Defenders.
ft un PNJ, PDV Mina, 30 janvier 2023.
Seize heures. La journée s'achève, déjà. Sincèrement, je ne l'ai pas vue passer ; il faut dire que la petite Moon, en plus du travail déjà prenant de l'Elevage, a réclamé toute notre attention à Minuit & moi-même, aujourd'hui. Curieuse & bien agitée depuis son réveil ce matin, la petite Medhyèna d'habitude si prudente aura couru partout sans arrêt, & fait tourner tout le monde en bourrique inlassablement. Une vraie petite terreur ; mais si adorable que nul ne saurait lui en tenir rigueur, en vérité. Même si j'ai surpris plusieurs fois Brasier à faire son grognon, sous le regard amusé de la jeune Ombre, je sais qu'en dedans il ne pensait pas grand chose de ses râlages, qu'il est au fond une véritable guimauve se faisant passer pour un gros dur plus qu'autre chose. C'était pour la forme, en soi. Tout le monde le sait, mais nul ne lui fera remarquer. Une journée riche en émotions que celle que nous venons de vivre, où la petite louve de l'équipe aura eu sa première action de pokémon d'Hôte de Pension, s'interposant vivement au milieu d'une dispute faisant rage entre un Chacripan & un autre Medhyèna, appartenant tous deux à l'une des hardes de l'Elevage. Elle avait tenté de les calmer avant que cela ne dégénère & qu'il n'y ait des blessés, surtout que chacun des deux adversaires avait derrière lui deux ou trois camarades aux fourrures hérissées.. Cela, je l'avais vu de loin seulement, car au moment où c'était arrivé, la petite Moon venait tout juste d'échapper à mon attention, brièvement. En l'apercevant, ainsi que la situation délicate où elle se trouvait, j'avais aussitôt filé en sa direction, précédée par Minuit courant devant moi pour aller à son soutien. Mais ce n'avait pas été nécessaire. Agacés d'être interrompus, les deux petits pokémons belliqueux avaient décidé de l'attaquer séparément, chacun de leur côté ; & la réaction de la petite femelle avait été immédiate. S'illuminant subitement, elle avait grandi, & répliqué par une magnifique double attaque Coup Bas, adressée à l'un puis à l'autre à une vitesse dont je me doutais qu'elle-même ne s'était pas rendue compte. C'était désormais une superbe Grahyèna qui se tenait là, surplombant de toute sa hauteur le Chacripan & le Medhyèna tous deux à terre après qu'elle les ait vivement fauchés, un grondement bas & menaçant s'échappant de sa gorge alors que les deux adversaires se tassaient au sol, soudainement peu désireux de la défier. Un petit sourire en coin sur le visage, je l'avais rejointe finalement, posant une main sur sa tête pour la féliciter. Etait-ce pour cela qu'elle était si agitée ce jour-là, sentait-elle venir son évolution? Voilà qui resterait un mystère. Mais nul doute qu'elle était magnifique, ainsi.
Seize heures trente. L'heure de faire un tour à la Pouponnière, de contrôler l'état de mes œufs. De constater avec une certaine satisfaction que tout semble en ordre, & même que le bébé Cornèbre qui m'a inquiétée plusieurs jours durant semble enfin stabilisé. Il me faudra contacter son futur dresseur, qui m'a commandé un œuf de cette espèce il y a quelques semaines à présent, pour l'informer de ce fait. & qu'il pourra récupérer celui-ci d'ici deux ou trois jours si cela se poursuit en ce sens. Parfait, parfait. Au moment où je tire mon téléphone pour m'exécuter immédiatement, avant d'oublier, la porte de la bâtisse aux couveuses s'ouvre prudemment, me laissant le temps de relever mon capuchon avant que le visiteur n'ouvre complètement ; une habitude depuis longtemps prise par chacun des habitants ou employés de l'Elevage, habituée à ce que je me découvre un peu dans ce lieu qui après tout est mon domaine privilégié.
- Maman, désolée de te déranger. Ce monsieur souhaitait voir toi ou papa, & comme papa est sorti voir nos fournisseurs pour la nourriture des carnivores..
- Pas de problème, Haiko. Je viens de finir de toute manière. Que puis-je pour vous, monsieur ..?
- Henri Sanchez. Vous avez dû être informée je suppose, je suis la personne qui reprend la charge de votre dossier au sein de la Compétition, suite au départ en retraite de monsieur Dunant. Allons droit au but. Je tenais à venir me présenter, & voir s'il serait possible de visiter vos installations, & dans ce cas convenir d'un rendez-vous en ce but. Voyez-vous, je préfère savoir clairement avec qui je travaille, & quels sont les équipements concernés.
Oh. Oui, effectivement, nous avons été informés par mail quelques jours plus tôt, mon époux & moi-même. Je dois admettre que je ne m'attendais pas à avoir si vite des nouvelles de son remplaçant ; généralement, les administrations sont bien plus lentes, particulièrement celles de nos financeurs j'ai l'impression. & également j'admets être assez agréablement surprise & satisfaite de la démarche effectuée par l'homme que d'aller au contact & découvrir par lui-même le contenu des dossiers & contrats qu'il gère. Son prédécesseur n'en avait jamais fait autant ; & ce n'était pas dû uniquement à son âge, il n'était pas si vieux lorsque j'ai récupéré la Pension au tout début. Je crois ne l'avoir vu que quatre ou cinq fois en tout, en comptant la fois où j'ai signé les contrats me faisant propriétaire des lieux, & celle où il est venu m'informer de la nécessité de réviser ce contrat suite à l'évolution des conditions générales des Pensions de l'île. Alors que Minuit vient prendre place sur mon épaule & que Moon s'assoit simplement à mes côtés, que mon fils quitte les lieux pour retourner à ses tâches, j'hoche simplement la tête en acceptant la poignée de main de notre nouveau conseiller ; sans que celui-ci ne semble s'étonner de mon port de longs gants noirs dont je ne me sépare pas. Il semblerait qu'il se soit un peu renseigné, avant de venir.
- Enchantée alors, monsieur Sanchez. Il est tout à fait possible de visiter les installations oui ; vous tombez bien même, la journée s'achève un peu ici. Avez vous le temps dès à présent, ou préférez-vous revenir une autre fois?
- Oh, hé bien je n'ai pas encore de rendez-vous puisque j'ai souhaité prendre mes premiers jours pour rendre visite à mes affiliés. Donc oui, si cela vous convient, je peux vous suivre dès à présent.
- Fort bien. Hé bien pour débuter, nous nous trouvons dans la Pouponnière. Tous les oeufs que vous voyez sur ce mur sont produits par l'Elevage, pour répondre aux commandes de dresseurs, ou pour nos propres besoins. Parfois nous avons du surplus, car bien entendu les pokémons se reproduisent à leur rythme ; donc il nous arrive de fournir des pokémons déjà sortis de leur œuf ou un peu plus grands à des clients préférant cette option. Nous avons pris le parti de ne pas utiliser de couveuses sauf si le petit semble en difficulté sous sa coquille, afin de privilégier des naissances les plus physiologiques possibles.. & puis, mettre les œufs en couveuse systématiquement ce n'est pas prévenir d'éventuels ennuis, mais plutôt créer des facteurs de risque. En effet l'oeuf risque d'avoir plus de mal à supporter l'air ambiant après avoir été habitué ainsi, au moment où on le confie à son futur dresseur ; & donc de causer de futures difficultés. Certes ça fait tourner les Centres Pokémons, mais bon. Ce n'est pas l'effet recherché.
La remarque fait sourire l'homme, alors que je continue à parler du lieu un petit moment, répondant aux éventuelles questions du gestionnaire qui semble bien intéressé. En même temps s'il s'est renseigné, il doit avoir vu mes antécédents. Mon ancien métier de médecin pokémon spécialisé dans les œufs & les nouveaux-nés, à l'instar d'une sage-femme pokémon, ou d'une pédiatre, au choix. De la même manière, je l'entraînais ensuite dehors, lui présentant brièvement la Grange & la Volière, avant de détailler un peu plus le terrain lui-même, évoquer les principales hardes que nous élevions & qui appartenaient donc à l'Elevage, côtoyant de manière régulière les pensionnaires accueillis sous l’œil attentif des pokémons de nos propres équipes.
- Hé bien, vous disposez d'un bien vaste domaine. Les chiffres sur un dossier le montraient déjà, mais ce n'est pas comme se trouver en face & le constater par soi-même. N'est-ce pas un peu trop ensoleillé pour des pokémons Ténèbres?
Un sourire en coin amusé passe sur mon visage à cette évocation. C'est plutôt pour moi-même que pour nos pensionnaires ou résidents, que le terrain peut paraitre trop lumineux ; mais il s'agit là d'une vieille idée reçue que l'on ne délogera pas si aisément, due au nom lui-même du type qui fait ma spécialité.
- En réalité monsieur Sanchez, les pokémons Ténèbres ne vivent pas exclusivement à l'obscurité, même que certains apprécient tout particulièrement se prélasser au soleil. Les Miaouss d'Alola & les Chacripan tout particulièrement, ou encore les Malosse. Mais pour ceux qui aiment mieux s'en cacher, le Bosquet que vous voyez par là-bas appartient entièrement au domaine, & sa végétation est suffisamment dense pour que les plus adeptes d'ombre s'y sentent à l'aise. Nous avons aussi le petit coteau par là-bas, dans lequel nous avons aménagé une caverne que les pokémons eux-mêmes ont agrémenté de plusieurs galeries, & où il fait plutôt sombre à toute heure.
- Oh. Je l'ignorais, mais vous devez avoir l'habitude j'imagine.
- Vous n'êtes pas le premier effectivement, mais ces préjugés sont communs, & il en existe dans toutes les spécialités.
- Juste. Je vois que votre terrain va jusqu'à la plage?
Avançant justement dans cette direction où je le guidais, dans l'idée de montrer les limites du domaine, je longe le petit canal traversant une bonne partie du terrain ; hochant simplement la tête de manière approbative avant de désigner d'un geste les murs que l'on commence à distinguer.
- Il couvre même quelques mètres d'eau, de manière à satisfaire les adeptes d'eau salée, comme les Sharpedo ou les Lanturn dont s'occupe mon époux. Le mur que vous voyez là en délimite les bords, afin que nos pensionnaires ou nos propres pokémons ne nous faussent pas compagnie. Cependant il n'est pas aussi épais sur toute sa hauteur, sinon l'eau en deviendrait stagnante, & nous n'aurions pas les vagues que vous pouvez voir. Il y a des espaces, comme de larges tunnels grillagés en trois points à chaque fois, sous la surface permettant le mouvement d'eau.
- C'est bien pensé, effectivement.
- Nous essayons, en tout cas. Je vous raccompagne?
- Oui, merci. Dites-moi, Mina de la Nuit, j'aurais une dernière question à vous poser, de vous à moi. J'ai entendu dire que vous aviez une spécialité officieuse dans le type psychique. Simple curiosité, n'avez vous jamais songé à l'officialiser?
Dire que la question me prend au dépourvu ne serait point mentir, loin de là. Pour autant je n'en montre rien, fidèle à mon masque de neutralité presque froid, à ma carapace protectrice. Sur mon épaule, Minuit penche légèrement la tête de côté, tout en restant inexpressive elle aussi ; écho de mon propre silence pensif qui s'étend quelques instants, alors que je guide à nouveau le visiteur vers l'entrée du terrain.
- Bien sûr que j'y ai songé. Mais ajouter une spécialité à la Pension, ça représente des frais, & beaucoup de travail. Il faut que les équipements soient adaptés, ou en ajouter des correspondants en cas de besoin, effectuer une recherche parmi nos fournisseurs actuels ou en trouver de nouveaux car nous pouvons avoir besoin d'objets ou de nourritures différents, se procurer des hardes correspondantes.. Plus de pokémons donc, probablement plus d'employés nécessaires aussi. C'est un travail de longue haleine que nous effectuerons un jour, sans nul doute. Lorsque l'Elevage aura gagné en renommée, en dehors de Nuva Eja je veux dire, ou que nous aurons pu négocier des subventions adéquates au moins le temps des installations. Car dans un premier temps nous avons préféré commencer par développer le type électrique ici, puisqu'il s'agit de la spécialité de mon époux ; afin qu'il travaille avec son élément, lui aussi.
- Hm, voici qui me semble raisonnable. J'imagine que nous en reparlerons en temps voulu dans ce cas. Hé bien madame, merci pour la visite & pour votre temps.
Nous arrivons devant le portail à l'instant où le gestionnaire achève cette dernière phrase, & je me tourne vers lui pour accepter une seconde poignée de main, hochant simplement la tête à sa remarque, m'autorisant un léger, très léger sourire en coin fort bref sur mon masque neutre.
- Je vous en prie, monsieur Sanchez.
- Saluez monsieur Tokeda, voulez-vous? & passez une bonne soirée.
- Je n'y manquerai pas. Merci de votre visite.
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