Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

Période en cours
Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

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Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

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Ailleurs (OS, évolution)
Ludwig Green
Ailleurs.
Ferme des Green-Onizuka / Collège - Mi-octobre
Ludwig  Sami
/!/ TW : dépression (et déni total), harcèlement et brimades scolaires, agression verbale… Lulu est très sur la défensive et totalement à côté de la plaque dans cet arc. Cependant, même si ça ne lui ressemble pas et qu’il lui arrive des trucs pas marrants, il se comporte comme un gros sac et, bon, l’idée n’est pas d’excuser son comportement :V Vala vala. /!/

Je suis arrivé au point où je ne sais pas pourquoi je continue d’aller au collège et persiste à m’imposer la présence de mes camarades depuis la rentrée. Les premières semaines, j’ai eu la naïveté de croire que ça allait s’arrêter, parfois même, je me surprenait à rire des moqueries de mauvais gout qu’on me faisait subit, à base de « ah c’est marrant Lulu il a pas de parents ou de vraie famille », « eh Lulu, la fille de ton tuteur c’est pas ta sœur, ça veut dire que techniquement tu peux te marier avec ou comment ça se passe ? » ou plus simplement des choses plus stupides mais tout aussi douloureuses comme « eh, faut te coiffer le matin, on dirait un balais à chiotte ». Probablement que je me l’impose car je n’arrive pas à leur donner tord. Et parce que je ne veux pas me faire plus remarquer que ça… Ce serait vendre que ce qu’ils disent est peut-être vrai, que je suis un lâche incapable de régler ses problèmes tout seul. C’est surement stupide. Je ne suis… personne n’est invincible, personne n’est assez mature ou impassible pour ignorer quand on l’attaque personnellement sans aucune raison apparente.

Donc, je le savais déjà un peu, mais, c’est forcément moi le problème. Et je crois savoir pourquoi… Je le devine sans aucun mal. Ma famille n’a même pas pu me garder, je n’ai même pas de véritable famille, avec des gens que je considère comme les miens, en qui j’ai une confiance absolue. Je n’ai pas ce genre de liens, et, peut-être bien que c’est anormal, pour eux. Je suis toujours en train de m’apitoyer, aussi, évidemment que ça donne envie de me pousser à bout. Si j’étais moins pleurnichard et une chochotte… Je n’en ai même pas parlé à Alice, ni à Lise qui peut pourtant témoigner de ce qui m’arrive presque tous les jours depuis plus d’un mois désormais. Et pour ce qui est de Soltan et de ses enfants… Bah… La rentrée de Marilyn est déjà source de suffisamment d’ennuis pour Soltan et Shizune… Je ne peux pas me permettre d’interférer avec mes propres problèmes que je pourrais très bien gérer par moi-même, si seulement j’étais assez courageux et moins lâche. C’est peut-être des conneries, mais, je fais comme si ne rien était, à la maison. J’essaie de sourire même si je n’en ai plus vraiment la force, je discute avec Alice comme d’habitude, je ris aux blagues, bref, je sauve les apparences alors que je préférerais m’enfermer dans ma chambre, rester au fond de mon lit le matin et ne pas sortir du tout. Mais, il est toutefois vrai que je sors moins. Je n’y prends pas le même plaisir. Certes, l’évolution récente de mon Lenny en Roucarnage m’a mis du baume au cœur mais… Lui et Lizbeth sont bizarres, depuis quelque temps. Cette dernière, d’ailleurs, est très souvent partie ailleurs, l’esprit occupé à d’autres pensées, que je ne peux bien entendu pas déchiffrer. Mais, donc, elle non plus, je ne peux pas me reposer sur elle sans cesse. Mes autres alliés sont inquiets, quant à eux. Ils sentent que quelque chose cloche. Mais je nie en bloc et puis… Ce sont des Pokémon, je doute qu’ils puissent vraiment comprendre… Ce serait probablement ça, le pire, en fait… Que tous ces gens et ces Pokémon, ils ne comprennent pas ce qui m’arrive. Qu’ils ne comprennent pas pourquoi ça me fait si mal et pourquoi je ne me sens pas encore capable d’en parler.

Au collège, j’ai au moins trouvé un moyen d’être tranquille pendant les récréations. Je peux toujours me réfugier au CDI, là, Raoul n’oserait pas venir m’embêter. A vrai dire je ne sais même pas si lui et ses potes savent ce que c’est, le CDI. Oui, je deviens condescendant, m’enfin, c’est pas moi qui ait commencé. Sauf que je passe mn temps à être parano au cas où je devrais trouver quelque chose à répondre aux remarques désagréables que l’on m’impose et je me mets parfois à craindre que mes camarades en viennent aux mains… Je fais même déjà attention de ne pas me retrouver dans un endroit ou je serais seul et qu’ils pourraient venir m’embêter et… Bref. A force d’être à fleur de peau et prendre sur moi, je ne fais plus attention au reste. Bon, mes notes étaient déjà de moins en moins bonnes donc elles ne font qu’empirer un peu plus et j’oublie parfois de rendre mes devoirs, m’enfin, je suis arrivé à en être totalement indifférent. Mais, pire que ça… J’ai peur de tout le monde, je suis sans arrêts sur la défensive et à vrai dire je n’ai juste plus de place pour les autres en ce moment. Je n’ai qu’envie de me refermer. De toute façon, je ne mérite pas grand monde. Je suis trop faible. Désolé, hein, je ne peux pas juste grandir du jour au lendemain et devenir plus « mature » et avoir plus de distance juste car cela me chante et parce que c’est juste une histoire d’état d’esprit et de dignité… Ni me forcer à lutter « courageusement » parce que j’en ai envie et que quand même, hein, j’aurais bien tord de me plaindre. Non, vraiment, je me fiche de ce que peuvent penser les autres, ils ne peuvent pas comprendre. Et si ça parait emo, eh ben… Ils n’ont pas vécu ce que je vis, peut-être. Quelque part je m’en fiche un peu.

C’est la pause de midi et après avoir pas touché grand-chose de mon sandwich je me suis réfugié au CDI pour… Bah, y’a pas grand monde à la bibli à cette heure, donc, juste pour être tranquille, j’imagine. J’observe les étagères et je repense à tous les livres qu’il y avait chez papa et maman et aussi chez Alex… Comment il pouvait autant lire pleins de trucs, comme ça ? Moi, j’ai toujours eu du mal avec la lecture, j’ai toujours préféré qu’on me lise des trucs et puis, j’ai toujours été plus forcé de lire des trucs « pour ma culture » que parce que j’en avais envie. Enfin… Je ferais mieux de prendre un bouquin au pif pour faire genre que je suis quand même ici pour lire et juste y’en a un sur ma table. Je ne sais même pas ce que je lis et je planque même mon phone derrière pour pas que la documentaliste ne me capte. Et c’est là que je remarque une chevelure rousse qui passe près de ma table et dont la propriétaire s’adresse à moi.

« Hé, salut, Ludwig ! »


Lise m’a trouvé, mais, bon, si c’est Lise, ça va. Je n’ai pas de raison de me méfier d’elle, pas vrai… ? Je ne sais pas trop comment réagir à son arrivée, je suis tellement refermé et déconnecté ces temps-ci que j’en viens à oublier les gens qui sont cools avec moi et que j’apprécie. Comme je dois surement l’observer avec un air de Scrutella totalement traumatisé.

« Euh… Ça va ? Tu lis quoi ? »

Me demanda-t-elle, l’air un peu gênée en l’absence de réponse de ma part.

« Ah ! Euh… »


Dis-je en rangeant en vitesse mon portable dans ma poche comme si ne rien était, puis je regarde la couverture du livre que j’ai pris au hasard… Pour découvrir que je l’avais pris à l’envers. Roh… La honte… Enfin, ça la fait rire donc j’imagine qu’elle… se moque de moi ? Enfin, c’est Lise, j’imagine qu’elle ne pense pas à mal, même si je la connais pas vraiment, au fond, mais, elle a toujours eu l’air gentille et.. bref.

« Euh… bah, je lis ça. »


Dis-je en essayant de forcer un sourire. La rouquine à lunettes ne semble pas à l’aise.

« Euh… Le Bescherelle… ? Ahah… »

J’ai vraiment pas vérifié avant… Roh, c’est bon, hein. Je me sens m’empourprer et faire la moue pour bouder un peu, alors que j’ai pas envie de faire boudinette ou de la mettre mal à l’aise. Mais je me sens me refermer comme une huitre sans pouvoir m’en empêcher. J’ai l’impression que tout est une attaque à mon encontre… Bougre d’abruti.

« Dis, tu es sûr que ça va ? »

Finit-elle par me demander, l’air sincèrement inquiète pour moi. Et je ne sais pas quoi faire. J’aimerais vider mon sac, ici et maintenant, si je le pouvais. Mais un nœud s’est formé dans ma gorge et bloque tout ce qui pourrait sortir. Sous le coup de la frustration et de la honte qui m’envahit, parce que oui, ça se voit peut-être que je ne vais pas bien et que je suis une chiffe molle qui se cache au CDI. Il ne vaut peut-être mieux pas trainer avec moi. Après tout, les autres ont raison.

« Mais oui, ça va… »


Dis-je, bien trop sèchement. Je ne voulais pas parler ainsi à Lise qui sembla pas franchement agréablement surprise par l’agressivité dans ma voix. Je ne voulais pas l’accuser ou être méchant, mais… Je peux l’être. Il faut croire qu’être un gros sac n’est pas le monopole de Raoul, après tout. Comme mon regard était resté rivé sur la table et que je n’osais plus décrocher un mot ou un regard vers Lise qui se tenait là… Elle a fini par partir s’installer ailleurs avec un regard apitoyé. Mes mains, quant à elles, se sont refermées sur les pages de ce foutu Besherelle… j’ai envie de disparaitre. Je ne veux plus voir leur tronche, à tous. Je ne veux plus être là. Je veux être… Je ne veux être nulle part, en fait. Après tout, je n’ai même pas de famille ou de véritable « chez moi », pas vrai… ?

***


Enfin. Je suis rentré du collège. L’ambiance n’a pas l’air au top, dans le salon. Sotan est déjà à la cuisine en train de préparer en avance le repas et il lève vaguement le visage vers moi pour me saluer et me demander si ma journée s’était bien passée… Il en a vraiment quelque chose à faire, ou il demande juste pour la forme… ? Il a l'air fatigué, en ce moment, entre la ferme, les soucis de Marilyn à l'école et le fait qu'il se prenne souvent le chou avec Shizune.

« Oui, oui… »
Mentis-je en fouillant dans mon sac, indifférent à ce qui allait se passer ensuite. « Y’a le prof d’anglais qui voulait qu’on fasse signer les contrôles de cet aprèm. »

Il approuve d’un « hm-hm » d’ours pas très bien réveillé puis je lui tend ma (mauvaise) copie (6/20 c’est pas exactement brillant) avec un stylo, déjà méfiant vis-à-vis des réflexions que je pourrais me prendre. Le fermier regarda brièvement la note et l’appréciation, haussa un sourcil et signa sans lâcher un seul commentaire. Huh… Il s’en fout, en fait, que mes notes se cassent la margoulette, hein… ? Je reste un moment derrière le bar, en regardant la signature sur ma copie.

« Euh… c’est tout… ? »

Mon tuteur se redressa et me considéra quelques secondes en silence, avant de comprendre où je voulais en venir.

« Ah… Bah, c’est qu’une note. » Dit-il en haussant les épaules. Je sais pas ce que j’attendais, en fait. « Et puis, tu fais déjà de ton mieux, non ? »

Des fois, je me demande s’il n’est pas juste totalement naïf, plus qu’indifférent. C’est vrai qu’il est vraiment neutre en ce qui concerne les résultats scolaires. Il ne fiche pas la pression, et j’ai toujours du mal à m’y faire. Si ça avait été mes parents biologiques ou Alex… Bah, les vieux m’auraient fait un sermon sur la valeur des études et Alex aurait dit que je pouvais mieux faire, surtout pour les matières littéraires car lui, au même âge, blablabla… Bordel, je suis tellement blasé par tout que même Alex m’énerve. J’ai juste, des choses qu’il m’a dites par le passé qui remontent en ce moment et qui me mettent en colère… Comme quand il m’avait fustigé car j’aimais pas lire et que lui, il lit pleins de trucs donc forcément, apparemment, bah, c’est que, selon lui, il était mieux. Tss.

Je me contente de hocher la tête même si ce n’est probablement pas vrai. Enfin, j’ai pas vraiment la foi de faire « mieux », ces temps-ci. Je dois quand même admettre que Soltan a toujours été très décent à ce niveau. Il n’a jamais été pénible car mes notes ont baissé depuis qu’Alex est partie et quand ça ne va pas très fort. Enfin, maintenant que j’y pense… Je ne suis jamais vraiment… Enfin, je suis quand même triste un peu tout le temps et ça… Même quand j’avais 6 ans, j’avais déjà cette impression. Mais… Je peux pas être dépressif, hein ? Je veux dire… Les enfants et les ados, ça peut pas être dépressif, de toute façon… C-c’est que pour les adultes qu’on des trucs à se reprocher comme mon père biologique… Pas vrai… ?

« Ça va… ? »

La voix de Soltan me tire de ma rumination. Encore une fois, je me force à sourire. C’est la deuxième personne qui me pose la question aujourd’hui, je commence à me demander si les gens ne se doutent pas de quelque chose. Mais je ne veux pas imposer ça à mon tuteur, il a d’autres chats à fouetter et, bah, même s’il est loin d’être mauvais, Soltan, c’est Soltan et il a parfois l’air tellement indifférent…

« Ouais ! »

Tentais-je de le convaincre avec un faux sourire.

« Tu es sûr ? »

Pourquoi il insiste… Je n’en vaux pas la peine, et puis, il peut me croire sur parole, quand même ! Il ne m’en faut pas beaucoup pour prendre la mouche et me retrancher derrière ma carapace.

« Mais oui, c’est bon ! C’est juste ma note qui m’a blasé… »

Ronchonnais-je en remettant mon sac sur mon dos pour monter dans ma chambre. Soltan lâcha un « ok… » peu convaincu en me regardant franchir les marches, avant de me lancer de nouvelles interrogations.

«Tu vas toujours voir ton cousin, le week-end qui vient ? »


Je m’arrête dans l’escalier. Ah, oui. J’avais presque oublié que je prévoyais d’aller chez Ellias le premier week-end des vacances. Au moins ce sera toujours mieux qu’ici… Quoique, quoiqu’il en soi, je ne serais toujours pas chez moi. Enfin. J’acquiesce d’un hochement de tête avec un « ah, ouais », puis monte à l’étage. En arrivant dans ma chambre, je balance le sac sur mon lit et m’assois devant l’ordinateur, commençant à regarder tout et surtout rien sur les réseaux sociaux pour m’occuper l’esprit et me détourner de la lourdeur qui me pèse sur le cœur, le ventre, et tout le corps, en fait. Je me sens lourd, poisseux, comme si j’étais dans une eau stagnante sombre et oppressante, menaçant de m’immerger. Comme si une goutte pouvait suffire à me plonger dans cet étang sans fond.

« Lulu, tu m’passes l’ordi ? J’ai un devoir à faire ! Enfin, Iris, mais, j’dois l’aider, c’est chiant… »

Et c’est là que Marilyn est entrée sans frapper. Pour se plaindre et me casser les oreilles, comme d’habitude. Saint Giratina tout nu, ce qu’elle m’énerve… Elle commence à chigner sur Iris qui est restée dans la porte et qui me fait « coucou », d’un air un peu piteux.

« Hé ! Tu pourrais frapper et demander normal ?! »

Lui lançais-je, à fleur de peau, et déjà agacé. Marilyn haussa un sourcil et j’ai bien sentit qu’elle venait de se tendre, qu’elle n’avait pas apprécié, en se mettait à son tour sur la défensive.

« Ouais, euh, c’est bon, euh… »
« J’ai besoin de l’ordi, toute façon, faudra attendre, là… »


Marilyn renifle, mécontente et ne se gêne pas pour venir regarder mon écran.

« Mes fesses, ouais ! T’est sur Twitter ! »
« Nah, mais, ça va, là ?! Vas voir ailleurs ! »


Dis-je en lui cachant l’écran de l’ordinateur portable. Elle veut me priver de ma distraction ?! Elle sais ce que c’est, ce que je ressens, déjà ? Ce qu’elle m’énerve. Elle a même pas dit « s’il te plaît », en plus.

« Mais aller, s’teupléééé ! Déjà que Papa est toujours en train de m’saouler et que j’dois aider la p’tite pour ses devoirs, là… Tu pourrais être sympa, quand même ! »

Ah bah oui, parce que c’est moi le méchant maintenant ! Mais quelle conne… Elle me fixe et je ne dévie pas le regard, n’entendant pas Iris qui nous demande de ne pas nous battre. Après quelques secondes ou l’autre gamine essaie de m’impressionner, elle se rue d’un coup sur l’ordi pour me le prendre. Mais quelle ! Je lui reprends sans ménagement, elle essaie de faire de même et Iris s’en va chercher son père. Alors qu’on se traite de tous les noms, je finis par lui arracher l’ordi et… Je crois que le regard à la fois furieux et peiné que m’a lancé Marilyn a été ce qui a fait tout déborder. Je ne pensais pas être capable de prononcer (ou plutôt crier) ce qui suivit à voix haute…

« Mais putain, tu me fais chier, bordel ! »


Je ne crois pas que Marilyn s’y attendait non plus. Elle recule vivement et je la vois un instant démuni, blessée, avant qu’elle ne revienne à la charge avec sa provoc.

« Quoi ? Qu’est-ce que t’as ?! »


Ce que j’ai ? C’est quoi mon problème ?! Bah, là, c’est elle mon problème. J’ai pas demandé à l’entendre se plaindre de sa famille, comme si j’avais besoin d’entendre ça en ce moment, avec ce que je me traine déjà à ce niveau.

« T’es toujours en train de te plaindre ! Gnagnagna, Papa par ici, Papa par là, Iris, Maman, et gnagnagna… J’ai une tête de bureau des pleurs ?! »

Cette fois, je l’aie heurtée pour de bon. Je le vois mais pourtant je continue. Je sais pas, j’ai soudain envie d’être agressif et vicieux avec elle, car j’ai l’idée totalement bizarre que ça me permettra de me débarrasser de ce qui me fait mal, moi. De toute façon, il leur faudrait bien ça pour comprendre, et elle m’a poussé à bout, alors, tant pis pour elle.

« Pourquoi tu te plains, hein ?! T’as des parents, toi, au moins, alors arrêtes de faire chier comme si ta vie elle était « trooop duuure » ! »


Et je continue de m’enfoncer. Marilyn passe du choc à la colère noire. Elle s’avance vers moi de nouveau et j’ai l’impression qu’elle pourrait me sauter à la gorge… Mais elle croit qu’elle me fait peur, hein ? C’est pas parce qu’elle connait des gros mots à 12 ans et qu’elle crie fort qu’elle va impressionner !

« Ouais bah ta gueule toi-même, d’abord ! Pas étonnant que t’aies pas d’amis, hein ! »


Elle me fusille encore du regard puis se dirige vers la porte pour sortir de ma chambre, me décochant une dernière remarque cinglante.

« T’es qu’un gros naze ! »
« Et toi t’es une petite conne ! »


Lui renvoyais-je sur le même ton agressif, puis c’est là que Soltan apparait dans l’entrebâillement de la porte, imposant sa présence et… Bah, clairement, on fait moins les malins, tout d’un coup. L’air concerné et pas franchement content de la tournure qu’on prit les choses, il nous lance à tous deux des regards pleins de reproches. Il laisse passer quelques secondes de silence avant de s’adresser à nous avec fermeté.

« Dis-donc, vous allez baisser d’un ton, tous les deux, je vous ait entendu depuis la grange. Je peux savoir ce qui se passe ? »
« C’est Lulu ! Il veut pas passer l’ordi pour que j’aide Iris avec ses devoirs ! »


Ah, c’est ça, ouais ! Y’a pas cinq minutes elle se plaignait de devoir donner un coup de main à sa sœur… Hypocrite, va. Je me contente de lui lancer un regard noir en me justifiant assez piteusement d’un :

« Pff, ouais, bah, ça va… T’avais qu’à bien demander, d’abbord. »
« Vous allez vous excuser tout de suite et Lulu, donnes cet ordi à Marilyn et Iris. Tu l’aurais plus tard. »


De mauvaise grâce, je m’exécute avec un grognement sourd. Soltan fait sortir Marilyn après qu’on se soit marmonné des « pardon » peu convaincants. Tandis qu’il reste encore un peu devant ma porte, je commence à me sentir franchement mal… Qu’est-ce qui m’a pris… ? C’est pas moi, ça… En plus, je sais qu’il va falloir en parler la prochaine fois à l’assistante sociale. Qu’est-ce qui va m’arriver, si elle capte que j’arrive pas à supporter mon tuteur et ses enfants ces derniers temps ? Quel abruti.

« Ludwig, qu’est-ce que… ? »

La question de Soltan me secoue de nouveau et je n’ai absolument pas envie de lui répondre. Je ne sais pas ce que j’ai, mais, je ne vais pas bien. Et je n’ai pas envie qu’il me le dise, ou de tout lui déballer pour l’école. J’ai peur qu’il me voie comme un fardeau et je ne veux pas lui causer des ennuis, si l’assistante sociale découvre le pot-aux-roses aussi. Si ça se trouve, après ça, il ne voudra plus de moi, dira tout ça à l’assistante sociale la semaine prochaine quand je rentrerais de chez Ellias… Il vaut mieux qu’il ne sache pas et que personne ne sache. Ça ne fera que causer plus d’ennuis, aux gens que j’apprécie et aussi à moi.

« Rien, c’est bon… Laisses-moi là, j’ai juste envie d’être tranquille. »

Lui renvoyais-je, sèchement, en me donnant l’air d’être tout à fait calme et en contrôle de moi-même… Tu parles. Je veux juste être seul et disparaitre de ce plan de l’existence. Soltan sort et ferme la porte, je crois qu’au passage, il a suggéré qu’il pouvait être là pour en parler, mais je n’écoutais plus. Et moi, je me refugie sur mon lit, contre le coin du mur, ramenant mes genoux contre moi et blottissant ma tête entre mes bras. Pendant tout ce temps, je n’avais pas vu Sami, ma Hélionceau, qui dormait dans un carton (alors que je lui avais mis un coussin juste à côté… mais bon, j’imagine que les lionnes c’est comme les chats, à ce niveau). Elle avait été réveillée, bien sur, et vint se frotter contre moi, ronronnant pour me détendre.

« P-pas maintenant, Sami… »


Lui dis-je, entre les sanglots qui ont fini par déborder de ma gorge. Je me sens tellement mal… Comment j’ai pu être aussi méchant envers Mari… ? Elle a peut-être été impolie mais elle n’avait pas demandé à entendre tant de trucs aussi gratuits et agressifs. Jamais elle ne me le pardonnera. Je veux juste oublier et qu’elle oublie aussi… Je vais me faire tout petit. Plus jamais je ne la blesserais, si j’essaie de disparaître un peu, voire… Si je partais… ? Ça tombe bien, j’irais chez Ellias bientôt, elle sera plus obligée de voir ma tronche. Mon ventre recommence à me faire mal et je me recroqueville encore plus. C’est alors que la douce et tendre chaleur de Sami, au départ blottie contre mes jambes, commença à m’entourer tout entier. En ouvrant les yeux, je constate la présence de deux grosses pattes fluffy posées sur mes épaules et de regard félin de la Némélios veillant au grain. Je me remets pourtant à pleurer, tandis que Sami s’allonge sur le lit avec moi, me gardant contre elle de manière à me réconforter. Je ne vais pas rester ici, non… Soltan et Marilyn, et même Lise… Ils n’auront pas à me supporter dans cet état encore longtemps, comme ça. Si je ne peux pas les rendre heureux par ma présence alors… je crois bien que c’est le bon choix.  
Ludwig Green
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Dim 14 Oct 2018 - 16:01
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