble si craintive aux côtés du petit blond, qu’à cet instant précis je ne peux m’empêcher d’être ramené à cette brusque réalité, dans laquelle il ne reste plus que des fragments de ce qui avait déjà existé. Et alors, je réalise à quel point cette nuit est lointaine. Telle un rêve dont on oubli petit à petit les détails, à mesure qu’on reprend conscience. Et mon fils a beau avouer son contentement à la rose avec énergie quant à ce qu’elle reste avec nous, je vois bien que les choses ont changés pour lui aussi. Il aime Mercy. Il l’aimera toujours. Et elle sera sans-doute l’image d’une mère pour lui durant le reste de ses jours. Mais il sait très bien qu’il y a à présent un mur entre eux. Un mur infranchissable de par ces évènements s’étant passé entre nous.

-Va donc chercher ta sœur, Ben. On va regarder quelques photos, puis ensuite on pourra passer à table.

Le petit acquiesce avant de poser son livre avec délicatesse pour aller chercher la petite, que je peux entendre rouspéter d’ici à l’idée de devoir quitter son nouveau vélo. Je profite de ce moment pour terminer d’installer le projecteur, et de lancer depuis mon ordinateur un fichier intitulé « Meilleurs moments ». Et alors que les enfants reviennent à l’intérieur pour prendre place aux côtés de Mercy, les images se mettent à défiler devant nos yeux. Je viens moi-même prendre place sur l’un des fauteuils, afin d’éviter de trop menacer l’espace vital de la jeune femme dans ce moment qui risque d’être fort en émotion pour elle. Les images se mettent à défiler, entrecoupées de petites vidéos d’un peu n’importe quoi. Je redécouvre ainsi moi-aussi ces meilleurs moments, où posent ici et là mes enfants. Ce petit diaporama entraine rapidement les anecdotes des enfants, qui s’empressent de raconter à Mercy le contexte derrière les photos et les vidéos, sans pour autant que cela ne fasse de sens. Les deux se coupent la parole, se contredisant dans leurs histoires, et en inventent même une bonne partie, ce qui me fait bien rire depuis mon fauteuil. Et je les laisse faire, me disant que de les corriger n’apporterait rien à ce moment. Je me contente donc de les observer, ne regardant même plus les images défilés, en me disant que ce moment en est un précieux, et que je veux l’imprégner dans ma mémoire.

Mais bientôt, les anecdotes et les histoires farfelues des enfants cessent assez brusquement, laissant place à un silence de leur part. Les deux se sont mit à fixer l’image projetée par le projecteur. Et comme les deux enfants sont soudainement bien trop calmes à mon goût, je me retourne pour à mon tour observer les images, et c’est alors que je comprends ce qui a pu entrainer ce silence soudain. Sur le mur s’affichent à présent des photos que je reconnais aussitôt. Deux jeunes gens, le sourire jusqu’aux oreilles, brandissant des coupes de champagnes. L’un vêtu de noir, alors que l’autre revêt une magnifique robe blanche, contrastant si bien avec celui qui est devenu, quelques minutes plus tôt, son mari. Je reste silencieux, alors que défilent les photos de notre mariage, avant de me précipiter sur l’ordinateur pour arrêter le diaporama, réalisant enfin ce qui est en train de se passer. Mais celui-ci semble être gelé, et ne me laisse pas arrêter le montage. Et bientôt, c’est une vidéo qui embarque.

-Laissez-moi vous présenter la femme qui a fait de moi le plus heureux des imbéciles!

Dans un angle de caméra qui laisse plutôt à désirer, je me revois. Avec moins de cernes. Avec dans mon regard une étincelle qui n’y est plus aujourd’hui. Je me revois, riant aux côtés de la rose qui elle aussi me semble tellement plus vivante à travers la caméra.

-Aujourd’hui, c’est le début du reste de nos jours! Et on va démarrer le début de cette vie en-

J’arrache le fil reliant l’ordinateur au projecteur, mettant aussitôt fin à la vidéo, et nous laissant dans un lourd silence. Je n’ose plus regarder la rose, ni mes enfants, de peur de découvrir leur réaction. De peur d’avoir à faire face aux questions de notre fille, qui n’a probablement rien compris à tout ceci.

(c)Golden
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Weston Elric
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Mer 24 Jan 2018 - 19:40
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Mercedes L. Blanchett



SOUS LE SAPINfeat. Weston, Benjie & Lexie Elric


Malgré l’enthousiasme du garçon, l’entrave se forme dans ma gorge et avec elle la sensation grandissante de le trahir. Tout mon instinct me porte à reprendre ma place auprès de lui, de le tenir dans mes bras et de l’embrasser en échangeant quelque rire candide. Je dois faire le deuil. Mais ce n’est pas si simple, surtout pas après travaillé si fort pour l’accepter dans ma vie et de me définir, en partie, à travers lui. De le considérer désormais comme le fils seul de Weston m’apporte une grande peine, mais à le regarder ainsi heureux, je m’affirme un peu plus dans cette direction. Benjamin ne sera plus jamais mon fils. Je me le répète encore et encore tandis que mon ex installe le projecteur. Il va falloir m’en convaincre véritablement si je veux lui éviter plus de peine qu’il n’a dû en ressentir déjà. C’est si tentant de souhaiter autrement, de se raccrocher à autre chose qui fut le passé, mais il nous faudra tous accepter d’avancer plutôt que de se terrer dans le passé. Un réflexe que j’aurai tant que je n’aurai pas justement fait ce deuil. Que je n’aurai pas pardonné mon absence ces dernières années, dans la vie de Lexie notamment. Puis bon nombre d’autres culpabilités que j’appréhende voir rejaillir au contact de Weston, nécessairement. Je reste silencieuse tandis que Benjamin va chercher sa sœur. J’entends la petite protester mais rapidement accepter de suivre son aîné une fois qu’il lui a expliqué la situation. Pendant ce temps, je regarde le père de ma fille, à me demander une fois de plus si c’est une bonne idée d’être restée.

Les photographies défilent, souvent accompagnées de petites vidéos. J’ai cru que ce serait difficile de les regarder, ces images rayonnant de mon absence, mais je me surprends plutôt à sourire devant les histoires souvent exagérées des enfants. Oui, ça fait mal, mais le processus s’enclenche. Je ne pourrai jamais retourner en arrière, mais de découvrir un peu que cette vie a été heureuse pour ma fille me rassure et m’apaise, ne serait-ce qu’en partie. Je pose des questions aussi, histoire d’obtenir l’heure juste entre les exagérations rocambolesques des petits. Nous rions beaucoup, ça fait du bien. Puis, tout ceci s’interrompt. Un vidéo se déclenche, un vieux souvenir d’un temps qui me semble si lointain. Et comme on ne peut s’empêcher d’assister à un accident de la route, je ne détourne pas les yeux tandis que l’homme que j’aimais à une autre époque me proclame que nous serons toujours heureux, que notre amour serait éternel. Je ne ressens pas de peine. Mais simplement du malaise, beaucoup de malaise, et la sensation grandissante d’une injustice. Lui qui a été si prompt à me montrer du doigt, à m’accuser de tous les maux, il a aussi failli à nombreuses de ses promesses, dont celle-ci. Et parfois j’arrive à me demander s’il regrette, même si ça ne changerait rien à ce point-ci.

Le silence retombe sur le petit groupe que nous formons. Je me redresse et pendant un moment je vois dans les yeux de Lexie une grande détresse, une confusion profonde. Mon instinct m’a poussé à partir, sauf que je n’en fais rien. Je n’ai pas le droit de laisser la situation ainsi. Alors ma main rejoint ma poche et j’en ressors mon téléphone que je branche à l’ordinateur en expliquant à tous d’un ton enjoué mais détaché, comme absent.

«J’ai autre chose à vous montrer. J’ai fait pas mal de petits films avec mes Pokémon, il y en a certains qui sont plutôt drôles.»

Avec soulagement, je vois la vidéo jouer sur le projecteur de Fiona ma Goupix qui fait rouler une balle sur son nez avec plutôt d’adresse. Les enfants distraits, je fais signe à Weston de me rejoindre à la cuisine où je m’assure que nous ne serons ni suivis, ni entendus. Mon ton est calme, presque doux, car je le suis. Ce qui ne signifie pas que je n’ai rien à dire.

«Tu es certain, Weston, que je devrais rester?»

Je remets en doute ses intentions maintenant. Pourquoi a-t-il conservé cet extrait? A-t-il le culot de me désirer encore? Je préfère penser que je me fais des idées, que tout ceci n’est que le fruit de mon imagination. Je ne l’insinue pas dans mes paroles d’ailleurs, je n’ai pas envie d’aller sur cette pente bien trop glissante. Car s’y risquer serait de tomber.

«Je n’ai pas envie de donner la mauvaise idée aux enfants ou nous rendre plus mal à l’aise que nous le sommes.»

Je soupire.

«Je veux que ça marche, tu comprends?»

Que l’équilibre précaire dans lequel nous vivons soit préservé.
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Lun 29 Jan 2018 - 2:28
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Weston Elric

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Mon coeur bat à m’en arracher la poitrine. Un serrement douloureux s’y est incrusté, me poussant à adopter une respiration plus profonde, plus lourde. Et mon regard, lui, ne peut à présent plus quitter le mur maintenant devenu bleu, couleur de base que projette le projecteur lorsque celui-ci n’est relié à rien. Et il ne tarde pas à indiquer son désir d’être connecté, à l’aide d’une écriture blanche défilant contre le mur. Pourtant, je n’arrive pas à avoir le réflexe dans lancer autre chose, histoire de détendre l’atmosphère. À vrai dire, je n’arrive à rien faire, complètement paralysé par ce qui vient de se passer. Et je réalise, tout en fixant ce mur bleu, que peu importe le temps qui passe, peu importe ce que ma vie est aujourd’hui devenue, ce passé est là, encore bien ancré en moi. Et il ne deviendra probablement jamais complètement supportable. Il ne sera jamais aisé de regarder ce qui était, et ce qui aurait pu être. Sans que je ne soit projeté dans cette vie qui me semble aujourd’hui tellement lointaine, et que je revive avec un mélange d’émotions contradictoires ce qui me semble avoir été cette période où je pouvais réellement dire que j’étais heureux. Car si aujourd’hui je peux affirmer être un père comblé, ainsi qu’un homme respectable dans sa communauté, je sais pertinemment qu’au final, il manque quelque chose à ma vie que je n’ai jamais su combler depuis cette fameuse nuit. Et est-ce que je voudrais reprendre les choses avec Mercy? Pas nécessairement, non. Je sais qu’entre nous, il n’y aura probablement plus jamais ce qu’il y avait. Mais il me manque quelque chose. Quelque chose que j’avais définitivement, à travers ces vidéos. Quelque chose que je ne sais pas si je retrouverai un jour.

Mercy, contrairement à moi, a rapidement le réflexe de brancher son téléphone, et de faire défiler ce qu’elle-même a pu capturer et considérer comme de bons moments. Toujours paralysé, je vois le tout commencer à défiler, projetant contre le mur les images de Pokémon effectuant diverses petites choses tantôt drôles, tantôt mignonnes. Et l’espace d’un instant, je me surprend à prier intérieurement pour que la rose accepte de laisser les choses ainsi, et qu’elle nous laisse tous continuer d’observer en silence les petites vidéos. Pourtant, je sais très bien que ce ne sera pas le cas. Je sais que ça ne peut l’être. Et comme de fait, alors que l’ambiance redevient à peu près normale, et que les enfants se remettent à rire, la rose s’approche de moi, pour me faire signe de la suivre jusqu’à la cuisine qui, malgré son ouverture sur le salon, nous permet plus d’intimité. Sans contester, je vais la rejoindre, non sans porter en moi un certain malaise de nous avoir mit dans cette situation. Car au final, tout ceci, c’était mon idée. Lui dire de rester pour le souper, l’inviter à regarder les photos, et surtout, inclure dans ces fameux meilleurs moments les clichés de notre mariage.

-Écoute, je te jure je sais pas ce que ça faisait là. Mais… Mais je comprends si t’es plus à l’aise de rester…

Cette fois, je suis à cours d’arguments pour la faire rester. Car si à la base, je voulais permettre à mes enfants de vivre un Noël entouré de leurs deux parents, cette fois, je me dis que toute cette histoire de foyer unis, ce n’est peut-être pas possible. Peut-être qu’au final, cette équipe que nous désirons former, serait plus unie si nous restions chacun de notre côté, entre les interactions concernant les enfants. Car comme le souligne la rose, ce qui à la base devait être une occasion pour les enfants de vivre un moment agréable, pourrait bien plutôt les troubler, et leur donner de faux espoirs, voir même des idées qu’ils ne souhaitent pas nécessairement. Car bien que je sois totalement au courant des désirs de Benjie de voir ses deux parents un jour s’unir à nouveau, je ne sais trop ce qu’il en est pour Lexie. La petite n’a après tout jamais vécu dans un foyer biparental. Elle n’a jamais connu notre mariage. Elle n’a jamais ressenti notre amour l’un pour l’autre. Ou du moins, elle n’a jamais ressenti un amour sain entre nous. Alors de lui montrer ces vidéos, ou ses parents peuvent non seulement être ensemble dans la même pièce sans que cela ne soit à propos d’elle, mais qu’en plus ceux-ci partagent une complicité qu’elle n’a jamais connu, je ne sait trop ce que la petite pourra en penser. Et je sens que ce soir, une conversation entre la petite et moi devra avoir lieu, ne serait-ce que pour la rassurer de je ne sais trop quoi.

-Je sais… Moi aussi je veux que ça marche. Je veux pas rendre ça plus difficile que ce ne l’est déjà pour tout le monde. Alors je te retiendra pas si tu veux t’en aller.

Je marque un silence, alors que mon regard se pose sur les deux petits, encore scotchés à l’écran, rigolant de ce qu’ils peuvent apercevoir contre ce dernier.

-Mais si tu pars, ne pars pas juste à cause de moi, okay?

Je veux que mon ex-femme puisse respecter ses propres limites. Mais je ne veux pas être celui qui les lui impose.

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Ven 9 Fév 2018 - 18:54
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SOUS LE SAPINfeat. Weston, Benjie & Lexie Elric


Malgré moi, ces images provoquent de la colère en moi. Je n’aime pas douter, je n’aime pas osciller entre deux mondes, deux possibilités. Avec Weston, je veux l’heure juste, toujours. Plus de rancunes profondément ancrées qui finiront par nous détruire comme par le passé. S’il éprouve encore des sentiments pour moi, je préfère être mise au courant de manière à ce que nous passions à autre chose. J’ai beau scruter le visage du jeune homme, néanmoins, je n’y vois qu’autant de confusion que moi. J’ai l’impression que lui aussi cherche une manière de réagir à tout ceci, qu’il marche sur des œufs. Il doit sentir aussi ma frustration, car les souvenirs apportent leur lot de douleur et j’aurais préféré oublier ces visages souriants plutôt que de vivre dans l’amertume. Au final, j’aime ma vie présente, j’aime mon cheminement, ma petite existence avec ma fille aussi houleuse puisse-t-elle être, même si je n’en ai la garde qu’une fin de semaine sur deux pour le moment. Je sais que les choses se placeront d’elles-mêmes et que l’équilibre se trouvera. Mais entre-temps, il y aura beaucoup d’essai-erreur. Et cet incident nous le rappelle à tous les deux. Je le scrute aussi par test, à savoir s’il replongera dans ses vieilles habitudes, de me faire porter le blâme ou de détruire mon résonnement d’arguments vides et manipulateurs. Sauf qu’il n’en fait rien. Il me paraît plus simple que jamais, réellement désemparé et, je le crois, aussi mal pour moi qu’il ne peut l’être pour lui-même. Je soupire et je l’écoute, tentant de délier les bras que j’ai croisés sur ma poitrine.

C’est un geste de protection, mais je n’en ai pas besoin. Weston n’a pas l’intention de m’attaquer. Pour une fois, je l’entends se mettre à ma place. Pour une fois, il se montre ouvert, prudent, et surtout sincère. Pendant quelques instants, je ne sais pas quoi dire, je reste ainsi, à l’observer de manière probablement un peu trop intense, à chercher encore la bête. Mais ça ne sert à rien. Aussi bien profiter de l’accalmie, et de l’attitude rassurante du père de ma fille. Je ne sais pas quand, mais j’ai cessé de respirer. Je reprends donc mon souffle dans un nouveau soupir, jetant un coup d’œil à Lexie. Non, je n’ai pas envie d’être loin de ma fille ce soir. C’est égoïste, peut-être. Mais si je suis ici c’est que j’y ai été invitée. Alors je compte bien rester, ne serait-ce que pour goûter un peu à la magie des Fêtes. Lentement, un sourire revient sur mes lèvres. Moins charismatique et énergique que ce que j’ai pu être avant, mais plus sage, plus posé.

«D’accord, tu me rassures. Je vais rester alors. Oublions tout ça. Après tout, c’est Noël. Ça sent bon d’ailleurs, qu’est-ce que tu as préparé? On dirait que tu as développé des talents cachés pendant ces dernières années.»

De toute manière, la planète entière est plus douée que moi en matière de cuisine. Je n’ai aucune créativité pour élaborer mes propres plats et suivre une recette me demande trop de concentration, j’ai tendance à un peu trop improviser. Je m’approche du fourneau, le ventre gargouillant à l’idée de cette bonne nourriture.

«Hum…»

Mon ventre insiste, cette fois assez fort probablement pour que mon ex ne l’entende. Je rigole un peu.

«Il y a quelque chose que je peux faire pour aider? Je ne serais pas une bonne invitée si je ne mettais pas la main à la pâte moi aussi.»

Je souris, le regardant. Puis les mots m’échappent, même si je n’en comprend pas moi-même le sens.

«C’est drôle. Tu as changé.»
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Mer 21 Fév 2018 - 1:13
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Weston Elric

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Je tente de me rappeler à quel moment j’ai cru qu’il serait une bonne idée de glisser ces souvenirs dans ce dossier. À quel moment je me suis dit que ce serait intelligent de me faire subir ceci à chaque fois que la nostalgie s’emparait de moi. Qu’à chaque fois que je voulais revivre ces instants de bonheur partagés avec mes enfants, il serait pertinent de me remettre en pleine face cet échec monumental qu’a été mon mariage. Et vraiment, je ne vois pas. Je ne vois pas comment j’ai pu en arriver à cette déduction. Ces moments, oui ils ont été bons. Je me souviens de cette soirée comme si c’était hier. Je me souviens du regard que m’offrait ma femme, alors que le célébrant nous avait, pour la toute première fois, prononcé mari et femme. Je me souviens de la sensation de ses lèvres contre les miennes, alors que la fête était déjà terminée, mais que nous, nous avions décidé qu’il serait cool de ne jamais s’endormir pour ne jamais avoir à se laisser. Je me souviens de la manière dont je lui avait glissé un petit “Je t’aime”, alors que nous étions sur le plancher de danse, à effectuer notre première danse en tant que mari et femme. Cette soirée là, où on avait décidé de s’unir pour la vie, je m’en souviens encore. De bons moments, oui. Mais de bons moments qui se doivent de rester dans le passés. De bons moments qui n’appartiennent plus au présent. Et qui n’auraient de toute évidence pas dû ressortir ce soir.

À ma grande surprise, Mercy décide finalement de ne pas se sauver. De ne pas me laisser gâcher cette soirée de Noël qui semblait tellement ravir les enfants jusqu’ici. Jusqu’à ce que ce montage vienne les perturber. Et je suis soulagé de voir que Mercy ne compte pas les perturber d’avantages en quittant la petite fête. La rose change rapidement de sujet, en évoquant le souper, ce qui me fait légèrement sursauter. Avec tout ça, j’en avais presque oublié le jambon au four! En balbutiant quelques mots incompréhensibles, je m’empresse de me diriger vers le four, pour en sortir le souper, qui a quelques peu dessécher avec son passage un peu trop long à se faire bronzer. Une bonne partie de la sauce s’est déjà évaporée, et les pommes de terres au four n’ont quant à elle pas non plus échappé à ce mauvais traitement.

-Merde… J’imagine que ce sera mangeable mais…

Mais ce ne sera jamais celui que nous avions dégusté, ensemble, lors de cette première soirée de Noël que nous avions partagés, plusieurs années auparavant.

-Euh, à moins que tu sois magicienne et que tu saches remonter dans le temps, je crois pas qu’on puisse faire grand-chose…

J’échappe un petit rire, en allant chercher dans une armoire quatre assiettes et un couteau pour trancher le morceau de viande. Alors que j’entends les enfants se rapprocher pour venir se mettre les pattes sous la table, attendant eux aussi le repas avec appétit, je m’attaque à la découpe du morceau qui, finalement, me semble encore très comestible. Je tends les assiettes à la rose, afin qu’elle puisse aller les déposer devant les enfants qui, eux, dans leurs conversations, n’ont probablement rien capté de ce qui s’est passé entre nous. Mais je m’arrête dans mon geste, surpris par les paroles de mon ex-femme. Je reste silencieux un instant, tenant l’une des assiettes dans le vide, tout en cherchant à faire du sens de ce qu’elle vient de me glisser.

-Ah bon?

J’échappe un petit rire, tout en reposant mon regard sur le morceau de viande.

-Je suis plus “papa” j’imagine. Peu importe que ce ça veut dire.

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Jeu 1 Mar 2018 - 19:06
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Mercedes L. Blanchett



SOUS LE SAPINfeat. Weston, Benjie & Lexie Elric


J’ignore ce qui me pousse à avancer ces paroles. Il y a tout de même que chose dans son approche prudente que je n’ai jamais vu chez lui. Une impression qu’il parvient davantage à se mettre à ma place désormais. J’ai encore du mal à ne pas croire que sa gentillesse fait simplement partie d’une manière de me manipuler comme ça a été le cas trop souvent par le passé. Cinq années n’auront pas suffi à défaire mes vieux réflexes de méfiance envers lui. Mais si j’ai dit que je trouve qu’il a changé, je le pense réellement. Il faudra du temps entre nous deux pour se réapprivoiser, pour apprendre nos limites. J’aime bien que, pour une fois, il apprend à gérer les miennes. Son explication fait tout de même un peu de sens. Un peu plus «papa», oui peut-être. Dans le sens où il se préoccupe du sort de ses enfants et de l’effet que notre relation pourrait avoir sur eux. Mais au-delà, au niveau humain, j’ai la sensation qu’il a mûri et progressé. Je soupire, sans véritablement comprendre à quoi ça rime. Il en faudra plus pour me sentir rassurée en sa présence, mais au moins j’ai la sensation d’être libre de mes actions et mes choix. Beaucoup d’entre eux s’orienteront autour des intérêts de Lexie, mais au moins je n’ai plus crainte que Weston ne tentera de s’approprier ma vie. Du moins pas pour le moment.

Je décide de ne pas continuer sur cette pente glissante et de plutôt venir en aide à mon ex avec le souper. Malheureusement, je ne suis pas plus douée que lui en cuisine. J’observe le contenu, en me disant qu’il exagère un peu. Bien sûr, la viande sera un peu sèche sans plus de sauce et les patates sont plus que trop cuites. Je réfléchis tout en posant les assiettes sur la table, ignorant les petits bras qui tentent de m’attraper les pieds.

«Hum, je ne suis pas magicienne, mais si tu me donnes environ vingt-vingt cinq minutes, je peux te préparer mes patates au beurre. Ça te donnera le temps de faire quelque chose avec la sauce non? Peut-être de nous en préparer un peu plus?»

J’entends les enfants protester devant la nouvelle mention d’un délai dans le repas. Effectivement, ils doivent mourir de faim à cette heure et moi-même je regarde la viande avec grande envie. Mais c’est un souper de Noël et il se doit d’être réussi. Je prends donc les devants et me mets à préparer mes fameuses patates au beurre, à peu près une des seules recettes que je parviens à réussir. Pendant ce temps, Lexie s’impatiente. Elle s’approche de moi en pleurnichant presque.

«M’maaaaan j’ai faiiiim!»

«Il va falloir attendre un peu, ma chérie, papa et moi on termine le souper.»

«Mais j’ai faim!»


Elle se met à me pousser et à gigoter dans tous les sens. Lexie n’agit jamais ainsi avec son père. Mais avec moi ce n’est pas si facile. Je ne suis pas aussi douée en discipline que je le devrais. Je décide de l’ignorer, m’adressant le plus calmement possible à Weston.

«Je vais superviser la sauce. Tu crois que tu peux occuper les deux monstres en attendant?»

Les préparatifs font à peu près trente minutes, suite à quoi j’annonce fièrement que le souper est prêt. Ça me fait étrange de cuisiner dans la cuisine de Weston, dans ses choses, d’annoncer le repas dans sa maison. Je leur souris, un peu gênée, tandis qu’ils arrivent, nerveuse alors que nous prenons place autour de la table. Les enfants se servent avec appétit. Personnellement, j’attends patiemment mon tour.

«Dis Weston, tu aurais pas un peu de vin? Avoir su que je restais, j’aurais pensé en amener… Enfin, je ne veux pas boire si ça te rend inconfortable, je ne sais pas si tu es encore abstinent de ce côté.»

Car j’aimerais bien un peu de vin pour passer mes nerfs là.
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Jeu 8 Mar 2018 - 17:49
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Weston Elric

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À bien y repenser, c’est probablement vrai que j’ai changé, à travers les années. Et j’imagine que cela doit être encore plus flagrant pour la rose, qui ne m’a pas côtoyer à chaque jour. Et j’avoue qu’elle-même a changé. Physiquement, oui, mais ce n’est pas de ça que je parle. Elle est différente de celle que j’ai rencontré, durant cette soirée bien arrosée, même si je ne saurais vraiment expliquer en long et en large en quoi elle n’est plus la même. Et j’imagine qu’il en est de même de son bord. Nous avons probablement simplement grandit, tous les deux. Moi de par mon rôle de père célibataire, et elle, de par son cheminement personnel, et tout ce que ses choix ont pu lui coûter. Au final, nous avons tous les deux fait notre petit bout de chemins, empruntant des sentiers différents, pour devenir ces êtres qui n’ont aujourd’hui plus grand-chose en commun, si ce n’est que de ces deux magnifiques enfants.

Mercy me propose de tenter d’arranger un peu le sort des pommes de terre, tout en me laissant la chance de faire quelque chose avec ce morceau de viande, et même si les deux petits estomacs sur pattes protestent, j’y vois quant à moi une occasion d’améliorer le sort de notre repas. Je m’active donc à sortir un nouveau sachet de sauce en poudre pour le jambon. Il ne s’agit pas de la même qu’il y a déjà dans le plat, mais je n’en ai plus, et je ne prétendrai pas être en mesure d’en faire avec comme seules directives celles que j’invendrais. Mais je suis interrompu dans la préparation par Lexie, qui proteste haut et fort. Ce délais supplémentaire dans le repas ne lui plait pas, et elle ne se fait pas prier pour l’exprimer à sa mère, qui semble légèrement désemparée par la situation, et qui ne tarde pas à me demander de l’aide. Je lance aussitôt un regard à la petite fille, qui ne tarde pas à cesser ses enfantillages avant de venir me rejoindre.

J'entraîne les deux enfants dans le salon, afin de les divertir le temps que Mercy puisse terminer le repas, ce qui me fait plutôt drôle. Ce soir, on pourrait presque croire que nous appartenons à une famille normale. Un papa, une maman, et deux enfants, bien heureux et soudés, en cette soirée de Noël. Il me fait drôle de me dire qu’une fois le repas terminé, cette image de la famille parfaite prendra fin. Qu’à la fin de cette soirée, Mercy et moi poursuivrons sur nos chemins différents, et nous redeviendrons ces deux êtres ne partageant plus rien, hormi des enfants.

Bientôt la rose nous rappelle à table, et les enfants ne se font pas prier pour aller se glisser les pieds sous la table avant de se servir d’énormes portions qu’ils, je le devine, ne seront jamais capable de finir. Je les observe avec un sourire, me servant quant à moi une portion raisonnable, puisque j’aurai très certainement à terminer les plats de Lexie et Ben. J’en profite pour passer les plats à la rose, qui me demande si je n’aurais pas du vin. Je m’arrête dans mon mouvement, laissant le plat de pommes de terre planer au-dessus de mon assiette.

-Euh, non, je… J’ai pas d’alcool, désolé… Enfin, j’ai des drink sans alcool, tu sais, à saveur de Mojito, Sangria, et tous ces trucs là, si tu v-

-C’est pas vrai ça, papa!

Je me retourne aussitôt vers Benjie, qui vient de me couper avec fermeté. Le petit a planté ses iris bleus dans les miens, et durant l’espace d’un instant, je ne sais pas trop comment réagir. Depuis les évènements qui ont suivi la naissance de ma fille, il est vrai que je n’ai pas toujours été abstinent. Il m’est arrivé quelques rechutes. Sauf que je ne vois pas en quoi mon fils aurait pu être au courant, puisque je me suis toujours assuré de ne jamais mêler mes enfants à tout ceci. Je n’ai jamais bu une seule goutte d’alcool devant eux. Je n’ai jamais fumé d’herbe en leur présence. J’ai toujours tout fait pour les protéger de ce monde auquel je me suis moi-même exposé. Je tente de balbutier quelques mots en direction de mon fils, visiblement troublée de savoir qu’il pourrait être au courant, mais le petit me coupe à nouveau.

-Tu te souviens pas, papa?

Devant l’air incertain que je lui offre, le petit garçon pousse un soupire avant de se lever de sa chaise, traînant celle-ci derrière lui sans même essayer de ne pas faire un vacarme, pour se diriger vers la vitrine du salon. Montant sur la chaise, le garçon s’empare de quelque chose en hauteur, pour revenir vers nous en faisant toujours autant de bruit, en me présentant, un air triomphant au visage, une belle bouteille de vin rouge, daté 2017, entourée d’un joli petit ruban rose. Aussitôt, un grand soulagement s’empare de moi, alors que j’échappe un petit rire.

-Ah ouais, ça! Tu te souviens, Mercy, de mon pote avec les jumeaux? Il m’avait envoyé ça, quelques mois après la naissance de Lexie.

Je tend la bouteille à la rose, qu’elle puisse la contempler d’elle-même. Pour être honnête, j’avais complètement oublié qu’on m’avait envoyé cette bouteille. Et comme j’ai depuis longtemps perdu le contact avec mon vieil ami, qui s’était très rapidement retrouvé dans de nouvelles situations merdiques impliquant la drogue, les problèmes d’argent, la violence conjugale et un paquet d’autres merdes, je n’y pensais plus vraiment.

-Apparemment, 2017 est l’une des meilleures années pour les rouges africains! Ou en tout cas, c’est ce qu’il m’avait dit.

Tout en haussant les épaules, je me redresse pour aller chercher un ouvre bouteille, ainsi que deux coupes, que je ramène à table, avant de réaliser que le regard de mon fils s’est de nouveau posé sur moi, portant cette fois une teinte d’incompréhension. Il observe tour à tour la coupe, la bouteille, et mon visage, avant que je ne réalise ce qui se passe.

-Ah ouais, je sais pas pourquoi j’ai sortit deux coupes… Vieux réflexe, j’imagine…

Je lance un sourire rassurant à mon fils, avant de retourner la coupe.


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Dim 18 Mar 2018 - 20:22
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Je regrette un peu avoir posé la question, mais en même temps si Weston est incapable de faire face à un questionnement légitime, alors à quoi son abstinence tient-elle? Oh, je suis dure probablement, et même sûrement insensible. Mais sa consommation a apporté son lot de conséquences dans notre vie même si j’ai tout fait pour ne rien voir pendant longtemps. Mon but n’est pas de lui remettre sous le nez, j’ai simplement l’envie honnête de siroter un peu de vin car tout ceci me rend inconfortable. Je ne veux pas apporter le même malaise chez lui, je suis d’ailleurs surprise de la facilité avec laquelle il réagit, comme si tout ceci ne l’affectait pas. Au moins nous n’allons pas nous prendre la tête sur ce sujet, ce qui me rassure. Je laisse Benjie dénicher une bouteille de vin dont Weston n’avait même plus souvenir. Je me demande comment de se sortir une coupe peut être un vieux réflexe quand il a supposément été abstinent depuis plusieurs années mais je ne dis rien, sachant le sujet épineux. De toute manière, je n’aurais rien à dire, c’est moi qui a envie de combler mon anxiété avec de l’alcool maintenant. Je goûte à la boisson, en appréciant aussitôt le goût. Effectivement, Weston n’a pas menti, il s’agit d’une excellente bouteille. Je finis rapidement un premier verre avant d’en entamer un deuxième.

Pendant nos échanges, prudents quoique teintés de bonne humeur, j’offre souvent des coups d’œil du côté de Lexie. Elle semble un peu confuse, surveillant chaque mot. Elle n’a pas l’habitude de nous voir tous rassemblés. Je ne vois pas de paix chez elle, ce qui me rassure dans un sens. Je préfère qu’elle ne s’habitue pas à une réalité à laquelle elle n’aura jamais la chance de goûter pleinement. Elle ne semble pas troublée non plus, simplement incertaine de la manière de se conduire. Je sens son regard sur moi, comme si elle s’assurait de ma présence. Je me demande à quel point j’ai pu la blesser et si nous parviendrons un jour. Un jour à ne plus faire semblant. Nous passons somme toute une assez bonne soirée, bien que sobre, bien que bien des choses sont tues sans être toutefois ignorées. Je tente d’intervenir tout au long du repas afin d’établir des limites invisibles entre moi et Benjamin, entre moi et Weston. Je pense que je devais rester ce soir, au moins pour me mettre au défi, pour tester mes désirs enfouis, pour m’évertuer à ne pas agir n’importe comment. Peut-être pouvais-je me permettre de me lancer sur des avenues difficiles auparavant, mais je n’en ai plus la force. Je ne suis pas prête à guérir encore, mais je sais que cela viendra avec le temps et pas à n’importe prix.

Je quitte ce soir-là en ayant ingéré un peu plus de la bouteille et en emportant le reste en promettant de lui acheter un truc en retour. J’ai quitté perplexe sur certaines choses mais rassurées sur d’autres. Nous jouerons toujours avec le feu, me dis-je, mais c’est en le vivant que notre situation devient plus supportable. J’ai cru qu’il s’agissait d’une tragédie mais je me dis maintenant qu’il y a d’autres façons d’être heureux. Je dois simplement les découvrir.
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Lun 2 Avr 2018 - 16:52
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