Suite de cette capture

PDV Samaël


« Clive me manque. »

Pour des raisons plutôt évidentes, je n'aime pas trop parler de la prison d'Amanil. Ce n'est pas un endroit où on s'amuse beaucoup, disons. Et je ne vais jamais là-bas pour y faire une promenade de santé. J'y croise des détenus qui ont tous leurs raisons de m'offrir des regards noirs quand je passe devant leurs cellules. Je représente ceux qui, pour la plupart, les ont amené ici. Ceux qu'ils détestent. Alors lorsque Elliott a commencé à m'en parler, je me doutais au fond de ce qui lui pesait. Ce n'était pas anodin qu'il m'en parle quand je sais que son frère demeure au pénitencier. Pour un peu, j'aurais aimé que le silence entre nous continue de planer. Là, je n'ose plus bouger. Ma respiration se bloque un court moment pendant que les mots de l'aubergiste plane dans l'air. Assis dans l'herbe, il n'a pas bougé, regardant dans l'horizon un point qu'il est seul à voir. Moi, je ne sais plus quoi faire. Devrais-je lui répondre quelque chose ?.. Je ne sais pas s'il attend une réponse, mais ce n'est pas pour rien, j'imagine, qu'il m'a parlé de mon métier si soudainement. Le malaise m'entoure soudainement et je grimace, les yeux rivés vers le sol. J'étais à la fois triste et en colère que Clive se rende, mais que pouvais-je y faire ?.. Aujourd'hui, j'éprouve encore plus de peine pour Elliott qui a dû supporter tout ça en restant, tout comme moi, impuissant. Lui plus que moi, d'ailleurs. Au moins, je peux me tenir régulièrement informé, étant donné que je m'occupe de son dossier et que je dois vérifier toutes les semaines des nouvelles en faisant attention à ce qu'il ne finisse pas par commettre l'irréparable.

« Dis... »

Sans grande conviction, je relève mon regard las et attristé vers lui, alors qu'il garde le dos tourné, toujours face à la plaine fleuries qui s'étend à perte de vue devant nous. J'ai hésité à m'approcher, pensant être plus à l'aise avec les gestes que les mots. Mais comme je ne le connais pas encore très bien, j'ai peur que ça n'ait pas un effet très positif. Je me suis même mis à craindre ce qu'il pourrait me dire. Ma poitrine bat plus fort, et moi je deviens incertain quant à la démarche à adopter auprès de lui, attendant juste qu'il finisse ce qu'il a commencé, même si je sens que ça ne risque pas d'être plaisant à entendre. Son visage se tourne lentement vers moi pour me regarder. M'en veut-il ? Je l'ignore. Mais je suis frappé par son expression fatiguée et surtout, son sourire triste qui doit cacher bien plus de peine qu'il ne voudrait sans doute l'admettre.

« Tu pourrais pas trouver un moyen de le faire sortir ?.. »

Apparition en NE - Plaines Fleuries s'il vous plaît o/

PDV Samaël

Un courant d'air glacé vient faire frissonner ma peau. Il fait pourtant tellement bon ici que j'ai probablement juste dû l'imaginer, mais la demande d'Elliott m'inflige un coup à la poitrine, non seulement par ses mots mais aussi par son regard qui me transperce. Je peux y lire sa douleur, sa tristesse. Le manque d'un proche qui lui lacère le cœur plus qu'il ne voudrait sûrement l'admettre. Son sourire chagriné cache pourtant le fait qu'il sait déjà. Il est loin d'être bête, le cadet Donovan. Il sait très bien que la sentence de son frangin est lourde et risque de durer. Attend-il quand même que je fasse quelque chose ?

« Je... »

Les mots restent bloqués dans ma gorge. Mais que pourrais-je lui dire ? Que j'ai déjà tenté tous les moyens pour le faire sortir ? Que je stresse à l'idée qu'on me révèle un jour la réussite d'une de ses tentatives de suicides ? Que même Sirius est impuissant contre sa volonté puisque c'est lui qui a voulu être puni pour ce qu'il a fait au sein du Régime ?

« Je... Je suis désolé...  J'ai essayé, m-mais... Je n'ai pas... Je... »

Mon regard se baisse, embarrassé, frustré, attristé. Il n'y a pas de 'mais'. Sans doute que pour Elliott, de piètres excuses ne serviraient pas à grand chose, de toute manière. Ce ne sont pas elles qui ramèneraient Clive ou qui l'aideront à aller mieux. Je n'ai jamais voulu vraiment éviter le plus jeune de leur fratrie. Ou du moins, je ne l'ai jamais réellement désiré. Il était simplement devenu difficile de pouvoir le regarder en face sans qu'une once de culpabilité me submerge. Par rapport à Clive, par rapport à Faust... Par rapport à cette partie de sa famille dans laquelle je me suis immiscé malgré moi, pour le meilleur comme pour le pire. Alors me confronter au brun à cheveux hérissés, même aujourd'hui, encore plus aujourd'hui, c'est quelque chose que, je me rends compte, est encore peu aisé à faire. Pourtant je sens qu'il a envie de s'approcher de moi, d'une façon ou d'une autre. Ma mère m'a également poussé à faire des efforts. Je pensais être plus discret dans ma façon de l'éviter, disons. J'ai été assez stupide et naïf pour vouloir croire qu'il n'y verrait rien. Mais il l'a remarqué dès le premier jour, et j'en ai encore plus honte.


Fuite et nouvelle apparition en NE - Plaines Fleuries pleeease o/

« Je sais. »

Le fil de ses pensées s'arrête quand Elliott reprend la parole. Sa voix douce mais presque brisée fait grimacer Samaël qui a l'impression d'avoir dit une bêtise. Pourtant il n'y avait pas de bonne ou de mauvaise réponse.

« Je te faisais marcher. »

Le Donovan voulait simplement voir sa réaction, et éventuellement ce qu'il pourrait lui dire à propos de ça. Il n'a pas été au procès de son frère, mais il sait que ce qu'il a fait mérite amplement la punition qu'on lui a attribué ; ou du moins, il s'en doute, puisque le jumeau de Faust était conscient de ce qu'il faisait, quand bien même ça allait être un coup dur pour ses proches. Seule Kagami est venu assister à son jugement, et Elliott s'est longtemps demandé pourquoi sans vraiment en parler directement à la concernée. Sa mère est plus courageuse que lui, de toute évidence. Il n'aurait pas pu supporter pour sa part de devoir entendre le verdict final. Cela l'aurait probablement hanté par la suite. Mais il n'a aucun regret à ce propos. Il préfère se souvenir de lui comme le grand frère de son enfance dans la chambre duquel il venait se réfugier lorsque le bruit de l'orage l'empêchait de dormir ou qu'il se réveillait après ses cauchemars.

« Clive s'est rendu de lui-même, de toute façon. Et il devait avoir ses raisons. Pour ça, et... Et pour Axel. »

La mention de l'enfant ne met pas plus à l'aise l'Enodril, qui ne détourne pourtant pas son regard de l'autre. A contrario, Elliott laisse toujours le sien se perdre au loin. C'est toutefois dans sa mémoire qu'il se plonge progressivement. Il se demande pourquoi c'est Natsume qui prend soin d'Axel. Pourquoi après Faust ce n'est pas à eux que la garde est revenue. Une réponse trône dans ses esprits, amère mais qu'il sait juste néanmoins.



Fuite et nouvelle apparition en NE - Plaines Fleuries pleeease o/

Il ne repense pas souvent à tout ça. Ce sont des questions qui lui font mal, alor il évite de se les poser en temps normal. Seulement la présence de l'Enodril rend ça un peu plus difficile. Mais c'est aussi pour cette raison, quelque part, que Elliott voulait qu'il l'accompagne. Pour qu'ils parlent un peu. De tout. De Faust, de Clive, d'Axel... De leur situation en général, même, que le Donovan ne comprend qu'à moitié, ou du moins, il essaye de plus en plus de deviner ce qui trouble tant son cadet de quelques mois. Cela l'arrangeait bien, au fond, de connaître mieux les tuteurs de son neveu. Il n'a aucun droit sur l'enfant évidemment mais il ne peut pas faire comme s'il n'existait pas, et Elliott ne demande qu'à se rapprocher du petit, si ce dernier le désire.

« Je sais pourquoi on ne l'a pas laissé avec nous. Pourquoi il ne vient nous voir qu'occasionnellement. »

Il se disait, plus jeune, en voyant comment ses frère s'occupaient aussi bien de lui, qu'il en ferait autant avec ses neveux et nièces si jamais l'un d'eux avait des enfants. Benjamin de sa fratrie, il ne connaissait pas plus petit au sein de leur famille et ça ne le dérangeait pas tant que ça. Il voulait pourtant quand même prouver quelque chose et se dire qu'il pourrait lui aussi s'occuper d'autrui, voulant suivre les traces de ses aînés et se comporter comme eux, avoir l'impression de leur ressembler, de devenir ces modèles qu'il espérait tant atteindre un jour. Toutefois, il a dû se rendre à l'évidence en grandissant. Jamais il ne serait comme ses frères, et ce pour plusieurs raisons.

« C'est parce que moi, je suis le petit frère fragile et que maman vieillit. Et Félix... »

Elliott ne sait pas s'il serait capable de s'occuper d'un enfant, au fond, même sans l'excuse de sa santé qui n'a jamais été son alliée. Sans doute que le parrain d'Axel était en soit la meilleure option possible et qu'il sait gérer l'enfant mieux que personne dorénavant. Quand il allait voir Faust au temps où il s'occupait de leur neveu, il voyait bien à quel point le brun à pics avait du mal. Il n'était pas en état pour prendre en charge le fils de Clive alors qu'en plus l'emprisonnement de celui-ci ne datait pas, à ce moment-là, de très longtemps. Mais il y a juste une part de son ego qui est blessée, qui regrette de ne pas avoir été là quand il aurait fallu, qui lui fait se dire très souvent que s'il avait été un peu plus responsable et moins égoïste, il n'en serait pas là. Axel néanmoins est heureux là où il est, et bien traité, ça, c'est une certitude. Et ça rassure Elliott un peu plus chaque jour de savoir que, au moins, l'enfant est quelque part où il pourra s'épanouir et grandir correctement.

« Je ne sais pas si je lui aurais confié un enfant aussi jeune, à Félix. Il aurait été capable de faire quelques bêtises. »

Il esquisse un sourire, blaguant à moitié. En vérité, peut-être que Félix serait un bon parent, après tout. Mais encore une fois, ça arrange bien le Donovan de faire des vannes sur son frère plutôt que de penser au fait qu'il aurait peut-être fini comme Faust avec Axel s'il avait été à sa place. Quelques fois, il se demande où peut bien être sa place, dans tout ça. Il aimerait bien faire quelque chose, pouvoir agir davantage. Le regard rivé au sol, sur l'herbe qui bouge, ne remarque pas que Samaël s'est assis juste à côté de lui. Quand il le lève vers son visage, cependant, il constate une lueur résolue dans ses yeux jaunes qui n'était pas là tout à l'heure. Qu'il n'avait même jamais vu pour le peu de fois qu'ils se sont croisés.


Fuiiiiite
Merci pour la modo o/