J'vous ai rapporté du frometon !
Chez Alice - Fin mai 2024
Ne pas ménager mon tuteur, hein... oui, Alice a raison. Même si j’ai du mal à l’encaisser. C’est pas évidement pour moi, d’admettre que je peux pas tout supporter tout le temps, que je ne peux pas juste « prendre la douleur » des gens que j’aime. Trop souvent, je me dis que si c’est moi qui souffre et pas eux, alors c’est pas si grave. Mais, même si c’est un peu égoïste, j’ai envie d’être heureux aussi, de laisser un peu faire les autres lorsqu’ils sont en mesure de m’aider à avancer plus loin. Des fois, j’ai juste peur de me tromper, de les trahir, en quelque sorte, comme si je leur devais quelque chose pour leur présence. J’imagine que c’est ce qu’on exigeait de moi, fut un temps. Du coup, oui, j’ai peur qu’on me rejette, qu’on me traite d’ingrat juste car je ne demande qu’à vivre juste un peu heureux de temps en temps, parce que j’ai envie que mon tuteur sache que je tiens à lui comme… enfin je sais pas trop, en fait. Mais, je crois que quand on me parle de parent, je pense à lui en premier lieu, désormais. Maintenant que j’y pense, c’est une évidence. Peut-être que c’est pour ça qu’Alice a l’air de dire que c’est si simple. Y’a pas vraiment de manière d’expliquer ce choix, c’est juste arrivé comme ça et… naturellement. Ça me semble même bien plus naturel que… bah, que le fait d’être nécessairement lié à mes parents biologique, en fait. Ça me fait tout bizarre. Penser à eux me provoque des cauchemars et des coups de grosse déprime régulièrement, mais, j’ai enfin l’impression qu’ils sont dans mon passé et qu’ils y resteront. Je me demande si Alice ressent ça aussi ? Je n’oserait jamais trop lui demander des choses sur ce sujet-là, comme personnellement, je n’ai pas très envie non plus qu’on m’interroge sur Helmut et sur Martha.
Je n’ai pas tout de suite répondu aux affirmations et aux explications d’Alice, mais j’ai fini par hocher la tête, l’impression d’être plus lucide que tantôt. Rassuré, aussi.
« Ouais, j’avoue. Je comprends mieux… enfin, je crois. »
C’est marrant, je ne pensais pas que ça deviendrait plus clair aussi rapidement. Je dis pas que tout semble facile tout d’un coup. Parce qu’Alice à raison, c’est assez clair que Soltan doit hésiter à me parler de tous ces trucs. Je l’adore, hein, mais il est quand même un peu coincé. Je veux dire, pour lui parler de trucs perso et surtout de trucs émotionnels c’est compliqué, même s’il fait des efforts avec nous. Enfin, je crois. J’ai des standards vraiment très bas, en même temps, comme dirait l’autre. Si je garde mes réflexions personnelles et mes tergiversation pour moi, je n’en suis pas moins reconnaissant envers Alice qui m’a aidé à mettre des mots sur ce qui me travaille depuis… wah, depuis vraiment un bail, en fait, maintenant que j’y pense. Je crois qu’il y a aussi eu une très longue période où je ne voulais surtout pas y penser et ça a dû jouer.
« Merci, hein. J’crois que ça faisait un bail que ça m’tournait dans la tête mais, euh, bah, j’arrivais pas trop à le dire ou… enfin, bon, c’est cool, quoi, j’me sens moins bizarre, maintenant, haha ! »
Moins bizarre et un peu euphorique. C’est vraiment étrange. C’est comme si je venais de découvrir un nouveau truc super excitant et en même temps c’est quand même vachement sérieux. Je crois que j’avais besoin de cette petite conversation et de poser mes questions un peu bêtes pour que ça se débloque un peu. Fiou.
« Hm. T’as pas faim, toi ? »
Parce que moi, toutes ces émotions ça m’a donné envie d’aller goûter. Et, non, je perds pas le nord.