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Fausses bonnes idées et cercles vicieux
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

Ce n’est pas grave, dans deux minutes, ça fera plus mal du tout et j’aurais oublié… que je me répète en boucle afin d’essayer de me convaincre. Enfin soyons honnêtes, ces phrases je me les repasse un peu trop souvent depuis des années et mon enfance, que la douleur n’est que passagère et que le temps la fera disparaitre. Devinez-quoi, je commence à croire que ce n’est pas vrai. Enfin, là, je parle bien de douleur physique, alors ce n’est pas vraiment pareil, hein ? Je veux dire, là, c’est juste superficiel et ça va réellement partir. Du moins c’est ce que je pensais. Je pensais vraiment que ça passerait inaperçu (j’avais de l’espoir parce que j’ai quand même crié et juré, sur le coup) mais je me suis trompé. Pendant que je cherche autre chose à faire, Axel me rejoint, visiblement pas impressionné et… Bah, il me grille littéralement dans l’instant. Sur le coup, quand il parle de jouer au médecin, mon sourire se fige sous le coup de la crispation que je cache avec un rire embarrassé, rageant au passage mon poignet douloureux derrière moi.

« Euh… Eheheh. Pourquoi tu veux jouer au médecin, ahaha… »


Demandais-je avec l’air faussement innocent. On se demande bien pourquoi, hein. C’est évident que le plus jeune m’avait vu gêné et pas au top, les enfants ne ratent pas ce genre de choses, enfin, quand j’avais son âge je ne ratais pas une miette du malaise des membres de ma famille (je m’en serais bien passé, haha). Je ne voulais embêter personne avec un poignet vaguement douloureux (voire vachement douloureux dès que j’essaie de le bouger mais euh, voila quoi, ça, Axel n’a pas besoin de le savoir). Et sachant ce que ça peut-être déstabilisant d’être empathique, je ne devrais vraiment pas continuer de faire des cachotteries à Axel. De toute manière, avec ses questions, je comprends que je ne peux plus mentir, il n’y croirait pas et je ne suis pas assez convaincant dans mon état actuel. Pourquoi je dis que ça va quand j’ai mal, hein… ? Bonne question, Axel, si tu savais. Cette interrogation résonne vraiment fort en moi par rapport à mon vécu. Enfin… je sais pas, je me dis toujours quand je me sens mal qu’il y a surement quelqu’un qui souffre plus que moi et donc, que je n'ai pas à me plaindre… ? Cette personne qui souffrait plus que moi ça pouvait être mon père ou… bah… Alex, des fois. Depuis, je n’ose plus me plaindre. Je n’ai jamais dit à Soltan ou Ellias pour le fait que mes angoisses me donnent mal au ventre, je me dis qu’ils trouveront ça totalement chochotte et bête. Et là… c’est un peu pareil, je ne veux pas montrer à Axel que j’ai mal car je ne veux pas passer pour une chochotte qui débarque pour quémander qu’on s’occupe de lui. Me sentant coupable, je fais la moue et baisse la tête avant de répondre au plus jeune. Je suis censé montrer l’exemple mais franchement, c’est pas fameux, là, hein. Je rougis d’embarras car je ne sais pas quoi répondre aux propos pertinents d’Axel rapportant ce qu’a pu dire monsieur Miyano sur les « bobos ».

« Euh… ouais, c’est vrai mais…c’est parce que je veux pas que tu sois inquiet, enfin, euh, faut pas t’inquiéter, hein ! »


Pff, tu parles d’un bon exemple. Il a raison, Axel, il ne faut pas mentir quand on a mal mais… la mienne, de douleur, elle n’est pas grave. J’aurais même tendance à croire qu’elle est insignifiante, comparée à tout le reste. Ce qui est stupide mais ne commencez pas à pointer toutes les choses débiles que je pense et qui font la base du fonctionnement de mon cerveau, on ne sera pas sortis de l’auberge. Je soupire en essayant de reprendre un peu contrôle de moi-même. Si j’ai l’air totalement aux fraises, ça ne va pas rassurer Axel.

« ‘Fin… T’as raison, c’est pas cool, quand on a mal. Sauf que tu vois, bah… »


Je lui présente mon poignet endolori, pour qu’il voit qu’il n’y a pas de blessure apparente. Mais en l’observant, j’ai l’impression qu’il a enflé… oups.

« Regardes, y’a pas vraiment de bobo, c’est juste que c’est un peu froissé, donc… Je sais pas si… Enfin… »


« Je n’ai pas la main en train de se décrocher de mon bras, alors, il n’y a pas de quoi s’alarmer »… ? Pourquoi je n’arrive pas à me rendre compte que je suis vraiment désespérant, des fois ?! J’ai un peu le cul entre deux chaises : je ne veux pas déranger mais j’ai la sensation que là, la douleur n’est pas partie pour partir si on ne fait rien. Puis, je vois bien qu’Axel a l’air inquiet, à la manière dont il sert mon poignet le plus valide. Ma gorge recommence à se serrer… Tout d’un coup, j’ai un instant de lucidité… Si Axel qui me connait à peine s’inquiète pour moi pour si peu, alors, dans quel état doivent être Soltan et Ellias… ? Quoique ce n’est pas à propos d’eux, c’est juste que j’avais besoin de… de faire comprendre que quelque chose ne va pas. Mais, ils pourraient s’imaginer qu’il a pu m’arriver bien pire et… je ne sais pas, j’ai du mal à admettre qu’on puisse s’inquiéter pour moi en réalité. Enfin, pour le moment, je ne veux pas qu’Axel s’angoisse pour rien.

« Je sais ce qu’on va faire ! Tu sais s’il y a des glaçons quelque part, genre, dans le congélateur ? Après… on fera un jeu plus calme, si tu veux ! »


Je me rends compte que c’est un peu à contre-cœur que je propose ça au plus jeune. Ce n’est pas que je ne l’apprécie pas, au contraire, Axel est plutôt adorable, du peu que j’ai vu de lui. Dans l’absolu j’ai juste plutôt envie de m’isoler dans un coin en attendant que ma douleur au poignet ne s’apaise. Mais ce serait ingrat d’exiger ça quand j’ai à peine joué avec le gamin 10 minutes… non ? je ne sais pas trop mais je sens que ma gorge continue de se serrer. Tout va bien, Lulu, alors pourquoi tu veux aller te cacher pour pleurer… Quoique je ne suis pas chez moi, ici, je ne sais pas où je pourrais vraiment m’isoler… je pourrais retourner dans la dépendance ou prétexter une partie de cache-cache… ? Ce serait un peu lâche, quand même. Devoir prendre une décision tout en considérant la présence d’Axel me rend anxieux. Mais, pour le moment, mon objectif, c’est la glace. Ce sera déjà ça. C’est ce que Alex et Soltan disent quand on se cogne ou ce genre de blessures qui se voit pas, qu’il faut mettre de la glace pour calmer le muscle et le faire désenfler, un truc comme ça. En revanche, je me fige un peu quand il parle d’appeler monsieur Miyano, même s’il arriverait presque à me convaincre que je ne vais pas me faire regarder de manière hautaine comme le dernier des gamins « un peu trop sensible ».

« Non, euh, je veux pas le déranger s’il travaille, hein ! »


Enfin, aux dernières nouvelles, s’il revenait avec Axel c’est que, d’habitude, à cette heure-ci, il ne travaille plus afin de se consacrer à son filleul, non… ? Surtout qu’il ne me semble pas l’avoir vu ressortir. Où qu’il soit, j’ai l’impression qu’il ne m’a pas fallu 5 minutes pour m’imaginer que je suis responsable de ce gamin en plus de moi-même et ne peux donc pas déranger Monsieur Miyano pour quelque chose que je puisse faire moi-même. Je crois que ça se passe de nouveaux commentaires sur ma logique foireuse. Je me dirige donc vers la cuisine avec Axel comme je me rappelle où était le frigidaire. J’espère trouver dans le freezer des glaçons ou au moins une brique de glace pour mon poignet.  Comme je croise le regard de Monsieur Miyano toujours présent à l’intérieur, je m’arrête un instant, embarrassé en me tenant le poignet, espérant un peu le dissimuler comme on dissimulerait une bêtise honteuse.

« Ah, euhm… M’sieur Miyano… euh… Je peux prendre des glaçon dans le freezer… ? »

Une seconde passe et je comprends qu’il faut probablement que je m’explique.

« C’est parce que j’ai un peu mal au poignet, héhé. Mais vous en faites pas, hein, ça va ! »


Après avoir eu l’autorisation du plus âgé, je me retourne vers le frigidaire et y trouve un petit sac de glace que j’applique sur mon poignet. Le froid m’apaise un peu. C’est aussi un peu engourdissant mais je préfère ça à la douleur. Au moins, Axel arrêtera de s’inquiéter, comme ça si son parrain valide mes propos… enfin, je crois… ?
Ludwig Green
Ludwig Green
Civil
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Ven 8 Fév 2019 - 17:27
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
Comme n'importe quel enfant, Axel déteste qu'on lui mente. C'est plus ou moins normal ; personne n'aime découvrir que ce sur quoi l'on base sa conception du monde n'est pas fiable, encore moins en étant jeune. D'autant plus qu'Axel, pour des raisons évidentes qu'il serait grossier d'énoncer sans tomber dans des généralités sur « être abandonné deux fois de suite très jeune pour des prétextes à la con c'est pas agréable », en a une sainte horreur. C'est bien suffisant pour lui provoquer des crises de colères et de larmes, alors généralement, Natsume tend à éviter les propos dissimulateurs. Bon, évidemment, cela tombe parfois dans un petit excès, car sans le savoir, Axel ne doit le fait de croire encore au père noël qu'à l'intervention du compagnon de celui-ci ; apparemment, pour l'asiatique, ce n'est pas forcément évident qu'il y a aussi des mensonges qui font plaisir (enfin, son argument n'était pas là, mais ce n'est pas le sujet). Toujours reste-t-il que lorsque l'enfant voit un mensonge évident, il a pris l'habitude de l'énoncer à haute voix, avec ce petit agacement qui est autant le fruit d'une frustration que d'une sincère inquiétude naturelle pour les autres. Quitte à être un peu gênant, mais en soi, Axel a un peu l'habitude d'être une gêne sur pattes ; et oui, c'est la manière qu'il a de se voir.
Les explications bredouillées par Ludwig ne le convinquent pas. Perplexe, il reste immobile, ne sachant pas foncièrement comment réagir autrement que par un « nan c'est pas vrai » qui est tout de même diablement tentant à l'heure actuelle. Axel n'est pas fin psychologue, comme n'importe quel gamin, toutefois, il a la sensation que son interlocuteur ne lui parle pas directement ou plutôt que c'est comme si il parlait tout seul. Il n'arriverait pas à le vocaliser ou à le conceptualiser toutefois, alors, embêté, il se laisse à moitié convaincre par la proposition de Ludwig. Faire confiance aux plus âgés est un concept auquel il a du mal à croire, mais bon. De temps à autre, il veut bien faire un effort. Enfin, au moins, il était parti descendre vers la cuisine, ce qui constituait un progrès. D'une manière absolument pas discrète, voilà donc qu'il espionnait de loin, derrière le mur qui portait vers la cuisine.

Natsume était encore occupé avec des bidules verts et colorés, probablement pour se faire un de ses « soumou-tie » tout bizarre et pas très bons qu'il s'enfilait pour terminer sa journée sans dormir par terre. L'arrivée de Ludwig semble le prendre de court, ne s'étant sûrement pas attendu à le voir redescendre aussi vite. Perplexe, l'adulte hausse très légèrement les sourcils. Il aurait sûrement repris la parole si l'adolescent ne l'avait pas fait avant lui par le biais de sa requête.  
Bon, les bobos, dans les faits, Natsume en a plus ou moins l'habitude. Né avec deux mains gauches et une tendance à être plus malade qu'en bonne santé les ¾ du temps, il a bien vite fallu qu'il apprenne à se débrouiller tout seul pour survivre. Puis, en soi, le fait d'être éleveur, en charge d'un gamin (de deux, en fait, dont un qui se faisait des 'bobos' bien plus graves), anciennement soigneur, ça l'avait plus ou moins habitué à ne pas trop s'inquiéter de ce genre de choses. Sans grande surprise, il ne tombe donc pas dans l'alarmisme, choisissant de laisser le blondinet se servir dans les glaçons tandis qu'il termine ce qu'il fait actuellement.

Ses yeux, toutefois, ne peuvent pas s'empêcher de s'arrêter distraitement sur la blessure du plus jeune. Natsume aimerait faire croire qu'il est assez distancé pour ne pas 'trop' s'en préoccuper, mais ce n'est pas le cas. Le sentiment d'inquiétude qui bourdonne dans son ventre n'a pas l'air de vouloir se calmer depuis tout à l'heure.
Non, mais... J'vais pas le laisser comme ça, là. Ça s'fait pas.
'Ça s'fait pas' étant une façon comme une autre de dire 'j'ai de la peine quand les autres ont mal alors je ne peux pas m'empêcher de pointer ma tronche'. Ou bien non, c'est juste une manière de le faire quand on est refoulé et matrixé de ses propres émotions, mais ça, c'est un très, très vaste débat qui ne sera pas lancé aujourd'hui. Finalement, l'adulte éteint son mixeur tranquillement et décide d'aller ouvrir l'un des tiroirs pour en tirer une petie boîte de comprimés. Il en dépose un sur le comptoir, accompagné d'un petit verre d'eau.
Son regard, toutefois, ne se pose pas sur le visage de l'adolescent. Natsume n'ose pas ; ce serait peut-être un peu 'trop' personnel, alors il essaie de mimer une forme de neutralité pour ne pas « s'imposer » dans l'espace de son interlocuteur. Maladroit et timide, il se gratte nerveusement le bras, choisissant tout de même de s'expliquer malgré sa difficulté à le faire.

« Au verre d'eau, ça passera mieux. »

… Oui, bravo, Natsume. Wah, quel niveau.
Ce n'était pas faute d'essayer, pourtant. Voilà pourtant qu'il se retrouvait là, un peu affalé contre le comptoir, le regard porté sur le côté, à tapoter nerveusement du pied de crainte, du haut de ses vingt-cinq ans, « d'avoir l'air d'être un peu trop concon ». Ou un truc du genre, en tous cas. Le silence qui s'installa le mit mal à l'aise, tant et si bien qu'il choisit finalement de reprendre la parole, posant cette fois ses yeux sur la blessure de l'adolescent. C'était bien, ça : ça occupe, et ça évite de trop se ridiculiser en montrant qu'au fond, on a peut-être un peu peur de foirer quand on essaie d'aider des gamins. Parce que ce serait tout de même fichtrement bête, hein ?

« On dirait une foulure. Vous vous l'êtes fait dehors ? »

Parce que ça l'avance des masses, évidemment, de savoir que ça la tronche d'une foulure.
Il se racla la gorge, ayant du mal à tenir sur place. Maintenant qu'il y pensait, il avait eu cette difficulté à rester immobile quand quelque chose le préoccupait. Il est en outre suffisamment préoccupé pour garder un œil attentif sur le poignet de l'adolescent. Quelque chose continue de le chiffoner. C'est en ouvrant un tiroir qu'il sort un chiffon propre avant de s'expliquer, la voix rendue rapide sous le coup du stress.

« Il vaut mieux enrouler de la glace dans une serviette. Dix minutes d'application, dix minutes de repos, sinon, ce sont les engelures ou des caillots de sang. Et garder le poignet élevé, de préférence. »

Non, parce que vraiment, ça aurait été un peu bête de le laisser se faire mal sans rien dire. Même si c'était un peu gênant de s'imposer car il ne voulait pas donner la sensation d'être un « adulte chiant qui casse les pieds », ou un truc du genre. Toutefois, l'idée de le laisser se débrouiller n'était pas non plus un idéal. C'est probablement cette considération qui lui permit d'oser reprendre la parole, le regard faisant des allers retours entre la poche de glace posée sur le poignet de l'adolescent, et le chiffron qu'il avait ramené.

« Je peux ? »

Il a l'impression que c'est important, de demander avant de remettre le chiffon. Pour des raisons évidentes, mais aussi pour des raisons différentes, qu'il a encore un peu de mal à identifier.


FIN

O
C
T
O
B
R
E

2
0
2
3

14H
feat. Ludwig Nagel-Jung
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Jeu 14 Fév 2019 - 0:20
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

Me voila bien, tiens. Je n’aurais pas pu prévoir ce qui m’arriverait au poignet alors que je voulais juste jouer tranquillement alors il serait temps que je me détende un peu. Qui plus est, personne ici ne me veut du mal. Plus ça va plus je comprends que mon malaise ne vient pas de Monsieur Miyano ou d’Axel mais plutôt de l’endroit où je me trouve : je suis chez quelqu’un, dans un endroit qui m’est encore en grande partie inconnu, un lieu où je ne resterais pas éternellement pour de multiples raisons… et surtout, un lieu où je ne suis absolument censé être à la base. Probablement mieux ici qu’en pleine nature, en un sens, certes. La situation a évolué, j’ai commencé à prendre un peu conscience de mes actes et du fait que j’ai un peu tout envoyé péter en fuyant de chez Ellias. Cela ne me parait pas absurde, pourtant, comme décision. Sur le coup ça m’avait semblé être la seule issue pour… me sauver ? Ma vie n’était pas en danger mais il y avait cette urgence de partir très vite pour… bon, j’avais l’impression que c’était ma seule solution pour montrer que je n’étais pas d’accord avec ce que j’arrivais. Si on me disait que je faisais ça pour me faire remarquer… Eh bah, oui… ? Oui, j’aimerais que les autres comprennent que je ne me sens pas bien, que quelque chose ne va pas. Et si j’en viens à des moyens un peu extrêmes c’est juste que… je crois que c’est que moi-même je ne sais pas exprimer autrement ce qui me ronge.

Enfin, dans l’absolu c’est surtout mon poignet qui a mal et ça me ferait presque oublier que je me sens tout cassé à l’intérieur aussi (so emo, je sais). La glace fait du bien et je ne voulais pas que l’éleveur se sente forcé de me venir en aide, mais, bon, à sa place, à voir quelqu’un blessé, je n’aurais pas non plus été du genre à rester les bras croisés. Enfin, soit ça, soit, si la blessure aurait été trop gore, je me serais évanoui direct, faut pas m’en vouloir, le sang et les boyaux, j’aime pas trop ça. Je me vois donc proposer un cachet avec un verre d’eau pour la douleur et remercie l’éleveur d’un hochement de tête timide avant d’avaler le comprimé. Par la suite, il me propose d’observer mon poignet de plus près et me révèle qu’il doit s’agir d’une foulure. Zut… J’espère que ça ne durera pas trop longtemps.

« Oui, c-c’est ça… »
Lui confiais-je, un peu honteux, pour répondre à sa question. « Je poussais Axel sur le skate et j’ai tourné un peu brusquement et… ça a fait « crac », héhéh. »

…Attends mais c’est pas drôle, ça, Lulu. Enfin, si, un peu. Mais c’est surtout douloureux. Mais Monsieur Miyano ne veut pas forcément connaître l’étendue de ma débilité. Rendu là j’ai un peu abandonné de sauver la face, faut dire, mais je ne voudrais pas qu’il pense que je sois totalement débile non plus. Après ça, l’éleveur me livre d’autres explications… gloups. C’est que ça a l’air de faire mal, les complications, sur une foulure ! Enfin, je ne comprend pas tout mais « engelure » e surtout « caillots de sang »… si c’est les mêmes trucs que ce qui sort de ton nez quand il saigne… ewww !

« Ah, ouhlala ! J’ai pas envie que ça m’empêche de faire du volley, ça a l’air de faire mal ! »

Et je pense à refaire du volley, quand même. Avec mon équipe. Tout n’est pas complètement pourri à Cayagane, finalement. C’est vrai, il y a des choses qui me manquent déjà, là-bas… Bon sang, je suis déjà nostalgique et mélancolique en y pensant, c’est… étrange. Il fallait que je disparaisse pour me rendre compte que tout ne va pas si mal que ça, alors ?! Enfin ça n’empêche pas que c’est aussi là-bas qu’il y a les gens qui me donnent envie de ne plus jamais y retourner. Mais il y a aussi Soltan, là-bas. Et Marilyn, Iris, Mikoto… Je me demande si je leur manque ou s’ils s’inquiètent pour moi. Je serais hypocrite si je disais que ce n’est pas un peu pour avoir une preuve de leur intérêt à mon sujet que je… Je suis vraiment minable.

Je ne me rends pas compte que mon attitude est passée de joviale a renfermée tandis que j’ai laissé Monsieur Miyano examiner mon poignet et y mettre la glace enveloppée. Je me suis mis à ruminer et à penser à totalement autre chose, sans faire attention au soupir mélancolique qui m’a échappé.

« Hm… ça devrait aller, je vais… je vais me reposer un peu, je crois. »

Et réfléchir, surtout, en fait, j’en ai besoin. Je ne veux pas paraître impoli et m’assure d’avoir le consentement d’Axel et Monsieur Miyano avant d’aller m’isoler un peu, promettant au passage de faire ce qu’il faut pour mon poignet. J’ai rejoint mes Pokémon un petit moment puis suis retourné m’allonger à l’accueil, là où j’étais tout à l’heure, après m’être assuré que je ne dérangerais pas en restant un peu là-bas. En m’étendant de nouveau sur le canapé je me suis laissé allé à mes pensées d’humeur un peu morose. Même si ce sofa est confortable j’en viens à regretter un peu mon lit, chez Soltan. Je me rappelle aussi mon autre chambre, celle qui était dans le château d’Alex, dans la tour, et que j’aimais tant. Je me demande si Alex sait pour ma disparition et s’il est inquiet. Pendant quelques minutes, je me suis mis à rêvasser comme je le faisais petit, que mon grand frère viendrait m’aider quand j’en ai besoin, qu’il mettrait fin à mes doutes… Sauf que maintenant, ça ne marche plus. Penser à Alex ne dissipe plus mes doutes, ne me donne plus aucune certitude. A part la certitude qu’il s’est passé quelque chose de… Je ne saurais dire, je ne me souviens à peine de ce qui s’est passé après l’avoir vu sortir de chez Soltan, le jour de l’explosion verte d’Amanil, les mois, l’année qui ont suivi est… très confuse, très floue. Je sais juste qu’après ça, je me suis mis à attendre, acceptant le fait de vivre chez mon nouveau tuteur avec la certitude que j’y étais juste pour patienter jusqu’au retour de mon grand frère. Pendant des années, j’y ait cru, je n’ai même pas questionné tout ça. Puis, après 6 ans… 6 ans, c’est long. 6 ans, c’est assez pour commencer à se demander si on ne se voile pas un peu la face. 6 ans plus tard, c’est obligé d’ouvrir les yeux sur ce qui s’est passé, sur ce temps qui s’est écoulé, sur les choses, les gens qui changent. Penser à mon frère était une manière de me protéger, d’oublier… oublier que mon père est toujours là, quelque part, à échanger avec Ellias qui fait des cachotteries, à épier Alex et ses Pokémon, et peut-être moi. Cette réalisation m’a terrifié, l’autre soir. Aurais-je plutôt dû joindre Soltan, lui dire que je voulais rentrer… ? Peut-être que faire ça aurait été admettre que désormais ce n’est plus Alex qui peut me protéger. Ce serait admettre… qu’il est de plus en plus en dehors de ma vie et qu’il faut que j’avance malgré ça.

Mon portable est éteint dans mon sac, je ne l’ai pas rallumé pour pleins de raisons, la principale est que j’ai peur de ce que je pourrais y trouver en termes d’appelsterme d’appel manqués et de messages… Mais… Ce n’est pas moi qui me demandais si je manquais à quelqu’un… ? A se demander pourquoi ce doit être si compliqué. J’ai fini par m’assoupir en essayant de trouver des réponses. Je n’avais pas vraiment rattrapé ma nuit il faut croire. Enfin, la raison la plus honnête, c’est qu’une de mes seules envies du moment, c’est d’écraser pour arrêter de penser.

Au réveil, j’ai un peu erré dans les pièces de l’accueil puis dehors, avec mes alliés, en ruminant en boucle mes questionnements. Je crois qu’on est en début de soirée comme le ciel s’assombrit. Peut-être est-ce l’heure du diner car je sens des odeurs de nourriture mais je n’ai pas vraiment faim. J’ai mal au ventre à cause de l’anxiété et ça me coupe l’appétit. Les odeurs me rendent curieux, néanmoins, et grâces à elles, mes pas me guident jusqu’à la maison et j’aperçois Monsieur Miyano à l’intérieur, par la fenêtre. Il doit aussi m’avoir vu alors je me dis qu’il serait un peu awkward de faire comme si je n’avais pas capté. Je retrouve l’adulte en cuisine, en entrant à pas de loup, la tête toujours remplis de questionnements. Axel n’est pas dans le coin pour le moment, à ce que je vois. En rejoignant la cuisine je reste un moment planté debout en regardant mes pieds.

« Hm… Monsieur Miyano ? »

Mais par Arceus, mais que je plombe l’ambiance par ma simple présence.

« Je peux vous poser une question… ? »

Parce que ça me tourne dans la tête depuis des heures maintenant. J’en ai oublié ma douleur au poignet, d’ailleurs, enfin, j’ai toujours un peu mal, comme une lourdeur et je n’ai pas intérêt à faire des mouvements brusques, mais c’est déjà beaucoup moins sauvage et je peux bouger sans brusquer. J’ai d’ailleurs remis les sacs de glace et les chiffons sur le comptoir, remerciant au passage mon hôte, en repliant le tout de manière un peu maniaque tandis que je cherche mes mots. Je ne vais pas pouvoir l’esquiver bien longtemps, surtout après avoir eu le consentement de l’adulte. En parcourant le comptoir de la cuisine avec mon doigt dessinant des formes invisibles dans le vide et non sans une boule dans la gorge, je finis par me remettre à parler.

« Vous pensez… vous pensez que mon tuteur m’en veut… ? J-je veux dire… vous savez je… je suis parti sans prévenir et… et je ne sais pas si… »

Confiais-je, à voix basse, pour que seul l’éleveur m’entende. Avec ce qu’il a fait pur moi, le fait qu’il n’a posé aucune question… je me suis mis à me dire que je pouvais lui faire confiance, au moins un peu. Je ne sais pas ce que j’attends comme réponse et m’avachis sur la table, la tête posée sur mes avant-bras. Je n’ai pas envie de pleurer malgré mon ventre douloureux et une sensation de gorge nouée, je me sens juste… à bout d’excuses, fatigué,

« … S’ils s’inquiètent pour moi, lui et sa famille…? Ils ont aussi des problèmes en ce moment et je me dis que… en fait, je suis peut-être juste un problème en plus. »


Je soupire et baisse mes yeux tremblants vers mes mains toujours en train de tracer des cercles. Puis, me remets à marmonner avec honte :

« …et pour vous aussi, d’ailleurs... »

Je me tais. Est-ce que j’étais obligé de faire ma crise de cette manière ? Je me demandais ce que je devais faire mais d’un coup, je me dis que joindre Soltan comme une fleur serait totalement gonflé de ma part… ! Ah, je ne sais plus, ça me frustre et ça m’angoisse ! Mes doigts se mettent à tapotter plus frénétiquement sans que je ne m’en rende compte. Je ne cesse d’alterner entre de fortes émotions négatives depuis ce matin, et là j’ai l’impression que la colère revient. J’aimerais bien que ça s’arrête, un jour, quand même.
Ludwig Green
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Sam 2 Mar 2019 - 23:36
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
Je... Je crois que j'ai merdé, un peu, non... ? Enfin, j'en sais rien. J'ai eu l'impression, quand il s'est excusé pour s'en aller après ses brèves explications, qu'il cherchait à m'éviter. J-je peux comprendre, hein, sans soucis... ! C'est juste que du coup, je me suis demandé si j'avais commis une erreur à ne pas faire, disons. Vu ma capacité prodigieuse à faire des grosses bourdes avec les autres. Pour dire, une collègue ne me laisse pas oublier la fois où, alors que d'autres profs m'invitaient à leur table à la cafétéria, j'ai fait le choix de les regarder alors qu'ils me faisaient signe et de m'en aller dans la direction inverse avec mon plateau. Direction, soit dit en passant, qui fut les toilettes. Ce n'est donc clairement pas de mauvaise volonté que je me montre aussi benêt, parce que je vous promets que manger sa purée-saucisse tout seul dans les toilettes à midi-trente, c'est une sensation particulièrement semblable à ce qui doit être, comme le disent les jeunes, « la loose ». Et encore, je ne vous parle des fois où j'ai compris bien plus tardivement que s'en aller quand quelqu'un vient se mettre à votre table dans la salle des profs était mal vu ; tout ça pour dire, en somme, que j'ai l'impression que de toute façon, je vais finir par faire n'importe quoi.
En un sens, ce n'est pas à un gamin de me rassurer sur mes propres capacités sociales non plus, mais... Mais, bah, euh, oui, j'ai tendance à douter. Maintenant que j'y pense, je doute bien plus avec les gamins qu'avec les adultes et peut-être que ce n'est pas étranger au fait que j'ai... Peur, je suppose ? Voilà, peur de faire n'importe quoi, avec les gosses. C'est différent d'un adulte, un jeune. Les adultes, je sais mieux gérer ; enfin, par là, je veux dire « pas du tout », mais j'ai moins de remords à les envoyer balader, on va dire. J'ai probablement l'air con, là, à fixer le vide en réfléchissant à ce qui vient de se passer, mais ce à quoi je viens de penser me fait tiquer ; est-ce que, peut-être, plus que ne pas aimer les gosses, j'aurais plutôt... ?

Je n'ai pas le temps de terminer ma pensée, toutefois. Ou du moins, disons plutôt que j'entends bien vite la voix de crécelle d'Axel résonner à mes oreilles.

« Papaaaaaa ! J'ai vomi ! »

… Non, non, réflexion faite, on va dire que je ne les aime pas.
La journée avance vite, de toute façon. Bien plus vite que ce que j'aurais pu penser ; j'ai tout juste eu le temps de faire quelques petites choses liées au travail que le soleil commençait déjà à disparaître. Ou du moins, je me suis occupé l'esprit autant que possible car je pressentait se poser une question dans mon esprit à laquelle je préférais éviter de réfléchir, mais qu'il va bien falloir que je finisse par confronter. Cette question, qui me fait actuellement fixer le dedans de ma tasse de tisane en crispant ma poignée d'une manière ridiculement forte, est en soi assez simple ; je fais quoi, avec le gamin ? Ou du moins, plus spécifiquement, qu'est-ce que je vais dire à mon copain quand il va rentrer ? « Oh salut, hé au fait, y'a un ado à la maison, je connais même pas son nom de famille, je crois qu'il s'appelle Ludwig mais j'ai pas des masses suivi toute l'affaire donc possible que je me trompe, je lui ai dit qu'il pouvait rester à la maison quelques jours, tu sais, la nôtre, celle où tu vis aussi, et j'ai la suspicion qu'il soit possiblement là de manière pas très officielle donc si ça se trouve les flics vont finir par débarquer à la porte à un moment donné ? »... ? Oui, oui, visiblement, je crois que c'est tout ce que j'ai à dire, parce qu'aussi tentante que soit la possibilité d'aller exceptionnellement me coucher plus tôt pour éviter le souci, je sais que tenter de faire croire que je suis parti dormir à 18h ne sera pas crédible. Puis, de toute façon, comme d'habitude, Axel finira par tout faire capoter. Dans un soupir exaspéré et frustré, j'en viens même à taper légèrement ma tête sur le bord du frigo. Au pire, peut-être que par un texto... ?

« Ah ! »

Non, non, je ne viens pas de manquer de trébucher sur mes propres pieds en entendant l'adolescent m'interpeller. Et mon cœur ne s'est pas du tout mis à battre à tout rompre face à cette arrivée subite. Par contre, ouille, ma tête s'est définitivement heurté trop brusquement au réfrigérateur, et j'en viens à pousser un geignement pathétique en massant la bosse qui va bientôt pousser sur mon front. Mais pour l'amour de tous les Doudouvets du monde, est-ce qu'on m'a foutu du savon aux pieds quand je suis né, je vous jure !

« Hm, euhm, oui ? »

Je me racle la gorge, reprenant l'expression la plus assurée possible, quitte à avoir l'air profondément grotesque dans mon déni de ridicule auquel personne ne croit (si, moi). Toutefois, il semble qu'il y ait autre chose sur lequel s'arrêter ; voilà que l'ado m'apostrophe avec une formulation qui... Bon, disons que je ne suis pas doué pour les implicites sociaux (j'ai encore besoin qu'on me dise quand on attend une réponse de moi après une question qui ne sonne pas comme une question au niveau purement grammatical), mais j'ai fini par comprendre que quand quelqu'un dit ce genre de choses, ce n'est généralement pas pour savoir où se trouvent les toilettes. Je cligne donc des yeux après avoir vaguement hoché de la tête, avant de porter une plus ample attention à l'adolescent.
… Et ce n'est pas ma bosse, mais je sens venir la migraine. Ou du moins, le sujet compliqué (oui oui j'aime les métaphores un peu foireuses ça va merci). Bon, déjà, heureux d'apprendre qu'il a un tuteur dont il s'est éloigné sans le prévenir, je suppose qu'il n'est jamais trop tard pour découvrir ce genre d'informations vitale, MAIS BON. Hmpf... Non, non, je ne suis pas vraiment agacé envers le gamin pour me l'avoir caché, à vrai dire, j'avais mes doutes. Puis, sincèrement, j'ai du mal à être vaguement frustré quand je vois les difficultés qu'il a à parler, notamment. J'écoute donc avec patience, plissant de temps à autre les yeux.

Je dois avouer qu'en le voyant s'avachir ainsi qu'en détaillant son expression, je suis pris d'un sentiment de malaise au creux de mon ventre. Je sens quelque chose se tordre, malgré mon expression parfaitement neutre. La suite de ses mots me font l'effet d'une petite gifle, toutefois.
Je... Je vois très bien ce qu'il veut dire. Quelques images passent dans ma tête pendant des secondes traîtresses où mon cerveau se met à remémorer une époque qui commence à devenir lointaine, maintenant. La sensation d'être un intrus dans un système qui fonctionnait parfaitement sans moi (du moins à ma connaissance), c'est celle que j'ai eu durant toute mon adolescence et que, si j'étais honnête, j'avouerais avoir encore un peu maintenant. Je connais pas vraiment les circonstances de la vie de ce gamin, mais... Mais je n'ai pas vraiment envie de le laisser comme ça, là. La suite de ses propos achèvent de ma convaincre qu'il réellement un souci avec lui-même, et possiblement des, comment dire... Disons un passif quant à l'idée d'être « de trop ». Ce genre de choses, ça ne se pense pas sans raison. Je le sais bien, après tout. Je sais bien pourquoi j'ai toujours du mal à être totalement à l'aise avec ma belle-mère, en dépit d'énormes progrès, ou pourquoi j'ai la sale tendance à préférer m’éloigner des groupes dans la crainte de m'imposer où que ce soit. On m'a assez fait sentir que je n'étais pas désiré pour que ça ne laisse pas de traces. Probablement que la situation du gamin est différente ; elles le sont toutes. Toutefois, et même si ça m'arrache la gorge de dire ça car j'ai l'impression d'être infoutu de ne pas m'investir dans toutes les situations compliquées que je vois, le froid mordant dans ma poitrine n'est qu'une forme que prend la compassion qui me parcoure actuellement. Eh bah, croyez-moi ou non, c'est pas franchement drôle à vivre ; pas que j'en reproche quoi que ce soit à Ludwig, je suis même un peu rassuré de le voir parler, mais j'ai pas mal les mains pleines, là. Enfin, j'suppose que c'est un peu ça aussi, d'être un adulte à peu près responsable devant un môme en crise. Puis, clairement, je ne jugerai jamais personne là-dessus : j'ai encore en mémoire les misères que je faisais vivre à Faust pour savoir que Ludwig est probablement l'ado en crise le moins pénible que j'ai connu. Et je me suis connu.

Je mets un temps à réagir. Comme toujours, en fait, parce que j'ai toujours besoin d'un peu de temps pour mettre les points sur les i dans ma tête avant de parler ; quand je ne le fais pas, le résultat est rarement jojo. Je l'observe en silence, détaillant ses traits, avant de finir par reprendre la parole, dans un air faussement calme qui m'aide néanmoins à ne pas pleurer par terre. Si, si, je vous assure, c'est vital.

« Vous le lui avez demandé ? »

Oui, oui, je sais, ça sonne mal, dit comme ça. Je ne veux pas que ça sonne comme une morale simpliste et benêt, je vous l'assure. C'est juste que, quand je repense à mon propre passé, je me dis que des fois... Des fois, peut-être que si j'avais juste ouvert ma bouche pour poser des questions au lieu de supposer et de tout dramatiser dans ma tête par effet de 'bah oui tout le monde te trouve chiant Natsume, duh' (et des traumas, oui, je sais), eh bien... Peut-être que certaines choses se seraient mieux passées, clairement. Enfin, je ne peux pas calquer mon vécu chez tout le monde, je le sais, ne me regardez pas avec de gros yeux plein de jugement non plus, merci. Toutefois... Peut-être que des exemples, ça parle mieux que des phrases creuses. Mon ton est plutôt calme, lent. Je ne le regarde pas dans les yeux mais fixe ma boisson, non sans une certaine hésitation.

« Je ne sais pas si il vous en veut, mais... Je sais que si Axel disparaissait d'un jour à l'autre, je ne serais pas en colère, mais inquiet.  »

Je n'aime pas vraiment l'imaginer. Je n'aime pas du tout l'imaginer, même. Mais... Il me suffit d'y réfléchir quelques secondes pour sentir un froid désagréable me passer par l'échine. Non, rien à faire, je crois que je serais trop terrorisé pour sentir une quelconque forme de colère. Pourtant, je ne suis pas le moins susceptible de tous, ce n'est pas nouveau. Ce qu'il a dit, en outre, résonne aussi sur un sujet dont j'ai déjà discuté avec mon filleul, sous des formes différents certes, mais tout de même. Je me demande si... Non, non, ce n'est pas une chose à demander. Je ne peux pas me permettre de lui demander si il a connu des problèmes d'abandon, bien que j'ai mes suspicions. Puis, ce n'est pas vraiment le sujet à l'heure actuelle. Après quelques instants de pause, je finis donc par relever les yeux, un rictus désabusé au coin des lèvres.

« Vous n'êtes pas un problème, en tous cas. Je ne... Je ne considère pas les gens comme des « problèmes ». »

Certains sont des aimants à problème, hein, qu'on soit clairs. Toutefois, je ne crois pas avoir atteint un niveau de saleté assez haut pour penser ce genre d'horreurs. Bien sûr, certaines personnes commettent des choses affreuses et l'on pourrait les qualifier ainsi, mais même là, je n'apprécie par le terme. C'est un peu comme si l'on parlait de quelque chose à « résoudre » ou à « effacer », non... ? À l'extrême limite, ces gens-là sont le symptôme d'un problème plus global, mais c'est la seule entorse langagière que je me permettrais. Je vois très bien, toutefois, pourquoi Ludwig peut penser ça. Ou du moins, je comprends le cheminement qui a pu se faire dans sa tête pour qu'il le pense. C'est... C'est solitaire, ce genre de choses. E-enfin, par là, je veux dire qu'on se retrouve seul avec ses pensées, seul avec le pseudo-savoir de notre inutilité, et très vite, l'on se retrouve seul tout court. Oh, on s'y habitue. Pas le choix, de toute façon, alors on fait comme si tout allait bien, comme si ça ne nous faisait pas crever de frustration dans le fond, et on attend que ça passe. Mais ça ne passe pas. Ça ne passe pas seul ; je l'ai assez testé pour le remarquer.
Je marque une pause. Je dois faire attention à ce que je dis, alors je ne me précipite pas.

« … Vous voulez l'appeler ? On peut, si il faut, enfin, je peux... Je ne vous forcerais pas, après. »

Il faudra y réfléchir un jour, oui, mais je ne crois pas que ce soit la chose à dire maintenant, disons. Toutefois, je crois... Je crois qu'il faut peut-être que je m'approche du sujet sensible. Rien que pour moi-même, il faut que certaines choses soient claires, même si je sais que ça ne doit pas être facile pour le gamin et que je n'aime pas vraiment le voir aller mal. Je me demande, au fond, si les questions inversées pourraient servir. Voilà donc pourquoi je me permets de l'interroger du ton le plus rassurant que je puisse maîtriser.

« Qu'est-ce que vous voulez ? »

Je ne pense pas avoir de réponse. Je me doute que c'est une question stressante, mais... Je supoose que je veux clarifier les choses. Savoir ce qu'il en est, en somme. Et, peut-être, éventuellement, voir si il se rend compte de certaines choses par la même occasion.


FIN

O
C
T
O
B
R
E

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3

18H
feat. Ludwig Nagel-Jung
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Sam 9 Mar 2019 - 2:21
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

J’aurais certainement pu formuler mes interrogations de manière un petit peu moins dramatique… C’est vrai, quoi, tout de suite, je vais susciter de l’inquiétude et… Bon, ok, ma situation n’est pas rassurante en elle-même, je dois bien l’avouer. J’ai du mal à prendre à la rigolade ce qui m’arrive et je ne suis pas très fier. Je ne peux donc que baisser les yeux et regarder mes pieds après m’être un peu confié à l’éleveur. Sans grande surprise, l’adulte ne me répond pas tout de suite. Mes questions sont bizarres et franchement lourdes, après tout, quoi de plus normal qu’être mal à l’aise après ça et préférer ne rien dire… ? Je ne lui en voudrais pas s’il me trouve bizarre, après tout, c’est bien le problème avec les autres à l’école… je n’avais qu’à pas être autrement que ce qu’ils voulaient. Je n’avais qu’à rien dire, je n’avais qu’à rester une plante verte, ça n’aurait pas posé autant de soucis. Là, c’est la même chose. Je ne peux pas en vouloir aux gens qui me regardent de travers car ils ont probablement raison et des problèmes plus importants que les miens a gérer de leur côté. Le silence s’allonge et j’ose jeter un petit coup d’œil vers Monsieur Miyano, arrêtant au passage de tracer des arabesques invisibles avec mon doigt sur le plan de travail qui nous sépare.

Je remarque vite que l’adulte n’a pas l’air de chercher des moyens de fuir cette conversation, mais semble plutôt pensif et un peu troublé. Peut-être que j’ai dû dire quelque chose qui le dérange, finalement, mais pas dans le sens où je l’aurais attendu. Ne sachant pas vraiment quel comportement adapter, je me tais également en me demandant ce qui pouvait déclencher le trouble chez l’éleveur. Bien entendu, je n’ai aucun moyen de le savoir et je ne suis pas encore extra-lucide, alors je me retrouve à attendre bêtement. Probablement la meilleure chose à faire. Quoique non, la meilleure chose à faire aurait été de garder mes questions bizarre pour moi et donc, ne pas fuguer, et donc, ne pas faire de crise existentielle et donc… euh, attends, j’aime pas où s’en va ce raisonnement… Je n’ai pas le temps de poursuivre car les mots de Monsieur Miyano interrompent mes pensées.

Si j’ai demandé… quoi ? Ah, demandé à Soltan si je dérangeais…

« …Non… Mais… même si je dérangeais, il ne le dirait pas… si ? »


Ce n’est pas l’éleveur qui pourrait savoir. D’ailleurs, c’est ce qu’on dit ensuite : il ne peut pas parler pour mon tuteur ni vraiment juger de ma situation (cela m’aurait arrangé, qu’il me donne les réponses, j’avoue, mais bon). Je ne m’attends pas à ce qu’il me réponde, quelque part, j’ai plutôt l’impression que j’essaie de me convaincre que je ne suis pas à ma place chez mon tuteur. Car j’ai quand même beaucoup de raisons de le croire, bien que je ne sache pas si ces raisons sont fondées ou non… peu importe, en soi. Je reste muet et préoccupé par les paroles du plus âgé jusqu’à ce qu’il reprenne et je ne peux que suspendre ma respiration à ses mots. Soltan, inquiet… ? J’ai du mal à l‘imaginer inquiet ou paniqué de manière générale (ni vraiment en colère d’ailleurs, enfin, pas au-delà de son humeur ronchonne habituelle), alors si en plus il s’agit d’être inquiet à mon sujet…

L’expression que j’offre alors au Miyano doit être assez ridicule. Pendant un instant, j’ai écarquillé les yeux et avant de regarder ailleurs, ouvrant la bouche pour réagir sans qu’aucun son n’en sorte. En me remettant à observer le comptoir, ma gorge se serre pendant que je m’interroge et n’arrive pas à comprendre ma propre confusion. Enfin, si c’est que l’idée que Sotan s’inquiète me dépasse un peu. Je ne sais pas… n’importe qui serait en colère face à ce genre d’attitude égocentrique, non ? J’ai bien vu comment était mon père lorsqu’il a retrouvé Alex… Ou même, après être parti du château, je ne me souviens pas que Alex était vraiment content de me retrouver, en fait… il pleurait beaucoup et je l’avais consolé. Donc imaginer une réaction autre que celle-ci de la part de l’adulte qui s’occupe de moi ou d’Ellias, c’est… Je sais pas, ça me serre bizarrement le cœur et ça me perd complètement. Je ne sais plus vraiment ce qui devrait être « normal » dans les réactions potentielles des adultes et ce qui pourrait-être… « déplacé »… ? Mais j’imagine que je peux croire ce que dit l’eleveur qui a l’air de tenir à Axel. Je ne suis pas de nature vraiment envieuse, mais je dois bien dire que quand je vois des enfants qui ont l’air heureux avec leurs parents, je sens toujours un pincement au cœur et un question passe souvent dans mon esprit : « comment ça fait, quand on a une famille qui nous aime ? ». J’ai peut-être touché ça du doigt quand je vivais avec Alex et Riku mais… les souvenirs de cette époque me semblent parfois si flous et irréels. Pour ce qui est de ma vie chez Soltan… Oh, je ne dis pas que lui et ses enfants me détestent, pas du tout mais… Je ne sais pas, je me prépare toujours à la déception, comme si je n’y croyais plus vraiment. Peut-être que c’est ça, cette drôle d’impression qui m’envahit quand j’entends parler Monsieur Miyano, qu’il parle de son inquiétude à l’égard d’Axel et du fait que je ne suis pas un problème : la réalisation que je voulais peut-être juste me tenir à l’écart de tout ça, par peur d’être encore une fois déçu. Et il n’a suffit que de quelques mots d’Ellias, d’une impression que j’étais redevenu invisible, pour que je me sente trahi alors que j’osais reprendre espoir.

« Oui, c’est… logique… »

Répondis-je à mi-voix, après qu’il ait parlé du fait qu’il ne considérait pas les gens de manière général comme des poids. Invoquer la logique dans ce genre de contexte n’a peut-être pas beaucoup de sens, mais c’est ma manière à moi de dire que ce que l’éleveur raconte trouve un écho chez moi. Maintenant que j’y pense, ça ne ressemble pas à quelque chose que Alex, mon père ou ma mère auraient dit. J’aime les gens, moi, peut-être de manière un peu désespérément naïve, des fois, mais eux m’ont toujours donné l’impression de les détester. Ils disaient souvent que c’était la faute des gens, que les gens ne « comprenaient pas », que les gens étaient stupides. Alors, il y a bien des gens que je trouve bêtes et méchants (genre, à tout hasard, Raoul, ou Maman, ou Papa…), mais… Heureusement, on ne croise pas ce genre de personnes à tous les coins de rue. Je crois.

Enfin, je tergiverse, je tergiverse et je ne sais pas trop où j’en suis, encore moins quand le Miyano me demande si je veux appeler Soltan et ce que je veux faire. Une vaste question que cette dernière et je n’en comprend pas vraiment le sens. Qu’est-ce que je veux faire… où ? quand ?

« … Je sais pas… »

Dis-je en baissant piteusement les yeux. Je sais que ce n’est pas une réponse satisfaisante pour Monsieur Miyano. Il attendait probablement autre chose. Je me sens bête, mais au fond… pourquoi est-ce que je suis parti ? Pourquoi j’ai décidé de disparaître ? Parce que je ne voulais plus de problèmes, ni en causer. Je voulais juste…

« Je voulais juste partir loin de mes soucis… mais… » Un long soupir me soulève les épaules. « …Je suis plus très sûr. »

Plus très sûr que c’était une solution viable, que ça éloignera vraiment mes problèmes. Probablement que c’est tout à fait vain, en fait.

« Je sais que… faudra retourner à l’école, à un moment, j’ai pas le choix. »


Autant dire « retourner me faire embêter par mes chers camarades et tout recommencer à zéro comme si rien ne s’était passé ». En expirant à nouveau, je retrousse les lèvres d’un air embarrassé.

« J’veux juste que les problèmes soient pu là quand je retournerais chez lui. »


A mesure que je progresse dans mes propos, je sens la frustration m’envahir. Fuir n’aura rien changé, à la fin. J’ai une impression de « déjà vu » assez aigre, avec tout ce qui se passe et pourrait arriver par la suite. J’ai presque envie de grogner pour exprimer mon amertume. Rien ne va changer, hein ? Encore une fois, ça n’aura servi à rien, de disparaitre pour attirer l’attention. D’expérience, ça n’avait rien changé à ma vie alors je ne vois pas pourquoi ce serait différent aujourd’hui. Avec Alex, quand j’étais parti… il a juste été plus triste. Ça n’a rien amélioré. Et Riku est partie. Autant dire que mon égoïsme ne pourra jamais améliorer la situation alors… autant rester dans mon coin et la fermer, hein ? Envahi par une certaine irritation, je fais la moue en m’adressant de nouveau à l’éleveur.

« En même temps, si je l’appelle et qu’il vient me chercher, bah, ça va rien changer. Ça va juste redevenir comme avant, je vais devoir retourner au bahut pour me faire traiter comme si j’étais… je sais pas quoi. Je sais pas, mais en tout cas, y aiment pas ça. Alors que j’ai rien fait ! »

Je ne sais pas si le Miyano peut comprendre. Comme j’ai élevé la voix sous le coup de la colère et que j’ai un peu étalé ma vie d’un coup, je me sens m’empourprer de honte et je me tais à nouveau.

« …Ce… c’est pour ça… si je rentre, ça sera comme avant. Et… je veux pas. Je veux plus. »

Finis-je par dire, à mi-voix, n’osant plus défier le regard de l’adulte face à moi. Je ne devrais pas lui imposer tout ça. Il ne voulait probablement pas en savoir autant. Je me suis pétrifié, bien incapable de bouger pour fuir encore une fois. Je ne lui demande pas de donner la solution à mes problèmes, car je sais qu’il n’y en a probablement pas : c’est moi le problème. Et je suis convaincu que la situation ne peut s’améliorer, pour le moment.
Ludwig Green
Ludwig Green
Civil
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Sam 16 Mar 2019 - 18:15
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
Je ne suis pas connu pour ne pas me prendre la tête. J'ai un talent prodigieux pour me convaincre moi-même que je suis capable d'être parfaitement détaché, mais les faits sont taquins et bien plus honnêtes que moi. Je suis fondamentalement incapable de ne pas m'interroger en permanence et je ne dis pas ça pour jouer aux gamins prétentieux qui a besoin de jouer à « oh ma grosse intelligence » pour se sentir à peu près existant dans le monde. Sincèrement, je suis le genre de type qui s'agace pour un rien quand il ne saisit pas un élément ou qu'il est rendu confus par quelque chose. Quand j'ai un souci, j'ai donc pris l'habitude de tout décortiquer, point par point, jusqu'à fatiguer tout mon entourage par mes questions infinies. Il n'est donc en un sens, pas étonnant, que je finisse par poser une interrogation aussi globale à l'adolescent car c'est généralement de quoi je pars personnellement. Mais là encore, peut-être qu'il ne sera pas foncièrement aidé par mes méthodes, mais l'on va dire que je ne perds rien à essayer ; c'est toujours mieux que les jolies phrases creuses et bien propres dont j'ai une sainte horreur.
Je constate, en dévisageant le cadet avec peut-être trop d'insistance (on m'a déjà dit que j'étais flippant avec mes regards fixes inexpressifs des fois ; promis, juré, c'est involontaire), que mes questions lui ont posé une colle. Ce n'est pas surprenant. C'est un gamin, et je ne dis pas ça avec une forme de mépris ou de condescendance quelconque ; c'est juste qu'il est compliqué d'appréhender ces situations pour un adulte, alors quand on est gosse, on... Disons que l'on a pas les instruments pour y réfléchir, ou même les capacités d'y réfléchir sainement. Je ne suis pas très fier de la forte tendance à l'opposition et à l'agressivité que j'avais étant ado, mais y penser quelques secondes me rappelle que dans les faits, à cet âge-là, ce n'est pas vraiment surprenant de tomber dans des méthodes de gestion malsaines. Surtout quand, visiblement, l'on a quelques soucis avec ses figures tutélaires.

Je plisse les yeux devant sa première réponse. Je ne connais pas son tuteur, donc je ne peux pas juger. Toutefois, j'en suis persuadé, cela doit faire un moment déjà qu'il se posait des questions. L'on en arrive pas à des conclusions pareilles sans un temps de réflexion, que ce soit vrai ou non. Je le sens troublé, perturbé. Je crains, quelque part, d'avoir été trop fort. Pour être tout à fait honnête, j'ai encore beaucoup de mal avec le sens de la mesure et dans les cas de figure où il faut faire preuve d'une certaine délicatesse, il m'arrive de me montrer brusque, voir insensible. Je reste donc très attentif, prêt à retirer mes propos si jamais ils suscitent chez le gamin une source inutilement grande de mal-être. Honnêtement, aucune question ne vaut le coût de provoquer une crise, même si elles sont parfois inévitables ; ce cas de figure n'est évidemment valable quand ce n'est pas un choix délibéré.
Je ne sais pas si ce que je dis touche quelque chose ou aura même son importance. Il y a de très, très fortes chances, que je n'en sache jamais rien. Puisque je ne discute pas avec lui dans le but de palucher mon ego, il m'importe peu d'être au courant et je préfère simplement faire de mon mieux pour ne pas sortir des banalités dangereuses. Oui, parce que franchement, les idioties à base « la famille c'est beau » et « l'amour des proches c'est bien », ça me donne moi-même envie de claquer des tiroirs dans des visages tant c'est facile à balbutier, donc j'évite soigneusement ce genre de conventions. Pas que je juge ceux qui le pensent ou le disent, juste que je sais d'expérience qu'entendre ce genre de choses, quand on a eu d'énormes difficultés avec certains concepts, c'est un peu comme une forme de mépris supplémentaire. Déjà que j'ai le droit aux regards pleins de pitié quand je dis que je n'ai pas gardé contact avec ma famille biologique... Toujours est-il qu'il m'est donc difficile de jauger de sa perception de mes propos. J'espère juste ne pas faire n'importe quoi.

Sa confusion et son désir de s'éloigner de ce qui le faisait souffrir résonnent en moi comme un douloureux rappel logé au creux de ma poitrine. Je me surprends à le fixer durant de longues secondes, l'expression rendue neutre par les images qui se succèdent dans ma tête. Au fond, ce gamin fuyard, ne ressemble-t-il pas un peu à l'adolescent qui, du haut de ses tout juste seize ans, avait été jusqu'à changer de pays pour s'éloigner le plus possible d'un contexte quelque peu toxique... ? Je n'irais pas comparer excessivement les deux cas. Néanmoins, je ne peux pas nier que si mon empathie s'agite et gronde dans le creux de mon ventre comme un petit monstre turbulent, ce n'est pas pour rien. Non, ce n'est pas idiot, de ne pas comprendre ce que l'on cherche en s'éloignant. En tant qu'enfant et en tant qu'adolescent, il n'y a pas vraiment d'autre choix que ça pour se préserver. C'en devient un besoin vital, comme un instinct de survie, qui se diffuse alors très vite aux relations interpersonnelles. Bien sûr que ça n'a rien de rationnel, mais la douleur, des fois, elle... Elle est insupportable, clairement. Elle vous attrape, vous piège, vous étouffe et vous asphyxie jusqu'à ce que vous en arriviez à demander si cela continuera toute votre vie. Face à l'idée d'une impasse pareille, je ne crois pas qu'il soit foncièrement déraisonnable pour un gamin sans possibilité d'échappatoire d'avoir le réflexe de s'éloigner au plus vite. Je suis persuadé qu'un bon nombre d'adultes ne feraient franchement pas les malins face à une situation pareille. Face à ses propos, j'esquisse donc le début d'une grimace, peiné.

Sa frustration est palpable. Elle est parfaitement normale et je ne peux que la comprendre. Combien de fois est-ce que je tentais de fuir mes soucis dans l'espoir qu'ils ne seraient plus là quand je reviendrais... J'ai appris, à force, à ne plus craindre les confrontations, mais c'est quelque chose qui prend du temps et qui ne disparaît jamais totalement. Ses propos pressent quelque chose dans ma poitrine, adoucissant mon expression et la rendant bien moins distante. Je le laisse s'énerver, haussant toutefois légèrement les sourcils face à ce début d'explosion qui, très sincèrement, ne me surprend pas, au fond. La colère est parfaitement normale et je n'ai pas trop de mal à comprendre de quoi il parle. Je ne peux pas dire que j'ai été particulièrement la cible de mes camarades de classe, mais... Mais clairement, je surcompensais une fausse apparence « edgy » de crainte de l'être. J'avais déjà vu quelques exemples de cas de figure, suffisamment du moins, pour avoir une idée de ce que raconte Ludwig. Je ne vais toutefois pas le contredire ni l'arrêter dans son expression, bien conscient que ce genre de choses a besoin de sortir. Honnêtement, quand j'y pense, si l'on m'avait laissé exprimer ma frustration et ma colère de façon saine en étant gosse, beaucoup de choses se seraient mieux passées. J'applique donc sans surprises ce principe à tous les gamins que je croise. En ce sens, Ludwig et Axel se ressemblent plus qu'il ne l'imagine, même je me garderais de faire ce commentaire.

Son regard tombé et sa fatigue sont si palpables que j'en viens à sentir l'angoisse ronger jusqu'à l'intérieur de ma poitrine. Je laisse un temps de repos, ne serait-ce que pour mettre mes propres pensées en ordre et ne pas sauter bêtement sur un dialogue qui pourrait être bien trop maladroit. J'ai toutefois une idée de ce que je vais dire, ce qui explique en passant le fait que je ne préfère pas rentrer dans le tas comme une sombre brute idiote, mais je crois que je ne vais pas pouvoir échapper à l'inévitable maladresse de ce genre de conversations. Une grimace s'étire sur mon visage alors que des souvenirs me passent en mémoire, me faisant ravaler ma salive tandis que j'essaie de ne pas garder la tête trop baissée. L'incertitude me noue le ventre, mais je ne peux pas me permettre d'avoir l'air d'un pauvre petit toutou apitoyé devant un gamin qui risquerait fort de se mettre à culpabiliser en me voyant parler de tout ceci. Je veux juste... Je veux juste, quelque part, qu'il ne se sente pas fou. J'aurais bien aimé pouvoir le savoir, à son âge. Sans doute est-ce pour cela que je finis par reprendre la parole d'un air plus assuré, la voix lente mais posée tandis que j'essaie d'exposer mon point de vue.

« J'ai... Fait sensiblement la même chose, quand j'étais adolescent. Je me rappelle qu'à l'époque,  j'avais l'impression d'être coincé. Tout le temps. Je pensais que ça allait durer toute ma vie. C'était... C'était terrorisant, sincèrement. »

Je ne sais pas si quelqu'un qui ne l'a pas vécu peut comprendre, en soi. Il arrive un moment où tout devient insupportable. Peu importe l'endroit, peu importe l'heure, il n'y a plus que cette constriction généralisée, que cette peine permanente dans tout le corps et la sensation intenable, la preuve, que l'on est condamné à ressentir ça. Je ne sais pas ce qui est pire entre penser en être entièrement responsable ou, au contraire, être si incapable de la contrôler qu'il en devient illusoire d'espérer aller mieux. Après l'avoir supporté toute mon enfance, puis durant toute une bonne partie de mon adolescence, je m'étais dit que mon mal-être ne partirait jamais vraiment et que si je n'en voulais plus, je n'avais qu'à, enfin, je... Bref. Disons simplement que je comprends extrêmement bien la frustration engendrée et l'insupportabilité du fait de simplement devoir imaginer continuer à courir dans un mur. Quand vous avez déjà mangé le mur dans les dents pendant longtemps, imaginer le prochain coup rendrait dingue n'importe qui.
Toutefois, je ne lui parle pas de ça pour rien. Mes lèvres se déforment en un trait horizontal et je grimace très légèrement, ne souhaitant surtout pas être excessivement candide et faussement optimiste pour jouer au placebo. Je repose mon regard sur lui malgré la nervosité que me provoque ce genre d'actions, plus tempéré.

« Je pense que les choses peuvent changer. Si les gens qui s'occupent de vous tiennent à vous, je pense aussi qu'ils vous aideront si vous leur en laissez la capacité. C'est ce que l'on fait, quand on tient à quelqu'un. »

J'évite de trop insister, mais je ne suis pas discret sur le fait que j'essaie de lui faire comprendre que si quelqu'un lui a fait penser le contraire, alors ce n'est pas quelqu'un dont il doit trop se préoccuper. Bien au contraire, même. Je sais à quel point il est facile de porter le blâme sur ses propres épaules pour la manière dont des personnes nous ignorent alors que l'on désirait juste qu'ils nous regardent, ou juste... Justifier la façon qu'ils ont de nous maltraiter et de nous faire culpabiliser. Je ne sais pas trop quelle est la situation du gamin, ni même son historique. En revanche, je suis catégorique ; on ne dit pas ce qu'il dit sans raison. Je ne sais pas ce que j'espère faire par mes propos, si ce n'est lui faire garder cet élément en tête, car il est possible qu'il ne soit pas prêt à l'entendre. Je veux dire, j'ai encore mes problèmes à ce sujet alors que je dois être en thérapie depuis mes dix-neuf ans, alors...
En parlant de ça, d'ailleurs, je crois qu'un autre point est important.

« Vous n'avez pas à rester quelque part où vous vous sentez mal. Il y a des solutions, pour l'école, et...  »

J'hésite. C'est très, très compliqué. Mon instinct n'est pas bon, ou du moins je n'ai pas du tout confiance en ce dernier car on m'a appris, méthodiquement, à ne pas me croire moi-même. Toutefois, reste que j'ai la sensation que cet ado a quelques soucis, dont certains qui ne pourront pas se résoudre par une tisane et quelques gâteaux au coin d'un feu de cheminée. Il y a des choses qu'il faut traiter plus profondément et plus en détail. L'entendre peut-être ardu, mais c'est à mes yeux vraiment nécessaire.

« … Et pour se sentir mieux, aussi. Je sais qu'on peut avoir l'impression que ça n'ira jamais mieux et que tout est de notre faute, mais non, ce n'est pas le cas. »

J'ai mis un temps à le saisir de mon côté, mais j'aimerais sincèrement qu'il l'entende maintenant.


FIN

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Ludwig Green
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J’ai beau retourner la situation dans tous les sens, essayer de me reprocher et d’endosser toute la responsabilité pour ce qui m’arrive, cela finit toujours pas sonner faux. Ça finit toujours par exploser dans ma tête dans un « ras-le-bol » généralisé. Comme quand je suis parti de la maison il y a 8 ans à l’improviste et comme je l’ai fait il y a un jour. Je ne saurais dire ce que je ressens exactement, tout est un peu trop embrouillé, mais, je suis toujours en train de me demander… « pourquoi » ? Qu’est-ce que j’ai fait pour qu’on continue de me faire comprendre que je n’ai pas ma place où que ce soit ? Chez Papa et Maman, je ne veux même pas y penser, chez Alex, bah, j’ai pas pu rester, chez Soltan, ça va, mais là, le problème c’est l’école, et chez Ellias, bah, c’est pas pour rien que je me suis dit qu’il valait mieux pas que je reste. D’accord, peut-être que des fois j’ai été égoïste et j’ai cherché à me protéger sans faire attention aux personnes autour de moi mais… est-ce que je m’en remettrais à des solutions extrêmes de manière totalement gratuite ? Est-ce que j’ai vraiment fait quelque chose qui mérite d’aller tous les jours au collège avec la boule au ventre, la crise d’angoisse au fond de la gorge, qui mérite d’être convaincu que personne ne m’aimera jamais ?! Personne ne mérite de supporter ça, diraient certaines personnes. Puis il y a les autres qui s’en fichent et qui sont en grande majorité quand même, j’ai l’impression. Du moins c’est ce que j’ai envie de penser maintenant, tandis que je me sens encore sous l’emprise d’une colère passagère. Ça me fait du bien, sur le coup, de me dire que les gens qui m’oppressent méritent de subir le même mépris qu’ils ont pu m’imposer. Peu m’importe sur le coup si c’est mal de penser ainsi ou non, je ne crois pas être celui dans cette histoire qui aura blessé d’autres personnes. Inquiété, oui, peut-être, mais… je n’ai agressé personne, à ma connaissance… enfin, si, il y a eu ma dispute avec Marilyn et ce « pardon » que je n’ai absolument pas pensé sur le coup et qui n’a pas fait disparaitre la peine du regard de mon amie. Non, finalement, je n’ai pas été vraiment mieux que celleux qui s’en prennent à moi au bahut, à ce moment-là.  

Je n’en veux nullement à l’adulte de se taire les secondes qui suivent. Je n’ose pas le regarder ni soutenir son regard. J’ai l’impression que mes oreilles bourdonnent sous le coup de l’agacement et j’ai la gorge serrée. Je ne devrais probablement pas serrer les dents pour me retenir de pleurer ou de crier non plus : ça va finir par me faire mal et me crisper encore d’avantage. Je ne sais pas ce que je voudrais entendre ou ne pas entendre à ce moment-là car je n’arrive pas moi-même à mettre des mots sur ce que je ressens. Il faudrait que je le dessine, que je trouve un autre moyen, peut-être, mais je n’ai jamais été très doué pour les trucs artistiques. Dans tous les cas, j’essaie de me dire que le silence ne me fait rien, en ce moment, que je ne me sens pas ridicule face à l’absence de réaction apparente de Monsieur Miyano, mais… j’ai vraiment du mal avec le silence. J’ai envie d’avoir des réponses, d’une manière ou d’une autre. J’ai besoin qu’on me dise que je n’ai pas eu tord d’agir comme je l’ait fait, qu’on me confirme que mes motivations (si on peut appeler ça ainsi) étaient naturelles et légitimes. Bien entendu, ce n’est pas ce que j’obtiendrais ici, enfin l’éleveur ne m’a pas donné l’impression d’être le genre qui vous caresse dans le sens du poil. Ce n’est pas vraiment un reproche, il a l’air un peu comme Soltan à cet égard : bourru et franc mais pas méchant, enfin, je crois. Le truc, c’est que généralement, quand ces personnes réagissent aux questionnement existentiels, ce n’est pas que c’est violent, mais c’est direct. Enfin, quand Soltan pose des questions et va droit au but de cette manière, même s’il veut garder du recul, bien souvent, ça touche dans le mille, pile poil là où j’ai à la fois envie et pas envie d’aller. Quand le Miyano se remit à parler, je me mis à déglutir sous le coup de la surprise et sentis les sanglots prêts à sauter hors de ma gorge.

Comment sait-il… ? Je ne pense pas qu’il lise dans les pensées. Je pense juste que je suis transparent et que l’éleveur a vécu des choses qui lui permettent de comprendre certains aspects de mon comportement. Dans tous les cas c’est… exactement ce sur quoi j’essayais de mettre des mots à peu de choses près. Je me sens coincé et incapable de m’en sortir, pour ça que fuir s’était manifesté comme la seule solution viable, aussi absurde et excessif que cela puisse être.

J’inspire en sentant mon cœur se soulever en entendant la suite des propos du plus âgé. En me mordant l’intérieur de la lèvre, j’essaie de ne pas pleurer mais ne peux retenir mes yeux de s’humidifier. C’est vrai, quand on dit que la vérité peut blesser. Plus qu’être blessante, c’est qu’elle frappe littéralement en plein cœur, qu’elle nous pousse à avouer ce qui a provoqué notre détresse. Puis, surtout, il y a cette sensation que quelqu’un comprend, ou du moins est parvenu à nus écouter assez pour avoir une idée de ce qui nous tracasse. En l’occurrence, ça enlève un poids sur ma poitrine même si le moment est difficile et qu’il ne m’en faudra pas beaucoup plus pour me mettre à chouiner comme un bébé. Pour ça que je n’ose rien répondre, sachant très bien que le fait d’ouvrir la bouche m’entrainerait tout de suite dans une crise de larmes. Parlant de larmes, j’essuie tout de même celles qui s’échappent déjà de mes yeux, comme pour me trahir, tandis que je renifle. Oui, j’ai peur et je me sens prisonnier, j’ai l’impression qu’il est inévitable que je souffre et sombre, d’une certaine manière. Et donc… que faire ? Je ne dis pas que je suis le plus à plaindre, bien loin de là, mais j’ai quand même l’impression que ma vie, jusqu’à aujourd’hui, fut un sacré bazar pas franchement très sain. Mais, est-ce que je peux vraiment confier tout ça à d’autres personnes et en quelque sorte, les entrainer dans mes problèmes ? Apparemment, ce n’est pas à moi d’en décider pour eux. Ce n’est pas à moi de décider si les gens veulent m’aider ou non, mais… je ne sais pas. L’idée que, peut-être, quelqu’un a envie de m’aider me touche profondément mais éveille aussi en moi des sentiments contradictoires que je ne comprends pas. Résultat, cette fois, je ne résiste plus au haut-le-cœur qui remonde jusqu’à mes lèvres et pleure pour de bon en me cachant le visage dans les mains.

Evidemment que si un de mes proches n’allait pas bien, j’aurais envie de l’aider, alors pourquoi c’est si difficile de m’imaginer dans la situation inverse. Je trouve l’idée de se confier, de s’ouvrir aux gens en qui je n’ai pas une confiance totale terrifiante. Même si je n’irais pas jusqu’à dire que je suis pleinement en confiance avec monsieur Miyano, il y a aussi des moments où les ennuis pèsent trop lourd et puis, on en vient à vider son sac d’une manière ou d’une autre. Le regard bas et tremblotant en essayant de faire mes sanglots les plus silencieux possibles, je reste pendu aux paroles du plus âgé. Oui, il y a une solution à tout, à ce qu’il paraît, moi aussi, j’ai envie de le croire… mais, là, j’ai du mal à ne pas être un peu défaitiste.

« V-vous… vous l’pensez v-vraiment… ? »

Demandais-je en reniflant derrière mes mains. Est-ce que les solution existent vraiment ? Est-ce qu’il n’est pas en train de jouer à l’adulte qui baratine et me dit ce que je veux entendre pour que j’arrête de pleurer ? Je ne le regarde pas à ce moment-là donc je ne saurais pas dire s’il a l’air convaincu ou non mais j’ai envie d’y croire quand même, que tout ça va cesser un jour et me laisser un peu en paix. Après avoir entendu bien assez de mensonges quand j’étais petit je ne peux m’empêcher de douter de la parole des plus âgés, même quand certains se sont avérés ne jamais dissimuler la vérité, comme Soltan ou (du peu que j’ai constaté) Monsieur Miyano.

« Vous d-dites pas ç-ça juste pour m’rass-rassurer, h-hein… ? P-Parce que j’en ai un p-peu marre des adultes qui disent des t-trucs qu’y p-pensent pas vraiment ce qu-qu’y disent juste pour… pour que j’me c-calme et… et que je pose pu de questions… »

Entre les hocquets et les reniflements, je me demande si on me comprend bien. J’imagine que mes mots font directement référence au comportement d’Ellias. Je ne sais pas vraiment ce qu’il cherchait mais il voulait quand même faire enfermer les Pokémon d’Alex et j’ai du mal à me dire qu’il ne voulait vraiment pas mal faire, surtout qu’il était au téléphone avec mon père. Ça fait un peu trop d’éléments en sa défaveur pour que je m’imagine qu’il n’avait pas un peu de sales idées derrière la tête. A cette pensée, un nouveau sanglot remonte dans ma gorge et je me remets à chouiner de plus belle, la tête enfouie dans mes bras croisés contre la table. Comme l’a dit l’adulte, je me sens coincé, comme condamné à subir encore toute ma vie ce genre de déceptions et de sensations étouffantes, invivables. Ça semble dramatique et excessif, dit comme ça, mais c’est comme ça que je le vis.

Dans l’immédiat, je crois que je suis trop fatigué et stressé pour prendre une décision en ce qui concerne appeler mon tuteur. Mais j’ai l’impression d’abuser, en faisant reposer ça sur de pareilles excuses alors que si quelqu’un me les donnait de la même manière, je trouverais ça tout à fait légitime. Il me fait quelques courtes minutes pour me calmer et retrouver un rythme de respiration normal, me déboucher les narines en me mouchant plusieurs fois… je dois vraiment faire pitié à regarder. Je me sens épuisé et prêt à me mettre à pleurer à nouveau à cause de ma trop grande fatigue. Joindre Soltan dans cet état me semble impossible mais en même temps, je me dis que c’est simplement l’alarmer d’avantage alors que je suis en sécurité. Même en sachant ça, tout semble juste encore trop… fermé sur moi-même.

« Je… je crois que j’appellerais Soltan, enfin, mon tuteur, quand j’aurais pu dormir. J’ai… très peu dormi depuis hier et… je préfère dormir avant… si ce n’est pas trop… égoïste ? »

J’ose finalement croiser, brièvement, le regard de mon interlocuteur. D’un léger penchement de front, je m’apprête à m’excuser une fois que j’aurais eu son « accord » en quelque sorte. Ce soir, j’ai étrangement l’impression que je n’aurais pas tant de mal à trouver le sommeil.
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Ven 29 Mar 2019 - 2:07
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
C'est plus dur de dire tout cela que ce que l'on pourrait croire, je vous l'assure. J'ai la sensation que ma gorge s'est nouée, ou du moins en partie, au fur et à mesure que je parle. Ce n'est pas particulièrement agréable de me replonger la tête dans tout ça, même si j'ai appris à m'en distancer pour ne plus replonger la tête la première dans mes vieux démons. Ça ne part jamais vraiment. On ne guérit pas entièrement de tout ça, à mon avis, l'on apprend juste à s'en protéger et à s'empêcher de boire la tasse quand viennent les moments de faiblesse. Ainsi, je ne mens pas au gamin quand je lui dis que les choses peuvent changer ; simplement, ce n'est pas aisé. Il faut du temps, de l'expérience et, avant tout, un cadre sain. J'ai eu la chance de l'avoir relativement jeune, de mon côté, permettant de limiter les dégâts. Dans son cas de figure, je ne sais pas si c'est exactement ça ou non, mais j'ose espérer lui offrir une main tendue, au besoin. On ne peut pas forcer qui que ce soit à la saisir, toutefois. Moi, j'ai mis beaucoup de temps à  accepter qu'elle puisse même exister.
Je ne sais pas si j'ai bien fait, d'ailleurs. Je ne le saurai probablement pas, ou alors pas maintenant. Néanmoins, ce que je peux remarquer, ce sont les larmes naissantes de mon interlocuteur et son expression qui se décompose petit à petit. Si je reste interdit, les yeux grands ouverts sous le coup de l'inexpérience face à ce type de situations (je suis habitué à ce qu'on me crie dessus et c'est même plus rassurant pour moi malheureusement, oui, je sais, je retourne en thérapie bientôt, me regardez pas comme ça) avec quelqu'un qui n'est pas Samaël ou même Alice, j'ouvre bêtement la bouche, surpris. Aucun son ne sort, car je n'ai rien de bien intelligent à dire et que les mots seraient de toute façon bloqués dans ma gorge à l'heure actuelle. J'ai du mal à savoir, même en dévisageant le gamin avec une insistance qui doit probablement être malpolie, si c'est du soulagement ou de la peine ; probablement un peu des deux, même si j'ai du mal à me convaincre que j'ai pu amener quoi que ce soit d'à peu près bon à quelqu'un.

Dans tous les cas, je le laisse faire. Je ne cherche pas à l'en empêcher, car d'expérience, pleurer un grand coup soulage toujours bien plus que de se forcer à arrêter. Je ne me rapproche pas non plus, conscient qu'il vaut mieux éviter de faire ça devant une crise de larmes aussi violente. Je reste là, assis comme un con, complètement impuissant face au déferlement d'émotions en provenance du gamin. Un courant d'air froid, vivace et mordant, me traverse la poitrine alors que je n'arrive plus à détacher mon regard adouci du môme, un nœud étouffant bloquant ma gorge. Je ravale difficilement ma salive, nerveux, un peu trop troublé par mon empathie qui a visiblement décidé de me jouer beaucoup trop de tours.
Sa question me fend le cœur. J'ai l'impression d'entendre les interrogations craintives que je me posais il y a de cela quelques années, quand je pleurnichais contre ma sœur, contre Faust, contre Sam, contre tous ceux qui, en somme, m'ont dit que les choses pouvaient s'arranger. Je me doute, même si je n'ai pas l'arrogance de prétendre pouvoir connaître, du mélange d'angoisse, de panique et de soulagement qu'il doit supporter en même temps alors qu'il continue de pleurer. La suite de ses propos me tirerait presque une grimace. Oh, gamin, si tu savais comme je les ai vu et entendu, aussi, avec leurs regards mauvais d'exaspération, les lueurs de colère à peine dissimulés dans leurs yeux durs, les pointes de violence dans leurs intonations brutales. Pendant longtemps, j'ai été un de ces gamins qui ne supportaient pas les adultes pour cette même raison ; pour moi, ce n'était que des menteurs, des lâches et des pourris jusqu'à l'os qui se montraient incapable de quoi que ce soit de bon. Et, tout particulièrement, de m'aider quand je venais les chercher, puisque je n'avais le droit qu'aux ordres et aux obligations de me taire. Ce n'est pas vraiment étonnant que j'ai toujours un énorme problème avec l'autorité et les structures officielles, maintenant que j'y pense, mais je n'ai pas envie de porter mon regard trop longtemps là-dessus. Toujours est-il que je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un rictus désabusé face à sa question, hochant négativement de la tête en silence pour essayer de le rassurer au moins partiellement avant de répondre. Car, après tout, il a autre choix à dire, je crois.

Je l'écoute calmement, forçant mon visage à l'expression la plus paisible, la dénuant de mon angoisse, même si ce n'est que du pur apparat. Il n'a pas à s'inquiéter de ma petite personne ; ce n'est pas son rôle, après tout. Je pousse d'ailleurs légèrement une boite de mouchoirs vers lui, ne lui faisant pas l'offene de lui dire qu'il peut se servir, tandis qu'il balbutie une demande penaude. Je retiendrais presque un soupir face à son air quasi implorant de gamin qui a l'impression d'avoir commis une grande offense en faisant quelque chose de simplement humain. Je ne le fais pas, évidemment, car je sais plus que bien qu'il pourrait le comprendre comme une forme d'agacement ; je fais bien assez souvent la même chose, donc bon. Ainsi, je choisis plutôt de hocher négativement de la tête, la voix étonnamment tranquille alors que je reprends la parole, dépourvue cette fois de l'hésitation de tout à l'heure.

« Pas de soucis. Si vous voulez vous pouvez aller vous reposer dans la chambre d'amis en solitaire pour la nuit, je ramènerai une tisane et une portion de dîner tout à l'heure. Enfin, euh, la salle de bains est libre aussi, au besoin. »

Et je m'occuperai d'expliquer à mon compagnon tout ce cirque, aussi, même si je sens déjà que je vais pédaler dans la semoule en rasant les murs, en vérité. M'enfin bon. Très clairement, je n'ai pas la sensation d'avoir mal fait et je ne supporterais pas d'agir autrement à l'heure actuelle. Je pense qu'il a besoin de repos avant tout ; le reste, ce sont des préoccupations d'adultes, pas celles d'un gamin. Il pourra appeler ou non si il le souhaite demain, je n'irais pas le pousser. Je crois, après tout, qu'il a déjà fait bien assez d'efforts comme ça.
Calmement, je me relève pour aller poser ma tasse froide dans l'évier, peu intéressé par le fait de la vider désormais. Je réfléchis en attendant à mes propos, et quand quelque chose finit par passer dans ma tête, le début d'un rictus désabusé et légèrement joueur se dessine sur mes lèvres. Je me retourne tranquillement vers le buffet et Ludwig, lui offrant un regard teinté d'une forme de malice désinvolte.

« Entre nous, vraiment... »

Je glousse un peu, trouvant tout cela, au fond, franchement absurde par sa réalité, avant de terminer ma phrase.

« Nous, les adultes, on craint un peu. »

Et sincèrement, je crois que le réaliser, quand j'étais gamin, a été la meilleure chose qui puisse m'arriver. C'est quelque chose en soi, de découvrir que l'on n'est pas responsable des actions des gens qui auraient dû faire et savoir mieux, qui auraient dû nous aider, nous protéger et nous accompagner dans notre avancement, mais qui ne l'ont pas fait. C'est pénible, un peu. La désillusion est brûlante ; moi-même, j'ai encore du mal à avouer que ma mère, aussi aimante qu'elle soit, a eu ses torts avec ma sœur et moi. Que la grand-mère dont je cherchais désespérément l'amour étant enfant ne me donnerait jamais les soins que j'espérais, et que beaucoup, beaucoup de ceux que j'admirais étaient en réalité de dangereux et égoïstes incapables. Bien sûr, tout le monde n'est pas comme ça, mais je partage le désabus du blondinet face à quelque chose qui tend à donner envie de vomir quand on finit par réaliser que personne ne vous écoute ou ne vous aidera, car tout ce qu'ils souhaitent est que vous vous taisiez.
C'est pour cela que je finis par poser sur lui un regard bienveillant, accompagné d'un sourire plus doux.

« Il y a des médecins, si il le faut, mais... Je crois que vous êtes sur la bonne voie. Vous avez été vraiment courageux d'oser en parler. »

Il avait, après tout, passé l'étape la plus compliquée. Certains ne la dépassent jamais. D'autres mettent vingt-cinq ans et des bretelles à apprendre qu'ils ne vont pas mourir en le faisant. Alors franchement, et je ne le dirais pas car je ne veux pas trop en faire pour le moment, mais ce gamin qui pleure dans ma cuisine à l'heure actuelle a toute mon admiration.


FIN

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Ven 29 Mar 2019 - 23:51
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/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

Je crois que tout ça, c’est simplement le signe clair que j’ai dépassé mes limites. Mes limites de sommeil, déjà, j’ai très peu dormi ces dernières 24h et plus généralement, j’ai atteint mon seuil de tolérance en ce qui concerne les comportements merdiques des autres personnes. Je ne comprends pas pourquoi ils avaient besoin de s’en prendre à moi, je ne devrais pas avoir à « tolérer » le fait qu’il n’ont aucun autre moyen de se défouler par eux-mêmes. Mais, justement, je n’ai plus la force de me défendre contre ça. Mais il n’y a pas que cette histoire d’école, comme dit Monsieur Miyano, c’est l’impression que tout ça n’aura pas de fin, cette sensation d’être déjà passé par là plusieurs fois… et d’être résigné au fait que cela se reproduira encore et encore quand je ne m’y attendrais plus. Je me dis que c’est inévitable, que c’est comme ça que je vais devoir vivre le restant de mes jours : en étant une source d’amusement, un défouloir, une présence docile qui se laisse utiliser car je ne sais rien faire d’autre. Pourtant… j’en connais, des gens qui ne sont pas ainsi. Des gens qui sont dans ce qu’on pourrait appeler mon « entourage proche » et même mon entourage moins proche mais présent à l’heure actuelle, en la personne de l’éleveur qui m’a gentiment accueilli chez lui. Alice ne me ferait pas de mal, Riku et Soltan non plus, même si avant de connaitre ce dernier, je pensais que comme tous les adultes, il n’était là que pour me laisser m’abimer dans mon coin… Puis, bien entendu je n’évoque pas Iris, Mikoto et Marilyn, qui ne peuvent pas être mauvais, même si Maril peut-être casse-pieds et agressive.

Aussi, ce qui m’angoisse, dans tout ça, c’est que je ne sais pas où « classer » Alex. Mon grand frère ne m’a jamais fait de mal comme Papa et Maman l’ont fait, comme mes camarades de classe l’ont fait plus récemment. Il est simplement intouchable, pour moi… D’ailleurs, il n’est plus là. Chaque fois que je pense à lui, que je le vois en face à face, j’ai mal au cœur, car je me dis qu’il ne reviendra pas à la maison. C’est dur de grandir, parfois. J’aimerais revenir à l’époque où je rêvais aveuglément que si Alex ne revenait pas aujourd’hui, il reviendrait demain et ainsi de suite. Mais, j’ai grandi, j’ai ouvert les yeux sur le fait que la prison ne laisse pas sortir les gens comme ça, à moins que leurs crimes s’avèrent « moins graves » que prévu, enfin, je ne comprends pas tout… et je ne veux pas savoir ce que mon grand-frère a fait pour ne pas mériter de sortir plus tôt. Est-ce que je le connais assez pour le classer quelque part, en fait… ? Je préfère fermer cette porte avant que mon imagination ne devienne trop fertile.

A force de tergiverser je me rends vraiment compte que mon esprit ne va pas droit et que je suis simplement trop crevé pour avoir les pensées claires. La crise de larmes a fini de m’achever et je suis vraiment soulagé que le Miyano n’insiste pas pour que j’appelle Soltan ce soir. J’ai tellement envie de lui préparer des cookies et de lui dire qu’il est bien trop gentil pour ce monde, ce type fan des insectes. Enfin c’est ce que je pense pour le moment.

Comme on m’y a autorisé (enfin, d’une manière ou d’une autre, j’aurais fini par quitter la cuisine, quand même), je finis par me lever une fois mes larmes à peu près séchées, me préparant à prendre congé. Je n’attendais pas grand-chose de plus, je me serais même contenté d’un canapé (et dans mon état de fatigue je n’aurais pas été étonné de m’assoupir à même le sol et dormir quand même comme un bébé), mais je me vois proposer une chambre d’amis. Je crois que je vais vraiment prévoir de faire des cookies à un moment ou à un autre demain si j’arrive à me réveiller avant 15 heures.  N’ayant aucune raison de refuser, je hoche la tête doucement en reniflant et en me mouchant encore deux ou trois fois. Sauf que je n’ai pas fini de chouiner de manière quelque peu pathétique parce que voila qu’on me propose de m’apporter la tisane et le diner et je dois me mordre les lèvres pour ne pas me remettre à pleurer.

« Oh… vous êtes pas obligé mais merci… merci pour tout. »

Je ne sais pas si j’ai suffisamment remercié Monsieur Miyano pour tout ce qu’il a fait pour moi depuis que je suis arrivé, ou plutôt depuis que je me suis incrusté chez lui, donc, un ou deux « merci » de plus, ça ne peut pas nuire. Quand je quitte finalement la cuisine, le plus âgé tente (je crois), de faire une vanne au sujet des adultes et même si je ne réagis pas tout de suite, je finis par sourire un peu en coin. Si je ne glousse pas, le cœur y est quand même lorsque j’esquisse un volte-face vers l’adulte.

« Hm… Oui, à quelques exceptions près. »

Même si j’ai ce sourire narquois face au cynisme de Monsieur Miyano, je me demande si l’eleveur a lui aussi été entouré d’adultes foireux quand il était enfant, voire pire. Il a dit qu’il avait fait des choses semblables à ma fugue et qu’il comprenait, en un sens, donc… Peut-être qu’il est bien placé pour le dire. Je ne sais pas comment c’est, quand on est « adulte ». Il parait que c’est plus « dur » que lorsqu’on est enfant ou ado, m’enfin… y’a un truc qui fait que les adultes deviennent très souvent pas très cool avec les plus jeunes en minimisant ou ignorants leurs problèmes, ou bien… ? Quoiqu’il en soit je veux pas faire ça quand je serais plus vieux, parce que ça pue. Je n’ose pas vraiment penser à quel genre de personne je serais quand j’aurais l’âge du Miyano, car ça me fiche un peu la trouille, mais j’espère que j’irais mieux. D’après ce que dit mon hôte, en parler est une bonne chose, une étape et je ne comprends pas vraiment en quoi c’est courageux pour le moment comme j’ai passé ce temps de confession à chouiner en mettant de la morve partout. L’important, dans tout ça, c’est que j’ai fini par ne plus me sentir aussi insignifiant et stupidement impulsif que lorsque j’ai quitté l’appartement d’Ellias sur un coup de tête. Un peu moins coupable de simplement exister, aussi, même si je sais que ça sonne un peu pathétique et que certain.e.s diront : « bouh, ouin, c’est triste  d’être triste à ton âge, quand même »… mais eh, moi je viens pas les juger quand y s’épanchent encore 10 ans plus tard sur la mort de leur hamster et leur trop grande souffrance.

Finalement, toute cette « aventure » me fait un peu admettre que je ne vais pas très bien… je ne sais pas trop comment interpréter ça, quand l’éleveur me parle de médecins. Je n’y connais pas grand-chose mais je sais aussi que, bah, le fait d’être toujours triste, fatigué et de voir tout en noir c’est quelque chose d’assez récurrent, dans ma famille biologique. Mais ce qui me turlupine c’est que… enfin, ce genre de choses, d’états, c’est pas juste un truc d’adulte, ça veut dire ? Enfin, comme Monsieur Miyano compatissait par rapport à son vécu de quand il est ado, est-ce que ça veut dire qu’en fait, il y a aussi des enfants et des adolescents qui peuvent avoir ce genre de maladies psychologiques… ? Je ne sais pas trop si je veux me renseigner car j’ai un peu peur de ce que je pourrais découvrir, mais en même temps, ça pourrait peut-être m’éclaircir sur certains trucs.

Mon cerveau a capitulé avant moi dès lors que je me suis retrouvé dans la chambre d’amis après être allé récupérer mes affaires et dit à mes alliés qu’on passerait la nuit ici. Lily et Sami m’ont suivi jusqu’à la chambre et même si je voulais initialement prendre une douche avant d’aller dormir, il a suffit que je m’allonge une minute pour sombrer peu après dans un profond sommeil réparateur. Je crois que Sami se chargea de me border, mais, dans tous les cas, je n’ai pas eu le temps de voir arriver la tisane et la portion de diner que m’avait proposé mon hôte car je ronflais déjà (littéralement) comme un Monaflémit. Rien d’étonnant que je me sois réveillé avec une sacré fringale le lendemain. Et pour la suite et en ce qui concerne Soltan… Bon, disons que les choses ne se sont pas trop mal terminées et que je reverrais très probablement Monsieur Miyano et sa famille, comme mon tuteur voudra forcément les inviter à manger un jour pour les remercier.
Ludwig Green
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Civil
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Dim 7 Avr 2019 - 13:44
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