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Fausses bonnes idées et cercles vicieux
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

J’aurais dû m’attendre à ce que ça ne soit pas si facile. Voler de Nuva Eja à la côte Est d’Enola avait déjà pris plus de temps que ce que j’imaginais, et ça avait aussi été fort épuisant. Le vent était fort et il avait fallu faire des détours pour que Lenny vole sans risquer de me larguer quelque part à cause des bourrasques. Il a fallu plusieurs fois retrousser chemin pour remonter vers le sud. C’est lorsqu’on est arrivé au-dessus des forêts du sud que j’ai décidé que c’était le moment de descendre pour se poser. La forêt d’Erode, loin des villes et surtout, de chez Ellias ou Soltan… ça m’a semblé parfait pour me cacher. Eh, s’ils ne voulaient pas que je leur fausse compagnie de la sorte, il fallait pas me laisser jouer avec des Pokémon, d’abord. Alex avait bien compris, lui, que c’était nécessaire d’avoir toujours ce genre d’issue de secours en cas de problèmes, grâce à mes alliés. On ne sait jamais quand est-ce que le sort s’acharnera de nouveau ou que le vent tournera, après tout… Je suis grand maintenant. Avec tout ce que Alex m’a appris, je vais montrer aux adultes qui m’ont pris pour un demeuré que je peux très bien me débrouiller seul. Après tout, mon grand frère avait commencé à m’apprendre à camper à comment survivre dans la nature et on a déjà fait des sorties baroud avec Soltan, Marilyn et Iris (enfin, pas trop longues non plus, vu l’âge de la plus jeune)… Donc, je sais que ce n’est pas si difficile que ça, héhé.

En me posant enfin à terre entre les arbres et sur les sentiers rocailleux d’Erode, je souffle enfin, Lenny se secoue pour se dégourdir et je peux finalement retirer mes grosses lunettes, ma capuche et mon écharpe. C’est qu’il faisait froid, là-haut, dans les airs ! Je m’ébroue pour défouler un peu mes jambes. J’inspire profondément en regardant la mousse sur les roches, appréciant le calme ambiant des lieux… Wah… C’est donc ça, la liberté, la vraie ? Cette impression de ne plus dépendre de personne et d’aller juste là où mon désir me guide ? L’adrénaline fait déjà son office et je ne ressens pas la fatigue due au fait que n’aie pas dormi de la nuit en dehors de quelques moments de somnolence. Lenny est prêt à me suivre et je fais aussi sortir quelques uns de mes compagnons pour m’accompagner dans mon exploration… Car c’est pour de vrai, cette fois, j’en suis tout à fait conscient, ce n’est pas une de ses balades où je sais que je vais rentrer à la ferme dans quelques heures. Je suis livré à moi-même, mais heureusement, j’ai des Pokémon qui sont là pour m’aider et me protéger. Loulou, Kylian, Lenny et Lily vont donc m’accompagner pour le moment. Mon Mateloutre a l’air confus, en souvenir de ce qui s’est passé hier soir, lorsque je l’ai fait rentrer rapidement dans sa Pokéball pour qu’il ne soit pas trop interpellé par ce qui s’était passé. Il me regarde d’un air suspicieux, mais, tout de suite, je me remets à sourire à tous mes alliés, l’air motivé.

« Bon ! Aujourd’hui, c’est l’aventure, la vraie ! On va barouder ensemble et dormir à la belle étoile. On est tranquilles, tous ensemble, vous allez voir, ça va être super ! »


Si Kylian et Lily, plus insouciants , sautent de joie, mon Mateloutre, lui, n’est pas aussi enthousiaste. Alors qu’on s’apprête à partir il tire sur mon pantalon, comme pour me demander de réfléchir à ce que je suis en train de faire. Ah ! C’est pas le moment de douter, hein !

« Hé, ne t’inquiètes pas, Loulou… » Fis-je, d’un ton mielleux qui se veut rassurant. « Ellias est d’accord, tu sais… »

Lui mentis-je sans hésiter une seconde et sans m’attarder sur le fait que ça ne me ressemble pas vraiment. Après m’avoir observé d’un air préoccupé, le Mateloutre hoche la tête et passe devant moi, derrière Lily et Kylian qui ouvrent déjà la marche. Il n’y a rien à craindre, j’ai des snacks et j’ai tout prévu. Si on a faim, on trouvera un endroit où Loulou pourra nous rapporter du poisson, si on a froid, Sami pourra faire du feu, et pour dormir, on se serrera les uns contre les autres et tout ira comme sur des roulettes. Je comprends ce que disais Alex… Pour se libérer on ne peut compter que sur soi-même et ses propres désirs. Je profite du début de la promenade pour regarder l’heure… Bientôt 8 heures, déjà, hein… ? Je me demande si Ellias est déjà levé et s’il a déjà remarqué ma disparition… Ces pensées me nouent l’estomac sous l’effet de la culpabilité. Non, non, je n’ai pas le temps pour ça ! J’ai choisi de partir, et j’ai fait ça pour mon bien et ma sécurité. Si bien entouré par mes Pokémon, je sais que je ne risque absolument rien. Je risque beaucoup moins qu’en restant chez Ellias qui complote avec Helmut et aussi bien moins que si je restais à Cayagane, où sont des gens du collège qui ne me veulent pas du bien, et la famille de mon tuteur qui n’a rien compris. Aller, en avant !

C’est Lily qui semble vouloir nous guider la première. Depuis que nous sommes arrivés dans la forêt, l’Evoli semble attirée par les roches qui nous entourent. La mousse qui s’y trouve brille sous le soleil qui vient de se lever, c’est vraiment très joli. On continue d’avancer jusqu’à une clairière baignée dans les rayons solaires matinaux éblouissants. Oh, je crois que j’ai entendu parler de cet endroit et vu des photos ! C’est la célèbre clairière aux grandes pierres de la forêt d’Erode ! Tout aussi admiratifs que moi, les Pokémon s’ébrouent pour explorer les lieux avec entrain. Ah, c’est pour ce genre de moments qu’on part à l’aventure… j’ai vraiment fait le bon choix, vous voyez ! Même Loulou n’a plus l’air de douter, désormais ! On passe ici quelques temps, et je m’assieds un peu pour profiter des rayons du soleil, fermant les yeux. Puis, je me dis qu’il faut continuer d’avancer. Mes alliés me suivent, mais Lily reste en arrière, assise devant une des grandes pierres à la mousse luisante et encore couverte de gouttes de rosée.

« Lily, tu viens ? »


A peine ai-je le temps de terminer avant de me lever, l’Evoli se redresse et son corps se met soudain à briller lorsqu’elle toucha la pierre mousseuse. Les yeux grands ouverts, j’admire celle qui fut si longtemps une petite Evoli se changer en une très belle Phyllali. Elle a choisi son évolution, et je suis super fier d’elle ! Quelle belle journée, définitivement ! Ça fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi… Ouille. Mes jambes et mon dos me paraissent lourds quand je me redresse pour aller féliciter Lily. La Phylalli se pavane un peu, profitant des compliments avant que nous nous remettions en route vers le nord. Vive ma boussole sut mon portable. Héhé. Heureusement que j’ai emporté ma batterie amovible quand mon téléphone sera à court de jus.

Puis, les heures avancent. Je ne peux m’empêcher de regarder l’horloge de mon téléphone… J’ai l’impression que tout cela passe très lentement. Le temps me semble long, le chemin difficile, de plus en plus compliqué. A plus de dix heures, je décrété qu’il faut faire une pause après qu’on ait dépassé un panneau « Lac Tan Goola : 30 minutes de marche ». Les bords du lac serait en effet un bon endroit pour prévoir de camper. En m’asseyant sur une souche, je sors quelques snacks et de l’eau pour me rassasier et me réénergiser. Mais, je sens que c’est insuffisant. Je crois que la fatigue de ma nuit blanche et due à mon état anxieux me gagne… M’enfin, pourquoi mon enthousiasme retombe déjà… ? je suis libre ! Personne ne me fera du mal, ici, personne ne me dira ce que je devrais faire ou pas faire, ou me dira que je suis inutile, gênant et bizarre… Pourquoi est-ce je me sens si mal à l’aise et fatigué, alors ? Pourquoi est-ce que je me sens soudainement très mal de faire tout ça à Ellias ou Soltan ? Ce n’est pas ma faute…

Pressé d’arrêter de ruminer, je me dis qu’on va repartir marcher plus tôt, histoire que je pense à autre chose. Mais, de nouveau, mon corps est lourd et courbaturé quand je me relève et recommence à marcher. Mais je dois surmonter la douleur… Je ne suis pas une chochotte, quand même… Crispé, je continue ma route sans voir les regards soucieux de mes alliés, surtout Loulou qui se rapproche de moi puis tire sur ma manche.

« Quoi ? »


Je ne suis plus aussi enjoué que tout à l’heure. Je crois que le masque ne tient plus vraiment.

« Ça va, Loulou, arrêtes un peu, là, je vais bien ! »

Le Mateloutre fronce les sourcils. Mon ton sec l’a heurté, visiblement et il s’en va bouder. Sans m’excuser, je continue, malgré l’engourdissement et la fatigue de mes muscles. Je continue ainsi pendant 20 minutes, jusqu’à m’essouffler. Il va bientôt être 11 heures… J’ai besin d’une sieste et d’un vrai repas… Bon sang, quel idiot. Je pourrais demander à Lenny de voler jusqu’à la ville la plus proche pour acheter quelques trucs, comme j’ai un peu d’argent que Soltan m’avait donné pour les vacances… C’était pour ce genre de situations, non ? Mais… Bon sang, j’utilise ce que Soltan me donne, je ne suis pas vraiment libre, je suis encore dépendant de… ! Fait chier ! Je repars d’un pas lourd, les sanglots commençant à me prendre à la gorge. En avançant tête baissée, regardant mes pieds plus que la route, je ne vois pas tout de suite les bâtisses desquelles je me rapproche progressivement, ni que mes Pokémon se sont arrêtés derrière moi. Ce sont les grognements de Lily qui me tirent de mon entêtement… Et avec eux, j’entends aussi la respiration d’une créature vivante plus grosse que nous.

Je manque de faire un geste brusque de recul en voyant un imposant Luxray se tenir devant moi, à l’entrée d’une bâtisse de bois que je n’ai pas le temps de détaillé, mes sens étant monopolisés par l’apparition du fauve bleu. Je recule d’un pas, ne pouvant camoufler mon agitation lorsque je plaque par des gestes saccadés mon sac contre moi. Et puis, Lily grogne de plus belle, Kylian et Lenny n’aident pas vraiment car ils ne sont pas franchement calmes pour leur part non plus…

« N-non… N-ne me fais p-pas de mal… »

Gémis-je, avec l’impression que ma fin va arriver. Ah, j’ai l’air malin avec mes discours de « ah, j’ai besoin de personne, je suis en sécurité ! »… Mais je m’attendais pas à croiser un Luxray en pleine forêt, moi ! Je crois qu’avec mes Pokémon, on le rend nerveux en plus… ça ne va pas améliorer la situation…

« Au… Au secours… ?! Qu-quelqu’un… ? »

Glapis-je en sentant mes yeux s’humidifier et mes jambes m’abandonner. Je me sens tellement faible… Tout ça pour ça ? Ça ne servait donc à rien ? De toute façon, est-ce que je manquerais vraiment à qui que ce soit ? J’ai envoyé tout le monde péter, alors, je mérite tout ce qui m’arrive maintenant. Et voilà, je suis bien pathétique, à chialer par terre, paupières fermées, comme un bébé, entouré de Pokémon qui grognent pour protéger le minable que je suis… Alex n’est plus là, il ne viendra pas. Personne ne viendra m’aider ou me sauver, désormais. Je ne le mérite pas.
Ludwig Green
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Sam 27 Oct 2018 - 16:35
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
Aujourd'hui devait être une journée relativement quelconque. Se lever, emmener le gamin en cours, retourner travailler, et attendre le soir pour avoir trois à quatre heures de paix avant de remballer pour le lendemain. Pas franchement passionnant, mais suffisamment routinier pour que je ne sois pas rendu anxieux par quoi que ce soit. Il faudra que je songe bientôt au retour prochain de mes grands-parents pour le Japon, d'ailleurs, mais... Bah, quand je bosse, j'ai la tête ailleurs (et ça m'arrange bien), alors ce n'est pas pour le moment. J'avais prévu, et je m'applique actuellement, à récupérer les nombreux arbres et plants qui viennent de délivrer une grande part de leur production saisonnale. Avec l'aide de mes pokémon, évidemment, car ce serait plutôt compliqué de faire ça seul, autrement : et même si Isshaku se sert une fois sur trois, je peux me permettre de souffler un peu de temps à autre en laissant du lest à mon Blizzaroi. Donc oui, clairement, je n'avais pas trop prévu d'être perturbé aujourd'hui.
Enfin, évidemment, les faits me prouvent que j'ai plus ou moins toujours tort à ce sujet. Faudrait vraiment que je commence à considérer ça à chaque fois que j'essaie de planifier quoi que ce soit dans mon existence.

Relevant distraitement la tête de mes épis de mais, je m'étire assez paresseusement, remettant distraitement la lanière de ma salopette (chut c'est confortable), avant de jeter un coup d’œil circulaire aux environs. La pension est plutôt calme, aujourd'hui, et j'en profite un peu, ne serait-ce qu'en m'attendrissant bêtement sur quelques petits Bulbizarre qui passent par là. Pour l'instant, il n'y en a pas beaucoup, mais je sais que je vais avoir une grande quantité de naissances dont il faudra que je m'occupe dans les prochaines semaines, et si ce sera probablement bien, je ne vais pas rechigner contre un peu de tranquillité auparavant. Pas de rendez-vous de prévu, pas de blabla légalo-financier, et pas de TD à préparer en ce début d'année, puisque j'ai renoncé à prendre des cours en charge au vu de l'état de mon emploi du temps ; je peux commencer à me le permettre, puisque les finances commencent à sentir moins le vieux fromage pourri que d'ordinaire. Mais bref, vous aurez compris le tableau, youklai-di youklai-da, tout va bien, les petis oiseaux chantent, tout ça.

Sauf qu'un élément manque à ce tableau franchement mièvre, et c'est mon Luxray. Je n'ai pas l'habitude de courir après les pokémon (ou les gens en général, mais autre sujet) quand ils choisissent de s'absenter. Ils font leur vie dans leur coin, je fais la mienne, et de temps à autre, on se retrouve quand l'on en a envie. D'autant plus qu'Hayato, malgré sa jambe boiteuse, prend très à cœur sa charge de surveillance de la pension, quand il n'est pas occupé à jouer au papa gâteau avec ses petits et Nagi. En vérité, j'ai disséminé une grande partie de la tâche à tout un tas de pokémon, mais il est de loin celui qui prend cela le plus à cœur, alors je le laisse se satisfaire de l'impression d'être indispensable au « dispositif de sécurité ». Déjà, ça l'occupe, et quand Hayato ne fait pas d'anneries, croyez-moi, ma journée est plus tranquille. Et de deux, il est de bien meilleure humeur après ; depuis quelques temps, il s'est même mis à devenir presque aimable avec les inconnus. Enfin, comme possible, on va dire.
Mais quand je ne peux pas voir où il est, voyez-vous, je ne suis pas entièrement rassuré. Pas que je crois qu'il soit peut-être en train de faire une grosse, grosse bêtise, mais... Mais je me rappelle qu'il a bien failli mordre les fesses de Legrand la première fois où il était venu, donc bon (et en un sens même si je suis d'accord avec le fait que c'est qui arrive quand on trépasse là où il ne faut pas trépasser, voilà). Embêté, j'aimerais demander à un pokémon d'aller vérifier ça, mais Kaede est introuvable, alors je n'ai que deux choix : bouger mes petits pieds pour le trouver, ou ne rien faire et attendre en me faisant des films.
Vraisemblablement, il n'y avait donc qu'un choix valable.

C'est donc en traînant des pieds et grognant sous ma barbe inexistante que je fais les quatre-cent pas, le regard un poil lassé sur les bords. Je ne m'attends pas à trouver grand chose : au pire, je tomberais sur le spectacle navrant et nauséabond du Luxray en train de jouer avec le cadavre d'une proie (j'aime pas les chats), et ce sera tout. Je n'en serai pas particulièrement enjoué, mais ce sera mieux qu'une potentielle catastrophe à gérer.
… Et je crois que j'aurais préféré le cadavre de rat mutilé avec les organes à l'air, pour le coup. Vraiment.
Oh mais c'est pas vrai...
La scène sur laquelle je tombe ame donne envie de grogner. Mais il y a assez de grondements comme ça, qui ne sont très certainement pas ceux d'Hayato, d'ailleurs, ce qui est enquiquinant. Curieux, et manquant d'inquiétude parce qu'à ce stade, je me dis que tout peut bien arriver, je m'avance sans trop réfléchir. Devant moi, j'ai le droit à la vision de mon Luxray, posté devant un Charmina bleuté, un Phyllali (oh qu'elle est belle même si elle a l'air de vouloir le démonter), et un Roucarnage (meh), de mauvaise humeur manifeste. Je hausse les sourcils, perplexe.
Mais qu'est-ce qu'ils foutent là ? Et puis, pourquoi des pokémon pareils se trouveraient dans la for-... Oh.

« Hayato. »

Ma voix, relativement neutre et désintéressée car que voulez-vous que je dise face à ça, rappelle ma présence au Luxray qui devait très certainement m'avoir déjà senti arriver, mais je ne fais ça que pour l'inciter à faire un pas en arrière. Inutile de risquer de les provoquer, même si le lion de foudre ne semble ni impressionné, ni franchement énervé contre ceux qui lui grognent dessus. Tout au plus, il semble un peu blasé et curieux. Je me doute bien de pourquoi d'ailleurs : il n'a de cesse de dévisager le deuxième humain de la scène, en me jetant des coups d’œil confus. Je pousse un soupir un peu désabusé, et laisse finalement mon regard se reposer sur l'adolescent au sol.

« Il ne va pas vous manger, calmez-vous. »

… Parce que je ne suis pas doué pour comprendre les ados, mais je crois qu'il est terrorisé, là. Enfin, on dirait que ses genoux chantent joyeux noël en playback, et la voix faiblarde que j'ai entendu sur le chemin devait venir de là, donc j'ai mes raisons de penser ça. Je ne sais pas vraiment quoi lui dire pour désamorcer la situation et faire comprendre à ses pokémon que nous n'avons aucune intention de découper leur dresseur, et que mon Luxray est aussi violent qu'un chaton, donc on se contentera de ça, je crois.
Et je... Mais j'y comprends rien. Je veux dire, ça arrive que des gens se perdent dans la forêt, hein, mais souvent, ce ne sont pas des gamins qui ont l'air encore plus jeunes qu'Alice, entourés de pokémon visiblement sur leurs nerfs. Pas que le gosse ait l'air très spécial, d'ailleurs, c'est juste un quelconque blondinet. Perplexe, je plisse les yeux.

« … Vous vous êtes perdus ? Le chemin de promenade est plus loin, si c'est ça. »

Je hausse les épaules. Je devrais sûrement aussi lui demander pourquoi il n'est accompagné de personne, pour un mineur, mais... Mais je ne sais pas, c'est pas mes affaires, on va dire ? Enfin, je ne suis pas un assez gros chacal pour ne pas être un tout petit peu embêté parce que je vois, mais je ne crois pas que ça servirait de le dire à haute voix. En revanche, je ne mentirais pas sur le fait que je suis curieux, et je dévisage brièvement le môme, au dépit de la boule de nervosité qui se forme dans mon ventre face à cette situation assez imprévue. Les adultes, je peux gérer et les engueuler de se permettre de venir s'introduire dans la pension ; bizarrement, j'ai plus de mal à faire ça avec un gosse.
… Aussi, j'aime vraiment sa Phyllali. Mais ça, c'est secondaire.


FIN

O
C
T
O
B
R
E

2
0
2
3

11H
feat. Ludwig Nagel-Jung
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Ven 2 Nov 2018 - 23:24
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

Je ne m’attendais vraiment pas à ce que ma nuit blanche et la fatigue accumulée avec le stress de ces dernières semaines me rattraperait si vite. Je crois que la peur passagère et les pics d’adrénaline que je subis depuis ce matin ont terminé de m’achever. Je n’arrive pas bien à me figurer que le Luxray n’a pas du tout l’air belliqueux, je suis un peu plus inquiet de mes propres alliés qui sont tout comme moi à fleur de peau (c’est probablement un peu ma faute) et capables de devenir assez féroces, surtout Lily et Lenny. L’arrivée d’une nouvelle personne en salopette me surprend un instant mais a pour effet de me rassurer un peu. Je renifle encore entre deux sanglots, espérant me calmer rapidement maintenant qu’un adulte (berk) s’est montré. Je ne veux pas éveiller ses soupçons et qu’il se dise que je suis perdu car je me suis enfui. Tandis qu’il me parle et me dit que le Luxray ne me dévorera pas tout cru en commençant par mon plus petit orteil, je vois mes Pokémon s’apaiser un peu à leur tour. C’est une bonne chose de sentir la tension retomber un peu… Reste que je dois encore me redresser sans que mes jambes de ressemblent à des bandes de guimauve volant au vent et sans qu’on remarque l’envie de céder aux larmes dans ma voix dès que j’ouvrirais la bouche. J’essaie de ne pas trembler et de me concentrer de toutes mes forces pour contrôler le moindre de mes gestes de manière à paraître naturelle… Mais j’imagine que dès que l’on se force à faire comme si ne rien était,  on peut abandonner tout espoir de ne pas ressembler à une personne louche. Mais, c’est pas ma faute si les adultes voient toujours le mal partout et suspectent sans arrêt les plus jeunes… Et c’est pas la sympathique salopette de jardinier de cet énergumène qui va me faire croire qu’il n’est pas comme tous les autres.

Même si ses propos ni son attitude ne laissent présager qu’il pourrait me vouloir du mal, je suis bien incapable de donner le moindre crédit a cet inconnu, le maître du Luxray de garde. Je plisse les yeux avec méfiance, l’air presque agressif, n’osant parler en sentant ma gorge serrée et mes lèvres tremblotantes. En regardant un peu plus autour de nous, je remarque une maison de bois et d’autres Pokémon dans le coin. Visiblement, c’est un élevage, et ce type est peut-être le protecteur des lieux, avec son look de campagnard. Sans vraiment oser l’admettre, je trouve en ces lieux une ambiance familière me rappelant la ferme de Soltan et… Bah, pour ça, c’est tout de même tentant de faire confiance au type aux cheveux en pétard. Mais, c’est comme ça, à chaque fois, que je me fais avoir. Je pensas qu’Ellias ne me trahirait pas à son tour car il était mon cousin, mais lien familial ou non, familier ou non, ça ne veut rien dire, on ne peut se fier à personne.

Il a l’air de penser que je me suis perdu et m’indique la direction du chemin. Ce n’est pas ce que je cherche et je ne veux pas qu’on sache par où j’ai pu aller, mais, je me dis qu’il doit penser que je ne suis pas juste seul avec mes Pokémon. Il ne se doute probablement de rien. Donc… C’est tout… ? Je vais pouvoir m’en aller et continuer mon chemin… ? En ai-je vraiment l’envie et la force, en réalité ? L’envie, c’est… Ai-je vraiment le choix. Ce type profitera que j’ai le dos tourné pour appeler la police, donc, je ne dois pas rester plus longtemps, ce serait suspect. Et pour la force, en fait, il va falloir bouger même si j’ai l’impression que mon corps pèse une tonne et que mes jambes n’ont plus aucune envie de me porter vers… Vers où, d’ailleurs, je ne sais même pas où je m’en vais ! Quel génie…

« …Mmmh… ‘Kay. C’est bon, j’savais où l’était le panneau, hein… »

Marmonnais-je pour répondre pour la forme et indiquer à l’inconnu que j’ai percuté ses propos, sifflant presque entre mes dents. Je dois pas avoir l’air très sympa, à causer avec les dents serrées, espérant camoufler mon malaise. En même temps j’essaie pas de faire copain-copain avec le premier venu, pour une fois. Mes jambes tremblent et je reste de longues secondes immobiles, alors que je veux faire quelque pas pour m’en aller de cet élevage avant de vendre que je n’ai rien à faire ici tout seul. Mais bougez, putain, vous n’allez pas me faire prendre racine ici, en pleine forêt (hahaha, ce serait le comble, qu’est-ce qu’on se marre) ! Frustré et franchement crevé, je sens de nouveau les sanglots me monter à la gorge et je… finis par me bloquer intégralement. Je me sens oppressé, paralysée par des meurs multiples : qu’il m’arrive quelque chose si je repars, qu’il m’arrive quelque chose si je demande de l’aide, que je me mette à péter les plombs et fasse du mal à mes alliés ou aux gens que je pourrais croiser. Je ne sais pas… De quoi je pourrais être capable dans mon état actuel. Tout me semble si flou et effrayant dans le futur proche et immédiat et je ne m’y vois nulle part. Et me voila simplement pétrifié par la peur et épuisé physiquement et mentalement. Sans même m’en rendre compte, je me retrouve sur mes genoux quand mes jambes me lâchent. Ma respiration semble s’être arrêtée et je ne parviens plus à trouver mon air tandis que mon cœur semble battre de manière chaotique. Je me sens vraiment et je ferme les yeux en me penchant vers le sol, ne voyant pas mes alliés, mon Charmina et ma Phylalli en premier lieu, se rapprocher. Mais alors que l’on m’entoure, je me sens étouffer encore plus. Ils ne pensent pas à mal, mais, là, je ne peux absolument pas supporter de me sentir ne serait-ce qu’un peu enfermé.

« Laissez-moi ! »

Envoyais-je, criant entre deux hoquets et avec une agressivité dont je ne me sentais pas capable. J’ai l’impression que je vais tourner de l’œil et m’effondrer mais pour une raison qui m’échappe, mon esprit semble encore tenir le coup. J’ai déjà fait des crises, mais rarement aussi fortes. Là j’ai vraiment l’impression d’être comme possédé, écrasé par quelque chose… Quelque chose que très malsain qui essaie de m’abimer pour me faire céder et qui veut du mal à tous.tes celleux que je pourrais croiser. Et pour ça, pour le mal que je pourrais faire, que j’ai certainement déjà fait à Ellias, Sltan, Marilyn et Lise, peut-être d’autres, et le ridicule de mon état… Je me sens obligé de m’excuser. De ne pas être « bien », de me montrer ainsi devant un inconnu qui n’avait pas envie d’avoir un gamin totalement paumé et exténué sur les bras en pleine crise de nerfs, de ne pas réussir à grandir où à me trouver depuis des années, avec l’impression de n’être encre que cet enfant de 6 ans terrifié par tout. J’imagine qu’on ne peut pas vraiment changer même si on le veut, hein ? On ne peut pas faire semblant et aller contre sa nature et… Est-ce que je me mens, depuis le début ? Est-ce que je ne suis en réalité jamais vraiment joyeux ? Est-ce que je suis seulement capable d’être heureux… ? Et voila, maintenant, j’ai repris mon souffle mais je chiale pour de bon.

« J-J’suis désolééé… »


Dis-je à mes alliés et aux inconnus, Pokémon et humains, qui se trouve là. Je ne voulais pas qu’ils voient ça, tous. Mais en même temps je sais pas pourquoi je me disais que ça n’allait pas arriver.

« Je… J-je suis pas perdu, je… j’voulais juste… Juste… Je sais paaaaas… ! »

M’exclamais-je avec une voix tremblante et sanglotant et hoquetant plus encore à chaque mot prononcé. Nom d’un petit Saquedeneu, ça va durer encore longtemps ?! Je ne sais pas ce que je veux, si j’aimerais rentrer, rester seul, qu’on s’occupe de moi, qu’on m’engueule et me secoue… J’imagine, que j’aimerais juste faire le vide, pouvoir ne plus sentir la peur et l’angoisse qui m’alourdit et me fait mal partout… Dormir, peut-être ? Pour ne penser à rien et ne pas me réveiller avant que ça aille mieux.

« M’sieur, en t-tout cas, vous en f-faites pas pour nous, on va pas vous déranger t-trop… enfin, on v-va re… repartir. »

Fis-je avec une petite voix, une fois qu’elle eut arrêté chevroter entre les hoquets, à Monsieur « hérisson-en-salopette », préoccupé qu’il ne s’attarde trop sur mon cas et puisse… s’inquièter à mon sujet, j’imagine. Je ne voulais pas abuser de mon temps ici, je ne voudrais pas qu’il se sente obligé de me venir en aide, ce serait très manipulateur de ma part. Enfin. Je me redresse, non sans sentir tout mon corps douloureux et lourd, mais j’essaie encore de faire le fier. Je me force à sourire à mes alliés, comme si tout allait bien, mais je vois bien qu’aucun n’est dupe, surtout pas Loulou, mon Mateloutre, qui me lance des regards plus sévères.

« Bon, les amis, vous venez… ? »

Je renifle, toujours tremblotant et absolument pas remis, mais on va faire comme si ne rien était. Et là, je crois que Loulou en a marre. Il s’accroche à ma jambe et commence à grogner, le regard humide et l’air franchement inquiet. Bon, ok, je ne dupe personne. Je crois qu’il m’engueule et moi, je suis apathique.

« Mais… Loulou… On peut pas déranger le monsieur et ses Pokémon dans leur travail… »


Il est bientôt rejoint par Lily, Kylian et Lenny qui rajoutent leur grain de sel… Bon… Je ne peux que regarder mes pieds, maintenant. La honte… Je vais faire quoi, maintenant ?
Ludwig Green
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Sam 3 Nov 2018 - 13:26
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
J'y comprends pas grand chose, actuellement. Une constante dans ma vie, en soi, mais au delà du cynisme éhonté de cette remarque (hé, on compense ses tares comme on peut), j'ai plus ou moins l'impression que je ne vais pas être particulièrement éclairé par ce que je risque d'entendre, d'une manière ou d'une autre. C'est vrai, quoi, quand vous posez des questions aux gens lorsqu'ils ne sont pas supposés faire quelque chose, ils vous répondent rarement honnêtement, ou même répondent tout court. Et je ne m'attends pas au saint-graal non plus, c'est plus ou moins pour la forme, on ne va pas se mentir. Parce que quand je ne pige rien, je me réfugie dans les formalités ; pas mal ironique, pour quelqu'un qui passe son temps à s'en plaindre, j'en ai bien conscience.

Visiblement, je l'ai agacé en parlant du chemin dont il s'est éloigné. Je ne hausse même pas les sourcils, me contentant de cligner des yeux comme un bovin qui regarderait l'air lui passer devant. Bah, si ça l'amuse de ralôter, hein... C'est pas moi qui suis en tort, là, donc je m'en fiche pas mal. Il est peut-être juste en train de compenser, en revanche, l'autre. Comme n'importe quel gamin pris en train de faire une bourde, en fait, je pourrais presque compatir si ça m'intéressait juste une seconde. Bon, tant qu'il décarre, en un sens... Même si je dois avouer que cette affaire m'intrigue un peu, ce qui apparaît d'ailleurs à mon expression circonspecte.

Je m'attendais à ce qu'il parte, comme il venait juste de le dire parce que, bah, naïvement, je tends à croire ce que racontent les autres. Pourtant, dès lors que quelques secondes passent, mes yeux peu observateurs finissent par remarquer que le gosse est en train de trembler des jambes devant moi, et que, si j'en crois ce que je vois, il est en train de perdre rapidement ses moyens. Surpris, j'ouvre la bouche, comme pour dire quelque chose, mais mes mots meurent dans ma gorge face aux événements qui se suivent les uns après les autres sans que je ne puisse faire quoi que ce soit.
J'ouvre de grands yeux. Clairement, lorsqu'il allait s'éloigner, je ne m'attendais pas à le voir s'écrouler devant moi de cette façon, et encore moins faire une crise de panique. Car oui, je ne suis clairement pas psy et mes connaissances en sciences humaines sont tellement pauvres qu'elles pourraient faire pleurer chacun de mes anciens professeurs, mais je peux reconnaître quelque chose que j'ai vécu autant de fois. Le souvenir me revient en plein visage alors que j'observe le gosse crier à ses pokémon de s'éloigner entre plusieurs hoquets. Des images me passent par la tête, et je grimace, me revoyant en train de m'énerver sur des gens, des amis, des proches, même, sous l'effet de cette terreur qui me secouait des tripes jusqu'à la tête. Les sanglots, les cris, la respiration douloureuse, et cette horrible sensation qui vous paralyse chaque petit muscle, j'en garde un très amer souvenir. Malheureusement et en dépit de ce que j'aimerais penser, je ne peux que constater que mon empathie est en train de sortir du sommeil morne dans laquelle je l'avais volontairement plongé ; ça me noue le ventre, de voir ça.

Les excuses qui s'en suivent n'aident très certainement pas. Ouaiiis, sans aucun doute, je crois que j'ai mis le pied dans un nid à fourmis rouges, là. Le gamin ne m'a pas l'air d'être dans un état psychologique très bon, et je n'irais pas croire, malgré ma très grande naïveté, qu'il est vraiment supposé être là, ou que tout va bien dans sa vie actuellement. M'enfin, j'vais pas mettre mon nez dans ce qui ne me regarde pas mais... Oui, bon, je l'ai déjà dit quinze fois, d'accord, mais c'est parce que c'est vrai ! Bref. Je voulais dire que je vais visiblement devoir faire preuve d'un tout petit peu de finesse si je veux que cette conversation se passe à peu près bien. Pas que ce soit vraiment une conversation non plus, en un sens, vu comment ça se passe. C'est plus... Plus comme voir un accident de voiture se dérouler devant vos yeux et attendre d'un air un peu épouvanté que ça se termine. Tiens, voilà, c'est un peu comme voir Sam conduire, mais en cinq fois pire.
Voilà qu'il se perd dans les justifications, et je n'y comprends pas grand chose de plus. Je suis plus embêté par les tremblements que j'entends dans sa voix, signes que son état est peut-être plus grave que ce que je ne pensais. Et oui, je n'aime pas voir des enfants qui pleurent et sanglotent, sans surprise, ça me remue l'estomac assez salement pour que j'ai du mal à tenir en place. Ma nervosité ne fait que grimper sur place depuis tout à l'heure, faisant s'agiter maladroitement mes doigts.

J'aurais dû bouger, mais rien à faire, je suis un vrai crétin, des fois. Bon sang, et dire que je suis censé m'occuper d'un autre gosse et être un « adulte responsable », hein, la blague. Pendant ce temps, il tente de reprendre son chemin, avant d'être stoppé par l'un de ses pokémon, puis les autres, qui me paraissent également à bout. Quelque chose, définitivement, cloche dans tout ça. Et j'avouerais que je ne me sens pas trop de partir sans rien dire, en oubliant ce que je viens de voir, quand tout en moi s'agiter pour me forcer à me comporter comme un être humain à peu près décent.
Malaisé, je ne réagis pas tout de suite, restant immonbile quelques petites secondes. Je me force toutefois à me bouger les fesses, ne supportant pas vraiment l'idée de ne rien faire. Une grimace s'étire sur mon visage en dépit de tous mes efforts.

« … C'est bon, je bosse quand je veux, de toute façon. Et de toute façon, c'est mon travail aussi, d'accueillir ceux qui passent. »

… Je mens un peu, mais j'ose espérer que me justifier me tirera de questions quant à ma motivation, auxquelles je ne préfère pas répondre, même à un gosse. En vrai, oui, j'ai autre chose à faire, mais je n'arriverai pas à retourner travailler la tête libre si je détourne les yeux maintenant. Je suppose que ça s'appelle une conscience, ou un truc du genre.
D'autant plus que clairement, le blondinet m'a l'air d'être « un peu au bout de sa vie », comme dirait Alice. Et je sais moyennement quoi faire face à ça. Enfin, si, j'ai bien une idée, en fait, car partir de la base serait peut-être une bonne idée, je crois. J'aimerais bien qu'il évite de me faire une crise cardiaque sur place, alors j'essaie de désamorcer la situation comme possible. Mon ton se veut calme, dissimulant comme possible l'anxiété qui me noue actuellement l'estomac alors que je les considère tous d'un coup d'oeil.

« … Vous ne voulez pas vous poser ? Ca ne sert à rien d'avancer comme ça, de toute façon. Vos pokémon ont l'air épuisés eux aussi.»

Je n'ai pas besoin de beaucoup les observer pour le voir. Au pire, je pourrais toujours jeter un coup d'oeil, car ça me tracasse, sans surprise. Mais le gamin, vu son état, je n'aimerais pas aller le voir s'engouffrer dans la profondeur de la forêt : sans une solide protection, ça peut être dangereux, alors en plus dans cette situation émotionnelle... Ouais, je serais définitivement le dernier des sales cons si je regardais ça de loin, je crois. Gêné, je hausse vaguement des épaules pour faire comme si je n'étais pas impliqué, car c'est qui me rassure sur le moment, je crois. J'en profite d'ailleurs pour argumenter l'avantage.

« Y'a un grand canapé à l'accueil, si vous voulez. J'dois avoir de la tisane et, euh... Un téléphone, si jamais vous avez besoin de... »

Je n'en dis pas plus, car je ne sais pas vraiment ce qu'il en est, ou si il veut communiquer ou non. Je suppose que c'est déjà ça, de lui dire qu'il peut se servir au besoin. Je doute que cela suffise, car franchement ce n'est pas le genre de souci qui se règle avec un patpat sur le dos et deux biscuits, mais c'est surtout pour lui dire qu'il peut se poser, si ça aide à soulager. Hé, je ne fais qu'improviser, ne vous étonnez pas que ce soit bancal. En outre, je ne sais pas à quoi j'ai affaire, donc... Et je suppose que pour le moment, je n'en ai pas besoin. Je prends d'ailleurs le temps de le rappeler, en relâchant l'information d'un ton désintéressé, l'air de rien, mon regard partant fixer un point éloigné pour ne rien montrer de trop révélateur.

« J'poserai pas de questions. »

Parce qu'en vrai, je crois que j'aurais bien aimé entendre ça, moi, des fois.


FIN

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C
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11H
feat. Ludwig Nagel-Jung
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Lun 5 Nov 2018 - 0:45
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

Mes paroles ne risquent pas de convaincre grand monde si elles ne peuvent même pas me persuader moi-même que ça va aller. M’enfin, faut dire que le regard sceptique et pas franchement expressif du type en salopette n’aide pas vraiment à savoir si je suis en train de faire une énorme bêtise ou si je fais bien d’envisager de partir. Je ne peux pas feindre de n’être pas surpris lorsque l’autre annonce que son boulot est notamment d’accueillir les gens de passages… Entre son regard de poisson mort et son côté campagnard qui fait du tourisme agricole, faut que ce type arrête de jouer à ressembler à Soltan (même s’il ne le connait pas), si ça continue, je vais découvrir qu’il a aussi des photos d’holsteins et d’abondances de partout. Sceptique et encore franchement méfiant (même si rien ne m’est encore arrivé, je ne suis pas enfermé dans une cave avec comme seul repas du pain et de l’huile végétale), je fronce les sourcils, refrogné et un peu replié sur moi-même dans une position défensive. Ce n’est pas un peu bizarre les gens qui acceptent d’accueillir les autres, comme ça… ? Je sais que mon tuteur le fait et n’hésite à peine quand un paumé traine sur le terrain de la ferme, mais bon… Je veux dire, il a vu que je n’étais pas vraiment bien dans ma tête, quand même. Enfin, il doit surtout avoir pitié, car après tout, je constate avec amertume que c’est décidément tout ce que je sais faire, inspirer la pitié pour obtenir ce que je veux. Enfin, « ce que je veux »… Je sais même pas, ce que je veux, à part probablement dormir jusqu’aux vacances d’été, dans un monde où les adultes seront moins tous des connards égocentriques. Parce que oui, très probablement que ce type, même s’il a bonne conscience en m’offrant l’hospitalité, n’est absolument pas différent des autres adultes et ira appeler la police dès que j’aurais le dos tourné.

A cause de mes a priori nombreux et de ce qui m’est récemment arrivé avec Ellias (et je n’ai même pas envie de penser que c’est un malentendu ou de lui donner le moindre crédit), je ne veux pas suivre l’inconnu dans un premier temps. Ne sachant plus vraiment quoi faire, j’échange des regards circonspects avec mes alliés. Loulou, Lily et Kylian n’ont plus l’air de se méfier et m’encouragent à me diriger vers la maison pour « me poser », si j’en crois les propos de ce type dont je ne connais même pas encore le nom… Meh, c’est déjà amplement suffisant pour que je me méfie malgré l’apparent « bon feeling » de mes amis Pokémon. Peu rassuré et la prunelle inquiète, je porte une main à la manche de mon t-shirt et la serre nerveusement. Ne sachant quoi faire, je me tourne une nouvelle fois vers mes alliés, mon Mateloutre le premier, qui continue de m’envoyer des regards confiants. A ma connaissance, son instinct ne l’a jamais trompé.

« Tu… Tu es sûr Loulou ? »

Lui demandais-je quand même à voix basse, ne voulant pas que notre « hôte » (qui me vouvoie mais même ça, ça m’échappe un peu dans l’absolu) ne m’entende. Mes Pokémon semblent unanimes, mais…

« …Ok, mais, si y’a un seul truc bizarre, vous faites pas d’histoires et on s’en va. »


J’essaie de me donner l’air autoritaire et responsable en étant sec, mais ça ne trompe pas mes alliés. Oui, j’ai vraiment envie de me poser, peut-être de dormir si je suis assez serein… Je n’arrive pas à dire « non » à la proposition et si je suis de bonne foi, je me dis que ce type ne m’inspire pas vraiment de mauvaises choses. Je n’ai pas la sensation qu’il me veuille du mal, dans tous les cas. Mon soucis, c’est juste… Son âge apparent, bien entendu, qui me le fait catégoriser comme « adulte ». Bon, il ne m’empêchera pas de partir, j’imagine… Et puis, il me vouvoie, ça veut peut-être dire qu’il n’a pas envie de me traiter comme un gamin. Après tout, il ne me force à rien, c’est moi qui décide, là, p-pas vrai… ? Qui que ce soit qui propose son aide, en réalité je ne suis jamais certain que ce soit bien moi qui fasse mes choix, c’est pas franchement confortable. M’enfin, un canapé, de la tisane, ça doit pas être si mal que ça.

Avançant avec précaution vers le pallier de l’accueil en suivant mon « hôte », je découvre un intérieur plutôt apaisant et rassurant, avec une déco un peu japonisante. Hm… ça me change de la déco de chalet de chez Soltan. Frileux, je pose mon regard dans tous les coins de la pièce d’attente, comme pour surveiller de potentiels dangers, mais je ne vois rien. J’aperçois après peu de temps le canapé dont on me parlait et c’est là que je percute que je n’ai pas dit un mot à la personne qui m’accueille depuis tout à l’heure… Quel malpoli !

« Ah ! M-merci… Je… Je veux bien une tisane, si… si c’est pas trop abuser… »


Ma voix s’est faite toute petite et timide. J’ai uni mes mains en les posant nerveusement sur mes cuisses, tout en me tortillant de nervosité et un peu d’embarras tandis que je me dirige vers la petite table ou est posé le nécessaire pour faire chauffer l’eau avec des sachets. Je pince les lèvres, regard rivé vers le sol. Je ne suis pas très dégourdi quand je suis accueilli chez quelqu’un : j’ai trop peur d’en demander trop alors je n’ose pas faire grand chose. Je sens que Loulou a un peu envie de me secouer, mais, eh, c’est facile à dire dans mon état de fatigue… Et voila que j’ai encore envie de pleurer. D’ailleurs je renifle encore bruyamment et il serait temps que je me mouche un bon coup. J’mets en revanche totalement le détail du téléphone, chose dont je ne veux même pas entendre parler. Et c’est là que l’autre précise qu’il ne demandera pas de détails sur mes mésaventures…

« … Oh… D’accord… »


J’ai un peu du mal à percuter ce que cela induit, mais, si je comprends bien, ce type n’est pas en train de me juger comme un vilain garçon débile qui chiale et fait du bruit pour rien. J’imagine que c’est une bonne chose… ? Mais, il y a une question qui me torture encore, et j’hésite longuement avant de la poser, tout en tripottant un sachet de tisane entre mes doigts.

« Monsieur… Vous… Est-ce que vous allez appeler la police en douce si jamais j’m’endors… ? »

Encore une fois, je n’ose parler fort… Je devrais avoir honte de poser de telles questions à quelqu’un qui m’accueille. Quel ingrat. Mais, je n’arrive plus à faire confiance, ce n’est quand même pas ma faute… ! Du moins, ça n’est pas ma faute, à l’origine du problème.

« Enfin… J-j’peux pas m’imposer d-donc… »


Tu me diras, c’est déjà fait, que tu t’imposes comme un gros caca moisi gênant.

« J’veux pas vous apporter des ennuis… J’en apporte déjà à tous les gens autour de moi. »


Et ça a commencé dès ma naissance, quelque part, non ? Je veux dire, mes parents se sont débarrassés de moi, alors, certes, ce sont des salopards finis mais c’est aussi certainement car quelque chose clochait avec ma personne. Ensuite, c’est Alex qui est parti et m’a laissé chez Soltan. Soltan chez qui je me suis donc incrusté et à qui je pose du soucis en l’obligeant à être mon tuteur et en étant tout sauf un gamin qui lui facilité la vie lorsque je blesse Marilyn quand je me mets en colère alors qu’ils ont d’autres soucis. Ensuite, bah, Ellias… Ellias j’en parle même pas, il préfère encore comploter avec Helmut, hein. Et puis, bien sûr, il y a Alice que j’ai mis dans le pétrin plus d’une fois avec mes caprices de « ranger » de pacotille, Lise qui a subi mon sale caractère lorsque je laisse tomber le masque, Emi à qui j’ai imposé mes problèmes… Bref, c’est sans fin, et c’est tout le temps, depuis toujours, que j’ai la sensation de n’être pas bienvenu là où je me rends. Et dans le cas contraire, je fous forcément tout en l’air, car… peut-être qu’au fond, je suis pas quelqu’un d’aussi gentil et bien que j’essaie d’en assurer tout le monde, avec mes gamineries et mes sourires permanents de gentil garçon toujours content même quand on le traite comme une merde au collège. Un sanglot me remonte dans la gorge et je me remet à hoqueter en reniflant de manière sonore.

« P-peut-être que c’est tout ce que je mérite, en fait… Que la police vienne me chercher pour me remettre les idées en place, hahaha… »

Désabusé, j’arrive quand même à rire sarcastiquement. Je me parle plus à moi-même qu’à un quelconque interlocuteur.

« J’pourrais p-pas vous en vouloir… C’est ce que f-font les « adultes responsables », t’façon… pas vrai… ? »

Marmonnais-je en allant me verser l’eau chaude de ma tisane, appuyant sur les mots « adultes responsables » avec ironie. Mon ton est franchement celui d’un petit con provocateur, en plus apathique et je ne défie pas le regard de mon interlocuteur une seule fois. Bah, non, j’en suis pas cap, hein. Ce n’est pas moi, ce genre de choses. Je suis un lâche et je devrais le rester.

« P-pardon… Laissez tomber. J’vais aller sur le canapé et pu vous gêner. »


M’excusais-je, regrettant tout de suite mes propos. Ce type ne m’a rien fait de mal. Il a même l’air décent. Donc, je ne vais pas l’embarrasser avec mes histoires, mieux vaut qu’il vive sa vie tranquille. En prenant ma tisane et mes Pokémon avec moi, je me dirige vers le fameux canapé de l’accueil pour m’y asseoir, mon regard dans le vide tandis que je consomme doucement mon eau chaude. Mes paupières me semblent lourdes dès que m’assois, encore trop tendu pour m’étendre. Pourtant, enfin, la lourdeur des angoisses qui pèsent sur mon ventre et le reste de mon corps semblent commencer à se dissiper très, très lentement.  Je soupire, tentant de souffler pour évacuer mon anxiété. Ça va aller… Je repartirais après avoir dormi. Ici, personne ne me trouvera. Je crois qu’il ne m’aura pas fallu 20 minutes pour tomber après avoir pleuré encore un bon coup et m’endormir pour une courte sieste.

En ouvrant les yeux, écrasé dans une position complètement improbable, je panique un instant, ne reconnaissant pas l’endroit où je me trouve. Puis, tout me revient et je vois Loulou roulé en boule près de moi en train de veiller au grain et Lily et Kylian qui font de même, s’animant en me voyant ouvrir les yeux. Ils me font signe que Lenny est sorti pour monter la garde et je souris légèrement en comprenant comme mes alliés veillent sur moi. Bon, je suis aussi bien dépendant d’eux, m’enfin… En détaillant un peu les lieux, il me semble que la lumière a un peu changé. Mais il n’est que le début d’après-midi, j’ai juste dû dormir quelques heures… quand même. Je n’entends rien si ce n’est que les bruits de la forêt au dehors et ceux des Pokémon. Il n’y a que moi dans la salle d’accueil, alors, je me lève et commence à errer un peu, mais, visiblement, il n’y a que moi et mes alliés dans ce bâtiment. Après le début de mon exploration, je me décide à sortir. En sortant, j’aperçois mieux tout l’élevage qui se trouve sur le domaine, plus grand que je l’avais imaginé… Et il y a des insectes de partout, ce qui est plutôt cool, en réalité. Sauf que tant de bâtiments, tant d’enclos… Bah, ça pique ma curiosité, un peu, surtout que j’ai besoin de m’occuper pour un peu oublier pourquoi je suis là. En tout cas… Le propriétaire des lieux n’a pas l’air d’avoir appelé la police… Pour le moment.  

Je me mets donc à faire le tour du domaine, n’osant pas rentrer à la maison, mais m’avançant entre les bâtisses, je finis par apercevoir le type de tout à l’heure… Il semble occupé et ne pas m’avoir vu. Hmmm… Il me vient l’envie de l’espionner un peu, histoire de voir à qui j’ai vraiment affaire, et être certain que j’ai bien fait de me méfier de lui. Certes, je suis probablement pas très discret, caché au coin d’un bâtiment avec ma tête qui dépasse (avec celles de mes alliés au-dessus et en dessous), mais, eh, j’ai besoin de savoir à qui j’ai affaire !
Ludwig Green
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Mar 6 Nov 2018 - 15:19
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
J'aimerais bien avoir une idée de ce que je suis en train de faire, je vous assure. Le fait que je déteste improviser ne m'aide en rien à me donner l'impression que je ne suis pas en train de faire au pif en espérant que ça marche. Je ne crois avoir d'autre choix, de toute façon, donc je dois bien faire avec, et pour l'instant, je pense que ça va. Plus ou moins, on va dire, personne n'a encore tenté de se jeter de la cime d'un arbre, donc je prends ça comme une situation à peu près acceptable. J'aimerais bien que le gamin s'explique clairement et honnêtement, mais d'un côté, je suppose que je ne peux pas en exiger trop de quelqu'un qui est plus ou moins au bout de son état physique et mental.
… Et bon, j'avoue que sa manière de me regarder comme si j'allais le faire cuire en petit salé m'agace un peu, mais je suppose que c'est plutôt bon signe qu'il ne fasse pas immédiatement confiance au premier type qu'il croise dans les bois. J'veux dire, l'inverse m'aurait pas mal inquiété. Je relativise donc ma frustration de parler à un mur en me disant qu'au moins, je n'ai pas affaire à quelqu'un d'aussi agressif que l'adolescent que j'étais moi-même. Un peu prétentieux, certes, mais bon, c'est un gosse qui compense, quoi, j'vais pas péter un plomb pour ça. Je lève à peine les yeux au ciel en l'entendant énumérer des pseudos menaces, me disant seulement dans un coin de ma tête qu'il doit être sacrément flippé pour en arriver à essayer de gonfler le dos comme un chat apeuré. Au moins, ses pokémon ont l'air d'être plus... On va dire 'raisonnables', que lui. C'est peut-être un peu condescendant de ma part de penser ainsi, d'ailleurs, mais pour l'instant, c'est ce à quoi je conclus. Je hoche donc vaguement de la tête pour lui faire plaisir, ne voyant pas trop d'intérêt à faire une pique sarcastique face à quelqu'un qui est déjà terre ; faut être franchement dégoûtant pour faire ça.

« Oui oui, j'ai compris. »

Au moins, il aura l'impression d'avoir le contrôle, donc si ça le rassure de jouer au caïd... Bah j'vais pas m'épuiser à chercher à jouer au plus malin. Mon ego n'est pas à ce point boursouflé. Je fais signe à Hayato qu'il peut retourner à son travail de surveillance, moment que le Luxray choisit de s'éclipser sans plus d'attente.
De toute façon, il a l'air de se décomposer plus ou moins au fur et à mesure que nous nous installons dans l'accueil. Je prends d'ailleurs le temps d'indiquer qu'il est fermé pour le moment, ne voulant pas vraiment être dérangé par des potentiels clients ; tant pis, hein, y'a des cas plus urgents que d'autres. De dos, je l'écoute distraitement, mais suis étonné de la voir balbutier timidement son désir hésitant de prendre une tisane. Je cligne un peu des yeux, le dévisageant avec un certain étonnement sur mes traits neutres, c'est-à-dire que j'ai haussé les sourcils, avant de marmonner un « hm-hm » et de m'exécuter en silence. Je ne vois pas trop l'intérêt de discuter pour le moment, même si je suppose que je devrais dire quelque chose. Me forcer à faire la conversation ne serait peut-être pas forcément des masses productif non plus, quand j'imagine le malaise que cela pourrait provoquer.

Je ne vais pas dire que ses reniflements m'indiffèrent, toutefois. C'est pénible à entendre, et pas juste d'un point de vue de misophonie, hein, c'est juste que j'aime pas entendre des gamins en train de chialer car c'est... C'est difficile quand on a pas l'empathie d'une moule, disons. J'essaie donc de me détendre les muscles et d'avoir moins l'air complètement tendu car ça ne doit pas être franchement être rassurant, et de l'écouter sans avoir l'air totalement indifférent.
Mais... Mais j'ai du mal à prendre la parole quand il s'exprime de nouveau. Sa crainte des autorités fait résonner quelque chose de sourd dans ma poitrine, et j'ouvre de grands yeux surpris. Cela ne m'était pas même passé par la tête, d'aller le « dénoncer ». En un sens, j'aurais eu la même crainte, à son âge et dans sa situation, car je crois vraiment qu'il n'est pas supposé être là. Je ne sais pas trop ce qu'il a fait, mais ce n'est pas dans ma nature d'aller harceler les gens de questions quand ils sont dans un état limite. Alors en plus aller prévenir les flics... Non, clairement, un frisson d'horreur me parcourt en imaginant des condés dans mon élevage, alors en plus pour aller chercher un gosse terrorisé, Arceus, faudrait vraiment être le dernier des monstres. Le seul milicien que je supporte ici, c'est Samaël, et encore, je ne crois pas que son premier réflexe serait de faire ce genre de choses. Bon, par contre, clairement, j'vais éviter de dire quel est l'activité professionnelle de mon conj-mon copain, car je doute que j'aurais le droit à une panique totale que je ne veux absolument pas gérer tout de suite, aussi égoïste que ce soit.

Son inquiétude me touche, quelque part. M'enfin, sa peur me fait mal à la poitrine, clairement, et je grimace un peu en l'entendant dire qu'il « s'impose ». Par Arceus, ce vocabulaire... Ce gamin a des problèmes d'estime et de rapport aux autres ou je ne m'y connais pas. J'ai du mal, pour le coup, à dire quoi que ce soit. Les sanglots qui montent dans sa gorge me surprennent une nouvelle fois, et je me retrouve comme paralysé, pris de court et un peu secoué. Cela m'étonne, de réagir ainsi. Normalement, je ne suis pas si réactif, non... ? Enfin, j'en sais rien, ça importe peu pour le moment, les considérations de ma petite tronche.
Je ne suis pas franchement sûr que la police servirait à quoi que ce soit, là, vraiment. Mais clairement, le gamin a une vision quelque peu dure des « adultes », ce que... Ce que je peux comprendre. Je ne me sens pas de la contredire, mais une compassion douloureuse vient me serrer la poitrine, me faisant retrouver une expression neutre qui ne sert qu'à cacher ma forte envie de grimacer. J'ai peur d'empirer la situation en lui disant des choses aussi banales que le fait ce qu'il raconte n'est pas vrai, qu'il ne me gêne pas, mais... Mais est-ce qu'il serait prêt à écouter, là ? Est-ce que je n'empirerais pas la situation, en lui donnant l'impression de le prendre en pitié... ? J'ai comme un doute. Un doute qui m'empêche de réagir avant qu'il ne me demande de le laisser pour aller dormir. Si j'hésite quelques secondes, je finis par hocher de la tête, et m'éloigner doucement vers mon bureau.
J'ai du mal, toutefois, à ne pas sentir mon estomac se contracter péniblement lorsque le bruit de sanglots parvient à filtrer jusqu'aux murs pourtant bien insonorisés de la pièce. Travailler sur mes dossiers devient alors une tâche presque impossible, même lorsque les pleurs s'apaisent, et que je devine que le gamin s'est endormi.
Malgré moi, lorsque je sors pour aller m'occuper l'esprit sur des travaux plus physiques, je ne peux pas m'empêcher de baisser juste un peu les volets, et de débrancher le téléphone pour m'assurer qu'aucun bruit ne puisse résonner dans la salle d'attente.

Le temps passe vite, en bossant, et je ne dis pas ça pour combler le vide. J'arrive toutefois assez bien à m'occuper l'esprit, même si un soupçon d'inquiétude traîne au fond de ma tête comme une tumeur impossible à arracher. Toutefois, j'ai réussi à me soulager en me concentrant sur les adorables petits Bulbizarres qui réclament maintenant leur repas. Enfin, dès qu'ils m'ont vu, ils se sont mis à courir jusqu'au bord de leur enclos en poussant des petits cris pour exiger que je mette fin à leur famine. Des bouilles adorables mais décidément très capricieuses auxquelles j'ai bien du mal à résister (de toute façon je suis bien peu face aux choses mignonnes malheureusement, même si ça coûte à mon ego), ce qui fait que j'ai donc cessé tout ce que je faisais auparavant pour me concentrer sur ces derniers.
Je ne sais pas comment Tsubaki fait pour gérer autant de petits. Elle doit en avoir eu une quinzaine, au bas mot, depuis quelques années. Toujours est-il que je tente de l'assister comme je peux, mais au fond, j'ai l'impression que c'est elle qui m'aide plus qu'autre chose, vu sa façon de glousser en me voyant me dépêtrer entre ses enfants collants. En riant à sa manière, dans un bruit sourd mais tendrement chaleureux, elle écarte les bébés par le biais de ses lianes. Je lui offre une moue un peu désabusée lorsqu'elle me laisse avec celui qui bave sur mes mains, toutefois. Non mais vraiment, j'vous jure !

« Oh, allez, cesse donc de te moquer. Ce sont les tiens qui ont faim, je te rappelle ! »

Une plaisanterie amicale, marmonnée sur un ton boudeur qui n'arrive pas à se défaire de l'affection que j'ai pour la Florizarre. Ce genre de trucs, ça rend mes journées longues un peu plus supportables, je dois l'avouer. Comme le fait de vider des sacs de graines énormes qui me tuent le dos pour des pokémon particulièrement agités et collants, par exemple. Si je pousse un soupir un peu défaitiste en me disant qu'il faut que je recommence à me concentrer, l'une des lianes de Tsubaki vient de me tapoter doucement l'épaule, avant de pointer en la direction d'un bâtiment plus lointain. Si je ne comprends pas tout de suite, j'écarquille les yeux en m’apercevant que le gosse de tout à l'heure, ainsi que ses pokémon, sont en train de nous espionner. Non mais, depuis quand il... ? Mais sérieux !
Blasé pour je ne sais quelle raison mais qui doit sûrement être liée à mon ego démesuré, je ne sais pas tout de suite comment réagir, et une expression désabusée se dessine sur mon visage. Ne sachant pas vraiment ce qu'il cherchait à faire, ni pourquoi, je prends la parole avec un certain désabus, les sourcils haussés.

« J'vais pas l'appeler, la police, pas besoin de se cacher, vous savez. »

Bon, ça sonne p'têtre un peu agressif, non... ? Erk, va falloir que je fasse gaffe à mon ton, moi, ce que je ne fais d'ordinaire qu'avec Axel, et Alice. Enfin, avec Sam des fois aussi, dans la mesure où il comprend plus ou moins toujours mes implicites, mais tout de même. Toutefois, je me rappelle bien qu'il paraissait terrorisé par cette possibilité, puisqu'il s'était répété deux ou trois fois de souvenir à ce propos, donc j'ai cru bon de remettre les choses au clair. Déjà que je supporte à peine de voir Dufresne, et encore, c'est loin d'être la pire, donc vous imaginez bien que... Enfin voilà. Puis, en vrai, j'suis peut-être un peu bêtement vexé qu'il me prenne pour un tueur en série, mais je suppose que c'est normal. J'vais pas exiger d'un gosse ou d'un autre humain qu'il soit parfaitement à l'aise avec moi, quoi, ce serait on ne peut plus malsain.
Mais du coup, on va se retrouver à se regarder dans le blanc des yeux et ce serait franchement gênant, en toute honnêteté. Si je ne sais pas quoi dire tout de suite, je remarque avec étonnement que quelques Bulbizarres se sont approchés de l'adolescent, levant de grands yeux rouges curieux et attentifs vers le blondinet. Ils piaillent ; piaillements que je reconnais très bien, et j'esquisse une expression embêtée. Bon, euh... Je suppose que ce serait pas trop de lui demander ça, non ? Ce sera moins pire qu'un silence fixe ou une embrouille car je me serais montré trop brusque. Alors, d'un ton un peu gêné, je reprends la parole.

« … Dites, v'voulez bien donner du sachet aux petits qui vous collent ? Ça me rendrait service. »

Il est plutôt petit, et loin d'être lourd, donc ça ne devrait pas poser souci. Enfin, si il en a envie, évidemment, au pire il pourra toujours continuer sa vie, ce n'est clairement pas moi qui vais lui courir après et lui dire quoi faire comme un vieux chieur aigri, même si l'on pourrait débattre du fait que je suis déjà un vieil aigri, au fond.
Néanmoins, je sais que quelque chose me travaille encore, et je ne vais définitivement pas m'en débarrasser si je ne l'exprime pas. Ça m'enquiquine, mais autant le sortir... Alors avec hésitation, je complète ma phrase, même si je détourne un peu le regard, timide alors que je suis en train de parler à un gamin. Mais la honte, sérieux, la honte !

« Enfin, euh... Ca va mieux, avec du sommeil ? J'voulais pas vous déranger, donc j'suis pas venu vous réveiller.  »

'Et c'était tellement ridicule quand j'ai cherché à sortir sans bruit que j'en avais enlevé mes chaussures en tentant de m'éclipser lentement comme un vieux personnage de cartoon qu'on aurait pu mettre un fond de rire enregistré, aussi', mais ça, je vais le taire, je crois. J'estime que je me rends déjà assez grotesque comme ça, dans toute cette situation, à improviser comme un gamin paumé dans un hypermarché avec un gosse encore plus jeune en train de faire une crise de panique. Parce que là, c'est un peu mon ressenti de la situation, même si tout s'est en partie désamorcé.


FIN

O
C
T
O
B
R
E

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0
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3

14H
feat. Ludwig Nagel-Jung
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Dim 11 Nov 2018 - 18:46
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

Je suis encore groggy après mon roupillon de quelques heures et c’est probablement pour ça que je me crois invisible, lorsque j’espionne l’éleveur en train de nourrir des Bulbizarre vraiment adorables. Je ne m’attendais pas à une scène aussi touchante (ni à le surprendre en train d’aiguiser des couteaux pour me servir en brochette pour diner, remarquez) alors je reste là comme deux ronds de flanc à regarder, toujours aussi à côté de mes pompes. Mais, comme on n’est pas très très discrets avec mes alliés, ce qui devait arriver arriva et on se fit détecter sans tarder par le propriétaire des lieux et ses bébés Pokémon plante. L’air un peu coupable, je sors de ma cachette avec mes Pokémon, les mains derrière le dos et légèrement courbé vers l’avant, regardant mon interlocuteur par en bas, tel un enfant qui vient de faire une bêtise. L’autre me redit qu’il n’a pas appelle la police et qu’il ne le fera pas… Ouais à force, je vais peut-être bien finir par le croire, même s’il a l’air un peu sévère, tout d’un coup. Bon, c’est vrai que c’est pas poli d’écouter aux portes donc je vais aller me faire gronder… ou pas. Apparemment, tous les adultes ne font pas des cacas nerveux dès qu’un truc n’est pas à sa place… J’aurais du m’y attendre, Soltan n’est pas ainsi et Ellias… J’ai pas envie de parler de lui de toute manière, hein, on va faire comme s’il existait pas.

« Oh, bah, hm, merci… Mais c’est juste que voulais pas vous déranger, haha. »

C’est un peu vrai mais c’est aussi un peu un mensonge qui ne sert qu’à essayer de me donner un peu bonne conscience. J’ai repris des forces et j’arrive de nouveau à remettre le masque du garçon poli que je suis d’habitude chez les autres. L’essentiel, c’est de ne pas faire de vagues, de ne pas en faire trop et de ne pas envahir. Pour ça, au moins, je sais que je ne m’y prends pas comme un manche. L’ambiance aurait pu devenir assez pesante et embarrassante avec le silence qui était revenu, mais ça, c’était avant de voir quatre adorables bébés Bulbizarre courir vers moi pour m’observer curieusement. Après un court hoquet de surprise, je ne sais pas trop si je peux les toucher et les caresser sans que leur propriétaire ne m’y autorise. Lily s’est approchée également et osa toucher un Bulbizarre téméraire du bout de sa truffe… Bon, la scène commence à me faire sourire doucement, ils sont vraiment trop mignons. Je sais je manque de vocabulaire, mais eh !

« Il sont trop chous vos Bulbizarre ! » En relevant la tête, j’aperçois une grande Florizarre non loin de là. Même si ce Pokémon me rappelle un peu Ellias, j’arrive à passer à autre chose assez rapidement. « C’est leur maman ? »

Demandais-je en désignant la grosse grenouille turquoise. Puis ce qui vient après m’emplit soudain d’une certaine joie. L’éleveur me désigne un sac de nourriture pour les petits et cette fois je ne peux empêcher un large sourire de naître sur mon visage. Cela me ravit de m’occuper des petits Pokémon, et puis, s’il me demande de rendre service c’est que… Je ne dois pas trop le déranger, finalement ?

« Ah oui, super ! Vous savez, j’travaille un peu dans une ferme parfois alors ça m’connait, haha ! »


Oui, enfin, c’est pas non plus des trucs de fifou que je fais dans la ferme de mon tuteur. Puis, c’est des vaches, pas des Bulbizarre… Quoique, je suis sûr que les Florizarre c’est un peu comme des grosses vaches avec des plantes sur le dos. Sans attendre, je vais chercher le sachet en question et commence à en distribuer son contenu, en essayant de faire ça d’une main experte, en exploitant mon expérience accumulée chez Soltan. Enfin, tout ça me fais me dire que je ne me suis toujours pas présenté et que maintenant que je me sens un peu mieux ici, il serait peut-être temps.

« Au fait, euh… Je m’appelle Ludwig. Et mes Pokémon c’est Loulou, Lily, Kylian et Lenny. »

Confiais-je à l’éleveur en désignait successivement mon Mateloutre, ma Phyllali, mon Charmina et mon Roucarnage… Qui est parti se percher sur le toit d’une des bâtisses de l’élevage mais n’a pas arrêter de surveiller pour autant. Même si j’ai pris l’habitude à l’école d’entendre les gens prononcer le « g » de mon prénom comme un « gue », je le prononce pour ma part encore à l’allemande, mais, bref, c’est toujours le même prénom et je ne suis plus casse-pied avec la prononciation depuis longtemps. Puis, on m’appelle surtout « Lulu », maintenant.

« Et… et vous, euh, bah… c’est comment que vous vous appelez ? »


Je n’ose pas encore lui dire que ça me fait tout bizarre qu’il me vouvoie mais en réalité je ne sais pas trop si ça ne me fait pas plus plaisir qu’autre chose. Enfin, c’est bête, mais j’ai la sensation de ne pas être traité comme un gamin débile, pour une fois (pas que ce soit toujours le cas, mais ces derniers temps ça n’était pas ma meilleure période à cet égard). En même temps s’il me prend trop au sérieux je risquerais d’avoir des questions auxquelles je ne suis pas prêt à répondre… Hmmm… Ouais, je peux aussi cesser de me compliquer la vie et aussi celle des autres deux secondes, peut-être, non ? Hahah. Autant ne pas faire plus de vagues pour l’instant et essayer de profiter de l’accueil que ce type qui semble digne de confiance m’offre. Il me demande même si je vais mieux après avoir un peu dormi. Je ne crois pas qu’il ait de mauvaises intentions mais quelque chose me fait me crisper quand même. S’il s’inquiète pour moi c’est vraiment que j’ai dû en faire des tonnes, quelques heures plus tôt. J’essaie encore de me convaincre que ce que je vis ne constitue rien qui n’est alarmant, car j’aime m’imaginer en contrôle de la situation, mais… Bah, je ne me sens pas vraiment bien. C’est pas vraiment marrant d’avoir l’impression d’être chez soi nulle part et de ne pas se sentir le bienvenu, même chez sa propre famille… M’enfin, certes Ellias est mon cousin germain, mais on a pas vraiment vécu en famille et… C’est quoi une famille, en vrai… ?

« Ah, c’est… c’est gentil. J’ai un peu dormi, je crois. Ça m’apprendra de faire des nuits blanches, ahaha… ah. »


Je me suis endormi comme une masse après avoir chialé comme un bébé, oui. J’espérais réussir à en rire mais je crois que c’est encore trop frais (pas comme moi) et que je suis encore pas mal crevé après ma sieste. Le silence revient, quelque peu awkward, à vrai dire. Je ne sais pas trop quoi dire et je crois que l’autre non plus. En même temps il me faut surveiller les Bulbizarre gourmands avec Lily et Kylian tout aussi enthousiastes que moi alors je laisse passer un peu de temps avant de reprendre la parole.

« C’est tout à vous, ici ? C’est votre élevage à vous, avec tous les Pokémon insectes ? »
J’ai pu apercevoir quelques enclos, plus tôt. « Moi je les trouve cool, les insectes, ils ont pleins de couleur et en plus, mon frère il m’a dit qu’ils étaient parfois vachement balèzes. »

Evidemment, pour me mettre à l’aise et combler le silence, il faut vite que je commence à parler d’Alex et que je fasse un peu le fayot… Mais c’est vrai que je trouve les insectes cools, hein, donc je ne dis pas uniquement ça pour flatter mon hôte !

« Vous avez des Lucanon ? J’en ai vu dans une vidéo sur internet, mais jamais en vrai, ils sont trop stylééés. »


M’exclamais-je, avec le désir de réellement rendre l’ambiance un peu moins morose, même si ça sous-entend de m’oublier un moment, au profit d’une apparence et de propos plus plaisants. Comme si cela pouvait effacer de la mémoire de l’éleveur ma crise et la manière dont je me suis comporté en arrivant. Eh. C’est mon droit d’y croire, ma vie, mon histoire, tout ça, hein. Pendant que je cherche un autre moyen de meubler pour m’éviter des questions sur ma présence ici, les bébés Pokémon plante continuent de s’agiter en réclamant à manger. Il y en a même qui grimpent sur mes jambes et tombent mollement sur le sol, se secouent, puis reviennent à la charge. Il sont tous aussi maladroits et adorables, je crois que je pourrais passer mes journées à les regarder. A force, je crois qu’ils s’emportent et ils parviennent à me faire trébucher en arrière à force de s’emmêler dans mes jambes. Après un coup de surprise et une douleur de courte durée, je me mets à rire, peut-être excessivement pour la situation, mais je n’ai pas l’air de bien contrôler mes émotions. Les Bulbizarres se sont jetés sur le paquet tombé à terre, bien entendu. A l’exception de l’un d’eux qui juge bon de rebondir sur mon ventre, qui, certes, s’est dénoué un peu depuis tout à l’heure, mais surtout, qui est très vide depuis ma dernière barre chocolatée de ce matin. Il gargouille drôlement et alors, le bébé plante s’arrête et me regarde avec des yeux ronds… Muhu. Je crois que j’ai trouvé mon favori de la bande. Ou ma favorite. Je prends le jeune Pokémon et le repose par terre pour me lever et aller chercher le sac.

« Héhé ! Heureusement que c’était pas les vaches de là où j’habite, sinon, je serais une crèpe ! »

Bon, j’ai fait allusion à mon lieu de vie et je ne sais pas si j’aurais du, mais… ça ne change pas grand-chose à la donne, je crois. L’autre se doute bien que j’habitude quelque part… Y compris peut-être dans un pâturage, hein, qui sait ! Enfin, tout ça me fait repenser à ce qui m’a amené ici.

« Euhm… Dites, euh… Après ça, euh… Vous voudrez que je fasse quoi ? Je peux aider, mais, je peux aussi partir si c’est c’que vous préférez. »


Je ne veux pas être un ingrat et abuser de l’hospitalité de l’éleveur. Il a déjà été très gentil et je ne voudrais pas faire de caprices pour rester alors qu’il ne peut m’accueillir. Mais, je peux vraiment aider et aussi me faire discret s’il faut. Je dois franchement faire pitié, en fait, à essayer de gratter plus de temps ici (car c’est ça, au fond), en me justifiant hypocritement.

« Enfin, je sais un peu comment on nourrit les Pokémon, bon, pas des insectes, mais surement que… bah, je pourrais vous donner un coup de main. Promis, je suis pas une chochotte qui tire-au-flanc. » Du moins j’essaie de me persuader que ce n’est pas ce que j’ai envie de faire, au fond : me planquer, dormir et hiberner jusqu’au prochain solstice. « J-Je veux pas être ingrat et… »

Mon ventre vient de faire un bruit monstrueux. Il avait déjà commencé tout à l’heure donc ça ne m’étonne pas vraiment. Je m’éclaircit la gorge et lève les yeux vers le ciel.

« Oh, euhm… Il y a de l’orage, non ? Ou c’est peut-être le vent… »

Histoire de faire diversion, je regarde autour de moi et c’est là que je vois que Lily n’est plus là. En continuant de balayer du regard les environs, j’en viens aussi à recompter les Bulbizarre, il me semble qu’il en manque un ou deux… Ou alors, je suis bigleux ou très fatigué (ce qui est pas impossible). Mais, je suis certain qu’ils étaient plus nombreux à mes côtés il y a quelques minutes quand je leur donnais à manger.

« Euh. M’sieur, vous avez pas vu ma Phyllali ? Et y manque pas des Bulbizarre… ? »

Crotte… Où sont-ils tous passés ? Je m’éloigne de quelques pas pour regarder derrière la bâtisse la plus proche, pas pas de signe des Pokémon plante. Ça par contre, c’est embêtant… J’espère que ça n’est pas ma faute. Mais peut-être qu'elle est juste allée jouer plus loin avec eux..?

Ludwig Green
Ludwig Green
Civil
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Sam 17 Nov 2018 - 22:59
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
Sans chercher à être invasif, j'aimerais simplement savoir ce qu'il en est. Comprenez, je suis un tout petit peu paumé pour le moment, et avoir un aperçu de la situation ne serait pas pour me déplaire. Du peu que je vois, la crise est un peu passée, on dirait, même si je ne peux pas savoir si oui ou non c'est pour le mieux ; tout ce que je sais, c'est que ça a l'air d'être un peu plus aisé de lui causer, au môme. C'est sans doute pour cela que je me permets cette question peut-être un poil trop personnelle.
Je m'aperçois toutefois que les Bulbizarre semblent l'attendrir, vu son exclamation joyeuse ; et je ne peux que comprendre. Les petits, sur le moment, ne réagissent pas, ce qui n'est pas surprenant, puisqu'ils sont plus préoccupés par leurs estomacs, ces petits monstres. Leur mère, toutefois, se tortille presque sur place, et voilà que Tsubaki se met à gigoter comme une jeune enfant, flattée que l'on complimente ses enfants. Même si, face à une pareille réaction, je ne crois pas devoir avoir à répondre directement, l'esquisse d'un rictus mêlant attendrissement et amusement s'étire sur mes lèvres. Rien à faire, la Florizarre est bien trop mignonne pour que je ne résiste pas à l'envie de m'en vanter comme un ado puéril. Je tape affectueusement sur le corps de la grande grenouille verte.

« Oui, cette grande chose mièvre, là, c'est la mère. »

Elle ne me reprend pas sur ces propos, n'étant nullement gênée par ce trait de caractère qu'elle assume parfaitement. Et en même temps, vu le nombre de gamins qu'elle a... Honnêtement, enre elle et Roxas, ainsi que Nagi et Hayato, et Testuya et Sayuri, je vais finir par croire que mes pokémon ont l'habitude de faire quarante-six gamins au minimum à chaque fois. Pas que ça me dérange, j'veux dire, je me comporte littéralement comme un enfant à Noël à chaque fois que je découvre un nouvel œuf, mais je pourrais comprendre que l'on peine à croire que tous ces petits sont élevés par ce seul couple de pokémon. Mais j'en suis très fière, de Tsubaki, vraiment. La petite Bulbizarre timide que j'ai capturé un après-midi alors que j'étais encore un jeune adolescent est devenu un véritable pilier de mon élevage, et, euh... Bah, une bonne amie, même si c'est gênant à dire.

Et d'ailleurs, visiblement, ça ne le dérange pas trop de rendre service. Bon, tant mieux, j'aurais été un peu vexé si il m'avait envoyé chier, il faut le dire, mais ça c'est parce que je suis un gros bébé. Je laisse échapper un « hm hm » quand il m'explique être plus ou moins habitué à ce genre de tâches vu les travaux qu'il a pu réaliser dans une ferme. Ceci explique cela, en soi, même si je dois avouer qu'il pourrait bien avoir travaillé comme garde-chasse que ça n'aurait pas changé grand chose de mon existence. Je suppose toutefois que c'est une manière comme une autre de faire la conversation, donc, bah, je vais pas jouer au chieur, même si c'est mon habitude d'ordinaire et qu'on m'a déjà dit une bonne centaine de fois que c'était extrêmement agaçant. D'ailleurs, à force de me faire enguirlander par Nagisa, j'ai appris que c'était bien de faire comprendre aux gens que je les écoute, car c'est ce qu'ils veulent. En même temps, quand je pense à comment j'étais en tant qu'adolescent, je désirais sûrement la même chose.
Au moins, j'ai son prénom, maintenant. Si j'arrive à le retenir, ce sera déjà un progrès : je n'ai plus besoin de l'appeler « gamin », « morveux », ou « môme », parce que même si ça passe dans ma tête, pas sûr qu'il ne se serait pas vexé si je l'avais exprimé à haute voix. Je n'ai pas le droit à un nom de famille, mais dans les faits, ça m'importe vraiment très peu. Je vais toutefois devoir faire un sacré effort de concentration si jamais je veux retenir les surnoms de ses pokémon ; et par là, je veux dire faire plus que le zéro pointé ordinaire. Pour le coup, j'avoue que ça m'arrange de connaître le nom du Roucarnage qui s'est permis, bien à l'aise, de se poser sur une des hauteurs de la pension. Je lui jette un regard un peu désabusé : non mais sérieux, il se met bien à l'aise, là, la dinde de Noël. Grmbl, le savoir vivre des piafs, j'vous jure... Bon, du coup, je suppose qu'il va falloir que je passe par le rituel de la présentation à mon tour. Je décide donc, après avoir jeté un coup d'oeil hésitant à ma Florizarre pour venir cherché une quelconque forme d'aide

« Miyano. Enfin, Natsume Miyano, pour le nom complet. »

Pas grand chose à dire sur ce point, je crois. Je cherche d'ailleurs à l'évacuer au plus vite, toujours mal à l'aise dans ces formalités où je ne sais jamais vraiment ce qui est attendu de moi ; je crois toutefois qu'il va falloir que je me calme, là, je cause à un gosse qui pleurait y'a deux heures, pas à un agent du service de renseignement.
Gosse qui au passage, vient tout juste de récupérer un tout petit peu de sa nuit blanche. Si mon expression reste neutre, je plisse un peu les yeux, trouvant tout de même cela un peu suspicieux qu'un gosse ait en même temps fait une nuit blanche, en même temps décidé d'aller se balader dans la forêt, et ait en même temps fait une véritable crise de panique sans que tout cela ne soit pas le résultat de quelque chose de plus conséquent. Je me garde toutefois d'un commentaire, conscient que cela le mettrait peut-être de nouveau sur ses gardes. Dans tous les cas, toutefois, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il a dû arriver un truc à ce gamin ; et je ne crois pas que ce soit très positif. Le souci, c'est que ça m'emmerde, en fait, et ça m'agace d'être aussi bêtement empathique alors que je pourrais tout aussi bien avoir très mal compris la situation, et, euh, bah... J'le connais pas, quoi. J'devrais peut-être pas non plus trop m'impliquer, mais, enfin... C'est assez dur d'être un sac à merde et de tourner le dos quand on voit quelque chose qui cloche, vous voyez ? Moi, j'ai du mal. J'y arrivais avant, mais j'ai moyennement envie de refaire ça, surtout en considérant que je ne faisais que me mentir à moi-même. Donc oui, aussi stupide que ce soit, je m'inquiète pour ce gosse.

Les questions pullulent, pourtant. Je ne sais pas si il fait ça pour la forme ou par véritable passion pour le fait de blablater incessamment, et je crois qu'aucune des deux réponses ne me ferait vraiment plaisir. Je ne réponds pas tout de suite, le laissant faire, même si je cligne une à deux fois des yeux. Oulah, j'ai du mal à le suivre, là... Donc, euh, chouette, si il aime bien les insectes, on va dire... ? J'esquisse toutefois un rictus bêtement fier quand il parle du fait que ces derniers peuvent être plutôt forts ; un fait que je ne suis pas sans méconnaître, même si il m'a toujours indifféré, vu mon rapport particulièrement à l'idée de force ou de puissance (spoiler alert, ça me passe dessus comme un nuage). Je trouve personnellement qu'ils sont admirables pour tout un tas d'autres raisons, mais ce n'est pas de moi, dont il s'agit. Sur le point des couleurs, nous pouvons être d'accord : je crois qu'il n'existe pas plus variété que parmi les insectes.  Ou en tous cas, de mon point de vue qui estime qu'une chenille ne ressemble pas à une autre chenille alors qu'un piaf est exactement le même qu'un autre piaf. Je n'ai toutefois pas le temps de répondre, puisqu'il enchaîne sur le sujet des... Des Lucanons. Et pour le coup, non, je n'en ai pas, ce qui m'embête un peu. Je crois avoir une idée d'où ils se trouvent, mais... Mais disons que j'ai le vertige et que je suis un peu lâche, donc ça complique les choses. Pourtant, j'en avais vu quelques uns, quand je travaillais comme éleveur contractuel  lors de l'implantation de cette espèce sur Enola. Si j'avais été malin, j'aurais pu en profiter, mais bon, bah, voilà. Au moins, je ne peux pas dire que le gamin a mauvais goût ; lorsque j'avais pu en voir, je me rappelle avoir passé de longs moments à les observer, fasciné par leurs capacités ainsi que leur constitution.

Distraitement, je découpe un nouveau sachet pour aller en éparpiller son contenu sur l'herbe et laisser les Bulbizarres se repaître tranquillement. Enfin, de mon côté uniquement : car voilà que le gamin est mis par terre par le poids des petits, ce qui me tire un pouffement amusé. Non mais ces gourmands, j'vous jure... Je ne vais pas m’inquiéter ou aider le go-... Ludwig, parce que je sais qu'il ne risque rien. Normalement, la petite bête ne mange pas la grosse... ! … Sauf dans le cas des insectes où ces adorables petits monstres paralysent leur proie avant de la manger lentement durant tout l'hiver. Mais c'est une autre histoire.
Je lève les yeux au ciel face à sa blague, toutefois. Rohlala, c'est pas très recherché, hein, j'vous jure... Je ne peux toutefois pas m'empêcher d'afficher une moue amusée sur les bords. Hé, oh, c'est la faute aux blagues de merde de Mell et Sam, ça, c'est promis.

La suite, pourtant, me prend par surprise. Ah, euh. Dans les faits, je n'avais pas trop réfléchi à ce qui allait se passer maintenant ; je m'attendais plus ou moins à recevoir un coup de fil ou de voir arriver un.e responsable du gamin, et basta. Mais visiblement, celui-ci est... Dans une situation compliquée. Voilà qu'il me propose, dans des termes maladroits et sentant clairement le malaise, de m'aider dans mon travail en échange du fait que je ne me comporte pas comme un trou du cul. Je retiens l'envie de grimacer. Non mais... Non mais, je fais pas ça pour de la main d'oeuvre gratos, j'ai pas besoin qu'on taffe pour moi  pour que je me montre à peu près humain ! Je me retiens toutefois de faire le commentaire : j'ai la sensation que ce serait aggraver le malaise. Le gamin a l'air d'avoir besoin de prouver son utilité, et... Montrer qu'il peut servir à quelque chose. Qu'il n'est pas une gêne. Ce qui, compte tenu de ce que j'ai déjà observé, est assez inquiétant dans les faits. Non parce que les ados de 14 ans, ça ne pense pas à ça sans raison, généralement, je suis assez bien placé pour le dire.
C'est pour cette raison que je sens un creux de malaise se former dans mon ventre. Rendu nerveux, je le dévisage et l'écoute sans parler, même je n'aime pas trop ce que je crois percevoir. Et voilà que... Que son ventre gargouille. J'ouvre un peu les yeux, surpris. Ne me dites pas... Ne me dites pas qu'il n'a pas mangé, en plus ? Arceus... J'aurais bien envie de me masser le front, là. C'est que ça devient difficile de dire à mon cerveau en état de « hmmmmmmmmmmmmmm » que je ne suis pas face à quelque chose de plus grave que ce que me raconte le blondinet d'un air pas du tout crédible de « héhéh ça roule bien » (alors que d'ordinaire je suis tellement naïf que j'avale plus ou moins n'importe quelle couleuvre). J'aurais au moins espéré qu'il me serve un mensonge un peu plus convaincant que celui qu'il exprime (il pense sérieusement que je vais y croire ou...?) ; parce que là, pour l'instant, j'ai du mal à rentrer dans son jeu et je me contente d'un air désintéressé au possible, préférant cette réaction à une qui pourrait se révéler mauvaise.

À force de l'avoir dévisagé, d'ailleurs, j'en ai oublié de surveiller les Bulbi, et Tsubaki aussi, je crois. La prise de parole de l'adolescent ne nous inquiète pas outre mesure, puisqu'il est habituel qu'ils se dispersent, mais le fait que sa Phyllali se soit absentée est plus embêtant ; je n'aimerais vraiment pas qu'elle se perde dans un enclos dangereux, comme celui des Séviper, ou celui des Brutapodes, par exemple. Reiko évite de foncer vers les pokémon sauvages, mais Byakuran... Enfin, ils se comportent mieux qu'il y a quelques années, c'est sûr. Ne serait-ce que pour éviter que je chouine, je crois, car après que je l'eus surpris en train de dévorer un jeune Hoothoot, bizarrement, mon Séviper a cessé de chasser dans les environs proches de la pension : il faut croire que je lui ai cassé les oreilles, à couiner comme enragé. Je n'ai donc pas une trop grosse inquiétude pour cette dernière, même si j'aimerais la trouver pour avoir la conscience tranquille. Et ce ne sera pas trop difficile, d'ailleurs. Encore un peu perturbé par notre conversation, je mets un peu de temps à parler, jetant des coups d’œil à ma droite puis à ma gauche, cherchant quelque chose du regard.

« Alors, euh... Non je ne crois pas l'avoir vu, mais... De toute façon, ils n'ont pas pu aller bien loin. »

Je vais avoir besoin d'un peu d'aide, je le crois. Et d'ailleurs, car je suis un sale petit chanceux, voilà que je finis par remarquer le Ninjask que je cherchais, et qui, par un miracle assez fabuleux, passait justement par là. Je hausse donc un peu le ton pour qu'il m'entende.

« Zakuro ? »

Le Ninjask émet un « bzzzzzz » répétitif, rendu curieux. Plutôt taciturne de manière général, il ne se manifeste qu'à de rares occasions, lorsque ses patrouilles se passent mal, ou qu'il a faim, en fait. Ou quand il veut combattre, aussi, mais il sait se débrouiller tout seul pour ça. Toujours est-il qu'il sait ce que je veux à l'avance, puisque c'est lui que je viens embêter lorsque j'ai besoin de repérer quelqu'un ; comprenez que c'est plutôt pratique, un insecte extrêmement rapide et précis, pour ce genre de situations. Je passe une main distraite sur sa tête et lui marmonne que nous allons chercher un Phyllali. Il ne perd pas trop de temps, me donnant un petit coup de tête dans la paume de ma main pour me laisser sur une note affectueuse, avant de s'élever dans les airs pour regarder autour de nous.
Enfin. Ça me laisse avec Ludwig, donc, qui ne va probablement rien faire tant que je n'aurais pas bougé par crainte que je le jette aux loups, il me semble. Je dois donc... Agir. Agir en étant pas trop flippant, ce qui est assez compliqué pour moi, dans la mesure où on a tendance à me dire que je suis flippant quand j'essaie d'être aimable. Fin, que quand je me force à sourire pour être gentil, Arceus tue un chaton tellement c'est laid, tout ça, quoi. J'essaie donc de reprendre la conversation à peu près normalement, en répondant à ses questions que j'avais plus ou moins laissé en plan par complète incapacité à me comporter d'une manière peu près correcte socialement parlant.

« … Pour l'info, oui, c'est moi qui gère l'élevage. Enfin, j'ai deux collaborateurs, mais ils sont en congé, aujourd'hui. Et si vous voulez... Je suppose qu'on a jamais trop d'un coup de main en trop. »

Je hausse des épaules distraitement. En vérité, la somme de travail que ferait un gamin non formé en une journée serait franchement petite, mais je suis plus ou moins en train de mentir par omission. Ce n'est pas très propre, mais au lieu de dire sincèrement que je n'attends rien du tout de lui et qu'il peut bien traîner par là si il en a besoin, je le laisse se dire qu'il peut se rendre utile. C'est peut-être mieux. Ou c'est peut-être bien pire. Mais sur le moment, c'est ce qui me semble le plus raisonnable.
Je n'ai pas vraiment pensé au fait que, bah, je suis plus ou moins en train de lui proposer de squatter par ici tant qu'il en a besoin ; ce qui équivaut plus ou moins à lui dire qu'il peut bien se loger ici si il le veut. Une petite voix dans ma tête me dit que je devrais peut-être y réfléchir cinq secondes, ou même en parler à Samaël avant car il vit ici aussi, mais... Mais plus j'y pense, et plus je me dis que je n'arriverais pas à me regarder dans la glace si je le fichais dehors sans l'aider ne serait-ce qu'un peu. Et au fond, je ne vis franchement pas dans la misère et la précarité malgré quelques petits soucis financiers mineurs ; je ne vais donc pas me comporter en sac à merde. Je serai bien plus embêté de laisser quelqu'un dans la rue, sachant moi-même à quel point c'est dur et douloureux ; et encore, j'étais un chanceux, à l'époque. Et je n'avais très certainement pas quatorze ans.
M'enfin. J'aurais l'occasion d'y réfléchir (enfin, de trop le faire, comme d'habitude) une fois que nous aurons trouvé cette Phyllali absente, je pense. Je ne suis pas très nerveux pour le moment (enfin si mais pas pour ces raisons-là) et je me permets donc un commentaire anecdotique.

« Ça devrait être rapide. Mais non, pour l'info, je n'ai pas de Lucanon, malheureusement. Il faudra que j'aille en chercher. »

Le bout de mes lèvres s'arque en une espèce de... On va dire une façade avenante. Enfin, pas « façade », disons plutôt un air, même si j'ai l'impression que je dois avoir l'air assez ridicule, comme ça. Enfin bref. Tout ça c'est bien beau, mais il va falloir qu'on la retrouve, cette Phyllali. Je suppose que les Bulbizarre ont dû la suivre comme des bébés curieux, donc si on la retrouve, on devrait les voir à sa suite. Dans tous les cas, avec Zakuro qui fait le tour de la pension, ce n'est qu'une histoire de temps. Tsubaki, quant à elle, reste ici, préférant s'occuper des petits qu'elle peut encore voir. J'invite donc le cadet à me suivre par un geste de la main, me disant qu'aller s'aventurer vers le centre de la pension ne serait pas trop une mauvaise idée ; c'est-à-dire la zone pile entre ma maison  et l'accueil. Normalement, j'ai mis une barrière pour bien limiter, mais je sais que les buissons de baie tendent à attirer les plus gourmand.e.s, alors...

… Alors j'ai tort. J'entends un vrombissement sonore qui me fait tourner le regard vers sa source, reconnaissant assez bien les sons produits par mon Ningale. Le mâle vient de se poser sur mes épaules, et je lui jette un regard curieux durant une demie-seconde. Une demie-seconde, hein, pas plus, car voilà qu'un bruit se fait entendre, et je sursaute d'un seul coup, sentant tous mes muscles se tendre face à cette surprise. En réalité, juste devant nous, je remarque toute une assemblée de petits Bulbizarres s'est assis religieusement sur le sol. Les jeunes pokémon ouvrent de grands yeux émerveillés par ce qui semble être la Phyllali du gamin, en pleine démonstration de ses attaques face à ce groupe de petits impressionnables. J'avoue que la vision me tire un rictus amusé, trouvant tout cela plutôt drôle, en fait : si j'avais su qu'il suffisait de leur mettre des attaques devant le nez pour qu'ils se calment, je l'aurais fait plus tôt... ! Bon, par contre, sans faire la rabat-joie, pas sûr que ce soit très sécurisé, tout ça... Je crois qu'il vaut mieux que je prenne la parole, là.

« … Eh bien. C'est plutôt pas mal. Vous l'avez entraîné par vous même ? »

Non, je n'ai pas encore dévisagé de très près sa Phyllali pour voir si il en prend soin, mais je ne pense pas qu'il y aurait de vraies raisons de s'inquiéter. Je suis toujours un peu admiratif des gamins qui prennent bien soin de leurs pokémon, je crois ; parce que justement je sais à quel point cela peut être un fort investissement, surtout à un âge plus jeune. Pas pour rien que je refuse qu'Axel en ait, notamment. Mais je ne dis pas ça pour lui flatter l'ego non plus ; sa Phyllali aurait bien pu être prise en charge par un adulte, donc c'est surtout de la curiosité personnelle. Une curiosité personnelle qui devrait peut-être attendre un peu, en fait, quand j'y pense...
Je ne sais pas trop comment dire ça, mais bon, faut bien dire les choses des fois. J'en profite donc pour larguer une proposition l'air de rien, ne voulant pas avoir l'air trop paternant ou collant, en haussant les épaules.

« … Oh, et, euh, si vous voulez, je comptais aller déjeuner, et j'ai du curry en trop, donc... »

Bah, en soi, je mens pas en fait. Si vous saviez la quantité de curry congelé qui traîne dans mon congélateur... Et de karaage, aussi. C'est facile à réchauffer, et ça fait le travail pour donner l'énergie nécessaire. Je me dis que ça plus du riz, ça devrait calmer son estomac qui gronde, au moins. Car oui, j'aime pas avoir des gens qui ont l'estomac vide devant moi, surprise. On va dire que c'est de la faute de maman, ça, hein. J'aurais tout le temps de réfléchir au reste plus tard, au pire.

« Enfin, y'a une chambre de libre, en bas, si vous avez besoin. »

Mell va peut-être râler de devoir dormir sur le canapé quand il viendra squatter, mais, hé, c'est encore moi qui décide. Enfin, moi, et mon copain quand je lui en aurais parlé, aussi, maiiis... J'ose espérer que faire ma plus belle tête de « tu sais que je t'aime » suffira. Puis là, en vrai, j'ai surtout faim. Alors le reste, c'est pas trop mon souci. Ou du moins ce sera mon souci plus tard. D'ailleurs, je sens d'ici l'odeur diablement familière de pain chaud me chatouiller les narines ; le riz doit être prêt (merci l'autocuiseur).


FIN

O
C
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3

14H
feat. Ludwig Nagel-Jung
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Jeu 22 Nov 2018 - 23:48
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

Certains gens n’aiment pas trop parler et je peux le comprendre ! Enfin, pour être un peu plus honnête… j’essaie de le comprendre. Je doit bien avouer que le peu de réponses que j’obtiens de mon hôte, enfin, monsieur Miyano, me déstabilise un petit peu. Mais je ne peux pas lui en vouloir, après tout, c’est moi qui suis une vraie pipelette qui ne peut s’empêcher de poser pleins de questions. Quand je reviens quelques années en arrière, il est vrai que je n’étais pas si bavard que ça, à la base.e passais plutôt mon temps à pleurer et à rester dans mon coin. J’ai vraiment commencé à parler beaucoup avec Riku et Alex, parce que, bin… C’est pas pour dire, mais, avec eux, c’était, un peu difficile d’exister si on donne pas un peu de la voix ! Et il y a eu l’école aussi, où je ne pouvais pas vraiment rester totalement muet… Je ne voulais pas que les autres enfants ne m’aiment pas alors, d’instinct, sans m’en rendre compte, je faisais comme eux. J’ai pris des habitudes d’avoir des personnes volubiles comme interlocuteurices pendant quelques années et ce fut assez déstabilisant de me retrouver à vivre chez Soltan qui… bah, il parle pas trop Soltan, quoi. En plus la répartie ce n’est pas trop son truc et au niveau des blagues et du sarcasme ou des vannes au second degré… disons juste que ce n’est pas son genre d’humour et qu’il vaut mieux lui raconter de histoires de Toto. Nan, je vous jure, ça le fait vraiment beaucoup rire. Je sais aussi que c’est peut-être bizarre d’imaginer Soltan rire, mais ça lui arrive, surtout quand ce sont ses enfants de 5 ans pliés de rire qui lui racontent les blagues avec des prouts et du caca. Hm… A y penser comme ça, on croirait presque qu’ils me manquent. Mais… Bah, oui, mais juste Iris ! Iris est tellement adorable qu’elle manquerait à n’importe qui. Enfin tout ça pour dire que je ne demande pas à ce qu’on réponde à toutes mes questions dont je perds moi-même souvent le fil juste… qu’on me laisse parler pour me mettre à l’aise, je crois ? Je suis plus à l’aise quand il n’y a pas de silence, c’est comme ça. J’espère quand même que ça ne gêne pas trop monsieur Miyano… C’est pas un prénom japonais, ça d’ailleurs ? Ce serait peut-être déplacé de demander pour s’en assurer et je ne voudrais pas froisser l’éleveur.

Enfin, je dis tout ça mais j’aimerais quand même qu’il me réponde franchement pour ce qui est de mes questions en ce qui concerne ma présence ici, s’il veut que je l’aide pour rester, s’il prefère que je parte… Mine de rien, c’est important pour moi et aussi pour lui, j’imagine ? Pourtant, je n’obtiens pas de réponse immédiate et me tortille de gêne. Ne m’a-t-il pas entendu, peut-être… ? Ou alors il me trouve lourd. Je ne sais que penser par rapport à son silence continu, cette fois. Qu’il ne réponde pas à mes questions de gros gamin, ça, ça ne me froisse pas vraiment. Quoique, un petit peu, mais, ce n’est pas aussi ennuyant que… Je me mords la lèvre quand il s’anime un peu plus lorsque je parle de ses Bulbizarre. Bon, au moins, c’est clair, je comprends mieux où vont ses priorités, à présent… Je peux m’y faire, après tout, je m’adapte à tout, il parait que c’est une véritable qualité, haha. Alors, je continue de sourire, j’essaie d’être rassurant, serein, pour ne pas inquiéter d’avantage mon hôte qui doit déjà pas être très rassuré pour ses Pokémon échappé on ne sait où.

« Ah, oui, je suis sûr qu’ils se sont pas perdus ! »


Confirmais-je, faussement guilleret. Une intervention assez peu utile, en réalité. Mais bon, eh, je fais ce que je peux pour le mettre à l’aise… euh… pour ME mettre à l’aise je veux dire, héhéhé. Sans faire plus de vagues, je suis Monsieur Miyano qui envoie ses Pokémon pour l’aider dans ses recherches. Son Ninjask (cette grosse guêpe est stylée aussi, et là je dis pas ça pour faire le fayot, c’est juste que ça me rappelle celui d’Alex) s’envola à toute vitesse pour aller chercher les fugitifs (ou les fugitives, j’en sais rien). J’emboite le pas à mon hôte afin d’entamer les recherches, sans dire un mot de plus, car, encore une fois, je ne sais pas trop si mes interventions sont les bienvenues et peut-être embarrassantes. Mais, pourtant, après quelques secondes de mutisme et dès que nous sommes plus ou moins seuls, Monsieur Miyano formule quelques réponses à mes interrogations d’il y a quelques minutes. Je sens mon cœur se soulever un peu, appréhendant ses réponses et également soulagé qu’il ne m’ait pas trouvé trop… envahissant. Cette fois, je me contente de hocher la tête pour l’informer que je reçois bien ses propos. J’ai l’impression d’en demander un peu trop à ce type qui ne me connait même pas et qui a sans doute mieux à faire que rassurer un ado en crise (héhé, si je savais). Il marque une courte pause avant de continuer, et j’enregistre ce qu’il vient de dire… Apparemment, il a suffisamment de main d’œuvre et je ne suis pas obligé d’aider. M’enfin, ça, j’y tiens un peu, c’est pour me donner un peu bonne conscience, j’imagine… Je ne sais trop quoi faire, mais il revient aux insectes et aux Lucanon pour parler de quelque chose d’un peu plus joyeux et… Me sourit ? Enfin, je crois ? C’est un peu bizarre, comme expression, j’ai l’impression qu’il n’est pas trop du genre à sourire souvent. Ce qui ne me dérange pas trop, ça ne change pas grand-chose au fait que déchiffrer les émotions des gens a toujours été un défi pour ma part.

Dans le doute, je réponds par un grand sourire probablement un peu mièvre et forcé et j’emboite le pas à l’éleveur afin de me mêler aux recherches de nos adorables fugitifs. Et on a pas à chercher longtemps car un bref fracas retentit, nous faisant sursauter au passage. Mais ce n’était que Lily qui… se donne en spectacle. Cela ne m’étonne pas vraiment, l’Evoli, enfin, la Phyllali fraichement évoluée a toujours été très confiante et en plus, elle n’avait pas encore eu l’occasion de tester ses nouvelles capacités depuis son évolution récente… qui date que de ce matin, en fait, haha. Attendri, je regarde mon alliée s’ébrouer et rugir d’un air joueur en lançant plusieurs attaques Tranch’Herbe. Les feuilles qui se détachent de ses oreilles et de sa queue feuillues volent en tournoyant dans les airs puis vont se poser délicatement sur les têtes des petits Bulbizarre, qui s’empressent de les attraper et de les mordiller. La scène est mignonne et j’échappe un rire franc, attendri par ce que je vois. J’allais applaudir ma Phyllali, mais Monsieur Miyano me devança pour… nous complimenter Lily et moi ? Je crois que sous le coup de la surprise, mes joues se sont mises à chauffer et à rosir.  C’est vrai que cela fait des années que Lily est avec moi et qu’on s’entraine régulièrement, mais je ne pensais pas être un si bon dresseur. Enfin, je sais bien que jamais je n’attendrais le niveau des Champions, d’Alice, ou de mon grand frère ! Pourtant, l’éleveur semble sincère et ses mots me vont droit au cœur (bon, je sais, il m’en faut pas beaucoup), non sans m’intimider. Lily, pour sa part, parade, fier comme un paon d’avoir pu se donner en spectacle. Elle va jusqu’à se frotter contre les jambes de l’éleveur et le fixe de ses grand yeux sombres. Pfff, quelle profiteuse, celle-là ! Enfin, j’imagine que c’est sur ce point qu’on se ressemble !

« Oh, euh… Ahah ! Merci ! Mais vous savez j’ai aucun mérite, avec Lily on se connait depuis des années et c’est mon grand frère qui m’a tout appris comment on fait pour bien entrainer les Pokémon ! Enfin, j’essaie de m’entrainer avec eux régulièrement et puis euh… bah, il suffit d’aller un peu dans la nature pour qu’ils puissent se dégourdir ! »

Je ne veux pas avoir l’air de dire que la chose est facile. Dans le cas de la plupart de mes alliés, je les connais depuis quelques années et les plus anciens savent mettre les nouveaux en confiance…

« En vrai, c'est eux qui font tout… »


Dis-je, avec un sourire sincère en regard, plutôt fier, la Phyllali qui se dandine. Je n’irais pas dire que j’ai un « fluide » qui fait que je m’entends avec tous les Pokémon que je rencontre, hein, mais… Je ne me méfie pas d’eux, ça, c’est certain, la plupart ne me font pas peur, même les gros. Peut-être pas assez, comme dirait Ellias qui a tendance à flipper dès que je m’approche d’un Pokémon inconnu sans peur et sans avoir l’intention de l’effrayer. J’ai été habitué pendant quelques années à être un peu dorloté par des Pokémon totalement évolués, qui pouvaient avoir l’air féroces, mais qui étaient adorables avec moi. Et ce sont aussi eux qui ont appris beaucoup de choses à mes propres alliés. Donc, oui, je ne suis pas plus doué qu’un autre, mais j’ai confiance en ces créatures parfois sauvages. C’est peut-être un peu naïf et ça a tendance à inquièter Soltan comme d’autres adultes, mais, eh, il ne m’est jamais rien arrivé, avec eux… Enfin, euh, sauf avec Kaiser, mais, là c’’est qu’on s’était incrusté dans sa grotte, et puis Lizbeth nous avait protégé… Uh, parlant de Lizbeth, je me demande ce qu’elle va penser de ma petite escapade. Probablement qu’elle ne sera pas franchement ravie… Eheh.

Dans tous les cas, trève de sentimentalisme ! Les Pokémon ont été retrouvés et mon ventre gargouille de plus belle, me grillant définitivement. Mais ce n’est pas étonnant, comme je n’ai rien avalé depuis 8l ou 10h du matin… Je ne sais même plus mais en plus mon petit dej a consisté en une pauvre barre chocolatée. Plus ça va plus je commence à réaliser que j’aurais vraiment, vraiment été dans la merde si je n’étais pas tombé sur l’elevage Monsieur Miyano… Vraiment, plus ça va, plus je me demande ce que j’espérais à survivre tout seul en pleine nature sauvage pendant des jours entiers. Cette pensée me fait déglutir difficilement. Je sens un court vertige m’envahir devant ces réalisations… Qu’est-ce que je serais devenu si je n’étais pas passé par ici… ? Plus je vois que Lily et mes alliés semblent se détendre, plus je me dis que j’ai bien fait de ne pas partir en courant en voyant l’éleveur (enfin vu la crise que j’ai fait, je crois que mon corps et mon cerveau ne m’auraient pas laissé le choix). Je ne sais pas encore dire si c’est une bonne chose, de m’être enfui comme ça… Meh. Bien sûr que non, ce n’est pas une « bonne » chose… Mais je ne saurais dire que c’était vraiment pour autant une « mauvaise » idée. Je ne suis pas fier de moi, ça, c’est clair mais, surtout, je me sens totalement paumé. Mais une chose est sûre, même si le silence de mon hôte me destabilise un peu, plus ça va, plus je me sens en sécurité… En même temps, il me propose à manger, comment résister à ça ?

« Du curry ? Genre, du poulet au curry ? »

Demandais-je avec entrain. Moi et les viandes ou les volailles en sauce, c’est vite vu, je suis conquis. Ne connaissant pas le curry japonais il ne peut s’agir que du poulet curry. Ah, si je savais. Une fois de plus, je suis le Miyano qui me fait entrer dans ce qui semble être sa demeure, enfin, le bâtiment où il vit, parmi les bâtiments de l’elevage. La décoration me change bien de chez Soltan et tout a l’air assez neuf… C’est très lumineux, agréable et très silencieux vu qu’on est en pleine forêt. Je me dis que ce doit être le rêve, ce genre d’endroit, pour vivre… Soltan et Alex apprécieraient le côté « demeure d’ermite », tiens. Il y un côté « maison dans les arbres » ultra perfectionnée aussi et ça, ça me plait.

« Dites, M’sieur Miyano c’est vous qui avez construit tout ça ? Car c’est cool ! On dirait… une très grande cabane ! »

Après avoir proposé mon aide pour le couvert et la cuisine (mais il n’y a à priori pas grand-chose à faire, tout est quasiment prêt), je m’installe devant le bar tandis que l’autre me tend du riz tout prêt dans l’autocuiseur et que le « curry », une sorte de sauce brune dont l’aspect épais me surprend, réchauffe dans une casserole. J’observe autour de moi, repérant les lieux, leur agencement et j’essaie de deviner ce qui peut se trouver derrière les portes, à l’étage ou encore dans les placards. Mon esprit vagabonde et Lily, Kyllian et Loulou ne m’ont toujours pas lâché d’une semelle. Ils se font discret, cependant, voyant que j’ai l’air absorbé et plus serein que tantôt. La nourriture chauffe et commence à sentir drôlement bon les épices, ce qui éveille de plus en plus ma curiosité et mes papilles. Alors que je me sens saliver pour de bon, Miyano me parle d’une chambre d’amis. Euh… ? Ah… Est-ce qu’il veut dire que…

« … Vous voulez dire que… Ça ne vous embête pas si je reste un peu… ? »

Dis-je, timidement, bien que je ne puisse empêcher le soulagement de me gagner et les sourires de mes Pokémon ne peuvent mentir non plus. Je me surprend a soupirer en me détendant un peu. Je ne suis donc pas… malvenu ici… ? Plus ça va plus j’ai envie de faire confiance à cet adulte. Mes standards sont sûrement très bas mais tout ça, le curry, le riz, cet accueil, ça me fait vraiment chaud au cœur, même si c’est probablement la moindre des choses à faire quand on trouve un gamin en pleine crise devant chez soi. Alors, pourquoi ma gorge se serre et mes yeux s’humidifient… ? Je renifle un coup pour ne pas pleurer.

« Merci… Je crois que je vais peut-être un peu rester… »

Préssé de passer à autre chose, j'ai hate de gouter à ce mystérieux curry. Après avoir demandé confirmation, je me permets de me servir de riz et y dépose le mélange brillant épicé comme on me le conseille et commence à manger. Je suis surpris par le gout de ce « riz au curry », mais, agréablement surpris. C'est épais et un peu épicé, ça m'arrache un peu, mais la texture est douce, la viande tendre et... bref, j'aime beaucoup et je m'embpresse d'enchainer d'autres bouchées.

« Oh ! C’est très bon ! Je ne connaissais pas cette manière de faire du curry ! Il y a quoi dedans ? »

Et je ne dis pas ça que pour faire plaisir. Affamé que je suis, je ne tarde pas à finir mon assiette et à demander si je peux m’en servir une autre. Bah, quoi, je suis un ado en pleine croissance ! Après avoir pris quelques bouchées supplémentaires, je me sers aussi de l’eau et mon regard s’attarde de nouveau dans les recoins de la maison de bois. Cela me semble très grand pour une seule personne…

« Vous… vous habitez tout seul avec vos Pokémon, dans cet endroit… ? »

Demandais-je, sans aucun jugement négatif, comme je n’ai encore croisé personne d’autre. Bon, certes, de ma perspective, je trouve assez triste l’idée de vivre dans un lieu si chouette et grand absolument seul. Mais ça n’est que mon avis. Car après tout, Alex n’était pas gêné de vivre dans son château en ermite et c’est pareil pour Soltan et sa ferme, mais… Bon, en fait, c’est surtout que les grandes baraques vides ça me rappelle la maison inutilement grande de mes géniteurs dans laquelle je passais mon temps à tourner en rond dans les couloirs, les bibliothèques, sortant parfois dans le jardin pour m’ennuyer tout autant… Bref, j’ai du mal à associer le fait de vivre dans une grande maison avec quelque chose de foncièrement positif. En fait, je veux également essayer d’en savoir un peu plus sur l’éleveur qui a la gentillesse de m’accueillir, comme je me sens désormais un peu plus en sécurité.

Je termine ma deuxième assiette et me sens finalement rassasié et (bizarrement) beaucoup mieux à bien des égards. La fatigue risque de persister comme je n’ai pas eu beaucoup de sommeil ces dernières 24h, mais j’avais bien besoin de me remplir l’estomac… C’est pas très sympa de penser ainsi, mais je préfère largement ce que je viens de manger à la cuisine d’Ellias qui est… carrément fade, en fait… et ça fait princesse gâtée de dire ça comme ça, mais même les restaus où il m’a emmené c’était pas ouf, franchement et je m’y connais pas particulièrement en restaurants comme je n’y vais pas très souvent non plus. Mes alliés m’ont regardé manger pendant ce temps et même s’ils sont bien élevés, je vois bien dans leur regards fixés sur les assiettes qu’ils doivent eux aussi avoir faim. Ils auraient dû le signaler avant, je ne les aurais pas fustigé… Cependant, je dois trouver le moyen sans avoir l’air d’en demander trop à l’éleveur. Quelque part, j’imagine que vu le nombre de Pokémon que j’ai vu, ce n’est pas 5 de plus qui feront une grande différence, m’enfin… Je ne veux contraindre personne.  

« Hm… Vous pensez qu’il y aurait quelque chose à manger pour mes amis ? Ils ont l’air d’avoir faim. Si ça vous gêne, je pense qu’ils peuvent trouver à manger seul dans la forêt aussi. »

Les Pokémon me regardent, puis regardent mon hôte, puis approuvent mes propos avec quelques hochements de tête synchrones. Ils ont l’air en confiance, et je ne peux m’empêcher de pense que c’est bon signe. Je me retrouver à leur sourire, attendri et plus calme que tantôt. Mes pensées sont un peu plus claire, je commence même à me dire que les choses pourraient bien se passer en restant un peu ici pour... réfléchir et me reposer, oui, c’est peut-être ce dont j’ai besoin en ce moment.  

Ludwig Green
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Jeu 29 Nov 2018 - 0:57
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
Tout ça n'est pas franchement naturel non plus. Enfin, je ne me force pas à plus ou moins aider la gamin, hein, c'est pas ça, juste que je sens bien que malgré tout, ça reste très maladroit et qu'au fond, la question des raisons qui ont bien pu l'amener à cette situation se montrent particulièrement insistantes dans ma tête. Je sais bien que les poser, toutefois, ne pourrait que compliquer les choses, alors je me tais, et j'essaie de rendre ça... Disons plus naturel. Sauf que bon, en me connaissant un peu, vous vous doutez que c'est plus ou moins réussi. J'ai bien conscience que Ludwig doit avoir conscience de ça, mais on fera avec.
Dans tous les cas, il a l'air... Vraiment réceptif aux compliments. Enfin, on dirait que ça lui fait plaisir que je lui en fasse, du moins, et je m'étonne de le voir devenir si enthousiaste. J'ai bêtement cligné des yeux en l'entendant parler, et j'avoue que... J'avoue que c'est touchant, de le voir parler sincèrement de mes pokémon. Il m'a l'air plus naturel, sur le coup, mais je ne réfléchis pas immédiatement à ce que cela peut dire. J'ai l'impression, au moins, qu'il se détend, et je préfère ça ; je serais peut-être moins effrayé à l'idée de faire n'importe quoi.

J'avoue avoir esquissé une moue amusée face à sa question quant au curry. Bah, pour le coup, j'ai mis un peu de poulet, oui, mais le porc et les restes de bœuf ont quand même meilleur goût, je dois l'avouer. Toutefois, je suis curieux de voir sa réaction, bien que ma priorité soit de m'assurer qu'il ait quelque chose dans le ventre. Franchement, je serais moyennement enchanté d'avoir un malaise sous les bras, comme... Comme n'importe quelle personne à peu près décente, en fait.
Je commence donc à faire décongeler le bloc de curry à la casserole pendant que j'indique à l'adolescent les divers endroits où il pourra trouver les couverts. Ce n'est ni très long ni intéressant, alors je vous épargne la longue description. Je réagis pourtant lorsqu'il me demande j'ai construit seul, ne pouvant pas m'empêcher de m'enorgueillir un peu. Hé, la maison, c'est mon nid, enfin, ma tanière, quoi, et je l'aime beaucoup. J'y passe le trois quart de mon temps, alors il faut bien que ce soit confortable ! Malgré tout, je ne vais pas faire le kéké. Il a bien fallu un crédit assez conséquent et trois années pour que cela ressemble à quelque chose ; pendant longtemps, j'ai vécu entre les outils. Alors, en installant le tout, je réponds en haussant les épaules, me retenant de gonfler la poitrine comme un paon fier.

« Non, pas tout seul, mais j'ai mis la main à la pâte il y a quelques années. Le premier étage doit être terminé depuis bientôt un an, et pour le second, il faudra encore que j'aménage quelques pièces. »

La raison de ce retard étant entre autre « j'ai autre chose à faire » et « j'ai plus de sous ». D'autant plus que je n'ai pas vraiment de raison de le faire, vu que, eh bien... Au delà de la chambre que je partage avec Samaël, celle d'Axel et la petite salle de bains du haut, je ne crois pas que nous ayons besoin de quoi que ce soit d'autre pour le moment ; alors oui, il y a de l'espace qui ne sert à rien, et l'où l'on pourrait aisément caser trois petites pièces, mais pour l'instant, ce n'est rien d'autre qu'un très, très large couloir. Enfin, je crois que ça, ça ne le regarde pas trop, donc je vais peut-être arrêter de déblatérer.
D'autant plus qu'il semble encore un peu surpris par ma proposition. Je hoche distraitement de la tête pour lui faire signe que tout va bien, bien que, en soi, je dois admettre qu'il faudra bien que je prenne une décision au bout d'un moment. Je ne vais pas le virer, loin de là, juste... Il faudra que je sache ce qui se passe, quoi. Si ce gosse a vécu de sales choses, ou si quelqu'un le cherche, notamment. J'imagine que j'aviserai un peu. Je me surprends d'ailleurs à étudier ses réactions, ainsi que celles de ses pokémon, même si mon expression reste relativement neutre. Du peu que je comprends, je crois que l'idée d'être dehors ne rassurait personne dans cette troupe, et en même temps, c'est normal. Mais, définitivement, j'ai l'impression qu'il est... Effrayé ? Apeuré, peut-être. Cela ferait sens dans tous les cas. L'idée s'incruste dans mon cerveau, et je sens ma gorge nouer sous le coup de cette fichue empathie. Je n'aime pas trop ça. Aussi stupide que ce soit, j'ai toujours l'impression de prendre les choses trop à cœur, et, au delà, les gens. J'aimerais bien faire comme si je n'en avais vraiment rien à faire, des gens que je croise, que je suis capable d'une espèce de parfait self-control raisonné de mes actions, mais rien à faire. Quand je vois quelqu'un qui va mal, je ne me sens pas bien jusqu'au moment où la situation s'arrange. Comme là, lorsque je le vois renifler et sécher les larmes. Je me sens soulagé, mais toujours préoccupé. Cela doit se voir dans mon expression, d'ailleurs, qui s'adoucit légèrement. Tant pis, je crois que je vais écouter mon instinct et m'investir, l'on réfléchira aux conséquences après.

Vu la manière que j'ai de glousser en le voyant se baffrer, d'ailleurs, je crois que je ne ferai croire à personne que je m'en fous (RIP ma crédibilité un peu quand même). Ses questions débordent d'une curiosité, et, bah, j'aime bien la curiosité. Pas mal placée, je veux dire, genre, quand un.e inconnu.e me demande la marque du papier toilette que j'achète, par exemple. Même si la nourriture n'est pas mon plus grand talent, je suis du genre à encourager la curiosité, alors je réponds assez naturellement. En même temps, je divise mes baguettes et me met à mélanger mon riz et ma sauce dans mon assiette, maintenant que je suis assis.

« Des épices, du porc et du bœuf. On rajoute des épices, du miel, du chocolat et des pommes, et ça sort plutôt bien. »

Normalement, hein, des fois, c'est peut-être un peu fade, bien sûr. Mais à force d'en faire (oui bon d'accord quand mon copain aime bien un plat, bizarrement, j'en fais un peu trop et y'en a toujours dans le congélo), j'ai pris la patte. Enfin, en parlant de ça, d'ailleurs, voilà que l'adolescent se met à me demander si je vis seul. Ah. Euh. Je suppose qu'effectivement, ça peut l'intéresser, si il va rester quelques jours ici... Merde, et pas que lui, en fait. Il faudra que j'explique la situation à Axel et à Samaël ; je sens arriver ma migraine d'ici, et mon envie de me cacher sous une table, aussi. M'enfin, il faut bien que j'assume mes décisions, aussi, des fois. Je peux au moins expliquer à Ludwig qu'il risque effectivement de croiser quelques personnes, durant les prochains jours. Je n'en ai toutefois pas le temps, car j'ai perdu quelques secondes à réfléchir (et à imaginer tous les scénarios du monde qui se finissent forcément mal), et ces secondes sont celles que l'adolescent choisit pour reprendre la parole et poser une autre question. Je hausse les sourcils, étonné qu'il soit aussi hésitant quant à ses pokémon alors que, eh bien, je viens tout de même de le servir volontairement. Je ne devrais pas faire le malin, toutefois. Je me souviens bien que lorsque j'étais arrivé chez Faust, par exemple, je n'osais même pas toucher à ce qui se trouvait au frigo. Il avait fallu que ce dernier me mette un plat cuisiné sous le nez après m'avoir vu me nourrir de ramens à l'eau et de paquets de pates pour que je comprenne que j'avais le droit. Je ne ris donc pas, me contentant d'une très légère inclinaison amusée de mes lèvres.

« Dans une pension, je crois qu'il y a de quoi nourrir des pokémon, oui. Venez, je vais vous guider vers la zone de distribution, comme ça vous, vous en souviendrez. »

Généralement, c'est mon Blindépique qui se charge de ça. Bonne pâte comme tout, Sora est malgré tout assez fort pour porter des masses lourdes (comme des gros paquets de nourriture, par exemple), et contrôler gentiment les excès qui pourraient avoir lieu lorsque l'on réunit un grand nombre de pokémon à l'heure du repas. Je leur fais donc signe de se lever après avoir rapidement déposé les plats et ustensiles usagés dans le lave-vaisselle, m'étirant paresseusement, l'estomac plutôt lourd pour ma part.
Une fois dehors, je me rappelle la question que j'ai laissé en suspens, et me gratte la nuque, ne sachant pas trop comment dire ça. Je ne sais pas si ça le mettrait sur la défensive, de savoir que je ne vis pas seul, mais autant le dire maintenant. Je reprends donc la parole alors que nous marchons, un peu hésitant.

« Pour votre question, sinon, eh bien... Je vis avec mon compagnon et mon filleul. Normalement, ils devraient être là ce soir, je leur expliquerais la situation. Durant la journée, vous croiserez peut-être le réceptionniste et la soigneuse dans la pension. »

Je ne mentionne pas le fait qu'il faudra probablement que j'ai une longue discussion avec le premier, car je crois que ce serait juste angoissant pour lui, et ça, ça me regarde. Enfin, j'ai le temps d'y penser, je suppose. De toute façon, nous arrivons bientôt jusqu'au grand espace conjoint à plusieurs enclos, où se trouve mon Blindépique. Visiblement, de ce que je vois, Sora vient de terminer la première distribution ; il ne reste plus que quelques rares pokémon en train de terminer leur repas. D'ailleurs, en nous voyant arriver, le colosse d'épines lève un bras et l'agite vivement, un sourire jovial sur son visage gai. Je glousse un peu, toujours amusé et attendri par l'enthousiasme de mon ami.
Je vois d'ailleurs qu'il semble intrigué par le nouvel arrivant, vu le regard curieux qu'il lui lance. Il n'hésite toutefois pas à lui tendre sa grosse main ; il a vite appris à « saluer », et depuis, il continue de faire la même chose à chaque fois qu'il rencontre quelqu'un. Je prends donc la parole pour expliquer la situation, et éviter toute confusion. Je sais d'ailleurs que Sora peut-être relativement impressionnant, de près, par sa taille.

« Sora s'occupe généralement de distribuer le gros des repas. Ce sera vers lui qu'il faudra se tourner. Sora, tu t'en rappelleras ? Je crois qu'on doit avoir quelque chose pour ceux-ci. »

Je donne un petit coup de tête pour présenter les pokémon du cadet. Le Blindépique comprend vite, et hoche vivement du crâne, un grand sourire aux lèvres alors qu'il s'approche du silo pour en sortir d'épais sacs de nourriture, et les distribuer avec un entrain inégalé. J'esquisse un léger sourire et le laisse faire, plutôt satisfait.
Nous voilà donc de nouveau dans un espèce de silence. J'aime bien les silences, ce n'est pas un souci, mais il y a encore quelques petits trucs à éclairer, je le crois.

« Donc, euh... Vous avez b'soin de quelque chose ? Enfin, je crois je dois avoir mes vieilles consoles, si jamais vous vous ennuyez, et des trucs de mon adolescence, aussi, il faudrait que je fasse les cartons. »

Je risque de tomber sur pas mal de trucs bien gênants, comme ma vieille figurine de batman, mon ancien skate, ou je ne sais quelle connerie que j'avais acheté car ça avait l'air bien, enfin, vous voyez bien. Mais bon, je plaindrais le gamin si il se retrouvait à regarder le plafond à cause de l'ennui, donc...  Pour l'instant, en vrai, je ne sais plus vraiment quoi faire. J'en suis un peu au point où je me demande si je ne suis pas trop collant avec le gosse, et si je devrais lui laisser la paix, en vrai. J'ai encore du temps avant de récupérer Axel, d'ailleurs. Je me sens juste un peu bête, sur le moment, et je trépigne sur place, nerveux.  C'est le moment où je me tais, là, non... ?


FIN

O
C
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E

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3

14H
feat. Ludwig Nagel-Jung
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Dim 9 Déc 2018 - 22:14
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

C’est sûrement d’avoir bien mangé, mais je me sens mieux, maintenant. Et le type qui m’accueille, enfin, Monsieur Miyano (« ce type », c’est un peu péjoratif quand même), m’inspire bien plus confiance maintenant. Je crois qu’il est vraiment gentil. Du coup je me détends et je redeviens plus spontané, plus joyeux, aussi. Je dois avoir l’air un peu débile à lui lâcher des « aaaaaah d’accoooord » à chaque détail ou explication qu’il me donne sur le curry et la maison en général. C’est vrai que mes questions doivent lui paraître assez bête, surtout que je suis interpellé par tout ce que je vois et je me sens forcé de poser la question… En fait, que j’ose pose des questions de cette manière à un adulte, c’est un peu la preuve que je commence à être plus à l’aise car d’ordinaire, je redoute les réactions que je pourrais rencontrer. Enfin… mes parents, quoi, enfin, vous savez. Ces deux adultes egocentriques et stupides qui m’ont mis au monde et qui allaient faire autre chose ou préféraient que j’aille jouer dans mon coin quand je commençais à poser un peu trop de questions à leur gout. Puis, Alex, aussi… Bon, lui, ce n’est pas  vraiment sa faute, c’est parce qu’il était dans la lune et que parfois il oubliait un peu que j’étais là et zappait aussi mes questions, m’enfin, ça arrive, hein, à moi aussi. Mais, là, ça va et je ne reçois pas vraiment de négativité de la part de mon interlocuteur qui répond à mes interrogations et m’explique avec quelques détails sans que cela ait l’air de le gêner. Il dit même qu’il prévoit de faire un autre étage à sa maison mais, wow, elle est déjà super grande ! Pour ce qui est du curry, je n’ai pas un palais ultra-développé et c’est intrigant d’apprendre qu’il y avait autant de choses dedans… Je n’ai vraiment pas senti le miel et le chocolat, un peu les pommes, cependant ! Et voila, on enchaine avec un autre :

« Aaaah, okééé! »


Très intéressant, hein. Merci Lulu pour ton intervention. Je m’amuserais presque moi-même car je suis tout de même bien niais. Enfin, bref, on en était où ? Ah, oui, nourrir mes Pokémon. C’est vrai que ma question était (une fois de plus) assez bête, mais, c’est plus par politesse qu’autre chose que je préfère demander, je ne voudrais pas abuser. Evidemment qu’il y a de la bouffe pour eux dans une pension. Mais bon, je veux juste pas faire le parasite ! Bref ! Je ris juste de bon cœur, un peu gêné aussi, quand Monsieur Miyano accepte de nourrir mes alliés, qui, eux, sont ravis (l’inverse aurait été bizarre). Après avoir aidé pour la vaisselle, je le suis donc vers la zone de distribution, attentif quant au chemin à emprunter. Pendant que nous marchons vers notre nouvelle destination, l’éleveur m’en dit un peu plus sur lui et sur les personnes avec qui il vit. Wah, je suis vraiment tombé dans une heure creuse, car, normalement, il y a bien plus de monde ici… J’avoue ne pas trop savoir comment réagir à cette nouvelle. Ma présence ne sera-t-elle vraiment pas un problème dès que tout ce monde sera arrivé ? Je risque d’être un étranger dans cette petite vie de famille et je ne veux pas mettre en désordre leurs plans ou être de trop.

« Mais, euhm… »

Fis-je, à voix basse, en regardant mes chaussures tout en progressant vers la réserve. Maintenant que j’ai amorcé de commencer une phrase, je ne peux pas juste m’arrêter en cours de route. Du coup, je prends mon courage à deux mains.

« Votre famille, elle… Enfin, je veux pas perturber votre organisation ou… enfin, vous voyez, je sais bien que je suis pas chez moi et s’y faut que je me fasse tout petit, ce sera pas un problème, héhé. »

« J’ai un peu l’habitude », ai-je failli ajouter, mais ça aurait fait un peu trop emo. Déjà qu’au niveau déprime, j’ai dû déjà placer l’ambiance et la barre assez haute (je suis doué pour ça, hein…). Ce qui me fait penser… ai-je déjà vécu dans un endroit où j’avais vraiment le droit d’être ce que je voulais, où je ne me sentais pas obligé de me cacher… ? Je ne crois pas que Soltan m’ait imposé de me comporter comme un invité ou un étranger à la ferme, même si je n’ai pas le même « statut » que ses enfants à ses yeux (je crois), ma présence n’est jamais remise en question, mais… Ce n’est pas… Enfin, je ne sais toujours pas si je peux considérer que cet endroit que j’ai fui, c’est vraiment chez moi, même si j’y ait ma chambre et mes affaires depuis des années. Soltan n’a jamais vraiment parlé de tout ça en fait, du coup, je ne sais pas vraiment comment me comporter vis-à-vis de mon tuteur et de sa famille. Alors je me contente d’être gentil et poli, de mettre mes colères au second plan car je sais qu’ils ont d’autres choses à gérer… Même si on ne veut pas mon inconfort à la ferme, j’ai fini par me dire que ma place n’y était pas pour tout ça. Je suis arrivé à un point où, avec mes problèmes à l’école, les soucis de famille des Green-Onizuka auxquels j’ai assister, j’ai commencé à me dire que mon absence ne ferait aucune différence… ou plutôt, que ma présence ne ferait qu’apporter des soucis quand je ne suis pas capable d’aller bien. Et je crois que ça n’est pas vraiment la faute de quelqu’un en particulier (en dehors de mes parents, hein, mais ça me paraissais évident), je n’arrive simplement pas à me sentir « chez moi » quelque part… même pas chez Alex. J’essaie de l’oublier de manière générale mais dès que j’essaie de penser à tout ça où que j’entends les autres parler de leur propre maison je me sens juste étranger à tout ça… et ça n’est pas normal. Je ne crois pas que ça le soit. Enfin… si je commence à réfléchir à ça, à essayer de déterminer les concepts de « chez soi » et de « famille » et tout, je vais en avoir pour des heures. Déjà que je crois que je viens d’avoir un moment d’absence, car me voila en face d’un gros Blindépique… pas du tout effrayant à auquel j’ai juste envie de faire des câlins.

Par contre, je crois que l’éleveur me disait quelque chose avant que j’aie un moment d’absence. Maintenant, au moins, mes alliés mangent mais moi, j’ai un peu du mal à reconnecter.

« Je… hein, quoi ? Besoin de… qu’est-ce que c’est ? »

Est-ce que j’aurais besoin de quelque chose… ? Un peu perdu, je cligne des yeux quand il me parle de consoles de jeu, je crois qu’il cherche à m’occuper pour que je ne m’ennuie pas. Parce que oui, c’est vrai qu’il doit retourner travailler et ça n’a jamais été mon but de le gêner. M’enfin, est-ce que ça veut dire qu’il préfère me laisser vaquer plutôt que quémander mon aide ? Ce n’est pas que cela me froisse hein, enfin, c’est sa pension, c’est lui qui décide mais, bah, comme d’habitude je veux pas juste être là à glander et à regarder pendant que d’autres bossent… Ouais, bon, ok, si j’étais chez Soltan ça me gênerait pas, j’avoue, mais là-bas, j’ai l’habitude de m’occuper pendant que je n’ai rien à faire parce que… bah, parce que c’est bien aussi, de pouvoir rien faire… ? Je ne sais même pas pourquoi je me pose tant de questions en fait. Et cette pensée me fait réaliser que… Oui, cette fameuse ferme, c’est peut-être quand même ce que j’ai de plus proche d’un foyer. Enfin. Là, je ne suis pas à la ferme, je suis chez quelqu’un, et je trouve normal, bah, de mettre la main à la pâte. Sauf que, bien évidemment que monsieur Miyano n’est pas censé faire travailler des gamins qu’il ne connait que depuis quelques heures dans son élevage. J’imagine qu’en plus, que je le contraigne à me prendre en compte pour ses tâches le ralentirait sûrement plus qu’autre chose. Normalement, le fait qu’il me propose des choses pour m’occuper devrait me faire me dire que je ne suis pas le malvenu et que j’ai le droit de faire ce qui me plait tant que ce n’est pas mettre le bordel partout. Je ne sais pas trop quoi dire sur le coup et demeure silencieux tout en réalisant plusieurs choses… Je dois bien dire que je ne me rends pas compte, mais que tout ceci me met de plus en plus à l’aise et je me sens aussi… plutôt « en contrôle » de ce qui m’arrive, je dirais ? Ça me fait bizarre, mais je décide de ne pas trop m’appesantir dessus.

« Oh, bah, euh… c’est très gentil, merci ! »
J’ai quelques rougeurs de gêne en disant ça, mais je suis content quand même. « Si vous avez besoin d’aide je pourrais… enfin, je pourrais aider, quoi ! »

Je dis ça par politesse encore une fois pour montrer que je ne suis pas un ingrat car je ne veux pas qu’on ait une mauvaise opinion de moi. Ceci dit, j’ai fini par (encore) remercier mon hôte et par vaquer avec mes Pokémon pour aller fouiller dans les affaires dont m’avait parlé monsieur Miyano. Je suis très content de trouver un skate avec lequel je passe un bon bout de temps à faire des figures sur la terrasse. Cela faisait longtemps que j’en avais pas fait et j’ai un petit peu perdu la main, mais les figures reviennent assez vite, finalement. Surtout, ça me permet d’être dehors avec mes alliés et de nous défouler tous ensemble. J’ai aussi un peu squatté les consoles portables en guises de pauses et le temps est passé assez vite, me poussant à remettre mes soucis à plus tard. Je fus tiré de mes distractions par le retour de mon hôte qui m’annonça devoir partir chercher son filleul à l’école.

…Ah, ouais. L’école.

Je me suis fait tout petit en me souvenant que même si je commence plus tard les lundi, je suis censé être en classe en ce moment-même… J’espère que ça embêtera bien la bande de Raoul de pas pouvoir m’emmerder aujourd’hui et les jours à venir. Enfin bon, tu parles, quand je reviendrais ce sera encre pire, je les vois déjà venir les « wah Lulu t’as joué au thug et t’as séché les cours ? Ton papa et ta maman y vont te gronder ? Ah, non, t’as pas de papa et de maman, toi, c’est vrai ! », hahahaha ouais qu’est-ce qu’on se marre. De toute façon ça fait un bail que j’ai pu des bonnes notes à l’école et que ça m’intéresse plus, alors je regrette pas grand-chose. Je n’ai plus d’amis non plus depuis que je me suis pris la tête avec Raoul et que j’ai été aussi aimable qu’un rien du tout avec Lise… C’était nul, ça, d’ailleurs, quelqu’un me proposait que je lui confie mes problèmes et je l’ai envoyée péter comme une vielle chaussette. Mais bon, je voulais pas qu’elle ait des problèmes aussi en trainant avec moi. C’est peut-être pour le mieux. Ou pas, je ne suis pas fier de ce que je lui ait fait et je mériterais totalement qu’elle me déteste quand je retournerais au collège. Parce que oui, je vais y retourner un jour, c’est sûr et rien n’aura changé. Même si j’en parle, ça m’empêchera pas de retourner à l’école et il faudra bien que je trouve un moyen car finalement, personne ne peut vraiment me venir en aide.

Un petit moment passa ainsi, tandis que je ruminais et que je me remettais à jouer avec le skate pour concentrer mes pensées ailleurs que sur ces histoires d’école. Je suis pour cette fois encore reconnaissant à Monsieur Miyano de ne pas avoir posé de questions même si je suis sûr qu’il doit trouver tout ça bizarre et se dire que je devrais plutôt être au collège. Mais bon. Je me demande plutôt comment est son fameux filleul. Si il est plus jeune ou plus âge que moi, après il a parlé d’école alors il devait peut-être faire allusion à une école primaire… ? Dans tous les cas, je dois faire bonne impression et ne pas être « too much » non plus : ce filleul ne s’attendait pas vraiment à me rencontrer et je ne veux pas qu’il se dise que je vais prendre sa place et tout. Je suis en train de réfléchir à comment me présenter quand des éclats de voix humaines interviennent dans l’environnement sonore de l’élevage fait de bruits de vents dans les cimes de arbres et des cris des Pokémon de la Pension. Ils vont surement remonter jusqu’à la maison par le chemin principal et rentrer, ben, par le porte de devant, du coup, comme la terrasse est d’un autre côté de la maison, j’en profite pour me cacher et les regarder arriver. Oui, oui, je sais, je disais que j’allais les saluer sans avoir la trouille mais d’un coup je me sens un peu trop intimidé ! Et j’ai l’air très bête à me cacher derrière un mur en regardant l’éleveur revenir avec son filleul… Il est plus jeune que moi, je crois qu’il doit avoir presque le même âge qu’Iris et Mikoto. M’enfin, alors, pourquoi ça m’intimide autant d’aller lui dire « bonjour » ?

Il sont finalement rentrés dans la maison et moi je continue de me planquer sur la terrasse en espionnant. C’est un peu bête mais bon. Je n’entends pas ce que les deux se disent et ce n’est pas bien d’écouter aux portes, d’ailleurs, tel est pris qui croyait prendre, parce que je croise le regard du gamin, je sais qu’il m’a vu alors… Je fais comme si ne rien était et ressort le skate pour jouer avec et… Bon, c’est un peu bête d’ignorer comme ça alors je finis par prendre mon courage à deux mains pour aller me présenter. Après avoir posé mon skate et suivi de près par Loulou qui arrive toujours à me donner du courage, j’entre dans la cuisine par la porte fenêtre avec un sourire timide.

« Euhm… bonjour… »


J’ai surement l’air ridicule à essayer de me faire tout petit devant un enfant plus jeune que moi.

« Moi c’est Ludwig. Tu es le filleul de monsieur Miyano… ? Euh… tu t’appelles comment ? »

Je ne sais pas si j’aurais pas mieux fait d’attendre qu’on me sollicite que l’inverse, là, en fait. Peut-être que mon hôte n’a pas encore expliqué la situation au plus jeune et que celui-ci est un peu perdu. Je devrais peut-être lui expliquer, au risque d’avoir l’air un peu zélé.

« Je… je suis juste de passage, mais, t’inquiètes pas, je vais pas être embêtant, hein ! »

Le silence qui suivit fut un peu bizarre. Je me dis que je devrais retourner vaquer à mes occupations et ne pas plus les déranger. En me tortillant un peu et en balançant mes bras, je continue de sourire en coin avec un « héhéhé » embarrassé.

« B-bref, je retourne dehors, m-mais si tu veux, on pourra jouer ensemble ! »

Ce n’est pas que de la politesse, je le pense totalement et ça ne me dérangera pas du tout.
Ludwig Green
Ludwig Green
Civil
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Dim 23 Déc 2018 - 15:25
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
Aucun de nous deux ne va mourir, très clairement, mais avec la gêne que nous supportons, des fois, je me demande si ce n'est pas semblable. Je suis nerveux et anxieux de nature, alors ce n'est pas tellement inhabituel venant de moi, mais je remarque que mon interlocuteur est dans le même état, ce qui... Ce qui est normal quand on est un ado face à un adulte, en fait, encore plus dans cette situation. Il va juste falloir que je m'habitue un peu, ce n'est rien de bien grave.
Et de toute façon, j'ai d'autres chevaux à fouetter (c'est ça, non ?) ; notamment le fait de retourner travailler, et d'aller chercher Axel, comme dit précedemment à l'adolescent. Je ne crois pas que le gamin prendrait très bien le fait que je le laisse à la garderie quand je lui ai bien dit ce matin que pour une fois, il n'y irait pas cette semaine, et que ce n'est pas quelqu'un d'autre qui viendrait le chercher, mais bien moi. J'évite de revenir sur ma parole à ce propos, d'ailleurs ; je me rappelle très bien de l'occasion où il m'a fait tout un foin pendant une soirée entière lorsque c'est Sam que j'ai envoyé le récupérer, et je n'ai pas envie de revivre ça.

De toute façon, hormis blablater dans la voiture sur sa journée et s'empiffrer de sa barre de céréales CrunchChocoMax (qu'est-ce que c'est bête les noms de friandises pour gosses), il ne fait pas grand chose et se tient plutôt bien. Je l'écoute d'une oreille, mais n'oublie pas de le tenir par la main pour éviter qu'il ne s'en aille se promener trop loin si je l'oublie une seule seconde alors que nous nous déplaçons petit à petit vers la maison. Généralement, une fois sorti, je le laisse jouer tranquillement, en essayant de lui donner un peu d'attention de temps à autre car, bah, c'est ce qu'il faut faire avec les gosses, non ? Si le programme était semblable à la base, je me rappelle toutefois qu'il va falloir faire les présentations, et sans que je ne sache pourquoi, cela me rend nerveux. Enfin si, je sais très bien pourquoi, c'est un moment de sociabilité plus ou moins codifié et j'ai une horreur incroyablde des choses, mais laissez-moi faire comme si je pouvais changer quoi que ce soit par mon comportement, ça aidera ma dépression.

Je n'ai pas remarqué l'ado tout de suite, alors j'ai choisi d'emmener Axel à la cuisine pour qu'il termine son goûter correctement. Il sirote son verre de lait en faisant des bulles avec sa paille tordue ; une sale habitude que j'ai renoncé à lui faire arrêter, puisqu'il redouble à chaque fois d'intensité quand je lui fais remarquer et qu'après, il y a du lait sur la table, et c'est pénible. Ce n'est pas l'énergie qui lui manque, toutefois, et entre deux gorgées, il reprend la parole d'une voix enthousiaste, un grand sourire aux lèvres et une expression joviale sur le visage.

« Et là, euh, j'ai gagné à chat parce que c'est moi le plus rapide et même que j'ai battu Gontran qu'est en CM1 !
- ... À la course ?
- Bah, oui, à la course, à quoi d'autre ? »

Il me fixe comme si j'étais sénile et un peu stupide (ce que je suis, on ne va pas se mentir), un air goguenard au visage qui m'est d'ailleurs bizarrement familier. Sur le moment, je le reste à le regarder d'un air perplexe, n'osant pas lui dire que je suis assez content de voir qu'il n'a pas de soucis de disputes avec ses petits camarades. Comme il a changé d'école, je m'attendais à des difficultés, mais dans celle-ci, les choses ont l'air de bien se passer, et je ne peux que m'en réjouir.

C'est Ludwig qui me sauve du silence embêtant dans laquelle notre conversation était tombée. Je sursaute très légèrement, ne l'ayant pas entendu venir, mais je constate moi-même que je ne fais pas de bonds de vingt mètres quand il arrive par surprise, ce qui veut dire que mon cerveau s'est plus ou moins habitué à sa présence. Axel, de son côté, est sans surprises plus curieux, et ouvre de grands yeux attentifs, les sourcils froncés et l'expression tirée dans une démonstration particulièrement crédible de concentration intense.
Sincèrement, je n'aimerais pas être à sa place, à l'heure actuelle, et j'esquisse une grimace de compassion en imaginant la difficulté que cela doit représenter, de se présenter à un gamin. Je choisis plutôt de garder le silence, continuant de préparer son repas pour le lendemain avec plus ou moins d'application (du jambon, des pates, des tomates, c'est-à-dire tout ce qu'un enfant acceptera de manger). Pour autant, je garde toujours une oreille ouverte dans la conversation, attentif. Malgré moi, l'esquisse d'une moue attendri s'affiche sur mes traits lorsque je remarque que l'ado tente vraiment de mettre à l'aise le plus gêne, même si ce n'est pas sans une certaine... Eh bien, sans un certain malaise, oui, qui il faut l'admettre est même remarqué par Axel qui enchaîne tant d'expressions bizarres avec ses sourcils et sa bouche que j'en viendrais presque à croire qu'il fait exprès pour se faire remarquer. Je ne pense pas, en revanche, au fait qu'il est peut-être simplement en train d'imiter les miennes, comme celle que je fais actuellement en haussant les sourcils en entendant Ludwig s'empresser d'expliquer qu'il ne sera nullement une gêne. Je comprends bien le sentiment, hein, ne vous détrompez pas, mais ça me fait toujours réagir, quand je vois quelqu'un réduire sa personne à ce point. J'évite de prendre la parole car ce serait probablement empirer la situation que d'agir ainsi, mais je sens un petit fourmillement désagréable dans ma poitrine.

Le gamin ne semble pas perturbé de son côté, néanmoins. Le voilà qui termine son verre de lait d'un coup, laissant derrière lui une moustache de blanc qui me fait retenir un grognement las car j'ai l'impression que je n'arrêterais jamais de la lui effacer, avant de fixer Ludwig si fortement que j'en suis moi-même un peu surpris. Je sais qu'Axel a toujours eu tendance à salement dévisager en silence, mais c'est un poil gênant, là... Je manquerais presque de toussoter pour lui rappeler de se calmer un peu, mais bon, c'est un peu cet espace gris où il ne fait rien de mal mais où j'ai envie de me cacher sous la table, vous voyez ? Toujours est-il qu'il prend la parole au même moment où il descend de sa chaise pour se rapprocher du blond.

« Moi m'appelle Axel. T'es où à l'école ? T'es un ami à papa ? »

Rien d'étonnant aux questions, en soi. Comme n'importe quel enfant, il en pose des tonnes, sur tout, sur rien, et surtout sur ce qui importe et définit les autres à son âge. Donc, dans cette logique, le rapport à ce qu'il connait potentiellement. Rien d'inhabituel pour le moment, et je manquerais presque de croire qu'il va simplement lui faire le petit speech ordinaire.

« Tu sais jouer avec la planche ? Papa il veut pas que je fasse, moi. »

Je souris d'un air crispé. Je ne suis pas bête, je vois bien au regard qu'Axel me jette qu'il essaie de me faire céder, mais non, c'est non. Du haut de ses six ans, il n'a pas, ne serait-ce qu'anatomiquement, le poids, la constitution et le contrôle sur son centre de gravité nécessaire pour faire quoi que ce soit tant que je ne suis pas là. Alors oui, de temps à autre, je l'ai laissé glisser en lui tenant la taille et en faisant bouger ma vieille planche, mais rien de plus. J'ai même évité de lui faire quelques démonstrations, bien que je dois être un peu rouillé, depuis ma dernière fois ; je ne voudrais pas trop qu'il se fasse de grands projets tout de suite. Déjà que je fais des attaques cardiaques quand il veut descendre tout seul des escaliers... Toutefois, je ne crois pas que son intérêt envers Ludwig soit purement lié à ça. Je crois qu'il est juste sincèrement curieux, vu les coups d'oeil intéressés qu'il lui jette, malgré sa tête neutre.

« Tu peux me montrer ? »

Sa question innocente est prononcée d'un ton tout particulièrement plat. De mon côté, je réalise seulement à ce moment-là que c'est peut-être mettre la pression au cadet que de le laisser seul avec du silence et un gamin attentif, alors j'ouvre la bouche pour parler. Axel me devance toutefois en tournant sa tête vers moi, se souvenant visiblement des quelques règles de politesse que je m'efforce de lui faire apprendre (sachant que je n'y comprends rien de base, c'est quand même franchement comique).

« Papa, il peut m'montrer ?
- Euhm, enfin, si vous voulez, juste, je... Si Ludwig ne veut pas, enfin, il a peut-être des choses à faire, qui sait ! »

Je souris maladroitement, jetant un coup d'oeil hésitant à l'adolescent. Je ne veux pas qu'il se force, et je lui laisse une porte de sortie si il en a besoin. Non parce que, personnellement, à sa place, je serais un peu en train de téter mon pouce dans un coin de la pièce en poesition foetale, à l'heure actuelle.


FIN

O
C
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0
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14H
feat. Ludwig Nagel-Jung
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Lun 7 Jan 2019 - 0:00
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Ludwig Green
Fausses bonnes idées et cercles vicieux.
Elevage forestier - Fin octobre 2023 - Fin de matinée
Ludwig   Natsume
/!/ TW : dépréssion (et déni), fugue, PTSD et toutes les joyeusetés qui s'en suivent.

Là, comme ça et d’après les quelques expériences de mon court vécu, je dirais que j’ai un plutôt bon contact avec les plus jeunes. Enfin, c’est probablement parce que je suis pas bien vieux moi non plus, hein, ça doit jouer. Faut dire que de ma perspective, bah, ça a toujours été beaucoup plus simple de faire confiance aux enfants et aux ados un peu plus âgés que moi qu’aux adultes, enfin, ça, vous le savez, mais du coup, je me sens… bizarrement confiant et spontané quand j’essaie de me présenter et d’ « apprivoiser » un gamin… ? Enfin, c’est pas pour me la péter, hein, c’est vrai que ça sonne peut-être un peu prétentieux mais c’est pas le but et… Breeef. Je ne me formalise pas quand le filleul de Monsieur Miyano ne me répond pas dans la seconde, il ne me connait pas et puis il a un goûter à terminer, avant. Avant de venir me voir, il finit son verre de lait, s’en met partout, ce qui me fait sourire et rire intérieurement car il ne s’en est pas rendu compte, et puis, donc, il m’a regardé, je l’ai regardé… Et il répondit à ma question.

Axel, donc. Et il a déjà plein de questions, le Axel. Il est normal que je veuille savoir d’où je viens car je ne suis pas juste apparu sur le sentier de la forêt par hasard ou l’opération du grand Arceus (hahah, si seulement, ça serait un peu plus marrant à expliquer) et surtout, bah, je suis un étranger dans sa maison à lui. Mais toutefois, je ne sais pas trop comment répondre aux interrogations du plus jeune qui me dévisage, pendu aux paroles que je pourrais alors prononcer.

« Euh, eh ben… »

Et c’est là que je fais appel à mes capacités d’improvisation.  

« Je suis un lutin de la forêt qui est venu demander de jouer sur la terrasse, haha ! Ton papa, euh, ton parrain, euh… Ton paparrain… ? »

Roh, la gaffe ! Mais je sais plus trop, Axel dit « papa » mais monsieur Miyano disait qu’il était soon filleul, du coup, je coupe la poire en deux et ricane un peu bêtement.

« …Bref, Monsieur Miyano sait qu’accueillir les esprits de la forêt, ça porte bonheur, alors ! »


Bon, c’est un peu un mensonge. Pas qu’un peu, en fait, mais j’ai pas envie de ruiner l’ambiance de nouveau et pas vraiment envie de tout raconter de nouveau (même si j’ai rien raconté, en fait, je ne dis pas grand-chose sur moi de manière générale, maintenant que j’y pense)… Bon, si j’avais dit « bah euh je me suis perdu j’ai pleuré et j’étais pas bien alors ton paparrain a eu pitié de moi, lol », bah, je crois que Axel aurait posé encore plus de questions et n’aurait pas été franchement à l’aise. Enfin, j’en sais rien, en fait, mais, j’ai du mal à m’imaginer qu’il aurait pu en être autrement. J’essaie de lisser les impressions que je voudrais renvoyer au jeune garçon alors que ce n’est pas vraiment mon rôle de le protéger de… de je ne sais pas quoi, d’ailleurs. Je… Je ne suis pas un montre à ce que je sache, même si je me fais passer pour un foutu lutin. Pourquoi j’ai raconté ça, moi, déjà, Monsieur Miyano va penser que je prends Axel pour un idiot ! Heureusement, ce dernier ne semble avoir d’yeux que pour la planche à roulette. Bien qu’un peu rendu mal à l’aise par mes propres bêtises, j’accepte de changer de sujet.

« Ah, euh, un peu ! »


Axel avait l’air de reprocher un peu (enfin autant qu’un enfant de son âge le peut) à Monsieur Miyano de ne pas lui laisser faire du skate. J’imagine que c’est normal, comme on a vite fait de se faire mal aux genoux et au bras, si on tombe sans protection. J’en sais quelque chose, héhé. Enfin, moi, Alex me laissait en faire sur la terrasse quand j’avais 6-7 ans, hein, donc je ne comprends pas trop les réticences de l’éleveur, mais, euh, bah, ça me regarde pas, hein !

Finalement, Axel me demande si je peux lui montrer comment on fait du skate. Je ne sais pas ce qu’en pense son parrain, comme apparemment, il n’est pas spécialement chaud pour que son filleul monte sur la planche tout seul. Aussi, le plus jeune demande confirmation à l’adulte et je leur fait signe à tous les deux que cela ne me pose aucun problème.

« Non, non, c’est cool ! »

Je ne réfléchis même pas avant de formuler ces mots, car, vraiment, ça m’amuse et ça me fait plaisir. Axel a l’air gentil comme tout, en plus (enfin, j’ai tendance à dire que tous.tes les gamin.e.s que je croise ont l’air adorables, je suis un peu faible), il doit avoir plus ou moins l’âge d’Iris et Mikoto. Je fais signe à Axel de me suivre et le devance en retournant sur la terrasse. Je ramène la plache vers moi avec le pied en l’attendant, puis la pose entre nous deux.

« Si tu veux, tu peux t’asseoir et moi, je te pousse, ok ? Enfin on ira pas à toute vitesse sinon, oups, zou ! On va se retrouver dans la pampa et se faire mal ! »


Dis-je, en lui montrant comment faire : ramener les genoux contre lui, et s’accrocher à la planche. Je lui passe aussi les gants que j’avais trouvé dans les cartons pour aller avec les protections, afin qu’il ne s’érafle pas les mains. J’essaie aussi de trouver quelque chose pour ses coudes, parce qu’on ne sait jamais. Je pense qu’il est en sécurité, comme ça, je ne voudrais pas qu’il se blesse ou se fasse une mauvaise frayeur ni mettre monsieur Miyano en colère si cela arrive. Enfin je ne sais pas vraiment si il sera vraiment en colère mais je ne veux pas que mon hôte soit contrarié par un truc que j’aurais fait de travers.

Une fois que le jeune brun fut installé sur la planche, je passe vérifier que tout est prêt.

« Accroches ta ceinture, on est partis à « trois » ! »

Je fais mon décompte, et je commence à pousser la planche, pas trop vite. C’est un jeu qu’on faisait avec Riku sur la terrasse du château, je m’en rappelle bien. Riku nous faisait souvent atterrir tous les deux dans l’herbe et on ricanait comme des baleines, mais je pense pas que je ferais ça avec Axel aujourd’hui, par mesure de sécurité. En tout cas, je me rappelle qu’être sur la planche bien accrochée donnait l’impression d’aller super vite dans tous les cas, du coup, j’espère que ça fera cet effet au plus jeune aussi. Je commence à faire des allers-retours sur la terrasse et j’ai mal au dos et aux bras en moins de 2 minutes environ (ce qui n’est pas très étonnant, en réalité, vu la position qu’il me faut adopter et qui ne doit pas me donner l’air franchement malin), j’espère qu’en attendant, le gamin s’amuse. A force de repenser à des souvenirs joyeux avec Riku et Alex qui débarquait pour nous dire d’ « arrêter le boucan pendant qu’il essaye de se concentrer sur sa paperasse », et que Riku lui répondait qu’il avait qu’à mettre des écouteurs… héhé, quel grincheux ce Alex, hein. J’urais pas du me laisser aller à ma nostalgie, car je m’apprêtais alors à me louper sur un virage. Enfin, disons qu’en faisant demi-tour avec la planche, je suis allé un peu trop vite et brusquement et… Bah, j’ai soudain entendu mon poignet craquer et me faire mal.

« AAAH, MERDEUUUH--- Aaargghh… ! Aïïïe aïe ouiiiille ! »


Criais-je en grimaçant sous le coup de la douleur. Par réflexe, j’ai lâché ma planche et couvert mon poignet endolori avec mon autre main, tout en continuant de marmonner des « aïe » et des « ouille » en sentant quand même quelques larmichettes me monter aux yeux. La planche a continué en ralentissant sur quelques mètres avec Axel dessus jusqu’à se loger tranquillement dans l’herbe longeant la terrasse.

Je ne veux pas attirer l’attention alors j’essaie de serrer les dents sans penser à la douleur (de toute façon, je me suis rien cassé, c’est probablement juste un petit froissage de muscle… pas vrai, docteur… ?). Je me redresse et vais voir Axel, en me tenant quand même le poignet.

« Euh, ça va Axel, tu t’es pas fait mal… ? »


Demandais-je, voyant que la planche a roulé jusqu’au gazon. Ce que je suis maladroit. Ne voulant pas que mon poignet devienne le centre de l’attention, je le cache derrière moi et mon regard si dirige vers les cartons.

« Hm… désolé, mais, c’est un peu fatigant de pousser la planche, tu veux jouer à autre chose ? »

Je ne suis pas contre qu’il me montre un peu ses jeux habituels, comme ça, Axel ne se lassera pas. Puis, ça me distraira aussi de la douleur passagère et des émotions fortes et déprimantes que cela produit d’un coup chez moi. Je me sens un peu trop fragile, d’un coup, comme si j’allais craquer de nouveau, j’ai l’impression de ne plus savoir où je suis (en même temps, je ne suis toujours pas certain de savoir, autant au sens littéral du terme que dans ma vie en général), je sais pas c’est… un retour à la réalité un peu dur, je crois ? Je ne me sens pas très bien mais craquer devant Axel ce serait… Il penserait que c’est sa faute. Je préfère aller vers le carton et l’inviter à fouiller avec moi, en essayant d’oublier ma douleur au poignet qui n’a pas l’air de diminuer pour le moment.
Ludwig Green
Ludwig Green
Civil
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Mar 22 Jan 2019 - 22:54
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Natsume Enodril-Miyano

Fausses bonnes idées et cercle vicieux

Ou quand tu sais vraiment pas ce que t'es supposé faire
Axel est plutôt amusé, pour le moment. Les visites ne sont pas si rares, dans la pension ; souvent, ce sont des amis de papa ou de Samaël, ou des gens sérieux qui viennent pour « des affaires du travail », mais ces derniers ne s'introduisent jamais dans la partie privée du domaine. D'ordinaire, Axel n'en pense pas grand chose, mais il ne peut pas s'empêcher de les considérer avec curiosité, cherchant comme il le peut à comprendre ce qui se passe. Cette personne-là, toutefois, n'est pas un adulte. Et même si il ne croit nullement à sa prétendue qualité de lutin (« bah oui ça existe pas les lutins hein moi je le sais », sa phrase lui tire un pouffement rieur. Le blond a l'air plutôt rigolo, à ses yeux, et pas menaçant pour un rond, ce qui le détend davantage. D'autant plus que pour une fois, papa ne semble pas méfiant ; un détail qu'il ne manque pas de remarquer et qui le met en confiance. Ce dernier choisit d'ailleurs d les laisser s'éclipser, donnant son accord par un bref sourire.
Sans un mot, l'enfant hoche de la tête et suit l'adolescent, l'expression neutre, mais des lueurs impatientes s'agitent dans le creux de ses yeux bruns. Le programme que lui présente Ludwig lui plait, juste assez pour qu'il ne produise un grand sourire plein de dents, enjoué. Ne se faisant pas prier pour s'installer, l'enfant s'exécute, tapant des pieds au sol sous l'effet de son impatience grandissante. Cela lui rappelle un peu les sorties neige dans lesquelles l'emmènent Natsu, parfois, une fois venu l'hiver. Ce n'est toutefois pas pour rien qu'il somme souvent ce dernier de retourner en vacances dans les montagnes, quitte à en devenir insupportable. L'enthousiasme gonflé, Axel hoche vivement de la tête face aux avertissements de Ludwig qu'il n'a pourtant écouté qu'à moitié, surexcité.

« Ok ! Mais on va pas trop lentement quand même, hein ? »

Sa question rhétorique est vite oubliée lorsque le jeu commence. Un grand sourire aux lèvres, il glousse sans honte, prenant même la peine de lever les bras sans trop savoir pourquoi. C'est plutôt drôle, mine de rien, et même si cela ne remplace certainement pas le fait de pouvoir espérer faire un jour le kéké en faisant des figures, Axel est satisfait.
Enfin, satisfait jusqu'au moment où il entend un bruit sourd, et où le cri peiné de l'adolescent le fait sursauter et ouvrir de grands yeux paniqués. L'enfant sent vite que ce dernier a lâché la planche, et il retourne légèrement la tête, inquiet. L'objet ne va pas rapidement, alors il ne risque rien et ne s'en préoccupe pas davantage, plus intéressé par le sort du blond qui semble s'être vraiment fait mal. D'autant plus que la planche finit par s'immobiliser complètement au moment même où Ludwig se rapproche pour venir s'inquiéter de son état.

Axel n'est pas dupe, sur le coup. Et en même temps, ce n'est pas la première fois qu'il voit une figure aînée faire comme si tout allait bien physiquement quand ce n'est pas le cas. Ne serait-ce qu'avec Natsume dont la santé fragile lui pose souvent des soucis, ou lorsque le compagnon de ce dernier était « tombé malade », ou avec Faust, Axel a appris à ne pas vraiment croire ce qu'on lui dit à ce propos, surtout quand c'est pour dire qu'il n'y a pas de douleur. Son excuse baclée lui fait froncer les sourcils, et il ne dit rien sur le moment, encore hésitant. Puis, au bout de plusieurs secondes, Axel s'approche de l'adolescent, l'expression neutre. Ce n'est que lorsqu'il attrape l'autre poignet du blond, celui qui n'est pas à la source de sa blessure, qu'il finit par parler de nouveau.

« Oui, on va jouer au médecin. »

L'enfant ne plaisante pas vraiment, en soi, même si l'on pourrait croire que oui au vu de ses paroles.   Il pense sincèrement qu'il serait capable d'essayer de faire quelque chose pour le plus âgé, et il espère pouvoir le faire ; il n'en est rien, évidemment. Tout ce que sait faire Axel, au mieux, c'est étaler des kilomètres de désinfectant rouge pomme en se disant que plus c'est rouge, mieux c'est. Ce n'est pas exceptionnel au vu de son âge, d'ailleurs.
Néanmoins, même dans sa vision particulièrement simplifiée des choses, l'enfant ne croit pas que cela suffira. Le peu de raisonnement qu'il a lui permet de se dire que lorsque l'on crie aussi fort, c'est que c'est probablement plus compliqué qu'un simple bobo comme ceux dont Axel se plaint dès qu'il en est capable. Pour cette raison, une question lui monte à la tête, et il fronce les sourcils, perplexe, avant de relever le regard vers le visage de l'adolescent, en faisant des allers retours entre son poignet et son expression.

« Pourquoi tu dis pas quand t'as bobo ? Papa il m'a dit que quand on faisait ça, ça faisait juste encore plus mal parce qu'on s'en est pas occupés. »

Sans parler de sermons, Axel avait suffisamment de fois entendu cela pour l'avoir retenu, à force. Que ce soit pour ses cauchemars nocturnes dont il hésitait souvent à faire part à son tuteur dans le crainte que ce dernier ne se fatigue de ses plaintes, ou de l'angoisse qui pouvait de temps à autre venir compresser sa poitrine car quelque chose le dérangeait. Il n'en reste pas moins un peu hypocrite, puisqu'il lui arrive encore fréquemment de le faire, oscillant entre des séries de complaintes très puériles pour un rien et des périodes de silence dès que cela concerne quelque chose d'un peu plus grave. Toutefois, ce fait ne le dérange nullement, et le jeune garçon fait la moue, embêté.

« J'veux pas que t'aies bobo, moi. »

Bien sûr, Axel ne le connait pas, mais cela ne l'empêche pas de s'inquiéter lorsque quelqu'un se blesse, ou a mal. Ce n'est pas un spectacle plaisant, et, du peu qu'il a vu Ludwig, il lui semble être assez gentil. Ce n'est donc pas juste par simple banalité qu'il dit cela, serrant doucement le poignet intact qu'il tient pour exprimer plus clairement ce qu'il ressent. Axel peut saisir, quelque part, alors il prend une voix plus douce, imitant comme il le peut le comportement qu'adopte son tuteur lorsque ce dernier voit que quelque chose ne va pas.

« On peut appeler Papa, tu sais. Moi aussi je me fais souvent mal, mais il m'aide tout le temps quand ça va pas. Il sera pas en colère si c'est pour ça que t'as peur. On peut faire d'autres trucs, aussi. »

Il ne sait pas encore trop quoi, mais au pire, il verra. Ce n'est pas ça qui le dérange, vraiment.


FIN

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14H
feat. Ludwig Nagel-Jung
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Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Dim 27 Jan 2019 - 20:56
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